Autrefois, le Vietnam était un pays mi-sauvage, mi-cultivé, infesté de bêtes fauves qui cohabitaient avec l’homme dans des cavernes profondes de la forêt. Vivait alors un jeune homme nommé Lạc Long Quân intelligent et doté de pouvoirs extraordinaires. Dans ses veines coulait un sang mêlé du sang des Dragons du pays Bách Việt. (Bai Yue). Dans ses pérégrinations par monts et par vaux, il arriva à la région maritime du Sud Est du Lạc Việt. Voyant la population décimée par un monstre marin, il saisit un javelot qu’il rougit au feu et le lança dans la gueule du monstre. Il le tua sur le coup. Il coupa son corps en trois morceaux qu’il jeta dans les trois endroits différents. Le premier morceau fut jeté dans une montagne nommée nommée Cẩu Đầu Sơn, le tronc du corps dans une autre montagne Cẩu Đầu Thủy et la queue dans une île connue sous le nom de Bạch Long Vỹ.
Le peuple Lạc Việt étant une fois en paix, le héros s’achemina vers la région de Long Biên dont les habitants étaient terrorisés par un renard devenu un monstre. Celui-ci se transformait souvent en jeune homme pour entrer dans les villages et enlever les femmes et les jeunes filles. Lạc Long Quân dut batailler trois jours et trois nuits avant d’abattre le monstre et d’entrer dans sa caverne pour libérer les survivantes. Arrivé à la région Phong Châu, il affronta le monstre des arbres tellement féroce qu’il dut recourir à son père Kinh Dương Vương pour le chasser dans le sud. Après avoir ramené la paix dans ces trois régions, il fut ému de compassion pour le peuple si malheureux et si simple. Il décida d’y rester pour le protéger et lui apprendre à cultiver le riz, à couper les arbres pour construire les maisons destinées à le protéger contre la pluie, le vent et les bêtes sauvages. Le peuple le vénérait et le considérait comme son chef. Il l’éduquait aux vertus familiales des parents et d’époux. Il était vénéré par ce peuple comme son père biologique et comme celui qui lui engendrait la vie.
Avant de revoir sa mère au Palais des Eaux, il recommanda à son peuple, en cas de malheur, de l’appeler bien fort: Père. Et il revint aussitôt. Quelque temps après, le Seigneur des Hautes Régions du Nord, Ðế Lai, à la tête de ses troupes, envahit le Lạc Việt en emmenant avec lui sa ravissante fille du nom de Âu Cơ. Ðế Lai opprima et rançonna la population. Il obligea cette dernière à lui fournir la viande et le riz pour son armée. Dans sa détresse, le peuple appela: Père, revenez vite pour nous sauver. Lac Long Quân fut sur place, mais il ne trouva pas Ðế Lai. Seule Âu Cơ était là, en promenade au milieu de ses servantes. Ébloui par sa beauté, il emmena Âu Cơ dans son palais. Âu Cơ elle-même, charmée par le jeune homme, consentit à vivre désormais avec lui. Ðế Lai, revenu en colère, envoya ses troupes pour assiéger la ville.
Mais Lac Long Quân commanda aux bêtes sauvages de le repousser. Incapable de lutter contre un gendre aussi puissant, Ðế Lai se retira du Lạc Việt , laissant sa fille sur la terre étrangère. Après quelque temps, Âu Cơ mit au monde une grande poche d’où sortirent cents œufs donnant naissance à cent garçons robustes comme leur père. Quand vint le jour de séparation et de retour auprès de sa mère, Lạc Long Quân dit à sa femme Âu Cơ: « Vous êtes de la race des fées. Je suis de celle des Dragons. Nous ne pouvons pas rester ensemble toute la vie. Vous avez besoin de vivre en altitude. J’ai besoin de vivre au bord de la mer. Vous restez ici ainsi avec cinquante enfants. J’emmène les cinquante autres dans la région maritime pour nous y installer. Depuis, Âu Cơ restait dans les montagnes avec ses cinquante enfants. Ceux-ci devenaient ainsi les ancêtres de tous les peuples vivant de nos jours sur les hauts plateaux et dans les montagnes (ce sont les montagnards et les minorités ). Quant à Lac Long Quân, il descendit avec ses enfants dans la plaine, au bord de la mer. Il leur apprit à défricher pour y fonder un royaume. Son fils aîné devint ainsi le premier roi du Vietnam et prit le nom dynastique de Hùng Vương et appela son pays Văn Lang.
C’est pourquoi les Vietnamiens sont fiers d’être « Enfants du Dragon, Grands Enfants de l’Immortelle » (Con Rồng Cháu Tiên).