La cité impériale Thăng Long


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Version vietnamienne

À cause des événements historiques, la cité impériale Thăng Long semble s’effacer au fil du temps dans la mémoire collective des Vietnamiens avec ses vestiges dissimulés au sein de la terre de l’ancienne ville Hanoï. Les archéologues vietnamiens avaient du mal à retrouver son emplacement malgré une série d’excavations archéologiques entamées à Quần Ngựa et dans la zone géographique du mausolée de Hồ Chí Minh etc… depuis 1970. C’est seulement en 1998 qu’ils réussirent à localiser dans les aires géographiques proches de Hậu Lâu jouxtant la rue Hoàng Diệu et Bắc Môn (porte du Nord de la période des Nguyễn), des bases de piliers et de colonnes en pierre avec les motifs de lotus ainsi que d’autres objets de fabrication de la période des Lê postérieurs. En 2000, ils furent permis d’effectuer une autre excavation à l’intérieur de Ðoan Môn (la seule porte de la cité interdite), ce qui permit de retrouver la route royale ( ngự đạo ) de la période des Trần. Avec d’autres fouilles archéologiques entamées de décembre 2002 jusqu’en 2004 du côté du no 18 de la rue Hoàng Diệu, on trouva d’autres vestiges datant de l’époque pré-Thăng Long (avant le XIème siècle).

 Grâce aux pioches des archéologues vietnamiens, la cité impériale de Thăng Long commence à dévoiler ses secrets et politique, administratif et culturel pendant près de treize siècles (sous les dynasties successives des Lý, des Trần et des Lê postérieurs). Les ruines architecturales (les fondations, les bases des piliers, les tronçons des voies royales de briques, les systèmes d’évacuation d’eau, les puits etc .. ) exposées dans la cité impériale de Thăng Long témoignent incontestablement de la complexité architecturale des palais de cette époque dont l’existence a été attestée par la découverte et la présence de plusieurs types de céramiques de haute qualité avec les motifs esthétiquement sophistiqués incluant aussi les céramiques de la période des Lê avec les caractères chinois signifiant Quan (officiel) ou Kính (respectueux) et les motifs de dragons à 5 griffes et de phénix. 

Plan de la cité impériale

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Ces céramiques sont réservées uniquement aux rois et aux reines. Grâce à l’excavation archéologique, on aboutit à la conclusion suivante: les vestiges architecturaux des périodes des Lý-Trần-Lê trouvés avaient été empilés sur la strate de la période chinoise Zong Pinh- Đai La (Tống Bình-Đai La) (7ème-9ème siècle). Cette constatation ne remet pas en cause la portée d’importance accordée jusqu’à aujourd’hui à l’Édit royal (Chiếu dời đô) que le fondateur Lý Công Uẩn de la dynastie des Lý, connu plus tard sous le nom de Lý Thái Tổ, eut promulgué au printemps 1010 (Canh Tuất ) sur le transfert de la capitale. Après avoir éliminé le roi vietnamien Lê Long Ðĩnh de la dynastie des Lê antérieurs (Tiền Lê), Lý Thái Tổ se rendit compte qu’après quelques années de règne, Hoa Lư, la capitale du Viêt-Nam construite dans une région montagneuse était trop difficile d’accès. Il était impossible d’y assurer la prospérité et de pérenniser la destinée du Viêt-Nam (tính kế cho con cháu muôn vạn đời). Il fallut transférer la capitale à Ðại La, l’ancienne capitale du proconsul de la dynastie chinoise des Tang, Kao Pien (Cao Biền) à l’époque de la domination chinoise. 

Galerie des photos de la cité impériale Thăng Long

 

Hoàng thành Thăng Long

Cette ville pouvait mettre la population à l’abri des inondations et des crues avec ses terrains assez élevés et bien exposés mais c’était aussi un emplacement correspondant à l’orientation favorable des monts et des fleuves et à la position du dragon lové et du tigre assis. Pour éviter d’éveiller la grogne populaire, il n’hésita pas à recourir à la crédulité de son peuple comme le fera plus tard le conseiller du héros Lê Lợi, Nguyẽn Trãi dans la lutte de libération contre les Ming. Il fit circuler par la rumeur qu’il avait vu surgir un dragon d’or de Ðại La et s’envoler vers le ciel dans son rêve. C’était pour cela que Ðại La fut appelée Thăng Long (Le dragon prenant de l’essor). Comme d’autres rois, il aurait pu imposer à son peuple le diktat mais il préféra se plier à la volonté du Ciel et aux aspirations populaires en se servant sciemment de la superstition de son peuple dans la réalisation d’une œuvre immense pour le Vietnam indépendant. Son règne fut connu sous le nom « Thuận Thiên (Suivre la volonté du Ciel).

 Orphelin, élevé dans la pagode et éduqué très jeune par le moine érudit Vạn Hạnh, grandissant dans l’ombre de ce dernier, il ne tarda pas à devenir un grand roi du Vietnam car il était imprégné de la pensée bouddhiste durant son règne. On trouve en lui non seulement la sagesse, le dialogue, la clairvoyance, la tolérance mais aussi la volonté de contribuer indéniablement à l’affermissement de la nation vietnamienne. (un système d’administration fortement centralisé, un régime d’impôts assez souple, le bouddhisme admis en tant que la religion d’état, la priorité à l’éducation etc …) C’est avec lui que le Viêt-Nam fut reconnu pour la première fois comme un royaume d’Annam. Les auteurs de l’ouvrage « Les Mémoires historiques du Grand Việt au complet  » (Ðại Việt Sử Ký toàn thư) ne cessaient pas d’avoir des paroles élogieuses sur les années de règne de Lý Công Uẩn. Sa dynastie a été qualifiée plus tard par l’historien vietnamien Ngô Thì Sĩ comme une dynastie de clémence. (Triều Lý nhân Ái).

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Feuille de décoration attachée à la tuile.

Grâce à Việt Sữ lược (La Brève Histoire de l’Etat Viêt au 14ème siècle), on sait que dans le plan de la cité impériale de Thăng Long construit en 1010 par le roi Lý Thái Tổ, se trouvait au milieu de cette cité, le palais Càn Nguyên appelé plus tard Thiên An et renommé enfin Kinh Thiên (Hall d’audience) par le roi Lê Thái Tổ. Aux alentours de ce palais, il y avait à l’est, le palais Tập Hiền et la porte Phi Long, à l’ouest, le palais Giảng Vũ et la porte Ðan Phượng, au sud, le palais Cao Ðiện et le véranda Long Trì avec ses couloirs aux deux côtés et au nord les palais Long An et Long Thụy sans oublier de mentionner à l’ouest et à l’est de ces derniers les palais Nhật Quang et Nguyệt Minh. En outre, on trouvait la pagode Hưng Thiên et la tour Sao Ngũ Phượng. En 1011, le palais Thái Thanh, la pagode Vạn Tuế et la bibliothèque bouddhiste Trần Phúc furent construites. (Việt Sữ lược, traduit et annoté par Trần Quốc Vượng pp 70-71).

En s’appuyant sur le plan de la cité impériale de la période des Lê, les archéologues vietnamiens ont délimité cette cité comme suit: le nord autour de la rue Phan Ðình Phùng, le sud situé à la rue Trần Phú, l’ouest au delà de la rue Ông Ích Khiêm et l’est autour de la rue Thuốc Bắc. La superficie de ce site est estimée à peu près de 140 hectares durant la période des Lê. Mais elle serait légèrement moindre sous les dynasties des Lý et des Trần. Par contre, la citadelle Hanoï ne dépasse pas 100 hectares sous la dynastie des Nguyễn.

Lors des fouilles archéologiques, on trouve plusieurs matériaux de l’architecture décorés avec des thèmes extrêmement variés. Les motifs de décoration sont des lotus, des chrysanthèmes ou des têtes des animaux mythiques avec des traits rugueux et féroces durant la période Ðại La (VIIème – IXème siècle). Puis sous la période des dynasties des Ðinh et des Lê antérieurs (Tiền Lê), ce sont des lotus et des couples de canards mandarins et enfin sous la dynastie des Lý, par le biais des dragons, des phénix, des feuilles et des fleurs, l’art de décoration est au sommet de la beauté et de la perfection. Malgré le maintien des éléments de base de la décoration de la dynastie des Lý, cet art a tendance de retrouver sa simplicité et sa solidité sous la dynastie des Trần. Quant à la période des Lê postérieurs, on note un changement important dans la simplicité de décoration des tuiles et des briques et un lot de nouveaux thèmes ajoutés si on se réfère à la période des dynasties des Lý et des Trần.

Les vestiges et les objets de fabrication trouvés dans la cité impériale de Thăng Long témoignent indéniablement d’une culture nationale et d’une originalité locale car, outre le dragon de la dynastie des Lý possédant la crête bien décorée  qu’on ne trouve pas dans les motifs des dragons chinois, on y découvre les toits des édifices de la période des Lý-Trần couverts de tuiles ornées soit avec les feuilles de décoration soit avec des figurines de dragons ou de phénix qu’on n’est pas habitué à voir dans les palais royaux des pays voisins. On peut dire sans hésitation que ce site fait partie d’un patrimoine culturel d’une valeur inestimable pour le Viêt Nam, en particulier pour la ville de Hanoï.  Étant inscrite dans la liste des patrimoines culturels de l’humanité, la cité impériale de Thăng Long devient  aujourd’hui un site à ne pas manquer lorsqu’on a l’occasion de visiter  la capitale Hanoï.


Références bibilographiques:

Hoàng Thành Thăng Long.
Thăng Long imperial citadel.
Nhà Xuất Bản Thông Tin
Hànội 2006
The Culturel Information Publishing House