Văn Hóa Sa Huỳnh
Version vietnamienne
Réputée pour ses marais salants et sa belle plage, Sa Huỳnh (*) située dans la province de Quảng Ngãi ( Centre du Vietnam) est aussi la région où l’archéologue français M. Vinet découvrit en 1909 non loin du marais An Khê à Long Thạnh un étrange dépôt de 200 jarres funéraires provenant d’une brillante civilisation maritime à l’aide d’une inscription chame. Grâce à un heureux concours de circonstances, Mme Labarre, épouse d’un contrôleur du bureau local des douanes et passionnée d’archéologie, eut l’occasion de reprendre la fouille archéologique en 1923. Elle ne tarda pas à retrouver au sommet de dunes littorales un autre dépôt de 120 jarres en terre cuite jusque-là intact et proche du village de Phú Khương dans la même région. Un troisième site de 187 jarres rapporté plus tard par l’archéologue française Madeleine Colani en 1934 se trouvait à Tràng Long sur une dune de sable appelée localement sous le nom du « plateau des colliers » à cause d’une quantité énorme de colliers trouvés sur place. C’était aussi la première archéologue à employer le terme scientifique Sa Huỳnh pour l’attribuer à cette culture. Puis c’était au tour de l’archéologue suédois O. Jansé de découvrir en 1939 à Phú Khương (Sa Huỳnh) une nécropole de 84 jarres. Cette découverte fut révélée tardivement dans un bref compte-rendu. Puis plus au Sud, près Xuân Lộc, à Hàng Gòn (Long Khánh, Đồng Nai), Dầu Giây et Phú Hoà, des champs de jarres analogues à ceux de Sa Huỳnh furent découverts malgré leur localisation dans l’aire appartenant à la civilisation de Đồng Nai (Văn hóa Nam Bộ) lors des travaux récents de E. Saurin (1973) et H. Fontaine (1972).
Des boucles d’oreilles
(*) Au départ, c'est le nom Sa Hoàng donné à cette région.
Comme le mot Hoàng était le prémom du seigneur Nguyễn Hoàng,
la dynastie des Nguyễn a changé dès lors Hoàng par le mot Huỳnh.
On constate que ceux-ci ont l’âge de la culture de Sa Huynh avec les datations au radiocarbone effectuées sur les débris de charbon de bois et des tessons contenus dans ces jarres. Il ne faut pas oublier de mentionner les champs de grandes jarres monolithiques et de pierres funéraires énigmatiques de Trần Ninh (ou Xieng Khouang) (Laos), attribués dubitativement au Ier siècle de notre ère par Madeleine Colani (1932) et continuant à garder jusqu’à aujourd’hui tous leurs secrets et à nous laisser une insatiable curiosité sur le lien et l’influence qu’ils pourraient avoir avec la culture de Sa Huỳnh. Celle-ci était supposée issue pourtant de la culture des jarres de pierre de Trần Ninh par Madeleine Colani dans son ouvrage intitulé « Mégalithes du Haut Laos ».
Contemporaine de la civilisation de Dong Son dans le delta du Fleuve Rouge, celle-ci était en plein épanouissement le long de la côte vietnamienne dans le centre du Vietnam (de Thừa Thiên Huế jusqu’à Ninh Thuận, Bình Thuận) entre 1000 ans avant J.C. et 200 après J.C. avant l’hindouisation de la région côtière. Ses sites furent découverts en grande partie à proximité des dunes, des étangs et des rivières. C’est pour cette raison qu’on lui donne aussi le nom de « civilisation des dunes et des étangs ( ou Văn hoá cồn bàu en vietnamien). Ses traces ont été trouvées non seulement dans les hauts plateaux du Centre ( Tây Nguyên) mais aussi dans l’archipel Cù Lao Chàm (Quảng Nam), l’île Cù Lao Ré (Quảng Ngãi) ou dans les ilôts de Nha Trang (Khánh Hoà), ce qui prouve bien que les gens de la culture de Sa Huynh étaient des excellents navigateurs. Son étroit contact avec la civilisation de Đồng Nai n’était plus mis en doute lors des fouilles entamées dans les sites Giồng Phệt và Giồng Cá Vồ (Cần Giờ, à une cinquantaine de kilomètres de Saigon ) car on trouve dans cette dernière certains éléments saillants de la culture de Sa Huynh au niveau de la poterie et d’ornement. Les méthodes de décoration trouvées dans la culture de Sa Huynh s’effectuent soit par l’incision soit par l’impression mais rarement par la peinture. Le décor pointillé est très fréquent. Il est incisé parfois de lignes croisées, dans le coquillage ou pointé de manière linéaire dans des zones triangulaires. Les couleurs fréquemment employées sont le rouge et le noir de plomb (đen ánh chì). On pense que dès le troisième millénaire avant J.C. était constitué en Asie du Sud Est un répertoire décoratif commun (fréquence de la double spirale, dents de scie, lignes pointillées, bandes sinueuses en crochets, triangles alternés ou inversés etc.) qui s’épanouit visiblement sur les jarres et les poteries de Sa Huynh. Les sites rattachés ou en étroite relation avec la culture de Sa Huynh ne manquaient pas de s’en inspirer ou de s’en servir. C’est le cas de la grotte Kalanay de l’île Masbate (Philippines) où selon William Solheim II, des sépultures découvertes ont donné des poteries analogues à celles de Sa Huynh.(1). Mais l’archéologue vietnamien Hà Văn Tấn pense qu’il faut approfondir cette hypothèse avec des preuves supplémentaires bien qu’elle soit probable. (2). La culture Buni qui s’est développée de 400 avant J. C. à 100 après J.C. sur la côte nord de la partie occidentale de l’île de Java se caractérise par une poterie d’argile aux motifs décoratifs incisés et géométriques, ayant aussi des similitudes avec celle de la culture de Sa Huynh.
On trouve à l’intérieur de ces jarres une grande variété de poteries de forme et de dimensions différentes: marmites, écuelles, situles, vases, coupelles, assiettes, pots etc.. , des objets de parure: des perles en verre et en pierres dures ( cornaline, agate, grenat, zircon, titanomagnétite etc.) et des ornements d’oreilles. Ceux-ci sont en forme de disques fendus en pierre, verre, serpentine ou néphrite. Parfois, on trouve des colliers et des boucles d’oreille en or (Lai Nghi, Hội An 2004). Dans certains sites sahuynhiens, on découvre aussi des boucles d’oreilles à trois pointes (Khuyên tai ba mấu nhọn) ainsi que des pendants zoomorphes (Khuyên tai hai đầu thú) représentant deux protomes accolés d’animaux . Ces parures très originales constituent ainsi l’une des caractéristiques trouvées dans la culture de Sa Huynh.
1): W.G. Solheim, 1964, The archaeology of central Philippines. A study chiefly of the iron age and its relationships ,
Manila, National Institut of Sciences and Technology, monograph 10.
(2): Theo dấu văn hóa cổ. Hà Văn Tấn. Nhà Xuất Bản Khoa Học xã hội Hà Nội, Hà nội 1998
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