Museum of Champa sculpture (Bảo tàng viện Điêu Khắc Cổ)

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Before it became the Champa Sculpture Museum today, it was known as the Sculpture Garden in the distant past. It was here that they began to collect and preserve for the most part, under the aegis of archaeologist-architect Henri Parmentier and members of the French School of the Far East (EFEO) in the late 19th century all the artifacts found  during archaeological excavations in the central regions (from the Hoành Sơn Anamitic Range, Quảng Bình in the north to Bình Thuận (Phan Thiết) in the south) where an ancient Indochinese kingdom existed known in the early 2nd century as Linyi and then Huanwang and finally Champa until its annexation by Vietnam in 1471. Opened to the public in 1919, this museum initially took the name of its founder « Henri Parmentier Museum » and housed 190 artifacts among which was the famous pedestal of the Buddhist site Đồng Dương.

Then the museum did not cease to expand since 1975 to reach today an area of 2,000 m² out of a total of more than 6,600 m² and to acquire in the year 1978 the great masterpiece of bronze art, the statue of Laksmindra-Lokesvara (Quan Âm chuẩn đề) often known as Tara. It becomes over the decades the unique museum in the world in the field of Champa art. It allows the tourist to also know the chronology of Champa history as all styles are present through artifacts from the famous sites Mỹ Sơn, Đồng Dương, Trà Kiệu and Pô Nagar (Nha Trang). For French researcher Jean Boisselier, Chame sculpture is always closely linked to history. Despite the evolution of styles throughout its history, chame sculpture continues to keep the same divine and animal creatures in a constant theme. This is a museum not to be missed if one has the opportunity to visit Đà Nẵng

  • Mỹ Sơn E1 style (Phong cách E1)
  • Chính Lộ style (Phong cách Chính Lộ )
  • Đồng Dương style (Phong cách Đồng Dương)
  • Tháp Mắm style … (Phong cách Tháp Mắm)

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Tháp Mắm style

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  • Mỹ Sơn E1 style : vivacity in ornamentation, dedicacy in the details..style_dongduong
  • Khương Mỹ style : gentleness in the faces, harmony and symmetry…
  • Trà kiệu style : beauty in the adornments, the half-smile, the development of feminine beauty ( fully developed breasts, new freedom in the hips etc ..)
  • Đồng Dương style :typical facial appearance (protruding eyebrowns, thick lips with the corners…
  • Tháp Mắm style : art reached in its limits with a lack of realism and extravagance….

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Politique de rapprochement avec le Vietnam (Thaïlande)

Version vietnamienne

L’hospitalité que Rama 1er a réservée à Nguyễn Ánh servira de base plus tard au développement de la future relation entre les deux pays. Elle n’est pas étrangère à la conduite attentionnée de Nguyễn Ánh dans la recherche d’une solution adéquate pour gérer la double suzeraineté sur le Laos et sur le Cambodge avec les Thaïs. Selon le checheur vietnamien Nguyển Thế Anh, ces pays furent considérés à cette époque comme des enfants élevés ensemble par le Siam et le Vietnam, le premier s’arrogeant le titre du père et le second le titre de mère. Cette double dépendance est connue en langue thaïe sous le nom « song faifa ». Selon les sources siamoises, Nguyễn Ánh envoya 6 fois de Gia Định à Bangkok des arbres d’argent et d’or, signe d’allégeance entre 1788 et 1801. (2). Dans une lettre adressée à Rama 1er avant son retour à Gia Đinh, Nguyễn Ánh accepta d’être placé sous le protectorat du Siam au cas où il réussirait à rétablir son pouvoir. Le Đại Nam (ancien nom du Vietnam) accepta-t-il d’être un état de mandala? Il y a plusieurs raisons de réfuter cette hypothèse. D’abord le Đại Nam n’était pas sous l’influence du bouddhisme théravadà et n’avait pas non plus la culture indianisée comme cela a été avec le Cambodge et le Laos car le rôle religieux joue un rôle important dans le mandala défini par le chercheur O. Wolter. Le Siam tenta d’étendre jusqu’alors son influence et son emprise dans les régions où les Thaïs étaient plus ou moins implantés et où la culture indianisée était visible.

Ce n’est pas le cas du Vietnam. Chakri et son prédécesseur Taksin ont déjà échoué dans cette démarche en Cochinchine qui était pourtant une terre neuve car il y avait une colonie vietnamienne importante de culture différente. La vassalité paraît improbable. On ne connait jamais la vérité mais on peut s’appuyer sur le fait que pour reconnaître les bienfaits du Ralma 1er, Nguyễn Ánh pourrait adopter ce comportement compréhensible qui n’était jamais incompatible à son tempérament et surtout à son esprit confucianiste dont l’ingratitude ne faisait pas partie. On trouve toujours en lui la reconnaissance et la gentillesse qu’on ne pourra pas réfuter plus tard avec Pigneau de Béhaine ayant consacré beaucoup d’effort pour le convaincre de se convertir au catholicisme. Sous son règne, il n’y avait pas la persécution des catholiques qu’on peut interpréter comme une reconnaissance envers Pigneau de Béhaine. De ce point de vue, on peut voir en lui le principe d’humanité (đạo làm người) en honorant à la fois la gratitude envers ceux qui l’avaient protégé durant les 25 années de vicissitudes et la vengeance envers ceux qui avaient tué tous ses proches et sa famille. (thù phải trả, nợ phải đền)

Au moment de son intronisation en 1803 à Huế, Nguyễn Ánh reçut une couronne offerte par le roi Rama 1er mais il la lui retourna tout de suite car il n’accepta pas d’être traité comme un roi vassal et de recevoir le titre que le roi siamois Rama 1er était habitué à accorder à ses vassaux. Ce comportement déjuge l’accusation qu’on a toujours sur Nguyễn Ánh.

Pour certains historiens vietnamiens, Nguyễn Ánh est un traître car il fait venir les étrangers et leur donne l’occasion d’occuper le Vietnam. On aime à coller l’expression vietnamienne « Đem rắn cắn gà nhà » (Introduire le serpent pour mordre le poulet de la maison) à Nguyễn Ánh. Il est injuste de le taxer de trahison car dans le contexte difficile où il était, il n’y a aucune raison de ne pas agir comme lui en tant que humain lorsqu’il était au gouffre du désespoir. Probablement l’expression suivante « Tương kế tựu kế ( Combiner un stratagème de circonstance) lui convient mieux bien qu’il y ait un risque de faire le jeu des étrangers. Il faut rappeler aussi que les Tây Sơn eurent l’occasion d’envoyer un émissaire auprès de Rama 1er en 1789 dans le but de neutraliser Nguyễn Ánh avec le stratagème ( Điệu hổ ly sơn ( Éloigner le tigre loin de la montagne) mais cette tentative fut vaine à cause du refus de Rama 1er. (3)

Etant intelligent, courageux et résigné à l’image du roi des Yue Gou Jian (Cẫu Tiển) de la période des Printemps et des Automnes (Xuân Thu), il devrait connaître les conséquences de son acte. Il y a non seulement Gia Long mais aussi des milliers de gens ayant accepté de le suivre et d’assumer cette lourde responsabilité de faire venir les étrangers dans le pays pour contrer les Tây Sơn. Sont-ils tous des traîtres? C’est une question épineuse à laquelle il est difficile de donner une réponse affirmative et une condamnation hâtive sans avoir au préalable le sens de l’équité et sans se laisser convaincre par des opinions partisanes lorsqu’on sait que Nguyễn Huệ reste toujours le héros le plus adulé par les Vietnamiens pour son génie militaire.

Déçu par le refus de Gia Long, Rama 1er, ne montra aucun signe de rancune mais il trouva la justification dans la différence culturelle. On trouve en Rama 1er non seulement la sagesse mais aussi la compréhension. Il voudrait traiter désormais d’égal à égal avec lui. Ce traitement égalitaire peut être interprété comme une relation bilatérale « privilégiée » entre l’aîné et le jeune dans le respect mutuel. Chacun d’eux devrait savoir qu’il avait besoin de l’autre même il s’agit d’une alliance de circonstance. Leurs pays étaient guettés respectivement par des ennemis redoutables qu’étaient la Birmanie et la Chine.

Leur relation privilégiée ne s’estompa pas au fil du temps du fait que Rama 1er tomba amoureux entre-temps de la soeur de Nguyễn Ánh. On ne sait pas ce qu’elle deviendrait (sa femme ou sa concubine). Par contre il y avait un poème d’amour que Rama 1er lui a dédié et qui continuait à se chanter encore dans les années 1970 durant la procession annuelle des barques royales.

Quant à Nguyễn Ánh ( ou Gia Long ), durant son règne, il évita d’affronter militairement la Thaïlande sur les problèmes épineux cambodgien et laotien. Avant sa mort, Gia Long ne cessa pas de rappeler à son successeur Minh Mạng de perpétuer cette relation d’amitié qu’il avait réussi à établir avec Rama 1er et de considérer le Siam comme un allié respectable dans la péninsule indochinoise (4). Cela se justifiera plus tard par le refus de Minh Mạng d’attaquer le Siam à la demande des Birmans.

Selon le chercheur Nguyễn Thế Anh, dans l’Asie du Sud Est continentale, sur une vingtaine de principautés importantes vers 1400, il ne restait que trois royaumes qui réussirent à s’imposer au début du XIXème siècle en tant que puissances régionales parmi lesquelles figuraient le Siam et le Đại Việt, l’un entamant la marche vers l’Est et l’autre vers le Sud au détriment des états hindouisés (Laos, Cambodge, Champa). Ce conflit d’intérêts s’intensifia de plus en plus à la disparition de Rama 1er et de Nguyễn Ánh.

Leurs successeurs ( Minh Mạng, Thiệu Trị du côté vietnamien et Rama III du côté siamois) furent empêtrés par le problème de succession des rois cambodgiens qui ne cessaient pas de se battre entre eux et de solliciter leur aide et leur protection. Ils furent guidés dès lors par la politique de colonialisme et d’annexion qui les amena à se confronter militairement 2 fois en 1833 et en 1841 sur les territoires cambodgien et vietnamien et à trouver à la fin de chaque confrontation un compromis d’entente en leur faveur et au détriment de leurs protégés respectifs. L’alliance de circonstance n’est plus prise en compte. La rivalité qui devenait de plus en plus visible entre les deux pays concurrents Đại Nam et Siam, éloigne désormais tout rapprochement et toute alliance possible. Même leur politique est tout à fait différente, l’un s’alignant sur le modèle chinois pour éviter tout contact avec les colonialistes occidentaux et l’autre sur le modèle japonais pour prôner l’ouverture des frontières.

La capitale khmère Phnom Penh fut occupée à une certaine époque par l’armée vietnamienne du général Trương Minh Giảng tandis que les régions de l’Ouest cambogien ( Siem Reap, Battambang, Sisophon) étaient aux mains des Thaïs. Selon l’historien français Philippe Conrad, le roi du Cambodge était considéré comme un simple gouverneur du roi de Siam. Les insignes royaux ( épée d’or, sceau de la couronne) étaient confisqués et détenus à Bangkok. L’arrivée des Français en Indochine mit fin à leur double suzeraineté sur le Cambodge et le Laos. Elle permit aux protégés cambodgien et laotien de récupérer une partie de leur territoire aux mains des Vietnamiens et des Thaïs. Le Đại Nam de l’empereur Tự Đức dut faire face aux autorités coloniales françaises qui avaient annexé les six provinces de Nam Bộ (Cochinchine). Grâce à la clairvoyance de leurs rois (en particulier celle de Chulalongkorn ou Rama V) , les Thaïs s’appuyant sur la politique de rivalité entre les Anglais et les Français, réussirent à garder leur indépendance au prix de leurs concessions territoriales (les territoires birmans et malais occupés rendus aux Anglais et les territoires laotien et khmer aux Français). Ils optèrent une politique étrangère flexible (chính sách cây sậy) comme le roseau qui s’adapte au gré du vent. Ce n’est pas un hasard de voir l’union sacrée des trois princes thaïs aux prémices de la nation thaïe en 1287 et la soumission face aux troupes sino-mongoles de Kubilai Khan.

C’est cette politique synthétique d’adaptation qui leur permet d’être à l’écart des guerres coloniales, de se ranger toujours du côté des vainqueurs et d’exister jusqu’à aujourd’hui en tant que nation florissante malgré leur émergence tardive ( datant du début du 14ème siècle ) dans l’Asie du Sud Est continentale

Photos de Venise de l’Orient (Vọng Các)

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(1) Bùi Quang Tùng: Professeur, membre scientifique de EFEO. Auteur de plusieurs ouvrages sur le Vietnam.

(2) P.R.R.I, p. 113.

(3) Pool, Peter A.: The Vietnamese in Thailand, p 32, note 3.

Conflits larvés avec le Việtnam (Thaïlande)

Version vietnamienne


Il y a des victoires et des défaites de chaque côté. En conduisant une armée de 20.000 hommes et une flotte, Taksin réussit à chasser après un siège de dix jours, Mo Shi-Lin (Mạc Tiên Tứ en vietnamien) le fils de Mạc Cửu) de Hà Tiên. C’est un allié chinois de poids des seigneurs Nguyễn et le protecteur du fils du dernier roi de la dynastie d’Ayutthaya, Chao Chuy (Chiêu Thúy). Celui-ci continue à être l’un des compétiteurs éventuels à la couronne et un sujet d’inquiétude journalière pour Taksin. À cause de ses revers militaires à Châu Đốc et dans la région de Sadec, Taksin fut obligé d’accepter le traité de paix offert par Mạc Thiên Tứ et d’abandonner Hà Tiên en ruines en échange du retour du prince Chiêu Thúy, de la remise en liberté de la fille de Mạc Thiên Tứ capturée au moment de la chute de Hà Tiên et du maintien sur le trône cambodgien un roi pro-Thaï de nom Ang Non. Dès son retour, Chiêu Thúy fut exécuté ainsi que son frère capturé au Cambodge. Quant au seigneur Nguyễn Phúc Thuần (connu plus tard sous le nom Duệ Tông ), mis en difficulté par la révolte des frères « Tây Sơn (Paysans de l’Ouest) », il fut obligé de cautionner cet accord et de laisser temporairement aux Thaïs le champ libre dans leur politique d’expansion territoriale sur le Laos et le Cambodge. Mais le trêve fut de courte durée pour Mạc Thiên Tứ car entre-temps, il fut poursuivi par les Tây Sơn ayant réussi à prendre Gia Định (ou Saïgon) en 1776 et à capturer le seigneur Nguyễn Phúc Thuần à Cà Mau. Il dut trouver refuge avec sa famille et ses subordonnés auprès de Taksin à Thonburi (Thailande). Mais ce dernier, obsédé et habité par tant de soupçons et de méfiance, finit d’exécuter sa famille et ses subordonnés parmi lesquels figurait le prince Tôn Thất Xuân. Pour préserver sa dignité et son honneur, Mạc Thiên Tứ se suicida en septembre 1780 en avalant une rondelle d’or. La méfiance de Taksin est de plus en plus envahissante jusqu’au point où elle devient une maladie mentale accompagnée par un comportement paranoïaque et tyrannique.

Rạch Gầm- Xoài Mút

Tableau du Musée national de Saïgon

C’est l’un des traits communs des grands hommes politiques (Ts’ao Ts’ao ( Tào Tháo) des Trois Royaumes, Qin Shi Huang Di (Tần Thủy Hoàng) par exemple). C’est cette méfiance qui le pousse à emprisonner plus tard ses proches en particulier la famille de son gendre Chakri qui était en train de s’engager dans une campagne militaire au Cambodge contre les Vietnamiens du jeune prince Nguyễn Ánh. Chakri ( futur roi Rama 1er) fut obligé de pactiser avec les lieutenants de Nguyễn Ánh, Nguyễn Hữu Thùy et Hồ văn Lân. Ceux-ci lui envoyèrent un couteau, une épée et un drapeau en signe de leur soutien contre Taksin. Ayant réussi de rentrer à temps au moment où éclata un coup d’état renversant ce dernier, le général siamois Chaophraya Mahakasatsuk (ou Chakri) devint ainsi le roi Rama I et le fondateur de la dynastie Chakri. Son avènement permet de clore la dynastie de Thonburi et de la remplacer par la nouvelle dynastie avec le transfert de la capitale à Bangkok. C’est ici que le roi Rama 1er tenta de restaurer le style Ayutthaya à travers son palais royal (Bangkok). L’installation de la nouvelle capitale ne correspond pas à un renouvellement de l’art siamois. Rama 1er s’intéressa à poursuivre l’oeuvre inachevée de Taksin le Grand dans la marche vers l’Est. Il n’hésita pas à monter une expédition militaire pour aider le prince héritier Nguyễn Ánh dans sa lutte contre les Tây Sơn. Malheureusement, cette expédition vietnamo-siamoise fut écrasée en 1783 dans les arroyos Rạch Gầm- Xoài Mút de la province Tiền Giang d’aujourd’hui par le roi stratège Nguyễn Huệ. De l’armée siamoise constituée d’au moins de 50.000 hommes et de 300 jonques au départ, il ne restait que 2000 hommes ayant réussi de passer par le Cambodge pour rentrer en Thailande.

Profitant de la méconnaissance géographique du terrain (đia lợi) et de la sous-évaluation militaire des ennemis, Nguyễn Huệ évita l’engagement frontal à Sadec et réussit à faire échouer très vite l’invasion siamoise dans les arroyos proches de Mỹ Tho. Nguyễn Huệ avait besoin d’une victoire éclair car il savait que les Trịnh au Nord Vietnam pouvaient profiter de cette occasion pour envahir Qui Nhơn dans le centre du Vietnam.

Traqué comme une bête fauve et plongé dans l’abîme de tristesse, Nguyễn Ánh fut obligé de s’exiler à Bangkok, accompagné d’une trentaine de mandarins et d’environ 200 soldats pour une courte durée (de 1785 à 1787). Puis il fut rejoint plus tard par les 5000 soldats du général Nguyễn Huỳnh Đức. Selon le professeur vietnamien Bùi Quang Tùng (1), beaucoup de réfugiés préférèrent de rester en Thaïlande et de se marier avec les Siamoises. Politique de rapprochement avec le Việtnam

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(1) Bùi Quang Tùng: Professeur, membre scientifique de EFEO. Auteur de plusieurs ouvrages sur le Vietnam.


Bibliographie

Pool, Peter A.: The Vietnamese in Thailand, Cornell University Press. 1970. 180pp

The diplomatic worldviews of Siam and Vietnam in the pre-colonial period (1780s – 1850s). Morragotwong Phumplab, National university of Singapore, 2011.

Đại Nam Thực Lục (7 fascicules).

 

Royaume d’Ayutthaya (Vương quốc Ayutthaya)

Version vietnamienne

Le royaume de Sukhothai ne survécut pas après la disparition du grand roi Rama Khamheng car ses successeurs Lo Tai (1318-1347) et Lu Tai (1347-1368), accaparés par la foi religieuse négligeaient de veiller sur leurs vassaux parmi lesquels il y avait un prince brave et énergique d’U Thong (*) connu pour ses ambitions territoriales. Celui-ci n’hésita pas à soumettre Lu Tai de Sukhothai. Il devint ainsi le fondateur de la nouvelle dynastie en prenant Ayutthaya située dans la basse vallée du Ménam Chao Praya pour capitale. Il prit le titre de Ramathibodi 1er (ou Rama le Grand) (ou Ramadhipati). Son royaume n’était pas unifié au sens strict du terme mais il était en quelque sorte un mandala(**). Le roi était au centre de plusieurs cercles concentriques du système mandala. Le cercle le plus lointain était constitué de principautés autonomes (ou muäng ) gouvernées chacune par un membre de la famille royale tandis que le cercle le plus proche était aux mains des gouverneurs nommés par le roi. Un édit datant de 1468 ou 1469 rapporta qu’il y avait 20 rois vassaux rendant hommage au roi d’Ayutthaya.

พระนครศรีอยุธยา


©Đặng Anh Tuấn

(*) U Thong: district situé dans la province de Suphanburi. C’est le royaume de Dvaravati que les Chinois ont désigné souvent sous le nom de T’o Lo po ti. C’est ici que le moine chinois célèbre Huan Tsang (Huyền Trang) était de passage lors de son voyage en Inde pour ramener des textes originaux bouddhiques.

(**) Terme mandala employé par WOLTERS,O.W.1999. History, Culture and Religion in Southeast Asian Perspectives. Revised Edition, Ithaca, Cornell university and the Institute of Southeast Asian Studies. pp 16-28.


Malgré cela, son emprise et son autorité étaient relatives sur des principautés éloignées pouvant afficher à tout moment leur indépendance et leur prétention avec leurs chefs charismatiques. Son rôle religieux (dharmarâja) servit de contrepoids à la rivalité potentielle de ces rois vassaux. C’est pourquoi le royaume d’Ayutthaya connut souvent des guerres de succession et des luttes internes durant son existence.

A son apogée, le royaume d’Ayutthaya occupa à peu près le territoire de la Thailande d’aujourd’hui amputé du royaume tampon de Lanna (dont la capitale était Chiangmai ) et d’une partie de l’Est en Birmanie. Selon le chercheur Nguyễn Thế Anh, ce type de configuration politique se retrouva aussi pour un certain temps au début du XIème siècle au Vietnam mais il disparut au profit de la la centralisation du pouvoir dans la capitale au moment du transfert de cette dernière à Thăng Long (Hànội) sous le règne de Lý Thái Tổ (Lý Công Uẩn).

Selon l’historien thaïlandais Charnvit Kasetsiri, ce prince d’U Thong était issu d’une famille chinoise. Grâce à l’alliance matrimoniale avec le roi de Lopburi, il réussît à s’imposer pour succéder à ce dernier. Dès lors, Ayutthaya devint le centre du pouvoir politique siamois jusqu’à sa destruction par les Birmans du roi Hsinbyushin en 1767. Expansionniste, Ramathibodi ne tarda pas à prendre Angkor en 1353. Cela se renouvela encore deux fois avec Ramesuen (le fils du roi Ramathibodi) en 1393 et avec Borommaracha II en 1431. Les Khmers furent obligés de transférer leur capitale à Phnom Penh avec le roi khmer Ponheat Yat. Malgré leur mise à sac d’Angkor, les rois d’Ayathuya continuèrent à se poser volontiers en héritiers des rois de l’empire angkorien. Ils reprirent à leur compte non seulement l’organisation de la cour et la titulature des vaincus mais aussi leurs danseuses et leurs parures. Le retour à la tradition de la monarchie angkorienne était manifeste. Le roi devint en quelque sorte un dieu vivant dont l’apparition publique était rare. Ses sujets ne pouvaient plus le regarder en face sauf ses proches familiaux. Ils devaient lui adresser la parole dans un langage spécifique employé pour la royauté. Doté d’un pouvoir divin, le roi pouvait décider du sort de ses sujets. C’est sous le règne de Ramathibodi qu’une série de réformes fut entamée. Il fit venir les membres de la communauté monastique cinghalaise dans le but d’établir un nouvel ordre religieux. En 1360, le bouddhisme theravadà devint la religion officielle du royaume. Un code juridique incorporant la coutume thaïe et basé sur le Dharmashāstra hindou fut adopté. Quant à l’art d’Ayutthaya, il évolua au début sous l’influence de l’art de Sukhothai. Puis il continua à trouver son inspiration dans le domaine de la sculpture avant de retourner aux modèles khmers au moment où le roi Trailokanatha succéda à son père sur le trône en 1448. Bref, on trouve dans le style d’Ayutthaya un mélange du style de Sukhothai et du style khmer.

Etant décrite par l’abbé de Choisy, membre d’une délégation française envoyée en 1685 par le roi Louis XIV auprès du roi siamois Narai comme une ville cosmopolite et merveilleuse, Ayutthaya devint très vite la proie des convoitises birmanes à cause de sa richesse et de sa grandeur. Malgré la signification du nom porté en sanskrit ( « forteresse imprenable »), elle fut pillée et dévastée par les Birmans du roi de Toungoo Bayinnaung en 1569. Puis elle fut mise à sac de nouveau par les Birmans du roi Hsinbyushin en 1767. Les Birmans profitèrent de cette occasion pour faire fondre l’or qui recouvrait les statues de bouddha mais ils délaissèrent un autre bouddha en stuc dans l’un des temples de la capitale. Pourtant se trouve sous le stuc, la statue en or massif. Il s’agit bien d’un stratagème employé par les moines siamois pour dissimuler le trésor au moment où les Birmans assiégeaient la capitale. Ce bouddha doré est actuellement dans le Wat Traimit situé au coeur du quartier chinois à Bangkok.

Après la destruction de la capitale Ayutthaya, les Birmans se retirèrent en emmenant non seulement les butins et les prisionniers (60.000 siamois au moins ) mais aussi le roi d’Ayutthaya et sa famille. Dès lors, le royaume d’Ayutthaya fut démembré complètement avec l’apparition de plusieurs seigneurs locaux. Sa capitale n’était plus le centre de pouvoir politique. Selon l’anthropologue américain Charles Keyes, Ayutthaya ne recevait plus les influences cosmiques nécessaires à sa pérennité. Sa raison d’être n’est plus justifiée. Elle sera bientôt remplacée par la nouvelle capitale Thonburi, tout proche de Bangkok, accessible par la mer (en cas de l’invasion birmane ) et fondée par le gouverneur de la province Tak de nom Sin. C’est pourquoi on est habitué à l’appeler Taksin (ou Trịnh Quốc Anh en vietnamien) ou Taksin le Grand dans l’histoire de la Thaïlande.

Etant d’origine chinoise Teo chiu (Tiều Châu), celui-ci réussît à s’imposer comme l’unificateur et le libérateur de la Thaïlande après avoir éliminé tous les prétendants et vaincu les Birmans à Ayutthaya après deux jours de combats acharnés. Son règne ne dura que 15 ans (1767-1782) . Pourtant c’est sous son règne que la Thaïlande retrouva non seulement l’indépendance mais aussi la prospérité. Elle devint aussi l’un des états puissants de l’Asie du Sud Est en réussissant à libérer définitivement le royaume concurrent de Lanna (Chiang Mai) du joug birman en 1774 et en étendant son influence et sa vassalité sur le Laos et sur le Cambodge par des expéditions militaires. Elle commença à s’intéresser à la position stratégique que joua au début du 18ème siècle la principauté de Hà Tiên gouvernée par un Chinois cantonais Mac King Kiou (ou Mạc Cửu en vietnamien), hostile à la nouvelle dynastie des Qing (Mandchous) dans le golfe de Siam. Elle caressa toujours l’idée de monopoliser et de contrôler le commerce dans le golfe de Siam.

C’est au Laos que les Thaïs dirigés par le général Chakri ( futur roi Rama 1er) ont pris le Bouddha d’émeraude aux Laotiens et l’ont ramené à Thonburi en 1779 avant de l’installer définitivement au palais royal de Bangkok. Ce Bouddha devient ainsi le protecteur de la dynastie Chakri et le garant de la prospérité de la Thaïlande.

Etant morcelé en trois entités: le royaume de Vientiane, le royaume de Luang Prabang et le royaume de Champassak après la mort d’un grand roi du Laos, Surinyavongsa, le Laos tomba provisoirement sous le joug thaïlandais. Par contre, au Cambodge, profitant des dissensions internes liées à la succession du trône et ayant toujours la politique expansionniste vers l’est dans le but de contrôler complètement le golfe de Siam, les Thaïs n’hésitèrent pas à entrer en conflit armé avec les Vietnamiens des seigneurs Nguyễn ayant jusqu’alors un droit de regard sur le Cambodge qui avait accordé aux Vietnamiens des facilités d’installation dans son territoire (Cochinchine) avec le roi Prea Chey Chetta II en 1618.

Conflits larvés avec le Vietnam

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Bibliographie:

Cổ sử cá quốc gia Ấn Độ hóa ở Viễn Đông. G. E. Coedès. Nhà xuất bản Thế Giới 2011.

La féodalité en Asie du Sud Est, Nguyễn Thế Anh. Paris, PUF,1998, pp. 683-714

La conquête de la Cochinchine par les Nguyễn et le rôle des émigrés chinois. Paul Boudet. BEFEO, Tome 42, 1942, pp 115-132

Contribution à l’étude des colonies vietnamiennes en Thailande. Bùi Quang Tung

Guerres et paix en Asie du Sud Est. Nguyễn Thế Anh- Alain Forest. Collection Recherches asiatiques dirigées par A. Forest. Editeur L’Harmattan.

Thailand and the Southeast Asian networks of the Vietnamese Revolution,1885-1954. Christpher E. Goscha

Birth of the thaï nation (Thaïland)

French version

According to Thai historical inscriptions found in Vietnam, there are three important waves of migration initiated by the Thai of Yunnan in northwest of Vietnam during the 9th and 11th centuries. This corresponds exactly to the period where Nanzhao was annexed by Dali destroyed, in turn, three centuries later by Kubilai Khan Mongols in China. During this penetration, the Proto-Thaïs were separated into groups: the Thaï of Vietnam, the Thaï in Burma (or Shans), the Thaï in Laos (or Ai Lao in Vietnamese) and the Thaï in Northern Thailand. Each of these groups began to adopt the religion of these host countries. The Thaï of Vietnam do not have the same religion as those of other territories. They continue to keep animism (vạn vật hữu linh) or totemism.

This is not the case of the Thaï living in Northern Thailand, Upper Burma, Laos which were occupied at this time by Indianized and Buddhist theravàda Môn-Khmer kingdoms (Angkorian empire, Môn Dvaravati, Haripunchai, Lavo kingdoms etc …) after the dislocation of Indianized Funan kingdom. The Môn had a key rôle in the transmission of Theravadà Buddhism from Sinhalese tradition for Thai newcomers.

A long common history with the Vietnamese (Thaïland)

French version

 

 

The Lạc Long Quân-Âu Cơ myth insinuate so skilfully the union and the separation of two Yue ethnic groups, one being of Lạc branch (the Proto-Vietnamese) coming down to the plains by the pursuit of water courses and rivers, the other (the Proto-Thaïs) taking refuge in mountainous areas. There are the Mường in this exodus. Being close to the Vietnamese at the linguistic level, the Mường have managed to keep their ancestral customs because they were sent away and protected in high mountains. They had a social organization similar to that of the Tày and the Thaïs.

Located in Kouang Tong (Quãng Đông) and Kouang Si (Quãng Tây) provinces, the Si Ngeou (Tây Âu) kingdom is none other than the land of the Proto-Thaïs (Thai ancestors). It is here that Shu prince Thục Phán took refuge before the Văn Lang kingdom conquest. It should also be remembered that Chinese emperor Shi Houang Di had to mobilize at this time more than 500.000 soldiers for the Si Ngeou kingdom conquest after having successfully defeated the Chu kingdom (Sỡ Quốc) army with 600.000 soldiers. You have to think that in addition to the implacable resistance of its warriors, the Si Ngeou kingdom should be very large and densely populated for the commitment of the substantial military force from Shi Houang Di (Tần Thủy Hoàng).

Despite the premature death of Si Ngeou king named Yi-Hiu-Song (Dịch Hu Tống),the resistance led by the Yue of Thai branch or (Si Ngeou)(Tây Âu) succeeded in obtaining a few expected results in Southern Kouang Si with the death of general T’ou Tsiu (Uất Đồ Thư) leading a Chinese army of 500.000 men, which has been mentioned in Master Houa-nan annals (or Houai–nan –tseu in Chinese or Hoài Nam Tử in Vietnamese) written by Liu An (Lưu An), grandson of Kao-Tsou emperor (or Liu Bang), founder of Han dynasty between 164 and 173 before our era. Si Ngeou was known for the courage of its formidable warriors. This corresponds exactly to the temperament of the Thai living in the past, described by French writer and photographer Alfred Raquez:(3)

Being belligerent and adventure racer, the old-time Thai were almost constantly at war with their neighbours and often saw their successfull excursions. After each victorious campaign, the prisoners were taken with them and deported in a part of Siam territory as far away as possible from their countries of origin.

After the disappearance of this kingdom and that of Âu Lạc, the Proto-Thaï remaining in Vietnam at this time under the bosom of Zhao To (a former general of Tsin dynasty who later became the first emperor of Nan Yue kingdom) had their descendants forming properly today the ethnic minority Tày of Vietnam. Other Proto-Thaï fled to Yunnan where they united at the eighth century in Nanzhao kingdom (Nam Chiếu) then Dali (Đại Lý) where buddhism of Greater Vehicle began to take root. Unfortunaly, their attempt was in vain. Shu, Ba, Si Ngeou, Âu Lạc (5), Nan Zhao, Dali countries are part of the list of kingdoms annexed one after the other by the Chinese during their exodus. In these countries submitted, the Proto-Thaïs presence was very important. In front of the Chinese continous pressure and the Himalaya inexorable barrier, the Proto-Thaï had to get back in the Indochinese peninsular (4) by penetrating slowly like a fan in Laos, northwest region of Vietnam (Tây Bắc), northern Thailand and Upper Burma.


(4) Indochina in wider sense. This is not French Indochina.

(5) The Âu Lạc kingdom of An Dương Vương was annexed by Chinese General Zhao To (Triệu Đà) who later became the founder of Nanyue kingdom. This one will be in turn under the control of Han dynasty, half a century later.


Bibliography:

(3): Comment s’est peuplé le Siam, ce qu’est aujourd’hui sa population. Alfred Raquez, (publié en 1903 dans le Bulletin du Comité de l’Asie Française). In: Aséanie 1, 1998. pp. 161-181.

Naissance de la nation (Thaïlande)

English version

Selon les inscriptions historiques thaï trouvées au Vietnam, il y a trois vagues importantes de migration entamées par les Thaïs de Yunnan dans le Nord-Ouest du Vietnam durant les 9ème et 11ème siècles . Cela correspond exactement à la période où le royaume de Nanzhao fut annexé par le royaume de Dali anéanti à son tour 3 siècles plus tard par les Mongols de Kubilai Khan en Chine. Lors cette infiltration, les proto-Thaïs se divisèrent en plusieurs groupes: les Thaïs du Vietnam, les Thaïs en Birmanie (ou Shans), les Thaïs au Laos (ou Ai Lao) et les Thaïs dans le nord de la Thaïlande. Chacun de ces groupes commence à épouser la religion de ces pays hôtes. Les Thaïs du Vietnam n’ont pas la même religion que ceux des autres territoires. Ils continuent à garder l’animisme (vạn vật hữu linh) ou le totémisme.

Ce n’est le cas des Thaïs vivant dans le nord de la Thailande, la haute Birmanie, le Laos qui furent occupées à cette époque par des royaumes môn-khmer indianisés et bouddhistes theravàda (empire angkorien, royaumes môn Dvaravati, Haripunchai, Lavo etc ..) après la dislocation du royaume du Founan (Phù Nam) indianisé. Les Môn jouèrent un rôle important dans la transmission du bouddhisme theravàda provenant de la tradition cinghalaise auprès des nouveaux venus thaïs.

Une longue histoire commune avec les Vietnamiens (Thaïlande)

English version

 

Le mythe Lạc Long Quân-Âu Cơ insinue avec adresse l’union et la séparation de deux ethnies Yue, l’une de branche Lạc ( les proto-Vietnamiens) descendant dans les plaines fertiles en suivant les cours d’eau et les rivières et l’autre de branche Âu ( les proto-Thaïs) se réfugiant dans les régions montagneuses. Il y a les Mường dans cet exode. Proches des Vietnamiens au niveau linguistique, les Mường ont réussi à garder les coutumes ancestrales car ils étaient refoulés et protégés dans les montagnes. Ceux-ci ont eu une organisation sociale semblable à celle des Tày et des Thaïs.

Situé dans les provinces Kouang Tong (Quãng Đông ) et Kouang Si (Quãng Tây), le royaume de Si Ngeou (Tây Âu) n’est autre que le pays des proto-Thaïs (les ancêtres des Thaïs). C’est ici que se réfugia le prince de Shu Thục Phán avant la conquête du royaume Văn Lang. Il faut rappeler aussi que l’empereur chinois Shi Houang Di dut mobiliser à cette époque plus de 500.000 soldats dans la conquête du royaume de Si Ngeou après avoir réussi à défaire l’armée du royaume de Chu (ou Sỡ) avec 600.000 hommes. On doit penser qu’outre la résitance implacable de ses guerriers, le royaume de Si Ngeou devrait être de taille importante et assez peuplé pour que Shi Houang Di (Tần Thủy Hoàng) engage une force militaire importante.

Malgré la mort prématurée d’un roi Si Ngeou de nom Yi-Hiu-Song (Dịch Hu Tống), la résistance menée par les Yue de branche Thai ou (Si Ngeou)(Tây Âu) réussit à obtenir quelques succès escomptés dans la région du Kouang Si méridional avec la mort d’un général T’ou Tsiu (Uất Đồ Thư) à la tête d’une armée chinoise de 500.000 hommes, ce qui a été noté dans les annales du Maître Houa-nan (ou Houai–nan –tseu en chinois ou Hoài Nam Tử en vietnamien ) écrites par Liu An (Lưu An), petit-fils de l’empereur Kao-Tsou (ou Liu Bang), fondateur de la dynastie des Han entre les années 164 et 173 avant notre ère.

Si Ngeou était connu pour la valeur de ses guerriers redoutables. Cela correspond exactement au tempérament des Thaïs d’autrefois décrit par l’écrivain et photographe français Alfred Raquez:(3)

Les Siamois d’autrefois, belliqueux et coureurs d’aventures, furent presque continuellement en guerre avec leurs voisins et souvent virent leurs expéditions couronnées de succès. À la suite de chaque campagne heureuse, ils emmenaient avec eux des prisonniers et les établissaient sur une partie du territoire de Siam, aussi éloignée que possible de leur pays d’origine.

Après la disparition de ce royaume et celle de Âu Lạc, les proto-Thaïs qui restèrent au Vietnam à cette époque sous le giron de Zhao To (un ancien général chinois des Tsin devenu plus tard le premier empereur du royaume de Nanyue) avaient leurs descendants formant bien aujourd’hui la minorité ethnique Tày du Vietnam. Les autres proto-Thaïs s’enfuirent vers le Yunnan où ils s’unirent au VIII ème siècle au royaume de Nanzhao (Nam Chiếu) puis à celui de Dali (Đại Lý) où le bouddhisme du grand véhicule (Phật Giáo Đại Thừa) commença à s’implanter. Malheureusement, leur tentative fut vaine. Les pays Shu, Ba, Si Ngeou, Âu Lạc (5), Nan Zhao, Dali font partie de la liste des pays annexés l’un après l’autre par les Chinois durant leur exode. Dans ces pays soumis, la présence des proto-Thaïs était assez importante. Face à cette pression chinoise sans relâche et à la barrière inexorable de l’Himalaya, les proto-Thaïs furent obligés de redescendre dans la péninsule indochinoise (4) en s’infiltrant lentement en éventail dans le Laos, le Nord-Ouest du Vietnam (Tây Bắc), le nord de la Thailande et la haute Birmanie.

Le mythe Lạc Long Quân-Âu Cơ insinue avec adresse l’union et la séparation de deux ethnies Yue, l’une de branche Lạc ( les proto-Vietnamiens) descendant dans les plaines fertiles en suivant les cours d’eau et les rivières et l’autre de branche Âu ( les proto-Thaïs) se réfugiant dans les régions montagneuses. Il y a les Mường dans cet exode. Proches des Vietnamiens au niveau linguistique, les Mường ont réussi à garder les coutumes ancestrales car ils étaient refoulés et protégés dans les montagnes. Ceux-ci ont eu une organisation sociale semblable à celle des Tày et des Thaïs.

Situé dans les provinces Kouang Tong (Quãng Đông ) et Kouang Si (Quãng Tây), le royaume de Si Ngeou (Tây Âu) n’est autre que le pays des proto-Thaïs (les ancêtres des Thaïs). C’est ici que se réfugia le prince de Shu Thục Phán avant la conquête du royaume Văn Lang. Il faut rappeler aussi que l’empereur chinois Shi Houang Di dut mobiliser à cette époque plus de 500.000 soldats dans la conquête du royaume de Si Ngeou après avoir réussi à défaire l’armée du royaume de Chu (ou Sỡ) avec 600.000 hommes. On doit penser qu’outre la résitance implacable de ses guerriers, le royaume de Si Ngeou devrait être de taille importante et assez peuplé pour que Shi Houang Di (Tần Thủy Hoàng) engage une force militaire importante.

Malgré la mort prématurée d’un roi Si Ngeou de nom Yi-Hiu-Song (Dịch Hu Tống), la résistance menée par les Yue de branche Thai ou (Si Ngeou)(Tây Âu) réussit à obtenir quelques succès escomptés dans la région du Kouang Si méridional avec la mort d’un général T’ou Tsiu (Uất Đồ Thư) à la tête d’une armée chinoise de 500.000 hommes, ce qui a été noté dans les annales du Maître Houa-nan (ou Houai–nan –tseu en chinois ou Hoài Nam Tử en vietnamien ) écrites par Liu An (Lưu An), petit-fils de l’empereur Kao-Tsou (ou Liu Bang), fondateur de la dynastie des Han entre les années 164 et 173 avant notre ère.

Si Ngeou était connu pour la valeur de ses guerriers redoutables. Cela correspond exactement au tempérament des Thaïs d’autrefois décrit par l’écrivain et photographe français Alfred Raquez:(3)

Les Siamois d’autrefois, belliqueux et coureurs d’aventures, furent presque continuellement en guerre avec leurs voisins et souvent virent leurs expéditions couronnées de succès. À la suite de chaque campagne heureuse, ils emmenaient avec eux des prisonniers et les établissaient sur une partie du territoire de Siam, aussi éloignée que possible de leur pays d’origine.

Après la disparition de ce royaume et celle de Âu Lạc, les proto-Thaïs qui restèrent au Vietnam à cette époque sous le giron de Zhao To (un ancien général chinois des Tsin devenu plus tard le premier empereur du royaume de Nanyue) avaient leurs descendants formant bien aujourd’hui la minorité ethnique Tày du Vietnam. Les autres proto-Thaïs s’enfuirent vers le Yunnan où ils s’unirent au VIII ème siècle au royaume de Nanzhao (Nam Chiếu) puis à celui de Dali (Đại Lý) où le bouddhisme du grand véhicule (Phật Giáo Đại Thừa) commença à s’implanter. Malheureusement, leur tentative fut vaine. Les pays Shu, Ba, Si Ngeou, Âu Lạc (5), Nan Zhao, Dali font partie de la liste des pays annexés l’un après l’autre par les Chinois durant leur exode. Dans ces pays soumis, la présence des proto-Thaïs était assez importante. Face à cette pression chinoise sans relâche et à la barrière inexorable de l’Himalaya, les proto-Thaïs furent obligés de redescendre dans la péninsule indochinoise (4) en s’infiltrant lentement en éventail dans le Laos, le Nord-Ouest du Vietnam (Tây Bắc), le nord de la Thailande et la haute Birmanie.


(4) Indochine au sens large. Ce n’est pas l’Indochine française.

(5) Le royaume Âu Lạc de An Dương Vương fut annexé par le général chinois Zhao To (Triệu Đà) devenant plus tard le fondateur du royaume de Nanyue. Celui-ci passera à son tour sous le contrôle des Han un demi-siècle plus tard.


Bibliographie:

(3): Comment s’est peuplé le Siam, ce qu’est aujourd’hui sa population. Alfred Raquez, (publié en 1903 dans le Bulletin du Comité de l’Asie Française). In: Aséanie 1, 1998. pp. 161-181.

Thaïlande (Organisation sociale et politique des Thaïs)

English version
 

 
On peut dire qu’aux deux composantes principales de la religion des Thaïs (culte aux génies (Phra) et aux esprits (Phi) et bouddhisme du Petit Véhicule) s’ajoute l’hindouisme. Celui-ci joue un rôle très important en Asie du Sud est asiatique avant que le bouddhisme theravadà réussisse à s’imposer et à embrasser la Birmanie, la Thaïlande, le Laos et le Cambodge.

Il y a autant de génies que d’esprits malveillants dans le panthéon thaï. Cette croyance animiste n’est pas incompatible avec le bouddhisme theravàda car les Thaïs placent les divinités protectrices (les phra) au niveau intermédiaire entre les hommes et les dieux hindous liés étroitement au bouddhisme theravadà. Ils sont en quelque sorte les serviteurs de Bouddha. Le bouddhisme tolère les rites locaux. C’est pourquoi on trouve souvent un petit temple soigneusement entretenu et dédié à Brahma aux quatre visages (Thần Bốn Mặt) aux alentours des bâtiments importants thaïlandais dans le but de permettre à cette divinité d’éloigner les esprits malveillants et de protéger ces lieux. D’autres divinités ne sont pas passées inaperçues dans les endroits publics (pagodes, aéroports, palais royal etc… )

Etant venus tardivement dans ces pays hôtes, les Thaïs devaient assumer au début tous les métiers « ingrats ». Comme leur peau était basanée, les Khmers les appelaient par le nom Syàma (Xiêm La), un mot sankscrit qui signifie « bronzé ». C’est sous ce nom qu’ils furent mentionnés vers 1050 dans l’une des inscriptions chames de Po Nagar (Nha Trang) comme des prisonniers de guerre lors de la confrontation entre les Chams et les Khmers de l’empire angkorien. Ils étaient apparus aussi comme des éclaireurs hardis, des mercenaires de l’armée de l’empire angkorien dont la présence a été rapportée dans l’un des bas-reliefs d’Angkor-Vat. Selon l’archéologue français Bernard Groslier, ils n’étaient que des montagnards turbulents, sans écriture et sans religion. Ils n’avaient aucune chance d’ébranler même les postes frontières de l’empire khmer et des royaumes môn de culture Dvaravati.

Ce n’est pas le cas des Vietnamiens qui commencèrent à bousculer à la même époque le Champa car selon Bernard Groslier, ces derniers constituant déjà une nation remarquablement équipée par la civilisation chinoise durant la longue domination, pouvaient entamer la lutte à armes et à chances égales avec les Chams. Les Thaïs devaient attendre au moins deux siècles pour assimiler les leçons de leurs maîtres avant de pouvoir les remplacer et les surpasser par la suite. En venant du nord et en contact fréquent avec la culture Dvaravati, ils se convertirent très vite au bouddhisme Theravàda (ou Petit Véhicule) ou (Phật Giáo Nguyên Thủy en vietnamien) mais ils continuèrent à garder leur structure sociale organisée en de puissantes chefferies féodales (ou mường).

Pour les Thaïs, la Thaîlande est considérée toujours comme la grande et la puissante chefferie (Mueang des Thaïs libres ou Mường của các người Thái tự do). Même le paradis est organisé en chefferies administrées par des divinités (ou les Devata). C’est ce qui a été rapporté par les Thaïs du Vietnam. Cela concorde avec la remarque d’Alfred Raquez sur la pratique courante des Siamois dans le regroupement de leurs prisonniers en chefferie:

Les Siamois ne semaient pas leurs prisonniers à travers le royaume. Ils les laissaient au contraire groupés, formant des khong à la tête desquels ils plaçaient des chefs de même origine ou naïkhong. Ceux-ci, magistrats suprêmes, réglaient toutes les affaires de la communauté et se trouvaient presque seuls en rapport direct avec les autorités du pays.

La chefferie est à la base de l’organisation sociale, religieuse et politique des Thaïs. Les chefferies sont considérées petites (mường nhỏ) ou grandes (mường lớn) en fonction de leur taille et de leur importance. Cela correspond respectivement à ce qu’on a en France avec le district ou la province. Mais il y a toujours une chefferie centrale (mường luông) vers laquelle convergent les autres chefferies. C’est ce qu’on observe dans l’organisation des chefferies thaïes au Vietnam. Chaque chefferie est dirigée par un chef ou un seigneur issu de l’aristocratie locale ayant en plus un rôle religieux important. C’est lui qui est chargé d’assumer le culte de l’esprit du sol. C’est pourquoi il a une prééminence sur les villageois. Ceux-ci lui doivent non seulement le service armé en cas d’une guerre mais aussi la corvée. Chaque chefferie a ses propres coutumes. Son organisation administrative et militaire ressemble à celle des Mongols qui permet de distinguer les nobles et les guerriers avec le reste (les roitelets et les paysans serfs). Chacun a son grade ou son rang dans un système nommé sakdina (sakdi signifiant pouvoir et na rizière). Supposons que chaque paysan possède 25 rai (quantité de terre équivalente à 1600 m2 ou rẫy en vietnamien ). Un patron de grade 400 en sakdina peut avoir 16 paysans sous ses ordres car 16= 400/25. Quant à un noble ou un seigneur, il peut avoir 400 personnes sous ses ordres si son grade s’élève à 10000 dans le système  sakdina. (400=10000/25). Bref, en fonction de son grade, il peut disposer d’un certain nombre de gens pour le système de corvées civiles et militaires.

Chaque chefferie est constituée de plusieurs hameaux (ou thôn en vietnamien) gérés chacun par un conseil de notables et ayant 40 ou 50 maisons excepté certain pouvant atteindre jusqu’à 100 maisons. Analogues aux Vietnamiens, les Thaïs installent d’une manière générale leur hameau et leur chefferie dans les plaines alluviales (celle de Chao Praya par exemple ) et les régions ayant des cours d’eau importants et propices à la culture du riz inondé, au transport et à l’interconnexion des routes pour faciliter l’échange avec les autres chefferies thaïes.

Royaume de Sukhothaï (Vương Quốc Sukhothaï)

English version

En Thaïlande, sur la frange nord du bassin du Ménam, deux princes thaïs de nom Po Khun Bangklanghao and Po Khun Phameung réussirent à libérer Sukhothai de l’emprise des Môn et des Khmers en 1239. Po Khun Bangklanghao devint ainsi le premier roi du royaume thaï indépendant Sukhothai dont le nom signifie « l’aube du bonheur ». Mais c’est plutôt à son fils Rama Khamheng la grande tâche d’agrandir le royaume thaï en conquérant non seulement le nord de la Malaisie jusqu’à Ligor (ou Nakhon Si Thammarat) mais aussi des possessions khmères du côté de Luang Prabang (Laos). En même temps dans le nord de la Thaïlande, après l’annexion de Haripunjaya en 1292, un autre prince thaï allié de nom Mengrai, fonda son royaume Lannathai (royaume du million de rizières) en prenant Chiang Mai pour capitale. Rama Khamheng et Mengrai, deux princes thaïs se partagèrent désormais la domination, l’un dans le centre et l’autre dans le nord de la Thaïlande. D’autres petits royaumes thaïs furent crées à Phayao et à Xiang Dong Xiang Thong (Luang Prabang) au Laos. En Birmanie, le royaume de Pagan n’arriva pas à résister à l’invasion des Mongols. Les Thaïs de Birmanie (ou les Shan) profitèrent de cette opportunité pour démembrer le royaume en plusieurs états shan.