Pagode (Chùa Chiền Việt Nam) dernière partie

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Dernière partie

 

D’autres moines étaient aussi célèbres que Vạn Hạnh sous la dysnatie des Lý. C’est le cas du moine Không Lô (1016-1094) qui résidait à la pagode Hà Trạch. Il fut connu aussi pour sa participation aux affaires de l’état en tant que Maître du Royaume (Quốc Sư) sous le règne du roi Lý Nhân Tôn. On lui attribue jusqu’à aujourd’hui l’invention de la fonderie vietnamienne. Il appartient à la fois aux écoles Vô Ngôn Thông et Thảo Đường. Sous la dynastie des Lý, la prééminence du bouddhisme favorisa indéniablement la construction d’un grand nombre de pagodes dont la plus célèbre était la pagode au pilier unique ( Chùa Một Côt ). Celle-ci fut restaurée plusieurs fois durant son existence. Selon le chercheur Hà Văn Tấn, il reste peu de pagodes gardant leur style architectural et sculptural datant des dynasties Lý et Trẩn. Cette même observation a été signalée par le roi Lê Thánh Tôn. Elle sera transcrite plus tard sur la face arrière du stèle de la pagode Chùa Đọi lors de son passage: Minh khấu hung tàn, tự dĩ canh ( Giặc Minh tàn bạo làm chùa thay đổ) ( La pagode était dans ce mauvais état à cause de la méchanceté des guerriers Ming).

Contrairement aux rois de la dynastie des Lý, les rois des Trần tentèrent d’unifier toutes les croyances religieuses et locales en une seule religion dominante sous l’égide de leur propre école religieuse Trúc Lâm (Forêt de Bambous). Celle-ci fut plus engagée politiquement que l’école dhyana en Chine. Selon le roi Trẩn Nhân Tôn, fondateur de l’école Trúc Lâm, le bouddhisme devait être au service de la vie sociale autant que de la vie religieuse (đời và đạo). C’est à travers lui que le bouddhisme Trúc Lâm montre sa voie et sa quintessence dans sa doctrine. Etant roi, il sait canaliser l’ardeur populaire et résister vaillamment à deux invasions mongoles avec son peuple. Etant père, il sait éduquer avec rigueur ses enfants, en particulier son fils Trần Thuyên, le futur roi Trần Anh Tôn. Quelques années plus tard (1298), il se retira dans un monastère à Yên Tử pour fonder avec deux autres moines la secte Trúc Lâm. Malgré son engagement au service de la nation et de la vie sociale, le bouddhisme dhyana Trúc Lâm connut de sérieux problèmes en tant que religion d’état. L’autorité du roi pouvait être sapée par les carences inhérentes au bouddhisme: compassion, générosité, amnistie, pardon, largesses accordées aux fondations bouddhiques etc …Un roi bouddhiste n’arrive pas à faire valoir les intérêts de l’état face aux préceptes du bouddhisme car il pourrait manquer à son devoir en accordant la grâce à son ennemi. C’est le cas du roi Lý Thánh Tôn que l’historien Lê Văn Hưu n’a pas hésisté à critiquer ouvertement dans son ouvrage Đại Việt Sử Ký (Mémoires historiques du Grand Việt) pour le pardon accordé au rebelle ennemi Nùng Trí Cao. Pour cet historien, l’ordre politique n’était plus de rigueur.

Parfois les largesses accordées par l’état aux pagodes au niveau des subventions financières et des dons de terrains faisaient de ces dernières de nouvelles institutions plus riches que l’état. Sous les Lý, les meurtres étaient punis de la même manière que les crimes ordinaires. Cela ne permet pas de distinguer le degré de la gravité de la punition mais il provoque au contraire le laxisme latent et le mépris du système judiciaire dans la mesure où le justiciable oublie de soupeser les actes qu’il a commis. En prétendant d’être gouvernés par un pouvoir supérieur, les moines se plaçaient seulement sous l’autorité de leurs supérieurs et se conformaient uniquement aux lois établies par le clergé bouddhique (ou vinaya). Ils étaient en dehors de la portée des lois impériales. C’est pour cette raison que les lettrés confucéens se mirent à montrer leurs préoccupations face au relâchement du système politique et judiciaire et au développement des troubles ruraux chroniques provoqués par les paysans (Nguyễn Bố, Phạm Sư Ôn par exemple ) et par l’offensive chame menée par Chế Bồng Nga sous le règne du roi Trần Dự Tôn (1342-1369). Le mandarin de cour Trương Hán Siêu, sous les règnes de Trần Anh Tôn et Trần Minh Tôn dénonça l’influence grandissante des institutions bouddhistes sur la population des campagnes. L’un des élèves brillants du lettré Chu Văn An, le confucianiste Lê Quát ne lésina pas sur les paroles pour dénoncer ouvertement la croyance bouddhiste de toutes les classes sociales. Le retour à l’ordre confucéen s’avéra nécessaire avec Hồ Qúi Ly, l’usurpateur des Trần. Celui-ci tenta de purifier la doctrine bouddhique en l’an 1396 et mit en place un contrôle plus sévère sur la structure du bouddhisme avec la nomination des laïcs dans la hiériarchie bouddhique. Les moines ayant moins d’une cinquantaine d’années furent obligés de retourner à la vie civile. L’occupation du Vietnam par les Ming (1407-1428) favorisa le renforcement du confucianisme et de la bureaucratie souhaité par leur politique d’assimilation. Le bouddhisme institutionnel perdit la protection de la cour et son influence politique sous les Lê. Le code de ces derniers témoigna incontestablement de la rigueur confucéenne sur les punitions pour rétablir non seulement la morale mais aussi l’autorité impériale.

Le bouddhisme vietnamien ne cessa pas de décliner sous les Nguyễn lorsque ces derniers s’alignèrent sur les Qing pour adopter un modèle bureaucratique chinois au début du XIXème siècle. Malgré cela, le bouddhisme continue à rester une religion populaire car outre ses préceptes (générosité, affabilité, compassion, méditation etc…), il s’adapte facilement aux mœurs, aux coutumes et aux croyances locales.  C’est cette tolérance qui fait de cette religion, au fil des siècles, une philosophie attrayante qui est facilement accessible à tous les Vietnamiens.

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