Cát Tiên sanctuaire

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Première partie

Entouré par les derniers monts du sud de la cordillère annamitique (Nam Trường Sơn), ce santuaire Cát Tiên comporte un grand nombre de vestiges architecturaux éparpillés le long de la rive gauche du fleuve Đồng Nai sur une quinzaine de kilomètres dans un bassin constitué de collines et de terrains alluviaux qui le protègent des regards extérieurs. Depuis longtemps, la population locale est habituée à ramasser les petites reliques, les statues en pierre, les lingas, les morceaux de tessons et les débris des briques sans connaître leur origine. C’est par hasard lors d’une campagne effectuée par les archéologues vietnamiens du musée Lâm Đồng sur une enquête ethnologique que ce site religieux fut découvert en 1985. Cela les abasourdit devant l’ampleur de leur découverte. Outre les 256 sculptures en or évoquant les divinités du panthéon hindou ou les scènes relatant la vie spirituelle et religieuse de la communauté dans l’histoire du sud des Hauts Plateaux ( Nam Tây Nguyên ), ils trouvèrent lors de 8 fouilles archéologiques effectuées de 1994 jusqu’à 2006, un colossal lingam en quartz, symbole phallique du dieu Shiva, haut de 2,1 m et pesant d’environ 3,5kg sans compter les 1140 objets d’une valeur inestimable. Selon les archéologues vietnamiens, ce colossal lingam serait le plus important du genre trouvé en Asie du Sud Est. Parmi les objets exhumés, on peut citer les jarres, chandelles, figurines, statues etc .. Tous sont soit en métaux précieux (or, argent ou cuivre ) soit en métaux rares ( quartz, jaspe etc..). Même un objet jusque-là introuvable ailleurs fait partie du lot de trouvailles archéologiques. C’est une boîte en argent de forme ovale dont le couvercle est orné d’un lion couché et entouré de motifs décoratifs. On s’intérroge sur son origine. Selon certains experts, il pourrait provenir de l’Asie centrale ( Trung Á) à l’époque de l’empire des Kusana. ( Đế Quốc Qúy Sương)

Le nombre élevé de lingams exhumés conduit les archéologues vietnamiens à avoir une idée précise sur le caractère religieux de ce site évoquant sans aucun doute le culte de la fertilité. Une structure métallique en acier (kosa) haute de 0,52m et de diamètre 0,25m a été découverte. Elle est en forme ovale et destinée à couvrir une colonne cylindrique de forme phallique en galet qui a été cachée profondément dans le piedestal en grès avec les trois autres kosas (étuis) en terre cuite. Cela ne met plus en doute le caractère sacré d’union du Yin et du Yang dans l’univers. On trouve dans cette représentation la totalité de l’être humain ainsi que le symbole de la vie, de la fertilité et de la procréation. C’est aussi pour la première fois qu’on découvre dans les vestiges archéologiques du Vietnam plusieurs objets originaux représentés par des boîtes en céramique sous la forme de linga et des petits lingas en or, en acier et en fer protégés par des étuis munis chacun d’un couvercle. L’abondance et la variété de ces lingas exhumés du site attestent certainement l’échange culturel et l’influence notable de l’art du Champa. Mais cela ne nous empêche pas de trouver néanmoins ses particularités propres et visibles à travers la finesse de ses traits ciselés dans la gravure et la rareté de ses modèles de linga.

Depuis l’aube des temps, à l’arrivée du printemps de chaque année où les plantes commençaient à renaître, les populations adeptes du brahmanisme avaient l’habitude d’aller en pèlerinage à des sites religieux durant un, deux ou trois mois pour demander à leurs dieux d’accorder non seulement une bonne saison de récolte mais aussi une meilleure année de reproduction pour leurs animaux. C’est aussi l’occasion pour elles de formuler auprès de ces divinités leurs désirs d’avoir plusieurs enfants. Durant la période des festivités religieuses, elles étaient autorisées à oublier les aléas de la vie durant les années précédentes et s’adonner aux cérémonies rituelles afin que leurs voeux fussent exaucés.

C’est aussi ce qu’on a vu dans la démarche empruntée habituellement par les peuples autochtones de la région Cát Tiên car on a découvert un chemin de pèlerinage dont ils se servaient durant la période des festivités pour rejoindre leur site religieux. Ils prenaient comme point de départ l’une des débarcadères du fleuve Đồng Nai située dans le tronçon de la commune Phú Mỹ.

Labyrinthe des divinités brahmaniques

Etant construit avec des briques anciennes très légères et moins solides que celles d’aujourd’hui (gạch cổ), ce chemin forestier raboteux ressemblant à une série d’escaliers longeant la pente, était aménagé et agrandi visiblement en plusieurs endroits servant d’aires de repos pour les pélerins. Selon l’archéologue vietnamien Lương Nguyên Minh, les pélerins devaient naviguer jusqu’à la débarcadère du fleuve Đồng Nai avant d’entamer la marche à pied pour atteindre le site Cát Tiên. De plus, on a découvert un somasutra (máng nước thiêng) d’une longueur de 5,76m et d’une largeur de 40cm. C’est l’un des conduits les plus importants trouvés jusqu’alors dans les régions d’influence indienne de l’Asie du Sud Est. Son rôle servait à évacuer vers l’extérieur les liquides sacrés provenant de l’arrosage effectué sur le linga lors des cérémonies rituelles. Ces liquides de libation récupérés sur la cuve à ablution étaient répandus ensuite sur les corps des adeptes dans le but de les bénir et exaucer leurs voeux.

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