Être confucianiste (Làm người đạo Khổng)

Être confucianiste.

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La société vietnamienne est profondément influencée par le confucianisme qui fut introduit au Vietnam à l’époque de la longue domination chinoise (111 av. J.C.-939 après J.C.). C’est pourquoi le Vietnamien est imprégné plus ou moins des concepts décrits par le sage Confucius dans les « Livres Canoniques » ( Ngũ Kinh )« . Il doit faire ce qui parait juste d’un point de vue moral et approprié en tenant compte des Cinq Relations (Ngũ Luân) sur lesquelles repose la société vietnamienne: celles qui existent entre souverain et sujet, père et fils, mari et femme, entre le cadet et ses frères aînés et entre lui et ses amis. Grâce à cette doctrine, le Vietnamien accorde une grande importance à sa famille qu’il considérait toujours comme un terrain d’entraînement moral et s’attache fortement aux forces du sol et à ses ancêtres. 

Cela permet à la société vietnamienne de trouver non seulement sa cohésion mais aussi sa solidité, ses profondes racines et son efficacité pour venir à bout toutes les forces étrangères dans les moments difficiles et cruciaux de l’histoire du Vietnam. La société est considérée dans une large mesure par le Vietnamien comme une extension du cercle familial. Le confucianiste vietnamien ne néglige jamais la piété filiale, le respect des personnes âgées, l’idéal de loyauté, l’amitié et l’honneur. 


Pour connaître l’âme vietnamienne, il faut en saisir la douceur. Le Vietnamien est d’une manière générale dénué d’agressivité sauf quand on lui fait perdre la face, en particulier son honneur. Le pardon est très vietnamien. Ce sont les traits essentiels du Vietnamien décrits par le Bob Dylan vietnamien « Trịnh Công Sơn ». L’honneur est l’une des qualités que le confucianiste vietnamien tente de conserver jusqu’à la fin de sa vie. Le jade qui se dissout peut conserver sa blancheur, le bambou consommé gardant la tige droite. L’existence individuelle est très légère par rapport à l’honneur. Ce sont les phrases qui résument l’état d’esprit de l’homme confucianiste vietnamien. C’est le cas du général Võ Tánh qui malgré les recommandations de son beau-frère Gia Long de prendre la fuite, préféra se sacrifier en 1801 en se faisant sauter dans un pavillon rempli de poudre pour défendre non seulement son honneur mais aussi la vie sauve des milliers de ses soldats face à l’armée des Tây Sơn puissamment armée immobilisée à cause du siège à Qui Nhơn, ce qui permit à l’empereur Gia Long de remporter à Phú Xuân ( Huê’ ) une victoire retentissante et décisive. Mais celui-ci qui illustre bien l’homme confucianiste vietnamien reste le héros Trần Hưng Ðạo. On trouve en ce général toutes les qualités d’un homme de ren ( ren étant la somme de toutes les vertus décrites par Confucius dans les Livres Canoniques ).

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Son père Trần Liễu était le frère du roi Trần Thái Tôn. Celui-ci n’avait pas d’enfant. Pour consolider et perpétuer la dynastie, le premier ministre Trần Thủ Ðộ n’hésitait pas à forcer la princesse Thuận Thiên, la concubine du père de Trần Hưng Ðạo, enceinte de trois mois, d’épouser le roi. Révolté, son père Trần Liễu lui dit au moment d’agonie: Plus tard, si tu n’arrivais pas venger cette offense et à prendre le trône, je ne serais jamais content au pays des Sources. Il ne contesta pas ces propos mais il ne prit jamais en compte les recommandations de son père. Par contre, un beau jour, pour connaître les intentions de ses enfants, il redemanda leur avis à ce sujet. Son fils cadet l’incita à usurper le trône. Il lui interdit de le revoir jusqu’à la fin de sa vie après avoir failli de tuer ce dernier sur le champ. Très pieux, il retenait tout ce que son père lui avait dit mais il tentait de laisser de côté les intérêts personnels pour agir conformément aux intérêts de la nation.

Sa loyauté était sans faille envers le roi. Un beau jour, lors d’une excursion en jonque avec le roi, ayant dans la main un bâton dont le bout extrême portait un morceau de fer pointu, il n’hésita pas à l’enlever pour lui prouver sa loyauté. C’était aussi lui qui rassura le roi de continuer la lutte contre les Mongols et de ne pas céder à la reddition en lui disant: Si vous voulez vous rendre, vous devez me couper la tête d’abord. Grâce à son courage, sa détermination, sa ténacité et sa magnanimité, le Vietnam arriva à sortir victorieux deux fois de suite contre l’armée mongole de Kubilai Khan en 1257 et 1287.

Il ne profita jamais de son commandement militaire pour octroyer les faveurs à qui que ce soit. Il laissa au roi le soin de le faire au moment où il fut commandant en chef de l’armée vietnamienne. Il exerça son pouvoir avec une justice égale pour tous, petits ou grands. Il est parfaitement proche de l’homme de ren. C’est aussi grâce à lui que le confucianisme atteignit à cette époque son apogée et devint ainsi le modèle unique de l’organisation de l’état et de la société vietnamienne.

Malgré cela, on reproche souvent au confucianisme le fait de maintenir le peuple en particulier les femmes, dans un assujettissement permanent et d’être l’une des causes génératrices du facteur d’immobilisme qui avantage largement la classe dirigeante et étouffe tout esprit d’entreprise et toutes les réformes s’avérant indispensables pour le progrès, ce qui provoqua au début du XX è siècle de graves conséquences catastrophiques pour le Vietnam avec la chute de l’empire des Nguyễn suivie par les événements regrettables durant les dernières décennies.

Il n’est pas étonnant de voir que l’homme issu de cette société confucéenne, en particulier l’intelligentsia vietnamien d’aujourd’hui, est confronté souvent à ce dilemme insurmontable. Il est toujours tiraillé entre le progrès social et les valeurs morales du confucianisme qui continuent à exercer une influence notable sur son cœur et sur son esprit à un moment où la société vietnamienne nécessite d’être réformée pour s’adapter mieux aux mutations économiques et sociales dont le Vietnam a besoin après tant d’années de guerre. Il est difficile de connaître aujourd’hui dans quelle mesure que le socialisme érigé en dogme d’état, a joué véritablement un rôle dans la transformation sociale en cours. Mais il est impossible d’évaluer aussi le degré d’influence du confucianisme à l’heure actuelle.

 C’est à chacun de nous, en tant que Vietnamien, de trouver aujourd’hui sa juste voie et de se comporter dignement pour ne pas avoir honte d’être « Fils du Dragon et Neveu de l’Immortelle », en particulier pour ceux qui vivent à l’étranger. 

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