Bouddhisme du Chămpa (2è partie)

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Version vietnamienne

Bouddhisme du Chămpa

La découverte d’un grand nombre d’éléments mahàyaniques, en particulier des statues de la divinité Avalokitesvara,  l’icône la plus populaire et la plus adulée du bouddhisme mahàyàna, marque incontestablement l’affermissement de son implantation et de sa doctrine au Champa et témoigne de la bienveillance des souverains chams. Cet égard particulier royal lui permet de demeurer ainsi une religion de second plan vivant durant quelques siècles dans l’ombre de l’hindouisme et d’attendre patiemment son heure de gloire et de rayonnement. C’est aux VIIIème et IXème siècles qu’après avoir embrassé certains pays comme l’empire khmer et les royaumes de Crivijaya et de Cailendra, le bouddhisme mahàyanà trouva son plein épanouissement en concordance avec l’arrivée de la nouvelle lignée dirigeante Bhrgu en la personne de Indravarman II. C’est aussi dans les annales chinoises (Tân Đường Thư par exemple) que le nom « Tchan-Tcheng » (ou Campapura ( Chiêm Thành en vietnamien )) fut apparu pour la première fois et remplaça désormais Huanwang (Hoàn Vương) qui était lié jusqu’alors à la lignée royale de Prathivindravarman du Sud (Kauthara)(Nha Trang).

Ayant transféré la capitale à Indrapura (près de Hội An) (ou Faifo) dans la région d’Amaràvati (Quảng Nam et Quảng Ngãi), Indravarman II porta particulièrement une inclinaison personnelle vers le bouddhisme mahàyàna malgré le maintien du sivaïsme comme la religion d’état. On ne peut pas ignorer que le roi Indravarman II a eu l’occasion de rappeler dans ses inscriptions royales que la souveraineté sur le Champa lui a été venue grâce à la seule faveur du destin et grâce aux mérites acquis dans de nombreuses existences antérieures. Il semble qu’à travers cet enseignement, il soit plus ou moins attaché à la doctrine du bouddhisme, en particulier à l’accomplissement de la propagation du dharma, plus que tout autre roi cham qui trouve son salut dans l’union avec Shiva. Selon Georges Coedès, il aurait été désigné par Vikrântavarman III, mort sans postérité, à la demande des grands sages du royaume. Ce qu’on retient de ce roi, c’est sa ferveur bouddhique, sa sagesse inouïe, sa foi inébranlable à l’égard de Lokesvara ( Seigneur du Monde). Il fit élever en 875 dans sa capitale d’Indrapura sur le site Đồng Dương, un temple bouddhique important non loin du sanctuaire Mỹ Sơn où résidait le dieu national Siva Bhadresvara et le consacra entièrement à son dieu personnel qu’est Laksmindra-Lokesvaravuongtrieu_indrapura

On voit aussi dans le choix du nom de ce temple un usage pratiqué désormais par les souverains cham en associant toujours le nom de la divinité protectrice à celui du donateur de l’établissement. Malgré le culte primordial de Shiva pour ses pouvoirs dévastateurs et ses victoires éclatantes dans la protection du royaume, la vénération de Lokesvara représentant un bouddha ou Avalokitesvara (un bodhisattva) symbolise non seulement la paix et la bienveillance mais aussi la protection de cette divinité sur le pays et ses habitants si bien que l’hindouisme et le bouddhisme quoique différents au niveau philosophique et religieux peuvent coexister désormais au Champa. Selon l’archéologue français Henri Parmentier, le site bouddhique Đồng Dương semble englober également la résidence du roi située à l’emplacement qu’on désigne aujourd’hui sous le nom de « ao vuông (mare en forme de carré) ». ll paraît qu’il existe un courant d’eau secret pouvant communiquer avec un puits situé à un kilomètre dans la direction est du site. La construction de celui-ci témoigne d’une volonté d’innovation dans le regroupement de nombreux édifices isolés au sein d’une imposante réalisation architecturale où la présence des influences chinoise et indienne est indéniable.

C’est ce qu’on découvre dans le plan général de ce site. On découvre dans son architecture et sa sculpture certains aspects de l’emprunt de l’art chinois au niveau de la monumentalité et de la puissance tandis que dans la composition des scènes liturgiques et des panneaux de narration il y a une fidélité irréprochable aux conventions décoratives trouvées dans les temples de l’ouest de l’Inde.

L’édification de ce site se développe selon un axe est-ouest long de 1300 mètres  avec de nombreux bâtiments en brique répartis dans les trois enceintes successives dont chacune est commandée par un pavillon d’entrée aux redoutables et terrifiants gardiens en pierre (dvàrapàla). Selon la description de Henri Parmentier, c’est dans la moitié de la première enceinte occidentale qu’il trouva en 1905 le sanctuaire (1) le plus important abritant probablement la statue de Laksmindra-Lokesvara auquel le site fut consacré en 875 par le roi Indravarman II. Ce sanctuaire principal est précédé par une tour ouverte aux quatre orients (tháp sáng) et entourée de 9 templions répartis dans une disposition bien ordonnée. Pour la plupart des chercheurs vietnamiens, le grand chef d’oeuvre de l’art du bronze qu’un paysan trouva par hasard en 1978 en cherchant à ramasser quelques briques dans les ruines proches de la première enceinte et qu’on désigne souvent sous le nom de Tara (Phật mẫu Tara), n’est autre que la statue de Laksmindra-Lokesvara (Quan Âm chuẩn đề). Il s’agit bien de Avalokitesvara ayant une apparence féminine sous la formedu Bodhisattva (Bồ tát Quán Thế Âm) car dans ses deux mains on retrouva au moment de sa découverte, un lotus et une conque. 

[Bouddhisme du Champa: Troisième partie]

 

 

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