Style Mỹ Sơn A 1
Phong Cách Mỹ Sơn A 1 (Xème siècle)
Le chercheur français Jean Boisselier distingue deux styles. Le premier style est connu sous le nom de Khương Mỹ (première moitié du X ème siècle) et constitué par des œuvres reprenant encore certains traits trouvés dans le style de Ðồng Dương. Quant au deuxième style, il est connu sous le nom de Trà Kiệu (deuxième moitié du Xème siècle) et il regroupe des œuvres qui s’écartent complètement du style Đồng Dương. On note une influence indo-javanaise de plus en plus marquée après avoir pris des influences khmères.
Dans le style Khương Mỹ, on relève à la fois l’harmonie et la symétrie. La douceur est visible aussi dans les expressions faciales des sculptures. Quant au style Trà Kiệu, outre la douceur trouvée dans les poses et les visages, on trouve la beauté des parures, le demi-sourire, la tendance vers les reliefs proéminents etc… La mise en valeur de la beauté féminine n’est plus mise en doute (les seins pleinement développés, le déhanchement, l’élégance du corps etc ..) dans la sculpture chame durant cette période.
Phong cách Mỹ Sơn A 1
Dans le prolongement du style Trà Kiệu, il y a le style Chánh Lộ (XIème siècle) où on assiste au retour des traits principaux: lèvres épaisses, bouche large, arcades sourcilières en relief. Dans ce style, on découvre l’absence du demi-sourire sur le visage, la disparition du déhanchement, la simplification de la parure et du chapeau (Kirita-Mukuta). On peut dire qu’il s’agit bien d’un retour au passé. Ce style n’est qu’un style de transition entre ceux de Mỹ Sơn A 1 et du Bình Ðịnh.
Style Tháp Mắm
(ou Style Bình Ðịnh)
Celui-ci s’étend avec ses prolongements, de la fin du XI ème siècle jusqu’à la fin du XIII ème siècle. Le Champa devint une province khmère durant une vingtaine d’années (entre 1203 et 1220). C’est pour cette raison qu’on trouve l’influence notable de l’art angkorien dans ce style. Ce n’est pas par hasard que l’érudit français Jean Boisselier impute le début du XIII ème siècle du style Tháp Mắm au style Bayon dans l’art cham.
Le style Tháp Mắm est à la fois excentrique par l’enrichissement du décor et par l’expression fantastique des animaux, des divinités et des dvarapalas (les lèvres épaisses, les pupilles non marquées, les sourcils en net relief, les narines dilatées, une barbe, des moustaches ). Les œuvres chames de cette longue période montrent d’étroits rapports non seulement avec l’art khmer mais aussi avec l’art vietnamien. Les dragons de Tháp Mắm, les tours d’Or, d’Argent et d’Ivoire témoignent de l’influence vietnamienne (période des dynasties Lý et Trần). Dans ce style, les sculptures animales sont très variées mais elles reflètent le caractère irréaliste et mythique.
Parfois, certains animaux féroces et méchants très poussés à l’invraisemblance et à l’exagération deviennent des créatures charmantes et mignonnes.
Makara
On peut avoir la même pensée ambiguë du chercheur français Jean Boisselier sur l’art cham en se demandant si on a affaire à une œuvre décadente ou on se retrouve au sommet d’un art poussé à ses limites.
Le chercheur vietnamien Ngô Văn Doanh a l’occasion de comparer ce style au rayon de lumière avant le déclin du jour. Bien que celui-ci soit splendide et tellement brûlant, il est trop « vieilli » . Il est sur le point de disparaître avec regrets pour céder la place aux styles Yang Mun et Pô Rome.
Style Bình Ðịnh
Phong Cách Muộn
Styles Yang Mum et Pô Rome
( XIVème -XVème siècle)
On trouve dans ces styles le caractère médiocre et schématique. On a tendance à styliser les images sculptées et à négliger le reste, en particulier les membres inférieurs réduits parfois à un bloc de pierre triangulaire ou à un socle. Les kut (ou stèles funéraires dont la base non sculptée est enfouie sous terre) montrent avec grossièreté une silhouette humaine sans qu’on sache qu’il s’agit d’une influence musulmane ou d’un retour au passé animiste.
L’hindouisme cède le pas aux nouvelles formes religieuses (culte local des génies (les Yang) animisme, islam) depuis la chute de Vijaya (Bình Ðịnh) en 1471 contre les Vietnamiens (Lê Thánh Tôn) et la perte de tous les lieux saints (Mỹ Sơn, Trà Kiễu, Đồng Dương), ce qui traduit ainsi un long et irréversible crépuscule pour la sculpture chame.
Tombée dans l’oubli depuis tant d’années, réappropriée récemment par les Vietnamiens, la sculpture chame redevient leur objet d’admiration depuis l’exposition des trésors d’art du Vietnam (2005 Musée Guimet, Paris) et l’une des composantes majeures de l’art vietnamien. Désormais, elle fait partie intégrante du patrimoine artistique et culturel du Vietnam.
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- La statuaire du Champa. Jean Boisselier. Volume LIV, EFEO Paris 1963.
- Văn hóa cổ Champa. Ngô . Văn Doanh. NXB Dân Tộc 2002
- Champa sculpture. Nguyễn Thế Thục. NXB Thông Tấn 2007
- Jean Boisselier . La statuaire du Champa. Recherche sur les cultes et l’iconographie.
- Bénisti Mireille: Arts asiatiques. Année 1965. Volume 12. N°1.
- L’art du Champa. Jean François Hubert. Editeur Parkstone Press International. 2005
- Pérégrinations culturelles au Champa. Nguyễn Vă Kự, Ngô Văn Doanh, Andrew Hardy. Editions Thế Giới Publishers 2005