Musée de la sculpture chame (Đà Nẵng)

English version

Version française

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Trước khi trở thành ngày nay bảo tàng điêu khắc Chămpa, nơi nầy được biết đến từ thời xa xưa với tên gọi vườn điêu khắc. Chính tại đây, bắt đầu có sự thu thập và bảo quản một phần lớn, dưới sự bảo trợ của kiến ​​trúc sư khảo cổ học Henri Parmentier và các thành viên của Trường Viễn Đông Pháp (EFEO) vào cuối thế kỷ 19,  tất cả các bảo vật qua những các cuộc khai quật khảo cổ học ở miền Trung (từ dãy núi Hoành Sơn, Quãng Bình ở phía bắc đến Bình Thuân (Phan Thiết) ở phía nam), nơi có một vương quốc cổ Đông Dương được biết đến vào đầu thế kỷ thứ 2 với tên gọi Lâm Ấp rồi đến tên Hoàn Vương và cuối cùng là tên Chiêm Thành cho đến khi bị Việt Nam sáp nhập vào năm 1471. Mở cửa cho công chúng vào năm 1919, bảo tàng viện này ban đầu lấy tên của người sáng lập là « Musée Henri Parmentier » và có đến 190 bảo phẩm trong đó có cả bệ nổi tiếng của địa danh Phật giáo Đồng Dương. Sau đó, bảo tàng đã không ngừng phát triển kể từ năm 1975 để đạt đến diện tích ngày nay là 2.000 m² trên tổng số hơn 6.600 m² và đã có được vào năm 1978 một  kiệt tác nghệ thuật bằng đồng vĩ đại, bức tượng Laksmindra-Lokesvara (Quan Âm chuẩn đề) thường được gọi là Phật mẫu Tara. Qua nhiều thập kỷ, nơi nầy đã trở thành bảo tàng duy nhất ở trên thế giới về lĩnh vực nghệ thuật Chămpa và  cho phép khách du lịch cũng biết được niên đại của lịch sử của vương quốc  Chămpa vì tất cả các phong cách điêu khắc đều có hiện diện qua các bảo vật đến từ các đia danh Mỹ Sơn, Đồng Dương, Trà Kiệu  và Pô Nagar (Nha Trang). Đối với nhà nghiên cứu người Pháp Jean Boisselier, điêu khắc Chămpa luôn gắn liền với lịch sử. Dù có sự tiến triển ở trong phong cách điêu khắc  qua dòng lịch sữ, Chămpa vẫn tiếp tục giữ các tạo vật thần linh và các sinh vật  trong một chủ đề không thay đổi. Đây là một bảo tàng không thể bỏ qua nếu du khách có dịp ghé thăm Đà Nẵng.

  • Style de Mỹ Sơn E1 (Phong cách E1)
  • Style de Mỹ Sơn E1 (Phong cách E1)
  • Style de Chính Lộ (Phong cách Chính Lộ )
  • Style de Đồng Dương ( Phong cách Đồng Dương)
  • Style de Tháp Mắm … (Phong cách Tháp Mắm)     

Version française

 

Avant de devenir  aujourd’hui le musée de la sculpture du Champa, il était connu  à une époque lointaine sous le nom du jardin de la sculpture. C’était ici qu’on commença à rassembler et à conserver en grande partie, sous l’égide de l’archéologue architecte  Henri Parmentier  et des membres de l’Ecole Française de l’Extrême Orient (EFEO) à la fin du 19ème siècle  toutes les artefacts  trouvés d’un  lors des fouilles archéologiques  dans les régions du centre (de la cordillère anamitique  Hoành Sơn, Quãng Bình au nord jusqu’à Bình Thuận (Phan Thiết) au sud) où  exista un ancien royaume d’Indochine  connu au début du  IIème siècle sous le nom de Linyi puis Huanwang et enfin Champa jusqu’à  son annexion  par le Vietnam en 1471. Ouvert au public en 1919, ce musée prit dans un premier temps le nom de son fondateur « Musée Henri Parmentier » et abrita 190 artefacts parmi lesquels figurait le piédestal célèbre  du site bouddhique Đồng Dương.  Puis le musée  ne cessa pas de s’agrandir depuis 1975  pour atteindre aujourd’hui une surface de 2.000 m² sur un total de plus de 6.600 m² et d’acquérir en l’an 1978 le grand chef d’œuvre de l’art du bronze, la statue de Laksmindra-Lokesvara (Quan Âm chuẩn đề) connue souvent sous le nom de Tara. Il  devient au fil des décennies le musée unique au monde dans le domaine de l’art du Champa. Il permet au touriste de connaître également la chronologie de l’histoire du Champa car tous les styles sont présents à travers des artefacts venant des sites célèbres Mỹ Sơn, Đồng  Dương, Trà Kiệu et Pô Nagar (Nha Trang). Pour le chercheur français Jean Boisselier, la sculpture chame est toujours en liaison étroite avec l’histoire. Malgré l’évolution des styles au fil de son histoire, la sculpture chame continue à garder les mêmes créatures divines et animales dans une thématique constante. C’est un musée à ne  pas manquer si on a l’occasion de visiter Đà Nẵng.

Style de Tháp Mắm

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  • Style de Mỹ Sơn E1: vivacité dans l’ornementation, finesse dans les détails…style_dongduong
  • Style de Khương Mỹ: la douceur dans les visages, l’harmonie et la symétrie…
  • Style de Trà kiệu: la beauté des parures, le demi-sourire, la mise en valeur de la beauté féminine ( seins développés, déhanchement etc ..)
  • Style de Đồng Dương: l’apparence faciale typique ( sourcils proéminents, lèvres épaisses avec les commissures …
  • Style de Tháp Mắm: un art poussé à ses limites avec irréalisme et extravagance….

 

Cát Tiên sanctuaire (suite)

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Le site de Cát Tiên recèle un grand nombre de vestiges architecturaux parmi lesquels on peut citer des temples, des tours, un système hydraulique, des allées, des fours à brique. Il n’y a aucune doute que les briques étaient fabriquées et servies sur place et que les pierres étaient importées d’ailleurs. On constate aussi le respect de la tradition hindoue dans l’orientation de la plupart des monuments du site vers l’est. Les archéologues vietnamiens ont réussi à mettre en lumière un mur d’enceinte en brique qui était une clôture symbolique entre le monde sacré et le monde profane. Celui-ci part du fleuve jusqu’aux monticules de terre élevés dont l’un se trouve dans la province de Đồng Nai et les autres sont situés dans les communes Đức Phổ et Quảng Ngải. Même le portail d’un temple a vu le jour. Son fronton pesant plus d’une tonne peut être considéré comme chef-d’oeuvre de la sculpture avec des motifs de fleur de lotus en relief, des bandes de nuages finement stylisées et des scènes assez vivantes. Ce portail découvert se distingue jusqu’alors des autres portails rencontrés dans les temples du Champa.

 

Selon l’archéologue vietnamien Trần Quốc Vượng, ce sanctuaire est l’oeuvre architecturale des Cham. Pour lui, le Champa était en fait une fédération de six états situés le long de la côte du centre du Vietnam ou plutôt « cité-états » dont la plus puissante jouait le rôle de « leader » (vai trò chủ đạo).

1) Ranna (Quảng Trị)
2) Amaravati (Quảng Nam- Quảng Ngãi)
3) Vijaya (Bình Định)
4) Kanthara (Khánh Hòa)
5) Panduranga (Phan Rang- Phan Thiết)
6) Cát Tiên (Bà Rịa- Đồng Nai)

Il n’y a aucun doute que le royaume Cát Tiên faisait partie de cette fédération et était même soi-disant le royaume (ou non) des Mạ où l’influence des Cham était notable. Selon lui, les Cham avaient l’habitude de se servir du modèle culturel suivant constitué toujours de 3 parties: sanctuaire (montagne), citadelle (capitale) et port ( centre économique ) dans leur établissement. C’est ce type de modèle qu’on a vu se répéter dans chaque cité-état cham de Quảng Trị jusqu’à Phan Thiết. Pour lui, Cát Tiên était le centre religieux tandis que Biên Hoà était sa citadelle et Cần Giờ son port fluvial. Sa suggestion est proche de la proposition de Paul Mus. Ce dernier a déjà faite dans son cours en 1956-1957 pour le modèle d’implantation des Cham avec trois constituants: le noyau, l’alvéole et l’aérole.

À partir d’un point d’eau, se constitue le noyau. Celui-ci est en fait une cité portuaire, chef-lieu d’une entité politique, religieuse et économique dotée de monuments. Constituée de rizières et de vergers, l’alvéole est destinée à fournir une partie de son alimentation tandis que l’autre partie de celle-ci ( produits de la pêche) est approvisionnée par l’aérole au moyen de ses cours d’eau et des rivières. Les Cham reçoivent des produits de la chasse et de la cueillette de la part des hommes de la forêt et ils les acheminent à leur port qui les expédiera à son tour aux cités portuaires étrangères grâce à leurs bateaux ou à ceux des étrangers auxquels ils ont vendu leurs produits. De même ils font le chemin inverse pour les produits qu’ils ont acheté auprès des marchands étrangers.

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Bref, le site Cát Tiên répond exactement au schéma proposé par l’archéologue et historien vietnamien Trần Quốc Vượng ou le sociologue français Paul Mus car les Cham étaient habitués à s’installer dans des sites proches des cours d’eau accessibles à la navigation fluviale ( Đồng Nai dans notre cas). Cela leur permet d’assumer l’approvisonnement en produits forestiers (bois d’aigle (cây trầm hương) ou bois de santal, ivoire etc ..) et de faire du commerce avec le monde extérieur, en particulier avec la Chine. C’est aussi le modèle proposé par Bennet Bronson pour le monde malais des grandes îles. Il est intéressant de rappeler que les Cham sont proches des Malais au niveau linguistique.

Malgré cela, il subsiste quand même quelques zones d’ombre. D’abord Cát Tiên n’est jamais évoqué jusqu’à aujourd’hui dans l’histoire du Champa. Puis Cát Tiên dont la période d’épanouissement a été connue récemment grâce à la datation des objets au radiocarbone (du IVème – VIIIème siècle après J.C.), dut être à cette époque dans le giron du royaume de Founan. Ce dernier ne disparut qu’au milieu du VIIème siècle. Donc Cát Tiên devrait être un pays vassal du royaume de Founan. Puis à la disparition de ce dernier, il serait dans la mouvance de l’empire Chenla.

Comment le royaume de Cat Tiên arrive-t-il à survivre jusqu’au VIIIè siècle avec le changement politique régional dû à la soumission du royaume de Founan par le Chenla?

On peut émettre l’hypothèse suivante: le royaume de Cát Tiên, un pays vassal du royaume du Founan était peuplé de Môn-Khmers et d’Austronésiens (dont les Cham faisaient partie) mais le pouvoir politique et religieux revenait aux Cham. Lors de l’annexion du royaume du Founan par le Chenla d’Içanavarman, le royaume de Cát Tiên passera probablement dans le giron de ce dernier localisé dans le bassin du moyen Mékong. La capitale de Chenla se trouverait probablement à Vat Phou à l’extrême sud du Laos d’aujourd’hui.

Selon le scientifique américain Michael Vickery, les Cham issus probablement de l’île de Bornéo sont arrivés par mer au cours des derniers siècles avant notre ère. Ils ont investi le territoire occupé jusque-là par les Môn-Khmers (Mạ, Stiêng etc..). Le Champa offre un visage pluriethnique si on s’appuie sur la nouvelle approche des recherches en cours. On admet aujourd’hui que grâce à leur vocation maritime et à leur contact établi avec les autres Austronésiens de Nusantara, ils se sont imprégnés de la culture indienne avant même qu’ils quittent l’île de Bornéo. Etant considérés comme les Vikings de l’Asie, ils maîtrisaient parfaitement la technique de navigation. Selon Michael Vickery, ils auraient voyagé depuis la Préhistoire entre l’Inde et l’Asie du Sud Est. Peut-être pour cela la culture de Sa Huỳnh témoigne de leur trace sur la côte du centre du Vietnam. Ils ont débarqué en plusieurs endroits de cette côte et y ont établi des poches de pouvoir en concurrence les unes avec les autres. Probablement Cát Tiên devrait être l’un des points de leur débarquement. Ils y établirent un petit royaume ou une chefferie qui accepta la tutelle du royaume du Founan car ils étaient plus proches des Founanais. Ceux-ci étaient des navigateurs expérimentés et des constructeurs de gros bateaux d’après les mentions des historiens chinois. Ce n’est pas le cas des gens du Chenla (ancêtres des Khmers). Selon l’archéologue vietnamien Hà Văn Tấn, les Founanais n’étaient pas les Khmers (*). Les Chinois décrivaient d’ailleurs ces Founanais comme des gens ayant le teint noir et les cheveux frisés. Probablement ils seraient aussi austronésiens comme les Chams ou plutôt issus de la juxtaposition et de la fusion de deux strates austroasiatique et austronésienne. De plus, à cette époque, il faut rappeler que le royaume du Founan fut dirigé à une certaine époque par un roi conquérant remarquable Fan Shi Man (Phạm Sư Man) qui réussit à soumettre une dizaine d’états durant son règne. De manière purement hypothétique, Georges Coedès l’a identifié avec Sri Màra dans la plus ancienne inscription écrite en sankskrit (Vỏ Cạnh) et trouvée à Nha Trang (Khánh Hoà).

À la suite de l’annexion du royaume du Founan par le Chenla au milieu du VIIème siècle, le royaume de Cát Tiên passera probablement dans le giron de ce dernier. Mais il n’y serait pas pour longtemps à cause de la scission du Chenla en Chenla d’Eau (Thủy Chân Lạp) au Sud et en Chenla de Terre (Lục Chân Lạp) au Nord. Puis il fut soumis en même temps que le Chenla d’Eau dont il faisait partie, par les Javanais (Chà Và en vietnamien ) du royaume de Sailendra. Il faut rappeler aussi que le sanctuaire religieux de Po Nagar (Nha Trang) fut pillé et détruit sans merci par les Javanais en 774. La disparition du royaume de Cát Tiên ou de son site religieux doit être expliquée par l’une des raisons suivantes:

-la destruction et le pillage systématique de tous les sanctuaires Cham par les Javanais du royaume de Sailendra. Durant deux siècles (de VIIIè siècle à Xème siècle) ceux-ci attaquèrent les côtes du Champa et occupèrent le Chenla d’Eau. Ils remontèrent même le Mékong pour aller jusqu’à Kratié.

-la peste

ou la guerre

responsables de la désertification de la zone de Cát Tiên avant 1650. C’est la suggestion faite par l’ethnologue vietnamien Mạc Đường. Cette hypothèse est assez convainçante lorsqu’on sait que Georges Coedès a eu l’occasion de décrire la dangérosité de la zone du sud de Chenla:

Le Midi renferme de grands marécages, avec un climat si chaud que jamais on ne voit ni neige ni gelée blanche; le sol y engendre des exhalaisons pestilentielles et fourmille d’insectes venimeux.

dans son livre intitulé « Les états hindouisés d’Indochine ».

Il est possible que la zone de Cát Tiên se désertifie à cause de la guerre. Si on se rapporte à l’histoire de l’Indochine, on s’aperçoit que le royaume Khmer était en proie à un long conflit avec le Champa de 1145 jusqu’à 1220. La zone de Cát Tiên pourrait devenir ainsi une DMZ (zone démilitarisée) délaissée par les parties khmère et chame.


Références bibliographiques:

(*) Đi tìm vương quốc Phù Nam. Hà Văn Tấn. Báo Lao Động ngày 21/05/1996. Số 61/96

Exchange at the Upstream and Downstream Endo: Notes toward a functionam model of the coastal state in Southeast Asia. Bennet Bronson Editor K.L. Hutterer, 1977

Trésors d’art du Vietnam. La sculpture du Champa. Vè-XVè siècles. Guimet Musée national des arts asiatiques. 2005

Cát Tiên Mê Cung của Thần Linh. Đinh Thị Nga,2007, Editeur Nhà Xuất Bản Trẻ.

Việc mãi nô dưới vòm trời Đông Phố và chủ đất thật của vùng Đồng Nai. Bình Nguyên Lộc

Văn hóa Óc Eo, một nền văn hóa cổ ở Nam Bộ. Nguyễn Thị Hậu.

Ethnic Minorities in Vietnam. Đặng Nghiêm Vạn-Chu Thái Sơn-Lưu Hùng Thế Giới Publishers 2010

Thời đại của Phù Nam. Từ thế kỷ 1 đến thế kỷ thứ 6. Lynda Nora Schaffer. The time of Funan. 1996 Ngô Bắc dịch. pp 18-36

Cát Tiên sanctuaire

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Première partie

Entouré par les derniers monts du sud de la cordillère annamitique (Nam Trường Sơn), ce santuaire Cát Tiên comporte un grand nombre de vestiges architecturaux éparpillés le long de la rive gauche du fleuve Đồng Nai sur une quinzaine de kilomètres dans un bassin constitué de collines et de terrains alluviaux qui le protègent des regards extérieurs. Depuis longtemps, la population locale est habituée à ramasser les petites reliques, les statues en pierre, les lingas, les morceaux de tessons et les débris des briques sans connaître leur origine. C’est par hasard lors d’une campagne effectuée par les archéologues vietnamiens du musée Lâm Đồng sur une enquête ethnologique que ce site religieux fut découvert en 1985. Cela les abasourdit devant l’ampleur de leur découverte. Outre les 256 sculptures en or évoquant les divinités du panthéon hindou ou les scènes relatant la vie spirituelle et religieuse de la communauté dans l’histoire du sud des Hauts Plateaux ( Nam Tây Nguyên ), ils trouvèrent lors de 8 fouilles archéologiques effectuées de 1994 jusqu’à 2006, un colossal lingam en quartz, symbole phallique du dieu Shiva, haut de 2,1 m et pesant d’environ 3,5kg sans compter les 1140 objets d’une valeur inestimable. Selon les archéologues vietnamiens, ce colossal lingam serait le plus important du genre trouvé en Asie du Sud Est. Parmi les objets exhumés, on peut citer les jarres, chandelles, figurines, statues etc .. Tous sont soit en métaux précieux (or, argent ou cuivre ) soit en métaux rares ( quartz, jaspe etc..). Même un objet jusque-là introuvable ailleurs fait partie du lot de trouvailles archéologiques. C’est une boîte en argent de forme ovale dont le couvercle est orné d’un lion couché et entouré de motifs décoratifs. On s’intérroge sur son origine. Selon certains experts, il pourrait provenir de l’Asie centrale ( Trung Á) à l’époque de l’empire des Kusana. ( Đế Quốc Qúy Sương)

Le nombre élevé de lingams exhumés conduit les archéologues vietnamiens à avoir une idée précise sur le caractère religieux de ce site évoquant sans aucun doute le culte de la fertilité. Une structure métallique en acier (kosa) haute de 0,52m et de diamètre 0,25m a été découverte. Elle est en forme ovale et destinée à couvrir une colonne cylindrique de forme phallique en galet qui a été cachée profondément dans le piedestal en grès avec les trois autres kosas (étuis) en terre cuite. Cela ne met plus en doute le caractère sacré d’union du Yin et du Yang dans l’univers. On trouve dans cette représentation la totalité de l’être humain ainsi que le symbole de la vie, de la fertilité et de la procréation. C’est aussi pour la première fois qu’on découvre dans les vestiges archéologiques du Vietnam plusieurs objets originaux représentés par des boîtes en céramique sous la forme de linga et des petits lingas en or, en acier et en fer protégés par des étuis munis chacun d’un couvercle. L’abondance et la variété de ces lingas exhumés du site attestent certainement l’échange culturel et l’influence notable de l’art du Champa. Mais cela ne nous empêche pas de trouver néanmoins ses particularités propres et visibles à travers la finesse de ses traits ciselés dans la gravure et la rareté de ses modèles de linga.

Depuis l’aube des temps, à l’arrivée du printemps de chaque année où les plantes commençaient à renaître, les populations adeptes du brahmanisme avaient l’habitude d’aller en pèlerinage à des sites religieux durant un, deux ou trois mois pour demander à leurs dieux d’accorder non seulement une bonne saison de récolte mais aussi une meilleure année de reproduction pour leurs animaux. C’est aussi l’occasion pour elles de formuler auprès de ces divinités leurs désirs d’avoir plusieurs enfants. Durant la période des festivités religieuses, elles étaient autorisées à oublier les aléas de la vie durant les années précédentes et s’adonner aux cérémonies rituelles afin que leurs voeux fussent exaucés.

C’est aussi ce qu’on a vu dans la démarche empruntée habituellement par les peuples autochtones de la région Cát Tiên car on a découvert un chemin de pèlerinage dont ils se servaient durant la période des festivités pour rejoindre leur site religieux. Ils prenaient comme point de départ l’une des débarcadères du fleuve Đồng Nai située dans le tronçon de la commune Phú Mỹ.

Labyrinthe des divinités brahmaniques

Etant construit avec des briques anciennes très légères et moins solides que celles d’aujourd’hui (gạch cổ), ce chemin forestier raboteux ressemblant à une série d’escaliers longeant la pente, était aménagé et agrandi visiblement en plusieurs endroits servant d’aires de repos pour les pélerins. Selon l’archéologue vietnamien Lương Nguyên Minh, les pélerins devaient naviguer jusqu’à la débarcadère du fleuve Đồng Nai avant d’entamer la marche à pied pour atteindre le site Cát Tiên. De plus, on a découvert un somasutra (máng nước thiêng) d’une longueur de 5,76m et d’une largeur de 40cm. C’est l’un des conduits les plus importants trouvés jusqu’alors dans les régions d’influence indienne de l’Asie du Sud Est. Son rôle servait à évacuer vers l’extérieur les liquides sacrés provenant de l’arrosage effectué sur le linga lors des cérémonies rituelles. Ces liquides de libation récupérés sur la cuve à ablution étaient répandus ensuite sur les corps des adeptes dans le but de les bénir et exaucer leurs voeux.

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Musée Guimet: Champa


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Musée Guimet

6 Place d'Iena, 75016 Paris

Métro Iena, au pied du musée

Etui couvre linga (kosa)

Tête de Shiva

Alliage d’or et d’argent

 

C’est un ancien royaume d’Indochine connu autrefois sous le nom « Lâm Ấp » (ou Lin Yi), puis Chiêm-Thành (ou Tchan-Tcheng en chinois ) et situé dans ce qui est aujourd’hui le centre du Viêt-Nam du côté de Ðà-Năng et de Phan Thiết.

Sculpture du Champa: 3ème partie (Điêu Khắc Cổ Chămpa)

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Version vietnamienne

Style Mỹ Sơn A 1

Phong Cách Mỹ Sơn A 1 (Xème siècle)

Le chercheur français Jean Boisselier distingue deux styles. Le premier style est connu sous le nom de Khương Mỹ (première moitié du X ème siècle) et constitué par des œuvres reprenant encore certains traits trouvés dans le style de Ðồng Dương. Quant au deuxième style, il est connu sous le nom de Trà Kiệu (deuxième moitié du Xème siècle) et il regroupe des œuvres qui s’écartent complètement du style Đồng Dương. On note une influence indo-javanaise de plus en plus marquée après avoir pris des influences khmères.

Dans le style Khương Mỹ, on relève à la fois l’harmonie et la symétrie. La douceur est visible aussi dans les expressions faciales des sculptures. Quant au style Trà Kiệu, outre la douceur trouvée dans les poses et les visages, on trouve la beauté des parures, le demi-sourire, la tendance vers les reliefs proéminents etc… La mise en valeur de la beauté féminine n’est plus mise en doute (les seins pleinement développés, le déhanchement, l’élégance du corps etc ..) dans la sculpture chame durant cette période.

Phong cách Mỹ Sơn A 1

 

Dans le prolongement du style Trà Kiệu, il y a le style Chánh Lộ (XIème siècle) où on assiste au retour des traits principaux: lèvres épaisses, bouche large, arcades sourcilières en relief. Dans ce style, on découvre l’absence du demi-sourire sur le visage, la disparition du déhanchement, la simplification de la parure et du chapeau (Kirita-Mukuta). On peut dire qu’il s’agit bien d’un retour au passé. Ce style n’est qu’un style de transition entre ceux de Mỹ Sơn A 1 et du Bình Ðịnh.

Style Tháp Mắm
(ou Style Bình Ðịnh)

Celui-ci s’étend avec ses prolongements, de la fin du XI ème siècle jusqu’à la fin du XIII ème siècle. Le Champa devint une province khmère durant une vingtaine d’années (entre 1203 et 1220). C’est pour cette raison qu’on trouve l’influence notable de l’art angkorien dans ce style. Ce n’est pas par hasard que l’érudit français Jean Boisselier impute le début du XIII ème siècle du style Tháp Mắm au style Bayon dans l’art cham.

Le style Tháp Mắm est à la fois excentrique par l’enrichissement du décor et par l’expression fantastique des animaux, des divinités et des dvarapalas (les lèvres épaisses, les pupilles non marquées, les sourcils en net relief, les narines dilatées, une barbe, des moustaches ). Les œuvres chames de cette longue période montrent d’étroits rapports non seulement avec l’art khmer mais aussi avec l’art vietnamien. Les dragons de Tháp Mắm, les tours d’Or, d’Argent et d’Ivoire témoignent de l’influence vietnamienne (période des dynasties Lý et Trần). Dans ce style, les sculptures animales sont très variées mais elles reflètent le caractère irréaliste et mythique.

Parfois, certains animaux féroces et méchants très poussés à l’invraisemblance et à l’exagération deviennent des créatures charmantes et mignonnes.

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On peut avoir la même pensée ambiguë du chercheur français Jean Boisselier sur l’art cham en se demandant si on a affaire à une œuvre décadente ou on se retrouve au sommet d’un art poussé à ses limites.

Le chercheur vietnamien Ngô Văn Doanh a l’occasion de comparer ce style au rayon de lumière avant le déclin du jour.  Bien que celui-ci soit splendide et tellement brûlant, il est trop « vieilli » . Il est sur le point de disparaître avec regrets pour céder la place aux styles Yang Mun et Pô Rome.

 Style Bình Ðịnh

 

Phong Cách Muộn

Styles Yang Mum et Pô Rome

( XIVème -XVème siècle)

On trouve dans ces styles le caractère médiocre et schématique. On a tendance à styliser les images sculptées et à négliger le reste, en particulier les membres inférieurs réduits parfois à un bloc de pierre triangulaire ou à un socle. Les kut (ou stèles funéraires dont la base non sculptée est enfouie sous terre) montrent avec grossièreté une silhouette humaine sans qu’on sache qu’il s’agit d’une influence musulmane ou d’un retour au passé animiste.

L’hindouisme cède le pas aux nouvelles formes religieuses (culte local des génies (les Yang) animisme, islam) depuis la chute de Vijaya (Bình Ðịnh) en 1471 contre les Vietnamiens (Lê Thánh Tôn) et la perte de tous les lieux saints (Mỹ Sơn, Trà Kiễu, Đồng Dương), ce qui traduit ainsi un long et irréversible crépuscule pour la sculpture chame.

Tombée dans l’oubli depuis tant d’années, réappropriée récemment par les Vietnamiens, la sculpture chame redevient leur objet d’admiration depuis l’exposition des trésors d’art du Vietnam (2005 Musée Guimet, Paris) et l’une des composantes majeures de l’art vietnamien. Désormais, elle fait partie intégrante du patrimoine artistique et culturel du Vietnam.

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Références bibliographiques

  • La statuaire  du Champa. Jean Boisselier. Volume LIV, EFEO Paris 1963.
  • Văn hóa cổ Champa. Ngô .  Văn Doanh. NXB Dân Tộc 2002
  • Champa sculpture. Nguyễn Thế Thục. NXB  Thông Tấn 2007
  • Jean Boisselier . La statuaire du Champa. Recherche sur les cultes et l’iconographie.
  • Bénisti Mireille: Arts asiatiques. Année 1965. Volume 12. N°1.
  • L’art du Champa. Jean François Hubert. Editeur Parkstone Press International. 2005
  • Pérégrinations culturelles au Champa. Nguyễn Vă Kự, Ngô Văn Doanh, Andrew Hardy. Editions Thế Giới Publishers 2005

Sculpture du Champa 2ème partie (Điêu Khắc Cổ Chămpa)

Version vietnamienne

Style Mỹ Sơn E1: (VIIème-milieu VIIIème siècle)

Les sculptures du sanctuaire Mỹ Sơn se distinguent non seulement par la finesse dans les détails mais aussi par la vivacité dans l’ornementation. La combinaison étonnante et géniale des descriptions réalistes chames et des éléments caractéristiques trouvés dans la doctrine philosophique indienne (hindouisme) a marqué le début de l’âge d’or de la culture chame.

La tête des divinités du site Mỹ Sơn possède les caractères suivants: la face carrée, les gros yeux, les lèvres épaisses, les oreilles portant de larges pendentifs, le nez droit, la coiffure en forme de calotte surmontée d’un élément vertical octogonal annelé, le halo derrière la tête. On peut dénoter l’influence du Chen La (ou Cambodge à l’époque pré-angkorienne). C’est le cas du Vishnu en position couchée, apparenté à un linteau préangkorien et trouvé dans le fronton de Mi-son E 1.

 

Điêu Khắc Cổ Chămpa

Style Hòa  Lai (Milieu VIIIème- milieu IXème siècle) (Période Hoàn Vương)

Il est marqué par l’influence notable de Java. Le dandinement postural, la sensualité et l’élégance dans la sculpture et le halo derrière la tête donnent à ce style une subtilité incontestable. Il semble qu’il ne reste que des sculptures taillées dans la brique des temples. Le chercheur français Jean Boisselier a fait remarquer qu’un lot de bronzes remonta à cette période et qu’ils étaient d’importation indonésienne. Cela met en évidence les rapports privilégiés entre le Champa et l’Indonésie. C’est aussi le début de l’introduction du  bouddhisme mahayana au Chămpa via le royaume Srivijaya.

Style Ðồng Dương  (IXème-Xème  siècle)

C’est le style où l’apparence faciale est très typique. Il est reconnu facilement par les traits communs suivants: les sourcils proéminents, reliés en une ligne continue, sinueuse et remontant jusqu’aux cheveux, les lèvres épaisses avec les commissures relevées, une moustache qui est confondue parfois à la lèvre supérieure et un nez épaté, large de face et aquilin de profil, le front étroit et le menton court. La divinité s’identifie grâce à son oeil frontal. L’absence de sourire est à signaler. sculpture_dongduong1Ce style correspond à la période Indrapura où le bouddhisme connut un essor important et devint l’inclinaison personnelle du roi Indravarman II.  

© Đặng Anh Tuấn

Déesse Tara,

Bronze hauteur 1m20 (2002)

Celui-ci édifia dans la seconde motié du IXème siècle, un monastère bouddhiste de Ðồng Dương situé à 65 km de la ville de Ðà Nẵng. On y trouve beaucoup d’oeuvres concernant le bouddhisme du Grand Véhicule. C’est ici qu’on a trouvé une inscription témoignant de son hommage simultané à Laksmindra Lokesvara (autre nom d’Avalokitesvara)( bouddhisme) et à Shiva Bhadesrava (shivaïsme). C’est le signe du syncrétisme cham durant cette période. Beaucoup de questions se posent sur la provenance de l’influence bouddhique chame. On a longtemps cru et proposé une influence chinoise antérieure à la dynastie des Liang via le centre de Nanjing à Wanfosi (Chengdu) ou à Quingzhou (Shandong). Mais on pourrait suggérer une influence sudiste venant du royaume du Founan dans le delta du Mékong. Le style de Ðồng Dương donne aux statues de bouddha un aspect condensé de virilité, de douceur vigilante et de force bien retenue.      Lire la suite

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Galerie des photos

Sculpture du Champa (Điêu Khắc Cổ Chămpa)

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Version vietnamienne

Première partie

Jusqu’à aujourd’hui, on ne connait pas avec exactitude l’origine ethnique des Chams. Certains pensent qu’ils venaient de l’Asie continentale et qu’ils étaient refoulés avec les autres populations vivant dans le sud de la Chine (les Bai Yue) par les Chinois tandis que d’autres (les ethnologues , les anthropologues et les linguistes) mettaient en évidence leur origine insulaire par le biais de leurs travaux de recherche. 


Sculpter une statue, c’est un acte religieux.


Pour ces derniers, les Chams étaient sans doute des populations des mers du Sud (les pays des archipels ou ceux de la péninsule malaise). Les traditions orales chames évoquant des liens unissant à l’époque légendaire, le Champa et Java confortent cette dernière hypothèse.

Surnommés les Vikings de l’Asie du Sud-Est, les Chams vivaient le long des côtes du centre et du sud du Vietnam actuel. Leurs principales activités étaient basées essentiellement sur le commerce. Ils étaient en contact très tôt avec la Chine et des territoires aussi éloignés que la péninsule malaise, peut-être les côtes de l’Inde du Sud. 

Etant consacrée à des fins religieuses, la sculpture chame n’échappait pas ainsi aux répercussions politiques et aux influences venant de l’extérieur, en particulier celles de l’Inde, du Cambodge et du Java. Celles-ci devenaient ainsi les principales forces de création, de développement et d’évolution des styles dans leur art. Pour le chercheur français Jean Boisselier, la sculpture chame était en liaison étroite avec l’histoire. Des modifications notables ont été relevées dans le développement de la sculpture chame, en particulier la statuaire avec les événements historiques, les changements de dynasties ou les rapports que le Champa avait eus avec ses voisins (Vietnam ou Cambodge). Selon le chercheur vietnamien Ngô văn Doanh,  chaque fois qu’ il y avait  un impact important venant de l’extérieur,  on ne tardait pas de voir apparaître au Chămpa un nouveau style dans sa sculpture.

Galerie des photos

Pour cela, il suffit de citer un exemple: aux XIème-XIIème siècles, l’intensification des contacts violents spécialement avec le Vietnam et le Cambodge et l’apparition de nouvelles conceptions en rapport avec les fondements du pouvoir royal peuvent expliquer l’originalité et la richesse trouvées dans le style de Tháp Mắm.

Etant l’expression du panthéon indien (brahmaniste mais surtout shivaïste et bouddhiste), la sculpture chame recourt plutôt à l’interprétation locale des concepts, des normes venant de l’extérieur avec élégance qu’à l’imitation servile. Elle est avant tout un support de méditation et une preuve de dévotion. Sculpter une statue, c’est un acte religieux. Soumis à des normes religieuses, le sculpteur cham, avec ses mains adroites, a réussi à donner avec ferveur à la pierre inerte une âme, une représentation divine permettant de véhiculer le concept religieux qu’il aimait transmettre avec foi. La sculpture chame est pacifique. Aucun scène d’horreur ne figure. Il n’y a que des créatures animales un peu fantaisistes (lions, dragons, oiseaux, éléphants etc..). On ne trouve aucune forme violente et décente dans les divinités. Malgré l’évolution des styles au fil de l’histoire, la sculpture chame continue à garder les mêmes créatures divines et animales dans une thématique constante.

Makara

L’art cham a réussi à garder sa spécificité, sa propre expression faciale et sa beauté particulière sans qu’on puisse dire qu’il s’agit d’une copie servile des modèles extérieurs et remettre en cause sa singularité dans la sculpture d’hindouisme trouvée en Inde et en Asie du Sud-Est. En dépit du manque d’animation et du réalisme, les œuvres chames étaient taillées majoritairement dans le grès et beaucoup plus rarement dans la terre cuite et dans d’autres alliages (or, argent, bronze etc.).  

Etant de dimension modeste d’une manière générale, elles retracent les croyances religieuses et les conceptions du monde. Elles ne peuvent pas nous laisser impassibles car elles nous donnent toujours une forte étrange impression. C’est l’une des caractéristiques de la beauté de l’art cham. On trouve dans la sculpture chame des rondes-bosses, des hauts-reliefs et des bas-reliefs. Une ronde-bosse est une sculpture autour de laquelle on peut tourner pour voir l’œuvre du sculpteur. Un haut-relief est une sculpture ayant un relief très saillant et ne se détachant pas du fond. Quant au bas-relief, il s’agit d’une sculpture à faible saillie sur un fond uniforme. On relève dans la sculpture chame la tendance à dégager notamment la rondeur des créatures au niveau des reliefs. Peu de scènes figurent dans cette sculpture. On relève le manque de lien ou d’adresse au niveau d’assemblage dans le cas contraire. 

Les créatures trouvées dans la sculpture chame ont tendance à sortir toujours de l’espace qui les entoure avec éclat. Elles ont quelque chose de monumental. Même au cas où elles sont regroupées dans les œuvres de Mỹ Sơn, Trà Kiệu retraçant la vie journalière des Chams, elles nous donnent l’impression que chacune d’elles reste indépendamment des autres.  

On peut dire que le sculpteur cham s’occupe uniquement de la créature qu’il veut montrer et déifier sans penser à aucun moment aux détails et aux imperfections excessivement irréalistes (la main trop grande ou le bras trop fléchi de la danseuse de Trà Kiêu par exemple) et sans imiter copieusement les modèles originaux indiens, ce qui donne à cette sculpture chame le caractère « monumental » qu’on ne trouve pas dans les autres sculptures. C’est une autre particularité trouvée dans cette sculpture chame.

Les œuvres ne sont pas nombreuses mais elles témoignent d’une belle qualité plastique et de l’expression de diverses religions. Il est difficile de leur donner un même style. Par contre, on relève quelques traits proches de la tradition de l’art indien d’Amaravati. C’est seulement dans la seconde moitié du 7 ème siècle que sous le règne du roi Prakasadharma Vikrantavarman I, la sculpture chame commença à prendre corps et à révéler son originalité. Lire la suite

[Sculpture du Champa Partie 2)]
[Sculpture du Champa: Partie 3]

  • Style Mỹ Sơn E1 (VIIème-milieu VIIIème siècle)
  • (Milieu VIIIème- milieu IXème siècle). Période Hoàn Vương
  • Style Ðồng Dương  (IXème -Xème  siècle)
  • Style Mỹ Sơn A 1  (Xème siècle)
  • Style Tháp Mắm (ou Style Bình Ðịnh) 
  • Styles Yang Mum et Pô Rome ( XIVème -XVème siècle)

Le kalan du Champa (Các tháp chàm)

kalan_cham

Version vietnamienne

English version

Les kalans du Champa

Les édifices en brique et les statues en grès sont la clé de voûte de l’art cham. Contrairement aux Khmers, les Chams continuèrent à bâtir les édifices en briques  malgré leur maîtrise parfaite du grès dans les décorations et les statues.

L’architecture chame est d’inspiration indienne. Les ouvrages architecturaux sont des ensembles comprenant un temple principal (ou kalan en langue chame) entouré de tours et de temples, le tout englobé dans une enceinte.  Les temples sont bâtis en forme de tour et en briques tandis que les linteaux, les bas-reliefs, les corniches, les tympans etc … sont en grès. Les règles de la disposition des temples chams ont été bien définies. Cela doit refléter la cosmogonie hindoue. Après avoir érigé le temple-tour, les sculpteurs Chams commencent à exécuter des bas-reliefs sur les murs du temple. Ils se servent des motifs d’ornement comme les feuilles, fleurs, animaux, génies etc … pour évoquer des sujets religieux.

Face au kalan, il y a toujours une tour-portique (gopura) faite de briques avec des colonnes de pierre et  faisant fonction de porte d’entrée pour l’enceinte d’un temple. Devant celle-ci, se dresse le mandapa (nhà tĩnh tâm). Il s’agit d’un édifice tout en longueur, couvert de tuiles et percé de plusieurs fenêtres et de deux portes orientées suivant la direction est-ouest. C’est un endroit où les Chams ont besoin de méditer et de prier avant d’effectuer la cérémonie rituelle au kalan. Parfois, le mandapa est construit entre le kalan et la tour-portique.

Trois types de mandapa ont été trouvés sur les sites chams:

1) mandapa muré et percé de plusieurs fenêtres (Mỹ Sơn)
2) mandapa non muré dont les colonnades supportent une toiture en tuiles (Pô Nagar Nha trang)
3) mandapa dont la toiture est supportée par les colonnes en bois .

Le kalan cham est le symbole de l’univers sacré en miniature. Il symbolise la montagne sacrée (Meru) au centre de l’univers. C’est ici qu’on trouve le culte d’une divinité ou du couple linga-yoni. Il arrive parfois qu’il est aussi celui des ancêtres ou des rois et des reines sanctifiées. C’est le cas du kalan de Pô Kloong Garai (Phan Rang) ou celui de Pô Rômê (Ninh Thuận).

Sa construction est établie suivant un modèle bien précis: corps de la tour de forme carrée, toiture pyramidale à 3 étages, sommet très pointu en grès. Chaque kalan est composé de trois parties:

-le socle ou piédestal  représentant le monde matériel ou terrestre (Bhurloka). On y trouve les gravures représentant les fleurs,  les danseuses, les animaux, les fidèles en prières etc..
-le corps de la tour représentant  le monde prémonitoire (Bhurvaloka). À ce niveau figurent les flammes, les danseuses célestes Apsara, les feuilles stylisées etc …
-la toiture symbolisant le monde spirituel (Suarloka). C’est aussi le monde des divinités. A ce niveau, il y a trois étages formant une pyramide et représentant a montagne sacrée de Shiva (ou Kailasa). Chaque étage comporte tous les éléments d’un temple décrit ci-dessus. Un bon nombre de toits de ces tours sont à l’origine couverts de feuilles d’or ou d’argent.

À l’intérieur du kalan, se trouve toujours une salle carrée au milieu de laquelle se trouve la statue d’un génie ou d’un couple linga-yoni. Lors de la célébration du bain de la statue, l’évacuation d’eau en dehors du temple s’effectue grâce à une rigole entourant le socle et dont l’extrémité est  orientée toujours vers le Nord.

On trouve toujours devant le kalan et à sa droite un dépôt d’objets de culte. C’est une maison d’habitation à toit incurvé (koshagraha) en forme de barque ou de selle, dont les fenêtres sont orientées vers la direction est-ouest et dont la porte principale est toujours tournée vers le Nord. Le kalan et ses dépendances sont entourés par une enceinte en briques se fermant à l’endroit de la tour-portique (gopura).

La sculpture sur brique reste un art particulier et original des Chams qu’on trouve rarement chez d’autres peuples de l’Asie du Sud Est.

Version vietnamienne

Tháp thờ của người Chàm

Những tháp thờ  bằng gạch và những tượng điêu khắc bằng đá là  chìa khoá then chốt trong nghệ thuật Chàm. Ngựợc lại với dân tộc Khmer, người Chàm vẫn tiếp tục xây dựng các tháp bằng gạch dù họ hoàn toàn biết sử dụng sa thạch trong việc trang trí và chạm tượng.

Kiến trúc chàm lấy nguồn cảm hứng từ Ấn Độ.  Các tác phẩm thường thấy có một ngôi đền chính (hay kalan (lăng)) theo ngôn ngữ Chămpa), các tháp và các nhà phụ, tất cả đều nằm bên trong của một vòng đai.

Các ngôi đền được xây dựng theo dạng tháp và bằng gạch, còn các lanh tô, các bức  phù điêu, các phào chỉ, các hoành phi vân vân …  đều bằng đá sa thạch. Các quy tắc về bố cục của các đền tháp chàm đã được xác định một cách rõ ràng. Nó phải phản ánh vũ trụ quan của người Hindu. Sau khi dựng xong đền-tháp, các nhà điêu khắc người Chàm bắt đầu làm những bức phù điêu trên tường của ngôi đền. Họ sử dụng các họa tiết trang trí như lá cây, hoa lá, động vật, thần linh vân vân… để nhắc lại những chủ đề tôn giáo.

Đối diện với tháp thờ kalan, vẫn còn có một tháp cổng (gopura) làm bằng gạch với cột đá  và đóng vai trò như cửa ra vào khu bao quanh của một ngôi đền. Phía trước nó là mandapa (tháp tĩnh tâm). Đó là một tòa nhà dài, được lợp bằng ngói và có nhiều cửa sổ và hai cửa ra vào theo hướng đông tây. Đó là nơi mà người Chăm cần phải ngồi thiền và cầu nguyện trước khi thực hiện nghi lễ cấp sắc ở tháp thờ (kalan). Đôi khi mandapa được xây dựng giữa tháp thờ (kalan) và tháp cổng.

Ba loại toà nhà mandapa đã được tìm thấy ở các di chỉ của  người Chămpa:

1°) mandapa có tường bao quanh và thông qua nhiều cửa sổ (Mỹ Sơn)

2°) mandapa không có tường mà có các cột dùng để  đỡ mái lợp ngói (Pô Nagar Nha Trang)

3°) mandapa có mái được hỗ trợ bởi các cột gỗ.

Tháp thờ (kalan) là biểu tượng một  vũ trụ thiêng liêng được  thu nhỏ lại. Nó tượng trưng  một ngọn núi thiêng  liêng (meru) nằm ở giữa lòng  của vũ trụ. Chính ở đây, chúng ta tìm thấy được sự sùng bái một vị thần hoặc cặp đôi linga-yoni. Đôi khi nó cũng là nơi thờ các tổ tiên hoặc các vị vua và hoàng hậu được thần thánh hóa. Đây là trường hợp tháp  thờ của Pô Kloong Garai (Phan Rang) hay Pô Rômê (Ninh Thuận).

Công trình của nó được thiết lập theo một mô hình rất chính xác: thân tháp vuông, mái hình chóp có 3 tầng, đỉnh bằng sa thạch rất nhọn. Mỗi kalan được tạo thành và có ba phần sau đây:

-Nền hay bê thờ tượng trưng cho thế giới vật chất  hay ở thế gian. (Bhurloka). Có những tranh  khắc đại diện cho các hoa, các vũ công,  các động vật,  các tín đồ vân vân…

-Thân tháp tượng trưng cho thế giới linh cảm (Bhurvaloka). Ở cấp độ này có những ngọn lửa, các vũ công Apsara, những chiếc lá cách điệu vân vân…

-mái nhà tượng trưng cho thế giới tâm linh (Suarloka). Đó cũng là thế giới của những thần thánh. Ở tầng này, có ba tầng tạo thành một kim tự tháp và đại diện cho một ngọn núi thiêng liêng của thần Shiva (Kailasa). Mỗi tầng có tất cả các yếu tố của một ngôi đền được mô tả ở trên. Nhiều mái của những ngôi tháp này ban đầu được dát bằng vàng hoặc lá bạc.

Bên trong tháp đền (kalan), lại  có luôn  một căn phòng hình vuông ở giữa là tượng thần hoặc cặp đôi linga-yoni. Trong thời gian tổ chức lễ tắm bức tượng, nước được thoát ra bên ngoài ngôi đền qua một con mương dẫn nước  bao quanh chân tượng và phần cuối của nó thì hướng về phía bắc.

Luôn luôn ở trước tháp thờ (kalan) và bên phải của nó là một kho chứa các đồ vật sùng bái. Đó là một ngôi nhà có mái cong (koshagraha) hình con thuyền hoặc yên ngựa, cửa sổ của nó quay về hướng Đông – Tây và cửa chính luôn quay về hướng Bắc. Kalan và các công trình phụ của nó được bao xung quanh bởi một bức tường gạch đóng ở tại vị trí của tháp cổng (gopura).
Nghệ thuật  điêu  khắc trên gạch vẫn là một mỹ thuật đôc đáo và riêng biệt của người Chămpa mà ít ai tìm thấy ở nơi các dân tộc khác ở Đông Nam Á.

English version

Brick buildings and sandstone statues are the keystone of Cham art. Unlike the Khmer, the Cham continued to build buildings in brick despite their perfect mastery of sandstone in the decorations and statues.

Cham architecture is of Indian inspiration. The architectural works are complexes comprising a main temple (or kalan in Chame language) surrounded by towers and temples, the whole enclosed in an enclosure. The temples are built in the form of a tower and in brick while the lintels, bas-reliefs, cornices, tympanums etc. are in sandstone. The rules for the layout of Cham temples have been well defined. It must reflect the Hindu cosmogony. After erecting the temple-tower, the Cham sculptors begin to execute bas-reliefs on the temple walls. They use ornamental motifs like leaves, flowers, animals, genies etc. to evoke religious subjects.

In front of the kalan, there is always a portal tower (gopura) made of bricks with stone columns and acting as the entrance gate to the temple compound. In front of it stands the mandapa (nhà tĩnh tâm). It is a long, tiled building with several windows and two doors facing east-west. It is a place where the Chams need to meditate and pray before performing the ritual ceremony at the kalan. Sometimes the mandapa is built between the kalan and the gate tower.

Three types of mandapa have been found at Cham sites:

1) walled mandapa with several windows (Mỹ Sơn)
2) unwalled mandapa whose colonnades support a tiled roof (Pô Nagar Nha trang)
3) mandapa whose roof is supported by the wooden columns .

The kalan cham is the symbol of the sacred universe in miniature. It symbolizes the sacred mountain (Meru) at the center of the universe. It is here that one finds the cult of a divinity or the couple linga-yoni. Sometimes it is also the place of ancestors or sanctified kings and queens. This is the case of the kalan of Pô Kloong Garai (Phan Rang) or that of Pô Rômê (Ninh Thuận).

Its construction is established according to a very precise model: body of the tower of square form, pyramidal roof with 3 floors, very pointed top in sandstone. Each kalan is composed of three parts:

-the base or pedestal representing the material or earthly world (Bhurloka). The base or pedestal represents the material or earthly world (Bhurloka). There are engravings representing flowers, dancers, animals, praying devotees etc..
-the body of the tower representing the premonitory world (Bhurvaloka). At this level are flames, celestial dancers Apsara, stylized leaves etc. …
-The roof symbolizing the spiritual world (Suarloka). It is also the world of deities. At this level, there are three floors forming a pyramid and representing the sacred mountain of Shiva (or Kailasa). Each floor has all the elements of a temple described above. Many of the roofs of these towers are originally covered with gold or silver leaf.

Inside the kalan, there is always a square room in the middle of which there is a statue of a genie or a linga-yoni couple. During the celebration of the bath of the statue, the water is drained out of the temple thanks to a gutter surrounding the base, the end of which is always directed towards the North.

In front of the kalan and to the right of it, there is always a storehouse of cult objects. It is a dwelling house with a curved roof (koshagraha) in the shape of a boat or a saddle, whose windows face east-west and whose main door always faces north. The kalan and its outbuildings are surrounded by a brick enclosure that closes at the portal tower (gopura).

Brick carving remains a particular and original art of the Chams that is rarely found among other peoples of Southeast Asia.

Sanctuaire Mỹ Sơn (Thánh địa Mỹ Sơn)

English version

Vietnamese version

Les habitants de l’ancien Champa ont incarné leur âme dans la terre et dans la pierre et ont su tirer parti de la nature pour en faire un Mỹ Sơn splendide, mystérieux et grandiose. C’est un vrai musée architectural, sculptural et artistique du monde de valeur inestimable qu’il est difficile de comprendre entièrement.

(Feu architecte Kasimierz Kwakowski )

 

Les édifices en brique et les statues en grès sont la clé de voûte de l’art cham. Contrairement aux Khmers, les Chams continuèrent à bâtir les édifices en briques  malgré leur maîtrise parfaite du grès dans les décorations et les  statues.

L’architecture chame  est d’inspiration indienne. Les ouvrages sont constitués essentiellement d’un temple principal ( ou kalan en langue chàm ) et des tours et des dépendances, le tout englobé dans une enceinte.  La sculpture sur brique reste un art particulier et original des Chàms qu’on trouve rarement chez d’autres peuples de l’Asie du Sud Est.

Mỹ Sơn pourrait être comparée à Angkor (Cambodge), Pagan (Birmanie), Borobudur (Indonésie) et Ayutthaya (Thái Lan). Mỹ Sơn se trouve dans une vallée localisée approximativement 10 km à l’ouest de Trà Kiệu.  Ce lieu a été connu comme la capitale du royaume du Chămpa (Linyi)  aux alentours de  l’an 605  jusqu’en 757 avec le nom Simhapura et situé à 37 km au sud de la ville de Đà Nẵng.


Version vietnamienne

Người Chàm cổ đã gởi tâm linh vào đất, đá và đã biết dựa vào thiên nhiên để làm nên một Mỹ Sơn tráng lệ, thâm nghiêm và hùng vĩ. Đây là một bảo tàng kiến trúc điêu khắc nghệ thuật vô giá của nhân lọai  mà còn lâu chúng ta mới hiểu biết  đựơc hết.

Cố kiến trúc sư Kasimierz Kwakowski

Những tháp bằng gạch và những tượng điêu khắc bằng đá là  chìa khoá then chốt trong nghệ thuật chàm. Ngựợc lại với dân tộc Khmer, người Chàm vẫn tiếp tục xây dựng các tháp bằng gạch dù họ hoàn toàn biết sử dụng sa thạch trong việc trang trí và chạm tượng. Kiến trúc chàm lấy nguồn cảm hứng từ Ấn Độ.  Các tác phẩm thường thấy có một ngôi đền chính (hay kalan theo ngôn ngữ Chămpa) , các tháp và các nhà phụ, tất cả đều năm bên trong của một vòng đai . Nghệ thuật  điêu  khắc trên gạch vẫn là một mỹ thuật đôc đáo và riêng biệt của người Chămpa mà ít ai tìm thấy ở nơi các dân tộc khác ở Đông Nam Á.

Thánh địa Mỹ Sơn có thể so sánh với Đế Thiên Đế Thích  (Cao Miên), Pagan (Miến Điện), Borobudur (Nam Dương) và Ayutthaya (Thái Lan). Mỹ Sơn nằm trong một thung lũng cách xa khoảng chừng 10 cây số phía tây của Trà Kiệu. Nơi nầy đã từng là kinh đô  của vương quốc  Lâm Ấp từ khoảng năm 605 đến năm 757, với tên gọi là Simhapura và cách xa về phía nam của thành phố Đà Nẵng  37 km cây số.

 


Un grand hommage à la civilisation du Chămpa disparue dans les tourbillons de l’histoire


 

 

Royaume du Champa (Version française)

C’est un ancien royaume d’Indochine connu autrefois sous le nom « Lâm Ấp » (ou Lin Yi)(192-749), puis Hoàn Vương (Huanwang)  (758-859) et enfin Chiêm-Thành (ou Tchan-Tcheng en chinois)(988-1471) et situé dans ce qui est aujourd’hui le centre du Viêt-Nam, de la cordillère annamitique  Hoành Sơn, Quảng Bình au nord  jusqu’à Bình Thuân (Phan Thiết) au sud. Les étonnantes tours chams en briques rouges et en grès trouvées  dans le centre sont le seul témoignage silencieux d’une civilisation disparue dans les tourbillons de l’histoire.

linyi

Les Chams étaient sans doute d’origine austronésienne et occupaient les côtes du centre et du sud du Viêtnam depuis l’époque néolithique. Au IIème siècle, ce peuple de marins adopta l’hindouisme au contact des commerçants indiens, ce qui donna naissance au royaume du Champa.

Un voyageur chinois du IVème siècle les décrit avec un type physique particulier: grand nez droit, cheveux noirs et frisés, pratiquant un rituel funéraire qui comporte l’incinération au son du tambour. Les Chams étaient non seulement d’excellents marins mais aussi de redoutables bâtisseurs et d’ingénieux agriculteurs. Les Chams réussirent à achever l’unité du pays au début du Vème siècle après avoir résisté à plusieurs reprises aux tentatives de domination chinoise. Leur capitale se situait à Indrapura (Trà Kiệu), près de Ðà-Nẵng (ex Tourane des Français) du VIIème au IXème siècle.

Grâce au commerce de la soie, des épices et de l’ivoire entre la Chine d’une part et l’Inde et le monde musulman d’autre part, ce royaume connut une période de prospérité qui fut troublée d’abord par la conquête des Khmers en 1145-1147 puis ensuite par la politique d’expansion des Mongols de Kubilai Khan. Pour faire face à cette domination, les Chams cherchèrent l’alliance avec le Vietnam, ce qui permit aux Chams et aux Vietnamiens de sortir victorieux lors de cet affrontement. Pour sceller cette union, une princesse vietnamienne de nom Huyền Trân de la dynastie des Trần, sœur du roi Trần Anh Tôn fut proposée en 1306 pour épouse au roi Champa de nom Chế Mẫn (Jaya Simhavarman III) en échange de deux territoires du Champa Châu Ô et Châu Rí, situés au Col des Nuages. Ceux-ci ne sont autres que les deux provinces septentrionales de Quảng Trị et Thừa Thiên du Vietnam actuel (Huế).

Cette union ne fut que de courte durée. Les Vietnamiens continuèrent à revendiquer plus de terres vers le Sud et la mort du roi Chế Mẫn un an après un an de mariage, sans avoir d’héritier, ne fut qu’un prétexte supplémentaire dans la conquête du Champa. Le roi du Vietnam monta un complot en envoyant son général Trần Khắc Chung pour faire évader sa sœur qui devait être sacrifiée, selon la tradition chame, au moment des funérailles de son mari. Les provinces Châu Ô et Châu Rí devinrent alors un sujet de discorde entre Champa et le Vietnam.

Les Chams eurent un sursaut avec le roi Chế Bồng Nga (Binasuor) (ou Che Bunga) qui battit à maintes reprises les Vietnamiens en pillant la capitale Thăng Long en 1371 et en 1377. Mais celui-ci fut assassiné en 1389 lors d’une nouvelle invasion du Vietnam et sa mort marqua le déclin des Chams. Les Vietnamiens annexèrent ce royaume aux alentours de 1470 sous la dynastie des Lê avec le roi Lê Thánh Tôn. Aujourd’hui, les Chams sont dispersés en diaspora depuis le Cambodge jusqu’à la Malaisie et constituent l’une des minorités ethniques du Vietnam. (moins de 100000 Chams).