Art de Sukhothaï (Nghệ thuật Sukhothaï)

 

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Avec le premier grand royaume thaï Sukhothai, on voit naître une nouvelle civilisation qui savait tirer profit de la culture indigène sous l’élan d’une personnalité exceptionnelle et aussi marquante qu’était le roi Rama Khamheng. Pour Georges Coedès, les Thaïs étaient de remarquables assimilateurs. Au lieu de détruire tout ce qui appartenait aux anciens maîtres (Môn-Khmers) comme le firent les Vietnamiens lors de la conquête du Champa, les Thaïlandais tentèrent de se l’approprier et de retrouver les thèmes dans les vieux répertoires môn-khmers pour créer un nouveau style propre et particulier en laissant transparaître les traditions locales dans l’architecture (les chedis) et la statuaire (les Bouddhas). Le Mahàyàna fut abandonné désormais en faveur du bouddhisme du Theravàdà auquel était consacrée entièrement l’esthétique thaïlandaise. Celle-ci tira évidemment ses formules iconographiques et plastiques de l’art khmer et de celui du Dvaravati (Môn).

L’éclosion de l’art de Sukhothaï témoigne d’une volonté d’innovation et d’une vitalité remarquable malgré certaines influences cinghalaises, birmanes et khmères. C’est ce qu’on voit dans la grande création de l’iconographie des Bouddhas. Ceux-ci représentés sous la forme humaine étaient sculptés selon des règles très précises que les artistes thaïlandais devaient respecter minutieusement. Selon Bernard Groslier, il y a un peu d’exagération dans la beauté de ces oeuvres afin de pouvoir accentuer la stylisation et montrer l’originalité d’une société nouvelle et dynamique. L’allongement démesuré trouvé dans les bras et les oreilles et la déformation excessive du chignon supérieur rappellent bien le manque du réalisme.

Malgré cela, la sculpture bouddhique de Sukhothai témoigne incontestablement d’un art entièrement original et d’une période où la nation thaïlandaise avait besoin d’une identité culturelle et religieuse et d’une personnalité propre illustrée par l’exemple trouvé dans la création du Bouddha marchant. Sa forme gracieuse  ne peut pas passer inaperçue et  réussit à pénétrer les Thaïlandais. Une fluidité est trouvée dans le mouvement de ce Bouddha. Son allure est à la fois légère et sereine. Sa tête en forme d’ovale, ses sourcils arqués en demi cercle parfait et prolongés par un nez aquilin et long, sa chevelure en bouclette  surmontée d’une longue flamme (unîsa)(tradition cinghalaise), sa bouche entourée par une double ligne (tradition khmère), ses vêtements collés au corps sont les traits caractéristiques de l’art bouddhique de  Sukhothaï.

Sous le règne de Rama Khamheng (ou Rama le Brave), une nouvelle société se forma à partir de l’héritage môn-khmer. Cette société trouva son modèle administratif et social auprès des Mongols. L’écriture thaïe fut créée et basée sur la cursive khmère qui trouvait sa lointaine origine dans l’Inde méridional. Le bouddhisme theravàda fut adopté comme la religion d’état. Malgré cela, l’animisme continua à se perpétuer comme en a témoigné le culte de l’esprit du sol évoqué par Rama Khamheng. Celui-ci installa sur une colline près de Sukhothai un autel dédié à un esprit nommé Phra Khapung Phi, supérieur à tous les autres esprits pour assurer la prospérité du royaume. Cela lui revint la charge d’honorer ce culte tous les ans. C’est aussi cet état d’esprit qu’on a vu encore au début du XXème siècle au Vietnam avec la cérémonie rituelle de Nam Giao (Huế) célébrée par l’empereur car étant le fils du Ciel, il était censé de demander chaque année la protection et la bénédiction du Ciel pour le pays. (idem en Chine avec le temple du Ciel (Thiên Đàn) à Pékin).

On n’est pas étonné de trouver encore de nos jours cette tradition, cette idée de l’esprit supérieur dans le Bouddha d’Eméraude (ou Phra Keo Morakot), palladium de la Thaïlande et protecteur de la dynastie de Chakri dans la chapelle du palais royal à Bangkok. Pour Bernard Groslier, le parallélisme n’est pas gratuit: les Thaï appartiennent au monde primitif de la pensée chinoise. On se pose des questions à cette comparaison car on ne peut pas ignorer qu’analogues à des Vietnamiens, les Thaï faisaient partie du groupe Cent Yue dont la plupart des ethnies étaient des animistes et appartenaient au monde agricole. Ils étaient habitués à honorer le culte des génies du sol, de l’agriculture ou du village avant d’être sous la coupe de l’influence chinoise. Rama Khamheng réussît à nouer des relations diplomatiques avec la Chine de Koubilai Khan. Il favorisa la venue et l’installation des artisans chinois dans la capitale. Avec leur savoir-faire, le royaume de Sukhothai ne tarda pas à être connu avec ses fameuses céramiques de Sawankhalok. Royaume d’Ayutthaya

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