Les gongs des Hauts Plateaux (3ème partie)

 

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Grâce à une cordelette ou à une bande de tissu pouvant être plus ou moins serrée par torsion, chaque joueur suspend le gong à l’épaule gauche. Il frappe le dôme central de la face extérieure du gong soit avec un maillet en bois ou en cuir soit avec son poing droit nu ou enveloppé d’étoffe.

La qualité du son du gong dépend non seulement de l’alliage dont le gong a été fabriqué mais aussi de la qualité de l’accordeur. D’autres paramètres entrent en jeu: le maillet en bois ou en cuir, la place et l’action de la main frappant le gong, la tension de l’attache etc.. De plus, le joueur peut moduler habilement les effets du son du gong grâce à l’action de sa main gauche en faisant varier la pression et le relâchement sur le bord recourbé de la face extérieure. Des effets de sourdine peuvent résulter de cette action. Chaque groupe ethnique préfère un type de bois dans la fabrication du maillet. En choisissant le bois dur, les Êđê obtiennent souvent des bruits parasites dans la puissance de la résonance du gong. Par contre, en sélectionnant le bois tendre, les Bahnars réussissent à obtenir la « clarté » du son fondamental malgré la faiblesse d’intensité détectée dans la résonance.

Au moment de l’ achat, le gong est livré à l’état « brut », sans sonorité musicale, sans caractère et sans âme. Sa face extérieure est presque plate. Il est semblable à un objet produisant un signal sonore. (cái kẻng) Grâce aux coups de maillet en bois et à l’ouie fine de l’accordeur, le gong reçoit des petites bosses et des cercles concentriques sur sa bordure et sur ses faces intérieure et extérieure. Le coup du maillet donné sur sa face extérieure augmente sa sonorité. Par contre, la diminution de la résonance est visible inversement avec sa face intérieure. L’accordeur réussit à lui donner une couleur sonore, une note musicale particulière, ce qui fait de lui désormais un instrument de musique à part entière. Selon les gens des Hauts Plateaux, analogue à l’homme, le gong a un visage, un caractère et une âme. Il ne ressemble à aucun autre gong.

On dit qu’on l’éduque car à partir d’un objet qu’on achète à l’état « brut » auprès des Kinh (Quảng Nam) , on lui donne une éducation, une note, une appartenance ethnique, un caractère sacré. Pour le gong acheté au Laos, il a déjà une âme mais c’est une âme laotienne.

Pour le transformer en un gong des Hauts Plateaux, il faut l’éduquer par les coups de maillet en bois pour qu’il connaisse ainsi la langue Bahnar, Stieng, Edê, Mnong etc… Il a désormais l’âme sacrée (hồn thiêng) des Hauts Plateaux. Celle-ci ne disparaît pas tant qu’il y a encore l’environnement où le gong est « éduqué » (la forêt, les ethnies, les villages, les sources d’eau, les animaux etc…). Le caractère sacré du gong ne peut qu’être trouvé dans ce milieu naturel qui lui permet de retrouver son identité ethnique à travers les mélodies variant d’un village à un autre ou d’une ethnie à une autre et les rites agraires. Le gong peut produire une fausse note au fil des années d’utilisation. On dit qu’il est « malade ». Il faut le soigner en faisant venir un médecin (ou un bon accordeur) qu’il est difficile de trouver parfois sur place. Il faut se déplacer à plusieurs kilomètres dans d’autres régions pour arriver à le trouver. Une fois réajusté le son, on dit que le gong est guéri. Lire la suite (Tiếp theo)

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