Jadis, un bûcheron parti dans les bois, voulut ramener quelques bambous. Il s’apprêta à couper un bambou avec sa hache quand il entendit ce dernier lui parler. En fait, ce bambou n’était pas ordinaire: c’était un Génie du Ciel transformé en bambou par un sortilège. Surpris, le bûcheron, accepta de laisser la vie sauve au Génie. Pour le remercier, le Génie exauça son vœu (passer les trois merveilleux jours du Têt comblés de bons mets et de vins délicieux). Sur le conseil du Génie, le bûcheron continua sa route et rencontra l’ermite Za-Xoa qui l’invita à célébrer le Têt dans son temple.
A minuit, assailli par une nuée de démons, le bûcheron et ses compagnons les affrontèrent. Pour les aider, Bouddha venu du Ciel proposa aux démons de leur acheter un lopin de terre en échange de pièces précieuses, d’or et d’argent qu’il déposa devant eux. De quelle superficie ? demandèrent-ils aussitôt les démons. De la taille de ma robe, leur répondit-il. Ceux-ci s’empressèrent de l’accepter, pensant à faire une excellente affaire. Or quand le Bouddha étendit sa robe, cette dernière se révéla aussi grande que le territoire vietnamien. Les démons étaient furieux de se laisser duper, mais le marché était conclu.
Le Bouddha s’adressa au bûcheron et à ses amis en ces termes: « Lorsque vous inviterez les mânes de vos ancêtres à venir chez vous pour les cérémonies du Têt, des esprits maléfiques peuvent se glisser parmi eux. Vous devrez donc élever une perche de bambou au sommet de laquelle vous ferez flotter un morceau de tissu jaune marqué de mon emblème. Ainsi, tous les mauvais démons ne viendront pas vous importuner».
Au Vietnam, on observe encore cette coutume dans certaines campagnes. Dans le milieu urbain, elle a virtuellement disparu. Cependant, le pétard est rentré dans les mœurs et depuis, le Têt débute dans un concert de pétard qui est censé chasser les démons durant toute l’année.
Sự tích cây nêu
Version vietnamienne
Ngày xưa, có một người tiều phu đi đốn củi muốn mang về một ít tre. Anh định chặt cây tre bằng rìu thì nghe tiếng tre nói với anh. Trên thực tế, cây tre này không phải bình thường: nó là thần linh bị biến thành tre bởi bùa chú. Quá ngạc nhiên, người thợ rừng đồng ý để thần linh được sống. Để cảm ơn người thợ rừng nầy, thần linh chấp thuận ý nguyện của người thợ rừng (có được ba ngày Tết tuyệt vời với các thức ăn và rượu ngon). Theo lời khuyên của thần linh, anh thợ rừng tiếp tục hành trình và gặp ẩn sĩ Za-Xoa, người nầy mời anh về chùa ăn Tết …
Vào lúc nửa đêm, bị tấn công bởi một đám ma quỷ, người thợ rừng và đồng bọn của anh ta phải đối mặt với chúng. Để giúp đỡ họ, Đức Phật đề nghị mua một mảnh đất của ma quỷ để đổi lại cho ma qủy các đồng tiền, vàng bạc quý giá, mà Ngài đặt trước mặt họ. Diện tích nó là bao? các ma qủy hỏi cùng một lúc. Cỡ kích thước chiếc váy của ta, ngài đáp. Họ vội vàng đồng ý vì nghĩ rằng họ đã có được một thỏa thuận tốt. Nhưng khi Đức Phật xoè váy của ngài ra thì váy biến ra quá rộng bằng lãnh thổ Việt Nam. Những con quỷ rất tức giận vì bị lừa, nhưng thỏa thuận đã được thực hiện thôi.
Đức Phật nói với người tiều phu và các người bạn của anh ta như sau: “Khi các ngươi mời tổ tiên về nhà để ăn lễ Tết, các hồn ma quỷ có thể len lỏi vào trong các người đó. Do đó, các ngươi phải dựng một cây nêu lên trên đỉnh treo một mảnh vải màu vàng có biểu tượng của ta. Như vậy, tất cả ma qủi sẽ không đến quấy nhiễu các ngươi.
Ở Việt Nam, phong tục này vẫn còn được duy trì ở một số vùng quê. Còn ở các đô thị, nó hầu như đã biến mất từ lâu. Tuy nhiên, việc đốt pháo đã trở nên phổ biến và kể từ đó Tết bắt đầu bằng các cuộc đốt pháo nhầm để xua đuổi ma quỷ suốt cả năm.
Áo dài is always considered a symbol of traditional Vietnam. A foreign tourist who lands in Vietnam has the opportunity to see a woman dressed in her áo dài.
It is about a close-fitting long tunic in light fabric, open on the sides from the waist down, worn over a large pants. It will be surely of speechless admiration facing this incarnate elegance. It is not the clothe that provokes this admiration but rather the relation between the woman, her dress and her culture. However the a’o dài has only a short history. It just dated from 18th century.Impressed by the elegance of the Manchurian costumes under the reign of the Qing, a Vietnamese lord of the name Nguyễn Võ Vương established the wearing of a Vietnamese national dress inspired by the Chinese model. It should wait one century before this dress is adopted in the popular strata of the Vietnamese society, in particular during the reign of emperor Minh Mạng.
Some selectioned dress
This dress becomes nowadays the national symbol with more and more varied models in colors as well as in decorative patterns. Most Vietnamese wear it.
Analogue à leur prédécesseur Qin Shi Huang Di, les empereurs de la dynastie des Han envoyèrent, durant leur règne, des émissaires à la recherche des endroits paradisiaques dans le but de chercher l’immortalité et d’accéder au monde divin. Ces terres mythiques sont associées souvent à l’île Penglai (đảo Bồng Lai) située à l’est et au mont Kunlun (Côn Lôn) à l’ouest dans les croyances de l’époque des Han. C’est la montagne où demeure la Reine Mère de l’Ouest (Tây Vương Mẫu)(Xiwangmu) ayant détenu l’élixir d’immortalité. C’est pour cette raison qu’on trouve sa présence récurrente dans le décor des tombes des Han. Cela témoigne non seulement de sa popularité mais aussi de la conception taoïste liée à la prolongation de la vie au-delà la mort. Selon certaines rumeurs non vérifiées et injustifiées, Zhang Quian fut chargé au départ par Wudi pour rechercher les recettes d’immortalité du côté du mont Kunlun, la demeure occidentale des immortels. Vêtus toujours d’une tunique longue, ceux-ci ont un visage allongé et anguleux, une large bouche au dessus d’un menton pointu, des sourcils arqués et de larges oreilles, ce qui leur donne une silhouette assez étrange et un aspect émacié. Une fois le dao atteint, ils ont des ailes aux épaules. Dans la conception taoïste de l’au-delà, pour garder l’intégrité physique du défunt et l’immortalité de son âme, il faut obturer les 9 orifices de son corps par les pièces en or et en jade. (bouche, oreilles, yeux, narines, urètre, rectum). Puis il faut faire porter au défunt un masque ou un costume de jade dont l’utilisation est régie par un protocole hiérarchique très strict. Pour les empereurs, le costume de jade est cousu de fils d’or. Quant aux rois et autres dignitaires moins importants, leur costume de jade n’a que des fils en argent ou en cuivre. L’emploi du costume reflète la croyance des Han en la pérennité de l’âme dans l’au-delà car on attribue au jade des propriétés apotropaïques permettant de favoriser l’immortalité de l’âme.
À l’époque des Han, la conception dualiste de l’âme fut évoquée dans plusieurs textes chinois comme le Huainanzi de Liu An (Hoài Nam Tữ). Chaque individu a deux âmes: l’une appelée hun va au ciel et l’autre appelée po disparaît physiquement avec le défunt. Pour empêcher l’âme hun de s’échapper par les orifices du visage, le masque ou le costume s’avère indispensable.
Cette conception dualiste de l’âme est-elle vraiment chinoise ou empruntée à une autre civilisation, celle des Baiyue? On la trouve chez les Mường, les cousins des Vietnamiens, vivant dans les coins les plus refoulés des régions montagneuses du Vietnam. Pour les Mường, il y a dans un être humain plusieurs âmes qu’ils nomment wại. Celles-ci se divisent en deux catégories: wại kang (les âmes fastueuses) et wại thặng (les âmes dures). Les premières sont supérieures et immortelles tandis que les secondes, attachées au corps, sont mauvaises. La mort n’est que la conséquence de l’évasion de ces âmes.
Il est important de rappeler que la culture du royaume de Chu (Sỡ Quốc) conquis par Qin Shi Huang Di lors de l’unification de la Chine avait une originalité particulière, une langue propre, celle des Bai Yue. Il existe à partir de l’époque des Qin-Han, une institution impériale, les fangshi qui étaient des lettrés locaux considérés comme des magiciens spécialisés dans les rites aux étoiles et dans les recettes du gouvernement.
Leur rôle consistait à recueillir chacun dans son territoire propre, les procédés rituels, les croyances, les médecines locales, les systèmes de représentations, les cosmologies, les mythes, les légendes au même titre que les produits locaux et à les soumettre à l’autorité politique afin que celle-ci pût les retenir ou non et les incorporer sous forme de règlements dans le but d’augmenter la puissance impériale dans une nation ethnologiquement très diversifiée et de donner à l’empereur les moyens de sa vocation divine. Tout devait être collecté et ajouté au service du fils du Ciel dans le but d’asseoir sa légitimité sur des territoires récemment conquis aux barbares.
___C’est l’un des traits caractéristiques de la culture chinoise : Elle sait accepter et absorber les cultures étrangères sans qu’on puisse jamais parler de vacillation ou de modifications culturelles.___
C’est ce qu’a écrit le célèbre philosophe chinois du XXème siècle Liang Shuming dans l’introduction de son ouvrage intitulé « les idées maîtresses de la culture chinoise » (traduction de Michel Masson). Cela rejoint la remarque suivante qu’a soulignée l’ethnologue et sinologue française Brigitte Baptandier dans son texte de conférence lors d’une journée d’étude de l’APRAS sur les ethnologies régionales à Paris en 1993:
La culture chinoise s’est donc formée au cours des siècles comme une sorte de mosaïque de cultures. II faut une lente perfusion de sang barbare à la Chine en réadaptant cette belle formule de l’historien F. Braudel pour la France avec les barbares.
Les brûle-parfum boshanlu (encensoir en forme de montagne Bo) étaient censés de représenter les montagnes mythiques baignées de nuages et de vapeurs qi (énergie cosmique vitale). La popularité de ces brûle -parfums était due en grande partie à la pensée des Han sur l’immortalité et au culte des monts sacrés.
Boshanlu
Selon l’estimation du doyen des archéologues chinois Wang Zhongsu, depuis 1949 il y a plus de 10.000 tombes fouillées pour la seule dynastie des Han. Grâce aux découvertes archéologiques majeures des tombes de Mme Dai et de son fils à Mawangdui (Mã Vương Đôi) (Changsa, Hunan), (168 av. J.C.) ou de la tombe du fils de l’empereur Jindi, le prince Han Liu Sheng et de son épouse Dou Wan (Mancheng, Hebei) (113 av. J.C.) ou encore de la tombe de Zhao Mo (Triệu Muội), petit-fils de Zhao Tuo (Triệu Đà) et roi de Nanyue (Xianggang, Guangzhou) (120 av. J.C.), les archéologues commencent à mieux connaître l’art des Han à travers des milliers d’objets d’exception en jade, en fer et en bronze, des céramiques, des laques etc… Ceux-ci témoignent de l’opulence et de la puissance des cours princières sous les Han. Ils sont parfois des exemplaires uniques révélant non seulement le travail technique de belle facture et la préciosité des matériaux mais aussi la particularité régionale. Lors des fouilles, les archéologues ont constaté qu’il y a une rupture dans l’art chinois, un changement profond correspondant historiquement au développement des empires unifiés (Qin et Han) et au contact des influences étrangères. La présence des objets séculaires, en particulier celle de la vaisselle en bronze qu’on est habitué à retrouver à l’époque des Zhou, cède la place au développement de l’art figuratif et des représentations imagées. Il y a incontestablement l’influence notable des autres sphères culturelles dans le domaine de l’art Han, en particulier celui de la culture matérielle. Désormais, le culte des ancêtres ne se déroulait plus au temple comme cela avait été effectué à l’âge du bronze mais il avait lieu même dans les tombes et dans les sanctuaires proches de celles-ci. De plus, à l’image de l’empereur Qin Shi Houang Di, les empereurs Han et leurs princes avaient tendance de faire de la tombe une réplique de leur demeure royale terrestre.
Cette conception remonta à l’époque des Zhou (Nhà Châu) et fut illustrée fréquemment dans les pratiques funéraires des élites du royaume de Chu.(Sỡ Quốc). Analogues à ces dernières, les Han croyaient en la pérennité de l’âme dans le monde de l’au-delà. La vision de la mort était considérée comme une continuité de la vie. Cette croyance continue à être vivace aujourd’hui en Chine lors de la fête de Qingming (lễ thanh minh) avec les sacrifices offerts aux ancêtres: des billets factices et des objets funéraires brûlés. C’est pour cette raison qu’on retrouve lors des fouilles, tout ce qu’ils possédaient de leur vivant: des objets préférés, des figurines en terre cuite représentant leur domesticité ainsi que des linceuls de jade permettant de réduire la mort à néant. Les tombes impériales des Han sont signalées par la présence d’un haut tumulus artificiel situé dans une enceinte rectangulaire où se trouvent également les sépultures et les fosses annexes. La structure de leurs tombes devient de plus en plus complexe et rivalise souvent avec celle de leur palais avec des fosses séparées et ayant chacune une fonction distincte (magasin, écurie, cuisine, salle de banquet etc…). C’est le cas du site de Liu Qi connu sous le nom d’empereur Jindi et de sa femme, l’impératrice Wang dans la banlieue Xian. C’est dans ces fosses qu’on retrouve des objets de luxe (vases, bassins, brûle-parfums, miroirs, poids pour les nattes, chaudrons, lampes, poignards etc…) ou de la vie quotidienne (céréales, tissus, viande etc…) du défunt qui laissent pantois et muets d’admiration les archéologues, à côté des figurines (ou mingqi) de terre cuite. Celles-ci peuvent être soit des figurines d’animaux domestiques soit des statuettes humaines.
Grâce à la route de la soie et à l’expansion chinoise, un grand nombre de traditions artistiques régionales, de modes étrangères et de produits nouveaux contribuaient à la floraison artistique des Han. Le cosmopolitisme joua certainement un rôle important à cette époque. La splendeur des objets de luxe retrouvés dans les tombes révèle non seulement le faste et le raffinement des cours princières mais aussi le goût de l’exotisme.
Les danses et musiques de Chu, les chants de Dian, l’art des baladins d’Asie Centrale renouvellent les divertissements de la cour. Les contacts avec les arts de la steppe favorisent l’enrichissement du répertoire décoratif.
Analogue au jade, le bronze était l’un des matériaux très prisés par les Chinois. A l’époque des Han, la popularité du bronze commença à décliner car pour le culte des ancêtres, on n’eut plus besoin des ensembles complets de vases rituels en bronze mais on préféra à leur place des objets en laque à l’imitation du royaume de Chu. Ce dernier avait eu l’occasion de les décorer fréquemment avec des motifs ou des figures d’une grande imagination selon sa mythologie propre à l’époque des Royaumes Combattants. Malgré le déclin visible dans les tombes des princes Han, le bronze était très utilisé dans les ornements de char et dans les objets de luxe retrouvés.[RETOUR]
Comme le Vietnam est un pays d’eau, il n’est pas étonnant d’y voir la prolifération et la grande variété d’embarcations employées par les Vietnamiens dans leur transport par eau: de la plus légère et la plus petite jusqu’à la plus grande trouvée jusque-là seulement dans les pays avoisinants comme la Chine ou l’Indonésie. On trouve dans la construction de ces embarcations vietnamiennes une influence étrangère notable, chinoise dans le Nord et indonésienne ou indienne voire occidentale dans le Sud du Vietnam. Cette influence est plus perceptible dans le Centre du Vietnam ayant été occupé jusqu’au XIIIème siècle par les Vikings de l’Asie, les Chams dont la civilisation a été disparue dans les tourbillons de l’histoire par la marche séculaire des Vietnamiens vers le Sud. Malgré cela, les Vietnamiens faisant preuve d’un sens aigu de l’observation et d’une expérience vécue à cause du va-et-vient incessant des typhons sur la côte vietnamienne, savent combiner harmonieusement les données de ces différentes techniques étrangères pour réaliser des embarcations souvent plus maniables que les modèles chinois, malais ou indiens, ce qu’a remarqué P. Paris dans son ouvrage intitulé « Recherche de parenté à quatre embarcations d’Indochine, BIIEH, 1946 ».
À cause de la dureté de la nature et de la lutte quasi permanente contre leurs voisins chinois, les Vietnamiens ont axé leurs efforts dans la conquête des plaines à riz. Enfermés dans l’isolationnisme adopté par l’Extrême-Orient et confortés par la présence quasi permanente des bateaux étrangers dans leurs ports (Faifo, Tourane, Saigon etc ..), les Vietnamiens ne voient aucun intérêt de privilégier le transport maritime bien qu’ils soient considérés comme les plus habiles marins de l’Extrême-Orient. Les Chinois ont reconnu leur supériorité sur l’eau. Un haut mandarin chinois, Bao Chi, l’a notifiée dans son rapport confidentiel soumis à l’empereur des Song. La plupart des victoires des Vietnamiens contre les voisins chinois ont eu lieu sur les eaux.
Les Vietnamiens ont l’habitude de se servir des embarcations comme un moyen de transport des vivres ou des troupes, ce qu’a révélé l’abbé Prévost dans son » Histoire des Voyages » de 1751 en s’appuyant sur la description de Samuel Baron publiée en 1732. La marine vietnamienne connut seulement son apogée à la première moitié du XIXè siècle. C’était la période où l’empereur Gia Long secondé par ses lieutenants français Jean-Baptiste Chaigneau (Nguyễn Văn Thắng), Philippe Vannier ( Nguyễn Văn Chấn ) etc.. réussît à défaire l’armée de Tây Sơn à Qui Nhơn par sa marine royale constituée d’une centaine de grandes galères de 50 à 70 rames avec canons et pierriers et de trois vaisseaux à l’européenne ( le Phénix ( tàu Phụng ), l’Aigle et le Dragon-Volant ( tàu Long) ). Ces derniers étaient construits avec tant d’adresse et ne restaient pas plus de trois mois sur le chantier, ce que nota le père Lelabousse dans son rapport daté à Nha Trang, le 24 Avril 1800.
Pour demander son investiture auprès de l’empereur chinois, Gia Long envoya en 1802 le grand poète Trịnh Hoài Ðứ’c (1), le premier délégué vietnamien à prendre la mer pour se rendre à Pékin. Malheureusement, cette apogée ne fut que de courte durée car ses successeurs, entourés par des mandarins confucianistes et empêtrés dans l’obscurantisme, continuaient à adopter une politique d’isolationnisme exacerbé en dépit du mémorandum du lettré moderniste Nguyễn Trường Tộ, ce qui permit à la marine française de réussir à jeter l’ancre quelques décennies plus tard dans les eaux vietnamiennes après avoir coulé dans le port de Tourane (Ðà Nẵng) les cinq premières jonques blindées de la flotte vietnamienne le 15 Avril 1847.
Bien que les Vietnamiens négligent le transport maritime, paradoxalement ils ne lésinent pas les moyens de fabriquer une grande variété d’embarcations pour faciliter leur déplacement quotidien car le Viêt-Nam possède, outre la deuxième mangrove du monde (la forêt U-Minh 1000 km2) après celle du Brésil dans la péninsule de Cà Mau, des milliers de petits cours d’eau, affluents et défluents, des arroyos et des fleuves (Fleuve Rouge, Fleuve du Mékong ).
De plus, le réseau routier vietnamien est quasi inexistant. Les embarcations vietnamiennes sont divisées en deux catégories: celles fabriquées avec des lamelles en bambou enduites de laque (thuyền nan) et celles taillées avec des troncs d’arbres ou faites avec des plaques en bois ( thuyền gỗ ). En ce qui concerne la première catégorie, si l’embarcation est de petite taille, on la désigne souvent en vietnamien (thuyền câu). C’est une petite barque où une seule personne peut être logée. Si l’embarcation légère est de taille ronde, elle est appelée « thuyền thúng » et utilisée fréquemment par les pêcheurs du Centre du Vietnam.
Ce panier rond étanche exista au Xème siècle. Dương Vân Nga, une fille de Hoa Lư, fut connue à cette époque pour exceller dans l’art de ramer avec ce panier flottant. Mais le jour de compétition, Ðinh Bộ Lĩnh, le leader d’une bande rivale de garçons, réussit à immobiliser son panier flottant en le perforant au moyen d’une perche.
Cette victoire lui permit de conquérir non seulement l’admiration mais aussi l’amour de Dương Vân Nga. Ce panier flottant permit le transport rapide des troupes à travers les marécages et les cours d’eau et assura au couple Dương Vân Nga et Ðinh Bộ Lĩnh la victoire sur les Chinois quelques années plus tard. Quant à la deuxième catégorie, la constitution de base est faite avec du bois. Il y a une multitude d’embarcations différentes mais la plus connue et la plus utilisée par les Vietnamiens est le sampan ou le bateau à trois planches (Thuyền tam bản). C’est celle qui est employée pour traverser les cours d’eau ou les rivières. La plupart des gens qui font avancer les sampans sont des jeunes filles. C’est pourquoi il y a maintes histoires d’amour nées de ces embarcations. On continue à les raconter, en particulier l’histoire de l’empereur Thành Thái avec la rameuse. Si le Vietnamien avait l’habitude de prendre la traversée d’un cours d’eau dans sa jeunesse, cela pourrait lui provoquer probablement des regrets, des souvenirs et des émotions intenses lorsqu’il avait l’occasion de revenir sur le bord du fleuve pour prendre le bac. Il se sent plus ou moins désemparé lorsqu’il apprend que la rameuse, la jeune fille dont il continue à s’attendrir sur le sort et dont il n’est pas loin de tomber amoureux n’est plus là. Probablement, elle devient maintenant la mère d’une famille ou elle a rejoint un autre monde mais elle n’est plus là pour l’accueillir avec son sourire charmant et ingénu. Il ne tarde pas à rappeler qu’il n’a plus l’occasion d’entendre son refrain, de voir les pans de sa tunique élimée que le vent du fleuve fait voler durant la traversée. C’est dans ce contexte inhabituel qu’il ressent une affliction indescriptible. Il regrette de manquer tant d’occasions de retrouver son débarcadère, son fleuve, sa terre natale et de laisser trop longtemps dans l’oubli le charme éternel du sampan, celui du Vietnam d’autrefois.
La fille du fleuve (1987) ( Cô gái trên sông ).
Le réalisateur Ðặng Nhật Minh, le plus connu actuellement au Vietnam, n’hésite pas à montrer le cas inverse, l’amour discret de la jeune batelière vivant sur la Rivière des Parfums, au public étranger et vietnamien à travers son film. C’est l’histoire de son héroïne Nguyệt qui, au péril de sa vie, n’hésite pas à sauver un jeune homme blessé et connu pour ses activités subversives par la police sud-vietnamienne durant la guerre. Elle essaie de le cacher dans son sampan. Une fois la paix revenue, ce jeune homme devient un cadre communiste important. La jeune fille tente de le retrouver car elle continue à garder en elle des sentiments profonds pour cet homme. Malheureusement, elle se sent affligée et trahie car cet homme feint de l’ignorer et n’aime pas à remémorer les périodes troublantes de sa vie … Elle essaie de refaire sa vie avec son ancien amant Sơn qu’elle a rejeté quelques années auparavant et qui a eu l’occasion de passer quelques années au camp de rééducation pour avoir le tort d’être enrôlé dans l’armée sud-vietnamienne.
Malgré le peu de choses dans leur constitution, les embarcations, en particulier, les sampans (đò ngang) continuent à envoûter les Vietnamiens. Ceux-ci n’hésitent à les intégrer non seulement dans leur vie quotidienne mais aussi dans les chansons et les poèmes. Les chansons « Con Thuyền Không Bến » Le sampan sans débarcadère) du compositeur Ðặng Thế Phong et Ðò Chiều (Le sampan du Soir) de Trúc Phương datant de plusieurs décennies et de plusieurs générations continuent à être appréciées et montrent à tel point l’attachement profond de tous les Vietnamiens à leurs embarcations rudimentaires.
Quant aux poèmes les décrivant, il n’y a que le Vietnamien ayant l’occasion de prendre le bac qui arrive à apprécier la finesse et la beauté trouvées dans les vers car il redécouvre peut-être à travers ces poèmes un tronçon de sa vie si mouvementé et si enfoui intimement dans sa mémoire avec plus d’émotions et de tristesse que de joie et de bonheur. En lisant les vers suivants,
Trăm năm đã lỗi hẹn hò Cây đa bến cũ con đò khác đưa Notre rendez-vous n’a pas eu lieu depuis longtemps Le banian et le débarcadère sont toujours les mêmes excepté le sampan qui change de propriétaire.
le lecteur pourrait se rendre compte qu’il est rattrapé aussi comme tant d’autres Vietnamiens par des souvenirs qu’il pense à gommer au fil des années dans sa mémoire. Il ne peut pas continuer à s’attrister comme cela pourrait se faire quand on était jeune et amoureux à travers les deux vers suivants: Tương tư thuyền nhớ’ sông dài Tương tư là có hai người nhớ’ nhau
Languir d’amour c’est se souvenir du sampan et de l’immensité du fleuve Languir d’amour c’est continuer à se rappeler pour toujours.
Mais il devrait avoir le courage de l’oublier quand le sampan n’est plus là comme cela a été dit dans les quatre vers suivants:
Vô duyên đã lỗi hẹn hò Mong làm chi nữa con đò sang sông Thôi đành chẳng gặp là xong Nhớ thương bền chặt bền lòng ra đi
On n’a pas la chance d’être au rendez-vous On n’espère plus lorsque le sampan est déjà parti Cela ne mérite plus la peine de se revoir Mais il vaut mieux décider de partir définitivement lorsqu’on s’aime intensément
Que devient-elle en ce moment? Est-elle morte ou heureuse? Mérite-elle la vie qu’elle mène? Est-elle comme la jeune passeuse, sœur Thắm qui a sauvé maintes personnes de la noyade et qui a péri de noyade sans que personne ne la secourre dans le récit « Chảy đi sông ơi (Coule, ma rivière, 1988) » de l’écrivain talentueux Nguyễn Huy Thiệp? Est-elle comme la jeune batelière Duyên continuant à fredonner pour son enfant une berceuse:
Nước chảy đôi giòng … …Con sông Thương …nước chảy đôi giòng …
On peut remonter ou descendre le courant … du fleuve Amour …on peut remonter ou descendre le courant …
et ne se posant jamais des questions sur la vie qu’on lui a tracée tout comme le fleuve qui suit son cour à la mer dans la nouvelle « Nước chảy đôi giòng ( À contre-courant, 1932 ) de Nhất Linh?. Ce sont les questions que le lecteur accablé par les souvenirs continue à se poser intimement. C’est aussi la profonde tristesse, la douleur poignante de celui qui n’a plus l’occasion de retrouver la fraîcheur de sa jeunesse à travers le sampan et son débarcadère qu’il était habitué à prendre à une époque lointaine. Il avait pensé qu’avec le temps cela pourrait effacer tous les souvenirs comme l’eau de la rivière évoquée dans la chanson d’une étrange tristesse que la sœur Thắm a l’habitude de chanter sur la rive dans le récit « Chảy đi sông ơi (Coule, ma rivière, 1988) » de Nguyễn Huy Thiệp:
Chảy đi sông ơi Băn khoăn làm gì ? Rồi sông đãi hết Anh hùng còn chi ? …
Coule ma rivière Pourquoi se tourmenter? L’eau efface tout Jusqu’au souvenir des héros.
Chuyện Tình Buồn ( L’histoire d’un triste amour ) de Phạm Duy avec le chanteur Sĩ Phú
(1) Auteur de deux ouvrages Bắc sứ Thi Tập ( Recueil de poèmes écrits au cours d’une mission d’ambassade en Chine ) et Cấn Trai Thi Tập ( Recueil de poèmes de Cấn Trai ).
Không có chuyện cổ tích hay truyền thuyết Vietnam nào mà không có con vật phi thường và huyền thoại nầy mà thường được gọi là con Rồng hay con Long. Nó là linh vật đứng hàng đầu trong bốn con vật có sức mạnh siêu phàm hay tứ linh (long, lân, qui, phụng). Nó thường được phổ biến trong nghệ thuật trang trí và điêu khắc. Người ta không những thấy sự hiện diện của nó ở các chùa chiền mà còn ở các mái hay rường nhà, đồ nội thất, chén đĩa và các mặt hàng bằng vải. Nếu nó là con thú có cánh, phun lửa và biểu tượng sự tàn ác và hung dữ ở Âu châu thì ở Vietnam nó là yếu tố chính trong truyện thần thoại của người Việt. Nó là con vật rất gần gũi với đời sống của người Việt vì nó hình tượng của mưa gió thuận hoà, đem lại hạnh phúc ấm no cho con người nhất là Vietnam là một nước nông nghiệp.
Tất cả người dân Việt tin tưỡng mãnh liệt họ là con cháu của cha Rồng Lạc Long Quân đến từ nước và mẹ Âu Cơ xuất phát từ miền núi. Từ cuộc hôn nhân đó, tiên nữ đẻ ra một cái bọc có 100 trứng khi vỡ ra, được 100 thằng con trai cường tráng. Sau nầy, khi chia tay, 50 đứa con theo cha xuống vùng hạ du và sáng lập nhà nước có tên là Văn Lang và 50 đứa con còn lại theo mẹ về vùng núi để dẩn đến sự ra đời một thế giới vi mô phức tạp nhất là có đến 54 dân tộc thiểu số. Mặc dầu phiên bản nầy nó có tính cách phóng túng và ngây ngô nhưng ít nhất nó cũng giúp người Việt và các dân tộc thiểu số sống chung và đoàn kết chặt chẽ trên mãnh đất hình rồng đế chống lại ngoại bang trong những giây phút khó khăn nhất của lịch sữ.
Theo truyền thuyết , cũng nhờ có sự hổ trợ của con rồng khiến quân giặc phương bắc bị đánh bại. Khi đụng chạm với nước biển, các ngọn lửa của nó biến thành vô số các đảo nhỏ, những đá ngầm hình thù lạ đời. Bỡi vậy vịnh nầy được gọi là vịnh Hạ Long (có nghĩa là nơi rồng đáp xuống). Vịnh nầy trở thành là một kỳ quan thứ tám của thế giới và cũng là một điểm trọng đại được nhiều du khách ngoại quốc đến tham quan khi đến Vietnam.
Biểu tượng của uy quyền và sức mạnh, con rồng thường được gắn bó với đế vương hay những thực thể qúy trọng chỉ dành cho vua chúa chẳng hạn long nhan (mặt vua), long ngai (ngai vua), long thể (thân thể của vua), long sàn (giường vua) vân vân …Bỡi vậy chân rồng của vua thường có 5 móng. Nếu các đồ nội thất nào như tráp, bình gốm mà chân rồngcó 5 vuốt, đó là sở hữu của vua chúa. Ngược lai, thông thường rồng dân dã thì chân chỉ có 4 móng. Nó còn biểu tượng lang quân, hôn phu hay là người đàn ông. Còn phụ nử thường được thể hiên qua chim phượng hoàng. Bỡi vậy khi có hôn nhân, thường thấy trên các lụa thêu hay trên các bức hoành điêu khắc hình con rồng liên hợp với chim phượng hoàng. Đây củng là sự kết hợp mà các nhà thơ thường nhắc đến để nói lên niềm vui và hạnh phúc hôn nhân.
Hình tượng rồng Vietnam rất đa dạng, có sự biến đổi không ngừng liên quan đến các triều đại Vietnam. Duới triều nhà Lý, sau khi thoát khỏi sự đô hộ của Trung Hoa thì con rồng thân thể rất dài như rắn, mềm mại và uyển chuyển trên bốn chân chim, uốn lượn nhiều vòng không có vảy to, đầu không có tai và sừng. Các nhà nghiên cứu gọi rồng nầy là rông dây. Chính nhờ những nét độc đáo và cá biệt của rồng được phổ biến trong nghệ thuật điêu khắc thời đó mà người ta mới có thể xác định chính xác niên đại mà rồng được xuất hiện. Đến triều nhà Trần thì rồng rất mập mạp, khỏe mạnh và lực lưỡng. Đầu cũng lớn hơn, có sừng thêm tai. Có vẻ uy nghi hơn hơn lúc thời đại nhà Lý. Sang triều Lê thi nước Việt bị xâm nhập bỡi nho giáo nên rồng thời đó chịu ảnh hưởng rất mạnh mẽ của phong kiến Trung Hoa khiến con rồng có đầu to, sừng có chạc, móng quặp lại trông dễ sợ. Tất cả đều thể hiện sự uy quyền và nghiêm khắc của nhà vua. Sau cùng dưới thời nhà Nguyễn, rồng trở thành một đề tài phong phú khiến ở khắp nơi từ cung điện đến chùa chiền dù nó vẫn tượng trưng vương quyền nhưng nó vẫn được sáng tạo một cách phóng khoáng.
Rồng được tìm thấy ở khắp nơi luôn ở đồng bằng sông Cửu Long. Xuất phát tử vùng chân núi Hy Mã Lập Sơn (Tây Tạng), sông nầy chia ra làm chín nhánh hay chín con rồng con để rồi hoà mình sau cùng ở vịnh Nam Bộ. Bỡi vậy vùng nầy mới gọi là đồng bằng Cửu Long. Chính vua Lý Thái Tổ thấy rồng trong mộng mới dời đô về thị trấn Đại La mà các nhà địa lý cho rằng là nơi thuận lợi cho việc tránh lũ lụt khốc liệt của sông Hồng. Vì vậy mà thủ đô Hà Nội được gọi thời đó làThăng Long(Rồng bay lên).
Nếu con quái vật biển nầy thường bị các dân tộc khác sợ hải chán ghét thì nó ngược lại rất gần gũi với đời sống hằng ngày của người Việt. Nó có trọng trách để canh giữ ở Huế các lăng tẫm của các vua chúa với thân thể làm bằng các mãnh gốm đa sắc. Với màu vàng rực rỡ, nó thường được thấy đang uốn lượn trên các cột sơn mài màu son của các cung điện. Nó nằm trong hệ thống 12 con giáp. Nó không những được thấy trên các đồ thêu thùa bằng lụa dành cho du khách mà còn là hình chạm ở đầu mũi thuyền với màu sắc sặc sỡ ở vịnh Hạ Long.
Ở Vietnam, chúng ta lúc nào cũng cảm nhận được sự che chở bỡi con quái vật biển nầy vì chúng ta tin tưởng mãnh liệt là con cháu của cha Rồng Lạc Long Quân.
Version française
Il n’y a pas de contes ni de légendes vietnamiennes sans cet animal fabuleux et mythique qu’on appelle communément Con Rồng ou plus littérairement Con Long (ou le Dragon en français ). Il occupe la première place parmi les quatre animaux au pouvoir surnaturel (tứ qúi)(long, lân, qui, phụng (dragon, licorne, tortue et phénix). Il est employé fréquemment dans l’art de décoration et la sculpture. On le voit non seulement dans les pagodes mais aussi sur les arêtes des toitures, les poutres des charpentes, les meubles, les pièces de la vaisselle et les étoffes. Si cet animal ailé et puissant cracheur de feu est le symbole de méchanceté et de cruauté en Europe, il passe par contre pour un élément clé dans la mythologie vietnamienne. Il est proche de la vie journalière des Vietnamiens car il est considéré par ces derniers comme un élément de bonheur avec ses bienfaits dans la régulation harmonieuse de la pluie et du vent et dans un pays agricole comme le Vietnam.
Tout Vietnamien se croit fermement descendant du roi Dragon Lạc Long Quân venu des Eaux et de la fée Âu Cơ d’origine terrestre. De cette union, la fée déposa cent œufs qui donnèrent le jour à cent robustes garçons. Plus tard, lors de la séparation du couple, une cinquantaine de garçons suivirent le père Dragon vers les basses régions côtières et fondèrent la première nation vietnamienne ayant comme nom Văn Lang tandis que les cinquante autres suivirent leur mère terrestre vers les hautes plaines pour donner naissance plus tard à un microcosme ethnique le plus complexe du monde avec 54 minorités ethniques. Bien que cette version mythologique soit débridée et poétique, elle permet néanmoins aux Vietnamiens et aux minorités ethniques de cohabiter tant bien que mal dans ce pays en forme de dragon et de s’unir comme un seul homme pour venir à bout des agresseurs étrangers dans les moments difficiles de leur histoire.
Selon une légende vietnamienne, c’est grâce au retour d’un dragon bienfaiteur que les hordes barbares venant du Nord furent mises en déroute. Ses flammes de feu crachées se transformèrent au contact de la mer en une multitude d’îlots, écueils aux formes extravagantes. C’est pour cela que cette baie est connue en vietnamien sous le nom Hạ Long ou ( la Descente du Dragon ). Elle devient ainsi la huitième merveille du monde et le site naturel le plus visité par les touristes étrangers lorsque ceux-ci débarquent au Vietnam.
La baie de Hạ Long
Étant l’élément de pouvoir, le dragon est lié étroitement à l’empereur et à tout ce qui lui appartient. Par exemple long nhan (son visage), long ngai (son trône), long thể (son corps), long sàn (son lit) etc… Etant l’animal emblématique de l’empereur, le dragon de l’empereur doit posséder des pattes à 5 griffes. Si on voit sur un meuble, un coffret ou une porcelaine un dragon avec ses pattes à cinq griffes, c’est que l’objet en question est destiné au service de l’empereur. Par contre, d’une manière générale, le dragon n’a que quatre griffes pour ses pattes. Il est encore le symbole du mari, du fiancé et plus généralement de l’homme. Quant à la femme, elle est représentée par le phénix. C’est pourquoi lorsqu’on veut faire allusion à un mariage, on associe souvent sur une broderie ou un panneau sculpté un dragon à un phénix. C’est aussi cette association que les poètes évoquent dans leurs poèmes pour parler de la joie partagée et du bonheur conjugal.
L’image du dragon se présente sous diverses formes et ne cesse pas d’avoir des modifications tout le long des dynasties vietnamiennes. Après la libération du Vietnam de la domination chinoise, le dragon apparût sous la dynastie des Lý avec un corps long comme celui d’un serpent, souple dans sa démarche avec les quatre pattes d’un volatile et ondulant sinueusement avec des petites écailles. Sa tête n’avait ni oreilles ni cornes. Les chercheurs lui donnent le nom « rồng dây ». Grâce à ses caractéristiques particulières et uniques trouvées dans la sculpture, on arrive à déterminer avec exactitude l’époque de son apparition. Puis sous la dynastie des Trần, le dragon commença à prendre de l’embonpoint et devint robuste et musclé avec une tête plus grosse et garnie de cornes et d’oreilles. Ce dragon avait l’air majestueux par rapport à celui des Lý. Sous la dynastie des Lê, le Vietnam fut tellement influencé par le confucianisme et la féodalité chinoise que le dragon avait une grosse tête garnie de cornes fourchues et les griffes de ses pattes rabattues vers l’arrière, ce qui faisait peur à voir. Tout cela avait pour but de montrer la sévérité du pouvoir et l’autorité du roi. Enfin sous la dynastie des Nguyễn, le dragon devint un thème tellement foisonnant que malgré son emblème de royauté, les artistes n’hésitèrent pas à s’en servir délibérément à leur guise pour leurs créations d’art visibles partout (du palais jusqu’à la pagode).
Le dragon est vu partout même dans le delta du Mékong. Ce fleuve né dans les contreforts de l’Himalaya (Tibet) se divise en neuf bras ou en neuf dragons pour se jeter dans le golfe de la Cochinchine (ou Nam Bộ). C’est pour cela que cette région s’appelle Cửu Long (ou Neuf Dragons en français). Il a été vu également à l’embarcadère par l’empereur Lý Thái Tổ, ce qui permit à ce dernier de transférer sa capitale sur la localité Ðại La que les géomanciens ont jugée propice à l’abri des eaux du fleuve Rouge meurtrier. C’est pour cela que la capitale Hanoï fut connue à une époque sous le nom Thăng Long (ou la montée du Dragon).
Si ce monstre marin rebute facilement la plupart des peuples, il fait partie par contre de la vie journalière vietnamienne. Il est chargé de veiller, à la ville impériale Huế sur les tombeaux des empereurs Nguyễn avec tout son corps de bris de céramique multicolore. Doré, il s’enroule autour des piliers de laque carmin des palais impériaux. Il est l’un des douze signes astrologiques du calendrier lunaire. Il devient non seulement la broderie sur soie des vêtements pour les touristes mais aussi la figure de proue aux couleurs criardes sur les jonques de la baie de Hạ Long.
Dans le berceau de légendes qu’est notre Vietnam, nous nous sentons mieux protégés par ce monstre marin car nous sommes convaincus que nous sommes toujours descendants du roi Dragon Lạc Long Quân.
D’après les sources archéologiques dont nous disposons aujourd’hui, les Vietnamiens sont issus probablement du groupe Thai-Vietnamien. Certains historiens continuent de voir non seulement dans ces Vietnamiens les immigrants mongoloïdes venus de la Chine méridionale (les Baiyue) et s’installant dans le delta du Fleuve Rouge au cours des siècles précédant notre ère mais aussi les fourriers de la civilisation chinoise balayant sur leur passage par la poussée démographique toutes les civilisations brillantes et connues jusque-là sur la péninsule indochinoise (celles de Ðồng Sơn et du Champa plus tard). D’autres pensent que les Vietnamiens sont le résultat de fusion entre plusieurs peuples en contact dans le bassin du Fleuve Rouge parmi lesquels il faut citer les Hmongs, les Chinois, les Thaïs et les Dongsoniens.
En se basant sur leur légende de la pastèque ayant lieu à l’époque des rois Hùng et témoignant de la venue des étrangers d’une race différente qui auraient apporté des graines au Vietnam par la voie maritime ( IIIème siècle avant J. C. ) et sur les fouilles archéologiques confirmant l’existence du royaume de Nan Yue, les Vietnamiens sont convaincus qu’ils étaient issus des Yue mais avec un fonds indonésien probablement par l’intermédiaire des Dongsoniens car le Ðình exhaussé sur pilotis et où réside l’expression la plus vivante de l’âme du peuple vietnamien, ressemble incontestablement à la maison préfigurée sur les tambours de bronze de Đồng Sơn.Cette conviction semble concluante car on trouve aussi d’autres ressemblances étonnantes chez les Vietnamiens comme chez les peuplades indonésiennes: la chique du bétel, le tatouage et le laquage des dents.
À part quelques Français comme Henri Oger ayant pu découvrir dans la société vietnamienne une civilisation millénaire riche en traditions et en coutumes, on continue à se prêter à une confusion hallucinante en considérant que la civilisation vietnamienne est un décalque de la civilisation chinoise. On continue à reprocher aux Vietnamiens de ne pas avoir une civilisation aussi digne, intense et riche que celle qu’on a trouvée auprès des autres peuples d’Indochine (les civilisations khmère et chame) à travers leurs temples d’Angkor et de Mỹ Sơn. C’est une méconnaissance regrettable car pour connaître les richesses de la civilisation vietnamienne, il s’avère indispensable de s’intéresser plutôt à son histoire, à sa littérature qu’à son art.
Comment peut-on avoir un art aussi prodigieux et original lorsqu’on est toujours en lutte perpétuelle avec une nature si rude et impitoyable et lorsque le Tonkin n’est pas d’une richesse exceptionnelle sans parler de la sinisation systématique imposée par les Chinois durant leur mille ans de domination. Malgré cela, les Vietnamiens arrivèrent à montrer à maintes fois leurs techniques, leur savoir-faire et leur imagination qui permirent de conférer à certaines productions vietnamiennes (céramiques en particulier) un rang presque honorable parmi les arts provinciaux du monde chinois. Afin de préserver les traditions et de perpétuer leur culture, les Vietnamiens devaient leur salut dans leur lutte sempiternelle. Grâce à leurs croyances religieuses et à leur environnement quasi hostile au départ, ils avaient en eux un pouvoir considérable de résistance à la souffrance morale et physique qui devenait au fil des années l’une de leurs principales forces pour venir à bout de toutes les agressions extérieures.
Grâce aussi à leur labeur, leur ténacité et leurs sacrifices en vies humaines, ils arrivèrent à refréner les caprices et la colère du Fleuve Rouge, à déboulonner les Chinois hors du Tonkin à maintes reprises et à franchir seulement au XVIIème la barrière qu’est constituée la Cordillère Annamitique impénétrable jusqu’alors dans leur marche vers le Sud. Les Chams étaient les premières victimes de cette confrontation séculaire, suivies par les Khmers. On peut reprocher aux Vietnamiens d’être impitoyables envers les autres peuples mais il ne faut pas oublier que les Vietnamiens ont lutté inexorablement depuis la création de leur nation, pour leur survie et la préservation de leurs traditions.
Les Vietnamiens ont été très désavantagés depuis longtemps par la proximité géographique de la Chine. C’est pour interdire le passage des Mongols de Kubilai Khan dans la conquête du Champa que les Vietnamiens subirent deux fois leurs invasions en 1257 et 1287. C’est pour trouver un passage vers l’empire du Milieu que les Français pensèrent réussir dans un premier temps par le Mékong puis par le fleuve Rouge qui permettait de relier le Yunnan qu’une mission de Doudart de Lagrée suivie par celle de Francis Garnier fut envoyée en Indochine, ce qui permit aux Français de s’intéresser plus particulièrement au Tonkin et d’y intervenir militairement quelques années plus tard.
C’est pour contrer aussi la Chine après la guerre de Corée que les Vietnamiens furent impliqués de force pendant des décennies dans la guerre de confrontation Est-Ouest. C’est aussi pour contrarier la politique de la Chine au Cambodge que les Vietnamiens reçurent une correction en Février 1980 par l’invasion éclair des troupes chinoises à la frontière de Lạng Sơn durant un mois.
Sans leur longue tradition d’indépendance, leur farouche préservation de leur identité et leur forte personnalité, les Vietnamiens auraient disparu depuis longtemps sur la péninsule indochinoise lorsqu’ils sont si proches géographiquement et culturellement de l’empire du Milieu dont la civilisation est non seulement inégalée mais éblouissante aussi depuis quatre mille ans. Le Viêt-Nam serait probablement aujourd’hui une simple province chinoise et un banal avatar de la civilisation chinoise.
Pour ceux qui connaissent bien l’histoire du Vietnam, être Vietnamien, ce n’est pas être si paisible et si cool même si le Vietnamien a l’envie de vouloir l’être. Pétri du limon brun du delta tonkinois dont il est issu, engageant une lutte perpétuelle avec le hargne du Fleuve Rouge, entamant une longue marche vers le Sud par une succession de guerres intermittentes et subissant une longue assimilation et domination des Chinois sans parler d’un siècle de colonisation française et d’une vingtaine d’années le contraignant à devenir contre son gré la cible de la confrontation Est-Ouest et la victime de la guerre froide, le Vietnamien ne se laisse jamais décourager par ces difficultés titanesques.
Par contre, il devient plus aguerri, plus persévérant, plus endurci, plus persuadé dans ses convictions politiques et plus apte à résister vaillamment à ces affronts. Son attachement profond et intime à sa terre natale et à ses traditions le fait devenir intraitable dans la lutte, ce qui fait de lui un conquérant impitoyable et redoutable pour les uns, un défenseur légitime de la liberté et de l’indépendance nationale pour les autres.
Quoi qu’il arrive, il se sent fier de prendre la relève de ses parents pour défendre vaillamment la terre de ses ancêtres et la survie de son peuple et d’être dignement le Fils du Dragon et neveu de l’Immortelle. Mourir pour son pays n’est étranger ni à son tempérament ni à ses traditions. Mais c’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie que tant de Vietnamiens comme Trần Bình Trong, Nguyễn Thái Học, Phó Ðức Chính, Nguyễn Trung Trực, Trần Cao Vân etc. ont accepté d’avoir avec bravoure sur cette terre des légendes.
Être Vietnamien,
c’est être capable de résister avant tout à toute assimilation ou idéologie étrangère et être fier d’avoir dans les veines le sang du Dragon.