Etre Việtnamien (Tôi là người Việt Nam)

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D’après les sources archéologiques dont nous disposons aujourd’hui, les Vietnamiens sont issus probablement du groupe Thai-Vietnamien. Certains historiens continuent à voir non seulement dans ces Vietnamiens les immigrants mongoloïdes venus de la Chine méridionale (les Baiyue) et s’installant dans le delta du Fleuve Rouge au cours des siècles précédant notre ère mais aussi les fourriers de la civilisation chinoise balayant sur leur passage par la poussée démographique toutes les civilisations brillantes et connues jusque-là sur la péninsule indochinoise (celles de Ðồng Sơn et du Champa plus tard).
D’autres pensent que les Vietnamiens sont le résultat de fusion entre plusieurs peuples en contact dans le bassin du Fleuve Rouge parmi lesquels il faut citer les Hmongs, les Chinois, les Thais et les Dongsoniens.

En se basant sur leur légende de la pastèque ayant lieu à l’époque des rois Hùng et témoignant de la venue des étrangers d’une race différente qui auraient apporté des graines au Vietnam par la voie maritime ( III ème siècle avant J. C. ) et sur les fouilles archéologiques confirmant l’existence du royaume de Nan Yue, les Vietnamiens sont convaincus qu’ils étaient issus des Yue mais avec un fonds indonésien probablement par l’intermédiaire des Dongsoniens car le Ðình exhaussé sur pilotis et où réside l’expression la plus vivante de l’âme du peuple vietnamien, ressemble incontestablement à la maison préfigurée sur les tambours de bronze de Đồng Sơn. Cette conviction semble concluante car on trouve aussi d’autres ressemblances étonnantes chez les Vietnamiens comme chez les peuplades indonésiennes: la chique du bétel, le tatouage et le laquage des dents.

À part quelques Français comme Henri Oger ayant pu découvrir dans la société vietnamienne une civilisation millénaire riche en traditions et en coutumes, on continue à se prêter à une confusion hallucinante en considérant que la civilisation vietnamienne est un décalque de la civilisation chinoise. On continue à reprocher aux Vietnamiens de ne pas avoir une civilisation aussi digne, intense et riche que celle qu’on a trouvée auprès des autres peuples d’Indochine (les civilisations khmère et chame ) à travers leurs temples d’Angkor et de Mỹ Sơn. C’est une méconnaissance regrettable car pour connaître les richesses de la civilisation vietnamienne, il s’avère indispensable de s’intéresser plutôt à son histoire, à sa littérature qu’à son art.

Comment peut-on avoir un art aussi prodigieux et original lorsqu’on est toujours en lutte perpétuelle avec une nature si rude et impitoyable et lorsque le Tonkin n’est pas d’une richesse exceptionnelle sans parler de la sinisation systématique imposée par les Chinois durant leur mille ans de domination. Malgré cela, les Vietnamiens arrivèrent à montrer à maintes fois leurs techniques, leur savoir-faire et leur imagination qui permirent de conférer à certaines productions vietnamiennes (céramiques en particulier) un rang presque honorable parmi les arts provinciaux du monde chinois.
Afin de préserver les traditions et de perpétuer leur culture, les Vietnamiens devaient leur salut dans leur lutte sempiternelle. Grâce à leurs croyances religieuses et à leur environnement quasi hostile au départ, ils avaient en eux un pouvoir considérable de résistance à la souffrance morale et physique qui devenait au fil des années l’une de leurs principales forces pour venir à bout de toutes les agressions extérieures.

Grâce aussi à leur labeur, leur ténacité et leurs sacrifices en vies humaines, ils arrivèrent à refréner les caprices et la colère du Fleuve Rouge, à déboulonner les Chinois hors du Tonkin à maintes reprises et à franchir seulement au XVIIème la barrière qu’est constituée la Cordillère Annamitique impénétrable jusqu’alors dans leur marche vers le Sud. Les Chàms étaient les premières victimes de cette confrontation séculaire, suivies par les Khmers. On peut reprocher aux Vietnamiens d’être impitoyables envers les autres peuples mais il ne faut pas oublier que les Vietnamiens ont lutté inexorablement depuis la création de leur nation, pour leur survie et la préservation de leurs traditions.

Les Vietnamiens ont été très désavantagés depuis longtemps par la proximité géographique de la Chine. C’est pour interdire le passage des Mongols de Kubilai Khan dans la conquête du Champa que les Vietnamiens subirent deux fois leurs invasions en 1257 et 1287. C’est pour trouver un passage vers l’empire du Milieu que les Français pensèrent réussir dans un premier temps par le Mékong puis par le fleuve Rouge qui permettait de relier le Yunnan qu’une mission de Doudart de Lagrée suivie par celle de Francis Garnier fut envoyée en Indochine, ce qui permit aux Français de s’intéresser plus particulièrement au Tonkin et d’y intervenir militairement quelques années plus tard.

C’est pour contrer aussi la Chine après la guerre de Corée que les Vietnamiens furent impliqués de force pendant des décennies dans la guerre de confrontation Est-Ouest. C’est aussi pour contrarier la politique de la Chine au Cambodge que les Vietnamiens reçurent une correction en Février 1980 par l’invasion éclair des troupes chinoises à la frontière de Lạng Sơn durant un mois.

Sans leur longue tradition d’indépendance, leur farouche préservation de leur identité et leur forte personnalité, les Vietnamiens auraient disparu depuis longtemps sur la péninsule indochinoise lorsqu’ils sont si proches géographiquement et culturellement de l’empire du Milieu dont la civilisation est non seulement inégalée mais éblouissante aussi depuis quatre mille ans. Le Viêt-Nam serait probablement aujourd’hui une simple province chinoise et un banal avatar de la civilisation chinoise.

Pour ceux qui connaissent bien l’histoire du Vietnam, être Vietnamien, ce n’est pas être si paisible et si cool même si le Vietnamien a l’envie de vouloir l’être. Pétri du limon brun du delta tonkinois dont il est issu, engageant une lutte perpétuelle avec le hargne du Fleuve Rouge, entamant une longue marche vers le Sud par une succession de guerres intermittentes et subissant une longue assimilation et domination des Chinois sans parler d’un siècle de colonisation française et d’une vingtaine d’années le contraignant à devenir contre son gré la cible de la confrontation Est-Ouest et la victime de la guerre froide, le Vietnamien ne se laisse jamais décourager par ces difficultés titanesques.

Par contre, il devient plus aguerri, plus persévérant, plus endurci, plus persuadé dans ses convictions politiques et plus apte à résister vaillamment à ces affronts. Son attachement profond et intime à sa terre natale et à ses traditions le fait devenir intraitable dans la lutte, ce qui fait de lui un conquérant impitoyable et redoutable pour les uns, un défenseur légitime de la liberté et de l’indépendance nationale pour les autres.

Quoi qu’il arrive, il se sent fier de prendre la relève de ses parents pour défendre vaillamment la terre de ses ancêtres et la survie de son peuple et d’être dignement le Fils du Dragon et neveu de l’Immortelle. Mourir pour son pays n’est étranger ni à son tempérament ni à ses traditions. Mais c’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie que tant de Vietnamiens comme Trần Bình Trong, Nguyễn Thái Học, Phó Ðức Chính, Nguyễn Trung Trực, Trần Cao Vân etc. ont accepté d’avoir avec bravoure sur cette terre des légendes.

Être Vietnamien,

c’est être capable de résister avant tout à toute assimilation ou idéologie étrangère  et être fier d’avoir dans les veines le sang du Dragon.

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