Etre femme au Vietnam

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Être femme au Vietnam

Le Vietnam est un pays où le confucianisme influe considérablement sur la vie politique et sur la société. Devenu philosophie d’état sous les Han, le confucianisme fut employé à plusieurs reprises comme le modèle unique de l’organisation de l’état et de la société vietnamienne. Cette emprise confucéenne n’est pas étrangère aux conditions traditionnelles imposées aux femmes vietnamiennes. Celles-ci sont soumises à la loi des trois obéissances suivantes: Tam Tòng:

Tại gia tòng phụ, xuất giá tòng phu, phu tử tòng tử

   -obéissance au père avant le mariage,
   -obéissance au mari une fois mariée,
   -obéissance au fils aîné une fois veuve

Cette loi fut rappelée dans ses « Instructions familiales » ( Gia Huấn Ca ) par Nguyễn Trãi, le conseiller du roi Lê Lợi au début du XV ème  siècle. Sous les Nguyễn, le code Gia Long qui était en vigueur au XIX ème  siècle est le plus rétrograde et le plus rigoriste que le Vietnam ait connu.

Malgré cela, les femmes vietnamiennes ont un rôle prépondérant à jouer dans la famille et la société vietnamienne. On le trouve à travers des chansons, des poèmes, des contes et des berceuses. La femme vietnamienne y est décrite non seulement comme une créature douce, soumise et vertueuse mais aussi une personne laborieuse dotée d’une patience incommensurable.

Les sœurs Trưng Trắc Trưng Nhị sont des héroïnes autant citées et vénérées que les héros Quang Trung, Hưng Ðạo Vương etc… Ce sont les femmes, les premières à se révolter et à se libérer de la domination chinoise. Ce sont aussi les femmes qui luttaient côte à côte avec les hommes dans la reconquête de l’indépendance.
Le cas le plus illustre reste l’exemple de l’héroïne Nguyễn Thị Giang . Fidèle à la tradition vietnamienne, elle se suicida en 1930 après l’exécution de son mari, le leader nationaliste Nguyễn Thái Học. La femme vietnamienne sert de modèle parfait pour défendre la patrie et l’honneur national. On la trouve à travers l’histoire « Hòn Vọng Phu  » (ou l’attente). C’est l’histoire d’une femme pétrifiée au sommet d’une colline, son enfant dans les bras, guettant le retour de son mari parti sur les frontières. Cette femme modèle se dresse en plusieurs points du territoire vietnamien (Cao Bằng, Ninh Hoà etc ..).

On trouve aussi cette femme modèle à travers l’histoire  » Thiếu Phụ Nam Xương« ( ou La méprise ). C’est l’histoire d’une femme qui s’est suicidée à cause d’un jugement erroné que son mari a porté sur sa fidélité.  L‘homme a droit à des faiblesses mais pas une femme. Elle doit être un modèle parfait. Cela constitue depuis tant d’années beaucoup de remous et de discussions. Quelques femmes ont essayé de briser ce joug confucéen. Ce fut le cas de la poétesse Hồ Xuân Hương qui pourfendit les tabous en composant des poèmes sensuels à la fin du XVIIIème siècle. Elle s’est affirmée toujours au point de vue littéraire, comme une femme libérée. Ses vers sont remplis toujours d’évocations érotiques.

On trouve cette véhémente contestation par une femme de la société confucéenne à travers ce poème suivant qui décrit le gâteau Bánh Trôi Nước (un gâteau blanc et rond, ayant un cœur sucré, baignant dans un jus caramélisé:

Thân em vừa trắng lại vừa tròn
Bẩy nỗi ba chìm với nước non
Rắn nát mặc dầu tay trẻ nặng
Mà em vẫn giử tấm lòng son

Mon corps est blanc, ma forme est ronde
Je sombre et je surnage parmi les eaux et les monts
La main qui me pétrit me donne un contour
Mais je garde toujours mon cœur fidèle et pur.

Elle fit allusion à une femme qui à cette époque, malgré les souillures de son corps et les difficultés de la vie, continua à garder son cœur fidèle et pur. Elle fut aussi la seule qui osa aborder les droits de son sexe et parler sans honte de l’amour charnel. Elle fut en avance sur son temps. Elle réussit à ne pas être censurée par son habileté inégalée en procédant par allusions et métaphores. Elle se servit d’une description anodine de paysages et d’objets pour parler de l’érotisme, des choses les plus crues dans une société féodale.

Il y a eu même un anecdote sur elle, raconté par le poète Xuân Diệu lui-même:

Un jour il pleuvait. Le chemin devenait glissant. Hồ Xuân Hương tomba subitement. Elle s’étalait de tout son corps, bras élevés derrière sa tête, jambes écartées. Les garçons ont ri. Elle improvisa tout de suite un distique :

Giơ tay với thử trời cao thấp
Xoạc cẳng đo xem đất vắn dài

Je lève mes bras pour mesurer l’immensité du ciel
J’écarte mes jambes pour avoir celle de la terre

Ce fut aussi le cas de la favorite Ỷ Lan du roi Lý Thánh Tôn. Elle profita de la campagne menée contre le Champa par son mari pour assurer avec brio la régence. Elle prit à cette époque beaucoup de mesures sociales envers les pauvres, en particulier envers les femmes.  Seulement, en 1907, pour la première fois, des classes furent ouvertes aux filles dans une école privée. Le mouvement féministe commença à être lancé.

De nos jours, si la loi reconnaît l’égalité des sexes dans tous les domaines économique, politique et social, il existe dans les faits cette inégalité. Cela n’est plus une question de légalité mais c’est une question de mentalité. Celle-ci continue à être omniprésente surtout dans le milieu rural.

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