Version vietnamienne (2ème partie)
D’autres traits caractéristiques trouvés à Sanxingdui n’ont pas d’équivalent dans l’art des Shang. C’est le cas de la décoration végétale illustrée par le martelage des feuilles en or ou en cuivre et par la forme d’arbres ou de boutons de fleurs. Une autre source d’inspiration majeure se retrouve dans le thème de l’oiseau. Qu’il s’agisse d’hommes ou d’animaux, l’artiste de Sanxingdui réussit à leur donner avec agilité non seulement une stylisation assez poussée mais aussi des formes d’expression très naturalistes. Ce n’est le cas de l’art des Shang où l’artiste tend à transformer l’aspect ou la forme de l’animal par une stylisation assez excessive, loin de la réalité
Repères chronologiques
Vers 1900-1500: culture d’Erlitou. Début de l’âge du bronze en Chine. Période des Xia? (Nhà Hạ)
Vers 1500-1300: phase Erligang de la dynastie des Shang (Nhà Thương)
Vers 1300-1050: phase Anyang de la dynastie des Shang (Nhà Ân)
Vers 1200 av. J.C: Fosses n°1 et n°2 de Sanxingdui. Sichuan
Vers 1200-1000 av. J.C: phase d’occupation du site de Jinsha, Chengdu, Sichuan.
Vers 1050-256 av. J.C.: dynastie des Zhou (Nhà Châu).
316 av. J.C.: conquête du Sichuan par les armées de la principauté de Qin (Nhà Tần).
Trouvailles archéologiques de la dynastie des Shang
Musée Cernusci
Lors de la fouille des fosses n°1 et n°2, on s’aperçoit que malgré la période contemporaine des Shang, la tradition de Sanxingdui diffère complètement de celle de ces derniers car elle présente plusieurs traits spécifiques et originaux. D’abord les élites de Sanxingdui n’ont pas utilisé les vases zun de la même manière que les Shang. Elles s’en ont servi pour stocker certains biens de prestige et de valeur comme les cauris marins, une sorte de monnaie d’échange en raison de leur rareté. C’est ce qu’on a découvert grâce à la statue d’un personnage portant une vase zun trouvée dans la fosse n°2. Ce n’est pas le cas des Shang dont les vases zun aux formes diverses possèdent chacune un rôle très précis afin d’honorer le culte de leurs ancêtres: servir et boire du vin, présenter les mets, cuire les offrandes de viande etc… Puis la représentation de la figure humaine fait partie de l’art de Sanxingdui. Le nombre de têtes et de masques est impressionnant et ne peut pas passer inaperçu pour les visiteurs et les archéologues lors de la première découverte de cet art. Par contre, dans l’art des Shang, l’homme n’est pratiquement pas représenté.
© Đặng Anh Tuấn
Contrairement aux bronziers des Shang qui étaient connus pour la fabrication des vases rituels dont certaines pouvaient atteindre 1 mètre de hauteur, ceux de Sanxingdui ont préféré les sculptures souvent audacieuses à la demande des élites locales. Ils ont été obligés d’adapter les techniques importées et de créer de nouveaux procédés, en particulier la soudure pour leurs propres réalisations.
En examinant les objets trouvés dans les fosses de Sanxingdui, les archéologues ont été amenés à la conclusion que les traditions de Sichuan et d’Anyang s’opposent nettement dans leurs pratiques sacrificielles respectives. Contrairement aux dirigeants d’Anyang honorant seulement le culte des ancêtres, les élites de Sanxingdui vénéraient à la fois les ancêtres et le soleil. Le fait de découvrir plus tard à Jinsha considéré par les archéologues comme le site assumant la continuité de la culture de Sanxingdui, le regroupement de quatre oiseaux entourant le soleil sur un ornement en or ou la statue debout en bronze ayant sa coiffe en forme du soleil, atteste incontestablement le culte du soleil. Celui-ci était une pratique très courante dans les anciennes civilisations du monde. Selon le chercheur chinois Shi Jingsong, toutes les trouvailles de la fosse n°2 peuvent se répartir en deux groupes: le premier ayant trait à des objets dont les motifs sont similaires à ceux trouvés sur les récipients en bronze dans la plaine centrale des Shang, le second identifié par des figurines ou par des motifs décoratifs relatant le soleil. Pour lui, il n’y a aucun doute sur le partage du pouvoir entre le roi et le prêtre et la coexistence des temples religieux et ancestraux dans la civilisation de Sanxingdui. Il s’agit probablement d’un royaume civilisé investi de pouvoirs théocratiques, ce qui permet de supposer un système religieux et social à échelons multiples à travers ses vestiges découverts.
Références bibliographiques
Les bronzes du Sichuan. Chine
Connaissance des Arts
Alain Thote.
Paris Juillet 2017