Maison communale (Đình Làng: Phần 1)

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dinhlang

Đình Làng

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Première partie

Đình Làng, ce sont deux mots qu’il est difficile de séparer dans l’esprit des Vietnamiens car partout où l’on trouve un village vietnamien, il y a aussi quelque part une maison communale, un đình. Couvert toujours de tuiles, celui-ci est un bâtiment colossal en bois et construit sur pilotis. Contrairement à la pagode qui se ferme sur elle-même, le đình n’a ni portes ni mur et communique directement avec l’extérieur. Sa large toiture imposante ne peut pas passer inaperçue de loin avec ses angles rebroussés (đầu đao). Son emplacement est l’objet d’études minutieuses de géomancie. Sa construction est réalisée dans la plupart des cas sur un terrain assez aéré considéré comme un espace sacré et orientée de manière à avoir accès à une pièce d’eau ( lac, rivière , puits) dans le but de recueillir le summum du bien-être. ( tụ thủy, tụ linh, tụ phúc ). C’est le cas du đình Tây Ðằng avec une pièce d’eau remplie de lotus devant son entrée en été ou  đình Ðồng Kỵ ( Từ Sơn, Bắc Ninh) érigé en face d’une rivière ou đình Lệ Mật (Gia Lâm, Hànội) avec un large puits. La maison communale vietnamienne est édifiée souvent dans un cadre de verdure avec les banians centenaires, frangipaniers, aréquiers etc…

 © Đặng Anh Tuấn


On ne peut pas définir mieux son rôle que celui qui a été écrit sommairement par Paul Giran dans son ouvrage intitulé: Magie et Religion annamites, pp 334-335, 1912:

Le đình où demeure le génie protecteur de chaque village (thành hoàng) est le foyer de la vie collective de la communauté. C’est ici que se font les réunions des notables et que se traitent les questions d’administration ou de justice intérieure. C’est aussi ici que se font les cérémonies religieuses et que s’accomplissent tous les actes qui sont la vie de la société vietnamienne.


On peut dire qu’il est en quelque sorte la mairie d’une ville d’aujourd’hui. Mais il est mieux considéré que cette dernière car il est le lien affectif de toute la communauté du village. À travers lui, le Vietnamien peut retrouver non seulement ses racines mais aussi les aspirations et les souvenirs communs du village où il est né et il a grandi. Son attachement profond à son village, en particulier à son đình ne trahit pas l’expression de ses sentiments qu’on a l’habitude de trouver dans les chansons populaires suivantes:

Qua đình ngả nón trông đình
Ðình bao nhiêu ngói thương mình bấy nhiêu….

En passant devant la maison communale, j’incline mon chapeau conique pour la regarder
Autant elle a de tuiles, autant je t’aime ….

ou bien

Trúc xinh trúc mọc đầu đình
Em xinh em đứng một mình cũng xinh
……………………………
Bao giờ rau diếp làm đình
Gỗ lim ăn ghém thì mình lấy ta ….

Le joli bambou-ivoire pousse à l’entrée de la maison communale
Tu es jolie, ma mie même si tu te tiens toute seule.
……………………………………
Chaque fois que le đình peut être érigé à partir des laitues
et que le bois « lim » peut être comestible, nous pourrions nous marier …

L’image d’un đình est ancrée intimement dans le cœur des Vietnamiens car le đình est le symbole de leur identité et de leur origine. Déjà, au XIIème siècle, sous la dynastie des Lý, parut un édit stipulant que sur tout le territoire vietnamien, chaque village dut construire son propre đình. Celui-ci suivit les Vietnamiens au cours de leur marche vers le Sud du XIIème au XVIIIème siècle. D’abord il s’implanta dans le Centre du Vietnam en passant par les provinces Thanh Hóa et Nghệ An sous la dynastie des Lê, puis par les provinces Thuận Hóa et Quảng Nam sous les Mạc et enfin dans le delta du Mékong à la pointe de Cà Mau avec les seigneurs des Nguyễn. Sa construction évolua pour s’adapter non seulement au nouveau climat, aux nouvelles terres acquises et aux nouveaux matériaux disponibles trouvés sur place mais aussi aux traditions et aux mœurs locaux tout au long du parcours sur des milliers de kilomètres durant les 4 siècles d’expansion. Hormis les Hauts Plateaux, berceau de la culture ancestrale des minorités ethniques, le đình réussit à se distinguer dans la diversité avec un style et une architecture propre à tous les recoins du Vietnam.

Construit quelques siècles plus tôt, le đình du Nord reste le modèle de  référence pour la plupart des Vietnamiens car il est retenu non pas pour son caractère esthétique mais plutôt pour son caractère original. Il est le symbole authentique de la vie rurale des Vietnamiens au fil des siècles. C’est lui qui a été érigé le premier par la culture villageoise vietnamienne dans le delta du Fleuve Rouge. Le đình du Nord n’est pas seulement un assemblage de colonnes, d’arbalétriers et de toutes sortes d’éléments soudés par des mortaises et des tenons, reposant sur le sol ou  des fondations en pierre mais c’est aussi une armature en bois sur laquelle s’appuie la toiture qui la consolide de son propre poids. L’une des caractéristiques de la maison communale vietnamienne réside  dans le rôle des colonnes servant de soutien à la toiture.   Plus les colonnes sont grosses,  plus l’armature est stable. 

        Maison communale Ðình Bảng ( Tiên Sơn, Bắc Ninh )

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Son aspect est très imposant grâce à ces colonnes principales volumineuses. C’est le cas du đình Yên Đông détruit par un incendie (Quảng Ninh) et dont les colonnes principales atteignent 105 cm de diamètre. Cette impression est illustrée souvent par l’expression qu’on a l’habitude de dire en vietnamien: to như cột đình ( colossal comme la colonne du đình ). C’est ce qu’on trouve dans le fameux « Ðình Bảng » avec ses 60 colonnes en bois de fer (gỗ lim) et sa grande toiture terminée par les angles rebroussés en forme des pétales de lotus.     Lire la suite                                                      

Đình Bảng (Bắc Ninh)

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