Civilisation Văn Lang (Thời kỳ Hồng Bàng): 1ère partie

Version vietnamienne

Thời kỳ Hồng Bàng

Civilisation Văn Lang
Les Vietnamiens ont l’habitude de dire: l’eau bue nous rappelle la source (Uống nước nhớ nguồn). Rien n’est étonnant de les voir continuer à fêter en grande pompe au 10ème jour du troisième mois lunaire de chaque année la journée de commémoration des rois Hùng de la dynastie des Hồng Bàng, les pères fondateurs de la nation vietnamienne. Jusqu’à aujourd’hui, aucun vestige archéologique n’est trouvé pour confirmer l’existence de cette dynastie à part les ruines de la citadelle Cổ Loa ( Cité du coquillage ) datant de l’époque de règne du roi An Dương Vương,  le temple édifié en l’honneur de ces rois Hùng à Phong Châu  ainsi que les lames de jade (Nha chương) dans la province de Phú Thọ.

Beaucoup d’indices n’infirment pas cette existence si on se réfère aux légendes rapportées de cette époque mythique et aux Annales du Vietnam et de la Chine. La domination chinoise ( IIIème siècle avant J.C.- 939 après J.C. ) n’est pas étrangère à l’influence la plus grande sur le développement de le civilisation vietnamienne. Tout ce qui appartient aux Vietnamiens devient chinois et vice-versa durant cette période. On  constate une politique d’assimilation délibérément voulue par les Chinois. Cela ne laisse pas aux Vietnamiens la  possibilité de maintenir leur culture héritant d’une civilisation vieille de 5000 ans et dénommée « civilisation de Văn Lang » sans recourir aux traditions orales (les proverbes, les poèmes populaires ou les légendes).

Le recours à l’allusion mythique est le moyen le plus sûr de permettre à la postérité de retrouver son origine en lui donnant un grand nombre d’indices utiles malgré la destruction systématique de leur culture et la répression inexorable des Chinois à l’encontre des Yue (ou des Vietnamiens). Pour le chercheur Paul Pozner, l’historiographie vietnamienne se base sur une très longue et permanente tradition historique. Celle-ci est représentée par une tradition historique orale durant plusieurs siècles du  premier millénaire avant notre ère sous forme de légendes historiques dans les temples des cultes des ancêtres (1)

Les deux vers trouvés dans la chanson populaire (ca dao) suivante :

Trăm năm bia đá thì mòn
Ngàn năm bia miệng vẫn còn trơ trơ

Avec cent ans, la stèle de pierre continue à se détériorer
Avec mille ans, les paroles des gens continuent à rester en vigueur

témoignent de la pratique menée sciemment par les Vietnamiens dans le but de préserver ce qu’ils ont eu de la civilisation de Văn Lang.

Celle-ci porte le nom d’un royaume  bordé à cette époque au nord par Nam Hải,(Nanhai),  à l’ouest par le royaume de Ba Thuc (Tứ Xuyên ou Sichuan en français), au nord par le territoire du lac Ðộng Ðình (Hu Nan) (Hồ Nam) et au sud par le royaume de Hồ Tôn (Champa). Ce royaume était situé dans le bassin du fleuve Yang tsé (Sông Dương Tữ) et était placé sous l’autorité d’un roi Hùng. Celui-ci avait été élu pour son courage et ses valeurs. Il avait partagé son royaume en districts confiés à ses frères connus sous le nom « Lạc hầu » (marquis). Ses enfants mâles avaient le titre de Quan lang et ses filles celui de Mỵ nương. Son peuple était connu sous le nom Lạc Việt. Ses hommes avaient pour coutume de se tatouer le corps. Cette pratique « barbare », révélée souvent dans les annales chinoises, était si l’on croit les textes vietnamiens, destinée à protéger les hommes des attaques des dragons d’eau (con thuồng luồng). C’est peut-être la raison que les Chinois les désignaient souvent sous le nom Qủi (démons). Pagne et chignon constituaient le costume habituel de ce peuple auquel étaient ajoutées des parures en bronze. Les Lạc Việt se laquaient les dents en noir, chiquaient du bétel et pilaient du riz à la main. Agriculteurs, ils pratiquaient la culture du riz en champ inondé. Ils vivaient dans les plaines et les régions littorales tandis que dans les régions montagneuses du Việt Bắc  et sur une partie du territoire de la province chinoise  de Kouang Si, se réfugiaient  les Tây Âu, les ancêtres des groupes ethniques Tây, Nùng et Choang. Vers la fin du troisième siècle avant notre ère, le chef des tribus Tây Âu défit le dernier roi Hùng  et réussit à réunifier sous sa bannière les territoires des Tây Âu et celui des Lạc Việt pour former le royaume de Âu Lạc, en l’an 258 avant notre ère. Il prit comme nom de règne An Dương Vương et transféra sa capitale à Cổ Loa située à une vingtaine de kilomètres de Hànội.

Le royaume de Văn Lang est-il une pure invention alimentée par les Vietnamiens dans le but d’entretenir un mythe ou un royaume réellement existant et disparu dans les tourbillons de l’histoire?

Carte géographique du royaume Văn Lang

Selon le mythe vietnamien,  le pays de ces Proto-Vietnamiens était  délimité au Nord à l’époque des Hùng Vương (première dynastie des Vietnamiens  2879 avant J.C.) par le lac de Dongting (Động Đình Hồ) situé dans le territoire du royaume de Chu (Sỡ Quốc). Une partie de leur territoire revint à ce  dernier à l’époque des Royaumes Combattants (thời Chiến Quốc). Leurs descendants vivant dans cette partie rattachée devinrent  probablement  les sujets du royaume de Chu. Il y avait évidemment un rapport, un lien intime entre ce royaume et les Proto-Vietnamiens.  C’est une hypothèse suggérée et avancée  récemment par un écrivain vietnamien  Nguyên Nguyên(2).  Selon celui-ci, il n’est pas rare que dans les textes anciens, les idéogrammes soient remplacés par d’autres idéogrammes avec la même phonétique. C’est le cas du titre Kinh Dương Vương qu’avait pris le père de  l’ancêtre des Vietnamiens, Lôc Tục. En l’écrivant de cette manière en chinois,  on voit apparaître facilement les noms de deux villes Kinh Châu (Jīngzhōu)(3) et Dương Châu (Yángzhōu)(4) où vivaient  respectivement les ethnies des Yue de branche Thai et de branche Lạc.  Il y avait  la traduction d’une volonté d’évoquer intelligemment par le narrateur  l’implantation et la fusion des ethnies yue de branche Thai (Si Ngeou) et de branche Lac (Ngeou-lo)  provenant des migrations de ces  villes  lors des conquêtes d’annexion de Chu. Par contre,  l’idéogramme 陽  (thái dương) se traduit comme lumière, solennel. Il est utilisé dans le but d’éviter son emploi en tant que nom de famille. En se servant de ces mots, cela permet de traduire Kinh Dương Vương en roi solennel Kinh.  Mais il y a également  un mot Kinh  synonyme du mot  Lac ( ), surnom des Viêt. Bref, Kinh Dương Vương  peut se traduire comme le Roi solennel Viêt. Quant au titre An Dương Vương qu’a pris le roi de Âu Viêt, l’auteur ne met pas en doute  son explication: il s’agit  bien de la pacification du pays des Yue de branche Lac (trị an xứ Dương) par un fils de Yue de branche Thái.

Cela ne peut que conforter  la thèse d’Edouard Chavannes (5) et de Léonard Aurousseau(5): les Proto-Vietnamiens et les sujets du royaume de Chu ont les mêmes ancêtres. De plus il y a  une coïncidence étonnante trouvée dans  le nom de clan Mi (Ours ou gấu en vietnamien) écrit en langue de Chu, traduit en Hùng () en vietnamien  et porté par les rois de Chu  et celui   des rois vietnamiens. En se basant sur les Mémoires historiques (Che-Ki) de Sseu-Ma Tsien (Tư Mã Thiên) traduites par E. Chavannes (6), on sait que le roi de la principauté Chu est issu des barbares du Sud (ou Bai Yue) : Hiong-K’iu (Hùng Cừdit : Je suis un barbare et je ne prends point part aux titres et aux noms posthumes des royaumes du Milieu. 

 Les linguistes  américains Mei Tsulin (6) et Norman Jerry ont identifié un certain nombre de mots d’emprunt de la langue austro-asiatique des Yue dans les textes chinois de la période des Han. C’est le cas du mot chinois  jiang 囝 (giang en vietnamien ou rivière en français) ou le mot nu (  en vietnamien ou arbalète en français). Ils ont démontré la forte probabilité de la présence de la langue austro-asiatique dans la Chine du Sud et ont conclu qu’il y avait eu un contact entre la langue chinoise et la langue austro-asiatique dans le territoire de l’ancien royaume de Chu entre 1000 et 500 ans avant J.C. 

Cet argument géographique n’était jamais pris en compte sérieusement dans le passé par certains historiens vietnamiens car pour eux, cette dynastie relevait plutôt de la période mythique. De plus, d’après les sources chinoises, le territoire des ancêtres des Vietnamiens (Kiao-tche (Giao Chỉ) et Kieou-tchen (Cửu Chân)) était confiné dans le Tonkin actuel, ce qui les gêna d’accepter sans explication ni justification l’étendue territoriale de la dynastie des Hồng Bàng jusqu’au lac Dongting. Ils ne virent pas dans la narration de ce mythe la volonté des ancêtres des Vietnamiens de montrer leur origine, d’afficher leur appartenance au groupe Bai Yue et leur résistance inébranlable face aux conquérants redoutables qu’étaient les Chinois.

Dans les annales chinoises, on a rapporté qu’à la période des Printemps et Automnes (Xuân Thu), le roi Gou Jian(Câu Tiễn) des Yue (Ngô Việt) s’intéressa à l’alliance qu’il aimerait contracter avec le royaume Văn Lang dans le but de maintenir la suprématie sur les autres principautés puissantes de la région. Il est probable que ce royaume de Văn Lang devait être un pays limitrophe de celui des Yuê de Gou Jian. Celui-ci ne trouva aucun intérêt de contracter cette alliance si ce royaume Văn Lang se trouvait confiné géographiquement dans le Vietnam d’aujourd’hui. La découverte récente de l’épée du roi Goujian de Yue (règne de 496-465 avant J.C) dans la tombe no 1 de Wanshan (Jianling) (Hubei) permet de mieux cerner les contours du royaume de Văn Lang.  Il serait situé probablement dans la région de Qui Châu (ou GuiZhou). Mais Henri Masporo a contesté cette hypothèse dans son ouvrage intitulé « Le royaume de Văn Lang » (BEFEO, t XVIII, fac 3 )Il a attribué aux historiens vietnamiens l’erreur de confondre le royaume de Văn Lang avec celui de Ye Lang (ou Dạ Lang en vietnamien ) dont le nom aurait été mal transmis par les historiens chinois à leurs collègues vietnamiens à l’époque des Tang( nhà Đường).  Ce n’est pas tout à fait exact car  dans les légendes vietnamiennes, en particulier dans celle de « Phù Ðổng Thiên Vương (ou le Seigneur céleste du village Phù Ðổng) on s’aperçoit que le royaume de Văn Lang était en conflit armé avec la dynastie des Yin-Shang (Ân-Thương) à l’époque du roi Hùng VI et qu’il était plus vaste que le royaume de Ye Lang trouvé à l’époque de l’unification de la Chine par Qin Shi Huang Di

 Dans les Annales du Vietnam, on a parlé de la longue période de règne des rois Hùng (de 2879 jusqu’à 258 avant J.C.).  Les découvertes des objets en bronze à Ningxiang (Hu Nan) dans les années 1960 ont permis de ne mettre plus en doute l’existence des foyers de civilisation contemporains des Shang ignorés par les textes dans la Chine du Sud. C’est le cas de la culture de  Sanxingdui (Sichuan) (Di chỉ Tam Tinh Đôi ) par exemple. Le vase à vin en bronze décoré de faces anthropomorphes témoigne évidemment du contact établi par les Shang avec les peuples de type mélanésien car on trouve sur ces faces des visages humains ronds avec un nez épaté. Le moulage de ce bronze employé dans la fabrication de ce vase nécessite l’incorporation de l’étain que le Nord de la Chine ne posséda pas à cette époque.

Y aurait-t-il un contact réel, un conflit armé entre les Shang et le royaume de Văn Lang si on se tenait à la légende du seigneur céleste de Phù Ðổng? Pourrait-ton accorder  la véracité à un fait rapporté par une légende vietnamienne? Beaucoup d’historiens occidentaux ont perçu toujours la période de la civilisation dongsonienne comme le début de la formation de la nation vietnamienne (500-700 avant J.C.). C’est aussi l’avis partagé et trouvé dans l’ouvrage historique anonyme « Việt Sử Lược« .

Sous le règne du roi Zhuang Wang (Trang Vương) des Zhou ( 696-691 avant J.C.), il y avait dans le district Gia Ninh, un personnage étrange réussissant à dominer toutes les tribus avec ses magies, prenant pour titre le nom Hùng Vương et établissant sa capitale à Phong Châu. Avec la filiation héréditaire, cela a permis à sa lignée de maintenir le pouvoir avec 18 rois, tous portant le nom Hùng.

Par contre, dans d’autres ouvrages historiques vietnamiens, on accorda une longue période de règne à la dynastie des Hồng Bàng ( de 2879 jusqu’à 258 avant J.C.) avec 2622 ans. Il nous parait inconcevable si on se tient au chiffre 18, le nombre de rois durant cette période car cela veut dire que chaque roi Hùng Vương régna en moyenne 150 ans. On ne peut trouver qu’une réponse satisfaisante si on se tient à l’hypothèse établie par Trần Huy Bá dans son exposé publié dans le journal Nguồn Sáng no 23 lors la journée de commémoration des rois Hùng Vương (Ngày giỗ Tổ Hùng Vương) ( 1998 ). Pour lui, il y a une fausse interprétation sur le mot đời trouvé dans la phrase « 18 đời Hùng Vương ». Le mot « Ðời » doit être remplacé par le mot Thời  signifiant « période« . (7)

Avec cette hypothèse, il y a donc 18 périodes de règne dont chacune correspond à une branche pouvant être composée d’un ou de plusieurs rois dans l’arbre généalogique de la dynastie des Hồng Bàng. Cette argumentation est renforcée par le fait que le roi Hùng Vương était élu pour son courage et pour ses mérites si on se réfère à la tradition vietnamienne de choisir des hommes de valeur pour la fonction suprême. Cela a été rapporté dans la célèbre légende du gâteau de riz gluant (Bánh chưng bánh dầy) . On peut ainsi justifier le mot đời par le mot branche (ou chi ).

On est amené à donner une explication plus cohérente pour le chiffre 2622 avec 18 branches suivantes trouvées dans l’ouvrage « Văn hoá tâm linh – đất tổ Hùng Vương » de l’auteur Hồng Tử Uyên:

Chi Càn Kinh Dương Vương húy Lộc Túc   
Chi Khảm Lạc Long Quân húy Sùng Lãm
Chi Cấn Hùng Quốc Vương húy Hùng Lân
Chi Chấn Hùng Hoa Vương húy Bửu Lang
Chi Tốn Hùng Hy Vương húy Bảo Lang
Chi Ly Hùng Hồn Vương húy Long Tiên Lang
Chi Khôn Hùng Chiêu Vương húy Quốc Lang
Chi Ðoài Hùng Vĩ Vương húy Vân Lang
Chi Giáp Hùng Ðịnh Vương húy Chân Nhân Lang
………….. manquant dans  le document historique …
Chi Bính Hùng Trinh Vương húy Hưng Ðức Lang
Chi Ðinh Hùng Vũ Vương húy Ðức Hiền Lang
Chi Mậu Hùng Việt Vương húy Tuấn Lang
Chi Kỷ Hùng Anh Vương húy Viên Lang
Chi Canh Hùng Triệu Vương húy Cảnh Chiêu Lang
Chi Tân Hùng Tạo Vương húy Ðức Quân Lang
Chi Nhâm Hùng Nghị Vương húy Bảo Quang Lang
Chi Qúy Hùng Duệ Vương

Cela nous permet de retrouver aussi le fil de l’histoire dans le conflit armé du royaume de Văn Lang avec les Shang par le biais de la légende de « Phù Ðổng Thiên Vương ». Si ce conflit avait lieu, il ne pourrait qu’être au début de la période de règne des Shang pour plusieurs raisons:

1) Aucun document historique chinois ou vietnamien ne parla des relations commerciales entre le royaume de Văn Lang et les Shang. Par contre, on nota le contact établi plus tard entre la dynastie des Zhou et le roi Hùng Vương . Un faisan argenté  (chim trĩ trắng) avait été offert même par ce dernier au roi des Zhou selon l’ouvrage Linh Nam Chích Quái.

2) La dynastie des Shang ne régna que de 1766 a 1122 avant J.C. Il y aurait approximativement un décalage de 300 ans si on tentait de faire la moyenne arithmétique de 18 périodes de règne des rois Hùng : ( 2622 / 18 ) et de la multiplier par 12 pour donner approximativement une date à la fin de règne de la sixième branche Hùng vương ( Hùng Vương VI ) en lui ajoutant 258 l’année de l’annexion du royaume de Văn Lang par le roi An Dương vương. On serait tombé à peu près à l’année 2006, date de la fin de règne de la sixième branche Hùng Vương ( Hùng Vương VI ) . On peut en déduire que le conflit s’il y avait lieu, devrait être au début de l’avènement de la dynastie des Shang. Ce décalage n’est pas tout à fait injustifié car on a  jusque là peu de précisions historiques au delà de l’époque de règne du roi Chu Lệ Vương (Zhou LiWang) ( 850 avant J.C. ).

On note une expédition militaire entreprise au bout de trois ans par le roi des Shang de nom Wuding (Vũ Ðịnh) dans le territoire du lac Ðộng Ðình Hồ contre le peuple nomade, les Gui alias « Démons« , ce qui a été rapporté dans l’ouvrage Yi King  (Kinh Dịch ) traduit par Bùi Văn Nguyên (Khoa Học Xã Hội Hà Nội 1997) . Dans son exposé publié dans le journal Nguồn Sáng no 23, Trần Huy Bá a pensé plutôt au roi Woding (Ốc Ðinh) qui était l’un des premiers rois de la dynastie des Shang. Avec cette hypothèse, il n’y a plus de doute et d’équivoque car il y a une parfaite cohérence rapportée dans les annales chinoise et vietnamienne. On doit savoir qu’à l’époque du roi An Dương Vương, on avait l’habitude de désigner le pays Việt Thường sous le nom Xích Qủi. Le terme Xích est employé pour désigner  la couleur rouge et faire allusion au Sud. Quant à Qủi, cela veut évoquer l’étoile Yugui Qui de couleur rouge, la plus splendide  des 28 constellations organisées dans l’astronomie chinoise. Celle-ci arriva sous le ciel de la ville Kinh Châu (Jīngzhōu) des Yue au moment où le roi  des Shang eut installé sa troupe. C’est aussi l’avis partagé par l’auteur vietnamien Vũ Quỳnh dans son ouvrage « Tân Ðính Linh Nam Chích Quái« :

Ở đây có bộ tộc Thi La Quỷ thời Hùng Vương thứ VI vào đánh nước ta nhân danh nhà Ân Thương.

C’est ici qu’à l’époque de règne de Hùng Vương VI, on trouva une tribu Thi La Quỷ qui a envahi notre pays au nom des Yin-Shan. Ce conflit pourrait expliquer la raison principale pour laquelle le royaume de Văn Lang n’a établi aucune relation commerciale avec les Shang. Les découvertes des objets en bronze a Ningxiang (Hu Nan) dans les années 1960 ont mis en évidence qu’il pourrait s’agir des butins ramenés lors de l’expédition dans le sud de la Chine car il n’y avait aucune explication à donner aux vases à vin en bronze décorés de faces anthropomorphes mélanésiennes.

3) Dans la légende vietnamienne « Phù Ðổng Thiên Vương« , on nota la fuite et la dislocation de l’armée des Shang dans le district Vũ Ninh en même temps la disparition immédiate du héros céleste du village Phù Ðổng. On raconta aussi son apparition spontanée au moment de l’invasion des Shang sans aucune préparation à l’avance. Cela mit en évidence qu’il devrait être présent sur le terrain lors de l’invasion de ces derniers. Les territoires conquis par les Shang ne pouvaient pas être repris entièrement par les Lạc Việt car sinon on pourrait dire qu’ils étaient chassés du territoire Văn Lang dans la légende. Ce n’était pas tout à fait le cas car on constata qu’avec l’avènement des Zhou, on vit apparaître sur une ancienne partie du territoire de Văn Lang, des pays vassaux comme le pays des Yue de Goujian (Wu Yue)(Ngô Việt), le pays Chu (Sỡ) etc…

On ne saurait pas pour quelles raisons le royaume de Văn Lang serait réduit et confiné ainsi dans le nord du Việt-Nam d’aujourd’hui en jetant un coup d’œil sur les cartes géographiques trouvées à l’époque des Printemps et Automnes et de l’empereur Qin Shi Huang Di. Pourquoi Goujian, le roi des Yue,  s’intéressa-t-il  à l’alliance avec le royaume de Văn Lang si ce dernier se cantonnait dans le nord du Vietnam actuel? On pourrait donner au démembrement de ce royaume l’explication suivante:

Au moment de l’invasion des Yin-Shan, un certain nombre de tribus parmi les 15 tribus que comportait le peuple Lạc Việt, ont réussi à mettre en déroute l’armée des Shang et ont continué à afficher leur rattachement et leur loyauté au royaume de Văn Lang. Cela ne les empêcha pas de garder leur autonomie et de maintenir un développement assez élevé au niveau social et culturel. Cela pourrait donner une explication plus tard à l’apparition des foyers états indépendants bien situés sur la carte géographique de l’époque de Tsin (Qin Shi Huang Di) comme Dạ Lang (Ye Lang), Ðiền Việt (Dian) , Tây Âu (Si Ngeou) et au rétrécissement significatif du royaume de Van Lang à l’état actuel (dans le nord du Vietnam).

Il ne serait pas impossible que ce royaume  réduit se restructura de manière identique à l’image du royaume de Văn Lang trouvé au début de sa création par le dernier roi Hùng Vương dans le but de rappeler à son peuple la grandeur de son royaume. Le roi garda ainsi   les noms des 15 anciennes tribus et donna à son territoire réduit le nom  Vũ Ninh   dans le but de commémorer le succès éclatant remporté par le peuple Lạc Việt sous le règne de Hùng Vương VI. Việt Trì serait probablement  la dernière capitale du royaume de Văn Lang.  On note une part de réalité historique dans cette légende vietnamienne car on découvrit récemment en Chine l’utilisation du fer à l’époque des Shang. Ce fer  pourrait être  remplacé  d’autre part par un autre métal comme le bronze  sans perdre pour autant la signification réelle dans le contenu de la légende. Il  y était employé   uniquement pour refléter  le courage et la bravoure qu’on aimait attribuer au héros céleste. S’il y était cité ainsi, cela ne mit plus en doute la découverte du fer et son utilisation  très tôt dans le royaume de Văn Lang.  Cela justifie aussi la cohérence apportée par cette légende au  conflit qui a opposé le royaume de Văn Lang aux Shang.[Civilisation Văn Lang : 2 ème partie]


Bibliographie:

(1) Paul Pozner : Le problème  des chroniques vietnamiennes., origines et influences étrangères.  BEFO, année 1980, vol 67, no 67,  p 275-302
(2) Nguyên Nguyên: Thử đọc lại truyền thuyết Hùng Vương 
(3)Jīngzhōu (Kinh Châu) : la capitale de vingt rois de Chu, au cours de la période  des Printemps et Automnes (Xuân Thu) (-771 — ~-481) 
(4) Yángzhōu (Dương Châu) 
(5) Léonard Rousseau: La première conquête chinoise des pays annamites (IIIe siècle avant notre ère). BEFO, année 1923, Vol 23, no 1.
(5) Edouard Chavannes :Mémoires historiques de Se-Ma Tsien de Chavannes, tome quatrième, page 170).
(5) Norman Jerry- Mei tsulin 1976 The Austro asiatic in south China : some lexical evidence, Monumenta Serica 32 :274-301
(7) Nguyễn Vũ Tuấn Anh: Thời Hùng vương qua truyền thuyết và huyền thoại. Nhà xuất bản văn hóa Thông Tin 1999

 

Tết du bûcheron (Sự tích cây nêu)

Version vietnamienne

Le Tết du bûcheron

Jadis, un bûcheron parti dans les bois, voulut ramener quelques bambous. Il s’apprêta à couper un bambou avec sa hache quand il entendit ce dernier lui parler. En fait, ce bambou n’était pas ordinaire: c’était un Génie du Ciel transformé en bambou par un sortilège. Surpris, le bûcheron, accepta de laisser la vie sauve au Génie. Pour le remercier, le Génie exauça son vœu (passer  les trois merveilleux jours du Têt comblés de bons mets et de vins délicieux). Sur le conseil du Génie, le bûcheron continua sa route et rencontra l’ermite Za-Xoa qui l’invita  à célébrer le Têt dans son temple.

A minuit, assailli par une nuée de démons, le bûcheron et ses compagnons les affrontèrent. Pour les aider, Bouddha  venu du Ciel proposa aux démons de leur acheter un lopin de terre en échange de pièces précieuses, d’or et d’argent qu’il déposa devant eux. De quelle superficie ? demandèrent-ils  aussitôt les démons. De la taille de ma robe, leur répondit-il. Ceux-ci s’empressèrent de l’accepter, pensant à faire une excellente affaire. Or quand le Bouddha étendit sa robe, cette dernière se révéla aussi grande que le territoire vietnamien. Les démons étaient furieux de se laisser  duper, mais le marché était conclu.

Le Bouddha s’adressa au bûcheron et à ses amis en ces termes: « Lorsque vous inviterez les mânes de vos ancêtres à venir chez vous pour les cérémonies du Têt, des esprits maléfiques peuvent se glisser parmi eux. Vous devrez donc élever une perche de bambou au sommet  de laquelle vous ferez flotter un morceau de tissu jaune marqué de  mon emblème. Ainsi, tous les mauvais démons ne viendront pas vous importuner».

Au Vietnam, on observe encore cette coutume dans certaines campagnes. Dans le milieu urbain, elle a virtuellement disparu. Cependant, le pétard est rentré dans les mœurs et depuis, le Têt débute dans un concert de pétard qui est censé chasser les démons durant toute l’année.

Sự tích cây nêu 

 

Version vietnamienne

Ngày xưa, có một người tiều phu đi đốn củi muốn mang về một ít tre. Anh định chặt cây tre bằng rìu thì nghe tiếng tre nói với anh. Trên thực tế, cây tre này không phải  bình thường: nó là thần linh bị biến thành tre bởi bùa chú. Quá ngạc nhiên, người thợ rừng đồng ý để thần linh được sống. Để cảm ơn người thợ  rừng nầy, thần linh chấp thuận ý nguyện của người thợ  rừng (có được  ba ngày Tết tuyệt vời với các thức  ăn và rượu ngon). Theo lời khuyên của thần linh, anh thợ rừng tiếp tục hành trình và gặp ẩn sĩ Za-Xoa, người nầy mời anh về chùa ăn Tết …

Vào lúc nửa đêm, bị tấn công bởi một đám ma quỷ, người thợ rừng và đồng bọn của anh ta phải đối mặt với chúng. Để giúp đỡ họ, Đức Phật đề nghị mua một mảnh đất của ma quỷ để đổi lại cho ma qủy các đồng tiền, vàng bạc quý giá, mà Ngài đặt trước mặt họ. Diện tích nó là bao?  các ma qủy hỏi cùng một lúc. Cỡ kích thước chiếc váy của ta, ngài đáp. Họ vội vàng đồng ý vì nghĩ rằng họ đã có được một thỏa thuận tốt. Nhưng khi Đức Phật xoè váy của ngài ra thì váy biến ra quá rộng bằng lãnh thổ Việt Nam. Những con quỷ rất tức giận vì bị lừa, nhưng thỏa thuận đã được thực hiện thôi.

Đức Phật nói với người tiều phu và các người bạn của anh ta như sau: “Khi các ngươi mời tổ tiên về nhà để ăn lễ Tết, các hồn ma quỷ có thể len ​​lỏi vào trong các người đó. Do đó, các ngươi phải dựng một  cây nêu lên trên đỉnh treo một mảnh vải màu vàng có biểu tượng của ta. Như vậy, tất cả ma qủi sẽ không đến quấy nhiễu các ngươi.

Ở Việt Nam, phong tục này vẫn còn được duy trì ở một số vùng quê. Còn ở các đô thị, nó hầu như đã biến mất từ lâu. Tuy nhiên, việc đốt pháo đã trở nên phổ biến và kể từ đó Tết bắt đầu bằng các cuộc đốt pháo nhầm để xua đuổi ma quỷ suốt cả năm.

 

Edouard Hocquard

Le regard d’un homme au destin exceptionnel

English version

 
Charles Edouard Hocquard, médecin militaire et  reporter correspondant pour l’agence Havas au Tonkin de 1884 à 1886 nous a légué en héritage une collection d’images de beauté de la première guerre coloniale du Vietnam. Il a rapporté plus de 200 clichés composant une porte-folio de 80 planches en photoglyptie (1) publié en 1887. Il a relaté avec acuité et humour dans « Une expédition au Tonkin », les anecdotes pittoresques avec les paysans de la région, la connaissance de la flore locale, les souvenirs  de la guerre du Tonkin et du peuple vietnamien etc..

Il n’a pas obtenu le succès commercial escompté avec la publication de ses reportages photographiques.  Mais il a réussi à montrer qu’il est possible de trouver dans le conflit franco-vietnamien un autre regard plus objectif, celui d’un homme de science à la rencontre d’une autre culture à l’aube du  XXème siècle. Il est décédé d’une grippe infectieuse le 11 Janvier 1911 à l’âge de cinquante huit ans.

 

Galerie des photos

Version anglaise

The look of a man with  extraordinary destiny

Being a medical officer and reporter for the Havas agency in Tonkin from 1884 to 1886,  Charles Edouard Hocquard  has bequeathed us as heritage a collection of  beautiful digital pictures  coming from the first colonial war in Vietnam. He brougth  back more than 200 clichés composing a portfolio of 80 boards in  « photoglyptie« (1)  and published in 1887. He related picturesque anecdotes with  local peasants, knowledge  of local flora,  memories of war and Vietnamese people with acuity and humor in the book « Une expédition au Tonkin (An expedition in Tonkin) » etc…

The commercial success was not obtained  with the publication of its  photographic articles. But he succeeded in showing that it is possible to find in the franco-vietnamese conflict an other look very impartial, that of a scientific man going out to meet with an other culture at the dawn of the twenty century. He died from an infectious influenza on 11 January 1911 when he was fifty-eight years old.


(1) photoglyptie: un procédé d’impression photomécanique inaltérable destiné à remplacer les tirages argentiques.

      An immutable  photomechanical printing process is  intended to replace silver printings.

In Search of the Origin of the Vietnamese People: Part 2 (Đi tìm nguồn gốc dân tộc Việt)

 

Đi tìm nguồn gốc dân tộc Việt (Phần 2)

French version

In search of the Origin of the Vietnamese people

This remark has been confirmed by what was discovered in the tombs at the Guigi site of Jiangxi: The weapons found bore a symbolic characteristic because they were all made of wood. They did not have an important place in people’s life or after-live. This led to the conclusion that contrary to the society of the folks from the North, that of the Yue was rather more peaceful. That is why they were not able to resist better every time there was an encroachment by the neighbors from the North, the Yi who did not stop at nibbling away their territory and pushing them a little farther south at each confrontation. The Yi distinguished themselves by their art of making bows and arrows. They were formidable warriors talented in arching and horse riding. Hardened by the roughness of nature, they were used to wrestling with wild animals and other tribes. That gave them at the start a gene of a conqueror and a fighter in their blood.

It was not the case of the folks from the South, the Bai Yue. The wise Confucius had the occasion to compare the forces that the folks from the North and from the South possessed respectively: Courage and power ( Dũng ) for the former and kindness and generosity ( Nhân từ ) for the latter. Again, the word Yi having for origin the picture of a man holding a bow gives us a pretty good idea on the particularity of the folks from the North. Under the direction of , Houang Di ( Hoàng Ðế ) they have succeeded in pushing back the first tribes of Bai Yue in the territory delimited by the yellow river Huang He and the YangTse river led by Chiyou ( Xi Vưu ) ( or Ðế Lai in Vietnamese ) in alliance with king Lôc Tục ( ou Kinh Dương Vương ) who reigned south of the blue River on a vast country of Xích Qủi ( Country of red demons ). According to a Chinese legend, this confrontation took place at Trác Lộc ( Zhuolu ) in the presently province of Hebei and has permitted the folks from the North to start progressively their expansion to the Blue River. The death of Chiyou marked the first victory of the folks from the North over the Bai Yue people some 3000 years B.C.

At the Shang period, none of the Chinese or Vietnamese historic documents talked about the relationship between the Bai Yue and the Shang besides the Vietnamese legend about « Phù Ðổng Thiên Vương » ( or the heavenly hero of Phù Ðổng village ) which reported a confrontation between the Shang and the Văn Lang kingdom of the Luo Yue. However it was noted that contact was established later between the Zhou dynasty and the king of the Luo Yue ( Hùng Vương ). A silver pheasant ( bach trĩ ) was offered by the latter to the king of Zhou according to the book Linh Nam Chích Quái. At the time of Spring and Autumn, a state of East Yue was known in the Mémoires Historiques by the historiographer of Han empire Si Ma Qian ( Tư Mã Thiên ) . It was the kingdom of the famous lord Gou Jian (Câu Tiễn). At the death of this one, his descendants did not succeed in maintaining hegemony. At the middle course of the Blue River, another kingdom, founded also by one of the Bai Yue tribes ( Bộc Lão ) and known as Chu ( Sở Quốc), took over at the time of Fighting Kingdoms and became one of the seven rival principalities ( Han, Zhao, Wei, Chu, Yan, Qi, Qin and Chu ).(Hàn, Triệu, Ngụy, Yên, Tề, Tần và Sỡ).

Terracotta warrior of Qin Shi Huang Di

Before being defeated by the army of Qin, the Chu kingdom has indirectly brought its undeniable contribution in favor of the future formation and unity of the Chinese nation that the Yi had begun to put in place by eliminating in 332 the state of East Yue of Goujian and starting to give a new impulsion to the development of a large state with the reforms of Wu Qi (Ngô Khởi).

The Gou Yue (or East Yue) began to take refuge in the southern territory of Bai Ye after the annexation of their land by the Chu kingdom. According to Léonnard Aurousseau, after their defeat, The Gou Yue or Ðông Âu (or East Âu ) found asylum in large number in the following regions: Foujian  (Phúc Kiến ), Guangdon ( Quảng Ðông ), Guangxi ( Quảng Tây ) and Jiaozhi ( Giao Chỉ ) and thus became the Man Yue ( Foujian ), Nan Yue (Jiangsu, Jiangxi) and Luo Yue (Quangxi, Jiaozhi). All were « sinisized » as centuries went by except the Luo Yue who were the legitimes descendants of Gou Yue at the Au branch and were known often as Tây Âu ( Xi Ou or West Âu ).

« There was no doubts on the origin of the Luo Yue », wrote the French scholar Leonard Aurousseau in his work « Notes sur les origines du peuple annamite ( Ghi chép nguồn gốc dân tộc An Nam ) » ( BEFEO, T XXIII, 1923, p.254 ). The other Yue peoples, particularly those living in the Chu kingdom were fast to follow them at the unification of China by Qin Shi Huang Di. This one did not hesitate to banish whoever dare resist his policy of assimilation, particularly the Yue and the Miao to forced labor on the construction of the Great Wall, to burn not only all the works of learned confucianists but also those of other unsubdued people and to maintain his policy of aggression against the Bai Yue as far as Ling Nan ( Linh Nam ). The conquest of the Xi Ou and Luo Yue (Tay Au) territory of Thục An Dương Vương that marked the second confrontation between the Chinese and the Bai Yue, was achieved in 207 with the nomination of two famous governors to the conquered territory: Nhâm Hiếu  (Jen Hiao) and his assistant Triệu Ðà (Zhao Tuo).

In spite of the policy of terror and pacification, the Yue continued to run their resistance heroically. They hid in the bush and lived with the animals. No one agreed to become slave of the Chinese. The Yue picked their chiefs among their men of value. Then they attacked the Chinese at night and inflicted them with a great defeat…, that was reported in the translation of Huainan zi (Hoài nam tử) of L. Aurousseau, B.E.F.E.O. XXIII, 1923, p. 176.

At the death of Nhâm Hiếu, taking advantage of consecutive troubles following the fall of the Qin empire in 207, Triệu Ðà. ( Zhao Tuo ) became allied with other Yue to declare independence fo the Nan Yue kingdom for which he took control of Guilin and Xiang then in 184 B.C., he attacked the Chang Sha region ( Hunan ( Hồ Nam )) . This kingdom was short-lived and fell back in the hands of the folks from the North, the Han in 111 B.C. despite the heroic resistance of Prime Minister Lục Gia. This confrontation, the third one with the people of Bai Yue took away not only their land but also their cultural identity. The sinization began its full steam on the conquered territory ( Foujian (Phuc Kien), Guizhou ( Qui Chau ), Guangdong ( Quảng Ðông ), Guangxi ( Quảng Tây ), Yunnan ( Vân Nam ), Tonkin ( Giao Chỉ ). Many revolts and insurrections broke out during this long period of Chinese domination. But the most dazzling revolt remained the one run heroically by the sisters Trưng Trắc, Trưng Nhị. On appeal of the sisters in 39 A.D., the Yue living in the South of China and a large part of Tonkin joined them. That helped them to stand up with the Han army until 43 A.D. But they were finally defeated by Ma Yuan ( Mã Viện ) a great Chinese marshal at the time. Ma Yuan ( Mã Viện ) assigned by the Han emperor , Guang Wu (Quang Võ) decided to destroy all bronze drums found on the land of the Luo Yue because he knew at the confrontation that those objects had the value as an emblem of power for them. According to what people said, to move back the frontier down to the Nam Quan border gate, he did not hesitate to erect a pillar several meters high made of bronze collected from the drums and bearing this sign:

Ðồng trụ triệt , Giao Chỉ diệt
Ðồng trụ ngã, Giao Chỉ bị diệt.
Bronze pillar falls, Giao Chi disappears

But that did not upset the will and ardor for independence of the Luo Yue ( the Viet ). They decided to consolidate the pillar by throwing a piece of earth around it when they went by, which progressively helped in building up a mound and made disappear the mythical pillar. To deal with any eventuality of revolt, there was also an order from empress Kao (Lữ Hậu) in 179 B.C. providing a ban on delivery of not only plowing and metal instruments but also horses, oxen and sheep to the Barbarians and the Yue. This has been reported by E. Gaspardone in his work titled  » Matériaux pour servir à l’histoire de l’Annam » ( BEFEO, 1929 ). Because of this policy, it is not surprising to discover recently a large number of bronze drums burried in Vietnam and in neighboring areas ( Yunnan, Hunan ). The Ðồng Sơn civilization came to an end during the Chinese occupation.

Forced enlistment of the Yue into the army of the conquerors and the contacts they had with the Chinese as the years went by allowed them to know more about warfare technique (Sunzi (Tôn Tử) for example) and to improve their weapons in the struggle against the invaders in the years to come. On the other hand, the Chinese appropriated what belonged to the Yue during their long occupation. The Yue continued to be treated as barbarians despite their undeniable contribution to the radiance of Chinese culture. Those folks from the North could pretend from then on to be the legitimate holders of the Writing of Luo, the theory of Ying and Yang and the 5 elements, even though there exists a large number of incoherence in their mythical made up stories.

 Reconstructed model found at the Banpo site

They modified the dragon, the preferred mythical animal of the Bai Yue, which had a start with an alligator’s head and a snake’s body, to fit their temperament of a warrior and their taste by giving it the wings and a horse’s trunk and definitely adopted it as their own symbolic animal even though they had the white tiger in their Turco – Mongol traditions. Their round form house whose model has been reconstructed and found at the Banpo site has been replaced by a spacious house with a roof largely « hollow-back » and overflowing in canopy, that of the Bai Yue. In the turmoil of history, there was no more room for the Bai Yue.

Except the Luo Yue, other peoples of Bai Yue continued to be « sinized » in a way that at the end of 10th century, on their land there were only two peoples face to face, a conquering people (the Han) and the rebellious people ( the Viet ) looking for independence. The states of Gou Yue, Nan Yue, Man Yue etc…thereafter took part in Southern China. Taking advantage of the breaking up of the Tang empire, the Luo Yue declared independence with Ngô Quyền. The Vietnamese nation began to see the day. One should not believe that everything went really smoothly and harmoniously. It cost such sacrifices in order for the folks from the North to accept the reality. That is how the history page of the Bai Yue was mixed up with that of the Luo Yue.

Have recent scientific discoveries radically changed the view about the Bai Yue and particularly their history? They have called into question he idea of cultural diffusionism originated from the North. More ancient vestiges than those at Hemudu have been discovered recently in the middle Blue river at Pentoushan ( Hunan ) . Could one continue to consider the Miao , the Bai Yue as « barbarian » folks? Nevertheless the word Miao (or Miêu in Vietnamese) which is made of a ricefield picture ( Ðiền ) added on its top the pictogram « Thảo » (cỏ) ( herb ) provides evidence how the Chinese depict in their language people knowing how to grow rice. Could we continue to maintain a traditional and obsolete version written by the conquerors to the detriment of the search for historic truth? It turns out indispensable to put the train back on the tracks knowing for sure that the Chinese civilization does not need made up stories because it deserved to appear for a long time among the great civilizations of humanity. It is the ancestors of the Luo Yue that taught the folks from the North the culture of rice and not the other way around as has been written in a large number of Chinese and Vietnamese historic documents. The time has come to give the homage to our ancestors, the Yue, who because of their peaceful nature were forced to be wiped off in front of the use of force in the turmoil of history.

 


Heirs of a glorious past, tangled up successively in fraticide and colonial wars and deep in corruption, Vietnam of the Luo Yue needs to recover because it does not deserve to be part of the poorest countries in the world. The time has come for it to follow the path drawn by its ancestors and do better than them….

 

In Search of the Origin of the Vietnamese People: Part 1 (Đi tìm nguồn gốc dân tộc Việt)

Version française

 

The discovery of the Hemudu site ( Zhejiang ) in 1973 was a great event for Chinese archaelologists because the site traced back to more than 7000 years the most ancient civilization of rice found on earth. Also found there were remnants of lacustrine wooden housing built on piles, the type of construction quite different from the earthen houses in Northern China. The people who lived there possessed traits characterized Mongoloid as well as Australo-Negroid. Because Zhejiang is part of the most beautiful provinces in Southern China for a long time, that famous civilization has been attributed to the Chinese people even though the cradle of their civilization was known to be narrowly tied to the basin of the Yellow River ( or Huang He ) ( Hoàng Hà ) where Anyang is its ancient heart. One cannot deny that their civilization has found all its quintessence in the neolithic cultures of Yang-Shao ( Henan Province ) ( 5000 years BC) and Longshan ( Shandong Province ) ( 2500 years BC ) respectively identified by the Swedish Johan G. Andersson in 1921 and the father of Chinese archaeology Li Ji a few years later. Thanks to phylogenetic works done by the American team led by professor J.Y.Chu of the University of Texas, which was published in the American Review of Sciences Academy under the title « Genetic Relationship of Population in China » (1), an accurate idea about the origin of the Chinese people began to emerge. Three points were raised from these works:

  • 1) It is clear that genetic evidence does not support that Homo-sapiens in China has an independent origin. The ancestors of the populations presently living in the East of China came from South East Asia.
  • 2) Thereafter, it is probably safe to conclude that « modern » folks native of Africa constitute largely the genetic capital found presently in East Asia.

In his conclusion, professor J.Y. Chu recognized that it is probable the ancestors of the populations speaking Altaic languages ( or the Han ) were issues of the population of South East Asia and the tribes coming from Central Asia and Europe.

That discovery did not call into question what has been proposed some few years before by anthropology professor Wilhelm G. Solheim II of the University of Hawaii in his book « A New Light in a Forgotten Past » (2). For this anthropologist, there is no doubts that the Hoa Binh culture (15,000 years B.C.) discovered in 1922 by the French archaeologist Madeleine Colani in a village near Hoà Bình province in Vietnam was the birth place of future evolution of Neolithic cultures of Yang Shao and Longshan found in Northern China. British physicist Stephen Oppenheimer has gone far beyond what was thought at that time by showing in logical and scientific processes that the cradle of civilization of humanity was in South-East Asia in his work « Eden in the East: the Drowned Continent of South-East Asia« .(4) He concluded basing on geological evidence found at the bottom of the East sea (Biển Đông)  and carbon-14 dating methods on foodstuff (yam, taro, rice, cereals etc…) found in South-East Asia ( Non Sok Tha, Sakai ( Thailand ) , Phùng Nguyên, Ðồng Ðậu ( Vietnam ), Indonesia ), that a huge flood took place and forced the people in the region who, unlike what western archaeologists had described as folks living on fishing, hunting and gathering, were the first to know how to perfectly master rice growing and farming to migrate all over the place ( either southward in Oceania, or eastward in the Pacific, or westward in India, or northward in China ) for their survival. Those folks had become the seeds of great and brilliant civilizations found later in India, Mesopotamia, Egypt and the Mediterranean.

From those archaeological and scientific findings, one is led to pose questions on what has been reported and falsified by history in this region of the world and taught until then to the Vietnamese. Could one ignore any longer those scientific discoveries? Could one continue to believe any longer in Chinese writings ( Hậu Hán Thư for example ) where Chinese prefects such as Tích Quang ( Si Kouang ) and Nhâm Diên were imputed the care of teaching the ancestors of the Vietnamese how to dress and use the plow that they did not know at the first century of our era?. How could they not know rice growing, the legitimate descendants of king Shennong ( Thần Nông )(3), when one knows that the latter was a specialist in agrarian domain? No one dares to pick out this contradiction.

Shennong (Thần Nông)

One does not even raise questions on what the people from the North have given to this devine hero the nickname Yandi ( Viêm Ðế )( king of hot country of Bai Yue ). Is it about the way to refer to the king of the region of the South, because at the Zhou era, the Yue territory was known as Viêm Bang? Is it possible for nomad folks from the North whose origin is Turco-Mongol, the ancestors of the Han and of the Southern folks, the Yue to have the same ancestors? Is it the matter of a pure making up stories at the glory of the conquerors in order to justify their policy of assimilation?

All the traces of the other peoples, the « Barbarians » have been wiped off at the time of their passage. The conquest of the Chinese continent began at the borders of the loess and the Great Plain and hard to please for almost four millennia. That has been noted by the French scholar René Grousset in his work « History of China » when speaking of the expansion of a Chinese rude pioneer race of the Great Plain.

Facing their brilliant civilization, very few people including the Europeans when they first arrived in Asia dared to raise any doubts about what has been said in Chinese and Vietnamese annals and think of the existence of even another civilization that the dominators succeeded in monopolizing and erasing on the submissive land of the Bai Yue people. The name Indochina has already reflected a great deal this attitude because for a large number of folks, there are only two civilizations in the world worth mentioning in Asia: That of India and of China. It is also regrettable to note the same mistake made by some Vietnamese historians influenced by by the Chinese culture in their history works. By dint of being indoctrinated by the Northern folks’ policy of colonization, a certain number of Vietnamese continue to forget our origin and to think nowadays that we are issues of the Chinese who will not hesitate to set going their policy of assimilation and annexation in territories they have succeeded in conquering since the creation of their nation. The success of « Sinisation » of the Han was visible as the centuries went by at the time of contact with other « barbarian » peoples. The process would not be different from the one that marked their footsteps on the Mongolian « land of grass » in 19th century and in the Manchurian forest in 20th century.

One does not refute their brilliant civilization having an undeniable impact on the development of the Vietnamese culture during their long domination, but one cannot forget to recognize that the ancestors of the Vietnamese, the Luo Yue ( ou Lạc Việt ) have had their own culture, that of Bai Yue. The Vietnamese were the sole survivors of this people for not to be « sinised » in the turmoil of history. They were the legitimate heirs of the Bai Yue people and of their agricultural civilization. The bronze drums of Ðồng Sơn have witnessed their legitimacy because on these objects were found patterns of decoration recounting their agricultural and maritime activities of this brilliant era before the arrival of the Chinese on their territory ( Kiao Tche or Giao Chỉ in Vietnamese).

Now we know that the agricultural civilization of Hemudu has given birth to the culture of Bai Yue (or Bách Việt in Vietnamese). The term Bai Yue literary meaning One hundred Yue, has been used by the Chinese to call all the tribes thought to belong to one group, the Yue. According to Bình Nguyên Lộc, a Vietnamese writer, the tool frequently used by the Yue is the axe ( cái rìu in Vietnamese) found in several forms and made of different materials ( stone, iron or bronze ). For this reason that at the moment of contact with the nomad folks from the North of Turco-Mongol origin, the ancestors of the Han ( or Chinese ) called them by the name of « Yue », the folks who use the axe, which at that time looked like this :

and served as the model of representation in Chinese writing by the pictogram  . This pictogram also appears in the word Yue where is found the root word mễ () (or rice or gạo in Vietnamese ) to mean the folks who practice farming at the era of Confucius. 

Nowadays, the word Yue ( ) besides the radical (走 pass or vượt in Vietnamese), the picture of the axe continues to be represented by the pictogram     endlessly modified as time goes by. Perhaps the word Yue phonetically comes from the sound Yit used by the Muong tribe to call the axe. It is important to remember that the Muong tribe has the same origins as the Luo Yue ( ou Lạc Việt ) tribe whose the Vietnamese are issues. ( The famous Vietnamese kings Lê Ðại Hành , Lê Lợi being Muong people). Recently, archaeologist and researcher of CNRS Corinne Debaine-Francfort has talked about the use of the ceremonial axes by the Chinese in the sacrifice of humans or animals in her work titled « The Rediscovery of Ancient China » ( Editeur Gallimard, 1998 ). The sage Confucius had the opportunity to talk about the Bai Yue people in conversations with his disciples.

The Bai Yue people living south of the Yang Tse river ( Dương Tử Giang ) has a life style, a language, traditions, moral standards and a specific foodstuff… They devote themselves to rice growing, which makes them different from our people who grow millet and wheat. They drink water coming from a kind of plant plucked from the forest known as « tea ». They like dancing, working while singing and alternate their reply in the songs. They often disguise themselves in the dance with leaves and plants. We should not imitate them ( Xướng ca vô loại ).

Confucian influence is not unfamiliar to the bias that Vietnamese parents still hold today when their children devote themselves a bit too much to musical or theatrical activities. it is in this spirit that they are seen with a negative view. But it is also the attitude adopted by Chinese governors in forbidding the Vietnamese to manifest musical expressions in their ceremonies and festivities during their long domination.

Historian Si Ma Qian ( Tư Mã Thiên ) had the opportunity to talk about the Yue in his Memoires historiques ( Sử Ký Tư Mã Thiên ) when he recounts the life of the famous lord , Gou Jian ( Câu Tiễn ),prince of the Yue for his incommensurable patience facing the ennemy governor Fu Chai ( Phù Sai ), king of principality Wu ( Ngô ) at the war time of Srpings and Autumns. After his death, his kingdom was absorbed completely in 332 B.C. by the kingdom of Chu ( Sở Quốc ) which was in its turn annexed later by Qin Shi Huang Di during the unification of China. It is important to stress that the Hemudu site is located in the kingdom Yue of Gou Jian.( Zhejiang ).

As for the groups sharing the same culture of Bai Yue, one finds the Yang Yue, Nan Yue ( Nam Việt ), Lu Yue, Xi Ou, Ou Yue, Luo Yue ( Lạc Việt ), Gan Yue, Min Yue ( Mân Việt ), Yi Yue, Yue Shang etc… They lived north of the basin of the blue river, from Zhejiang ( Triết Giang ) to Jiaozhi ( Giao Chỉ ) ( the North of Vietnam today ). It is found in this area of distribution the current provinces of Southern China: Foujian ( Phúc Kiến ), Hunan ( Hồ Nam ), Guizhou ( Qúi Châu ), Guangdong ( Quảng Ðông ), Jiangxi, Guangxi ( Quảng Tây ) and Yunnan ( Vân Nam ).

The Bai yue were probably the heirs of the Hòa Bình culture. They were a people of skilled farmers: They grew rice on burned land and flooded fields and raised buffaloes and pigs. They lived also by hunting and fishing. They have the custom of tattooing their bodies to protect themselves from attacks of water dragons (con thuồng luồng). Relying on the support of Si Ma Qian’s Memoires Historiques the scholar Léonard Aurousseau evoked the Goujian (king of the East Yue) ancestors’ custom to paint their bodies with dragons or other aquatic beasts similar to the ones found on the South Yue.

They wore long hair in chignon held by a turban. According to some Vietnamese texts, they cut their hair short to facilitate their walk in the mountain forests. Their clothes were made of vegetal fibers. Their houses were elevated to avoid being attacked by wild animals. They used bronze drums as ritual objects in their ceremonies for invocation of rain or as an emblem of power in case there is the need to call warriors for combat. The Giao Chi possessed a sacred instrument: The bronze drum. In listening to the drum, they were so enthusiastic during the war… », that is what we found in the first volume of Hậu Hán Thư (Late Hán Book). Their warriors wore a simple loincloth and armed with long spears decorated with feathers. They were also bold navigators who, in their long pirogues traveled all over East sea (Biển Đông) and beyond in part of southern seas. In spite of their high technicity and perfect mastering of farming and rice growing, they were a very peaceful people. More reading (Part 2)

À la recherche de l’origine du peuple vietnamien: 2ème partie

Đi tìm nguồn gốc dân tộc Việt (Phần 2)

English version

À la recherche de l’origine du peuple vietnamien 

Cette constatation a été confirmée par ce qu’on avait découvert dans les tombes du site Guiqi de Jiangxi : Les armes trouvées ont porté un caractère symbolique car elles étaient tout en bois. Elles n’ont pas eu une place importante dans leur vie ou leur après -vie. On a été amené à conclure que contrairement à la société des gens du Nord, celle des Yue était plutôt pacifique. C’est pourquoi cela ne leur permit pas de résister mieux à chaque empiétement de leurs voisins du Nord , les Yi qui ne cessèrent pas de grignoter leur territoire et de les refouler un peu plus au sud à chaque confrontation. Les Yi se distinguaient par leur art de fabriquer des arcs et des flèches. Ils étaient des guerriers redoutables et doués pour le tir à l’arc et l’équitation. Endurcis par la rudesse de la nature, ils étaient habitués à lutter contre les animaux sauvages et les autres tribus. Cela leur permit d’avoir au départ dans leur sang le gène d’un conquérant et d’un lutteur.

Ce n’était pas le cas des gens du Sud , les Bai Yue. Le sage Confucius a eu l’occasion de comparer les forces que possédaient respectivement les gens du Nord et du Sud: le courage et la puissance ( Dũng ) pour les premiers et la bienveillance et la générosité ( Nhân từ ) pour les seconds. Déjà le caractère « Yi » qui était à l’origine le dessin d’un homme   portant un arc  nous a donné une idée précise sur la particularité des gens du Nord. Ceux-ci, sous la direction de Houang Di (Hoàng Ðế) , ont réussi à refouler les premières tribus de Baiyue vivant dans le territoire délimité par le fleuve jaune Huang He et le fleuve bleu Yangtsé et dirigées par Chiyou (Xi Vưu) (ou Ðế Lai en vietnamien) en alliance avec le roi Lôc Tục (ou Kinh Dương Vương) régnant au sud du Fleuve Bleu sur le vaste pays des Xích Qủi (Pays des démons rouges). Selon la légende chinoise, cette confrontation a eu lieu à Trác Lộc ( Zhuolu ) dans l’actuelle province de Hebei et a permis aux gens du Nord d’entamer progressivement leur expansion jusqu’au fleuve Bleu. Le décès de Chiyou a marqué la première victoire des gens du Nord sur le peuple Bai Yue il y a eu à peu près 3000 ans avant J.C.

À l’époque des Shang, aucun document historique chinois ou vietnamien ne parla des relations entre les Bai Yue et les Shang à part la légende vietnamienne de « Phù Ðổng Thiên Vương » (ou le héros céleste du village Phù Ðổng) qui a rapporté une confrontation entre les Shang et le royaume de Văn Lang des Luo Yue. Par contre, on nota le contact établi plus tard entre la dynastie des Zhou et le roi des Luo Yue ( Hùng Vương ) . Un faisan argenté ( chim trĩ ) avait été offert même par ce dernier au roi des Zhou selon l’ouvrage Linh Nam Chích Quái. A l’époque des Printemps et Automnes, un état des Yue de l’Est se fit connaître dans les Mémoires Historiques de l’historiographe de l’empire des Han Si Ma Qian (Tư Mã Thiên) . C’était le royaume du seigneur illustre Gou Jian (Câu Tiễn). À la mort de celui-ci, ses descendants ne réussirent pas à maintenir l’hégémonie. Sur le moyen cours du fleuve Bleu, un autre royaume fondé aussi par l’une des tribus de Bai Yue ( Bộc Lão ) et connu sous le nom de Chu ( Sở Quốc ) prit la relève à l’époque des Royaumes Combattants et devint l’ une des sept principautés rivales (Han , Zhao, Wei, Yan, Qi , Qin et Chu). (Hàn, Triệu, Ngụy, Yên, Tề, Tần và Sỡ)

Avant d’être vaincu par la force des armes de l’armée des Qin, le royaume de Chu a apporté indirectement sa contribution indéniable en faveur de la future formation et de l’unité de la nation chinoise que les Yi avaient commencé à mettre en place en éliminant en 332 l’état des Yue de l’Est de Goujian et en commençant à donner une nouvelle impulsion au développement d’un grand état avec les réformes de Wu Qi (Ngô Khởi).

Les Gou Yue (ou les Yue de l’Est) commencèrent à se réfugier dans le sud du territoire des Bai Yue après l’annexion de leur territoire par le royaume de Chou. Selon Léonnard Aurousseau, après leur défaite, les Gou Yue ou les Ðông Âu ( ou Est Âu ) trouvaient asile en grande nombre dans les régions suivantes: Foujian (Phúc Kiến), Guangdong (Quảng Ðông), Guangxi (Quảng Tây) et Jiaozhi (Giao Chỉ) et y devenaient ainsi les Mân Yue (Foujian) , les Nan Yue (Jiangsu, Jiangxi) et les Luo Yue (Guangxi , Jiaozhi). Tous ont été sinisés au fil des siècles sauf les Luo Yue. Ces derniers étaient les descendants légitimes des Gou Yue car ils appartenaient comme les Gou Yue à la branche Âu et ils étaient connus souvent sous le nom Tây Âu (les Xi Ou ou Ouest Âu).

 » Il n’y avait plus de doute sur l’origine des Luo Yue » , c’est ce que l’érudit français Léonnard Aurousseau a écrit dans son ouvrage «  Notes sur les origines du peuple annamite (Ghi chép nguồn gốc dân tộc An Nam) » ( BEFEO, T XXIII, 1923 , p 254 ). D’autres Yue, en particulier ceux vivant dans le royaume de Chu ne tardèrent pas à les suivre lors de l’unification de la Chine par Qin Shi Huang Di. Celui-ci n’hésita pas à bannir tous ceux qui avaient osé résister à sa politique d’assimilation, en particulier les Yue et les Miao aux travaux forcés dans la construction de la Muraille de Chine, à brûler non seulement tous les ouvrages des lettrés confucianistes mais aussi ceux des autres peuples insoumis et à maintenir sa politique d’agression contre les Bai Yue jusqu’au Ling Nan ( Linh Nam ). La conquête du territoire des Xi Ou et des Luo Yue (Tây Âu) de Thục An Dương Vương qui a marqué la deuxième confrontation des Chinois avec les Bai Yue, fut achevée en 207 avec la nomination des deux gouverneurs célèbres du territoire conquis: Nhâm Hiếu ( Jen Hiao ) et son adjoint Triệu Ðà. (Zhao Tuo).

A la mort de Nhâm Hiếu, profitant des troubles consécutifs à la chute de l’empire des Qin en 207, Triệu Ðà. (Zhao Tuo) s’allia avec d’autres Yue pour déclarer l’indépendance du royaume de Nan Yue pour lequel il conquit les anciennes commanderies de Guilin et Xiang puis il attaqua en 184 avant J.C. la région de Chang Sha (Hunan (Hồ Nam)). Ce royaume resta éphémère et retomba dans le giron des gens du Nord, les Hán en 111 avant J.C. malgré la résistance héroïque du premier ministre Lục Gia. Cette confrontation, la troisième avec le peuple Bai Yue fit perdre à ce dernier non seulement son territoire mais aussi son identité culturelle. La sinisation commença à battre son plein sur le territoire conquis (Foujian (Phúc Kiến), Guizhou (Qúi Châu), Guangdong (Quảng Ðông), Guangxi (Quảng Tây) , Yunnan (Vân Nam), Tonkin (Giao Chỉ). Beaucoup de révoltes et d’insurrections ont éclaté durant cette longue période de domination chinoise. Mais la révolte la plus éclatante resta celle menée héroïquement par les deux sœurs Trưng Trắc, Trưng Nhị . A l’appel de ces dernières en 39 après J.C. , les Yue vivant dans le Sud de la Chine et dans la grande partie du Tonkin les joignirent. Cela leur permit de tenir tête à l’armée des Hán jusqu’en 43 après J.C. Mais elles furent battues finalement par un grand maréchal chinois de l’époque Ma Yuan (Mã Viện)(Phục Ba Tướng quân). Celui-ci, envoyé par l’empereur Guang Wu (Quang Võ) des Hán, décida de détruire tous les tambours en bronze trouvés sur le sol des Luo Yue car il sut reconnaître lors de la confrontation que ces objets ont eu la valeur d’un emblème de pouvoir pour ces derniers. Selon l’on-dit, pour reculer la frontière jusqu’au portail Nam Quan, il n’hésita pas à édifier un pilier haut de plusieurs mètres, fabriqué avec du bronze récupéré de ces tambours et portant l’écriteau suivant:

Ðồng trụ triệt , Giao Chỉ diệt
Ðồng trụ ngã, Giao Chỉ bị diệt.
Le Giao Chỉ disparaîtrait pour toujours avec la chute de ce pilier

Mais cela n’émoussa pas la volonté et l’ardeur indépendantiste des Luo Yue ( les Việt ). Ceux-ci décidèrent de le consolider en jetant, à chaque passage, un morceau de terre autour de cette colonne colossale, ce qui permit d’édifier progressivement un monticule faisant disparaître ainsi ce pilier mythique. Pour parer à toute éventualité de révolte, il y a eu même un édit de l’impératrice Kao (Lữ hậu) en 179 avant J.C. stipulant qu’il était interdit de livrer non seulement aux barbares et aux Yue des instruments aratoires et en métal mais aussi des chevaux, des bœufs et des moutons. Ce fait a été rapporté par E. Gaspardone dans son ouvrage intitulé  » Matériaux pour servir à l’histoire de l’Annam » (BEFEO, 1929). A cause de cette politique, il n’est pas étonnant de découvrir récemment un grand nombre de tambours en bronze enterrés au Vietnam et dans les régions avoisinantes (Yunnan, Hunan ). La civilisation dongsonnienne prit fin durant l’occupation chinoise

L’enrôlement forcé des Yue dans l’armée des conquérants et le contact qu’ils ont eu au fil des années avec les Chinois leur permit de connaître mieux les techniques de guerre (Sunzi (Tôn Tử) par exemple ) et de perfectionner leurs armes dans leur lutte contre les envahisseurs dans les années à venir. En revanche, les Chinois se sont appropriés tout ce qui leur appartenait durant leur longue occupation. Ces Yue continuaient à être traités comme des peuples barbares malgré leur contribution indéniable au rayonnement de la culture chinoise. Ces gens du Nord pouvaient prétendre être désormais les détenteurs légitimes de l’Ecrit de Luo , de la théorie de Yin -Yang et de 5 éléments (Âm Dương ngũ hành) bien qu’un grand nombre d’incohérences fussent trouvées dans leur affabulation mythique.  © Đặng Anh Tuấn

Modèle reconstitué et retrouvé sur le site du Banpo.

Ils remodelaient le dragon, l’animal aquatique mythique préféré des Bai Yue, qui avait au départ une tête d’alligator et un corps de serpent, à leur tempérament de guerrier et à leur goût en lui donnant des ailes et un tronc de cheval et l’adoptaient définitivement comme leur animal symbolique bien qu’ils eussent le tigre blanc dans leurs traditions turco-mongoles. Leur maison de forme ronde dont le modèle a été reconstitué et retrouvé sur le site du Banpo a été remplacée par la maison spacieuse au toit largement ensellé et débordant en auvent, celle des Bai Yue. Dans les tourbillons de l’histoire, il n’y avait plus de place pour les Bai Yue.

© Đặng Anh Tuấn

Exceptés les Luo Yue, les autres peuples de Bai Yue continuaient à être sinisés de manière qu’à la fin du Xème siècle, sur leur territoire, il ne resta que deux peuples face à face, un peuple conquérant ( les Han ) et un peuple insoumis (Les Luo Yue ou les Vietnamiens) en quête d’indépendance. Les états des Gou Yue, des Nan Yue, des Man Yue etc. firent partie désormais de la Chine du Sud. Profitant de la dislocation de l’empire des Tang (nhà Đường), les Luo Yue déclarèrent leur indépendance avec Ngô Quyền.

La nation vietnamienne commença à voir le jour. Il ne faut pourtant pas croire que tout se passe réellement dans la douceur et dans l’harmonie. Il faut tant de sacrifices pour que les gens du Nord acceptent cette réalité. C’est ainsi que la page de l’histoire des Bai Yue était confondue désormais avec celle des Luo Yue .

Les découvertes scientifiques récentes ont changé radicalement la vision qu’on a des gens de Bai Yue et particulièrement de leur histoire.? Elles ont remis en cause l’idée d’un diffusionnisme culturel originaire du Nord. Des vestiges plus anciens encore que ceux de Hemudu ont été découverts récemment dans le moyen fleuve Bleu à Pentoushan (Hunan (Hồ Nam)). Peut-on continuer à considérer les Miao, les Bai Yue comme des gens « barbares » ? Pourtant le caractère Miao (ou Miêu en vietnamien ) qui porte à l’origine le dessin d’une rizière (Ðiền)  au dessus duquel est ajouté le pictogramme « Thảo » (cỏ) ( herbe) montre à l’évidence la façon des Chinois de s’adresser à des gens sachant faire la riziculture avec leur langage. Peut-on continuer à maintenir une version traditionnelle et obsolète écrite par les conquérants au détriment de la recherche de vérité historique? Il s’avère indispensable de remettre le train de l’histoire sur les rails tout en sachant que la civilisation chinoise n’a pas besoin de ces affabulations car elle a mérité de figurer depuis longtemps parmi les grandes civilisations de l’humanité. Ce sont les ancêtres des Luo Yue qui ont appris aux gens du Nord la culture du riz mais non pas inversement comme cela a été écrit dans un grand nombre de documents historiques chinois et vietnamiens. Il est temps de rendre hommage à nos ancêtres, les Yue, qui à cause de leur tempérament pacifique, étaient obligés de s’effacer devant l’usage de la force dans les tourbillons de l’histoire.

 

Héritant d’un passé glorieux, empêtré successivement dans des guerres fratricides et coloniales et plongé dans la corruption, le Vietnam des Luo Yue a besoin de se ressaisir car il ne mérite pas de faire partie des pays les plus pauvres du monde. Il est temps pour lui de suivre la voie tracée par ses ancêtres et de faire mieux qu’eux

À la recherche de l’origine du peuple vietnamien (Đi tìm nguồn gốc dân tộc Việt)

 

English version

La découverte du site Hemudu ( Zhejiang ) en 1973 fut un grand évènement pour les archéologues chinois car ce site datant plus de 7000 ans témoigne de la trace de la plus ancienne civilisation du riz trouvée jusque là dans le monde. On y a trouvé aussi les restes d’un habitat lacustre en bois monté sur pilotis, un type de construction bien différent des maisons en terre de la Chine du Nord. La population qui vivait là était caractérisée par des traits à la fois mongoloïdes et australo-négroïdes. Comme Zhejiang fait partie des plus belles provinces de la Chine du Sud depuis longtemps, on ne cesse pas d’attribuer aux Chinois cette fameuse civilisation bien qu’on sache que le berceau de leur civilisation est lié étroitement au bassin du fleuve Jaune (ou Huang He) (Hoàng Hà) dont Anyang est le coeur antique. On ne peut pas nier que leur civilisation a trouvé toute sa quintessence dans les cultures néolithiques de Yang-Shao (province de Henan) (5000 ans av J.C.) et Longshan ( province de Shandong ) ( 2500 ans av J.C. ) identifiées respectivement par le Suédois Johan G. Andersson en 1921 et par le père de l’archéologie chinoise Li Ji quelques années plus tard. Grâce aux travaux d’analyse phylogénétique de l’équipe américaine dirigée par le professeur J.Y. Chu de l’université de Texas publiés en Juillet 1998 dans la Revue de l’Académie des Sciences américaine et groupés sous le titre «  Genetic Relationship of Population in China » (1) , on a commencé à avoir une idée précise sur l’origine du peuple chinois. 

On a relevé deux points importants dans ces travaux:

  • 1°) Il est clair que l’évidence génétique ne peut pas soutenir une indépendance originale des Homo -sapiens en Chine. Les ancêtres des populations vivant actuellement dans l’Est de la Chine venaient de l’Asie du Sud Est.
  • 2°) Désormais, il est probablement sûr de conclure que les gens « modernes » originaires d’Afrique constituent en grande partie le capital génétique trouvé couramment dans l’Asie de l’Est.

Dans sa conclusion, le professeur J.Y. Chu a reconnu qu’il est probable que les ancêtres des populations parlant des langues altaïques ( ou des Hán ) étaient issus de la population de l’Asie du Sud Est et des peuplades venant de l’Asie centrale et de l’Europe.

Cette découverte n’a pas remis en cause ce qu’a proposé il y a quelques années auparavant le professeur d’anthropologie Wilhelm G. Solheim II de l’université Hawaii dans son ouvrage intitulé Une nouvelle lumière dans un passé oublié.(2) Pour cet anthropologue, il n’y avait pas de doute que la culture de Hòa Bình ( 15000 ans avant J.C. ) découverte en 1922 par l’archéologue français Madeleine Colani dans un village proche de la province Hòa Bình du Vietnam avait été la base de la naissance et de l’évolution future des cultures néolithiques de Yang-Shao (Ngưỡng Thiều)  et de Longshan (Long Sơn)  trouvées dans le Nord de la Chine. Le physicien britannique Stephen Oppenheimer était allé au delà de ce qui n’était pas pensé jusque-là en démontrant dans sa démarche logique et scientifique que le berceau de la civilisation de l’humanité était en Asie du Sud Est dans son ouvrage intitulé  Eden dans l’Est: le continent noyé de l’Asie du Sud Est. (3) Il y a conclu qu’en se basant sur les preuves géologiques trouvées au fond de la mer de l’Est (Biển Đông)  et sur les méthodes de datation effectuées avec C-14 sur la nourriture ( patate douce, taro, riz, céréales etc. ) retrouvée en Asie du Sud Est ( Non Nok Tha, Sa Kai ( Thailande ), Phùng Nguyên, Ðồng Ðậu (Vietnam), Indonésie ), un grand déluge avait eu lieu et avait obligé les gens de cette région qui, contrairement à ce que les archéologues occidentaux avaient décrit comme des gens vivant de pêche, de chasse et de cueillette, étaient les premiers sachant maîtriser parfaitement la riziculture et l’agriculture, à émigrer dans tous les azimuts ( soit vers le Sud en Océanie, soit vers l’Est dans le Pacifique , soit vers l’Ouest en Inde ou soit vers le Nord en Chine ) pour leur subsistance. Ces gens étaient devenus les semences des grandes et brillantes civilisations trouvées plus tard en Inde, en Mésopotamie, en Egypte et en Méditerranée.

De cette constatation archéologique et scientifique, on est amené à poser des questions sur tout ce qui a été rapporté et falsifié par l’histoire dans cette région du monde et enseigné jusque-là aux Vietnamiens. Peut-on ignorer encore longtemps ces découvertes scientifiques ? Peut-on continuer à croire encore aux écrits chinois (Hậu Hán Thư par exemple ) dans lesquels on a imputé aux préfets chinois Tích Quang (Si Kouang) et Nhâm Diên le soin d’apprendre aux ancêtres des Vietnamiens la façon de s’habiller et l’usage de la charrue qu’ils ne connaissent pas au premier siècle de notre ère? Comment ne connaissent-ils pas la riziculture, les descendants légitimes du roi Shennong (Thần Nông) (3), lorsqu’on sait que ce dernier était un spécialiste dans le domaine agraire? Personne n’ose relever cette contradiction.

Shennong (Thần Nông)

On ne se pose même pas des questions sur ce que les gens du Nord ont donné à ce héros divin comme surnom Yandi (Viêm Ðế) ( roi du pays chaud des Bai Yue ). S’agit -il de leur façon de se référer au roi de la région du Sud car à l’époque des Zhou, le territoire des Yue était connu sous le nom Viêm Bang? Est-il possible aux gens nomades du Nord d’origine turco-mongole, les ancêtres des Han et aux gens du Sud, les Yue d’avoir les mêmes ancêtres? S’agit-il encore d’une pure affabulation édifiée à la gloire des conquérants et destinée à légitimer leur politique d’assimilation? 

Toutes les traces des autres peuples, les « Barbares », ont été effacées lors de leur passage. La conquête du continent chinois a commencé aux confins du lœss et de la Grande Plaine et a exigé près de quatre millénaires. C’est ce qu’a noté l’érudit français René Grousset dans son ouvrage « Histoire de la Chine » en parlant de l’expansion d’une race de rudes pionniers chinois de la Grande Plaine .

Face à leur brillante civilisation, peu de gens y compris les Européens lors de leur arrivée en Asie ont osé mettre en doute ce qui a été dit jusque-là dans les annales chinoises et vietnamiennes et penser à l’existence même d’une autre civilisation que les dominateurs ont réussi à accaparer et à effacer sur le territoire soumis du peuple Bai Yue. Le nom de l’Indochine a déjà reflété en grande partie cette attitude car pour un grand nombre de gens, il n’y a que deux civilisations méritant d’être citées en Asie: celles de l’Inde et de la Chine. Il est regrettable de constater aussi la même méprise commise par certains historiens vietnamiens imprégnés par la culture chinoise dans leur ouvrage historique. A force d’être endoctrinés par la politique de colonisation des gens du Nord, un certain nombre de Vietnamiens continuent à oublier notre origine et à penser aujourd’hui que nous sommes issus des Chinois. Ceux-ci n’hésitaient pas à mettre en marche leur politique d’assimilation et d’annexion dans les territoires qu’ils avaient réussi à conquérir depuis la création de leur nation. Le succès de la sinisation des Hán était visible au fil des siècles lors de leur contact avec d’autres peuples « barbares » . Le processus ne dut pas être différent de celui qui a marqué leur empiétement au XIXème siècle sur  » la terre des herbes » mongole et au XXème sur la forêt mandchourienne. 

On ne réfute pas à leur brillante civilisation d’avoir un impact indéniable sur le développement de la culture vietnamienne durant leur longue domination mais on ne peut pas oublier de reconnaître que les ancêtres des Vietnamiens, les Luo Yue (ou Lạc Việt) ont eu leur propre culture, celle de Bai Yue. Ils étaient les seuls survivants de ce peuple à ne pas être sinisés dans les tourmentes de l’histoire. Ils étaient les héritiers légitimes du peuple Bai Yue et de sa civilisation agricole. Les tambours en bronze de Ðồng Sơn ont témoigné de leur légitimité car on a trouvé sur ces objets les motifs de décoration retraçant leurs activités agricoles et maritimes de cette brillante époque avant l’arrivée des Chinois sur leur territoire ( Kiao Tche ou Giao Chỉ en vietnamien ).

On sait maintenant que la civilisation agricole de Hemudu a donné naissance à la culture de Bai Yue (ou Bách Việt en vietnamien). Le terme Bai Yue signifiant littéralement les Cent Yue, a été employé par les Chinois pour désigner toutes les tribus croyant appartenir à un groupe, les Yue. Selon l’écrivain talentueux vietnamien Bình Nguyên Lộc, l’outil employé fréquemment par les Yue est la hache (cái rìu en vietnamien) trouvée sous diverses formes et fabriquée avec des matériaux différents (pierre, fer ou bronze). C’est pour cette raison qu’au moment du contact avec les gens nomades du Nord d’origine turco-mongole, les ancêtres des Hán (ou Chinois), ils étaient appelés par ces derniers, sous le nom « les Yue », les gens ayant l’habitude de se servir de la hache. Celle-ci prit à cette époque la forme suivante:

et servit de modèle de représentation dans l’écriture chinoise par le pictogramme. Celui-ci continua à figurer intégralement dans le mot Yue et  dans lequel on trouve aussi le radical ( mễ    riz ou gạo en vietnamien) pour désigner les  riziculteurs à l’époque de Confucius. De nos jours, dans le mot Yue  , outre le radical « Tẩu (  outrepasser ou en vietnamien vượt )« ,  la hache continue à être représentée par le pictogramme modifié incessamment au fil des années. Le mot Yue provient peut-être phonétiquement du phonème Yit employé par la tribu Mường pour désigner la hache. Il est important de rappeler que la tribu Mường est celle ayant les mêmes origines que la tribu Luo Yue (ou Lạc Việt) dont les Vietnamiens sont issus. (Les rois illustres vietnamiens Lê Ðại Hành , Lê Lợi étant des Mường). Récemment, l’archéologue et chercheuse du CNRS, Corinne Debaine-Francfort a parlé de l’utilisation des haches cérémonielles yue par les Chinois dans le sacrifice d’humains ou d’animaux, dans son ouvrage intitulé « La redécouverte de la Chine ancienne » (Editeur Gallimard, 1998). Le sage Confucius avait l’occasion de parler du peuple Bai Yue dans les entretiens qu’il a eus avec ses disciples. 

Le peuple Bai Yue vivant dans le sud du fleuve Yang Tsé (Dương Tử Giang) a un mode de vie, un langage, des traditions, des mœurs et une nourriture spécifique … Ils se consacrent à la riziculture et se distinguent des nôtres habitués à cultiver le millet et le blé. Ils boivent de l’eau provenant d’une sorte de plante cueillie dans la forêt et connue sous le nom « thé ». Ils aiment danser, travailler tout en chantant et alterner des répliques dans les chants. Ils se déguisent souvent dans la danse avec les feuilles des plantes. Il faut éviter de les imiter . (Xướng ca vô loại). © Đặng Anh Tuấn

L’influence confucianiste n’est pas étrangère au préjugé que les parents vietnamiens continuent à entretenir encore aujourd’hui lorsque leurs enfants s’adonnent un peu trop aux activités musicales ou théâtrales. C’est dans cet esprit confucéen qu’on les voit d’un mauvais oeil. Mais c’est aussi l’attitude adoptée par les gouverneurs chinois en interdisant aux Vietnamiens d’avoir des manifestations musicales dans les cérémonies et les festivités durant la période de leur longue domination.

L’historien chinois Si Ma Qian (Tư Mã Thiên) avait l’occasion de parler de ces Yue dans ses Mémoires historiques (Sử Ký Tư Mã Thiên) lorsqu’il a retracé la vie du seigneur illustre Gou Jian (Câu Tiễn), prince des Yue pour sa patience incommensurable face au seigneur ennemi Fu Chai (Phù Sai), roi de la principauté de Wu (Ngô) à l’époque des Printemps et Automnes. Après sa mort, son royaume fut absorbé complètement en 332 avant J.C. par le royaume de Chu (Sỡ Quốc) qui fut annexé à son tour plus tard par Qin Shi Huang Di (Tần Thủy Hoàng) lors de l’unification de la Chine. Il est important de souligner que le site de Hemudu se trouve dans le royaume Yue de Gou Jian.(Zhejiang).

Parmi les  groupes partageant la même culture de Bai Yue , on trouve les Yang Yue, les Nan Yue (Nam Việt), les Lu Yue, Les Xi Ou, Les Ou Yue, les Luo Yue (Lạc Việt , les Gan Yue, les Min Yue (Mân Việt), les Yi Yue, les Yue Shang etc … Ils vivaient au sud du bassin du fleuve bleu , de Zhejiang (Triết Giang) jusqu’au Jiaozhi (Giao Chỉ)(le Nord du Vietnam d’aujourd’hui). On retrouve dans cette aire de répartition les provinces actuelles de la Chine du Sud: Foujian (Phúc Kiến), Hunan (Hồ Nam), Guizhou (Qúi Châu), Guangdong (Quảng Ðông), Jiangxi, Guangxi (Quảng Tây) et Yunnan (Vân Nam).

Les Bai Yue étaient probablement les héritiers de la culture Hoà Bình . Ils étaient un peuple d’agriculteurs avertis: ils cultivaient le riz en brûlis et en champ inondé et élevaient buffles et porcs. Ils vivaient aussi de la chasse et de la pêche. Ils avaient coutume de se tatouer le corps pour se protéger contre les attaques des dragons d’eau (con thuồng luồng). En s’appuyant sur les Mémoires Historiques de Si Ma Qian, l’érudit français Léonard Aurousseau a évoqué la coutume des ancêtres de Goujian ( roi des Yue de l’Est) de peindre leurs corps de dragons ou d’autres bêtes aquatiques comme celle trouvée chez les Yue du Sud.

Ils portaient les cheveux longs en chignon et soutenus par un turban. D’après certains textes vietnamiens, ils avaient des cheveux courts pour faciliter leur marche dans les forêts des montagnes. Leurs vêtements étaient confectionnés avec les fibres végétales. Leurs maisons étaient surélevées pour éviter les attaques des bêtes sauvages. Ils se servaient de tambours en bronze comme d’objets rituels utilisés pour les cérémonies d’invocation à la pluie ou comme un emblème de pouvoir utilisé en cas de besoins pour appeler les guerriers au combat. « Les Giao Chỉ ont possédé un sacré instrument : le tambour en bronze. En écoutant la voix du tambour, ils étaient tellement enthousiastes au moment de la guerre … », c’est ce qu’on a trouvé dans le premier volume de l’écrit chinois « Hậu Hán Thư (L’écrit de Hán postérieur) . Leurs guerriers étaient vêtus d’un simple pagne et armés de longues lances ornées de plumes. Ils étaient aussi des hardis navigateurs qui, sur leurs longues pirogues, sillonnèrent toute la Mer de l’Est (Biển Đông)  et au delà une partie des mers australes. Malgré leur haute technicité et leur maîtrise parfaite en matière d’agriculture et de riziculture, ils étaient un peuple très pacifique. Lire la suite (2ème partie)


(1) Volume 95, issue 20, 1763-1768, 29 July , 1998
(2) National Geographic, Vol 139, no 3
(3) Kinh Dương Vương, étant le père de l’ancêtre des Vietnamiens, Lạc Long Quân et l’arrière petit-fils du roi Shen Nong.

 

Champa sculpture: Three part (Điêu Khắc cổ Champa)

French version

Vietnamese version
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Mỹ Sơn A 1 Style

Phong Cách Mỹ Sơn A 1 (Xth century)

French researcher Jean Boisselier distinguishes two styles. The first style is known under the name of Khương Mỹ (first half of the Xth century) and it is constituted by the works adopting again some features found in the Ðồng Dương style. As to the second style, it is called under the Trà Kiệu name (second half of the Xth century) and it brings together the works getting completely off the Đồng Dương style. We note a increasingly marked indo-Javanese influence after having taken Khmer influences.

In the Khương Mỹ style, we observe in both harmony and symmetry. The sweetness is also visible in the facial expressions to the sculptures. Regarding the Trà Kiệu style, in addition to the sweetness found in poses and faces, we find the beauty of the adornments, the half-smile, the trend toward the high prominent reliefs etc. ..The development of female beauty is no longer in doubt (breasts fully developed, broad hips, the elegance of the body etc ..) in the Cham sculpture during this period.

 

Phong Cách Mỹ Sơn A 1 

 

 

In the Trà Kiệu style’s prolongation, there’s the Chánh Lộ style (11th century) where we are a witness to the return of main features: thick lips, wide mouth, arch of eyebrow in relief. In this style, there is the absence of the half-smile on the face, the disappearance of the broad hips, the simplification of ornament and cap ( Kirita-Mukuta ). We can say that it is in fact a return to the past. This style is only a transition style between those of Mỹ Sơn A 1 and Bình Ðịnh.

Tháp Mắm style
(or Bình Ðịnh style)

The latter stretches with its extensions, from 11th century until the end of the 13th century. The Champa became a Khmer province for twenty years (between 1203 and 1220). It is for this reason that the significant influence of the Angkorian art is found in this style. It is not by chance that French researcher Jean Boisselier imputes the beginning of the 13th century of Tháp Mắm style to the Bayon style in the Cham art. 

The Tháp Mắm style is both eccentric by the enrichment of the decor and the expression of fantastic animals, deities and dvarapalas (thick lips, pupils not marked, eyebrows in clear relief, nostrils dilated, a beard, mustaches)

Phong Cách Tháp Mắm

The works of this long period show close relationships, not only with Khmer art but also with Vietnamese art. The dragons of Tháp Mắm, towers of gold, silver and ivory, demonstrate the Vietnamese influence (period of Lý and Trần dynasties). In this style, the animal sculptures are very varied but they reflect the unrealistic and mythical character. Sometimes, some ferocious and nasty animals very pushed to implausibility and exaggeration, become charming and cute creatures.

Makara

sculpture_cham_thap_man

One can have the same ambiguous idea of French researcher Jean Boisselier on the Champa art by asking oneself if one encounters a decadent work or one is at the top of a art pushed to its limits. Vietnamese researcher Ngô văn Doanh has the opportunity to compare this style to the ray of light before the nightfall. Although this one is splendid and blazing hot, it is too « old« . It is about to disappear with regrets for giving way to Yang Mun and Pô Rome styles.

Tháp mắm style

Phong Cách Muộn

Yang Mum et Pô Rome styles

( XIVth -XVth century)

One finds in these styles the mediocre and schematic character. There is a tendency to stylize your carved images and to neglect the rest, in particular the lower limbs that are sometimes reduced to a triangular stone block or a pedestal. The kut (or funerary steles  the base uncarved is buried under the growth) show with rudeness a human silhouette without anyone knowing there is a Muslim influence or a return to the animist past.

 

Hinduism gives way to new forms of religion (cult of local geniuses (the Yang), animism, islam) since the fall of Vijaya (Bình Ðịnh) in 1471 against the Vietnamese (Lê Thánh Tôn) and the loss of all holy places (Mỹ Sơn, Trà Kiệu, Đồng Dương), which thus express a long and irreversible twilight for Cham sculpture. Being left in oblivion since so many years and recently appropriated by the Vietnamese, the Champa sculpture goes back to be their object of admiration since the exposure of Vietnam art treasures (2005 Guimet Museum, Paris) and one of the major components of Vietnamese art. Now, it is an integral part of the artistic and cultural heritage of Vietnam.

Bibliography reference

  • La statuaire  du Champa. Jean Boisselier. Volume LIV, EFEO Paris 1963.
  • Văn hóa cổ Champa. Ngô Văn Doanh . NXB Dân Tộc 2002
  • Champa sculpture. Nguyễn Thế Thục. NXB  Thông Tấn 2007
  • Jean Boisselier . La statuaire du Champa. Recherche sur les cultes et l’iconographie.
  • Bénisti Mireille: Arts asiatiques. Année 1965. Volume 12. N°1.
  • L’art du Champa. Jean François Hubert. Editeur Parkstone Press International. 2005
  • Pérégrinations culturelles au Champa. Nguyễn Vă Kự, Ngô Văn Doanh, Andrew Hardy. Editions Thế Giới Publishers 2005

Champa sculpture: Second part (Điêu khắc Cổ)

French version

Vietnamese version

 

Mỹ Sơn E1 style:
(VIIth -middle VIIIth century)

The sculptures of  Mỹ Sơn sanctuary are distinguished not only by the finesse in details but also by the vitality in ornamentation. The amazing and brilliant combination of Cham realistic descriptions and characteristic elements found in the Indian philosophical doctrine (hinduism) has marked the beginning of the golden age of Cham culture.

The divinities head  found at Mỹ Sơn site has the following characters: square face, big eyes, thick lips, large ears with pendants, straight nose, hairstyle in spherical shape with the ringed octogonal vertical element, halo behind the head. It may indicate the Chenla influence (or Cambodia at the pre-Angkorian period ). This is the case of Visnu in a lying position, similar a pre-Angkorian lintel and located in the Mỹ Sơn E 1 pediment.

Mỹ Sơn E1 style

Hòa Lai style
(Middle 8th -Middle 9th century)
Hoàn Vương period.

It is marked by the significant influence of Java. The postural waddle, sensuality and elegance in the sculpture and the halo behind the head give to this style a indisputable subtlety. It seems that only remain the sculptures carved in the temples brick. French researcher Jean Boisselier has pointed out that a lot of bronzes dated back to this period and were imported from Indonesia. This highlights the privileged relationship between Champa and Indonesia.

Điêu khắc Cổ Chămpa

Ðồng Dương style
(Middle of 9th century)

sculpture_dongduong1

© Đặng Anh Tuấn

Déesse Tara,

Bronze height 1m20 (2002)

This is the style where the facial appearance is very typical. It is easily recognized by the common features: protruding eyebrowns joined by a continuous and sinous line going back up to the hair, thick lips with the upturned commissures, a moustache that is confused sometimes to upper lip and flat, broad (from face) and aquiline (from profile) nose, narrow front and short chin. The God is identified by his frontal eye. The absence of the smiling face is mentioned. This style corresponds to Indrapura period where Buddhism knew a significant development and became the personal inclination of Indravarman II king. The latter built, in the second half of the 9th century, a Buddhist monastery in Ðồng Dương, located 65 km from Ðà Nẵng city. There is a lot of artworks concerning the Buddhism of the Great Vehicle. It is here that we found an inscription testifying to his simultaneous homage to Laksmindra Lokesvara (another name of Avalokitesvara) (Buddhism) and Shiva Bhadesrava (Shaivism). 

This is the sign of the Cham syncretism during this period. A lot of questions arise about the provenance of the Cham Buddhist influence. We long believed and proposed a Chinese influence prior to Liang dynasty via the center of Nanjing in Wanfosi (Chengdu) or in Quingzhou (Shandong). But one could suggest a southern influence coming from the Funan kingdom in Mekong delta. The Ðồng Dương style gives to Buddha statues a condensed aspect of masculinity, vigilant sweetness and well-controlled force. More reading

Đồng Dương style

Pictures gallery

Champa sculpture ( Điêu khắc cổ Champa)

Version française

Version vietnamienne
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Until now, one does not known precisely the ethnic origin of Cham people. Some believe that they came from the Asian mainland and were deported with the other populations living in the south of China (the Bai Yue) by the Chinese while others (ethnologists, anthropologists linguists) highlighted the insular origin through their research studies.


To sculpt a statue, it is a religious act


For these latter, the Cham were probably the people living in the Southern Ocean (archipelagic countries or that of Malaysian Peninsula).,At the legendary era, the Champa oral traditions speaking of  the linkage between Chămpa and Java, consolidate this latter hypothesis.

Known as Vikings from Southeast Asia,  Champa people lived along the coasts of center and south of Vietnam today. Their main activities were essentially based on trade. They were in contact very early with China and territories as far away as Malaysian peninsula, perhaps the coasts of South India.

Being devoted to religious purposes, the Champa sculpture thus did not escape political recupercussions and influences from outside, in particular those of India, Cambodia and Java. These ones thus became the main forces in creation, development and evolution of styles for their art. For French researcher Jean Boisselier, the Champa sculpture was very closely with the history. Significant changes have been highlighted in the development of Champa sculpture, in particular the statuary with historical events, dynastic changes or relations that  Champa   have had with its neighbouring countries (Vietnam or Cambodia). Thanks to  vietnamese researcher  Ngô văn Doanh, each time an important incidence came  from outside, one did not take long to see the emergence of  a new style in Chămpa sculpture. To achieve this,  it is sufficient to cite an example: to 11th-12th century, the intensification of violent contacts, especially with Vietnam and Cambodia and the emergence of new conceptions in relation to the foundations of royal power, can explain the originality and  richness found in Tháp Mắm style.

Pictures gallery

 

 Being the expression of the Indian pantheon (brahmaniste but especially shivaiste and Buddhist), the Cham sculpture resort to local interpretation of the concepts with elegance rather than slavish imitation. Above all, it is a support for meditation and a proof of devotion. « To sculpt a statue », it is a religious act. Being subject to religious norms, the Cham sculptor, with his skillful hands, has succeeded in giving, with fervour, to inert stone a soul, a divine representation enabling to convey the religious concept he loved to transmit with faith. The Cham sculpture is peaceful. No scene of horror is present. There are only animal creatures slightly fanciful (lions, dragons, birds, elephants etc. . ). One could find no violent and decent form in the deities. Despite the evolution of styles throughout history, the Cham sculpture continues to keep the same divine and animal creatures in a constant theme. 

 

Makara

 The Cham art manages to keep its specificity, its facial own expression and its particular beauty without being not a slavish imitation from external models and affecting its singularity in the Hindu sculpture found in India and Southeast Asia. In spite of lack of animation and realism, Cham artworks are predominantly carved in sandstone and much more rarely in terracotta and other alloys (gold, silver, bronze etc. .. ).

Generally speaking, being in the modest dimension, they relate religious beliefs and conceptions of the world. They cannot leave us impassive because they always give us a very strange impression. It is one of the features of the beauty in the Cham art.

One finds sculptures in the round, high-reliefs and bas-reliefs in the Cham art. A « rond-bosse » is a scuplture around which we can turn to see the sculptor work . A high-relief is a sculpture having a relief very salient and it does not untie itself from the background. As for low-relief, it is a sculpture with a relief less salient on a uniform background. In the Cham sculpture, one retains the trend toward the adoption of the creatures roundness at the level of the reliefs. Few scenes are included in this sculpture. The lack of continuity or awarkness are noted at the assembly level in the opposite case.

The creatures found in the Cham sculpture tend to be always detached from space that surrounds them with brilliance. They have something monumental. Even in the case where they are grouped together (in the artworks of Mỹ Sơn, Trà Kiệu chronicling the Cham daily life ), they give us the impression that each one remains independently from others. 

One can say that the Cham sculptor is solely interested by creature he wants to show and glorify without thinking at no time to details and imperfections becoming excessively unrealistic (hand too big or Trà Kiệu dancer arm too flexed for example) and without the perfect imitation in Hindu original models, which gives to Cham sculpture the character « monumental » not found in the other sculptures. It is an another feature found in this Cham sculpture. 

The artworks are limited but they testify to a plastic beautiful quality and the expression of various religions. It is difficult to give them a same style. By contrast, some features are closely linked to tradition of Amaravati Indian art . It is only in the second half of 7th century that under the reign of Prakasadharma Vikrantavarman I king , the Champa sculpture began to take body and to reveal its originality. More reading

  • Mỹ Sơn E1 style (7th -middle 8th century)
  • (Middle  8th- middle  9th century).  Hoàn Vương period
  • Ðồng Dương style  (9th -10th century)
  • Mỹ Sơn A 1 style (10 th century)
  • Tháp Mắm style (or Bình Ðịnh style)  
  • Yang Mum and Pô Rome style ( 14th -15tn century)