Lê Long Đĩnh (Version française)

Version vietnamienne 

Une énigme à élucider sous la dynastie des Lê antérieurs.

Le roi Lê Đại Hành avait  5 reines dont la plus célèbre restait toujours la reine Dương Vân Nga (avec son titre  Đại Thắng Minh hoàng hậu) et 13 enfants parmi lesquels figuraient onze garçons,  une fille et un enfant adoptif.  Il avait deux enfants avec Dương Vân Nga, un fils nommé Lê Long Thâu et désigné comme prince héritier et méritant de participer à la résistance contre  l’invasion des  Song en 981 et une fille nommée Lê Thị Phất Ngân  donnée en mariage à  Lý Công Uẩn par le roi  lui-même (ou Lý Thái Tổ le fondateur  de la dynastie des  Lý plus tard) et la future mère de Lý Thái Tôn. Tous les  autres fils recevaient chacun un titre de seigneur et  étaient renvoyés dans les  régions stratégiques  afin de  consolider le royaume  et d’empêcher les rébellions car le roi Lê Đại Hành était parti  fréquemment en expédition dans le but d’agrandir son empire. Le fils aîné Lê Long Thâu et la reine Dương Vân Nga furent décédés en l’an 1000, puis cinq ans plus tard, c’était  le tour du roi Lê Đại Hành (1005).

Celui-ci a déjà prévu que son fils cadet, Long Việt devint  roi lors de son décès. Malheureusement il y avait une lutte de pouvoir  entre les prétendants au trône de sorte que le prince héritier Long Việt n’ait pu  être roi que pendant trois jours.  Connu sous le nom de  Lê Trung Tôn dans l’histoire, il était  assassiné par son jeune frère Long Đĩnh  âgé de  23 ans.  À ce moment-là,  selon « Les Mémoires historiques du Grand Viet au complet (Đại Việt Sử Ký Toàn Thư) », tous ses subalternes prirent la fuite  sauf que Lý Công Uẩn  continua à  embrasser son corps  et pleura. [1]. Selon l’histoire écrite à cette époque, il fut nommé  après par le prince assassin Long Đĩnh comme commandant adjoint de la garde royale grâce à sa loyauté et sa fidélité  envers son  ancien roi Lê Trung Tôn.  Puis il fut promu au poste de commandant de la garde royale, un poste clé important à l’époque pour protéger le roi et le palais. Pourtant, malgré sa fonction,  il n’arrêta pas le tueur du roi Lê Trung Tôn. Il fut peut-être le complice de Long Đĩnh  dans l’assassinat du roi Lê Trung Tôn.  Il était  difficile pour un régicide de savoir apprécier la valeur d’un loyaliste. Selon «l’histoire du Viet Nam» de Trần Trong Kim, Lê Long Đĩnh était roi durant  quatre ans (1005-1009). Il était connu sous le nom « Ngọa  Triều (ou couché à la cour » car il était tellement libidineux qu’il ne pouvait plus trôner comme il fallait et il devait se coucher  à la cour à cause des hémorroïdes. Est-il vrai ce que l’histoire rapporta  à cette époque?

En regardant de plus près les actes que Lê  Long Đĩnh a accomplis  durant son règne, il n’est pas tout à fait logique car analogue à son père, le  grand roi Lê Đại Hành, il entama 5 fois les opérations militaires durant  ses quatre ans de règne. Il  ne pouvait pas monter à cheval s’il ne pouvait pas s’y asseoir surtout  lors de la dernière conquête il y avait seulement deux mois avant sa mort. Sa nature était d’une générosité débordante envers Lý Công Uẩn. Pourtant il avait intérêt à l’éliminer aussitôt du fait qu’il portait le nom de famille «Lý» censé de remplacer bientôt celui des Lê par la prophétie du fromager (ou kapokier)(sấm cây gạo). Il envoya également un émissaire à la cour des Song et lui demanda des soutras et des écrits anciens afin de favoriser le développement du bouddhisme dans son royaume. Ce comportement était contrairement à son acte odieux de  saigner impitoyablement  la tête du moine Quách Ngang qui fut à une époque non lointaine  le patriarche du bouddhisme  avec un couteau éplucheur de la canne à sucre. Il donna  l’ordre de mettre en place  des moyens de navigation  pour faciliter le déplacement  des gens  sur la rivière Vũ Lung afin d’éviter la traversée risquée à la nage (page 153, les Mémoires Historiques du Grand Viêt, maison d’édition Thời Đại). Il continua  à engager des réformes comme la réorganisation de la bureaucratie alignée sur celle des Song en Chine afin de parfaire le régime et la justice. Il ne tarda pas à demander à la cour des Song d’avoir les facilités d’échange commercial  équivalent  à un organisme de représentation commerciale d’aujourd’hui, à l’intérieur du territoire de la Chine (Ung Châu) mais il obtint l’autorisation seulement à Liêm Châu et Như Hồng. C’est vraiment un roi  ayant une profonde innovation  économique. Il ne ressemble pas du tout à un tyran cruel comme  ce que les historiens ont décrit  à l’époque de la dynastie des Lý.

Il doit affronter ainsi une quelconque force clandestine  tentant de mener et influencer les masses populaires  et favoriser l’accession au pouvoir de la  dynastie des Lý. Quand les historiens vietnamiens contemporains compilent des manuels d’histoire, ils s’appuient principalement sur l’évaluation des érudits tels que  Trần Trọng Kim, Đào Duy Anh, Ngô Sĩ Liên, Lê Văn Hưu, etc. .. pour enseigner et rapporter le même fait  aux générations futures parmi lesquelles nous figurons aussi. Aucun document historique n’ose reconnaître que c’est Lý Công Uẩn qui a tué Lê Long Đĩnh pour usurper le trône excepté que  l’ouvrage intitulé  « Đại Việt sử ký tiền biên » de l’historien célèbre Ngô Thì Sĩ reconnait à l’époque des Tây Sơn (ou Paysans de l’Ouest) que Lê Long Đĩnh a été empoisonné par Lý Công Uẩn pour se venger  de l’assassinat du roi Lê  Trung Tôn  commis par Khai Minh Vương (ou Lê Long Đĩnh). C’est pour cette raison que Lê Long Đĩnh devient haïssable aux yeux des Vietnamiens sans donner à ces derniers l’occasion d’avoir un regard plus juste et équitable  sur sa mort.

À cette époque, le bouddhisme commença à s’implanter tôt  au Vietnam par la voie maritime en passant par  le royaume de Champa.  Lorsque le pays obtint son indépendance, il eut besoin de prendre le bouddhisme comme un point d’appui spirituel  dans son organisation et sa gestion. Le bouddhisme occupa ainsi une place privilégiée dans la société, en particulier sous  les dynasties des Đinh et des Lê antérieurs.  Ces dernières apprécièrent grandement le rôle joué par le bouddhisme de sorte que les moines zen tels que Ngô Chấn Lưu, Vạn Hạnh ou Đỗ Pháp Thuận fussent très respectés et honorés par le roi.  Celui-ci n’hésita pas à les consulter quand la nation avait affaire à des sujets sensibles et importants ou à la politique étrangère.

On peut dire que ces moines zen ont participé à la construction de l’appareil d’État. C’est pourquoi  lors de la disparition du moine  Pháp Thuận  en l’an 991, le  moine Van Hạnh restait le seul personnage à jouer le rôle du conseiller politique de la cour.  Il n’y a aucune raison pour que Vạn Hạnh ne soit pas au courant de ce qui se passe à la cour  même s’il s’agit d’une énigme à élucider. C’est lui qui a aidé le roi Lê Đại Hành à décider de combattre les Song et de pacifier le Champa  et  à  remporter la victoire finale grâce à ses prédictions précises mais c’est aussi lui qui a préparé l’opinion publique et  ouvert la voie à Lý Công Uẩn pour monter sur le trône à travers l’histoire du chien blanc et la prophétie du fromager. (sấm cây gạo)

Le moine  Van Hanh est un personnage censé de connaître à fond le  passé, le présent et le  futur et se sert de la méditation Dharanisammadhi (ou Tổng Trì Tam Ma Điạ)  pour transformer les paroles en prophéties. Ce qu’il a dit, devient une prophétie et les gens y croient fermement. Il a écrit donc le mot « fils du ciel » sur le dos d’un chien blanc dans le village de Cổ Pháp et a ensuite propagé l’évènement relatant la naissance d’un nouveau roi dans l’année du chien (năm Tuất)  car Lý Công Uẩn est né en 974, l’année du chien de bois (Giáp Tuất) et apparu en l’an 1010, l’année du chien de métal  (Canh Tuất)   pour apporter la paix et la prospérité  dans le pays. Ayant connu les superstitions du peuple vietnamien,  l’érudit Vạn Hạnh se sert de cette méthode pour le faire accepter facilement le changement de la dynastie comme une évidence venant de la volonté du Ciel avec la prophétie du fromager. Cet arbre est planté par le moine zen La Quý An à la pagode Minh Châu et frappé par la foudre provoquant ainsi sur son écorce l’apparition d’un kệ (verset):

Gốc cây thăm thẳm
Ngọn cây xanh xanh
Cây hòa đao rụng
Mười tám hạt thành
Cành Đông vào đất
Cây khác lại sinh
Cung Đông trời mọc
Cung Tây ẩn tinh
Khoảng sáu bảy năm
Thiên hạ thái bình    

pour annoncer la mort d’un jeune roi, l’apparition d’un nouveau sujet, la chute des Lê,  l’avènement des Lý suivi  par l’arrivée des Trần dans leur territoire et la naissance des  Lê postérieurs. Le roi est apparu à l’est mais une étoile se cache encore à l’ouest. Six ou 7 ans après, Lý Công Uẩn sera intronisé  (1010)  et le peuple  retrouvera la paix. (1016-1017). La prophétie du fromager se réalise avec exactitude. Malgré que l’historien Ngô Thì Sĩ est un confucianiste convaincu  détestant les superstitions, il doit reconnaître ce fait en écrivant le texte suivant: En nous laissant seulement 40 mots à travers ce verset, cela nous montre non seulement la grandeur et la décadence de toutes les dynasties dans une période durant plus de mille ans mais aussi le talent inouï du prophète du peuple,  Vạn Hạnh comme le lettré Nguyễn Bĩnh Khiêm 500 ans plus tard avec ses prophéties. On  est amené à faire conclusion suivante:

Face à une lutte de pouvoir entre les enfants du roi Lê Đại Hành et son gendre Lý Công Uẩn, le bouddhisme doit choisir non seulement une personne talentueuse  mais aussi vertueuse afin d’apporter la prospérité et la paix dans ce pays. Afin de pouvoir porter le bouddhisme au sommet de son rayonnement et de sa gloire, de devenir la religion d’état et d’accompagner le développement économique et politique du pays, le profil de Lý Công Uẩn est le plus adapté à ces critères car il est orphelin de père  et il est accueilli très jeune à la pagode par le moine Lý Khánh Vân. Il est éduqué  par le moine Vạn Hạnh et il est le gendre du roi Lê Đại Hành. Selon la rumeur, il est le fils biologique du moine Vạn Hạnh. La mort du roi Lê Long Đĩnh  ressemble à un assassinat politique. Il est temps de rétablir la vérité,  de le disculper et de lui enlever surtout le nom « Đế ngoại triều ( empereur couché à la cour) » qu’il a porté plus de mille ans dans l’histoire du Viet Nam. Dans le contexte politique de cette époque, l’histoire écrite  n’ose pas dire que c’est un assassinat politique suivi par une usurpation du trône. Même le peuple  considère cette mort comme une évidence  venant de la volonté du Ciel. En dépit  des allégations sans fondement dans l’histoire écrite,  la postérité continue à avoir toujours du respect pour lui à travers les autels trouvés  dans les temples à Ninh Bình, Hà Nam, Thái Bình et Hà Nôi.