Les Bahnar (Dân tộc Bà Na): dernière partie

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Dernière partie

Une fois le mariage célébré, les jeunes époux habitent par roulement dans leurs familles parentales au bout d’un certain temps suivant l’accord établi entre les deux familles. C’est seulement après la naissance de leur premier enfant qu’ils commencent à construire leur propre maison. Les Bahnar adoptent la monogamie. Le viol, l’inceste et l’adultère sont strictement condamnés. Au cas où l’adultère est commise par le conjoint survivant quel que soit son sexe au moment de la période d’entretien de la tombe, on dit qu’il saute par dessus le cercueil ko dang boăng. Le survivant n’est pas aussitôt délié de ses obligations envers le mort. Il est obligé de payer non pas aux ayants droit du défunt mais au défunt lui-même des indemnités qui sont réglées en un nombre de bêtes que l’on immole bơthi sur sa tombe. C’est pourquoi le conjoint survivant a l’intérêt d’écourter la période d’entretien s’il a envie de refaire sa vie. Même dans la mort, le préjudice causé au défunt par la faute de son conjoint a droit à une réparation matérielle par le nombre de bêtes qu’on immole sur sa tombe.

Dans la tradition des Bahnar, chacun est « libre » sous réserve de ne pas nuire à la personne ou aux biens d’autrui. Dans le cas où la personne a été lésée dans son honneur ou matériellement dans ses biens, elle a droit à une réparation sous forme d’indemnité ou à un remboursement des frais engagés. Les Bahnar n’infligent pas la peine de mort. L’envoi de quelqu’un au bagne correspond à un bannissement. Les Bahnar savent pratiquer l’entraide en cas de disette. Dans leur maison, on ne boit jamais d’alcool de riz, on ne mange jamais de viande sans inviter les autres familles. Le premier riz mûr n’appartient pas seulement au propriétaire du champ mais au village tout entier. 

Figurines de bois
devant les maisons funéraires

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La liberté de choisir le conjoint ou la conjointe, la répartition des tâches dans un couple, le droit à une réparation matérielle ou morale, le respect d’autrui illustrent bien l’égalité entre hommes et femmes dans la tradition ancestrale des Bahnar. Il n’y a pas de différence essentielle entre la situation juridique de l’homme et celle de la femme. Chez les Bahnar, le mode de fonctionnement démocratique existe depuis longtemps avant que la démocratie soit découverte et pratiquée en Occident. Selon l’ethnologue français feu Georges Condominas, les « sauvages » n’attendent pas Minkowski ou Einstein pour avoir la notion d’espace-temps. En employant une expression liée à l’espace, ils indiquent une date. Ils donnent approximativement l’âge de quelqu’un par rapport à un événement saillant. Ils ne détruisent pas totalement la forêt car ils savent la laisser se regénérer des années après qu’ils l’avaient mangé dix ou vingt ans auparavant comme les Mnong de Georges Condominas. Ils ne tuent pas le gibier pour le plaisir de tuer mais ils le tuent pour manger seulement et pour savoir le partager avec leurs compatriotes.

Ils ne gardent que pour eux une part infime de leur chasse. L’épandage et l’utilisation des défoliants par les Américains durant la guerre du Vietnam, le massacre des animaux pour la pharmacopée traditionnelle, la destruction de la végétation et la déforestation liées à la démographie galopante, la stérilisation de la terre par l’utilisation excessive des engrais chimiques sont l’apanage des gens dits « civilisés ». La solidarité et l’entraide ne sont pas des mots creux.

Les Bahnar sont avant tout des « rơngơi » (ou libres). Ils sont habitués à dire: « Je suis rongơi ou kodră (maître)  » pour dire qu’ils sont libres du choix de leurs activités ou maîtres de leur destin. Sont -ils des « sauvages » comme on y pense depuis longtemps? C’est à chacun de nous d’approfondir cette question et de se servir de leur genre de vie et de leur culture comme source d’inspiration et de réflexion afin de nous permettre de vivre mieux et d’être ensemble dans le respect d’autrui et de la nature.

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Les Bahnar (Dân tộc Bà Na): deuxème partie

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Version vietnamienne

Version anglaise

Deuxième partie 

La dernière étape correspond au dernier jour. C’est non seulement le jour de la libération du veuf ou de la veuve mais aussi celui où on vide et on nettoie la marmite (xlah go). Un repas commun a lieu en l’honneur des invités chez l’hôte ou dans la maison communale. Puis il est suivi ensuite par un rite consistant à asperger d’eau le veuf ou la veuve ainsi que les parents du défunt par chacun des invités. Cette manifestation officialise la coupure définitive du lien des vivants avec le défunt. Dès lors, le veuf (ou la veuve) est permis de se remarier. La maison funéraire est désormais une carcasse matérielle sans âme. Elle va se décomposer naturellement au fil des années. Mais elle est d’un grand intérêt au niveau artistique et culturel car la palissade en pieux qui la clôture présente un caractère original avec les sculptures d’animaux et d’oiseaux. À l’abri du petit toit de chaume, on peut voir les armes, les vêtements, les aliments offerts à l’esprit du mort. Certaines maisons funéraires sont entourées de sculptures ayant trait à la fertilité ou à la renaissance: hommes et femmes en copulation, hommes et femmes montrant leurs organes génitaux démesurés, figures en position fœtale etc.. Ces figurines grossières ne sont pas des êtres humains mais elles sont des singes du fait qu’elles sont laides comme un singe dans le monde des esprits où tout est à l’inverse du monde des vivants. L’arête faîtière de la maison funéraire ne peut pas passer inaperçue car elle est faite avec un tronc d’arbre entier sculpté et décoré.

Pour les Bahnar, l’âme du défunt continue à vivre en tant qu’esprit dans le monde des esprits.  L’organisation de ce dernier  est semblable à celle du monde des vivants et sa souveraine est à la fois immortelle et un génie-femme nommée Brôu. Le monde des esprits (ou mang lung) est invisible pour les vivants car il se trouve soit à l’intérieur d’une grotte soit dans une forêt noire ou dans une mer très lointaine. Les esprits y vivent groupés dans les villages. Ils assument toutes les activités humaines. Ils connaissent comme les vivants le bonheur et la souffrance et ils vont mourir aussi comme ces derniers. Par contre ils travaillent leurs terres la nuit et ils dorment le jour. De même ils utilisent un langage tout à fait opposé à celui des vivants: « laid » signifie « beau », « émoussé » signifie « aiguisé » etc… Mang Lung ressemble à notre monde mais il est tout à fait inversé. Lorsqu’il fait nuit, c’est le jour à Mang lung. Les maisons y ont des pilotis pointés vers le haut et le toit vers le bas. La durée de vie d’un esprit est aussi limitée car elle se termine aussi par la mort. L’esprit se transforme alors au bout de quarante ou cinquante ans en une goutte de rosée (dak ngop) qui se dissout dans la terre. C’est ainsi que se termine un cycle de vie fermé: terre-homme-esprit-terre. Il n’y a que la souveraine-génie (Bia Brôu) qui a le soin de superviser la naissance de nouvelles créatures en façonnant des enfants avec de la terre et en les introduisant dans les matrices des femmes enceintes.

Pour les Bahnar, un cycle de vie est composé de deux existences:

celle du monde des vivants et celle du monde des esprits.

En ce qui concerne la coiffure des Bahnar, on commence à voir souvent des hommes qui, en contact avec les Kinh et les étrangers, se coupent de plus en plus les cheveux. Normalement, l’homme bahnar enroule un turban d’étoffe et le passe dans le chignon. Par contre, une femme ne porte pas le turban et le remplace par un cordon ou un bandeau de perles de verroteries. C’est un acte de déclaration d’amour lorsqu’une fille dénoue en public le turban d’un jeune homme ou lorsqu’un homme offre à la femme ou à la fille du tabac ou une chique sortie de sa pipe. 

La vie des Bahnar est régie par un cycle annuel traditionnel avec dix mois pour la production agricole et deux mois consacrés aux festivals et aux activités variées du village: mariage, réparation ou construction de la maison, confection des vêtements etc… Dans leur société traditionnelle, la notion d’argent n’a aucune signification importante. Leurs produits de valeur tels que les gongs, les jarres, les buffles, les éléphants, les chevaux étaient utilisés comme les objets de troc dans le passé. Leur richesse se mesure au nombre de gongs, de jarres, d’esclaves trouvés dans chaque famille. Les Bahnar font du riz la base de leur nourriture. Il est cuit à l’étouffée ou à la vapeur. On remplit du riz et d’eau dans un gros bambou qu’on suspend au dessus du feu. En carbonisant le récipient, cela permet de cuire le riz. Ils se servent du riz gluant pour fabriquer une boisson fermentée (ou alcool de riz)( rượu cần en vietnamien). Ils absorbent ce liquide au moyen de longues pipettes en bambou. Ils ajoutent de l’eau lorsque le niveau du liquide baisse. Il est évident que la boisson est de moins en moins concentrée avec cet ajout.  

Les Bahnar de deux sexes se percent souvent les lobes pour porter des boucles d’oreilles mais ils ne se les distendent pas pour porter de gros anneaux comme les autres ethnies de la région. Vers quatorze ou quinze ans, ils se font araser les dents. Cette coutume de l’arasement des dents est en décroissance au fil des années. Par contre, le tatouage n’est pas pratiqué. Pour les garçons, à l’âge où ils commencent à aider leur père dans les champs, ils sont obligés d’aller coucher à la maison communale car c’est ici qu’ils reçoivent la formation, le maniement des armes et l’enseignement assumés par les anciens du village pour l’apprentissage de la vie. Ils ne peuvent rentrer qu’à la maison paternelle pour manger ou pour être soigné en cas de maladie.dantoc_bana

Chez les Bahnar, on constate que le couple des mariés n’adhère ni à la patrilocalité ni à la matrilocalité. C’est une question de convenance liée à la décision du couple. Par contre il y a une répartition de travail dans le couple: le mari s’occupe des affaires du village tandis que la femme prend en charge tous les travaux de la maison. Chez les Bahnar, on est libre de choisir son époux ou son épouse. Le mariage peut être célébré quand chacun des futurs répond aux conditions suivantes:

1°) Ils sont d’âge à cultiver un champ ( 15 à 16 ans). C’est une condition préalable pour nourrir leur famille car personne n’est prête d’apporter l’assistance même leurs parents.
2°) Il est obligatoire de contracter le premier mariage pour une jeune fille même si elle dépasse le cap de trente ans. Par contre elle peut être épousée soit comme femme de premier rang soit femme de second rang. Mais pour un veuf, un célibataire ou un divorcé, il n’est pas possible de contracter de mariage de second rang.
3°) Il n’existe pas de liens de parenté entre les futurs. C’est le cas où le consentement des parents est refusé lorsque le lien est prouvé. D’une manière générale, la participation des parents a pour but de s’assurer que les principes de tradition sont respectés. 

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Les Bahnar (Dân tộc Bà Na): 2ème partie (version vietnamienne)

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Version française

Version anglaise

Giai đoạn cuối tương ứng với ngày cuối cùng. Đây không chỉ là ngày giải thoát cho người góa chồng hay góa vợ mà còn là ngày rửa nồi và dọn dẹp (xlah go). Một bữa ăn cơm chung được tổ chức để vinh danh các vị khách tại nhà của chủ nhân hoặc ở nhà rông. Sau đó, có được một nghi thức rảy nước lên người góa phụ hay góa vợ và cha mẹ của những người đã khuất bởi mỗi quan khách được mời. Sự kiện này chính thức hóa việc cắt đứt mối liên hệ cuối cùng giữa người sống và người đã khuất. Vì vậy, người vợ góa chồng (hoặc góa vợ) được phép tái hôn. Nhà tang lễ bây giờ là một cái nhà xác không còn linh hồn. Nó sẽ phân hủy tự nhiên theo năm tháng.

Nhưng nó vẫn  còn được sự lưu ý đến ở phương diện nghệ thuật và văn hóa vì hàng rào bao xung quanh có một đặc điểm độc đáo với các tác phẩm điêu khắc động vật và chim. Dưới mái nhà tranh nhỏ, người ta có thể nhìn thấy vũ khí, quần áo, thức ăn được cúng cho vong linh người đã khuất. Một số nhà tang lễ được rào quanh bởi các tác phẩm điêu khắc liên quan đến khả năng sinh sản hoặc tái sinh: đàn ông và phụ nữ giao cấu, đàn ông và phụ nữ thể hiện bộ phận sinh dục không cân xứng của họ, hình người trong tư thế bào thai vân vân… Những bức tượng thô thiển này không phải là các con người mà là một loài khỉ rất xấu xí trong thế giới thần linh nơi mà mọi thứ đều đảo ngược lại  với  thế giới của người sống. Cây cột của nhà tang lễ khó mà không thấy được vì nó được chạm khắc và trang trí toàn bộ thân cây.

Đối với người Bahnar, linh hồn của người đã khuất tiếp tục sống như một người có linh hồn trong thế giới thần linh. Nơi nầy có tổ chức tương tự như thế giới của người sống. Người cai trị ở đây bất tử và là một phụ nữ có tên là Brôu. Thế giới  thần linh (hay mang lung)  không thể nhìn thấy được đối với người sống vì nó được  ở bên trong hang động, trong rừng sâu hoặc ở một vùng biển rất xa xôi. Các linh hồn sống ở nơi nầy  thường sống thành nhóm ở các ngôi làng. Họ đảm nhận mọi hoạt động của con người. Họ biết hạnh phúc và đau khổ như con người sống và họ cũng sẽ chết như họ. Mặt khác, họ làm việc về đêm và ngủ ban ngày. Tương tự như vậy, họ sử dụng một ngôn ngữ đối lập với ngôn ngữ của người sống: « xấu xí » có nghĩa là « đẹp », « cùn » có nghĩa là « bén » vân vân… Mang Lung trông giống như thế giới của chúng ta, nhưng nó hoàn toàn ngược lại. Khi trời tối là ban ngày ở Mang lung. Những ngôi nhà ở đó có nhà sàn hướng lên trên và mái nhà hướng xuống dưới. Tuổi thọ của một linh hồn ở đây cũng bị giới hạn bởi vì nó cũng kết thúc bằng cái chết. Sau đó, linh hồn biến thành sau bốn mươi hoặc năm mươi năm, một giọt sương (dak ngop) tan vào đất. Đây là một vòng đời khép kín được kết thúc: đất- con người- linh hồn – đất. Chỉ có thần linh tối cao (Bia Brôu), người có công trông coi việc sinh nở của những sinh vật mới bằng cách tạo hình những đứa trẻ với đất và đưa chúng vào tử cung của những phụ nữ mang thai.

Đối với người Bahnar, một vòng đời gồm có hai lần tồn tại: một lần sống với thế giới  người sống và một lần với thế giới thần linh.

Nói đến kiểu tóc của người Bahnar, chúng ta thấy nam giới thường tiếp xúc với người Kinh và người nước ngoài nên  việc cắt tóc ngày càng nhiều. Thông thường, người đàn ông Bahnar quấn trên đầu một chiếc khăn xếp bằng vải và kéo qua búi tóc. Ngược lại, người phụ nữ không đội khăn xếp mà thay bằng dây hoặc băng đô hạt thủy tinh. Đó là hành động tuyên bố tình yêu khi một cô gái cởi bỏ khăn xếp của một chàng trai trẻ ở nơi công cộng hoặc khi một người đàn ông đưa cho phụ nữ hoặc cô con gái thuốc lá hoặc điếu thuốc lào của chàng  ta. Cuộc sống của người Bahnar được điều chỉnh theo chu kỳ truyền thống hàng năm với mười tháng để sản xuất nông nghiệp và hai tháng dành cho lễ hội và các hoạt động khác nhau trong làng: cưới xin, sửa nhà, may quần áo … Trong xã hội truyền thống của họ, khái niệm tiền không có ý nghĩa quan trọng. Những sản phẩm có giá trị của họ như chiêng, ché, trâu, voi, ngựa được dùng làm hàng trao đổi trong quá khứ. Sự giàu có của họ được đo bằng số lượng chiêng, ché, nô lệ được tìm thấy trong mỗi gia đình. 

Người Bahnar dùng gạo làm thức ăn cơ bản. Gạo được nấu hầm hoặc hấp. Cho gạo và nước vào một cây tre lớn rồi treo trên bếp lửa. Bằng cách đốt cháy cây tre chứa thì sẽ nấu chín cơm. Họ dùng gạo nếp để làm thức nước uống lên men (hoặc rượu gạo) (tiếng Việt gọi là rượu cần). Họ hút chất lỏng này qua các cây tre thon dài. Họ thêm nước vào khi mức chất lỏng giảm xuống. Như vậy thức uống nầy ngày càng ít có đặc hơn với sự bổ sung. Người Bahnar ở cả hai giới thường xỏ khuyên tai để đeo chứ không kéo dài ra để đeo vòng bản lớn như các dân tộc khác ở trong vùng. Khoảng mười bốn hoặc mười lăm tuổi, chúng được làm phẳng răng. Tục phẳng răng này đã giảm dần trong những năm qua. Tuy nhiên, xăm mình không được sử dụng. Đối với các đứa con trai, đến tuổi bắt đầu giúp cha làm ruộng thì phải ngủ lại ở nhà rông vì ở đây các em được giáo dục, huấn luyện và sử dụng vũ khí do các già làng đảm nhiệm trong việc học làm người. Chúng chỉ có thể về nhà ăn cơm hoặc được điều trị trong trường hợp ốm đau.  Với người Bahnar, chúng ta nhận  thấy rằng vợ chồng không tuân theo chế độ phụ hệ cũng như mẫu hệ. Đó là một vấn đề thuận tiện liên quan đến quyết định của hai vợ chồng. Mặt khác, giữa hai vợ chồng có sự phân công lao động: chồng lo việc làng, vợ lo việc nhà. Với người Bahnar, bạn có thể tự do chọn vợ hoặc chồng. Hôn nhân có thể được cử hành khi mỗi người (vợ cũng chồng) đáp ứng các điều kiện sau đây: 

1 °) Họ phải đủ tuổi làm ruộng (15 đến 16 tuổi). Đây là điều kiện tiên quyết để nuôi sống gia đình họ vì không ai sẵn sàng hỗ trợ kể cả cha mẹ họ.

2 °) Bắt buộc phải ký hợp đồng hôn nhân đầu tiên đối với một cô gái trẻ ngay cả khi cô ấy đã vượt quá ngưỡng ba mươi tuổi. Mặt khác, cô ấy có thể kết hôn với tư cách là một người vợ chính hoặc một người vợ thứ. Nhưng đối với một người góa bụa, một người độc thân hoặc một người đã ly hôn thì không thể ký kết hôn nhân loại hạng hai.

3 °) Không có liên hệ bà con giữa những người trở thành vợ chồng. Đây là trường hợp mà sự đồng ý của cha mẹ sẽ bị từ chối khi có sư liên hệ. Nói chung, mục đích của sự tham gia của cha mẹ nhầm để đảm bảo và  tôn trọng các  nguyên tắc truyền thống.

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Les Bahnar (Dân tộc Bà Na): 1ère partie

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Version vietnamienne

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Première partie

Les Bahnar font partie du groupe Môn-Khmer de la famille ethnolinguistique austro-asiatique. Ils vivent regroupés dans la partie septentrionale des hauts plateaux du Centre Vietnam (Kontum, Gia Lai, Bình Định etc.) à l’écart des gens de la plaine qui à une certaine époque, les ont traités encore comme de sauvages ( ou Mọi en vietnamien). Cela est dû à la méconnaissance de leur culture qui conduit à entretenir cette attitude déplorable et cette vision grotesque. Même les explorateurs français ne cessèrent pas de les désigner comme des Mọi dans leurs récits d’exploration à l’époque coloniale. 

Il n’y a que les ethnologues comme feu Georges Condominas ayant réussi à les reconnaître comme des gens respectueux de la nature et de l’environnement, des gens épris d’un sentiment profond en accord avec le milieu où ils habitent et où tous les êtres (plantes et animaux), monts et eaux, ont une âme comme eux. Les Bahnar vivent dans les régions montagneuses à de diverses altitudes. Ils font pousser du riz sur les champs secs ou sur les rays. (brûlis). Ceux-ci nécessitent souvent le déplacement des plantations et celui des villages car les cendres de l’essartage ne permettent pas de fertiliser la terre au delà de deux ou trois ans à cause de la pluie qui les entraîne lors de son passage. Les récoltes sont abondantes pour la première année de l’incendie.

La deuxième année commence à être moins bonne. Dans de mauvaises conditions, il est impossible de garder le champ au delà de deux ans. C’est pourquoi les Bahnar ont tendance à utiliser les champs secs qui sont aménagés souvent au bord des cours d’eau. La houe est l’outil principal utilisé dans leur agriculture mais depuis le début du XXème siècle, le recours à la charrue dans les rizières inondées est fréquent de plus en plus. 

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Leurs croyances religieuses et leurs mythes sont similaires à ceux des autres groupes ethniques rencontrés au Vietnam. Animistes, les Bahnar vénèrent les plantes comme les banians et les ficus. Le kapokier est considéré comme le gardien et sert de pôle de sacrifice dans la célébration des rites et des cérémonies. Chaque rivière, chaque source d’eau, chaque montagne ou chaque forêt, chacune d’elles a son propre génie (ou iang). Les Bahnar séparent les génies en deux catégories: les génies de rang supérieur et les génies de rang inférieur. Les premiers sont les dieux qui ont crée le monde et veillent sur les activités humaines. Parmi ces dieux, on peut citer Bok Kơi Dơi (Principe mâle de la nature), Iă Kon Keh (Principe femelle de la Nature ), Bok Glaih (Dieu du tonnerre et de la foudre), Iang Xơri (Génie du riz) , Iang Dak (Génie des eaux) etc… Quant à la deuxième catégorie, la plupart des génies sont des génies d’animaux, d’arbres ou d’objets parmi lesquels figurent Bok Kla (Monsieur Tigre), Roih (Éléphant), Kit drok (Crapaud), Iang Long ( Génie d’arbres) , Iang Xatok (Génie de jarre) etc…

Face à ces croyances religieuses et à ces superstitions, les missionnaires catholiques ont eu du mal au début de leur mission pour convertir les Bahnar au christianisme. Ils étaient obligés de falsifier même leurs mythes pour corroborer la bible. Les Bahnar chrétiens étaient tellement attachés à leurs croyances animistes qu’ils arrivaient à assimiler tant bien que mal le christianisme au fil des années.

Pour les Bahnar, la mort n’est pas la fin d’une vie mais c’est le commencement d’une autre dans l’au delà. L’âme que les Bahnar désignent sous le nom de pơngơl, se mue en fantôme (ou atâu en bahnar) et rejoint les ancêtres dans le monde des esprits (dêh atâu). Les Bahnar croient que l’être humain est constitué d’un corps (akao) et de l’âme pơngơl. La vie n’est possible que grâce à l’âme et non au corps. Mais l’âme est invisible pour les humains. Il n’y a que le devin qui peut la voir sous la forme d’une araignée, d’un grillon ou d’une sauterelle. Les humains ont chacun trois âmes: une âme principale importante (pơngơl xok ueh) qui doit être attachée au sommet de la tête et deux âmes complémentaires (pơngơl kơpal kol et pơngơl hadang), l’une située sur le front et l’autre dans le corps. Au cas où l’âme principale qui constitue le souffle essentiel pour l’homme quitte le corps pour une raison inconnue et ne revient pas, l’homme sera malade et sera décédé. Les âmes complémentaires sont là pour remplacer temporairement l’âme principale. C’est cette dernière qui se métamorphose en fantôme  dans l’autre monde. Cet esprit (ou fantôme)  a besoin de nourriture, de vêtements et même d’une maison pour se protéger contre la pluie et le soleil. C’est la conception animiste d’après laquelle le défunt continue d’avoir les mêmes besoins dans l’autre monde. C’est aussi pour cela que lors de l’enterrement du décédé, sa famille construit une hutte sur sa tombe: c’est la maison du fantôme (h’nam atâu). Pour les Bahnar, le fantôme continue à vivre dans cette hutte et à rôder dans les environs de la cimetière. Il reçoit régulièrement tous les mois une offrande de porc et de poulet de la part de sa famille. Cette période d’entretien de la tombe peut durer plusieurs mois voire des années. Elle est liée à la situation financière de la famille du décédé. Elle se termine par une cérémonie rituelle (ou cérémonie d’abandon de la tombe ) dont le but est de permettre au fantôme de rejoindre définitivement le monde des esprits (dêh atâu) et de rompre le lien du trépassé avec les vivants. Cet esprit devient ainsi un « esprit grand-père ou grand-mère » (atâu bok ja). Contrairement à des Vietnamiens, des Nùng, des Mường etc…, les Bahnar ne font pas le culte des ancêtres.

Cette cérémonie rituelle a lieu une fois par an et débute d’une manière générale à la fin de la saison des pluies. On choisit la période où il y a la pleine lune. Cette cérémonie est en quelque sorte un enterrement secondaire. Elle est préparée avec soin et joie. Elle est choisie à un jour propice par tous les chefs des familles endeuillées en concertation avec les anciens du village et elle dure habituellement trois jours et trois nuits. On trouve dans cette cérémonie trois étapes essentielles: rites de construction, d’abandon et de libération. Chaque étape correspond à un jour entier.

Dans la première étape, on se débarrasse de la hutte recouvrant la tombe et on édifie à sa place, une maison funéraire avec les matériaux de construction (bambous, bois, herbe imperata) ramassés depuis plusieurs semaines. Le premier jour de construction est appelé « dong boxàt » par les Bahnar. Le travail de construction est accompagné toujours par la danse et la musique dans une liesse indescriptible.

Dans la seconde étape, la cérémonie rituelle débute toujours le soir. C’est l’étape de l’abandon de la tombe. Pour les Bahnar, c’est nar tuk (ou jour de l’abandon). On commence à faire une offrande d’alcool et de viande au défunt dans la maison funéraire. Puis c’est au chef de famille d’entamer une prière et d’officier tandis que ses proches peuvent entrer dans la maison funéraire et se lamenter pour la dernière fois sur le départ précipité du défunt. Une fois le rite terminé, la famille du défunt doit faire sept fois le tour de la maison funéraire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Elle est accompagnée dans cette ronde par des hommes portant sur leurs épaules une maison miniature (ou maison du fantôme) et des figurines en bois articulées de diverses tailles et actionnées par un jeu de ficelles tentant de simuler toutes les activités humaines: pilage du riz, tissage etc.. Même un couple de figurines en copulation n’est pas absent non plus. Les Bahnar prétendent que l’animation de ces figurines devant la maison du fantôme a pour but d’apporter seulement le divertissement mais certains ethnologues pensent qu’il y a certainement une autre signification en comparaison avec les coutumes des autres ethnies de la région (celles des Batak du Nord de Sumatra). La procession est accompagnée par la danse des femmes au rythme des gongs frappés par des hommes revêtus avec de beaux vêtements et portant chacun une plume dans les cheveux. Etant le point culminant de la cérémonie, cette procession est destinée à accompagner le fantôme dans le monde des esprits.

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The Gongs of Central Highlands (Cồng Chiền Tây Nguyên) Second part

 

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Second part.

This general attempted to break down all the stirrings of Vietnamese resistance by melting all bronze drums, symbol of their power in combat. Probably, in this destruction, there was also the Dongsonian gongs because they were in bronze. According to the director of the South Asia prehistory center (Hànội), Nguyễn Việt, the Dongsonian situla cover whose center is slightly swollen and adorned with a star, strangely resembles the gong embossed of the high plateaus. It also owns the handles with which one can use the ropes for wall hanging as a gong. Perhaps it is the predecessor of the highland gongs.

We do not exclude the hypothesis with which the Dongsonian attempted to hide and sell them at any price in the mountainous regions through the cultural and economic exchange with the highland people.

From the linguistic research in particular that of French researcher Michel Ferguson, a specialist of Austroasiatic languages, this suggests that the Viet-Mường were present at the east of the Anamitic cordillera and on banks of Eastern China Sea (Biển Đông) before the beginning of our era. For this researcher, the group Viet-Mường lived together not only with the Tày but also with the highland people (the Khamou, the Bahnar etc … ). because there is the importance of the Tày vocabulary in the Vietnamese language and the similarities of the Giao Chỉ feudal structure with those of current Thai (descendants of proto-Tày).

In addition, there is a borrowing stratum from one or several languages viet-mường in the Khamou vocabulary. According to the suggestion of this researcher, the Tang Ming kingdom could be the former habitat of Việt-Mường group. This confirms the hypothesis the Dongsoniqan could be the provider of gongs to the highland people through the barter because the latter do not manufacture itself these gongs, despite their sanctity.

Probably, this is due to the fact that, being slash-and-burn agriculturalists, they had not a metallurgical industry enabling them to mold these gongs. Up to today, they obtain them from the Kinh (or Vietnamese), Cambodians, Laotians, Thais etc .. before giving them to their musician with his keen hearing. This one manages to give to these gongs a remarkable set of harmonics in accordance with the themes devoted to villagers and tribes by hammering them with the hardwood mallets.

The adjustment of the gong sound is more important than the purchase because it must make the gong in harmony with the gongs of the orchestra and it is necessary to give it a soul, a particular tone. According to the Vietnamese musicologist Bùi Trọng Hiền, the process of collecting and tuning the gongs of different origins and making harmonious and consistent to their aesthetics in a set is a grandiose art. The gong must be sacred before its use by a ritual ceremony, which allow its body to possess now a soul.

Some ethnic groups bless the gongs with the blood in the same manner as jars, drums etc. . This is the case of the Mnong Gar identified for example by the French ethnologist Georges Condominas. The sanctity of gongs cannot leave indifferent the Vietnamese. To give to these gongs a significant scope, the Vietnamese have the habit of saying:

Lệnh ông không bằng cồng bà (The drum of Mister does not resonate less loud to the human ear than the gong of Madam). This also explains that the authority of Mr. is less important than that of Madam. 

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Les Mnong (Dân tộc Mnong): 2ème partie

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Version vietnamienne

Version anglaise

Deuxième partie

Quand on décide d’aller à l’étranger ( càd dans les autres villages voisins), on a besoin d’être accompagné par un entremetteur recruté de préférence sur les kuang du village. Un kuang est en fait un homme puissant et réputé qui ne se mesure pas à la fortune accumulée mais au nombre de sacrifices de buffles qu’il a organisés et accomplis. Grâce aux dépenses grandioses qu’il a entamées dans les sacrifices des buffles pour ses proches, ses invités jôok et son village, il a acquis du même coup un énorme prestige. Cela lui a permis d’élargir progressivement son réseau de relations, d’avoir du poids dans les délibérations du village et de devenir un rpuh kuang (ou un buffle mâle) au niveau de la puissance sexuelle.

Même les cornes de son « âme-buffle ( ou hêeng rpuh ) » élevée par les génies se sont allongées en fonction du nombre de sacrifices accomplis. Son cercueil pèse d’autant plus lourd que ces cornes ont atteint une taille imposante. Un grand kuang est celui qui ose pratiquer la stratégie de l’endettement. Plus il thésaurise pour dépenser dans les sacrifices des buffles et dans les achats, plus son prestige s’accroît. Il a toujours quelque dette à la traîne.

Il n’attend pas de rembourser l’intégralité de ses achats pour en faire d’autres car cela lui vaut l’admiration et la renommée. Un villageois mnong devient un kuang avec le premier sacrifice de buffle. Il devient ainsi l’homme « indispensable » sur lequel on s’appuie pour s’assurer non seulement la sécurité routière mais aussi la réussite dans les transactions commerciales lors du déplacement hors du village. C’est avec lui qu’on mettra au point l’itinéraire. C’est lui qui présentera, grâce à son réseau de relations, le jôok local du village destinataire qui connait tous les habitants et qui sait parmi ces derniers lequel intéressé par les objets entrant dans la transaction tout en présentant les garanties de solvabilité.

Analogues aux Bahnar, les Mnong sont des animistes. Ils pensent que toute chose a une âme même dans les ustensiles à usages rituels (les jarres à bière par exemple). L’univers est peuplé de génies (ou yaang).

C’est pourquoi l’appel aux divinités ne se cantonne pas dans un endroit particulier mais il s’éparpille partout soit dans le village soit dans les bois soit dans les monts et les eaux. Aucun recoin n’est épargné. Il sera soit évoqué collectivement soit honoré d’un culte spécial dans des circonstances particulières. C’est le cas du génie du riz auquel un petit autel est dédié au milieu du ray. Durant la saison des semailles, le Mnong viendra placer ses offrandes. La moisson collective ne peut pas commencer sans un rite spécial connu sous le nom de « Muat Baa » ou ( nouage du paddy ). Comme le paddy a une âme, il faut éviter de le faire courroucer et de le faire fuir en prenant soin d’un grand nombre de précautions: éviter de siffler, de pleurer, de chanter sur les champs ou de s’y disputer, de manger des concombres, des citrouilles, des œufs, des êtres glissants etc. Une poule sera sacrifiée près de la hutte miniature de l’âme du riz perchée sur un bambou lui-même cerné par des bambous portant des nids à offrandes. Au génie de la pluie, le Mnong offrira sur une minuscule plateforme des œufs. Pour calmer la colère des génies végétaux de la forêt avant le défrichement d’un pan, on procède à de grands soins rituels et de prières. Un long piquet de bambou à la pointe recourbée duquel a été suspendu un poisson pêché est planté sur le lieu consacré dans le défrichement à brûler.

Au moment où le feu commence à jaillir, deux « hommes sacrés »( croo weer ) implorent la protection des génies tandis qu’un troisième oint le piquet au poisson et appelle les génies. Même il y a des divinités censées d’être les gardiens de l’âme de l’individu. Celui-ci se compose d’un corps matériel et de plusieurs âmes (ou heêng). Celles-ci prennent des formes multiples: une âme-buffle élevée dans un étage des cieux par les génies, une âme-araignée dans la tête de l’individu, une âme-quartz qui loge tout droit derrière le front. Il y a même l’âme-épervier (kuulêel) symbolisé par une ficelle faite de brins de coton rouges et blancs et tendue au dessus du corps de défunt entre deux bambous pour distinguer le kuulêel de l’épervier ordinaire. Cette âme-épervier prend son envol à la mort de l’être humain. Un mal subi par l’une de ces âmes se répercute sur les autres. Les génies peuvent rendre malade quelqu’un en attachant son âme-buffle à leur poteau de sacrifice céleste. Le recours au chamane s’avère indispensable car lui seul peut établir le dialogue avec les génies lors de la séance de cure (mhö). Il tente de marchander le prix que les génies exigent pour libérer l’âme-buffle du malade sinon le malade meurt et l’un de ses autres âmes rejoint le premier des étages du monde souterrain. L’âme disparaît totalement lorsqu’il arrive à atteindre le septième étage souterrain au bout de la septième mort.

L’au delà est conçu comme souterrain. Le rite de guérison n’a pas de côté festif. Cela entraîne peu de frais à engager à part le buffle immolé et l’honoraire payé ( équivalent au nombre de hottées de paddy) au chamane qui reçoit en plus une cuisse de la bête sacrifiée. Chez les Mnong, la notion d’immortalité de l’âme n’existe pas. Par contre, la notion de réincarnation fait partie de la tradition des Mnong. Il peut arriver que l’ancêtre maintenu au premier étage souterrain se réincarne dans l’un de ses descendants.

Les hommes de la forêt

Musée d’ethnologie du Vietnam (Hanoi)

Dans la tradition mnong, le buffle est un animal sacré. Les Mnong ont recours au buffle comme monnaie d’évaluation. C’est aussi dans le système de croyances mnong que le buffle est l’équivalent de l’homme dont l’une de ses âmes est l’âme-buffle (hêeng rput) élevé au ciel par les génies à sa naissance et ayant un rôle prépondérant sur les autres âmes de l’individu. Avant d’être inhumé, le décédé est déposé dans un cercueil prenant approximativement la forme d’un buffle. Les Mnong n’organisent pas des funérailles et ils abandonnent le tombeau après un an d’inhumation. D’une manière générale, la maison de funérailles est construite sur une butte et elle est décorée avec des figurines sculptées en bois ou des motifs variés peints en noir, rouge ou blanc. La puissance d’un individu se mesure au nombre de bucrânes de buffles sacrifiés empilés et maintenus par des poteaux. Selon le mythe mnong, le buffle a remplacé l’homme dans le sacrifice. C’est pourquoi on voit dans ce sacrifice l’aboutissement suprême de tous les rites dont il se détache par le faste rituel animé par les processions de gongs, des jeux de tambours, des invocations d’appel aux esprits, des chants etc … et accompagné par des libations de bière, ce qui en fait un événement majeur et exceptionnel dans la vie villageoise.

Personne ne peut se soustraire à cet événement. Le village devient une aire sacrée où on doit s’amuser collectivement, bien boire, bien manger et éviter de se disputer car on pourrait courroucer les esprits. Les Mnong sont divisés en plusieurs sous-groupes ( Mnông Gar, Mnông Chil, Mnông Nông, Mnông Preh, Mnông Kuênh, Mnông Prâng, Mnông Rlam, Mnông Bu đâng, Mnông Bu Nor, Mnông Din Bri , Mnông Ðíp, Mnông Biat, Mnông Bu Ðêh, Mnông Si Tô, Mnông Káh, Mnông Phê Dâm ). Chaque groupuscule a une dialecte différente mais d’une manière générale, les Mnong issus de ces groupuscules différents arrivent à se parler sans aucune difficulté apparente.

Ceints d’un long pagne de coton indigo dont l’extrémité frangée de cuivre et de laine rouge leur retombe à mi-cuisse comme un petit tablier (suu troany tiek)(3) , les Mnong se présentent souvent sous l’aspect des hommes fiers aux membres longs et au torse nu musclé et bronzé malgré les souffrances d’une vie précaire. Cette ceinture-tablier sert à porter toutes sortes d’objets: le couteau, l’étui à tabac, le poignard et les talismans individuels (ou pierres-génies ). Ils se servent d’une veste soit courte soit longue ou d’une couverture comme manteau à la saison froide. On trouve sur leurs têtes un turban noir ou blanc ou un chignon où est piqué souvent un couteau de poche en acier et à manche recourbé. Ils sont habitués à porter une hache pour abattre les troncs d’arbres.

Les femmes mnong aux seins nus portent une jupe courte (suu rnoôk) enroulée au niveau du bas-ventre. Les Mnongs adorent les parures. Ils portent au cou des pectoraux, des colliers de fer ou en perles de verre ou des dents de chiens provenant d’un rite exorciste qui leur confèrent des propriétés protectrices.

Des bobines d’ivoire enfilées dans les lobes percés de leurs oreilles battent leurs maxillaires. Les femmes aiment particulièrement les colliers en verre de perles. Les lobes de leurs oreilles sont distendus souvent par de gros disques en bois blanc. On trouve encore dans la plupart des groupuscules mnong l’abrasion des dents de devant (de la mâchoire supérieure). Les hommes comme les femmes fument du tabac et consomment beaucoup de bière de riz. Celle-ci est non seulement un élément indispensable dans toutes les fêtes et dans les cérémonies rituelles mais aussi une boisson d’hospitalité. En l’honneur de son hôte, une jarre de bière de riz est débouchée quelques instants avant d’être offerte. Sa consommation se fait collectivement à l’aide d’un ou plusieurs chalumeaux en bambou plantés dans la jarre. Le nombre de mesures est imposé au buveur par la tradition de chaque ethnie. ( 2 chez les Mnongs Gar, 1 chez les Edê ). Pour maintenir le niveau de la jarre, on est obligé d’y verser de l’eau, ce qui dilue progressivement l’alcool de la bière de riz et qui transforme ce dernier en une boisson inoffensive.

Analogues aux Bahnar, les Mnong (ou les Hommes de la Forêt) sont fiers d’être des gens libres. C’est ce qu’a constaté l’ethnologue célèbre G. Condominas auprès des Mnongs Gar. Dans le village de Sar Luk où il a fait un an d’immersion complète avec les Mong Gar, il n’y avait pas de chef de village mais un groupe de trois ou quatre hommes sacrés qui sont des guides rituels notamment en matière agricole. La perte de leur liberté peut être le catastrophe que redoutent les Mnong. On trouve toujours en eux deux particularités qui les différencient des autres groupes ethniques du Vietnam: leur esprit d’abnégation et de solidarité et leur absence de s’enrichir égoïstement.

Malgré les souffrances de leur vie précaire, les Mnong démunis connaissent encore la notion de partage que nous, les gens dits civilisés, avons oubliée depuis longtemps.

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Références bibliographiques

De la monnaie multiple. G. Condominas. Communications 50,1989,pp.95-119

Essartage et confusionisme: A propos des Mnong Gar du Vietnam Central. Revue Civilisations. pp.228-237

Les Mnong Gar du Centre Vietnam et Georges Condominas. Paul Lévy L’homme T 9 no 1 pp. 78-91

La civilisation du Végétal chez les Mnong Gar. Pierre Gourou. Annales de géographie. 1953. T.62 pp 398-399

Tiễn đưa Condo của chúng ta, của Tây Nguyên. Nguyên Ngọc

Chúng tôi ăn rừng …Georges Condominas ở Việtnam. Editeur Thế Giới 2007

Ethnic minorities in Vietnam. Đặng Nghiêm Vạn, Chu Thái Sơn, Lưu Hùng . Thế Giới Publishers. 2010

Mosaïque culturelle des ethnies du Vietnam. Nguyễn Văn Huy. Maison d’édition de l’Education. Novembre 1997

Les Mnongs des hauts plateaux. Maurice Albert-Marie 1993. 2 tomes, Paris, L’Harmattan, Recherches asiatiques.

Les Mnong (Dân tộc Mnong): 1ère partie

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Version anglaise

Version vietnamienne
Première partie

Un grand hommage à Georges Condominas, le Proust de l’ethnologie

Condo, tu est le dernier Mnong. Quand tu vas partir, c’est notre culture qui va partir aussi. C’est ce qu’a dit l’actuel chef du village de Sar Luk à Georges Condominas lorsqu’il l’avait revu lors de son retour au village en 2006. Cela montre à tel point que les Mnong ont accepté de le considérer non seulement comme l’un des leurs mais aussi le dernier représentant défendant inlassablement leur culture et faisant connaître dans le monde leur manière de vivre que la plupart des gens ont abhorrée à une certaine époque. Sont-ils vraiment des « Sauvages », des essarteurs, des écobueurs comme on a continué à y penser dans le passé? Désormais, ils ont le nouveau nom « Dân tộc thiểu số » et ils font partie des 54 ethnies du Vietnam? Ces gens de la Forêt auxquels l’ethnologue Georges Condominas a consacré deux monographies « Nous avons mangé la forêt » et « L’exotique est quotidien » méritent-ils de son attention particulière et de ses études quand on sait qu’à l’âge de 27 ans, aux dépens de sa santé, G. Condominas s’efforça de s’installer dans leur propre milieu, de s’y assimiler progressivement et d’apprendre leur langue du cru pour mieux les connaître et les décrire dans ses ouvrages avec son style clair, concis et coulant, ce qui lui valut d’être considéré comme « le Proust de l’ethnologie« . G. Condominas a reconnu que les Proto-Indochinois (2) lui avaient appris l’essentiel de son métier d’homme. Pour lui, l’ethnologie a ceci de particulier qu’elle est autant un genre de vie qu’une discipline scientifique. Selon l’écrivain vietnamien Nguyên Ngọc, connu pour ses recherches culturelles, un chercheur quel que soit son domaine scientifique, peut avoir séparément deux modes de vie, l’un consacré à sa recherche scientifique et l’autre dédié entièrement à sa vie privée. Il n’est pas forcément nécessaire d’associer l’un à l’autre. Ce n’est pas le cas d’un ethnologue comme Georges Condominas. Il a un seul mode de vie qui correspond à la fois à sa vie privée et à son domaine scientifique. L’ethnographie est une forme de vie dans laquelle sa vie est  assimilée entièrement à celle du milieu où il vit  et pour laquelle il a consacré toute sa vie.

Qui sont-ils ces Mnong? Ils étaient nombreux au début du XXème siècle avec une population estimée à 1.200.000 personnes (1) mais ils étaient décimés durant les guerres d’Indochine par une politique coercitive que l’ethnologue Georges Condominas a désignée sous le nom de « ethnocide ». D’après les statistiques effectuées en 1999, leur population fut établie à peu près à 120.000 personnes dont 20.000 étaient au Cambodge dans la province de Mondulkiri, proche de frontière vietnamienne aux bordures des provinces Ðắk Lắk et Ðắk Nông. Les Mnongs occupent les deux rives d’une puissante rivière Serepok (ou Daak Kroong en mnong) dévalant les hautes terres du Vietnam central vers le Mékong. Les Mnong appartiennent au groupe Môn-Khmer de la famille ethnolinguistique austro-asiatique. Ils pratiquent l’essartage ou ils mangent la forêt selon leurs propres termes. Ils choisissent un pan de la forêt puis ils la défrichent et y mettent le feu avant de semer le riz en poquet sur ce pan brûlé et fertilisé par les cendres. Mais cette méthode ne permet pas d’avoir une riche moisson au delà de deux ans. C’est pourquoi ils sont obligés de changer constamment l’emplacement de leurs champs (miir) tous les deux ans pour permettre à la forêt de se régénérer. Ils peuvent la réutiliser seulement dix ou vingt ans plus tard.

À force d’éloignement des cultures, ils sont obligés de déplacer souvent leur village. C’est dans cet authentique finage que se trouvent de longues maisons occupées chacune par un alignement de plusieurs foyers. Parfois le déplacement est provoqué par l’épidémie responsable de plusieurs morts dans le village. Le choix et la reconstruction d’un nouveau village sur un autre emplacement (ou rngool) nécessite toujours des rites au cours desquels sont immolés un grand nombre de buffles. Dans le cas d’une épidémie, le nombre de morts est équivalent à celui des buffles sacrifiés. Mais le séjour sur le même emplacement ne dépasse pas sept années consécutives, intervalle maximal séparant deux grandes fêtes du Sol. Le terrain de prédilection pour la culture des plantes est l’emplacement de leur ancien village. On trouve ici non seulement les plantes alimentaires ( millet, sésame, ignames, patate, manioc etc…) mais aussi les plantes non alimentaires ( tabac, cotonnier, curcuma etc…). Outre la culture, la cueillette continue à occuper une place importante chez les Mnongs. La forêt leur fournit à la fois des plantes pharmaceutiques sauvages, des plantes à poison, des plantes alimentaires ( pousses de bambous, cœur de rotin , cannelle etc…) et des matériaux de construction. Les Mnong ne s’appuient pas sur le calendrier lunaire dans l’exploitation de leur sol mais ils remémorent chacune des étapes d’exploitation par un vocabulaire très particulier:

ntôih: défrichement jusqu’à la mise à feu.
miir: champ semé jusqu’à la moisson
mpôh: miir abandonné pour la première année
mpôh laak: miir abandonné pour la deuxième année.

Selon l’ethnologue G. Condominas, les Mnong n’attendent pas Minkowski ou Einstein pour avoir la notion d’espace-temps. En employant une expression liée à l’espace, ils indiquent une date. C’est ce qu’on constate dans l’exploitation de leur sol avec leur vocabulaire. Ils donnent approximativement l’âge de quelqu’un par rapport à un événement saillant. © Đặng Anh Tuấn

Leur village est un espace social très réduit. Le chef du village (ou rnut) est chargé de gérer les affaires de la commune. La taille du village varie à peu près d’une centaine d’individus. En franchissant les limites du village, un habitant peut devenir un étranger, un ennemi ou un hôte qu’ils ont l’habitude de désigner sous le nom de « nec ». Leurs maisons dont les toitures en herbe à paillote descendent si bas qu’elles cachent souvent les parois en bois, sont des cases rectangulaires soit de longue taille (mnong gar) soit de petite taille (mnong rlam). Elles reposent sur le sol de terre battue pour les Mnong Gar tandis que les Mnong Rlam vivent sur des cases à pilotis. Le noyau de la société est la famille. L’organisation sociale est de type matrilinéaire et exogame. Les enfants portent le nom du clan de leur mère. La transmission des biens se fait de mère en fille. Le mari vient habiter chez les parents de sa femme. Les vestiges de lévirat et de sororat peuvent être visibles encore. Par contre la transgression de la règle d’exogamie est ressentie comme le crime le plus grave et attire des sanctions sociales. Un jeune homme doit se renseigner sur le clan auquel la fille appartient avant d’entamer le mariage.

L’exogamie renforce la parenté et tisse un réseau d’alliances qui permet à l’espace social restreint qu’est le village de respirer. Cela facilite l’hospitalité lorsqu’on sortira du finage en cas de voyages d’échanges commerciaux. Ce type de relations peut être établi et entretenu par une institution prestigieuse connue « l’échange des sacrifices (ou tam bôh) permettant de créer une alliance privilégiée entre deux individus (ou joôk ) et leurs familles. Il y a un rituel auquel participent non seulement les joôks (amis fidéjurés) mais aussi leurs villages respectifs. Le souci de l’égalité des échanges est visible dans le rituel: le nombre de buffles immolés dans le village de l’un doit être égal à celui que l’autre va offrir en retour dans son village. De même les cadeaux que l’un a reçus doivent être d’égale valeur et semblables que ceux qu’il donnera en retour à l’autre (son ami fidéjuré). Même dans le festin, les parts de viande de porc fournies par l’hôte organisant le sacrifice devront être de même taille que celles offertes par son « hôte partenaire » lors de la première cérémonie d’échange organisée en son honneur dans l’autre village. Pour arriver à ce stade de relations, les jôoks doivent recourir à des entremetteurs. Dans la conception d’échange des Mnong, il faut toujours un entremetteur que ce soit l’échange entre les hommes ou entre l’homme et les génies. Dans ce dernier cas, l’entremetteur n’est autre que le chamane (ou njau mhö). Parfois, on a besoin d’un guérisseur ordinaire (njau) pour une maladie bénigne.

Chez les Mnong, le mot « échange (ou tam) » est très employé dans leur langue courante. Le mot « tam » est suivi toujours par un autre mot pour préciser le type d’échange.

tam töör : échanges amoureux, être amoureux.
tam löh : échange des coups ( se battre)
tam boo, tam sae: échange d’époux, alliance matrimoniale, se marier
tam boôh: échange de flambées, grand sacrifice d’alliance
tam toong: échange de chansons etc…

L’échange joue un rôle pivot dans la vie quotidienne des Mnong. On s’aperçoit que l’échange n’est pas non seulement au niveau des biens mais aussi au niveau de la main d’oeuvre sous forme d’entraide dans les travaux de construction aussi bien que dans les travaux agricoles ( défrichement, moissons etc.). Il y a toujours un souci d’échange égalitaire. Chaque équipe devra passer un temps égal sur le chams de chacun des membres du groupe. Si l’échange de main-d’œuvre est simplifié par le même nombre d’heures que chaque équipe doit fournir, il est un peu plus compliqué quand il s’agit de biens car les Mnong ne disposent pas d’un étalon unique comme l’euro ou le dollar. Dans l’évaluation des objets d’échange, ils sont obligés de recourir à des étalons de valeurs multiples utilisés dans leur société: petites jarres sans col (yang dam), jarres anciennes, jupes suu sreny, porcs, buffles, gongs etc.. Ceux-ci sont aussi des moyens d’échange et de paiement des biens acquis. On évalue l’objet d’échange à la valeur convenue de sorte que le total d’échange est équivalent  à cette valeur. Parfois pour une valeur convenue, on se retrouve soit avec deux buffles de taille moyenne, soit un buffle et une jarre ancienne ou encore une grand couverture et douze petites jarres sans col etc.). Cela ressemble énormément à notre système de paiement du prix de la marchandise en grosses coupures ou en petite monnaie.

Etant utilisés à la fois comme des étalons de valeurs et des moyens de paiement, ces biens sont de véritables monnaies que l’ethnologue G. Condominas a désignées sous le nom de « monnaie multiple ». Malgré cela, ces biens continuent à garder avant toute considération monétaire, leur utilisation initiale. Les jarres servent de récipients pour la confection et la consommation de la bière de riz tandis que les gongs sont des instruments de musique qu’on sort pour les grandes occasions. De même, des jupes, des couvertures et des marmites de métal font partie des objets usuels de la vie quotidienne.

Malgré l’échange prenant des formes multiples, il y a toujours une distinction très nette dans le vocabulaire mnong pour les notions d’achat (ruat) et de vente (tec). Une fois l’échange conclu, il y a le prix du courtage que l’acheteur (croo ruat ) doit payer à l’entremetteur. Le vendeur ( croo tec ) ne donne rien à l’entremetteur (ndraany) qui recevra parfois un cadeau modeste de la part du vendeur pour une question de gentillesse et de gratitude. Il y a deux jarres dans le montant du courtage: l’une pour payer l’entremetteur et l’autre d’une moindre valeur pour la sécurité de la route par une cérémonie rituelle Dans le cas de la vente d’un jeu de gongs plats, la première jarre ( yang mei ) sera de grande taille et la seconde, une petite jarre sans col. De plus, l’acquéreur doit donner des cadeaux au porteur (ou compagnon de route) pour ramener les achats. Il y a un protocole à respecter dans la conclusion du contrat. Celle-ci se manifeste par le sacrifice d’un animal consommé sur place et l’ouverture de deux jarres de bière de riz, l’une destinée à décompter les objets entrant dans le paiement (par le jeu des brindilles cassées ) et l’autre prévue pour conjurer les injures. L’entremetteur assume la responsabilité du contrat en recevant un bracelet de laiton passé au poignet, signe d’un engagement ferme. L’entremetteur est à la fois le courtier, le garant de l’acheteur, le porte-parole du vendeur et le témoin de la transaction. Dans une société mnong sans écriture, le rôle de l’entremetteur est très important car par ses paroles et son engagement, cela permet d’assurer la publicité du marché conclu. Toutes les dépenses supplémentaires citées ci-dessus ( deux jarres, une bête consommée sur place, des cadeaux au porteur et au ndraany) ne sont nullement prises en compte dans l’évaluation de la valeur totale du bien acquis. En cas de litige, chaque partie a un ndraany jouant le rôle d’avocat. Dans un procès, ce sont les ndraany de deux parties qui parlent, discutent et émaillent leurs propos « de dits de justice » versifiés.

Il y a un cas particulier où l’échange est à équivalence absolue ( le caan). Un sacrifice du buffle est exigé lors du dialogue entre le chamane et le génie qui est prêt de lâcher sa victime malade. Malheureusement, la famille de cette dernière n’en possède pas pour honorer rapidement ce sacrifice. Elle est obligée d’acheter un buffle à la façon caan chez un habitant du village ou d’un autre village et de lui rendre une bête de même taille dans un délai d’un ou deux ans sans aucune compensation. Dans ce cas, l’échange correspond bien à la vente à réméré sans intérêts.

[Les Mnông: Deuxième partie] 


1): Source Encyclopédie Universalis.
(2): un néologisme assez laid employé par G. Condominas pour désigner les Mnongs à la place du mot péjoratif « Mọi (ou Sauvage) ».

Vestiges d’une époque (Di tích của một thời)

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Version française

English version

Rất đáng ngạc nhiên khi thấy Việt Nam ngày nay đã sát nhập những thành tựu kiến trúc của Pháp quốc từ thời thuộc địa vào di sản quốc gia. Các công trình nầy  không trở  thành những dấu vết  cần phải  xóa bỏ  từ  cuộc  chiến tranh  đau thương mà giờ đây  là một phần bền vững  của di sản kiến ​​trúc và văn hóa mà Việt Nam cố gắng bảo tồn trong việc tôn trọng môi trường đô thị và xây dựng một bản sắc lịch sử. Một số thành tựu kiến  trúc nầy  được  xây dựng dựa trên mô hình  từ các kiệt tác kiến trúc của mẫu quốc Pháp. Đây là trường hợp với nhà hát lớn Hà Nội, được xây cất dựa theo kiểu mẫu của nhà hát nổi tiếng Opera Garnier ở  Ba Lê. Ga Đà Lạt trông thật giống với ga Deauville-Trouville. Ngay cả đài truyền hình sơn phết đỏ trắng cũng  mang đậm nét đẹp của Pháp với một ngọn tháp nhỏ tượng tự như tháp Eiffel Paris ở giữa thành phố Đà Lạt. Còn có các công trình khác được trông thấy dựng với phong cách kiến trúc cổ điển ở giữa trung tâm thủ đô Hà Nội với mặt tiền đồ sộ.   Như dinh của toàn quyền Đông Dương được xây dựng vào năm 1901-1905, trở thành thành hiện nay là phủ chủ tịch hay là bảo tàng viện mỹ thuật (Hà Nôi)

Nhà thờ Saint Joseph thường được du khách viếng thăm ngày nay lấy nguồn cảm hứng từ nhà thờ Đức Bà ở Paris nổi tiếng được dựng lên với phong cách tân cổ điển trên  chổ  của chùa Báo Thiên cũ, được xây dựng dưới triều đại nhà Lý và bị phá hủy vào năm 1883 bởi chính quyền Pháp.Được biết đến ngày nay « Cầu Long Biên », cái cầu nổi tiếng của ông toàn quyền  Paul Doumer vẫn còn tiếp tục đứng vững mặc dù bị phá hủy dữ dội (14 lần trong tất cả) trong những năm chiến tranh. Ngày nay nó là biểu tượng cho sự đoàn kết và bền bỉ của người dân Việt Nam.

Ngoài ra còn có các tòa nhà được thiết kế bởi kiến ​​trúc sư Ernest Hébrard, người đã không ngần ngại lấy nguồn cảm hứng đặc biệt từ các nguyên tắc cấu tạo của  các chùa và đình  để lựa chọn một kiến ​​trúc hỗn hợp (phong cách Đông Dương) có tính cách mang cả  ảnh hưởng của phương Tây và Châu Á. Đối với kiến ​​trúc sư người Pháp Christian Pédémusore de Loddis, Ernest Hébrard đã thành công trong việc tổng hợp giữa ảnh hưởng Đông và Tây bằng cách kết hợp kỹ thuật hiện đại và phong cách phương Tây với những kỹ năng cơ bản của ngành xây dựng  và các không gian của truyền thống Á Châu. Bằng cách cho phép Ernest Hébrard biểu lộ được  năng lực sáng tạo và đổi mới  trong kiến ​​trúc, Việt Nam đã làm biết đến một phong trào trở lại với  sự hiện đại của nền văn minh và kiến ​​trúc truyền thống thông qua các công trình vĩ đại.

Trong các công trình này, chúng ta có thể trích dẫn Bảo tàng của trường Viễn Đông Pháp (hay là Louis Finot) mà ngày nay trở thành bảo tàng Lịch sử, toà nhà  tài chính chung (1925-1928), đã trở thành trụ sở  ngày nay của bộ ngoại giao hoặc đại học Đông Dương cũ ngày nay là Đại học Quốc gia Hà Nội.

Đối với hòn ngọc Viễn Đông (hay Sài Gòn) ở miền nam Việt Nam, một số di tích thuộc địa vẫn còn nhìn thấy ở trung tâm thành phố. Nhà thờ Đức Bà là một nhà thờ kiểu La Mã mới được thiết kế bởi kiến ​​trúc sư Jules Bourard và có bức tường bên ngoài được xây dựng bằng gạch đỏ nhập khẩu từ Pháp quốc. Tòa đô chính, nơi  mà ủy ban  của thành phố Hồ Chí Minh tọa lạc, minh họa một thiết kế hợp lý tựa như các tòa nhà công cộng của Pháp dưới thời Cộng hòa thứ ba. Nhà hát lớn Sài Gòn (Nhà hát lớn Thành phố Hồ Chí Minh), nằm cách khách sạn Caravelle nổi tiếng không xa, không che giấu phong cách lòe loẹt của nó  đến từ Đệ tam Cộng hòa Pháp.

Chỉ có những công trình kiến ​​trúc này biểu lộ cho chúng ta thấy được  sự hiện diện của Pháp ở Việt Nam vào thời điểm xa xôi vì ở Việt Nam hiện nay, ít người còn có thể nói tiếng Pháp, một thứ tiếng mà đối với người dân Việt  là  một ngôn ngữ văn học dành cho  giới thượng lưu  địa phương và chỉ được biết đến với những người lớn tuổi. Theo điều tra dân số gần đây, có hơn 70.000 người nói tiếng Pháp trong tổng số hơn 100 triệu dân. Pháp đã không  biết khai thác những ưu thế lịch sử, văn hóa và kinh tế của mình ở thời điểm mà Việt Nam thống nhất. Trong văn hóa Việt Nam,  còn có nhiều yếu tố ảnh hưởng của Pháp quốc. 

Đây là những gì chúng ta thấy được  trong lĩnh vực ngôn ngữ ở cấp độ từ điển và trong thuật hùng biện. Bất chấp sự gắn bó mật thiết của người dân  Việt  với văn hóa Pháp và tiếng Pháp  vẫn được  Việt Nam lựa chọn làm ngôn ngữ nói ở Liên Hiệp Quốc, Pháp đã không lấy lại được vai trò ưu thế của mình. Ngày nay  tiếng Pháp được thay thế ở mọi nơi bằng tiếng Anh, một  ngôn ngữ giao tiếp quốc tế và  sau đó bởi tiếng Trung Hoa. Sự nhận xét nầy không còn là ảo tưởng.

Vestiges d’une époque.

Il est surprenant de voir le Vietnam d’aujourd’hui intégrer dans son patrimoine national les réalisations françaises de l’époque coloniale. Celles-ci ne constituent pas des vestiges encombrants issus d’un conflit douloureux mais elles font désormais partie d’un héritage architectural  inaltérable et culturel que le Vietnam tente de bien préserver dans le respect de l’environnement urbain harmonieux et dans la construction d’une identité historique. Certaines ont été réalisées  directement  en miniature sur le modèle des bâtisses métropolitaines. C’est le cas de l’Opéra de Hanoï, une réplique fidèle de l’opéra Garnier de Paris. La gare de Dalat ressemble énormément à celle de Deauville-Trouville. Même la petite dame de fer rouge et blanche, l’antenne relais ou la petite tour d’Eiffel (Dalat) gardant le  trait très fort de la France est là pour rappeler sa consœur parisienne au cœur de la ville. D’autres ont surgi en plein cœur de Hanoï avec leurs façades imposantes et leur style néo-classique. C’est le cas du palais du gouverneur général de l’Indochine (construit en 1901-1905), devenu aujourd’hui le Palais présidentiel ou celui du musée des beaux-arts.

L’église Saint Joseph fréquemment visitée de nos jours et inspirée par la célèbre église Notre Dame de Paris a été érigée avec son style néo-gothique sur l’emplacement de l’ancienne pagode Báo Thiên, construite sous la dynastie des Lý et détruite en 1883 par les autorités françaises. Connu aujourd’hui sous le nom de « Cầu Long Biên », le fameux pont du gouverneur  Paul Doumer continue à tenir toujours debout malgré les bombardements acharnés (14 fois en tout ) durant les années de guerre. Il est aujourd’hui le symbole de l’unité et de l’endurance du peuple vietnamien

Il y a aussi des bâtisses conçues par l’architecte Ernest Hébrard n’ayant pas hésité de s’inspirer notamment des principes de composition des pagodes et des đình (maisons communales vietnamiennes) pour opter une architecture mixte (style indochinois) qui prend en compte à la fois les influences occidentales et asiatiques. Pour l’architecte français Christian Pédélahore de Loddis, Ernest Hébrard a réussi à faire la synthèse entre Orient et Occident en associant la modernité technique et stylistique occidentale avec les savoir-faire de construction  et les espaces de la tradition asiatique. En permettant à Ernest Hébrard de révéler ses capacités créatrices et innovatrices en architecture, le Vietnam a fait connaître dans un mouvement de retour la modernité de sa civilisation et de son architecture traditionnelle par le biais de ses œuvres grandioses.

Parmi celles-ci, on peut citer le Musée de l’Ecole Française d’Extrême-Orient ou Louis Finot qui devient aujourd’hui le Musée d’Histoire ( Bảo tàng lịch sữ), la Recette Générale des finances (1925-1928), devenue le siège du Ministère des Affaires étrangères ou l’ancienne université d’Indochine (aujourd’hui l’université nationale de Hanoi).

Quant à la perle de l’Extrême Orient (ou Saigon) dans le sud du Vietnam, quelques vestiges coloniaux sont encore visibles dans le centre ville. La cathédrale Notre Dame est une église néo-romane conçue par l’architecte Jules Bourard et dont le mur extérieur a été  construit avec des briques rouges importées de France. L’hôtel de ville abritant le comité populaire de Ho Chi Minh Ville illustre bien une conception rationnelle à l’instar des édifices publics français sous la IIIème république. L’opéra de Saigon ( Nhà hát lớn Thành phố Hồ Chí Minh ), situé non loin du fameux hôtel Caravelle ne cache pas son style flamboyant de la IIIème république.

Il n’y a que ces ouvrages architecturaux permettant de témoigner de la présence française au Vietnam à une époque lointaine car dans le Vietnam actuel, peu de gens savent parler encore le français qui est pour la plupart des Vietnamiens la langue de la littérature réservée à une élite locale et connue seulement par les gens assez âgés. D’après le recensement récent, on dénombre plus de 70.000 francophones sur une population de plus de 100 millions d’habitants. La France n’a pas su exploiter à temps ses atouts historiques, culturels et économiques au moment de la réunification. Dans la culture vietnamienne, il y a des éléments d’influence française. C’est ce qu’on a constaté dans le domaine linguistique au niveau lexicographique et dans la rhétorique. Malgré l’attachement des Vietnamiens à la culture française et le français choisi par le Vietnam à l’ONU, la France n’a pas réussi à retrouver son rôle prépondérant. Aujourd’hui le français est remplacé partout par l’anglais, la langue de communication internationale et régionale et au delà par le chinois. Le constat est sans illusions.

 

Cholon , quartier chinois de Saïgon

 

saigon_cholon

Pagode Thiên Hậu

Temple Nhi Phủ

Pagode Quan Thánh

Temple Minh Hương Gia Thạnh