C’est un ancien royaume d’Indochine connu autrefois sous le nom « Lâm Ấp » (ou Lin Yi)(192-749), puis Hoàn Vương (Huanwang) (758-859) et enfin Chiêm-Thành (ou Tchan-Tcheng en chinois)(988-1471) et situé dans ce qui est aujourd’hui le centre du Viêt-Nam, de la cordillère annamitique Hoành Sơn, Quảng Bình au nord jusqu’à Bình Thuân (Phan Thiết) au sud. Les étonnantes tours chams en briques rouges et en grès trouvées dans le centre sont le seul témoignage silencieux d’une civilisation disparue dans les tourbillons de l’histoire.
Les Chams étaient sans doute d’origine austronésienne et occupaient les côtes du centre et du sud du Viêtnam depuis l’époque néolithique. Au IIème siècle, ce peuple de marins adopta l’hindouisme au contact des commerçants indiens, ce qui donna naissance au royaume du Champa.
Un voyageur chinois du IVème siècle les décrit avec un type physique particulier: grand nez droit, cheveux noirs et frisés, pratiquant un rituel funéraire qui comporte l’incinération au son du tambour. Les Chams étaient non seulement d’excellents marins mais aussi de redoutables bâtisseurs et d’ingénieux agriculteurs. Les Chams réussirent à achever l’unité du pays au début du Vème siècle après avoir résisté à plusieurs reprises aux tentatives de domination chinoise. Leur capitale se situait à Indrapura (Trà Kiệu), près de Ðà-Nẵng (ex Tourane des Français) du VIIème au IXème siècle.
Grâce au commerce de la soie, des épices et de l’ivoire entre la Chine d’une part et l’Inde et le monde musulman d’autre part, ce royaume connut une période de prospérité qui fut troublée d’abord par la conquête des Khmers en 1145-1147 puis ensuite par la politique d’expansion des Mongols de Kubilai Khan. Pour faire face à cette domination, les Chams cherchèrent l’alliance avec le Vietnam, ce qui permit aux Chams et aux Vietnamiens de sortir victorieux lors de cet affrontement. Pour sceller cette union, une princesse vietnamienne de nom Huyền Trân de la dynastie des Trần, sœur du roi Trần Anh Tôn fut proposée en 1306 pour épouse au roi Champa de nom Chế Mẫn (Jaya Simhavarman III) en échange de deux territoires du Champa Châu Ô et Châu Rí, situés au Col des Nuages. Ceux-ci ne sont autres que les deux provinces septentrionales de Quảng Trị et Thừa Thiên du Vietnam actuel (Huế).
Cette union ne fut que de courte durée. Les Vietnamiens continuèrent à revendiquer plus de terres vers le Sud et la mort du roi Chế Mẫn un an après un an de mariage, sans avoir d’héritier, ne fut qu’un prétexte supplémentaire dans la conquête du Champa. Le roi du Vietnam monta un complot en envoyant son général Trần Khắc Chung pour faire évader sa sœur qui devait être sacrifiée, selon la tradition chame, au moment des funérailles de son mari. Les provinces Châu Ô et Châu Rí devinrent alors un sujet de discorde entre Champa et le Vietnam.
Les Chams eurent un sursaut avec le roi Chế Bồng Nga (Binasuor) (ou Che Bunga) qui battit à maintes reprises les Vietnamiens en pillant la capitale Thăng Long en 1371 et en 1377. Mais celui-ci fut assassiné en 1389 lors d’une nouvelle invasion du Vietnam et sa mort marqua le déclin des Chams. Les Vietnamiens annexèrent ce royaume aux alentours de 1470 sous la dynastie des Lê avec le roi Lê Thánh Tôn. Aujourd’hui, les Chams sont dispersés en diaspora depuis le Cambodge jusqu’à la Malaisie et constituent l’une des minorités ethniques du Vietnam. (moins de 100000 Chams).