Bouddhisme du Chămpa (3è partie)

Dynastie chame d’Indrapura

Version vietnamienne

Le dessin du piédestal de Henri Parmentier à l’intérieur du sanctuaire 

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est comparé à ce que nous voyons aujourd’hui  au musée de la sculpture du Champa à Đà Nẵng.

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Malheureusement pour une raison inconnue, ses attributs distinctifs ont été cassés et confisqués par le bureau du comité populaire de Bình Định dont dépend aujourd’hui le site Đồng Dương. Ils n’ont pas été rendus jusqu’à ce jour au musée cham de Đà Nẵng malgré l’exposition de cette pièce au public depuis longtemps. C’est pourquoi la statue de bronze continue à être l’objet de diverses interprétations iconographiques. En s’appuyant sur les informations fournies (les photos) au moment où il consacra une étude approfondie en 1984, Jean Boisselier pensa à la représentation de Tara. Pour cela, il tenta de se fonder sur les idoles de Đại Hữu, la codification des gestes de la divinité (mudra), le rang dans le panthéon bouddhique, l’ornementation des parures (nànàlankàravati), l’importance du regard et l’existence du troisième oeil pour réussir à identifier la divinité. Certains chercheurs vietnamiens voient dans cette statue, l’épouse Laksmi de Vishnu car dans l’un de ses deux attributs distinctifs, on retrouve la conque (con ốc). Pour le chercheur vietnamien Ngô Văn Doanh, il n’y a aucun doute sur l’identité de cette divinité. Il s’agit bien de Laksmindra-Lokesvara car pour lui chaque attribut distinctif a une signification particulière. Le lotus symbolise la beauté et la pureté. Quant à la conque, elle symbolise la propagation de l’enseignement de Bouddha et l’éveil après le sommeil de l’ignorance. C’est aussi l’hypothèse admise  depuis longtemps  par les chercheurs vietnamiens. Selon la spécialiste thailandaise Nanda Chutiwongs, ce magnifique bronze s’appelle Prajnàpàramità (Perfection de la Sagesse). Mais cela n’enlève pas la conviction de la plupart des spécialistes qui comme Jean Boisselier continuent à voir aujourd’hui dans cet exceptionnel bronze la séduisante déesse Tara dont la lourdeur des seins reste l’un des traits saillants trouvés dans sa prime jeunesse. Elle est toujours la parèdre du bodhisattva Avalokitesvara.

Récemment, dans le compte-rendu de l’archéologie ayant eu lieu en 2019 à Hànội, les chercheurs Trần Kỳ Phương et Nguyễn Thị Tú Anh ont eu l’occasion de redéfinir le nom de la statue de bronze, Tara en s’appuyant sur l’image décorative du Bouddha trouvée dans les cheveux de la statue, les attributs distinctifs (le lotus et la conque) dans ses deux mains ainsi que le geste de la main. Selon ces chercheurs vietnamiens, Tara est l’incarnation féminine du bouddha de méditation Amoghasiddhi, héritier du bouddha historique Shakyamuni dans le bouddhisme tantrique (Tibet). Il était assis souvent sous l’éventail déployé par le cobra à sept têtes Mucalinda, connu sous le nom « Succès efficace ». Dans l’iconographie, il tenait souvent dans sa main gauche une épée et  un geste significatif est  reconnaissable sous le vocable « Abhayamudra (ou absence de crainte) » dans sa main droite au moment de sa méditation. C’est pourquoi on trouve sur les cheveux de la statue en bronze  l’image décorative du petit bouddha  correspondant exactement à ce qu’on décrit.  De plus, cette statue a la couleur verte pour tout le corps. C’est aussi l’identité du dhyani bouddha Amoghasiddhi. Si le lotus symbolise la pureté, la conque et le geste  de sa main sous la conque correspondent bien à la mudra dharmacakra  mettant en branle la roue de la loi Dharma.

Selon les chercheurs Trần Kỳ Phương et Nguyễn Thị Tú Anh,  la région Yunnan était autrefois  la zone du relais  destinée à  faciliter la propagation de la religion et l’art du Tibet dans toute l’Asie du Sud-Est à travers la route intitulée « Chemin du thé et des chevaux » .Elle était aussi le lieu où le bouddhisme tantrique était  vénéré par tout le monde, du peuple jusqu’au roi et où la production  des bodhisattvas Lokesvara et Tara en bronze  destinée à l’Asie du Sud-Est  était extrêmement importante à partir du 7 ème ou 8 ème siècle. C’est pourquoi l’adulation des bodhisattvas Lokesvara ou Tara n’était pas hors norme au Chămpa. Jusqu’à présent, aucune statue  de Lokesvara n’est apparue et découverte à Đồng Dương, en particulier  au monastère bouddhiste car c’est ici que le roi Indravarman II a érigé un temple pour aduler son Bouddha protecteur Lokesvara.  Il a associé même son propre nom à celui de bodhisattva Lokesvara pour donner  à ce site bouddhiste le nom  Laksmindra-Lokesvara. C’est pourquoi il n’y a  aucun doute sur l’existence de la statue de Lokesvara. C’est un énigme sans explication jusqu’à ce jour. Selon le chercheur Trần Kỳ Phương, il est possible que cette statue soit fabriquée en bronze et de la même taille que celle de Tara. Elle doit être  déposée en même que celle de Tara sur l’autel au moment où l’honneur a lieu pour la première fois à cette époque. Peut-être après  cette glorification en son honneur, elle est déplacée ailleurs ou enterrée dans la terre à cause de la guerre.

  Bodhisattva Tara

Dans la deuxième enceinte il y a une longue salle d’attente (ou mandapa) (2 ) que Henri Parmentier nomma dans sa description « la salle aux fenêtres ». Puis dans la troisième enceinte (3) se trouve une grande salle à colonnes, longue d’une trentaine de mètres. Elle est probablement la salle de prière des moines (vihara) où trône majestueusement une imposante statue de bouddha auquel est consacré le deuxième autel au soubassement décoré en relief et entouré de deux acolytes nimbés. Ce site bouddhique fut reconnu par les autorités vietnamiennes comme le patrimoine national du pays en mai 2001. La destruction aveuglante provoquée par le bombardement américain durant les années de guerre a laissé pour ce site une unique tour de gopura intacte que la population locale désigne sous le nom « Tháp sáng » (ou tour de la lumière) du fait qu’elle est ouverte aux quatre orients laissant entrer la lumière. Malgré cela, ce site continue à faire revivre un passé glorieux avec son grand monastère qui fut à une certaine époque l’un des centres intellectuels religieux de renom dans l’Asie du Sud Est. C’est ici qu’après sa victoire éclatante sur le Champa en 985, le roi vietnamien Lê Đại Hành (ou Lê Hoàn) ramena au Vietnam un bonze religieux indien (Thiên Trúc) qui était en train de séjourner dans ce monastère. En 1069, le grand roi vietnamien Lý Thánh Tôn réussit à y capturer un moine célèbre chinois Thảo Đường lors de sa victoire sur le Champa. Mais c’est aussi ici qu’en 1301, le roi fondateur de l’école zen (Phái Trúc Lâm Yên Tử) du Vietnam, Trần Nhân Tôn accompagné par le bonze vietnamien Đại Việt et reçu par le roi cham talentueux Jaya Simhavarman III (Chế Mân en vietnamien), le futur époux de la princesse Huyền Trân, passa 9 mois de méditation dans ce centre religieux.

Pour le chercheur français Jean Boisselier, la sculpture chame était toujours en liaison étroite avec l’histoire. Des modifications notables ont été relevées dans le développement de la sculpture chame, en particulier la statuaire avec les événements historiques, les changements de dynasties ou les rapports que le Champa avait eus avec ses voisins (Vietnam ou Cambodge). C’est pourquoi on ne peut pas ignorer que le changement de dynastie favorise un élan créateur dans le développement de la sculpture chame qui s’illustre par un nouveau style particulier que l’on dénomme aujourd’hui sous le vocable de « Đồng Dương ».


icones_dongduong2icones_dongduong1Phong cách  Đồng Dương


Celui-ci ne peut pas passer inaperçu à travers ses caractéristiques suivantes localisées au niveau facial: les sourcils proéminents, reliés en une ligne continue, sinueuse et remontant jusqu’aux cheveux, les lèvres épaisses avec les commissures relevées, une moustache qui est confondue parfois à la lèvre supérieure et un nez épaté, large de face et aquilin de profil, le front étroit et le menton court. L’absence de sourire est à signaler. Ce style continua à se développer en même temps que le bouddhisme mahàyàna dans d’autres régions du Champa sous les règnes des successeurs immédiats du roi bouddhiste Indravarman II. Ceux-ci persistèrent à vénérer tout particulièrement Avalokitesvara et à adopter le bouddhisme comme la religion d’état. C’est ce qu’on a appris grâce aux inscriptions royales. C’est le cas du sanctuaire de Ratna-Lokesvara auquel le roi Jaya Simhavarman Ier, le neveu du roi Indravarman II, accorda son patronage. Ce sanctuaire a été localisé à Đại Hữu dans la région de Quảng Bình. Dans ce lieu sacré, un grand nombre de sculptures bouddhiques ont été exhumées. Puis autour de Mỹ Đức dans la même province de Quảng Bình, on a découvert un complexe bouddhique ayant les mêmes similitudes que celles trouvées à Đại Hữu et à Đồng Dương au niveau architectural et décoratif. La foi bouddhique n’est pas absente non plus à Phong Nha où certaines grottes servant de lieu de culte gardent encore leur empreinte au fil des années. Enfin un temple dédié à la divinité Mahïndra-Lokesvarà fut érigé en 1914 à Kon Klor (Kontum) par un chef nommé Mahïndravarman. Même il y a deux pèlerinages qui furent organisés par un haut dignitaire sur ordre du roi Yàvadvipapura (Java) dans le but d’approfondir le siddhayatra (ou le savoir mystique), ce qui a été rapporté par les inscriptions de Nhan Biểu datant de 911 après J.C. 

Dynastie chame d’Indrapura


Statue de Bouddha, Thăng Bình, Quảng Nam

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854-898     Indravarman II (Dịch-lợi Nhân-đà-la-bạt-ma)
898-903     Jaya Simharvarman I (Xà-da Tăng-gia-bạt-ma)
905-910     Bhadravarman III (Xà-da Ha-la-bạt-ma)
910-960     Indravarman III (Xà-da Nhân-đức-man)
960-971     Jaya Indravarman I (Dịch-lợi Nhân-di-bàn)
971-982     Paramesvara Varman I (Dịch-lợi Bế- Mĩ Thuế)
982-986     Indravarman IV (Dịch-lợi Nhân-đà-la-bạt-ma)
986-988     Lưu Kế Tông
989-997     Vijaya shri Harivarman II (Dịch-lợi Băng-vương-la)
997-1007   Yan Pu Ku Vijaya Shri (Thất-ly Bì-xà-da-bạt-ma)
1007-1010  Harivarman III (Dịch-lợi Ha-lê-bạt-ma)
1010-1018  Paramesvara Varman II (Thi Nặc Bài Ma Diệp)
1020-1030  Vikranta Varman II (Thi Nặc Bài Ma Diệp)
1030-1044  Jaya Simhavarman II (Sạ Đẩu)

 


Cette foi bouddhique commença à s’ébranler sérieusement face à l’invasion des gens du Nord (les Vietnamiens) qui venaient d’être libérés du joug d’oppression chinois. Ceux-ci, dirigés par le nouveau roi Lê Đại Hành n’hésitèrent pas à saccager la capitale Indrapura en 982 après que le roi des Cham Parameçvaravarman I (Ba Mĩ Thuế) avait retenu par maladresse et pour une raison inconnue deux émissaires vietnamiens Từ Mục et Ngô Tử Canh et  soutenu ouvertement Ngô Tiên, fils du roi libérateur de la nation vietnamienne, Ngô Quyền dans la lutte du pouvoir. Le bouddhisme mahayana ne permit pas aux rois cham de retrouver tout ce dont ils avaient besoin dans leur lutte contre les ennemis vietnamiens. Ils commencèrent à douter de la sagesse de cette religion lorsque cette dernière n’arriva pas à séduire jusqu’alors la population locale. Elle continua à rester la religion d’élection personnelle des élites et de leurs rois cham. Ceux-ci préférèrent retrouver désormais leur salut dans l’adoration de leur dieu destructeur Shiva afin de mieux protéger leurs victoires et de leur permettre de résister tant bien que mal aux envahisseurs étrangers (Chinois, Môn, Khmers et Vietnamiens) dans la création, le maintien et la survie de leur nation.

Leur belligérance sempiternelle inspirée probablement par le shivaïsme devint un argument de poids et une justification légitime d’abord pour les Chinois suivis ensuite par les Vietnamiens de mener des interventions militaires et d’annexer progressivement leur territoire dans la marche vers le Sud (Nam Tiến).

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Référence bibliographique


Du khảo Văn Hoá Chăm – Pérégrinations culturelles au Chămpa (Nguyễn văn Kự- Ngô văn Doanh- Andrew Hardy) Ecole française d’Extrême Orient
L’art du Chămpa Jean François Hubert
Boisselier, Jean (1984). ‘Un bronze de Tara du Musee de Đà-Nẵng et son importance pour l’histoire de l’art du Champa’. Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient (BEFEO), 73(1984):319-38.
Chuttiwongs, Nandana (2005). ‘Le Bouddhism du Champa.’ Trésors d’art du Vietnam: La Sculpture du Champa, V-XV siècle (eds. Pierre Baptiste and Thierry Zéphir), Page 65-87. Paris: Musée Guimet.
Ngô Văn Doanh (1980). ‘Về pho tượng đồng phát hiện năm 1978 tại Đồng Dương (Quảng Nam-Đà Nẵng)’. Những Phát hiện mới về Khảo cổ học năm 1979, trang 195-96. Hà Nội: Nxb. Khoa học Xã hội.
Glossaire


Avalokitesvara: nom d’un bodhisattva représentant l’infinie compassion du Bouddha.
Bodhisattva: être destiné à l’éveil ( Bồ tát)
Dharma: loi morale (Đạo pháp)
Lokesvara: seigneur du monde. Désignation d’un bouddha ou Avalokistesvara.
Mandapa: édifice religieux à colonnes dans l’enceinte du temple.
Tara: celle qui sauve. Contrepartie féminine d’Avalokitesvara. Très vénérée en Inde et au Tibet.
Vishnu: Dieu qui maintient le monde entre sa création par Brahma et sa destruction par Shiva.

Bouddhisme du Chămpa (2è partie)

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Version vietnamienne

Bouddhisme du Chămpa

La découverte d’un grand nombre d’éléments mahàyaniques, en particulier des statues de la divinité Avalokitesvara,  l’icône la plus populaire et la plus adulée du bouddhisme mahàyàna, marque incontestablement l’affermissement de son implantation et de sa doctrine au Champa et témoigne de la bienveillance des souverains chams. Cet égard particulier royal lui permet de demeurer ainsi une religion de second plan vivant durant quelques siècles dans l’ombre de l’hindouisme et d’attendre patiemment son heure de gloire et de rayonnement. C’est aux VIIIème et IXème siècles qu’après avoir embrassé certains pays comme l’empire khmer et les royaumes de Crivijaya et de Cailendra, le bouddhisme mahàyanà trouva son plein épanouissement en concordance avec l’arrivée de la nouvelle lignée dirigeante Bhrgu en la personne de Indravarman II. C’est aussi dans les annales chinoises (Tân Đường Thư par exemple) que le nom « Tchan-Tcheng » (ou Campapura ( Chiêm Thành en vietnamien )) fut apparu pour la première fois et remplaça désormais Huanwang (Hoàn Vương) qui était lié jusqu’alors à la lignée royale de Prathivindravarman du Sud (Kauthara)(Nha Trang).

Ayant transféré la capitale à Indrapura (près de Hội An) (ou Faifo) dans la région d’Amaràvati (Quảng Nam et Quảng Ngãi), Indravarman II porta particulièrement une inclinaison personnelle vers le bouddhisme mahàyàna malgré le maintien du sivaïsme comme la religion d’état. On ne peut pas ignorer que le roi Indravarman II a eu l’occasion de rappeler dans ses inscriptions royales que la souveraineté sur le Champa lui a été venue grâce à la seule faveur du destin et grâce aux mérites acquis dans de nombreuses existences antérieures. Il semble qu’à travers cet enseignement, il soit plus ou moins attaché à la doctrine du bouddhisme, en particulier à l’accomplissement de la propagation du dharma, plus que tout autre roi cham qui trouve son salut dans l’union avec Shiva. Selon Georges Coedès, il aurait été désigné par Vikrântavarman III, mort sans postérité, à la demande des grands sages du royaume. Ce qu’on retient de ce roi, c’est sa ferveur bouddhique, sa sagesse inouïe, sa foi inébranlable à l’égard de Lokesvara ( Seigneur du Monde). Il fit élever en 875 dans sa capitale d’Indrapura sur le site Đồng Dương, un temple bouddhique important non loin du sanctuaire Mỹ Sơn où résidait le dieu national Siva Bhadresvara et le consacra entièrement à son dieu personnel qu’est Laksmindra-Lokesvaravuongtrieu_indrapura

On voit aussi dans le choix du nom de ce temple un usage pratiqué désormais par les souverains cham en associant toujours le nom de la divinité protectrice à celui du donateur de l’établissement. Malgré le culte primordial de Shiva pour ses pouvoirs dévastateurs et ses victoires éclatantes dans la protection du royaume, la vénération de Lokesvara représentant un bouddha ou Avalokitesvara (un bodhisattva) symbolise non seulement la paix et la bienveillance mais aussi la protection de cette divinité sur le pays et ses habitants si bien que l’hindouisme et le bouddhisme quoique différents au niveau philosophique et religieux peuvent coexister désormais au Champa. Selon l’archéologue français Henri Parmentier, le site bouddhique Đồng Dương semble englober également la résidence du roi située à l’emplacement qu’on désigne aujourd’hui sous le nom de « ao vuông (mare en forme de carré) ». ll paraît qu’il existe un courant d’eau secret pouvant communiquer avec un puits situé à un kilomètre dans la direction est du site. La construction de celui-ci témoigne d’une volonté d’innovation dans le regroupement de nombreux édifices isolés au sein d’une imposante réalisation architecturale où la présence des influences chinoise et indienne est indéniable.

C’est ce qu’on découvre dans le plan général de ce site. On découvre dans son architecture et sa sculpture certains aspects de l’emprunt de l’art chinois au niveau de la monumentalité et de la puissance tandis que dans la composition des scènes liturgiques et des panneaux de narration il y a une fidélité irréprochable aux conventions décoratives trouvées dans les temples de l’ouest de l’Inde.

L’édification de ce site se développe selon un axe est-ouest long de 1300 mètres  avec de nombreux bâtiments en brique répartis dans les trois enceintes successives dont chacune est commandée par un pavillon d’entrée aux redoutables et terrifiants gardiens en pierre (dvàrapàla). Selon la description de Henri Parmentier, c’est dans la moitié de la première enceinte occidentale qu’il trouva en 1905 le sanctuaire (1) le plus important abritant probablement la statue de Laksmindra-Lokesvara auquel le site fut consacré en 875 par le roi Indravarman II. Ce sanctuaire principal est précédé par une tour ouverte aux quatre orients (tháp sáng) et entourée de 9 templions répartis dans une disposition bien ordonnée. Pour la plupart des chercheurs vietnamiens, le grand chef d’oeuvre de l’art du bronze qu’un paysan trouva par hasard en 1978 en cherchant à ramasser quelques briques dans les ruines proches de la première enceinte et qu’on désigne souvent sous le nom de Tara (Phật mẫu Tara), n’est autre que la statue de Laksmindra-Lokesvara (Quan Âm chuẩn đề). Il s’agit bien de Avalokitesvara ayant une apparence féminine sous la formedu Bodhisattva (Bồ tát Quán Thế Âm) car dans ses deux mains on retrouva au moment de sa découverte, un lotus et une conque. 

[Bouddhisme du Champa: Troisième partie]

 

 

Bouddhisme du Chămpa (1ère partie)

 

Version vietnamienne

Malgré l’adoption de l’hindouisme comme la religion par les Cham au début de la création de leur nation, le bouddhisme ne manquait pas de faire preuve de son influence notable auprès de leurs élites locaux et leurs dirigeants. Ceux-ci trouvaient dans cette religion un grand nombre d’avantages leur permettant de renforcer non seulement leur légitimité et leur pouvoir mais aussi une touche de divinité indispensable dans leur gouvernance à travers les notions de dharmarajà (Roi vertueux) et de cakravartin (Monarque universel).

Étant censés d’incarner la puissance du dharma, ils étaient investis du mandat sacré de veiller au maintien de l’ordre et de la foi religieuse dans leur royaume.  Ils étaient attachés à la nature divine que la mission leur a octroyée. Analogues aux rois khmers, ils accordaient une importance particulière à leur déification de manière qu’on trouve dans leur nom posthume celui de la divinité suprême  en vue d’être égal à Bouddha sous la forme de Bodhisattva. C’est le cas du roi Indravarman II avec son nom posthume « Paramabuddhaloka » ( Phật hiệu) . Ils devenaient ainsi des « supra humains » parmi les hommes même s’ils n’étaient pas issus d’origine divine. Le bouddhisme ne tarda pas à les séduire et à les faire adhérer à ses aspects fondamentaux : son esprit tolérant, son caractère libéral, son agrégation à la culture locale, son accent mis sur la moralité. Ils firent venir les missionnaires religieux via des navires de commerce car le Champa attira très tôt les commerçants indiens. Il était réputé depuis longtemps pour ses produits forestiers (bois d’aigle, ivoire, épices etc..). On ne connait pas avec exactitude la date d’introduction du bouddhisme au Champa mais on sait que selon les annales chinoises, il connut la prospérité en 605 de notre ère, date à laquelle l’armée chinoise du général Lieou Fang (Lưu Phương) de la dynastie des Sui (nhà Tùy) pilla la capitale du Champa Điển Xung sous le règne du roi Cambhuvarman ( Phàn Chí en vietnamien ) et emporta avec elle 1350 textes bouddhiques rassemblés en 564 volumes après avoir reconquis le Tonkin. 

Dynastie Indrapura

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La présence du bouddhisme devrait être perceptible très tôt au Champa comme au Vietnam par voie maritime car selon l’érudit vietnamien Phan Lạc Tuyên, les bonzes indiens furent venus au Vietnam au début de l’ère chrétienne en se basant sur l’histoire du Chu Đồng Tử qui s’était initié au bouddhisme lors de sa rencontre avec un bonze indien. Les missionnaires religieux devaient débarquer au Champa avant de pouvoir rejoindre le Giao Chỉ (ou Vietnam) et la Chine. 

Sous l’égide de ses dirigeants, le Champa favorisa très tôt l’implantation du bouddhisme car il fut mentionné déjà par le moine célèbre Yijing (Nghĩa Tịnh) lors du retour de son voyage maritime dans l’Insulinde comme l’un des pays de l’Asie du Sud Est tenant en haute estime la doctrine du Bouddha à la fin du VIIème siècle sous le règne Wu Ze Tian ( Vũ Tắc Thiên ) de la dynastie des Tang (Nhà Đường). Grâce aux vestiges archéologiques trouvés dans le centre du Vietnam, on sait maintenant que le bouddhisme mahayàna ( Phật giáo Đại Thừa ) prit pied au cours de la seconde moitié du VII ème siècle et donna naissance à des modèles inédits de Bodhisattva alliant la tradition locale et les éléments stylistiques venus de l’étranger et servant désormais de référence dans tout le pays. 

[ Bouddhisme du Champa: deuxième partie]

[ Bouddhisme du Champa: troisième partie]

 

 

 

Sanctuaire Po Nagar (2ème partie)

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Tháp chính

Có chiều cao là 22 mét 8, tháp chính hay kalan này là một trong những tòa tháp cao nhất trong kiến ​​trúc Chàm. Phong cách của tháp được coi là phong cách trung gian giữa phong cách Mỹ Sơn A-1 và phong cách Bình Định (thế kỷ 11 – 12). Nó được phân biệt bởi một nền vuông và một mái ba tầng hình chóp nhọn. Nó được trang trí rất công phu và được bảo tồn cho đến ngày nay nên không thể nào  không chiêm ngưỡng được vẻ đẹp và lộng lẫy của nó mặc dù có thể nhìn thấy  thiếu cái đỉnh (kailasa),  nơi mà thần Shiva ngự trị. Một trong những đặc điểm của mái tháp  này là sự hiện diện của các con vật bằng đá (vahana) (dê ở tầng một, ngỗng (hamsa) ở tầng hai và voi ở tầng trên cùng).

Phần thân của lăng (kalan) được bao bọc bởi đôi cột  trụ  tường  hình chữ nhật không có trang trí, phần dưới của nó  thì  có đôi  vòm được trang trí bằng những cánh hoa sen. Vòm của những cánh cửa giả là một mô hình rất độc đáo. Một hình người được chạm khắc và hầu như không thể nhìn thấy rỏ  được tìm thấy ở trong mỗi cánh cửa giả.

Tiền đình vẫn còn nguyên vẹn. Ở mức độ của các chồng trụ, chúng ta tìm thấy các dòng chữ hoàng gia được  chạm khắc có niên đại từ thế kỷ 11 đến thế kỷ 15 và liên quan đến danh sách các lễ vật dành cho nữ thần. Nhờ các văn bia, chúng ta được biết rằng vào năm 1064, vua Rudravarman III đã khôi phục lại tiền đình và nơi đặt nữ thần khiêu vũ Uma với bốn cánh tay của bà. Bên trong của tháp, ngoài tượng nữ thần ngồi trên đài sen được chôn trên bệ yoni, không chỉ có hai cánh cửa gỗ lim nguyên vẹn thời kỳ còn nước Chiêm Thành mà còn có hai tượng voi bằng gỗ được đặt ở cuối góc tường. Đây là những tác phẩm điêu khắc chàm duy nhất có niên đại từ thế kỷ 8 đến thế kỷ 9 và vẫn còn đứng vững cho đến ngày hôm nay.

Đền phía nam

Dù đã xuống cấp theo thời gian nhưng mái đền vẫn giữ được nét duyên dáng và là một mô hình rất nguyên bản và độc đáo trong nghệ thuật Chămpa. Nó được xây dựng bởi senapati (hay tướng) Par của vua Harivarman để làm một ngôi đền của Sandhakalinga (một linga lưỡng tính) và để  giới thiệu  hai thần Shiva và Bhagavarti dưới dạng một mukhalinga, một nửa thần, một nửa nữ thần. Để đáp lại hình thức hợp nhất của hai vị thần nam nữ này, chúng ta thấy được  sự thích nghi trong việc xây dựng thông qua ngôi đền này. Tòa nhà này có hai phần: thân vuông gắn liền với tiền đình và mái vòm thì có bố cục gợi nhớ đến Hưng Thạnh và Bằng An.

Thân của ngôi đền này tương đối thấp và có ba cửa giả được trang trí bằng sáu mũi nhọn xếp chồng lên nhau có kích thước tăng dần về phía dưới. Có đường viền hình hoa sen ngang với bệ của nó. Toàn bộ phần đế của kalan này được trang trí bằng những cánh hoa sen khắc trong các hình vuông. Tiền đình của nó khá dài và có trán tường cao lên.

Nhờ các dòng chữ chàm, người ta biết rằng các tháp Đông Nam và Tây Bắc được xây dựng bởi thống đốc của Panduranga và tổng tư lệnh Senapati Par hay Parraun của vua Harivarman, một tháp cho vị thần Sri Maladakuthara (một dạng khác của Bhagavati) và một cái tháp khác cho Sri Vinayaka (Ganesa) (vị thần có đầu voi). Vị thần Maladakuthara được gọi là nữ thần nhỏ (yan pu aneh) được xem là con gái của nữ thần Po Nagar vĩ đại.

Đây cũng là lý do tại sao tháp Đông Nam được đặt bên cạnh Bhagavarti (kalan chính) và Shivalinga (đền phía nam)

Version française

Thánh Mẫu Thiên Y A Na

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Le kalan principal

Avec ses 22,8 mètres de haut, ce kalan principal est l’une des plus hautes tours dans l’architecture chame. Son style est considéré comme le style intermédiaire entre le style Mỹ Sơn A-1 et celui de Bình Định (XIème-XIIème siècle). Il se distingue par une base carrée et une toiture effilée à trois étages. Celle-ci est tellement ornée et conservée jusqu’à nos jours qu’il est impossible de ne pas apprécier sa beauté et sa splendeur malgré l’absence visible de la crête (kailasa ou la résidence de Shiva). L’une des caractéristiques de cette toiture est la présence des animaux en pierre (vahana) (des chèvres au premier étage, des oies (hamsa) au deuxième étage et des éléphants au dernier étage).

Le temple du Sudponagar3

Malgré la dégradation de sa toiture au fil du temps, il continue à garder son charme et il est un modèle très original et unique dans l’art du Champa. Il fut construit par le Senapati (1) Par du roi Harivarman dans le but de faire un temple du Sandhakalinga (un linga hermaphrodite) et de présenter ensemble Siva et Bhagavarti sous la forme d’un mukhalinga, mi-dieu, mi déesse. Afin de répondre à cette forme fusionnelle de ces deux divinités masculine et féminine, on voit apparaître une nouvelle adaptation de construction à travers ce temple. Il y a dans cet édifice deux parties: le corps carré rattaché au vestibule et la toiture bombée dont la composition rappelle celles de Hưng Thạnh et de Bằng An.

Le corps de ce temple est relativement bas et possède trois fausses portes ornées de six fers de lance superposées dont la grandeur croit vers le fond. On trouve au niveau de son piédestal des bordures en forme de fleur de lotus. Tout le socle de ce kalan est orné de pétales de lotus gravés dans des carrés.

Son vestibule est assez long et a un fronton surélevé.

Grâce aux inscriptions chames, on sait que les tours Sud-Est et Nord-Ouest ont été construites par le gouverneur de Panduranga et commandant en chef Senapati Par ou Parraun du roi Harivarman, l’une pour la divinité Sri Maladakuthara (autre forme de Bhagavati) et l’autre pour Sri Vinayaka (Ganesa)(2). La divinité Maladakuthara appelée comme la petite déesse (yan pu aneh) était présentée comme la fille de la grande déesse de Pô Nagar.

Temple du Sud-Est

C’est aussi l’une des raisons qui ponagar4explique que la tour du Sud Est était placée à côté de Bhagavarti (kalan principal) et du Sivalinga (temple du Sud).  

Références bibliographiques.danseuse

Les ruines Cham. A la recherche d’une civilisation éteinte. Trần Kỳ Phương. Editeur Thế Giới 1993

Po Nagar de Nha Trang. Anne-Valérie Schweyer. Aséanie 14, Décembre 2004, p. 109-140

Pérégrinations culturelles au Champa. Nguyễn Văn Kự- Ngô Văn Doanh. Editeurs EFEO- Thế Giới Publishers 2005.

Văn Hóa Cổ Chămpa. Ngô Văn Doanh. Editeur Nhà Xuất Bản Văn Hóa Dân Tộc 2002.


(1) senapati: général (tướng)
(2) Ganesa: Nom du dieu à tête d’éléphant. Il est le fils de Pârvatî, la parèdre de Shiva.

Sanctuaire Po Nagar (1ere partie)

Thánh Địa Po Nagar

Version française

Thánh địa này là điểm tham quan không thể bỏ qua được  đối với những ai có cơ hội đến Nha Trang, một khu an dưỡng độc nhất của Việt Nam. Tọa lạc trên một ngọn đồi  ở cửa sông Cái, được xây dựng liên tục từ thế kỷ 8 đến thế kỷ 13 theo các bia ký được tìm thấy ở nơi nầy. Sự xuất hiện thánh địa này ở vương quốc Champa có liên quan đến những xáo trộn mà Champa đã trải qua vào thế kỷ thứ 8. Vương quốc Champa trên thực tế là một liên bang của một số bang hay đúng hơn là « các thành-bang » mà quyền lực mạnh nhất trong số đó đóng vai trò « thủ lĩnh » (vai trò chủ đạo). Với sự ra đời của một triều đại mới thì  pura của nó (hay là thành-bang) được  đứng lên hàng đầu và do đó trở thành thủ đô của vương quốc. Nhờ các tài liệu lịch sử của Trung Quốc và các bia ký của người Chăm, chúng ta biết rằng cho đến đầu thế kỷ thứ 7, pura (hay thành-bang) Singhapura (gọi là thành sư tử) ở Trà Kiệu (thuộc huyện Duy Xuyên, tỉnh hiện nay. Quảng Nam) chiếm được ưu thế.

Vào thời điểm đó, dòng dõi hoàng gia của phương Bắc vẫn được bảo vệ bởi nam thần Bhadresvara, một  tượng dương vật trưng có một hình thức nhân từ của thần Shiva, được tôn vinh trong thánh địa linh thiêng nhất Mỹ Sơn. Một dòng dõi hoàng gia không bao lâu trước đó mới được thu nhận vào giữa thế kỷ thứ 8 ở phía nam Vương quốc Champa (Kauthara) và cần có một vị thần khác để bảo vệ họ. Các vùng Trà Kiệu và Mỹ Sơn thuộc tỉnh Quảng Nam hiện nay (tỉnh chàm của Amaravâti) do đó mất tầm quan trọng so với Khánh Hòa (đồng bằng Nha Trang) và Ninh Thuận (vùng Phan Rang). Mặc dù trung tâm quyền lực chính trị của nó (Virapura) cho đến nay vẫn chưa được tìm thấy, nhưng được cho là nằm ở đâu đó trong vùng lân cận của Phan Rang. Mặt khác, chúng ta chắc chắn rằng một sự kiện chính trị lớn đã diễn ra ở phía nam của vương quốc này vì nó hoàn toàn phù hợp với năm 758 được ghi trong biên niên sử Trung Quốc để đánh dấu sự khởi đầu của thời kỳ Huanwang (hay Hoàn Vương) được tồn tại khoảng chừng 100 năm. Lin Yi (hay Lâm Ấp), tên cổ được đặt cho vương quốc này, không còn được sử dụng và được thay thế bằng Huanwang trong các văn bản Trung Quốc. Vị thần này là một tượng dương vật có một khuôn mặt và được tôn vinh trong đền thờ Po Nagar linh thiêng ơở  bên cạnh bờ biển. Vị thần nầy rõ ràng là nữ tính và được giới thiệu là shakti  của thần Shiva, tên là Bhagavati.

Bất chấp có dấu hiệu   để qua một bên dòng dõi Prathivindravarman từ phương Nam, được báo cáo trong biên niên sử Trung Quốc vào năm 859 và việc dòng họ Bhrgu ở phía bắc vương quốc, Indrapura (gần Hội An) chiếm đoạt quyền lực tối cao vào năm 875 với vị vua mới là Indravarman II.  Vị thần của Nha Trang ở Kauthara tiếp tục được tôn làm nữ thần bảo trợ của vương quốc. Điều này cho thấy ý chí của dòng dõi Bhrgu trong việc sát nhập nữ  thần vào một hệ thống tôn giáo nhất quán mà, dựa trên sự tôn kính thần Bhadresvara (thánh địa Mỹ Sơn) cho đến giờ, lại công nhận một vị trí bổ sung cho nữ thần Bhagavarti. Tính lưỡng cực tôn giáo  dựa trên thần Bhadresvara ở Mỹ Sơn và nữ thần Bhagavati ở Nha Trang giờ đây sẽ được áp đặt trên toàn vương quốc. Sự tôn kính Bhagavarti không chỉ phù hợp với tầm quan trọng đối với hệ thống mẫu hệ được người Chăm áp dụng mà còn có  sự thống nhất mà người Chăm cần vào thời điểm này khi đối mặt với các kẻ thù của họ (người Việt, người Khơ Me và người Chà Và).

Để thích nghi với một môi trường tự nhiên xa lạ mà nơi có các bảo tháp và công trình tôn giáo của người Chăm mang đậm dấu ấn văn hóa Ấn Độ hiện ra rất kỳ lạ, đáng sợ và huyền bí với những bức tượng thần Brahma, Shiva, Vishnu và Po Nagar, những người  dân Việt mới đến nơi này buộc lòng  phải  tạo ra một lối sống thích nghi với môi trường văn hóa mới của họ. Họ đã không ngần ngại sử dụng những nơi có dấu tích văn hóa Chàm để  biến chuyển vào thế giới tâm linh  và làm nơi thờ tự của họ. Họ đang cố gắng thiết lập sự hài hòa giữa sức mạnh siêu nhiên và thời gian ở  các lãnh thổ mà họ đã chinh phục được. Vì sợ quấy rầy  những thần linh  địa phương có khả năng mang lại cho họ một cuộc sống tồi tệ, họ chiếm đoạt đôi khi những nơi thờ cúng của những người đã chết hoặc của những người dân địa phương. Đó là trường hợp thánh địa Pô Nagar nơi mà nữ thần Chăm Uma được người dân Việt giành lại sở hữu và không ngần ngại biến chuyển  truyền thuyết Po Nagar thành truyền thuyết của mình và  được dàn xếp  lại theo cách riêng tư nhưng dù sao họ cũng không xóa bỏ được hết nền tảng của truyền thuyết Chàm. Nữ thần của Chiêm Thành do đó trở thành Thiên Y A Na (hay Thiên Y Thánh Mẫu) của người dân Việt. Sự chiếm đoạt sở hữu  này còn được thấy ở những địa danh khác của Việt Nam trong cuộc Nam Tiến: Bà Đen ở Tây Ninh hay nữ thần Chúa Xứ ở núi Sam (Châu Đốc).

Trong bản kiểm kê các tháp chàm nằm ở  thánh địa Pô Nagar, nhà khảo cổ học người Pháp Henri Parmentier có xác định được hàng chục tòa nhà thờ cúng tập hợp chung lại với nhau trên một diện tích năm trăm mét vuông  trên đỉnh một ngọn đồi. Do thời tiết khắc nghiệt và chiến tranh, chỉ còn lại hiện nay năm tòa nhà được  phân phối ở hai cấp. Trên đỉnh có hai dãy tháp, dãy thứ nhất gồm ba ngọn tháp từ bắc xuống nam: tháp chính thờ nữ thần Yan Pu Nagara (hay Thiên Y A Na), một đền ở phía nam và một tháp phía  ở đông nam.

Về dãy thứ hai, chỉ còn lại một tháp có mái cong hình yên ngựa thờ các con của Thiên Y A Na. Trước tháp chính ở hàng thứ nhất, ở tầng thấp hơn, lại có một mandapa không có tường,  được tạo ra thành hai hàng gồm mười cột gạch hình bát giác mỗi hàng, cao ba mét và đường kính hơn một mét và được bao quanh bởi mười bốn cột tương tự với kích thước nhỏ hơn. Những chiếc cột này nhằm mục đích nâng đỡ một mái nhà dưới dạng một chiếc vỏ thuyền bị lật, cấu trúc của nó được làm bằng gỗ. Mandapa này được xây dựng bởi Senapati Par và được nhắc đến trong tấm bia do vị tướng của vua Harivarman này dựng vào năm 817. Nó được nối với tháp chính bằng một cầu thang bằng gạch. Loại công trình này được tìm thấy ở các di chỉ Chăm khác: Mỹ Sơn (Đã Nẵng), Po Kloong Garai (Phan Rang) hay Bánh Ít (Bình Định). Theo Henri Parmentier, bên cạnh những tòa nhà bằng gạch này, có  một ngôi đền bằng gỗ (hay bimong trong tiếng Chàm) được coi là một kho chứa đồ cúng.

Nhờ các văn khắc Chàm, chúng ta biết rằng vào năm 774, thánh địa tôn giáo Pô Nagar, được xây dựng bằng gỗ, bị cướp phá và phá hủy bởi người Chà Và (Java). Những người  này được đề cập đến  đ ể  chỉ tất cả các dân cư của biển nam, tức là các quốc gia ở quần đảo và bán đảo Mã Lai. Thánh địa nầy được xây dựng lại vào năm 784 bằng gạch và đá bởi vua Satyavarman. Sau đó vào khoảng giữa thế kỷ thứ 10, địa danh Nha Trang bị cướp phá bởi người Khơ Me với một bia ký nói về chiến lợi phẩm (tượng vàng) lấy được của  nữ thần Bhagavati. Tượng này được đặt lại vào năm 965  và thay thế bằng một bức tượng đá bởi vua Indravarman. Bức tượng thế kỷ thứ 10 dưới thời trị vì của Vua Jaya Paramesvaravarman có thể là bức tượng vẫn còn được nhìn thấy ngày nay trong tháp chính, nhưng đầu của tượng đã được phục chế lại theo phong cách Việt Nam.

Version française

Ce sanctuaire est un passage obligé pour ceux qui ont l’occasion de visiter Nha Trang, la station balnéaire la plus huppée du Vietnam. Situé sur une colline à l’embouchure de la rivière Cái, il fut construit sans interruption du VIIIème au XIIIème siècle selon les inscriptions trouvées sur place. L’apparition de ce sanctuaire dans le royaume du Champa est liée aux tumultes qu’a connus le Champa au VIIIème siècle. Le royaume du Champa est en fait une fédération de plusieurs états ou plutôt « cité-états » dont la plus puissante joue le rôle de « leader » (vai trò chủ đạo). À l’avènement d’une nouvelle dynastie, son pura accède au premier rang et devient ainsi la capitale du royaume. Grâce aux documents historiques chinois et aux inscriptions chames, on sait que jusqu’au début du VIIème siècle, le pura (ou cité-état) de Singhapura (citadelle du lion) à Trà Kiệu (dans le district actuel de Duy Xuyên, province de Quảng Nam) prédomina.

A cette époque, la lignée royale du Nord était toujours protégée par la divinité masculine Bhadresvara, un linga représentant une forme bienveillante de Shiva honorée dans le sanctuaire le plus sacré de Mỹ Sơn. Une nouvelle lignée royale ne tarda pas à se faire reconnaître au milieu du VIIIème siècle dans le sud du royaume du Champa (Kauthara) et eut besoin d’une autre divinité pour la protéger. La région de Trà Kiệu et de Mỹ Sơn appartenant à la province actuelle Quảng Nam (province chame d’Amaravâti) perdit ainsi son importance au profit de Khánh Hòa (plaine de Nha Trang) et de Ninh Thuận (région de Phan Rang). Bien qu’on n’arrive pas à localiser jusqu’à aujourd’hui son centre politique du pouvoir (Virapura), on prétend qu’il est quelque part dans les environs de Phan Rang. Par contre, on est certain qu’un événement politique majeur a eu lieu dans le sud de ce royaume car cela est en parfait accord avec la date de 758 fournie dans les annales chinoises pour marquer le début de la période Huanwang (ou Hoàn Vương en vietnamien) durant à peu près 100 ans. Lin Yi (ou Lâm Ấp en vietnamien), l’ancien nom donné à ce royaume, n’est plus utilisé et il est remplacé par Huanwang dans les textes chinois. Cette divinité est un linga à un visage et est honorée dans le sanctuaire sacré Pô Nagar situé au bord de la mer. Elle est clairement féminine et présentée comme la shakti de Shiva, Bhagavati.

Malgré la mise en parenthèse de la lignée de Prathivindravarman du Sud rapportée dans les annales chinoises en 859 et la prise du pouvoir suprême par la lignée de Bhrgu dans le nord du royaume à Indrapura (près de Hội An) en 875 avec le nouveau roi Indravarman II, la divinité de Nha Trang dans le Kauthara continua à être honorée comme la déesse protectrice du royaume. Cela montre la volonté de la lignée de Bhrgu d’intégrer celle-ci dans un système religieux cohérent qui, basé jusqu’alors sur la vénération de Bhadresvara (sanctuaire de Mỹ Sơn) reconnaît une position de complémentarité à Bhagavarti. La bipolarité religieuse autour du dieu Bhadresvara à Mỹ Sơn et de la déesse Bhagavati à Nha Trang va s’imposer désormais sur l’ensemble du royaume. La vénération de Bhagavarti est conforme non seulement à l’importance accordée au système matrilinéaire adopté par les Chams mais aussi à l’unité dont les Chams avaient besoin à cette époque face à leurs ennemis (Vietnamiens, Khmers et Javanais).

Afin de s’acclimater à un milieu naturel peu familier où les stupas et les constructions religieuses des Chams portant la marque profonde de la culture indienne étaient visiblement étranges, effrayantes et mystérieuses avec les statues de Brahma, Shiva, Vishnu et Pô Nagar, ces nouveaux venus vietnamiens étaient obligés d’élaborer un mode de vie adapté à leur nouvel environnement culturel. Ils n’hésitaient pas à faire usage des vestiges de la culture Cham pour les transposer dans leur propre univers religieux et leurs propres lieux de culte. Ils tentaient d’établir une harmonie entre les puissances surnaturelles et temporelles des territoires qu’ils avaient réussi à conquérir. Craignant d’importuner des génies locaux capables de leur rendre une vie néfaste, ils s’étaient approprié parfois les lieux de culte des vaincus ou des gens locaux. C’est le cas du sanctuaire de Pô Nagar où la déesse du Champa Uma a été appropriée  par les Vietnamiens . Ceux-ci n’hésitaient pas à assimiler la légende de Po Nagar dans une mythologie arrangée à leur manière sans réussir à effacer le substrat cham du mythe. La déesse du Champa devenait ainsi Thiên Y A Na (Thiên Y Thánh Mẫu) des Vietnamiens. Cette appropriation se renouvelle à d’autres endroits du Vietnam lors de la marche vers le Sud: la Dame Noire à Tây Ninh ou la déesse Chúa Xứ au mont Sam (Châu Đốc).

Dans son inventaire des tours chames situées sur le site Pô Nagar, l’archéologue français Henri Parmentier a recensé une douzaine d’édifices de culte groupés dans une aire de 500 m2 au sommet d’une colline. À cause des intempéries et de la guerre, il ne reste que 5 édifices répartis sur deux niveaux de construction. On trouve au sommet deux rangées de tours dont la première est composée de trois tours du nord au sud: la tour principale dédiée à la déesse Yan Pu Nagara (ou Thiên Y A Na en vietnamien), le temple du sud et le kalan du sud-est.

Quant à la deuxième rangée, il reste seulement une tour à toiture recourbée en forme de selle et dédiée aux enfants de Thiên Y A Na. En face de la tour principale de la première rangée, au niveau inférieur, se dresse un mandapa non muré et constitué de deux rangées de dix colonnes octogonales en brique, mesurant chacune trois mètres de hauteur et plus d’un mètre de diamètre et entourées par quatorze colonnes similaires de taille moins importante. Ces colonnes étaient destinées à supporter un toit en forme de coque de bateau renversée dont la structure était en bois. Ce mandapa a été construit par Senapati Par et mentionné dans les stèles élevées par ce général du roi Harivarman en 817. Il était relié à la tour principale par un escalier en briques. Ce type d’édifice se retrouve sur d’autres sites chams: Mỹ Sơn (Đã Nẵng), Po Kloong Garai (Phan Rang) ou Bánh Ít (Bình Định). Selon Henri Parmentier, il existait à côté de ces édifices en briques, un temple en bois (ou bimong en cham) qui était en quelque sorte un reposoir pour les offrandes.

Grâce aux inscriptions chames, on apprend qu’en 774, le sanctuaire religieux de Pô Nagar construit en bois fut pillé et détruit par les Javanais (Chà Và en vietnamien). Ceux-ci désignent l’ensemble des populations des mers du Sud càd le pays de l’archipel et de la péninsule Malaise. Il fut reconstruit en 784 en briques et en pierre par le roi Satyavarman. Puis vers le milieu du Xème siècle, le site de Nha Trang fut mis à sac par les Khmers dont les inscriptions parlaient du butin (statue en or) pris à la déesse Bhagavati. Celle-ci fut réinstallée en 965 par le remplacement d’une statue en pierre par le roi Indravarman. La statue du Xème siècle sous le règne du roi Jaya Paramesvaravarman pourrait être celle que l’on peut voir encore aujourd’hui dans la tour principale mais sa tête fut restaurée à la façon vietnamienne.

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À la recherche de la civilisation éteinte (3ème partie)

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Troisième partie

Les temples et les tours Chàm sont construits avec des briques en terre cuite. Celles-ci sont associées à des ornements en grès: jambages, pilastres, linteaux, antes etc .. De dimensions variées, ces briques dont les formes sont souvent parallélépipédiques sont chauffées à petit feu. Malgré l’absence du mortier, elles continuent à rester soudées les unes des autres au fil des siècles, ce qui permet aux tours et aux temples de résister tant bien que mal aux attaques des intempéries. Cela constitue encore une énigme pour la plupart des scientifiques et cela prouve que la technique de fabrication et d’utilisation des briques a atteint chez les Chàms un très haut niveau. 

Par contre, selon un grand chercheur vietnamien, spécialiste de l’art Chàm, Trần Kỳ Phương, l’extraordinaire solidité de ces énormes blocs de briques agrégés entre eux provient de l’utilisation d’un mélange d’huile (dầu rái) (résine de Pipterocarpus Alatus Roxb) et de la chaux provenant de la cuisson des coquillages et de la poudre de brique. D’autres chercheurs n’hésitent pas à reprendre la vieille idée qui est pourtant abandonnée depuis longtemps. C’est celle d’une cuisson de l’édifice tout entier en une seule fois. C’est l’hypothèse émise par un chercheur vietnamien Ngô Văn Doanh dans son ouvrage intitulé « La culture du Champa, Editions Culture et Informations, Hanoï , 1994 » (Văn Hóa Chămpa, Thông Tin , Hànội ).

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En admirant ces tours, le voyageur ne peut pas retenir sa tristesse de voir disparaître l’une des civilisations brillantes d’Indochine dans les tourbillons de l’histoire. C’est à nous, les Vietnamiens de redonner à ce peuple vaincu la place et la dignité qu’il mérite dans notre société et de lui montrer notre attachement à sa culture. C’est seulement dans cet esprit d’ouverture et de tolérance que le Vietnam est fier d’être une mosaïque de 54 ethnies. C’est un apport culturel inouï à notre richesse culturelle millénaire.


Références bibliographiques:

Introduction à l’étude de l’Annam et du Champa (Hanoi 1934). I.Y. Claèys
Les états hindouisés d’Indochine et d’Indonésie. (Paris 1948). G. Coedès.
Les ruines Cham. (Thế Giới, Hà Nội, 1993) (Trần Kỳ Phương).
Le royaume du Champa (Paris 1928) G. Maspéro
Indochine, carrefour des arts (Paris, 1981) B. Groslier.
Histoire du Việt-Nam (Hà Nội, 1957) Ðào Duy Anh (1)
La culture du Champa (Editions Culture et Informations, Hanoi, 1994) Ngô Văn Doanh

À la recherche de la civilisation éteinte (2ème partie)

 

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Deuxième partie

L’architecture chame est d’inspiration indienne. Les ouvrages architecturaux sont des ensembles comprenant un temple principal (ou kalan en langue chame) entouré de tours et de temples, le tout englobé dans une enceinte.

Les temples sont bâtis en forme de tour et en briques tandis que les linteaux, les bas-reliefs, les corniches, les tympans etc .., sont en grès. Les règles de la disposition des temples cham ont été bien définies. Cela doit refléter la cosmogonie hindoue. Après avoir érigé le temple-tour, les sculpteurs Chams commencent à exécuter des bas-reliefs sur les murs du temple. Ils se servent des motifs d’ornement comme feuille, fleur, animaux, génies etc … pour évoquer des sujets religieux.

Face au kalan, il y a toujours une tour-portique (gopura) faite de briques avec des colonnes de pierre. Devant celle-ci, se dresse le mandapa. Il s’agit d’un édifice tout en longueur, couvert de tuiles et percé de plusieurs fenêtres et de deux portes orientées suivant la direction est-ouest. C’est un endroit où les Chams ont besoin de méditer et de prier avant d’effectuer la cérémonie rituelle au kalan. Parfois, le mandapa est construit entre le kalan et la tour-portique. Trois types de mandapa ont été trouvés sur les sites chams:

1) mandapa muré et percé de plusieurs fenêtres (Mỹ Sơn)
2) mandapa non muré dont les colonnades supportent une toiture en tuiles (Pô Nagar Nha trang)
3) mandapa dont la toiture est supportée par les colonnes en bois (Pô Kloong Garai , Phan Rang) .

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Le kalan cham est le symbole de l’univers sacré en miniature. Il symbolise la montagne sacrée (meru) au centre de l’univers. C’est ici qu’on trouve le culte d’une divinité ou du couple linga-yoni. Il arrive parfois qu’il est aussi celui des ancêtres ou des rois et des reines sanctifiées. C’est le cas du kalan de Pô Kloong Garai (Phan Rang) ou celui de Pô Rômê (Ninh Thuận).

Sa construction est établie suivant un modèle bien précis: corps de la tour de forme carrée, toiture pyramidale à 3 étages, sommet très pointu en grès. Chaque kalan est composé de trois parties:

le socle ou piédestal symbolisant le monde matériel ou terrestre. (Bhurloka). On y trouve les gravures représentant fleurs, danseuses, animaux, fidèles en prières etc..
-le corps de la tour symbolisant le monde prémonitoire ( Bhurvaloka ). À ce niveau figurent les flammes, les danseuses célestes Apsara, les feuilles stylisées etc …
-la toiture symbolisant le monde spirituel ( Suarloka ). C’est aussi le monde des divinités. A ce niveau, il y a trois étages formant une pyramide et représentant Kailasa, la montagne sacrée de Shiva. Chaque étage comporte tous les éléments d’un temple décrit ci-dessus. Un bon nombre de toits de ces tours étaient à l’origine couverts de feuilles d’or ou d’argent.

1°) Style Mỹ Sơn E-1 (VIIIème siècle)
C’est le style où l’influence de l’art préangkorien est notable.

2°) Style Hoà Lai (VIII-IXème siècle). Simplicité des lignes, voûtes en console, richesse des décorations.

3°) Style Ðông Dương (IXème siècle)

On trouve dans ce style l’influence bouddhiste dominante avec les gardiens de porte, les Dharmapâla, les orants et les piédestaux.

À l’intérieur du kalan, se trouve toujours une salle carrée au milieu de laquelle se trouve la statue d’un génie ou d’un couple linga-yoni. Lors de la célébration du bain de la statue, l’évacuation d’eau en dehors du temple s’effectue grâce à une rigole entourant le socle et dont l’extrémité est orientée toujours vers le Nord.

On trouve toujours devant le kalan et à sa droite un dépôt d’objets de culte. C’est une construction en briques à toiture en coque de bateau renversé dont les fenêtres sont orientées vers la direction est-ouest et dont la porte principale est toujours tournée vers le Nord. Le kalan et ses dépendances sont entourés par une enceinte en briques se fermant à l’endroit de la tour-portique. En se basant sur la forme des voûtes, des pilastres, des corniches, des antes, des pièces angulaires et des motifs de décoration, Philippe Stern a proposé la classification suivante des sites Chàm:

4°) Style Mỹ Sơn A-1 (Xème siècle)
Celui-ci correspond à la période classique dans l’art Chàm avec les chefs-d’oeuvre tels que les danseuses du piédestal de Trà Kiêu du musée de Ðà Nẵng.

5°) Style Pô Nagar Nha Trang (XI-XIIème siècle)
C’est une transition entre les styles Mỹ Sơn A 1 et Bình Ðịnh.

6°) Style Bình Ðịnh (XII-XIIIème siècle)  C’est l’art baroque découvert lors des fouilles en 1934 sur un site de la province Bỉnh Ðịnh avec les animaux fantastiques dans un décor assez extravagant.

7°) Style Pô Kloong Garai (XIV-XVIème siècle)
Il y a plein de lacunes caractérisés par l’omission des significations iconographiques indiennes et la disparition progressive des jambes.Lire la suite (Tiếp theo)

 

À la recherche de la civilisation éteinte

 

Version vietnamienne

En s’appuyant sur des documents historiques chinois et vietnamiens, les deux chercheurs français Gaston Maspéro et George Coedès ont essayé de reconstituer la chronologie chame. Malgré d’importantes lacunes, la mention des Chams a été évoquée à l’époque où les habitants de la province de Tượng Lâm (Rinan) s’étaient soulevés contre la domination chinoise en 192 après J.C. pour fonder un état indépendant dont le territoire s’étendait du Quảng Bình jusqu’au Phan Rang. Cet état était réparti en quatre zones: Amaravati (de Quảng Bình à Quảng Nam), Vijaya (de Quảng Ngãi à Phú Yên), Kauthara (Khánh Hoà) et Panduranga (Phan Rang). Deux clans, celui du Nord (ou le clan des Narikelavamsa) (clan Dừa en vietnamien) et celui du Sud ( ou le clan des Kramukavamsa ) (clan Cau en vietnamien) qui par moments guerroyèrent, prirent les rênes du pouvoir par alternance. En fonction de leurs offrandes retrouvées, (noix de coco au Nord et noix d’arec au Sud), ils étaient appelés comme les mangeurs de coco au Nord et ceux d’arec au Sud. Ce pays dont la capitale était sans doute à Trà Kiệu (près de Ðà Nẵng) fut connu durant six siècles sous le nom de Lin Yi (Lâm Ấp) puis à partir de 758 sous celui de Houan Xang (Hoàn Vương). Le nom de Champa (Chiêm Thành ) provenant de la transcription sino-vietnamienne Champapura (cité des Chàms) fut cité pour la première fois en 875. C’était avec ce nom que ce royaume était mentionné maintes fois dans les conflits avec le Vietnam jusqu’à son annexion sous la dynastie des Lê avec le roi Lê Thánh Tôn.


Au début de son existence, ce royaume connut une période de prospérité. On vit la construction d’un grand nombre de temples et de sanctuaires dont le premier était celui du site de Mỹ Sơn (Belle Montagne) dédié au culte du linga du dieu roi Civa Bhadresvara par le grand souverain Bhadravarman, c’est ce qu’on a découvert dans les inscriptions écrites en sanskrit. Les fouilles récentes à Mỹ Sơn ont apporté la preuve que Mỹ Sơn n’était pas seulement un lieu de culte mais aussi la nécropole des rois Chàm après l’incinération. On dénombra deux grands ports où le commerce était très florissant: Ðại Chiêm dans la région de Hội An (Faifo) et Thị Nại (Bình Ðịnh)(Sri Bonei). 

Du IV au Vème siècle, ce royaume fut en conflit acharné avec les Chinois qui avaient annexé le Vietnam au nord du Col de Ðèo Ngang. Sa capitale Trà Kiệu connue sous le nom de Simhapura (cité du Lion) et située à 50km au sud-ouest de Ðà Nẵng, fut mise à sac vers 446. Le général chinois Tan Hezhi (Ðàn Hoà Chi) ramena  lors de cette expédition des statues en or pour une valeur totale de cent mille taëls d’or (environ 3600 kg). La prospérité de cette capitale ne fut plus mise en doute à la suite des découvertes d’un grand nombre d’objets en or finement travaillés pendant les années 80. La description détaillée de cette ville fut déjà mentionnée dans un ouvrage d’histoire chinois Shu Jing Zhu (Thủy Kinh Chú) du VIIème siècle après J. C. Elle a été confirmée par les fouilles en 1927-1928 sous la direction de l’archéologue français J. Y. Claèys de l’École française d’Extrême-Orient.

Du VIème au VIIIème siècle, ce royaume retrouva un essor économique et artistique par le biais des relations très développées avec l’Inde et le Tchenla (Chân Lạp) au Sud. On nota ainsi une introduction importante des objets étrangers dans l’art du Chămpa. Au VIIIème siècle, les Chams furent attaqués sans cesse par les Javanais. Ces derniers détruisirent en 774 le temple de Pô Nagar (Nha Trang) construit en bois par un roi légendaire Vichitrasagara.

Ce sanctuaire fut reconstruit à nouveau cette fois en brique par le roi Satyavarman Içvaraloka en 784. D’après ce qu’on a recueilli dans les inscriptions chames, avant le VIIème siècle, les temples et les tours étaient en bois mais ils ont été incendiés au cours des guerres. C’est seulement au VIIème siècle qu’on vit apparaître les temples et les tours en briques et en grès.

Dès sa montée sur le trône en 854, Indravarman II changea le nom de la capitale de Simhapura dans la région de Trà Kiệu en Indrapura (cité du Dieu de la foudre). Il fit édifier une cité sainte du bouddhisme à Ðồng Dương à 20km au sud de Trà Kiệu et rétablit de bonnes relations avec la Chine.

Au début du Xème siècle, sous le règne du roi Indravarman III, le royaume du Champa commença à tisser des relations étroites avec Java. Rien n’est étonnant de voir l’art cham en contact avec l’art javanais pour tout le siècle.

Par contre, il était en conflit sempiternel au nord avec un nouveau pays, le Ðại Cồ Việt qui vint d’être libéré de la domination chinoise à la fin du Xème siècle et au Sud avec les Khmers. Ceux-ci n’hésitèrent pas à saccager le sanctuaire Po Nagar de Nha Trang vers 950 et dérobèrent la statue d’or qui y avait été installée en 918 par le roi Indravarman II. Les Chams engagèrent des guerres sans merci contre les Khmers durant plus d’un siècle (1112-1220). On nota aussi leurs premiers accrochages sérieux avec le Ðại Cồ Việt en 979. Leur capitale fut pillée en 982 par ce dernier. (l’expédition du grand roi vietnamien Lê Ðại Hành). Face à la pression de celui-ci, le roi Yang Sra Vijaya dut transférer sa capitale dans la région de Vijaya (Bỉnh Ðịnh). Cette nouvelle capitale allait durer jusqu’en 1471 avant d’être transférée à la région de Panduranga (Ninh Thuận).

À cause des dissensions internes et de la guerre de cent ans avec les Khmers, les Chams ne réussirent pas à stopper au fil des siècles la marche du Sud entamée par les Vietnamiens. Ils durent un dernier sursaut à Binasuor(*) (Chế Bồng Nga) qui battit les Vietnamiens à maintes reprises en pillant leur capitale Thăng Long en 1371 et en 1377 et en faisant fuir leur roi Trần Nghệ Tôn et son premier ministre Hồ Qúi Ly. A cause de la trahison de l’un de ses proches, les Vietnamiens réussirent à tuer Binasuor. Cela mit fin à la suprématie des Chams. Ceux-ci devaient céder le terrain aux conquérants vietnamiens et étaient refoulés un peu plus chaque jour dans le Sud. Par la politique d’assimilation, ils étaient obligés d’être disséminés un peu partout dans le centre du Vietnam et dans l’ouest du Sud Vietnam, au Cambodge et en Malaisie.


(*) Certains historiens contestent le nom Binasuor donné à Chế Bồng Nga. (nom mentionné par les Vietnamiens dans leurs documents historiques).

Trở về quá khứ với dân tộc Chàm

Căn cứ vào các tài liệu lịch sử Trung Quốc và Việt Nam, hai nhà nghiên cứu người Pháp Gaston MaspéroGeorge Coedès đã cố gắng dựng lại niên đại của người dân chàm. Mặc dù có những khoảng trống quan trọng, người ta vẫn thường nhắc đến người dân Chàm vào thời điểm mà cư dân của tỉnh Tượng Lâm (Rinan)  vùng lên chống lại sự đô hộ của Trung Quốc vào năm 192 sau Công nguyên để thành lập một quốc gia độc lập có lãnh thổ trải dài từ Quảng Bình đến Phan Rang. Quốc gia này được chia ra thành bốn vùng: Amaravati (từ Quảng Bình đến Quảng Nam), Vijaya (từ Quảng Ngãi đến Phú Yên), Kauthara (Khánh Hoà) và Panduranga (Phan Rang). Hai thị tộc, một ở miền Bắc (hay tộc Narikelavamsa) (tộc Dừa trong tiếng Việt) và một ở miền Nam (hay tộc Kramukavamsa) (tộc Cau trong tiếng Việt)  có những lúc  giao chiến khốc liệt và luân phiên nhau nắm quyền hành.

Tuỳ theo các lễ vật cúng được tìm thấy (các trái dừa ở miền Bắc và các quả cau ở miền Nam), họ được gọi là  những người ăn dừa ở miền Bắc và những người ăn cau ở miền Nam. Không còn sự nghi ngờ gì nào nữa, đất nước này có một kinh đô ở Trà Kiệu (gần Ðà Nẵng), được biết đến trong sáu thế kỷ liên tục với tên Lâm Ấp và sau đó từ năm 758 được mang tên là Hoàn Vương. Còn tên Chiêm Thành, nó xuất phát từ phiên âm Hán Việt của từ Champapura (thành phố của người  dân Chàm) được nhắc đến lần đầu tiên vào năm 875. Chính nhờ cái tên gọi này, vương quốc mới được nói đến nhiều lần trong các cuộc xung đột với Việt Nam cho đến sự sáp nhập  dưới triều đại nhà Lê với vua Lê Thánh Tôn.

Lúc ban đầu vương quốc này đã trải qua một thời kỳ cực thịnh. Được tìm thấy có rất nhiều  ngôi đền thờ  mà công trình đầu tiên là  thánh địa  Mỹ Sơn ( hay Núi Đẹp) dành để thờ linga của  thần Civa Bhadresvara bởi vua vĩ đại Bhadravarma. Đây là những gì  đã được phát hiện trên các bia ký viết bằng tiếng Phạn. Những cuộc khai quật gần đây ở Mỹ Sơn đã cung cấp bằng chứng cho thấy rằng Mỹ Sơn không chỉ là nơi thờ tự mà còn là tử địa của các vị vua Chàm sau khi hỏa táng. Có hai thương cảng lớn mà  mâu dịch  rất được thịnh vượng: Ðại Chiêm ở vùng Hội An (Faifo) và Thị Nại (Bình Ðịnh) (Sri Bonei).

Từ thế kỷ 4 đến thế kỷ 5, vương quốc này có  cuộc xung đột kịch liệt với Trung Quốc khi nước nầy đã thôn tính Việt Nam ở phía bắc Đèo Ngang. Kinh đô Trà Kiệu được biết đến dưới tên Simhapura (thành phố Sư tử) và nằm cách Ðà Nẵng  50 cây số về phía tây nam, bị cướp phá vào khoảng năm 446. Tướng quân Trung Hoa  tên là Ðàn Hoà Chi đã mang về nước   những tượng vàng trong cuộc viễn chinh này trị giá tổng công là một trăm nghìn lượng vàng (tương đương 3600 kí lô). Sự thịnh vượng của thủ đô này không còn là  nghi vấn nữa sau khi phát hiện ra một số lượng lớn các đồ vật bằng vàng được chế tạo một cách tinh xảo trong những năm 1980. Sự mô tả chi tiết về thành phố này đã được đề cập trong một cuốn sách lịch sử Trung Quốc Thủy Kính Chủ (Shu Jing Zhu) từ thế kỷ thứ 7 sau Công nguyên và đã được xác nhận bởi các cuộc khai quật vào những năm 1927-1928 dưới sự chỉ đạo của nhà khảo cổ học người Pháp J.Y. Claèys của Trường Viễn Đông Pháp.

Từ thế kỷ 6 đến thế kỷ 8, vương quốc này có được sự tăng trưởng  kinh tế và nghệ thuật thông qua các quan hệ  phát triển với Ấn Độ và Chân Lạp ở phía Nam. Do đó, có một sự gia nhập  quan trọng của các vật thể ngoại lai trong nghệ thuật Chămpa. Vào thế kỷ thứ 8, người Chăm liên tục bị người Chà Và (Java) tấn công. Sau khi bị phá hủy vào năm 774, đền thờ Pô Nagar ở Nha Trang được xây dựng lại bằng gỗ bởi một vị vua huyền thoại Vichitrasagara.

Thánh địa này được vua Satyavarman Içvaraloka xây dựng lại lần này bằng gạch vào năm 784. Theo những gì chúng ta tìm thấy trên các bia ký của người Chăm, trước thế kỷ thứ 7, các ngôi đền và các tháp đều được làm bằng gỗ nhưng chúng đã bị đốt cháy trong các cuộc chiến tranh. Chỉ đến thế kỷ thứ 7, các ngôi đền và các tháp bằng gạch và đá sa thạch mới thấy xuất hiện.

Khi lên ngôi vào năm 854, Indravarman II đã đổi tên thủ đô Simhapura ở vùng Trà Kiệu thành Indrapura (Thành phố của Thần Sét). Ông đã xây dựng một thánh địa Phật giáo tại Ðồng Dương, cách Trà Kiệu 20 c ây số về phía nam và thiết lập lại mối quan hệ tốt đẹp với Trung Quốc.

Vào đầu thế kỷ thứ 10, dưới triều đại của vua Indravarman III, vương quốc Champa bắt đầu thiết lập quan hệ thân thiết với Java. Không có gì ngạc nhiên khi thấy nghệ thuật Chăm tiếp cận với nghệ thuật Java trong suốt  cả thế kỷ.

Mặt khác, ở phía bắc có một cuộc xung đột  triền miên với một quốc gia mới, nước Ðại Cồ Việt vừa được giải phóng ra khỏi ách thống trị của Trung Quốc vào cuối thế kỷ thứ 10 và ở phía nam với những người Khơ Me. Những người nầy không ngần ngại cướp phá đền thờ Po Nagar ở Nha Trang vào khoảng năm 950 và lấy trộm bức tượng vàng được đặt ở đây vào năm 918 bởi vua Indravarman II. Người Chăm đã tiến hành các cuộc chiến tranh tàn khốc chống lại người Khơ Me có hơn một thế kỷ (1112-1220). Chúng ta cũng ghi nhận cuộc đụng độ nghiêm trọng đầu tiên của họ với Đại Cồ Việt vào năm 979. Kinh đô của họ bị cướp phá vào năm 982 bởi người dân nước nầy (cuộc viễn chinh của vua vĩ đại Lê Ðại Hành). Trước sức ép của người dân Việt, vua Yang Sra Vijaya phải dời đô về vùng Vijaya (Bình Ðịnh). Thủ đô mới này được tồn tại đến năm 1471 trước khi được chuyển đến vùng Ninh Thuận (Panduranga).

Vì những bất đồng ở trong nội bộ và cuộc chiến tranh hơn một trăm năm với người Khơ Me, người Chăm đã không thành công trong việc ngăn chặn  được  Nam Tiến của người  dân Việt  qua nhiều thế kỷ. Họ có được một nổ lực  lần cuối  với Chế Bồng Nga (*), người  anh hùng Chàm đã đánh bại  người dân Việt nhiều lần bằng cách cướp bóc kinh đô Thăng Long vào năm 1371 và năm 1377 và làm vua Trần Nghệ Tôn và tể tướng Hồ Qúi Ly phải bỏ trốn kinh thành. Do sự phản bội của một trong những người thân tín của mình, người Việt đã tìm cách giết được Chế Bồng Nga. Việc này kết thúc sự ưu thế của người dân Chàm. Từ  đó những người này phải nhường  bước trước những người viễn chinh Việt và bị đẩy lùi mỗi ngày một ít ở miền Nam. Bằng chính sách đồng hóa, họ buộc lòng  phải ở rải rác từ đây khắp cả miền trung Việt Nam, miền tây Nam Bộ, Cao Miên và Mã Lai.


(*) Một số sử gia tranh cãi về cái tên Binasuor gán cho Chế Bồng Nga. (Tên nầy  được người Việt Nam nhắc đến trong các tài liệu lịch sử của họ).

 

 

 

 

 

Musée de la sculpture chame (Đà Nẵng)

English version

Version française

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Trước khi trở thành ngày nay bảo tàng điêu khắc Chămpa, nơi nầy được biết đến từ thời xa xưa với tên gọi vườn điêu khắc. Chính tại đây, bắt đầu có sự thu thập và bảo quản một phần lớn, dưới sự bảo trợ của kiến ​​trúc sư khảo cổ học Henri Parmentier và các thành viên của Trường Viễn Đông Pháp (EFEO) vào cuối thế kỷ 19,  tất cả các bảo vật qua những các cuộc khai quật khảo cổ học ở miền Trung (từ dãy núi Hoành Sơn, Quãng Bình ở phía bắc đến Bình Thuân (Phan Thiết) ở phía nam), nơi có một vương quốc cổ Đông Dương được biết đến vào đầu thế kỷ thứ 2 với tên gọi Lâm Ấp rồi đến tên Hoàn Vương và cuối cùng là tên Chiêm Thành cho đến khi bị Việt Nam sáp nhập vào năm 1471. Mở cửa cho công chúng vào năm 1919, bảo tàng viện này ban đầu lấy tên của người sáng lập là « Musée Henri Parmentier » và có đến 190 bảo phẩm trong đó có cả bệ nổi tiếng của địa danh Phật giáo Đồng Dương. Sau đó, bảo tàng đã không ngừng phát triển kể từ năm 1975 để đạt đến diện tích ngày nay là 2.000 m² trên tổng số hơn 6.600 m² và đã có được vào năm 1978 một  kiệt tác nghệ thuật bằng đồng vĩ đại, bức tượng Laksmindra-Lokesvara (Quan Âm chuẩn đề) thường được gọi là Phật mẫu Tara. Qua nhiều thập kỷ, nơi nầy đã trở thành bảo tàng duy nhất ở trên thế giới về lĩnh vực nghệ thuật Chămpa và  cho phép khách du lịch cũng biết được niên đại của lịch sử của vương quốc  Chămpa vì tất cả các phong cách điêu khắc đều có hiện diện qua các bảo vật đến từ các đia danh Mỹ Sơn, Đồng Dương, Trà Kiệu  và Pô Nagar (Nha Trang). Đối với nhà nghiên cứu người Pháp Jean Boisselier, điêu khắc Chămpa luôn gắn liền với lịch sử. Dù có sự tiến triển ở trong phong cách điêu khắc  qua dòng lịch sữ, Chămpa vẫn tiếp tục giữ các tạo vật thần linh và các sinh vật  trong một chủ đề không thay đổi. Đây là một bảo tàng không thể bỏ qua nếu du khách có dịp ghé thăm Đà Nẵng.

  • Style de Mỹ Sơn E1 (Phong cách E1)
  • Style de Mỹ Sơn E1 (Phong cách E1)
  • Style de Chính Lộ (Phong cách Chính Lộ )
  • Style de Đồng Dương ( Phong cách Đồng Dương)
  • Style de Tháp Mắm … (Phong cách Tháp Mắm)     

Version française

 

Avant de devenir  aujourd’hui le musée de la sculpture du Champa, il était connu  à une époque lointaine sous le nom du jardin de la sculpture. C’était ici qu’on commença à rassembler et à conserver en grande partie, sous l’égide de l’archéologue architecte  Henri Parmentier  et des membres de l’Ecole Française de l’Extrême Orient (EFEO) à la fin du 19ème siècle  toutes les artefacts  trouvés d’un  lors des fouilles archéologiques  dans les régions du centre (de la cordillère anamitique  Hoành Sơn, Quãng Bình au nord jusqu’à Bình Thuận (Phan Thiết) au sud) où  exista un ancien royaume d’Indochine  connu au début du  IIème siècle sous le nom de Linyi puis Huanwang et enfin Champa jusqu’à  son annexion  par le Vietnam en 1471. Ouvert au public en 1919, ce musée prit dans un premier temps le nom de son fondateur « Musée Henri Parmentier » et abrita 190 artefacts parmi lesquels figurait le piédestal célèbre  du site bouddhique Đồng Dương.  Puis le musée  ne cessa pas de s’agrandir depuis 1975  pour atteindre aujourd’hui une surface de 2.000 m² sur un total de plus de 6.600 m² et d’acquérir en l’an 1978 le grand chef d’œuvre de l’art du bronze, la statue de Laksmindra-Lokesvara (Quan Âm chuẩn đề) connue souvent sous le nom de Tara. Il  devient au fil des décennies le musée unique au monde dans le domaine de l’art du Champa. Il permet au touriste de connaître également la chronologie de l’histoire du Champa car tous les styles sont présents à travers des artefacts venant des sites célèbres Mỹ Sơn, Đồng  Dương, Trà Kiệu et Pô Nagar (Nha Trang). Pour le chercheur français Jean Boisselier, la sculpture chame est toujours en liaison étroite avec l’histoire. Malgré l’évolution des styles au fil de son histoire, la sculpture chame continue à garder les mêmes créatures divines et animales dans une thématique constante. C’est un musée à ne  pas manquer si on a l’occasion de visiter Đà Nẵng.

Style de Tháp Mắm

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  • Style de Mỹ Sơn E1: vivacité dans l’ornementation, finesse dans les détails…style_dongduong
  • Style de Khương Mỹ: la douceur dans les visages, l’harmonie et la symétrie…
  • Style de Trà kiệu: la beauté des parures, le demi-sourire, la mise en valeur de la beauté féminine ( seins développés, déhanchement etc ..)
  • Style de Đồng Dương: l’apparence faciale typique ( sourcils proéminents, lèvres épaisses avec les commissures …
  • Style de Tháp Mắm: un art poussé à ses limites avec irréalisme et extravagance….

 

Cát Tiên sanctuaire (suite)

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Le site de Cát Tiên recèle un grand nombre de vestiges architecturaux parmi lesquels on peut citer des temples, des tours, un système hydraulique, des allées, des fours à brique. Il n’y a aucune doute que les briques étaient fabriquées et servies sur place et que les pierres étaient importées d’ailleurs. On constate aussi le respect de la tradition hindoue dans l’orientation de la plupart des monuments du site vers l’est. Les archéologues vietnamiens ont réussi à mettre en lumière un mur d’enceinte en brique qui était une clôture symbolique entre le monde sacré et le monde profane. Celui-ci part du fleuve jusqu’aux monticules de terre élevés dont l’un se trouve dans la province de Đồng Nai et les autres sont situés dans les communes Đức Phổ et Quảng Ngải. Même le portail d’un temple a vu le jour. Son fronton pesant plus d’une tonne peut être considéré comme chef-d’oeuvre de la sculpture avec des motifs de fleur de lotus en relief, des bandes de nuages finement stylisées et des scènes assez vivantes. Ce portail découvert se distingue jusqu’alors des autres portails rencontrés dans les temples du Champa.

 

Selon l’archéologue vietnamien Trần Quốc Vượng, ce sanctuaire est l’oeuvre architecturale des Cham. Pour lui, le Champa était en fait une fédération de six états situés le long de la côte du centre du Vietnam ou plutôt « cité-états » dont la plus puissante jouait le rôle de « leader » (vai trò chủ đạo).

1) Ranna (Quảng Trị)
2) Amaravati (Quảng Nam- Quảng Ngãi)
3) Vijaya (Bình Định)
4) Kanthara (Khánh Hòa)
5) Panduranga (Phan Rang- Phan Thiết)
6) Cát Tiên (Bà Rịa- Đồng Nai)

Il n’y a aucun doute que le royaume Cát Tiên faisait partie de cette fédération et était même soi-disant le royaume (ou non) des Mạ où l’influence des Cham était notable. Selon lui, les Cham avaient l’habitude de se servir du modèle culturel suivant constitué toujours de 3 parties: sanctuaire (montagne), citadelle (capitale) et port ( centre économique ) dans leur établissement. C’est ce type de modèle qu’on a vu se répéter dans chaque cité-état cham de Quảng Trị jusqu’à Phan Thiết. Pour lui, Cát Tiên était le centre religieux tandis que Biên Hoà était sa citadelle et Cần Giờ son port fluvial. Sa suggestion est proche de la proposition de Paul Mus. Ce dernier a déjà faite dans son cours en 1956-1957 pour le modèle d’implantation des Cham avec trois constituants: le noyau, l’alvéole et l’aérole.

À partir d’un point d’eau, se constitue le noyau. Celui-ci est en fait une cité portuaire, chef-lieu d’une entité politique, religieuse et économique dotée de monuments. Constituée de rizières et de vergers, l’alvéole est destinée à fournir une partie de son alimentation tandis que l’autre partie de celle-ci ( produits de la pêche) est approvisionnée par l’aérole au moyen de ses cours d’eau et des rivières. Les Cham reçoivent des produits de la chasse et de la cueillette de la part des hommes de la forêt et ils les acheminent à leur port qui les expédiera à son tour aux cités portuaires étrangères grâce à leurs bateaux ou à ceux des étrangers auxquels ils ont vendu leurs produits. De même ils font le chemin inverse pour les produits qu’ils ont acheté auprès des marchands étrangers.

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Bref, le site Cát Tiên répond exactement au schéma proposé par l’archéologue et historien vietnamien Trần Quốc Vượng ou le sociologue français Paul Mus car les Cham étaient habitués à s’installer dans des sites proches des cours d’eau accessibles à la navigation fluviale ( Đồng Nai dans notre cas). Cela leur permet d’assumer l’approvisonnement en produits forestiers (bois d’aigle (cây trầm hương) ou bois de santal, ivoire etc ..) et de faire du commerce avec le monde extérieur, en particulier avec la Chine. C’est aussi le modèle proposé par Bennet Bronson pour le monde malais des grandes îles. Il est intéressant de rappeler que les Cham sont proches des Malais au niveau linguistique.

Malgré cela, il subsiste quand même quelques zones d’ombre. D’abord Cát Tiên n’est jamais évoqué jusqu’à aujourd’hui dans l’histoire du Champa. Puis Cát Tiên dont la période d’épanouissement a été connue récemment grâce à la datation des objets au radiocarbone (du IVème – VIIIème siècle après J.C.), dut être à cette époque dans le giron du royaume de Founan. Ce dernier ne disparut qu’au milieu du VIIème siècle. Donc Cát Tiên devrait être un pays vassal du royaume de Founan. Puis à la disparition de ce dernier, il serait dans la mouvance de l’empire Chenla.

Comment le royaume de Cat Tiên arrive-t-il à survivre jusqu’au VIIIè siècle avec le changement politique régional dû à la soumission du royaume de Founan par le Chenla?

On peut émettre l’hypothèse suivante: le royaume de Cát Tiên, un pays vassal du royaume du Founan était peuplé de Môn-Khmers et d’Austronésiens (dont les Cham faisaient partie) mais le pouvoir politique et religieux revenait aux Cham. Lors de l’annexion du royaume du Founan par le Chenla d’Içanavarman, le royaume de Cát Tiên passera probablement dans le giron de ce dernier localisé dans le bassin du moyen Mékong. La capitale de Chenla se trouverait probablement à Vat Phou à l’extrême sud du Laos d’aujourd’hui.

Selon le scientifique américain Michael Vickery, les Cham issus probablement de l’île de Bornéo sont arrivés par mer au cours des derniers siècles avant notre ère. Ils ont investi le territoire occupé jusque-là par les Môn-Khmers (Mạ, Stiêng etc..). Le Champa offre un visage pluriethnique si on s’appuie sur la nouvelle approche des recherches en cours. On admet aujourd’hui que grâce à leur vocation maritime et à leur contact établi avec les autres Austronésiens de Nusantara, ils se sont imprégnés de la culture indienne avant même qu’ils quittent l’île de Bornéo. Etant considérés comme les Vikings de l’Asie, ils maîtrisaient parfaitement la technique de navigation. Selon Michael Vickery, ils auraient voyagé depuis la Préhistoire entre l’Inde et l’Asie du Sud Est. Peut-être pour cela la culture de Sa Huỳnh témoigne de leur trace sur la côte du centre du Vietnam. Ils ont débarqué en plusieurs endroits de cette côte et y ont établi des poches de pouvoir en concurrence les unes avec les autres. Probablement Cát Tiên devrait être l’un des points de leur débarquement. Ils y établirent un petit royaume ou une chefferie qui accepta la tutelle du royaume du Founan car ils étaient plus proches des Founanais. Ceux-ci étaient des navigateurs expérimentés et des constructeurs de gros bateaux d’après les mentions des historiens chinois. Ce n’est pas le cas des gens du Chenla (ancêtres des Khmers). Selon l’archéologue vietnamien Hà Văn Tấn, les Founanais n’étaient pas les Khmers (*). Les Chinois décrivaient d’ailleurs ces Founanais comme des gens ayant le teint noir et les cheveux frisés. Probablement ils seraient aussi austronésiens comme les Chams ou plutôt issus de la juxtaposition et de la fusion de deux strates austroasiatique et austronésienne. De plus, à cette époque, il faut rappeler que le royaume du Founan fut dirigé à une certaine époque par un roi conquérant remarquable Fan Shi Man (Phạm Sư Man) qui réussit à soumettre une dizaine d’états durant son règne. De manière purement hypothétique, Georges Coedès l’a identifié avec Sri Màra dans la plus ancienne inscription écrite en sankskrit (Vỏ Cạnh) et trouvée à Nha Trang (Khánh Hoà).

À la suite de l’annexion du royaume du Founan par le Chenla au milieu du VIIème siècle, le royaume de Cát Tiên passera probablement dans le giron de ce dernier. Mais il n’y serait pas pour longtemps à cause de la scission du Chenla en Chenla d’Eau (Thủy Chân Lạp) au Sud et en Chenla de Terre (Lục Chân Lạp) au Nord. Puis il fut soumis en même temps que le Chenla d’Eau dont il faisait partie, par les Javanais (Chà Và en vietnamien ) du royaume de Sailendra. Il faut rappeler aussi que le sanctuaire religieux de Po Nagar (Nha Trang) fut pillé et détruit sans merci par les Javanais en 774. La disparition du royaume de Cát Tiên ou de son site religieux doit être expliquée par l’une des raisons suivantes:

-la destruction et le pillage systématique de tous les sanctuaires Cham par les Javanais du royaume de Sailendra. Durant deux siècles (de VIIIè siècle à Xème siècle) ceux-ci attaquèrent les côtes du Champa et occupèrent le Chenla d’Eau. Ils remontèrent même le Mékong pour aller jusqu’à Kratié.

-la peste

ou la guerre

responsables de la désertification de la zone de Cát Tiên avant 1650. C’est la suggestion faite par l’ethnologue vietnamien Mạc Đường. Cette hypothèse est assez convainçante lorsqu’on sait que Georges Coedès a eu l’occasion de décrire la dangérosité de la zone du sud de Chenla:

Le Midi renferme de grands marécages, avec un climat si chaud que jamais on ne voit ni neige ni gelée blanche; le sol y engendre des exhalaisons pestilentielles et fourmille d’insectes venimeux.

dans son livre intitulé « Les états hindouisés d’Indochine ».

Il est possible que la zone de Cát Tiên se désertifie à cause de la guerre. Si on se rapporte à l’histoire de l’Indochine, on s’aperçoit que le royaume Khmer était en proie à un long conflit avec le Champa de 1145 jusqu’à 1220. La zone de Cát Tiên pourrait devenir ainsi une DMZ (zone démilitarisée) délaissée par les parties khmère et chame.


Références bibliographiques:

(*) Đi tìm vương quốc Phù Nam. Hà Văn Tấn. Báo Lao Động ngày 21/05/1996. Số 61/96

Exchange at the Upstream and Downstream Endo: Notes toward a functionam model of the coastal state in Southeast Asia. Bennet Bronson Editor K.L. Hutterer, 1977

Trésors d’art du Vietnam. La sculpture du Champa. Vè-XVè siècles. Guimet Musée national des arts asiatiques. 2005

Cát Tiên Mê Cung của Thần Linh. Đinh Thị Nga,2007, Editeur Nhà Xuất Bản Trẻ.

Việc mãi nô dưới vòm trời Đông Phố và chủ đất thật của vùng Đồng Nai. Bình Nguyên Lộc

Văn hóa Óc Eo, một nền văn hóa cổ ở Nam Bộ. Nguyễn Thị Hậu.

Ethnic Minorities in Vietnam. Đặng Nghiêm Vạn-Chu Thái Sơn-Lưu Hùng Thế Giới Publishers 2010

Thời đại của Phù Nam. Từ thế kỷ 1 đến thế kỷ thứ 6. Lynda Nora Schaffer. The time of Funan. 1996 Ngô Bắc dịch. pp 18-36