Pagode (Chùa Chiền Việt Nam) 6ème partie

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Sixième partie

Une fois l’indépendance retrouvée, le bouddhisme commença à trouver un écho favorable en la personne du roi Đinh Tiên Hoàng. Celui-ci nomma Ngô Chấn Lưu, disciple du moine Văn Phong de la pagode Khai Quốc (Hànội) en tant que Tăng Thống (Chef suprême du clergé bouddhiste). Il lui décerna le titre de Khuông Việt Đại Sư ( Grand Maître, soutien du pays Việt) pour sa participation aux affaires de l’état en tant que conseiller. Issu de l’école du moine chinois Vô Ngôn Không, Ngô Chấn Lưu fut réputé pour ses connaissances approfondies de la doctrine Dhyana (ou Thiền). Puis l’élan bouddhiste continua à s’affermir avec le grand roi Lê Đại Hành (ou Lê Hoàn). Ce dernier, lors d’une expédition au Champa en 985, réussit à ramener dans son pays un bonze indien (Thiên Trúc) qui était en train de séjourner dans le monastère de Đồng Dương.

C’est sous le règne de ce roi que les moines jouèrent un rôle important dans la vie politique vietnamienne car ils étaient les seuls détenteurs du savoir. C’est le cas du moine Ngô Chấn Lưu chargé par le roi Lê Đại Hành de recevoir une délégation diplomatique chinoise de la dynastie des Song (Tống triều) conduite par l’ambassadeur Li Jiao (ou Lý Giác). Celui-ci, de retour en Chine, fut accompagné par un morceau de chant lyrique (ou từ en vietnamien) rédigé par le moine Khuông Việt lui-même (ou Ngô Chấn Lưu). Outre les documents officiels, ce morceau ayant pour titre vietnamien Ngọc Lang Quy (ou Vương Lang Quy) devint ainsi la première oeuvre littéraire vietnamienne qu’on considère encore aujourd’hui comme un document précieux et important non seulement dans la relation sino-vietnamienne mais aussi dans la littérature vietnamienne. On n’oublie pas non plus l’échange verbal improvisé en sentences par le moine poète de nom Lạc Thuận, déguisé en sampanier avec Li Jiao. Frappé d’admiration, ce dernier n’hésita pas à adresser des compliments au roi Lê Đại Hành en le comparant à son roi dans un poème.

Selon ce qu’a rapporté Thiền Uyển Tập Anh (Floriflège du jardin du Thiền), avant sa disparition, Khuông Việt rédigea un poème intitulé « Le bois et le Feu » (Cây và Lửa) et destiné à enseigner le dhyana à son disciple éminent thiền sư Đa Bảo:

Trong cây sẵn có lửa
Có lửa lửa lại sinh
Nếu bảo ây không lửa
Cọ xát làm sao phát sinh?

Le bois contient en essence le feu
Et ce feu parfois renaît
Pourquoi dire qu’il n’y réside pas,
Si le feu jaillit quand on fore le bois.

Nguyễn Khắc Viện (Traduction)

Il se servit de ce kê (une sorte de stance bouddhique) pour laisser entendre que le bois désigne la personne et le feu, la nature du Bouddha (Phật tính) que la personne en question a toujours dans son coeur. Il évoqua ainsi le problème de la vie et de la mort en rappelant à son disciple de ne pas s’en inquiéter à cause du changement constant de la nature et en lui laissant le soin de trouver sa voie de l’éveil par l’amélioration de ses efforts individuels.

Le bouddhisme vietnamien trouva son âge d’or sous les dynasties Lý (1009-2225) et Trần (1226-1400) . Selon le chercheur Nguyễn Thế Anh, le Vietnam était essentiellement un pays bouddhiste sous ces deux dynasties comme c’était le cas du royaume theravàda d’Ayutthaya. Mais il y a quand même une dissemblance visible dans la mesure où ce royaume siamois continue à lire les textes bouddhiques en sankscrit et en pali et à considérer le salut comme la résultante des efforts accomplis par l’individu lui-même pour atteindre à la bouddhéité. Quant au bouddhisme vietnamien, il accepte d’emprunter non seulement le chinois classique pour lire ces textes bouddhiques mais aussi la voie collective dans le salut.

Avant d’être le fondateur de la dynastie des Lý, Lý Công Uẩn (974-1028) entama sa jeunesse dans la pagode Cổ Pháp où son père adoptif, le moine Khánh Vân le présenta, à l’âge de 7 ans, à un moine célèbre Vạn Hạnh de l’école Vinitaruci qui deviendra plus tard son conseiller éminent en matière de politique intérieure et de diplomatie. Il nous laissa avant sa mort un kê intitulé Thi Đệ Tử (Conseil aux disciples) :

Thân như bóng chớp có rồi không
cối xanh tươi thu não nùng
Mặc cuộc thịnh suy đừng sợ hãi
Kìa kìa ngọn cỏ giọt sương đông

La vie de l’homme est un éclair sitôt né sitôt disparu
Verdoyant au printemps, l’arbre se dépouille à l’automne
Grandeur et décadence pourquoi s’en effrayer?
Epanouissement et déclin ne sont que des gouttes de rosée perlant sur un brin d’herbe
Nguyễn Khắc Viện


Hiérarchie religieuse dans la pagode

Les moines sont des « tăng » et les femmes des « ni » en vietnamien. Les petits novices sont appelés des « tiểu ». Au bout d’un certain temps de pratique dans la pagode, ils obtiennent le grade de sadi (ou sư bác). Le moine peut être élevé au rang de « ti-kheo » ou « đại đức » sur la proposition des autres religieux. Il pourra être promu « thượng tọa » après avoir entamé au moins 25 ans de pratique et un certain niveau de la connaissance du bouddhisme. Il sera hoà thượng s’il arrive à remplir les deux conditions suivantes: 40 ans au moins dans la religion et la possession indiscutable des vertus morales. Lire la suite (Tiếp theo)


 

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