La voie du thé japonaise (Chanoyu)

La voie du thé japonaise

Version vietnamienne

Avant de parler de la voie du thé japonaise (ou chanoyu), il est souhaitable d’évoquer l’origine du thé. Le thé est-il découvert par les Chinois ? Probablement non car on ne découvre aucun théier sauvage en Chine. Par contre on trouvé cette plante primitive de la même famille que celle de la Chine (Camellia Sinensis) dans la région nord-est de l’Inde (Assam). Puis on l’a décelé ensuite à l’état naturel dans les régions frontalières de la Chine comme le Tibet, la Birmanie, Sichuan, Yunnan, Vietnam etc. Il est intéressant de rappeler que Sichuan était le royaume de Shu et Yunnan celui de Dian ayant un lien très intime avec la tribu Lo Yue ( les ancêtres des Vietnamiens d’aujourd’hui). Plus tard, ces régions Sichuan et Yunnan ainsi que le Vietnam ont été conquises et annexées par les Chinois à l’époque des Qin et des Han. On est amené à conclure que le théier n’est pas le produit des Chinois mais ces derniers avaient le mérite de domestiquer ce théier pour que ce dernier eût eu son plein arôme délicieux. Au début, le thé était employé par les Chinois comme un médicament mais il n’était pas adopté dans aucun cas comme un boisson. Sa diffusion à un grand nombre d’utilisateurs eut lieu sous la dynastie des Tang (à partir de 618). Le thé devint plus tard un boisson classique répandu dans la société chinoise lors de l’apparition du livre intitulé « Le classique du thé » de Lu Yu (733-804) et destiné à faire apprendre aux Chinois la préparation du thé. C’est Lu Yu lui-même qui a précisé dans son livre: « le théier est une plante précieuse trouvée dans le sud de la Chine … ». Le sage Confucius avait l’occasion parler du peuple Bai Yue dans les « Entretiens » à ses disciples : Le peuple Bai Yue vivant dans le sud du fleuve Yang Tsé a un mode de vie, un langage, des traditions, des mœurs et une nourriture spécifique…. Ils se consacrent à la riziculture et se distinguent des nôtres habitués à cultiver le millet et le blé. Ils boivent de l’eau provenant d’une sorte de plante cueillie dans la forêt et connue sous le nom « thé ». Il est intéressant de rappeler qu’il exista à partir de l’époque des Qin-Han, une institution impériale composée des lettrés locaux (les fanshi) considérés comme des magiciens spécialisés dans les rites aux étoiles et dans les recettes du gouvernement. Leur rôle consistait à recueillir chacun dans son territoire propre, les procédés rituels, les croyances, les médecines locales, les systèmes de représentations, les cosmologies, les mythes, les légendes au même titre que les produits locaux et à les soumettre à l’autorité politique. Celle-ci pouvait les retenir ou non et les incorporer sous forme de règlements dans le but d’augmenter la puissance impériale dans une nation ethnologiquement très diversifiée et de donner à l’empereur les moyens de sa vocation divine. C’était pour cela qu’il y avait des légendes chinoises sans fondement sur le théier, l’une avec Bodhidharma, le fondateur légendaire de la religion zhen chinoise et l’autre avec Shen Nong, l’agriculteur divin chinois. Pour résister à son assoupissement durant sa méditation, le premier se coupa les paupières et les jeta par terre. De ce lambeau de chair, naquit aussitôt le premier théier de l’humanité. Il est sûr que les moines zen étaient les premiers à utiliser le thé pour résister au sommeil et avoir un esprit détendu et serein durant leur méditation. En ce qui concerne Shen Nong, c’est par hasard qu’au moment de sa détente sous l’ombre d’un arbuste (théier), quelques feuilles de ce dernier tombèrent dans son bol d’eau chaude. De ce jour, il sut préparer du thé (à peu près 3000 ans avant J.C) dans son très ancien ouvrage « Bencao jing » dédié à la médecine chinoise. Mais ce livre a été écrit à l’époque des Han (25 – 225 après J.C.). De plus on sait qu’il était enterré à Chansha dans la région des Bai Yue. Était-il vraiment d’origine chinoise? Il était impossible pour lui de se déplacer à cette époque s’il l’était. Il faisait partie évidemment des Bai Yue car son nom, bien qu’il soit écrit en caractère chinois, garde encore une structure venant des Yue (il faut écrire normalement Nong Shen en caractère chinois).

Tencha

Les Chinois accordent une grande importance à la qualité du thé. Ils prennent la préparation du thé comme un art. C’est pourquoi ils s’intéressent non seulement à la sélection des thés de la meilleure qualité mais aussi à celle d’accessoires nécessaires à la préparation (théières, eau de source, eau filtrée ou potable etc.) dans le but d’avoir un goût spécifique, délicieux et léger. Quant aux Japonais, la préparation du thé est considérée comme un rituel car ils ont connu le thé et sa préparation de la part des moines zen. Ils élèvent la préparation du thé comme « un art de vivre zen » tout en gardant plus ou moins l’influence shintoïste. Avec les quatre principes fondamentaux de la voie du thé: Harmonie (wa), Respect (Kei), Pureté (Sei), Tranquillité (Jaku), l’invité a l’occasion de se libérer totalement en gardant un partage harmonieux non seulement avec la nature, les accessoires dans la préparation du thé, le lieu de la cérémonie mais aussi avec l’hôte et ses autres invités. En franchissant le seuil de la porte du lieu de la cérémonie portant la superficie de 4 tatamis, l’invité peut parler plus aisément à n’importe qui (pouvant être soit un moine soit un noble ou même une divinité) sans distinguer sa classe sociale dans un esprit égalitaire. L’invité reconnaît la quiddité de la vie, en particulier la vérité de sa personne elle-même par le respect vis-à-vis de tout le monde et de toutes choses (instruments de chanoyu par exemple). Son amour-propre n’est plus présent en lui mais il n’y reste qu’une sorte de sentiment de considération ou de respect envers les autres. Son état d’esprit sera serein lorsque ses cinq sens ne sont plus souillés. C’est le cas où il contemple un tableau (kakemono) dans le creux de la pièce (tokonoma) ou les fleurs dans un pot (ikebana) avec ses yeux. Il sent l’odeur aromatique agréable grâce à son nez. Il entend le bruit provoqué par l’eau chauffée sur un réchaud à charbon. Il manie d’une manière ordonnée les instruments de chanoyu (écope à thé, chasen, bol à thé (chawan) etc.) et s’humecte la bouche par des gorgées de thé. Tous ses cinq sens deviennent ainsi propres. La tranquillité (jaku) est le résultat que le buveur de thé trouve à la fin de ces trois principes fondamentaux évoqués ci-dessus, une fois son état d’esprit trouvant refuge entièrement dans la sérénité à présent malgré qu’il vive au milieu de la foule ou non. La tranquillité est interprétée comme une vertu dépassant le cycle de la vie. Cela lui permet de vivre et contempler la vie dans un monde ordinaire où sa présence n’est plus nécessaire. L’invité s’aperçoit que la voie du thé n’est pas si simple du fait qu’ elle comporte beaucoup de règles pour pouvoir boire du bon thé ou non mais elle est aussi le moyen efficace de faire régner la tranquillité dans son esprit pour le permettre d’atteindre l’illumination intérieure dans la méditation.

Sen no Rikyu

Pour le maître du thé Sen no Rikyu, celui ayant le mérite de mettre en place les protocoles pour la préparation du thé, la manière de boire du thé est très simple: on fait bouillir de l’eau, puis on fait le thé et on le boit d’une manière correcte.

La voie du thé est une séquence d’événements organisés d’une manière scrupuleuse et soigneuse. Cette cérémonie a au maximum 4 invités et un hôte. Ils doivent parcourir le jardin du lieu où la cérémonie se déroule. Ils doivent accomplir la purification (laver les mains, rincer la bouche) avant d’entrer dans une chambre cubique modeste située dans la plupart du temps au coin du jardin à travers une porte très basse. Tous les invités doivent baisser leur tête pour pouvoir y entrer avec respect et humilité. Autrefois, pour franchir le seuil de cette porte, le samouraï dut laisser son épée à l’extérieur de la porte avant de rencontrer l’hôte. C’est ici que tous les invités peuvent admirer l’intérieur de la chambre ainsi que les instruments de la préparation du thé. Ils peuvent suivre les phases protocolaires de la préparation du thé. Chaque événement est porteur d’une signification si particulière que l’invité reconnaît à chaque moment important de la cérémonie. On peut dire que la voie du thé apporte l’harmonie entre l’hôte et ses invités et raccourcit non seulement la distance séparant l’homme du ciel mais aussi celle entre les invités. C’est pourquoi dans le monde des samouraïs, on trouve le proverbe suivant : « Une fois, une rencontre »(Ichigo, ichie) car aucune rencontre n’est la même. Cela nous permet d’être comme les samouraïs d’autrefois, dans le moment présent pour savourer et ralentir chaque instant avec nos proches et nos amis.

Tài liệu tham khảo

Nguyễ Đức Chính: Đọc Kim Dung. Tìm hiểu văn hóa Trung Quốc. Nhà xuất Bản Trẻ.
H.E. Plutschow : Historical Chanoyu. The Japan Times ltd, Tokyo, 1986
Vũ Thế Ngọc: Trà Kinh. Nhà sách Tự Điển Bách Khoa 2013
Suzuki Daisetsu: Zen and the art of tea.Dịch chú: Nguyễn Nam Trân

 

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