Bouddhisme du Chămpa (1ère partie)

 

Version vietnamienne

Malgré l’adoption de l’hindouisme comme la religion par les Cham au début de la création de leur nation, le bouddhisme ne manquait pas de faire preuve de son influence notable auprès de leurs élites locaux et leurs dirigeants. Ceux-ci trouvaient dans cette religion un grand nombre d’avantages leur permettant de renforcer non seulement leur légitimité et leur pouvoir mais aussi une touche de divinité indispensable dans leur gouvernance à travers les notions de dharmarajà (Roi vertueux) et de cakravartin (Monarque universel).

Étant censés d’incarner la puissance du dharma, ils étaient investis du mandat sacré de veiller au maintien de l’ordre et de la foi religieuse dans leur royaume.  Ils étaient attachés à la nature divine que la mission leur a octroyée. Analogues aux rois khmers, ils accordaient une importance particulière à leur déification de manière qu’on trouve dans leur nom posthume celui de la divinité suprême  en vue d’être égal à Bouddha sous la forme de Bodhisattva. C’est le cas du roi Indravarman II avec son nom posthume « Paramabuddhaloka » ( Phật hiệu) . Ils devenaient ainsi des « supra humains » parmi les hommes même s’ils n’étaient pas issus d’origine divine. Le bouddhisme ne tarda pas à les séduire et à les faire adhérer à ses aspects fondamentaux : son esprit tolérant, son caractère libéral, son agrégation à la culture locale, son accent mis sur la moralité. Ils firent venir les missionnaires religieux via des navires de commerce car le Champa attira très tôt les commerçants indiens. Il était réputé depuis longtemps pour ses produits forestiers (bois d’aigle, ivoire, épices etc..). On ne connait pas avec exactitude la date d’introduction du bouddhisme au Champa mais on sait que selon les annales chinoises, il connut la prospérité en 605 de notre ère, date à laquelle l’armée chinoise du général Lieou Fang (Lưu Phương) de la dynastie des Sui (nhà Tùy) pilla la capitale du Champa Điển Xung sous le règne du roi Cambhuvarman ( Phàn Chí en vietnamien ) et emporta avec elle 1350 textes bouddhiques rassemblés en 564 volumes après avoir reconquis le Tonkin. 

Dynastie Indrapura

gardien

La présence du bouddhisme devrait être perceptible très tôt au Champa comme au Vietnam par voie maritime car selon l’érudit vietnamien Phan Lạc Tuyên, les bonzes indiens furent venus au Vietnam au début de l’ère chrétienne en se basant sur l’histoire du Chu Đồng Tử qui s’était initié au bouddhisme lors de sa rencontre avec un bonze indien. Les missionnaires religieux devaient débarquer au Champa avant de pouvoir rejoindre le Giao Chỉ (ou Vietnam) et la Chine. 

Sous l’égide de ses dirigeants, le Champa favorisa très tôt l’implantation du bouddhisme car il fut mentionné déjà par le moine célèbre Yijing (Nghĩa Tịnh) lors du retour de son voyage maritime dans l’Insulinde comme l’un des pays de l’Asie du Sud Est tenant en haute estime la doctrine du Bouddha à la fin du VIIème siècle sous le règne Wu Ze Tian ( Vũ Tắc Thiên ) de la dynastie des Tang (Nhà Đường). Grâce aux vestiges archéologiques trouvés dans le centre du Vietnam, on sait maintenant que le bouddhisme mahayàna ( Phật giáo Đại Thừa ) prit pied au cours de la seconde moitié du VII ème siècle et donna naissance à des modèles inédits de Bodhisattva alliant la tradition locale et les éléments stylistiques venus de l’étranger et servant désormais de référence dans tout le pays. 

[ Bouddhisme du Champa: deuxième partie]

[ Bouddhisme du Champa: troisième partie]

 

 

 

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