Les gongs des Hauts Plateaux (3ème partie)

 

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Grâce à une cordelette ou à une bande de tissu pouvant être plus ou moins serrée par torsion, chaque joueur suspend le gong à l’épaule gauche. Il frappe le dôme central de la face extérieure du gong soit avec un maillet en bois ou en cuir soit avec son poing droit nu ou enveloppé d’étoffe.

La qualité du son du gong dépend non seulement de l’alliage dont le gong a été fabriqué mais aussi de la qualité de l’accordeur. D’autres paramètres entrent en jeu: le maillet en bois ou en cuir, la place et l’action de la main frappant le gong, la tension de l’attache etc.. De plus, le joueur peut moduler habilement les effets du son du gong grâce à l’action de sa main gauche en faisant varier la pression et le relâchement sur le bord recourbé de la face extérieure. Des effets de sourdine peuvent résulter de cette action. Chaque groupe ethnique préfère un type de bois dans la fabrication du maillet. En choisissant le bois dur, les Êđê obtiennent souvent des bruits parasites dans la puissance de la résonance du gong. Par contre, en sélectionnant le bois tendre, les Bahnars réussissent à obtenir la « clarté » du son fondamental malgré la faiblesse d’intensité détectée dans la résonance.

Au moment de l’ achat, le gong est livré à l’état « brut », sans sonorité musicale, sans caractère et sans âme. Sa face extérieure est presque plate. Il est semblable à un objet produisant un signal sonore. (cái kẻng) Grâce aux coups de maillet en bois et à l’ouie fine de l’accordeur, le gong reçoit des petites bosses et des cercles concentriques sur sa bordure et sur ses faces intérieure et extérieure. Le coup du maillet donné sur sa face extérieure augmente sa sonorité. Par contre, la diminution de la résonance est visible inversement avec sa face intérieure. L’accordeur réussit à lui donner une couleur sonore, une note musicale particulière, ce qui fait de lui désormais un instrument de musique à part entière. Selon les gens des Hauts Plateaux, analogue à l’homme, le gong a un visage, un caractère et une âme. Il ne ressemble à aucun autre gong.

On dit qu’on l’éduque car à partir d’un objet qu’on achète à l’état « brut » auprès des Kinh (Quảng Nam) , on lui donne une éducation, une note, une appartenance ethnique, un caractère sacré. Pour le gong acheté au Laos, il a déjà une âme mais c’est une âme laotienne.

Pour le transformer en un gong des Hauts Plateaux, il faut l’éduquer par les coups de maillet en bois pour qu’il connaisse ainsi la langue Bahnar, Stieng, Edê, Mnong etc… Il a désormais l’âme sacrée (hồn thiêng) des Hauts Plateaux. Celle-ci ne disparaît pas tant qu’il y a encore l’environnement où le gong est « éduqué » (la forêt, les ethnies, les villages, les sources d’eau, les animaux etc…). Le caractère sacré du gong ne peut qu’être trouvé dans ce milieu naturel qui lui permet de retrouver son identité ethnique à travers les mélodies variant d’un village à un autre ou d’une ethnie à une autre et les rites agraires. Le gong peut produire une fausse note au fil des années d’utilisation. On dit qu’il est « malade ». Il faut le soigner en faisant venir un médecin (ou un bon accordeur) qu’il est difficile de trouver parfois sur place. Il faut se déplacer à plusieurs kilomètres dans d’autres régions pour arriver à le trouver. Une fois réajusté le son, on dit que le gong est guéri. Lire la suite (Tiếp theo)

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Les gongs des Hauts Plateaux: 2ème partie

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Deuxième partie

Ce général tenta de briser toutes les velléités de résistance vietnamienne en faisant fondre tous les tambours de bronze, symbole de leur puissance au combat. Probablement, dans cette destruction, il y avait aussi les gongs dongsoniens car ils étaient en bronze. Selon Nguyễn Việt, directeur du centre de la Préhistoire d’Asie du Sud Est de Hànội, le couvercle de la situle dongsonienne dont le centre est légèrement renflé et orné d’une étoile, ressemble étrangement au gong à bosse des Hauts Plateaux. Il possède aussi des anses avec lesquelles on peut passer des cordes pour le pendre au mur d’une pièce comme un gong. Il est peut-être le prédécesseur des gongs des Hauts Plateaux.

On n’écarte pas non plus l’hypothèse selon laquelle les Dongsoniens tentaient de les cacher à tout prix et de les écouler dans les régions montagneuses grâce à l’échange culturel et économique avec les peuplades des Hauts Plateaux. En s’appuyant sur les recherches linguistiques en particulier celles du chercheur français Michel Ferguson, un spécialiste des langues austro-asiatiques, on est amené à penser que les Viet-Mường étaient présents à l’est de la Cordillère annamitique et sur les rives de la Mer de l’Est (Biển Đông) avant les débuts de notre ère. Pour ce chercheur, le groupe Viet-Mường vivait ensemble non seulement avec les Tày mais aussi avec les peuplades des Hauts Plateaux (les Khamou, les Bahnar etc …). car il y a l’importance du vocabulaire Tày dans la langue vietnamienne et les similitudes de la structure féodale de Giao Chỉ avec celles des Thaïs actuels (descendants des proto-Tày). De plus, il y a dans le vocabulaire des Khamou une strate d’emprunt à une ou plusieurs langues viet-mường. Selon la suggestion de ce chercheur, le royaume de Tang Ming pourrait être l’ancien habitat du groupe Việt-Mường. Cela conforte l’hypothèse selon laquelle les Dongsoniens pourraient être les pourvoyeurs des gongs aux peuplades des Hauts Plateaux par le biais des trocs car ces dernières ne fabriquaient pas elles-même ces gongs malgré leur caractère sacré. Probablement cela est dû au fait qu’étant des agriculteurs sur brûlis, elles n’avaient pas une industrie métallurgique leur permettant de mouler ces gongs. Jusqu’à aujourd’hui, elles les procurent auprès des Kinh (ou Vietnamiens), des Cambodgiens, des Laotiens, des Thaïlandais etc .. avant de les donner à leur musicien à l’ouïe fine. En les martelant avec des coups de maillets de bois dur, ce dernier réussit à donner à ces gongs de provenance diverse un ensemble d’harmoniques remarquable en accord avec les thèmes villageois et tribaux. Le rajustement du son d’un gong est plus important que son achat car il faut rendre le gong en harmonie avec l’ensemble des gongs de l’orchestre et il faut savoir lui donner une âme, une sonorité particulière. Selon le musicologue vietnamien Bùi Trọng Hiền, le fait de ramasser et d’accorder les gongs d’origine diverse et de les rendre harmonieux et conformes à leur esthétique dans un jeu constitue un art grandiose. Le gong doit être sacré avant son utilisation par une cérémonie rituelle pour permettre à son corps de posséder désormais une âme.

Certaines ethnies bénissent du sang des gongs au même titre que les jarres, les tambours etc.. C’est le cas des Mnong Gar signalé par exemple par l’ethnologue Georges Condominas. Le caractère « sacré » des gongs ne peut pas laisser indifférents les Vietnamiens. Pour donner à ces gongs une portée significative, les Vietnamiens ont l’habitude de dire:

Lệnh ông không bằng cồng bà ( Le tambour d’ordonnance de Monsieur ne résonne pas aussi fort que le gong de Madame). Cela explique aussi que l’autorité de Monsieur est moins importante que celle de Madame.

La culture des gongs est localisée dans les 5 provinces du centre (Đắc Lắc, Pleiku, Kontum, Lâm Đồng et Đắk Nông). Une vingtaine d’ethnies (Bahnars, Sedang (Xơ Đăng), Mnongs, Cơ Ho, Rơ Mam, Êđê, Jarai (Giarai), Radhés etc ..) sont recensées dans l’utilisation de ces gongs. Selon l’illustre musicologue vietnamien Trần Văn Khê, dans les autres pays de l’Asie du Sud Est, le joueur de gong reste toujours assis et peut jouer plusieurs instruments associés en même temps. Ce n’est pas le cas des joueurs des gongs des Hauts Plateaux du Vietnam. Chaque joueur peut jouer un seul gong. Il y a autant de gongs que de joueurs dans un jeu. Lire la suite (Tiếp theo)

 

Les gongs des Hauts plateaux (Cồng Chiêng Tây Nguyên)

 

Vietnamese version

English version

Première partie

La culture des gongs constitue depuis la nuit des temps la démarche privilégiée utilisée par les populations des Hauts Plateaux (Vietnam) vivant de l’agriculture dans la communication avec le monde des esprits. Selon leurs croyances chamanistes et animistes, le gong est un instrument sacré car il abrite secrètement un génie censé de protéger non seulement le propriétaire mais aussi sa famille, son clan et son village. Son ancienneté améliore non seulement sa sonorité mais aussi la puissance et le pouvoir magique du génie locataire. De plus, le gong va acquérir une patine particulière au fil des années. Cet instrument à percussion ne peut pas être considéré comme un instrument de musique ordinaire. Il est présent dans toutes les occasions importantes du village. Il est inséparable de la vie sociale des peuplades des Hauts Plateaux. On fait écouter au nouveau né le son du gong joué par le vieux du village (già làng) dès les premiers mois de sa naissance pour lui permettre de reconnaître la voix de sa tribu et de son clan et d’être désormais un élément de sa communauté ethnique. Puis il grandit au fil des années au rythme du son des gongs qui le grise autant que l’alcool de riz fermenté (rượu cần) dans les réunions du soir autour d’une jarre et du feu et dans les fêtes de son village ( offrandes, mariages, funérailles, célébrations de la nouvelle année ou de la victoire, inauguration du nouveau logement, retrouvailles familiales, rituels agricoles ( germination du paddy, formation de l’épi, fête de la clôture agricole etc..) Enfin à sa mort, c’est le roulement des gongs qui l’accompagne avec solennité pour l’enterrement. Selon les Edê, une vie sans gong est une vie sans riz et sans sel. Chaque famille doit posséder au moins un gong car il témoigne non seulement de sa fortune mais aussi de son autorité et de son prestige dans sa communauté ethnique et dans sa région. En fonction de chaque village, le jeu peut être constitué simplement de deux gongs mais on peut y trouver parfois jusqu’à 9, 12, 15 ou 20 gongs. Chacun de ceux-ci est appelé par un nom indiquant sa position dans une hiérarchie similaire à celle trouvée dans une famille matriarcale.   

Patrimoine immatériel de l’Humanité par l’Unesco en 2005

© Đặng Anh Tuấn

Selon l’ethno-musicologue français Patrick Kersalé, les gongs sont à l’image de la structure familiale, à inflexion matrilinéaire. Pour les Chu Ru, il y a trois gongs dans un jeu. ( gong mère, gong tante et gong fille). Par contre, pour les Ê Đê Bih , le jeu de gongs est constitué de 3 paires de gongs. La première paire est appelée sous le nom de gongs grand-mères. Puis la deuxième paire est réservée pour les gongs mères et la dernière paire est pour les gongs filles.

De plus, il y a dans ce jeu un tambour joué par la personne la plus âgée pour donner le tempo. Pour les peuplades vivant dans le sud des Hauts Plateaux, on trouve aussi 6 gongs dans un jeu mais le gong-mère (chiền mẹ) reste le plus important et il est maintenu légèrement plus bas par rapport aux autres gongs. Il est accompagné toujours par le gong-père suivi ensuite par les gongs enfants et les gongs petit-enfants. Etant de grande taille, les deux gongs mère et père produisent des sons graves et presque identiques, ce qui leur permet de servir de base constitutive à l’orchestre.

On s’interroge aussi sur la provenance des gongs car on les trouve non seulement en Inde mais aussi en Chine et dans la région du Sud Est asiatique. Malgré leur mention dans les inscriptions chinoises vers l’an 500 après Jésus Christ (de la période de la civilisation dongsonienne), on a tendance à attribuer à la région du Sud est asiatique leur origine car la culture des gongs embrasse seulement les régions où vivent les populations austro-asiatiques et austronésiennes. (Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Birmanie, Java, Bali, Mindanao (Philippines) etc …). Selon certains chercheurs vietnamiens, les gongs sont liés étroitement à la la riziculture aquatique. Pour le chercheur Trần Ngọc Thêm, les gongs servent à imiter les bruits du tonnerre. Ils ont un rôle sacré dans les cérémonies annuelles d’invocation de la pluie et de prière dans le but d’avoir une bonne récolte. De plus, on trouve en ces gongs un lien intime avec la culture de Đồng Sơn car les gongs étaient présents visiblement sur certains tambours de bronze (Ngọc Lữ par exemple). Les gongs devaient être un instrument sacré dans les fêtes rituelles pour qu’ils fussent honorés par les Dongsoniens sur leurs tambours. Chez les Mường, cousins proches des Vietnamiens, on continue à associer aux tambours de bronze (de caractère Yang) les gongs (de caractère yin) que les Mường considèrent toujours comme la représentation stylisée de la poitrine de la femme, dans les fêtes rituelles. Ils sont en quelque sorte le symbole de la fécondité. Selon le musicien vietnamien Tô Vũ, les Mường refoulés dans les régions montagneuses inaccessibles, peuvent continuer à garder soigneusement ces gongs à l’abri des conquérants chinois. Ce n’est pas le cas des Dongsoniens (les ancêtres des Vietnamiens) lors de la conquête chinoise dirigée par le général Ma Yuan (ou Mã Viện) des Han orientaux à la suite de la révolte des soeurs Trưng Trắc et Trưng Nhị. Lire la suite (Tiếp theo)

 


Références bibliographiques

  • Recherche de l’identité de la culture vietnamienne. Trần Ngọc Thêm, Editions Thế Giới,Hànôi 2008
  • Les Mnong des hauts-plateaux, Centre-Vietnam: Vie matérielle. Albert-Marie Maurice, Tome 1, Editeur L’Harmattan. 1993 Cồng chiêng Tây Nguyên. Di sản phi vật thể thế giơí. Trần Văn Khê. Vietsciences, 01/01/2006.
  • Vài nẻt đặc thù của cồng chiêng Tây Nguyên. Giáo Sư Trần Văn Khê. 2009
  • Người ÊĐê ở Việt Nam. The Ede in Vietnam. Editeur Thông Tấn 2010
  • La chanson de Damsan. Légende recueillie chez les Rhade de la province de Darlac. Texte et traduction. Louis Sabatier. BEFEO, 1933, Tome 33, n°33, pp: 143-302
  • Tranh luận về cồng chiêng Tây Nguyên. SGTT 2012
  • Sur l’origine géographique des langues Viet Muong. Michel Fergus, Môn Khmer Studies, 18-19: 52-59
  • Độc Đáo cồng chiêng Tây Nguyên. Bùi Trọng Hiền. Nguyễn Quang Vinh Tạp chí Ngày Nay. 28/02/2011
  • Gongs de tous les pouvoirs. DVD documentaire de Patrick Kersalé.2009

Les Lôlô ( Dân tộc Lôlô)

Vietnamese version

English version

Etant connus en Chine sous le nom de Yi et appelés aussi Mùn Di, Màn Di, La La, Qua La, Ô Man, Lu Lộc Mà par les Vietnamiens, les Lô Lô font partie du groupe linguistique tibéto-birman. Ils vivent nombreux dans les régions montagneuses de la Chine (Sichuan, Yunnan, Guizhou et Kouang Si) sauf une petite minorité originaire de Yunnan qui s’installa dans le Haut Tonkin du Vietnam (Hà GiangĐổng Vạc, Cao Bằng et Lào Cai)  lors des deux flux migratoires ayant eu lieu au 15ème et au 18ème siècle. La population de ce groupe ethnique s’élève actuellement à peu près de 4300 individus au Vietnam. Selon les ethnologues, les Lô Lô sont les descendants du peuple nomade et éleveur de moutons Qiang ( Khương tộc ) ayant émigré du sud est du Tibet pour s’établir au Sichuan (Tứ Xuyên)  et au Yunnan (Vân Nam). 

L’une des 54 minorités ethniques au Vietnam


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À l’époque des Printemps et Automne (Xuân Thu), ce peuple était toujours en guerre avec les habitants du fleuve Jaune (Hoàng Hạ), les ancêtres des Chinois. Leur expansion fut stoppée par le duc de Mu (Tần Mục Công) qui régna sur l’état du Qin entre -660 et -621 et qui fut l’un des cinq hegémons (Bá chủ) célèbres de cette période grâce au concours apporté par son chancelier talentueux Baixi Li (Bá Lý Hệ).

Dans le groupe ethnique Lô Lô, il y a deux groupuscules: les Lô Lô bariolés (Lô Lô Hoa) et les Lô Lô noirs (Lô Lô đen). On arrive à les discerner car chaque groupe porte des vêtements légèrement  différents. Si le costume  féminin des  Lô Lô bariolés est marqué par une veste  au col rond, fendue sur la poitrine et décorée de plusieurs morceaux de tissus  triangulaires ou carrés ayant des couleurs époustouflantes (rouges, vertes, pourpres) visibles sur le corps et sur le dos, un bonnet finement orné et un pantalon de couleur indigo  tandis que celui des femmes Lô Lô par une  veste courte et noire au col carré et aux manches colorées (bandes jaunes, roses ou vertes), un fichu et  une jupe. Quant aux hommes,  la tenue est très sobre. Tous vivent de la riziculture inondée et de la culture sédentaire sur brûlis avec le maïs, le riz gluant et le riz ordinaire  dans les districts Đồng Văn, Mèo Vạc,  Bảo Lạc (Cao Bằng) et Mường Khương (Lào Cai).  Ils utilisent dans certains endroits  les champs en terrasses. Leur nourriture principale reste la farine de maïs moulue cuite au bain-marie. Le bouillon ne peut pas être manquant dans leur repas, ce qui nécessite toujours l’usage des bols et des cuillères en bois.                  

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D’une manière générale, les maisons des Lô Lô sont situées dans des endroits  à la fois hauts et secs et surplombant les vallées. Ils préfèrent de vivre à proximité des forêts denses car pour eux les forêts et les ruisseaux sont considérés comme les lieux d’habitation du génie du sol. Ce sont des gens qui aiment vivre en harmonie avec la nature. Ils se servent des hottes à deux bretelles en rotin ou en bambou (giang) pour transporter leurs affaires.  Ils préfèrent de se marier avec les gens de leur ethnie. Ils pratiquent aussi l’exogamie au cas où le mariage a lieu entre les gens des lignages différents. Les Lô Lô sont monogames. La jeune mariée vit dans la famille de son mari. L’adultère est condamnée dans leurs traditions. Par contre, le lévirat est toléré car le jeune frère du décédé peut prendre pour épouse sa belle-sœur. De même, le fils de la tante paternelle est permis d’épouser la fille de l’oncle maternel (cô cậu) mais il est strictement interdit de faire le contraire.

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Dans la famille, tout est décidé par le mari. Les filles héritent des bijoux de leur mère et reçoivent au moment de leur mariage une dot. Quant à l’héritage proprement dit, il revient aux enfants mâles de la famille. Quand une personne est décédée, la famille organise une cérémonie rituelle pour aider son âme de retrouver le chemin qui la conduit vers ses ancêtres. Connue sous le nom de « danse des esprits« , cette manifestation rythmée est dirigée par son beau-fils portant sur son épaule un sac contenant une balle en tissu représentant la tête du défunt. Parfois on trouve à la place de la balle  une courge ou un bout de bois sur lequel est dessinée la figure du défunt. Cela montre que les traces de la coutume de la chasse aux têtes restent encore vivaces chez les Lô Lô. Lors des funérailles, ce beau-fils doit porter l’une des extrémités du cercueil. Il lui revient ainsi qu’aux frères de la veuve de jeter les premières poignées de terre dans la tombe du défunt.

Les Lô Lô font une distinction très nette entre les ancêtres proches (moins de 5 générations) et les ancêtres éloignés. (au delà de sixième génération). Pour les ancêtres proches, il y a toujours un autel propre dans chaque famille tandis que pour les ancêtres éloignés, les rites ont lieu dans la maison du chef de la lignée (trưởng tộc).  Analogues aux Vietnamiens, les Lô Lô ont les tambours de bronze dont ils se servent seulement lors des funérailles. Ces tambours sont toujours en couple: un mâle et une femelle. Ceux-ci sont placés sur des supports à côté des pieds du défunt de manière que leurs tympans soient opposés l’un à l’autre. Puis un joueur se tient entre eux et les bat alternativement avec une seule baguette. Un battement pour le tambour-mâle, un autre pour le tambour-femelle, le tout est dans une cadence régulière.

Le joueur doit être un célibataire ou un homme marié dont la femme n’est pas enceinte au moment des funérailles. Etant considéré comme un instrument sacré, le tambour est enterré ou caché dans un endroit à la fois propre et discret. Il n’y a que le chef de la lignée familiale qui connait cet emplacement. Pour les Lô Lô, il y a une légende relative au tambour de bronze:

Il y avait une fois une inondation ayant englouti le pays et ses habitants. Ayant eu pitié pour une fille et son petit frère qui étaient sur le point de mourir, le Ciel se porta à leurs secours en mettant respectivement la fille dans le grand tambour de bronze et le jeune frère dans le petit tambour.  Ces instruments ne furent pas noyés par cette inondation, ce qui permit de les sauver. Après le déluge, ils se réfugièrent dans les montagnes et se marièrent. Ils  étaient devenus ainsi les ancêtres des humains ressuscités.

Analogues aux Vietnamiens et aux Chinois, les Lô Lô fêtent leur nouvel an auquel s’ajoutent d’autres fêtes et d’autres  rites (rite du riz nouveau par exemple). On n’oublie pas de citer aussi la danse au clair de lune, une danse pouvant durer toute la nuit et  réunissant soit une majorité de filles et de garçons du village, soit un groupe de jeunes filles ou de femmes mariées. La danse commence par la formation d’un cercle par les danseurs (ou danseuses). Ceux-ci mettent  les mains  sur les épaules des autres et ils sont accompagnés par des chants et des mouvements simulant les activités quotidiennes comme le pilage et le vannage du riz, la cueillette des fruits ou la broderie etc.  Etant la distraction préférée des jeunes, la danse au clair de lune a lieu sur un terrain proche ou au milieu du village et elle peut durer parfois jusqu’à la pointe du jour.

butvietBien que les Lô Lô ne soient pas nombreux au Vietnam, ils se distinguent facilement des autres ethnies par le flamboiement de leurs vêtements et l’attachement profond à la nature. 

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Références bibliographiques:

  • Ethnic minorities in Vietnam. Đặng Nghiêm Vạn, Chu Thái Sơn, Lưu Hùng . Thế Giới Publishers Hànội 2010
  • Mosaïque culturelle des ethnies du Vietnam. Nguyễn Văn Huy. Maison d’édition de l’éducation. 1997
  • Notes sur quelques danses de minorités ethniques du Nord Vietnam. Phạm Thị Điền. Etudes vietnamiennes. Tome 39 n°3

 

Les hottes (Gùi)

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Vietnamese version
English version

Analogue à la palanche des Vietnamiens, la hotte munie des bretelles accrochées aux épaules est très utilisée par les minorités ethniques, en particulier celles de la cordillère annamitique (Trường Sơn) pour transporter couramment les objets usuels (sarcloir, serpe etc. selon la saison ), les produits de la cueillette, des bûches ou de la viande dans leur vie journalière.


Les hottes sont de diverses tailles. La petite est employée pour la décoration et pour le détachement des grains des épis de riz tandis que la grande sert à contenir du riz ou du maïs. Certaines hottes au tressage clairsemé en bambou ou en rotin sont prévues pour transporter des bûches. D’autres sont destinées à contenir des calebasses d’eau recueillie d’une source de la montagne. Les Bahnar possèdent des hottes aplaties collées au dos tandis que les Ede se servent des hottes à quatre pieds qu’ils peuvent déposer par terre pour une pause avant d’entamer la traversée de la rivière. Parfois, on trouve des hottes à couvercle. Celles-ci sont destinées à contenir des objets précieux ou des vêtements. Certaines hottes prévues pour le dot de mariage témoignent non seulement d’un tressage extrêmement laborieux mais aussi d’une beauté originale illustrée par des couleurs et des motifs décoratifs traditionnels. Cela reflète aussi l’amour et les sentiments que le jeune marié souhaiterait adresser avec tendresse à la jeune femme de sa vie car le tressage est toujours le domaine réservé aux hommes.

 

Version vietnamienne

Tương tự như chiếc đòn gánh của người dân Việt, chiếc gùi được trang bị với các dây đeo ở trên vai và được trọng dụng bởi các dân tộc thiểu số, đặc biệt là những người ở dãy núi Trường Sơn nhầm  để vận chuyển các vật dụng thông thường như  cây cào cỏ, dao tía  tùy theo mùa), các sản phẩm thu hoạch, gỗ hoặc thịt trong cuộc sống hàng ngày của họ.

Những chiếc gùi  này có nhiều kích thước khác nhau. Chiếc nhỏ được dùng để trang trí và tách các hạt gạo, còn cái lớn dùng để chứa gạo hoặc ngô. Một số gùi  gỗ được làm bằng tre hoặc bằng mây được dùng để chở các khúc củi. Một số khác dùng để chứa  các quả bầu  đựng nước thu thập  được từ một con suối trên núi.

Người Bà Na có những chiếc gùi dẹt dính vào lưng trong khi người Ê Đê sử dụng những chiếc gùi có bốn chân để họ có thể đặt trên mặt đất để nghỉ ngơi trước khi bắt đầu vượt sông. Đôi khi các gùi có nắp đậy được trông thấy. Các  gùi  nầy nhằm mục đích chứa những vật dụng hoặc quần áo có giá trị. Một số gùi  dùng làm của hồi môn trong lễ  đám cưới, không chỉ thể hiện việc đan cực kỳ tốn công sức mà còn có vẻ đẹp nguyên bản được minh họa bằng màu sắc và các hoa văn trang trí truyền thống. Điều này cũng thể hiện tình yêu  và tình cảm mà chú rể muốn gửi  nhắn nhũ đến người thiếu nữ của  đời mình vì  đan dây vẫn là lĩnh vực dành riêng cho nam giới.

 

Version anglaise

Similar to the Vietnamese palanche, the basket with two shoulders straps is very used by  ethnic minorities, in particular those of the Anamitic Cordillera (Trường Sơn) for transporting commonly everyday objects (sarclois, billhook etc … depending on the season), food products gathered, logs or meat in their daily life.

The baskets are of various sizes. The small basket is used for the decoration and   detachment of rice grains with ears while the big basket serves to contain rice or maize. Some bamboo or rattan baskets in sparse braiding  are used for transporting wood logs. Others are intended to contain calabashes of water collected from a mountain source.

The Bahnar possess the baskets very flattened and glued on the back while the Ede use the four-leg baskets which  they can remove on the ground for a pause before starting the river crossing. Sometimes, one finds the baskets with cover. These ones are intended to contain precious objects or clothing.

Some baskets reserved for the dot of marriage testify not only of a weaving extremely laborious but also an original beauty shown by the colors and traditional decorative motifs. It also reflects the love and the feelings  the young husband would send with tenderness to the young woman of his life because the weaving is always the domain belonging to men.

 

Maisons des minorités ethniques

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Maisons des minorités ethniques du Vietnam.

Houses of ethnic minorities in Vietnam.

Version française

Version anglaise

Ở Tây Nguyên, sự giàu có của các dân tộc thiểu số thường thể hiện qua số  vò rượu mà họ có và được phô bài trong nội thất. Các vò  nầy  khác biệt với nhau nhờ hình dáng, kích thước và màu sắc. Có nhiều vò làm nổi bật các hoa văn được  chạm nổi  một cách tinh vi  và  thông thường được trông thấy  nhờ các bông hoa và các con rồng. 

La richesse des minorités ethniques vivant sur les Hauts Plateaux (Tây Nguyên) du Vietnam se mesure au nombre de jarres de bière de riz trouvées à l’intérieur de leurs maisons. Ces jarres se distinguent par leurs formes, leurs tailles et leurs couleurs. Certaines sont gravées avec des bas -reliefs illustrés souvent par des fleurs ou des dragons.

The wealth of ethnic minorities living in the Tay Nguyen Highlands of Vietnam is measured by the number of rice beer jars found inside their homes. These jars are distinguished by their shapes, sizes, and colors. Some are engraved with bas-reliefs, often depicting flowers or dragons.

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Musée de la tunique (Bảo tàng áo dài)

 

Version française

Version anglaise

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Galerie des photos

Bảo tàng áo dài

Muốn viếng thăm bảo tàng áo dài, cách thức hay nhất để di chuyển là xe bus số 88 ở gần chợ Bến Thành. Bãi đậu xe nó nằm ở công viên 23/9, không xa Macdonald ở đường Trân Hưng Đạo. Giá vé rât rẻ chỉ có 6000 đồng mà thôi và một ngày số chuyến có đến 240 chuyến, cứ 8 phút là có một chuyến. Sáng cư dân từ Long Phước ra chợ Bến Thành để buôn bán nên đông chớ chuyến đi ngược vào chợ Long Phước rất ít, nên đi rất thỏa mái. Phải trù liệu mất ít nhất một tiếng để đi, 2 tiếng để xem và 1 tiếng để trở về. Nói tóm là nửa ngày và phài xuống trạm Long Thuận, 2 trạm trước khi đên chợ Long Phước Xe bus có từ 5 giờ sáng đến 19h chiều. Xe bus chứa được 40 chổ ngồi. Còn đi taxi quá đắt và không đáng. Giá vé vào cửa là 100.000 đồng. Đây là một niềm mơ ước và một công trình độc đáo được gầy dựng bởi nhà thiết kế Sĩ Nham qua bao nhiêu năm sưu tầm về lịch sử áo dài. Đây cũng là một trong hai bảo tàng tư nhân ở thành phố Saigon.

Pour rendre visite au  musée de la tunique, le moyen de transport le plus simple est le recours au bus portant le numéro 88. Il est habitué à stationner à côté du parc 23/9, proche du restaurant Macdonald situé sur l’avenue Trần Hưng Đạo. Le prix du billet est de 6000 piastres seulement. On trouve qu’il y a au moins 240 aller-retours dans la journée, un bus partant toutes les huit minutes. Il est très agréable de  le prendre et d’en descendre à la station Long Thuận (deux stations avant le terminus) car il y a moins de gens pour aller dans la direction inverse de Saigon au marché Long Phước le matin.  Le bus démarre de 5h du matin jusqu’au 19h du soir. Il faut compter une heure pour l’aller, 2 heures de visite et une heure pour le retour. Bref, il faut perdre une demi-journée pour cette visite qui en vaut la chandelle car c’est un coin vraiment zen et intéressant pour la culture. Le billet d’entrée est à peu près de 4 euros. C’est un rêve et un projet unique que le grand couturier vietnamien Sĩ Nham a caressé et réalisé après tant d’années de recherche sur l’histoire de la tunique. C’est aussi l’un des deux musées privés à Saigon.


Du centre de Saigon center au musée Ao dai: 40 minutes. Du marché  Bến Thành au   musée Áo Dài prendre le  bus numéro 88: 60 minutes.


Version anglaise

To visit the Tunic Museum, the simplest means of transport is to take bus number 88. It usually stops next to the 23/9 park, near the McDonald’s restaurant located on Trần Hưng Đạo Avenue. The ticket price is only 6000 piastres. There are at least 240 round trips in a day, with a bus departing every eight minutes. It is very pleasant to take it and get off at the Long Thuận station (two stops before the terminus) because there are fewer people going in the opposite direction from Saigon to Long Phước market in the morning. The bus runs from 5 a.m. to 7 p.m. It takes about an hour to get there, 2 hours for the visit, and an hour to return. In short, you need to spend half a day for this visit, which is worth it because it is a truly zen and culturally interesting place. The entrance ticket costs about 4 euros. It is a dream and a unique project that the great Vietnamese couturier Sĩ Nham nurtured and realized after many years of research on the history of the tunic. It is also one of the two private museums in Saigon.


From Saigon center to Ao dai museum: 40 minutes. From Bến Thành market to Ao dai museum by bus number 88: 60 minutes.


Galerie des photos

[RETURN MUSEUM]

 

Khene or mouth organ

 


French version

Vietnamese version

Questions are being asked about the provenance of this mouth organ. Some scientists attribute in Laos its origin country. But others are very reluctant and skeptical. This is the case of  French researcher Noël Péri of French School of the Asian studies (EFEO).

For the latter, if the Vietnamese do not employ this mouth organ in the same form as the Laotian, the music instrument  often found however among certain tribes Mường (cousins of the Vietnamese) or Hmong living in Vietnam,  is identical to that of Laos. In addition, this mouth organ is frequently shown not only on the bronze drums and  situles but also on some Đồng Sơn ustensils. This is the case of the bronze  handle decorated with a male figuration. This one is shown sitting and playing the mouth organ. The music instrument is currently exposed to the history museum of Saigon. It must nevertherless be said with certainty it  dates from the bronze age ( between 3000 and 1200 before J. C. in Southeast Asia ) and it is invented by the Austroasiatics including the Laotian, the Hmong, the Mường, the Thaï, the Vietnamese, the Mnong etc. .. (The Hundred Yue or Bách Việt in Vietnamese).joueur_khen2

Khène  

At a certain time, it is important to remember the Laotian ( Si Ngeou branch or Tây Âu) and the Vietnamese (Lạc Việt branch or Luo Yue) were united together in the foundation of Âu Lạc kingdom of Thục Phán (or An Dương Vương) and engaged  in the fight against the Tsin of Shi Huang Di emperor (or the Chinese). According to French researcher Madeleine Colani, the khene does not exceed the Himalaya and the Brahmapoutre valley of India. But there are exceptions. This is the case of khenes possessed by the Dayaks of Borneo island in Indonesia because before their installation on this island, they were formerly established on the eastern coast of  Indochina. In keeping with the mouth organ of the Austroasiatic, the Chinese have invented the lusheng mentioned in the Che-King ( holy book of poetry) of Confucius.

According to French researcher Victor Goloubew, the  ancestors of the current Vietnamese, the Dongsonian played the khene with a calabash.

The khene is presented in many forms. According to Madeleine Colani, the Laotian type remains the most elegant and elaborated. In general, it is composed of an even number of tubes in bamboo, each fitted with a small hole to play and a free reed ( * ) (brass or silver) fixed at the level of the organ’s wind.

These pipes are assembled in pairs of the same length and in decreasing order of  magnitude from the mouth of the hollowed out  wooden tank and supplied with air by the player breath. The length of the tubes determines the height of the musical  note. When the khene will be more long, its tone will be more low. The number of pipes fixed on the organ’s wind can be variable and linked to the cultural tradition of each ethnic group. For the Hmong people living in the northern mountains of Vietnam or the Mnong of Central Highlands, there are only 6 tubes found in the constitution of this asian syrinx. As for the Thai people in the region Mai Châu (Vietnam), the number of tubes may amount to 14. 

Concerning the Laotian khenes, the number of tubes is variable:

-6 tubes the  length of which  can reach 40 cm with the khène hot,

-14 tubes with the khène jet

-16 tubes with khène baat.

This latter is the most widely used in Laos. In order to produce the sound, the player must hold between his two hands, the wood block where the hole is practiced and having the role of an air pocket. Then he obturates the holes of  tubes with his fingers in the purpose of vibrating the corresponding reeds by expiration or inspiration. 

Khene of the Vietnam’s Mnong

with 6 pipes (ou Mbuot)

m_buot

The khene is closely linked to religious rites and important events (fairs, weddings, funerals etc. .. ). It can be played solo or in group to accompany the dance or singing. Each ethnic group has its own legend concerning the khene. Through its music, this helps to bring the world of men closer to that of  spirits. For the Laotian as  some ethnic groups of Vietnam (Hmong, Thai etc. ), the khene symbolizes their cultural identity.

Laotian khene (16 tubes )

khenz_bambou

For the Hmong, the possession of a khene testifies to the pride of having the presence of a man of talent and strength in their household. In a Lao saying, to be a true Laotian, it is essential to know how to play the khene, to eat glutinous rice and fermented fish (the padek) and to live in a house on stilts. 

 

khene_laotienDespite its important role similar to that of the gongs of Highlands in Vietnam (Tây Nguyên), the khene continues to be neglected over the years by the young, because for the mastery of this mouth organ, it must have not only patience but also a musical gift. It is not in the scope of anyone because to be an accomplished player, it must know how to interpret a large number of basic melodies and dancing with the khene. 

Some melodies are used to evoke the aspects of nature and life. More than 360 melodies are reserved for the funeral. This proves that the khene occupies an key role in the social and spiritual life of ethnic minorities.

(*) a small metal plate (Lưỡi gà in vietnamese).

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Bibilographic references

Essai d’ethnographique comparée. Madeleine Colani, BEFEO, 1936,Vol 36, N°1, pp. 214-216
Hà Văn Tấn: Nouvelles recherches préhistoriques et protohistoriques au Vietnam.
Rapport sur une mission officielle d’étude musicale en Indochine. Péri Noël, G. Knosp. BEFO. 1912. Tome 12, pp 18-2
Pour continuer d’entendre le son du khèn des Hmongs. Hoàng Hoa. Courrier du Vietnam, 24.03.2012

Khène ou orgue à bouche (Khèn)

English version  

Vietnamese version

On se pose des questions sur la provenance de cet orgue à bouche ou khène. Certains scientifiques attribuent au Laos son pays d’origine. Mais d’autres sont très réticents et sceptiques. C’est le cas du chercheur français Noël Péri de l’Ecole Française de l’Extrême Orient (EFEO). Pour ce dernier, si les Vietnamiens n’emploient pas cet orgue à bouche sous la même forme que les Laotiens, celui qu’on trouve par contre chez certaines tribus Muong (cousins des Vietnamiens) ou Hmong vivant au Vietnam est identique à celui du Laos. De plus, cet instrument est illustré fréquemment non seulement sur les tambours de bronze et les situles mais aussi sur certains ustensiles dongsoniens. C’est le cas de la manche d’une louche en bronze décorée d’une figuration masculine, assise et jouant de l’orgue à bouche. Elle est exposée actuellement au musée de l’histoire à Saïgon.joueur_khen2

On est amené à affirmer néanmoins avec certitude que cet instrument de musique date de l’âge du bronze ( entre 3000 et 1200 avant J.C. en Asie du Sud Est) et qu’il est inventé par les Austro-asiatiques dont font partie les Laotiens, les Hmong, les Muong, les Thaïs, les Vietnamiens, les Mnongs etc.( les Cent Yue ou Bách Việt en vietnamien). Il est important de rappeler qu’à une certaine époque, les Laotiens (de branche Si Ngeou ou Tây Âu ) et les Vietnamiens (de branche Lạc Việt ou Luo Yue) étaient unis ensemble dans la fondation du royaume Âu Lạc (Si Ngeou) de Thục Phán (ou  roi An Dương) et dans la lutte contre les Tsin de Shi Huang Di (Tần Thủy Hoàng)  (ou les Chinois). Selon  la chercheuse française Madeleine Colani, les khènes ne dépassent  pas l’Himalaya et la vallée du Bramahpoutre de l’Inde. Mais il y a des exceptions. 

C’est le cas des khènes possédés par les Dayaks de l’île Bornéo en Indonésie car avant leur installation sur cette île, ils étaient établis naguère sur la côte orientale de l’Indochine. En s’inspirant de l’orgue à bouche des Austro-asiatiques, les Chinois ont inventé le lusheng mentionné dans le Che-King ( Livre saint de la poésie) de Confucius.

Selon Victor Goloubew, les Dongsoniens, les ancêtres des Vietnamiens actuels, jouaient du khène à calebasse

 


 Le khène se présente sous de multiples formes mais selon Madeleine Colani, le type laotien reste le plus élégant et le plus soigné. D’une manière générale, il est constitué d’un nombre pair de tubes en bambou munis chacun d’un petit trou de jeu et d’une anche (*) (en laiton ou en argent ) fixée à hauteur de la soufflerie. Ces tuyaux sont assemblés par paires de longueur identique et dans un ordre de grandeur décroissante à partir de l’embouchure du réservoir en bois évidé, alimenté en air par le souffle du joueur. La longueur des tubes détermine la hauteur de la note. Plus le khène sera long, plus son ton sera bas. Le nombre de tubes fixés sur la soufflerie peut être variable et lié à la tradition culturelle de chaque groupe ethnique. Pour les Hmong vivant dans les montagnes septentrionales du Vietnam ou les Mnongs des Hauts Plateaux, il n’y a que 6 tubes dans la constitution de cette syrinx asiatique. Quant aux Thaïs de la région Mai Châu (Vietnam), le nombre de tubes s’élève à 14.

Khène à 6 tuyaux (ou Mbuot) des Mnongs du Vietnam

En ce qui concerne les khènes laotiens, le nombre de tubes est variable:m_buot  soit 6 tubes dont la longueur peut atteindre 40 cm avec le khène hot,  soit 14 tubes avec le khène jet

soit 16 tubes avec le khène baat. Ce dernier est le plus couramment utilisé au Laos. Pour produire le son, le joueur doit tenir entre ses deux mains le bloc de bois où est pratiquée l’orifice et ayant le rôle d’une poche d’air. Puis il obture ensuite les trous des tubes avec ses doigts dans le but de faire vibrer les anches correspondantes par expiration ou inspiration.

khenz_bambou
Khène laotien (16 tubes)

 

Le khène est lié étroitement aux rites religieux et aux événements importants (foires, mariages, funérailles etc…). Il peut être joué en solo ou en groupe pour accompagner la danse ou le chant. Chaque ethnie a sa propre légende concernant le khène. Par le biais de sa musique, cela permet de rapprocher le monde des hommes et celui des esprits. Pour les Laotiens comme pour certains groupes ethniques du Vietnam (Hmongs, Thaïs etc.), le khène symbolise leur identité culturelle. Chez les Hmong, la possession d’un khène témoigne de la fierté d’avoir la présence d’un homme de talent et de force dans leur maisonnée.

Dans un dicton lao, pour être un vrai laotien, il est indispensable de savoir jouer du khène, manger du riz gluant et du poisson fermenté (le padèk) et habiter une maison sur pilotis

Malgré son rôle important similaire à celui des gongs des Hauts Plateaux du Vietnam (Tây Nguyên), le khène continue à être délaissé au fil des années par les jeunes khene_laotiencar pour la maîtrise de cet orgue à bouche, il faut non seulement de la patience mais aussi un don musical. Il n’est pas à la portée de n’importe qui car pour être un joueur accompli, il faut savoir interpréter un grand nombre de mélodies de base et danser au son de khène. Certaines mélodies permettent d’évoquer les aspects de la nature et de la vie. Plus de 360 mélodies sont réservées pour les funérailles, ce qui prouve bien que le khène occupe une place importante dans la vie sociale et spirituelle des minorités ethniques.

Khène

(*) une petite lamelle en métal (Lưỡi gà en vietnamien).

KHENE

Références bibliographiques

Essai d’ethnographique comparée. Madeleine Colani, BEFEO, 1936,Vol 36, N°1, pp. 214-216
Hà Văn Tấn: Nouvelles recherches préhistoriques et protohistoriques au Vietnam.
Rapport sur une mission officielle d’étude musicale en Indochine. Péri Noël, G. Knosp. BEFO. 1912. Tome 12, pp 18-2
Pour continuer d’entendre le son du khèn des Hmongs. Hoàng Hoa. Courrier du Vietnam, 24.03.2012

 

Musée d’ethnographie (Hànội)

 

Bảo tàng dân tộc học (Hà Nội).

Version française
English version
Liste des photos

Mặc dù  ở cách xa phố cổ, viện bảo tàng nầy vẫn là nơi  mà các du khách ngoại quốc không để mất cơ hội đến tham quan vì chính ở nơi đây nguồn gốc của người dân Việt được thấy rõ hơn hết. Họ không chỉ là người Kinh ngày nay, con cháu của người Việt cổ không mà còn có  hơn 53 dân tộc khác cùng chung sống rải rác ở trên mảnh đất hình chữ S nầy. Tất cả phần đông thuộc về đại tộc Bách Việt và có mặt trên bán đảo Đông Dương qua nhiều niên kỷ. Họ thuộc về văn hoá Hòa Bình mà nhà khảo cổ học người Pháp Madeleine Colani đã phát hiện vào năm 1922. Bảo tàng viện nầy là kết quả của sự hợp tác Pháp Việt. Công trình thiết kế thì do kiến trúc sư Việt  Hà Đức Lịnh gốc Tày  đảm nhận mà  còn phần nội thất  thì thuộc phần của  nữ kiến trúc sư người Pháp  Véronique Dollfus. Bảo tàng nầy được xây cất vào năm 1987 và được khánh thành mười năm sau vào năm 1997 với sự hiện diện của cố tổng thống Pháp Jacques  Chirac lúc có hội nghị thượng đỉnh  cộng đồng Pháp ngữ.  

Tọa lạc tại đường Nguyễn Văn Huyên, phường Quan Hoa, quận Cầu Giấy, thành phố Hà Nội, bảo tàng nầy gồm có 3 khu: một  khu chính  có  một  toà nhà hình dáng Trống Đồng, nơi nầy  hay thường trưng bày các tập tục và phổ biến  các dụng cụ  của 54 dân tộc ở Việt Nam  trên 2 tầng qua  các chi tiết, rất thú vị và cách bố trí  nội dung rất hợp lí. Đôi khi còn có sự trưng bày đặc biệt như các hình  ảnh trắng đen của nhà nhiếp ảnh Jean Marie Duchange ở những năm 50 của thế kỷ 20 chẳng hạn.  Còn một khu thì ở ngoài trời  với các ngôi nhà đặc trưng của người Việt hay các dân tộc anh em như dân tộc Dao, dân tộc Ê Đê, dân tộc Bà Na vân vân và có cả nhà mộ của người Gia Lai (Jarai). Khu cuối cùng  dùng để trưng bày  các hiện vật của các quốc gia ở Đông Nam  Á.  Có  thể  nói đây là một địa điểm du lịch có một không hai và không thể thiếu cùng với phố  cổ  khi có dịp đến tham quan thủ  đô Hànội.

English version

Although it is far from the old quarter, this museum remains a place that foreign tourists do not miss the opportunity to visit because it is here that the origins of the Vietnamese people are most clearly seen. They are not only the Kinh people of today, descendants of the ancient Vietnamese, but also more than 53 other ethnic groups living scattered across this S-shaped land. Most of them belong to the great Bach Viet tribe and have been present on the Indochinese peninsula for many centuries. They belong to the Hoa Binh culture, which was discovered by the French archaeologist Madeleine Colani in 1922. This museum is the result of French-Vietnamese cooperation. The design work was undertaken by the Vietnamese architect Ha Duc Linh, of Tay ethnicity, while the interior was the work of the French female architect Véronique Dollfus. The museum was built in 1987 and inaugurated ten years later in 1997 in the presence of the late French President Jacques Chirac during the Francophonie summit.

Located on Nguyen Van Huyen Street, Quan Hoa Ward, Cau Giay District, Hanoi City, this museum consists of three areas: a main area with a building shaped like a Bronze Drum, which often displays customs and popular tools of the 54 ethnic groups in Vietnam across two floors through very interesting details and a very reasonable content arrangement. Occasionally, there are special exhibitions such as black and white photos by photographer Jean Marie Duchange from the 1950s, for example. Another area is outdoors with characteristic houses of the Vietnamese people and ethnic groups like the Dao, E De, Ba Na, and even a tomb house of the Gia Lai (Jarai) people. The final area is used to display artifacts from countries in Southeast Asia. It can be said that this is a unique tourist destination and an indispensable place along with the Old Quarter when visiting the capital Hanoi.

Version française

Eloigné du vieux quartier de Hanoï, ce musée n’en reste pas moins un lieu que les touristes étrangers ne manquent pas l’occasion de visiter car c’est ici que l’on peut voir plus clairement l’origine du peuple vietnamien. Celui-ci est  constitué non seulement des descendants des Proto-Vietnamiens,  les Kinh d’aujourd’hui  mais aussi de 53 autres groupes ethniques vivant  dispersés sur cette terre en forme de S. Tous appartenaient au groupe austro-asiatique ou Bai Yue (Cent Yue) et  ils étaient présents sur la péninsule indochinoise depuis de nombreux siècles. Ils étaient les héritiers de la culture Hoà Bình que l’archéologue française Madeleine Colani eut découverte en 1922. Ce musée est le fruit d’une coopération franco-vietnamienne. Le projet d’architecture a été  conçu par l’architecte vietnamien d’origine Tày,  Hà Đức Linh tandis  le design intérieur revient à l’architecte française Véronique Dollfus. Ce musée fut construit en 1987 et inauguré dix ans plus tard en 1997 en présence du feu président français Jacques Chirac lors du sommet de la Francophonie.

Galerie des photos noir et blanc de Jean-Marie Duchange
sur les Hauts Plateaux du Vietnam  dans les années 50.

Étant situé à la rue Nguyen Van Huyen du quartier Quan Hoa, district Cau Giay de la ville de Hanoï, ce musée se compose de 3 zones:
-une zone principale a un bâtiment en forme du tambour de bronze où on a l’habitude de présenter souvent les us et coutumes et  de faire connaître  les outils de 54 groupes ethniques au Vietnam sur 2 étages à travers les détails très intéressants et la disposition de la présentation tout à fait rationnelle. Parfois il y a aussi des expositions spéciales comme les photos  en noir et blanc du photographe Jean Marie Duchange dans les années 50 du XXème siècle, par exemple.
– Une autre zone est en plein air avec la maison typique des Vietnamiens ou celle d’autres ethnies telles que les Yao, les Ede, les Bahnar, etc., et même la maison funéraire des Jarai
– La dernière zone est destinée à la présentation des artefacts de pays d’Asie du Sud-Est.

On peut dire que c’est une destination touristique unique et incontournable avec le vieux quartier de 36 rues et corporations lorsqu’on a l’occasion de visiter la capitale Hanoï. 

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