Một đọan đường chung lịch sử với dân Việt.
Selon les érudits occidentaux comme l’archéologue Bernard Groslier, les Thaïs étaient regroupés avec les Vietnamiens dans le groupe Thaï-Vietnamien d’autant plus qu’ils ont fondé leur pays seulement au 14ème siècle et il y a eu au Vietnam la présence des sous-groupes Thai noirs et blancs. Alors, ceux-ci sont-ils des Thaïs trouvés en Thaïlande d’aujourd’hui ?
Refoulés par les Tsin de Shi Huang Di, les Thaïs tentaient de résister maintes fois. Pour l’écrivain vietnamien Bình Nguyên Lôc, les sujets des royaumes Shu et Ba (Ba Thục) annexés très tôt par les Tsin dans le Sichuan étaient les proto-Thaïs (ou Tày). Selon cet écrivain, ils appartenaient au groupe austro-asiatique de branche Âu (ou Ngu en langage mường ou Ngê U en mandarin chinois (quan thoại)) auquel étaient rattachés les Thaïs et les Tày. Pour lui comme pour d’autres chercheurs vietnamiens Trần Ngọc Thêm, Nguyễn Đình Khoa, Hà Văn Tấn etc., le groupe austro-asiatique comporte 4 sous groupes distincts: sous-groupe Môn-Khmer, sous groupe Việt Mường (branche Lạc) , sous-groupe Tày-Thái (branche Âu) et sous-groupe Mèo-Dao auxquels il faut ajouter le sous-groupe austronésien (Chàm, Raglai, Êdê etc.) pour définir la race indonésienne (ou Proto-Malais) (Chủng cổ Mã Lai)
La contribution des Thaïs dans la fondation du royaume Âu Lạc des Viêt de Thục Phán (An Dương Vương) n’est plus mise en doute après que ce dernier a réussi à éliminer le dernier roi Hùng du royaume Văn Lang car le nom « Âu Lạc » (ou Ngeou Lo) évoque évidemment l’union de deux ethnies Yue de branche Âu (Proto-Thaï) et de branche Lạc (Proto-Viet). De plus, Thục Phán était un Yue de branche Âu, ce qui montre à tel point l’union et la mission historique commune de ces deux ethnies face à l’expansion chinoise. Selon Đào Duy Anh, Thục Phán était un prince du royaume Shu. C’est ce qui a été rapporté dans les écrits historiques chinois (Kiao -tcheou wai-yu ki ou Kouang-tcheou ki) , mais il a été réfuté catégoriquement par certains historiens vietnamiens car le royaume Shu était situé trop loin à cette époque, du royaume Văn Lang. Il fut annexé très tôt (plus d’un demi-siècle avant la fondation du royaume Âu Lạc) par les Tsin. Mais pour l’écrivain vietnamien Bình Nguyên Lôc, Thục Phán ayant eu perdu sa patrie, dut se réfugier très jeune en compagnie de ses fidèles à cette époque dans un pays ayant la même affinité ethnique (culture, langue) que lui càd le royaume Si Ngeou (Tây Âu) situé à côté du royaume Văn Lang des Vietnamiens. De plus, les Chinois n’ont eu aucun intérêt de falsifier l’histoire en rapportant que c’était un prince de Shu dirigeant le royaume de Âu Lạc. L’asile de ce dernier et de ses fidèles dans le royaume de Si Ngeou dut prendre un certain temps, ce qui explique au moins un demi-siècle dans cet exode avant la fondation de son royaume Âu Lạc. Cette hypothèse ne semble pas très convaincante car il y avait 3000 km à marcher. De plus, il était à la tête d’une armée de 30.000 soldats. C’est impossible pour lui d’assurer la logistique et de rendre son armée invisible durant l’exode en traversant des zones montagneuses de Yunnan administrées par d’autres ethnies ennemies ou fidèles aux Chinois. Il est probable qu’il dut trouver auprès des Si Ngeou (ou des Proto-Thaïs) tout (armement et effectif militaire, provisions) ce qu’il fallait avant sa conquête. Il y a récemment une autre hypothèse qui paraît plus cohérente. Thục Phán était le leader d’une tribu alliée de la confédération Si Ngeou et le fils de Thục Chế, roi d’un royaume nommé Nam Cương localisé dans la région de Cao Bằng et non loin de Kouang Si de la Chine d’aujourd’hui. Il y a une concordance totale entre tout ce qui est rapporté dans la légende de l’arbalète magique des Vietnamiens et les rites trouvés dans la tradition des Tày (Proto-Thaïs). C’est le cas de la tortue d’or ou du coq blanc ayant chacun une signification symbolique importante. An Dương Vương (Ngan-yang wang) était un personnage historique. La découverte des vestiges de sa capitale (Cổ Loa, huyện Đông An, Hànội ) ne met plus en doute l’existence de ce royaume établi à peu près trois siècles avant J.C. Celui-ci fut annexé plus tard par Zhao To (Triệu Đà), fondateur du royaume de Nan Yue.
Le mythe Lạc Long Quân-Âu Cơ a insinué avec adresse l’union et la séparation de deux ethnies Yue, l’une de branche Lạc ( les Proto-Vietnamiens) descendant dans les plaines fertiles en suivant les cours d’eau et les rivières et l’autre de branche Âu (les Proto-Thaïs) se réfugiant dans les régions montagneuses. Il y a eu les Mường dans cet exode. Proches des Vietnamiens au niveau linguistique, les Mường ont réussi à garder les coutumes ancestrales car ils étaient refoulés et protégés dans les montagnes. Ceux-ci avaient une organisation sociale semblable à celle des Tày et des Thaïs.
Situé dans les provinces Kouang Tong (Quãng Đông ) et Kouang Si (Quãng Tây), le royaume de Si Ngeou (Tây Âu) n’est autre que le pays des proto-Thaïs (les ancêtres des Thaïs). C’est ici que se réfugia Thục Phán avant la conquête du royaume Văn Lang. Il faut rappeler aussi que l’empereur chinois Shi Houang Di dut mobiliser à cette époque plus de 500.000 soldats dans la conquête du royaume de Si Ngeou après avoir réussi à défaire l’armée du royaume de Chu (ou Sỡ) avec 600.000 hommes. On doit penser qu’outre la résistance implacable de ses guerriers, le royaume de Si Ngeou devrait être de taille importante et assez peuplé pour que Shi Houang Di (Tần Thủy Hoàng) engage une force militaire importante.
Malgré la mort prématurée d’un roi Si Ngeou de nom Yi-Hiu-Song (Dịch Hu Tống), la résistance menée par les Yue de branche Thai ou (Si Ngeou)(Tây Âu) réussît à obtenir quelques succès escomptés dans la région du Kouang Si méridional avec la mort d’un général T’ou Tsiu (Uất Đồ Thư) à la tête d’une armée chinoise de 500.000 hommes, ce qui a été noté dans les annales du Maître Houa-nan (ou Houai–nan –tseu en chinois ou Hoài Nam Tử en vietnamien ) écrites par Liu An (Lưu An), petit-fils de l’empereur Kao-Tsou (ou Liu Bang), fondateur de la dynastie des Han entre les années 164 et 173 avant notre ère.
Si Ngeou était connu pour la valeur de ses guerriers redoutables. Cela correspond exactement au tempérament des Thaïs d’autrefois décrit par l’écrivain et photographe français Alfred Raquez: Les Siamois d’autrefois, belliqueux et coureurs d’aventures, furent presque continuellement en guerre avec leurs voisins et souvent virent leurs expéditions couronnées de succès. À la suite de chaque campagne heureuse, ils emmenèrent avec eux des prisonniers et les établirent sur une partie du territoire de Siam, aussi éloignée que possible de leur pays d’origine.
Après la disparition de Si Ngeou et celle de Âu Lạc, les proto-Thaïs qui restèrent au Vietnam à cette époque sous le giron de Zhao To (un ancien général chinois des Tsin devenu plus tard le premier empereur du royaume de Nanyue) avaient leurs descendants formant bien aujourd’hui la minorité ethnique Thai du Vietnam. Les autres proto-Thaïs s’enfuirent vers le Yunnan où ils s’unirent au VIII ème siècle au royaume de Nanzhao (Nam Chiếu) puis à celui de Dali (Đại Lý) où le bouddhisme du grand véhicule (Phật Giáo Đại Thừa) commença à s’implanter. Malheureusement, leur tentative fut vaine. Les pays Shu, Ba, Si Ngeou, Âu Lạc, Nan Zhao, Dali faisient partie de la longue liste des pays annexés l’un après l’autre par les Chinois durant leur exode. Dans ces pays soumis, la présence des Proto-Thaïs était assez importante. Face à cette pression chinoise sans relâche et à la barrière inexorable de l’Himalaya, les proto-Thaïs furent obligés de redescendre dans la péninsule indochinoise en s’infiltrant lentement en éventail dans le Laos, le Nord-Ouest du Vietnam (Tây Bắc), le nord de la Thaïlande et la haute Birmanie.
Selon les inscriptions historiques thaï trouvées au Vietnam, il y a trois vagues importantes de migration entamées par les Thaïs de Yunnan dans le Nord-Ouest du Vietnam durant les 9ème et 11ème siècles . Cela correspond exactement à la période où le royaume de Nanzhao fut annexé par le royaume de Dali anéanti à son tour 3 siècles plus tard par les Mongols de Kubilai Khan en Chine. Lors cette infiltration, les proto-Thaïs se divisèrent en plusieurs groupes: les Thaïs du Vietnam, les Thaïs en Birmanie (ou Shans), les Thaïs au Laos (ou Ai Lao) et les Thaïs dans le nord de la Thaïlande. Chacun de ces groupes commence à épouser la religion de ces pays hôtes. Les Thaïs du Vietnam n’avaient pas la même religion que ceux des autres territoires. Ils continuaient à garder l’animisme (vạn vật hữu linh) ou le totémisme. C’est pour cette raison qu’ils constituaient ainsi les minorités ethniques du Viet Nam d’aujourd’hui.