Chronologie des Han occidentaux ( Niên đại nhà Tây Hán)

Chronologie des Han occidentaux

Version vietnamienne


  • 202 av. J.C.: Liu Bang se proclame empereur. (Gaozu)
  • 195 av. J.C.: Mort de Gaozu.
  • 198-188 av. J.C. : règne de Huidi. (Hán Huệ Đế)
  • 188-180 av. J.C.: régence de Lu Hou (Lữ Hậu)
  • 180-157 av. J.C.: règne de Wendi. (Hán Văn Đế)
  • 157-141 av. J.C.: règne de Jindi. (Hán Cảnh Đế)
  • 154 av. J.C.: rébellion des Sept Royaumes.
  • 141-87 av. J.C. : règne de Wudi. (Hán Vũ Đế)
  • 87-74 av. J.C.: règne de Zhaodi. (Hán Chiêu Đế)
  • 80-68 av. J.C.: régence du général Huo Guang
  • 74 av. J.C.: règne de 27 jours de Liu He, empereur destitué.
  • 74-48 av. J.C.: règne de Xuandi. (Hán Tuyên  Đế) 
  • 48-33 av. J.C.: règne de Yuandi. (Hán Nguyên Đế) 
  • 33-7 av. J.C.: règne de Chengdi (Hán Thành Đế) 
  • 7-1 av. J.C.: règne de Aidi. (Hán Ai Đế)
  •  1 av.J.C.-5 après .J.C. : règne du jeune empereur Pingdi, empoisonné par Wang Mang. (Hậu Phế Đế)

 Une fois au pouvoir, Wang Mang (Vương Mãng) entama une série de réformes monétaires (3 fois en 9, 10 et 14 après .J.C.) et économiques du pays. Les classes les plus touchées étaient les nobles et les commerçants car à chaque changement de la monnaie, les pièces anciennes étaient échangées pour les neuves à un taux moins avantageux, ce qui incita les gens à fabriquer des fausses pièces au lieu de perdre leur valeur au change. Le faux-monnayage était sévèrement puni. Par contre, les paysans n’étaient pas touchés par cette réforme car ils vendaient leurs céréales en faible quantité pour l’achat des denrées nécessaires sur le marché et ils n’avaient aucun souci concernant le numéraire. Dès lors, Wang Mang s’attira la haine des nobles et des commerçants riches mais selon le sinologue suédois H. Bielenstein, au moment de la mise en place des réformes économiques, la véritable cause de sa chute était la série de calamités naturelles (sécheresse, inondation, sauterelles ) entraînant d’abord la famine, puis le banditisme, la révolte et enfin la guerre civile. L’inondation provoqua une vaste immigration des populations vivant dans les zones sinistrées. Ce désastre amena les réfugiés affamés à se regrouper en bandes pillant les régions qu’ils traversaient et à se soulever contre les troupes gouvernementales censées de les réprimer. Connues sous le nom de Sourcils Rouges (Xích Mi) du fait qu’elles se teignaient en rouge les sourcils, ces hordes ne tardèrent à obtenir la première victoire en l’an 22 et commencèrent à envahir les autres régions de l’ouest. Entre-temps, il y avait des révoltes menées par l’aristocratie Han mais elles avaient toutes été étouffées et matées sévèrement car elles manquaient le soutien populaire. Il faut attendre treize années de guerre civile pour que le clan Liu retrouva confiance en Liu Xiu (ou Lưu Tú), un personnage talentueux et magnanime connu plus tard sous le nom Guangwu (Hán Quang Vũ Đế) pour restaurer l’empire et la dynastie des Han. 

C’est le début de la période des Han orientaux. (Đông Hán). Lors de son avènement au pouvoir, il ne cessa pas d’agir en faveur des pauvres et des esclaves. Contrairement à Wudi, il pratiqua la politique de non-intervention dans les pays vassaux. Pourtant c’est lui qui envoya plus tard Ma Yuan (Mã Viên) pour mater la révolte des sœurs Trưng Trắc Trưng Nhị dans le territoire des Yue. Il était considéré comme l’un des grands empereurs de la dynastie des Han avec Wudi par les historiens. 

Lors des fouilles archéologiques, on sait que les fils des Han furent en avance sur les Romains dans plusieurs domaines à cette époque. Ils furent les premiers à inventer un produit permettant de véhiculer leur pensée et leur savoir. Ils l’appelaient souvent sous le nom « zhi » ou (giấy ou papier en français). En 105 de notre ère, un eunuque de nom Cai Lun (Thái Luân) de la cour impériale observant la façon dont les guêpes se servaient pour mastiquer les fibres de bois dans la construction de leur nid cartonné, eût l’idée de les imiter et inventa ainsi le papier qui sera présenté plus tard à l’empereur Hedi (Hán Hòa Đế) de la dynastie des Han orientaux. (Đông Hán). L’archéologie a contredit récemment cette version car on a retrouvé des fragments de papiers issus des fibres végétales nettement antérieurs à l’époque de Cai Lun, certains datant du règne de Wudi et d’autres exhumés des tombes de la fin des Han occidentaux et du début des Han orientaux. Il est très fréquent de relever les incohérences chronologiques que les Chinois ont voulu introduire délibérément dans leur histoire traditionnelle établie jusque-là par les dynasties, en particulier celle des Qin et de Han, dans l’orthodoxie confucéenne et dans la période de conquête et d’annexion de nouveaux territoires si on continue à avoir un esprit cartésien.

Les démiurges chinois tels que Fuxi (Phục Hi) , Nuwa (Nữ Oa), Pangu (Bàn Cổ), Shennong (Thần Nông) ont été empruntés aux populations méridionales. C’est le cas du grand érudit chinois Ruey Yih-Fu qui voit en Fuxi et Nuwa un trait culturel spécifique des Nan Man (Man Di) (Barbares du Sud) ou celui de Le Blanc, le traducteur de Huainanzi (Hoài Nam Tử). Pour ce dernier, le cycle de Fuxi-Nuwa est une tradition du royaume de Chu (Sỡ Quốc). Les fils des Han introduisaient même dans leur littérature un mythe de création Pangu recueilli chez les ancêtres de Yao (Baptandier). L’archéologue chinois Yan Wenming décrit cela comme le produit unique d’une multiplicité d’origines ou il faut être comme le sinologue célèbre Chang Kwang-Chih pour parler d’un phénomène au sein d’une sphère d’interaction culturelle. 

Jusqu’alors, les fils des Han écrivaient au pinceau ou à l’encre à base de noir de fumée sur des tablettes de bois, des planchettes de la soie ou de bambou. Il semble que selon certains archéologues, la méthode de fabrication que Cai Lun présenta à l’empereur Heidi en l’an 105 n’était que la synthèse et l’amélioration des expériences antérieures dans le but de faciliter le remplacement progressif de la soie et du bambou par le papier qui était moins onéreux face à l’accroissement des demandes de cette époque.

Structure des tombes

Au début de la période des Hans occidentaux, les tombes à fosse verticale étaient encore nombreuses. Cette tradition architecturale est illustrée par les tombes de la marquise Dai à Mawangdui, près de Changsha (Hunan), celles de Dabaotai près de Pékin et de Fenghuangshan près de Jiangling (Hebei). Puis celles-ci sont remplacées au fil des années par le modèle de la tombe horizontale qui se répandait dans tout l’empire des Han.

De nombreux facteurs contribuèrent à ce changement et donnèrent à l’art funéraire un nouvel éclat. Outre les dimensions imposantes des sépultures, on constate la richesse de leur mobilier funéraire et les croyances religieuses liées à la mutation vers l’au-delà des Han. C’est pour cette raison que les princes, les nobles, les grands propriétaires terriens, les officiers de l’armée, les riches commerçants n’hésitaient pas à afficher les privilèges de leur position sociale et de leur fonction qu’ils espéraient maintenir dans la vie de l’au-delà (renxun) et à montrer leur ardeur de piété et de dévotion vis à vis du défunt en tentant de lui donner tout ce dont il avait besoin à travers les objets funéraires (ou mingqi) (objets de l’esprit)(Minh Khí). Ceux-ci exécutés sous le règne des Han étaient particulièrement raffinés. Dotés d’une signification symbolique, ils comprenaient des modèles réduits de vases rituels et d’instruments de musique destinés aux rites et aux cérémonies, de bâtiments agricoles ou d’habitations.

Techniques et inventions sous les Han

Sous les Han, les Chinois écrivaient beaucoup: des rapports gouvernementaux, des poèmes, des récits historiques, un gigantesque dictionnaire et un recensement à l’échelle nationale en l’an 2 après J.C. avec 57.671.400 habitants. Au début des Han orientaux, le papier en chanvre, de piètre qualité, était utilisé pour emballer les poissons. À partir du IIIè siècle, le papier devint le support d’écriture principal en Chine. Lorsque l’empereur se déplaçait sur son char, il était protégé contre le soleil et la pluie par un dais circulaire pouvant se refermer grâce à un système de baleines métalliques coulissantes.

On sait que les fils des Han se servaient de la brouette et la poulie pour déplacer les marchandises tandis que dans l’agriculture, ils recouraient au marteau à bascule pour broyer des céréales et des minerais. C’est sous le règne des Han que les Chinois se servaient des roues à aubes pour divers usages. Grâce au contact avec les barbares du Nord, les Xiongnu, les artisans chinois empruntaient à ces derniers les techniques qu’ils réussiraient à maîtriser et à produire des objets d’une qualité exceptionnelle. C’est ce qu’on a découvert lors des fouilles dans les tombes princières avec les ornements de char, la vaisselle, les bijoux, les boucles des ceintures etc… Pour parer aux calamités telles que les séismes, l’érudit chinois Zhang Heng inventa en 132 après J.C. le premier sismomètre au monde pour pouvoir alerter la cour des Han et indiquer la direction de l’épicentre du séisme. L’invention de l’odomètre lui revint aussi en même temps le premier globe céleste rotatif. C’est en Chine qu’est née la porcelaine dont la pureté et la blancheur permettent de justifier le nom avec lequel les Italiens la nommèrent « la coquille nacrée (porcellana) » au XVème siècle. L’élément principal entrant dans la composition de la porcelaine est le kaolin connu à l’époque des Han orientaux. Sous le règne de ces derniers, la porcelaine commença à connaître un véritable essor. À l’époque des Hans occidentaux et antérieurement (les Royaumes Combattants), les Chinois surent établir des cartes géographiques qui étaient peintes sur soie et conservées dans des boîtes. Envoyé par le prince Dan de Yan à l’époque Printemps et Automnes (Xuân Thu), le héros Jing Ke (Kinh Kha) compta se servir d’une carte pliée pour dissimuler un poignard et pour assassiner Qin Shi Huang Di. C’est seulement en 1973 qu’on découvre l’existence de ces cartes dans la tombe n°3 de Mawangdui (168 av.J.C.). Celles-ci (2 cartes et un plan de ville) constituent ainsi les plus anciennes cartes en Chine et dans le monde. Dans le domaine astronomique, la Chine des Han connut un développement remarquable. Le texte d’astronomie découvert dans la tombe 3 de Mawangdui (168 av. J.C.) rapporte avec précision les observations liées au mouvement des cinq planètes durant la période 246-177 av. J.C. Le voyage complet de Saturne dans le ciel est compté pour 30 ans, un chiffre qui n’est pas loin de 29,46 années données par les astronomes d’aujourd’hui.

Le jade est l’une des pierres les plus difficiles à travailler. Pourtant depuis la période Néolithique, les lapidaires chinois réussirent à sculpter habilement le jade en se servant probablement des pâtes de quartzite ou des grenats, ce qui lui confère une valeur artistique exceptionnelle avec les anneaux, des cercles, des représentations de dragons etc.. Durant la période des Shang (Triều đại Thương Ân), le jade fut destiné pour la fonction purement ornementale. C’est ce que les archéologues ont découvert dans la tombe de la reine Fu Hao (Phụ Hảo)(755 jades retrouvés). Puis pendant la période des Zhou occidentaux, on prit l’habitude de couvrir les défunts de masques et de pectoraux composés de plusieurs pièces. C’est un signe de distinction ou de noblesse en posant des pectoraux sur le corps du défunt vêtu de soie décorée. Les masques et les linceuls n’étaient pas destinés à la fonction décorative mais ils avaient une fonction religieuse en quête d’immortalité sous les Han. Les petites amulettes en jade étaient utilisées pour sceller les 9 orifices du corps du défunt afin de permettre à son esprit de vivre dans l’au-delà. Par contre on ne connait pas le rôle du bi en jade, placé sur le front du roi de Nanyue, Zhao Mo (Triệu Muội). Les linceuls du frère de l’empereur Wudi, Liu Shen et de son épouse,  la princesse Dou Wan, retrouvés à Mancheng et composés de 2498  plaquettes de jades de différentes tailles cousues avec du fil d’or, témoignent de la parfaite maîtrise des lapidaires chinois dans la création des suaires de ce type et de luxueux objets ornementaux à partir des Han.

Les Chinois avaient l’habitude de laquer les supports les plus divers. Certains objets laqués, notamment une tasse en bois rouge trouvée dans une tombe du Zheijang (Chiết Giang) révèlent leur savoir-faire extraordinaire dès le Néolithique (Vème-IVème millénaires avant notre ère). Il faut rappeler que cette région appartenait au royaume de Wu (Ngô Việt) faisant partie de l’ancien territoire des Baiyue avant d’être annexé par le royaume de Chu qui sera conquis plus tard par Qin Shi Houang Di lors de l’unification de l’empire. S’agit-il de leur savoir-faire ou celui des Bai Yue? En tout cas, à l’imitation du royaume de Chu, les fils des Han font preuve de la parfaite maîtrise dans l’art d’incurver le bois en créant des œuvres originales et stylisées de grande qualité qui rendent les archéologues muets d’admiration lors de leurs fouilles archéologiques. Ces laques rappellent les motifs et les dessins compliqués trouvés sur des vases en bronze. Ils réussirent à faire le laque comme le produit phare sous le règne des Han. On sait que les objets laqués enfouis dans les tombes peuvent se conserver pendant des dizaines de siècles grâce à la présence d’une enzyme agissant comme catalyseur-protéique (urushiol) sur la fine pellicule des objets, insensible à la chaleur et imperméable à l’eau et aux acides corrosifs. Plus d’une centaine des objets laqués ( plateaux, tasses à poignées en oreillettes (erbei), des vases etc…) ont été exhumés à Mawangdui près de Changsha (Hunan). D’autres œuvres originales en très bon état ont été récupérées dans la tombe du marquis Yi de Zeng à Leigudun (Hubei).[RETOUR]

Références bibliographiques:

  • La Chine des Han. Histoire et civilisation. Office du Livre. 1982
  • Splendeur des Han. Essor de l’empire céleste. Editeur Flammarion. 2014
  • Chine ancienne. Des origines à la dynastie des Tang. Maurio Scarpari. Gründ.
  • Trésors de Chine millénaires mais intacts. National Geographic. Octobre 2001
  • La dynastie des Han. Vingt siècles d’influence sur la société chinoise. National Geographic. Février 2004.
  • Chine. La gloire des empereurs. Paris Musées. Editions Findakly.
  • La Chine des premiers empereurs. Editions Atlas. 1991
  • Splendeurs des Han. Essor de l’empire céleste. Editions des Beaux Arts. 2014.

Chronologie des Han orientaux(suite)

Dynastie des Han: Art de vivre

Version vietnamienne

Art de vivre

Sous les Han, la société chinoise était tellement structurée de manière que seuls, les lettrés et paysans fussent bien respectés par rapport aux artisans et aux commerçants selon le Hanshu de Ban Gu au 1er siècle. Pourtant il n’y a que ces derniers qui profitaient ainsi du système économique de l’empire malgré une grande quantité de restrictions imposées par le pouvoir impérial. La multiplication des entreprises privées et l’ouverture des routes commerciales (route de la soie par exemple) leur permirent de s’enrichir facilement. Ils vendaient des commodités et des luxueuses marchandises superflues très prisées par l’aristocratie Han et les propriétaires terriens. Grâce à l’art funéraire, on est amené à tirer des enseignements utiles sur l’art de vivre ainsi que celui de divertissement de cette époque. La soie est réservée pour la cour, la noblessse et les officiels tandis que le lin est pour le peuple, dans son costume traditionnel agrémenté d’accessoires illustrant ainsi son statut social. La soie connait un remarquable essor car elle fait l’objet d’un commerce de luxe mais elle est utilisée aussi dans le système de tribut pour les Xiongnu et les pays vassaux. En 1 avant J.C., les dons de soie atteignirent leur maximum avec 370 vêtements , 30.000 rouleaux de soieries et 30000 jin de bourre de soie. Les commerçants profitèrent des échanges pour lancer un commerce lucratif avec les étrangers, en particulier avec les Parthes et les Romains. Des ateliers privés firent concurrence aux ateliers impériaux.

Bannière funéraire trouvée dans le cercueil de madame Dai

Cela favorisa la production de la soie et amplifia la diversité régionale. Le tissage révèle un haut niveau de technicité car une chemise de soie longue de 1,28 m et d’une envergure de 1,90 m trouvée dans la sépulture de la marquise Dai ne pesait que 49 grammes. Outre la bannière de soie recouvrant le cercueil de la défunte et décorée de peintures illustrant la cosmogonie taoïste, on a découvert de plus les manuscrits sur soie (Yijing (Di Kinh), deux copies de Daodejing (Đạo Đức Kinh), deux traités médicaux et deux textes sur le Yin-Yang, trois cartes dans l’une des trois tombes de Mawangdui, certains étant écrits dans un mélange de lishu (écriture des scribes) et de xiaozhuan (petite écriture sigillaire) datant du règne de Gaozu (Hán Cao Tổ), d’autres rédigés complètement en lishu datant du règne de Wendi. Malgré son prix onéreux, la soie est préférée car elle est plus maniable, plus légère et plus facile à transporter par rapport aux fiches en bois. Sous les Han, la laque dont le travail est encore considéré comme un artisanat raffiné, commença à envahir les demeures des riches.

Ceux-ci, à l’imitation de l’aristocratie du royaume de Chu, se servaient pour la table, de la vaisselle en bois laqué, le plus souvent rouge à l’intérieur et noir à l’extérieur avec des motifs peints rehaussés, ces couleurs correspondant bien à celles du Yin (noir) et du Yang (rouge). Il en est de même pour les plateaux et les boîtes destinées à ranger les vêtements pliés, les objets de toilette, les manuscrits etc.. Pour les familles princières, c’est le jade qui remplace le laque. Quant aux gens du peuple, la céramique est utilisée  avec le bois pour leur vaisselle. Semblables à des plateaux individuels circulaires ou rectangulaires, les tables basses, en général sur pieds, sont utilisées pour servir les repas. Ceux-ci sont bien garnis avec plats, baguettes (kuaizi), cuillères, coupes à oreilles erbei pour boire de l’eau et de l’alcool. En ce qui concerne la nourriture de base, le millet et le riz sont les céréales les plus appréciées.
Le millet est réservé pour les jours de fête dans le nord de la Chine tandis que le riz, produit de l’ancien royaume de Chu, est cantonné dans le Sud de la Chine car il s’agit d’un produit de luxe. Pour les pauvres, le blé et le soja restent dominants dans leur repas. L’alimentation chinoise est à peu près identique à ce qu’elle était à l’époque de Qin. Le geng, une sorte de ragoût, reste le plat traditionnel des Chinois où sont mélangés des morceaux de viande et des légumes. Mais, suite à l’expansion territoriale et à l’arrivée et l’acclimatation de nouveaux produits venant d’autres coins de l’empire, les innovations commencent à apparaître peu à peu dans la fabrication des nouilles, des plats  à la vapeur ainsi que des gâteaux à partir de la farine de blé. Le rôti, le bouilli, le frit, la cuisson à l’étouffée et à la vapeur font partie des modes de cuisson. On se sert de la natte pour s’asseoir dans toutes les couches de la société jusqu’à la fin de la dynastie. Elle est maintenue en place aux quatre coins par des petits poids en bronze et de forme sphérique représentant des animaux lovés: tigres, léopards, cerfs, moutons etc … Pour pallier à l’inconfort provoqué par la station agenouillée sur les talons, on se sert des appui-dos ou des appui-bras en bois laqué. La natte est employée aussi dans le centre et le sud de la Chine par les gens modestes pour dormir. Par contre dans le nord de la Chine, à cause du froid, on doit recourir à un kang, une sorte de lit en terre revêtu de briques et recouvert de nattes et de couvertures. Sous ce kang, il y a un système de canalisations permettant de diffuser la chaleur entretenue à partir d’un foyer situé à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison.

Loisirs et plaisirs ne sont pas oubliés non plus au temps des Han

Grâce aux textes, on sait que la tradition musicale de Chu a tenu une place importante dans la cour des Han qui continuait à l’apprécier. Selon le sinologue français J.P. Diény, les Han préférèrent à toute autre musique celle qui faisait pleurer. Les thèmes favoris dans les chansons tournaient autour de la séparation, de la fuite du temps et des plaisirs. C’est dans les tombes princières qu’on découvre les figurines de danseuses (mingqi)(minh khí). Celles-ci révèlent à travers leur geste, l’habileté à tracer des arabesques dans l’air avec les longues manches de leur robe. Les danses basées sur les mouvements des vêtements provoqués par la torsion du corps et par les bras donnent à la danseuse accompagnée par le chant parfois mélancolique, un portrait vivant de l’art chorégraphique des Han. Pour ces derniers, la famille est dans la conception confucianiste, l’unité de base du système social autour de laquelle s’effectuent le culte des ancêtres, les rites, les banquets et les mariages qui donnent durant toute l’année tant d’occasions et de prétextes pour la musique de les accompagner et de rendre harmonieuse la vie. Etant symboles d’autorité et de pouvoir, les carillons de bronze ne peuvent pas être absents. Ils sont utilisés fréquemment dans les cérémonies rituelles mais aussi dans la musique de cour. Grâce aux fouilles archéologiques, on sait que la vie des cours princières Han était ponctuée de banquets, de jeux et de concerts accompagnés de danses et de l’acrobatie. Quant au divertissement, il était réservé uniquement aux hommes. Le liubo (une sorte de jeu d’échecs) était l’un des jeux les plus populaires de l’époque avec le jeu des dés pouvant compter jusqu’à 18 faces. Il vaut mieux jouer plutôt rester oisif, c’est le conseil de Confucius donné dans ses « Entretiens ».

Contrairement à l’archéologie des périodes antérieures, celle des Han nous permet d’accéder au domaine de l’intime comme le maquillage des femmes. Celles-ci recourent au fond de teint de poudre de riz ou de céruse pour maquiller leur visage. Les taches rouges sont appliquées sur les pommettes, les cernes sous les yeux, les mouches sur la joue, la touche de couleur sur les lèvres etc… L’éducation des jeunes fut prioritaire à l’époque des Han. Dès l’enfance, on inculpait l’obéissance, la politesse et le respect envers les aînés. À dix ans, le garçon commençait à recevoir les leçons d’un maître. Il devait étudier les Entretiens de Confucius (Lunyu), la Classique de la piété filiale (Xiao jing) etc… avant d’aborder entre quinze et vingt ans la lecture des Classiques. Considérée comme inférieure à l’homme, la femme était obligée d’apprendre dès son jeune âge le travail de la soie, la cuisine et posséder les qualités majeures qui lui étaient inculquées: la douceur, l’humilité, la maîtrise de soi. Elle devait être soumise aux trois obéissances (Tam Tòng): enfant à son père, mariée à son époux, veuve à son fils. Elle pouvait être mariée vers 14-15 ans dans le but d’assurer la pérennité de la lignée familiale. Malgré ces contraintes confucéennes, la femme continuait à exercer un réel pouvoir au sein de la structure familiale, notamment dans la relation entre mère et fils. Le souci d’honorer les défunts amène les Han, en particulier ceux de l’Ouest de créer des sépultures extravagantes et de véritables trésors qu’étaient des suaires de jade pour la quête d’immortalité. C’est le cas de la sépulture du père de l’empereur Wudi, Han Jing Di. Pour le moment, les archéologues ont déjà extrait plus de 40 000 objets funéraires aux alentours du tumulus de l’empereur. Il faut s’attendre que tout ce complexe funéraire livre entre 300.000 et 500.000 objets car il reste outre le tumulus, deux fosses distinctes à explorer, celle de l’impératrice et de la concubine favorite Li de cet empereur. Selon un archéologue chinois chargé de cette exploration, ce n’est pas l’importance du nombre d’objets découverts mais c’est plutôt celle de la signification de chacune des trouvailles récupérées dans ce complexe funéraire. On est amené à croire que les Han occidentaux ont l’habitude de priser les monuments funéraires vraiment grandioses malgré leur parcimonie révélée à travers une série d’objets qui sont beaucoup plus petits que ceux des tombes Qin.[RETOUR]

 

Chronologie des Han occidentaux (Suite)

Conquêtes chinoises: Nan Yue et Yelang

Version vietnamienne
Au moment où Zhang Qian fut chargé d’aller chercher en l’an -126 les alliances pour mettre en tenaille les Xiongnu, ceux-ci continuèrent à monter des raids de plus en plus meurtriers avec plusieurs milliers de Chinois morts ou captifs vivant dans les commanderies frontalières (Dai, Yanmen ou Shang) au nord de la Chine, ce qui obligea Wudi, plus sûr de la consolidation de son pouvoir et de ses arrières, à adopter une nouvelle politique vis à vis de ces « barbares ». Désormais, les offensives chinoises destinées à empêcher une concentration Xiongnu en lisière du territoire chinois étaient plus fréquentes.

Le premier succès eut lieu en automne -128 dans la région de Yuyang avec Wei Qing (Vệ Thanh), le nouvel héros de l’armée chinoise. Il fut suivi par d’autres conquêtes éclatantes et décisives au printemps -121, conduites par Huo Qubing (Hoắc Khứ Bệnh), fils de la sœur aînée de Wei Qing et « champion de l’armée » avec le titre de Guanjun accordé exceptionellement par Wudi en choissisant une nouvelle tactique de frapper comme la foudre,  la tête des armées Xiongnu au cœur de leur territoire, ce qui permit aux Chinois de reconquérir l’Ordos, toute la zone au sud de la boucle fleuve Jaune (Hoàng Hà), de fonder les commanderies de Shuofang et de Wuyuan et de déporter des gens dans les zones conquises dans le but d’apporter à long terme une logistique non négligeable à l’armée dans la poursuite des ennemis vers d’autres régions lointaines et inconnues. L’empire de Wudi avait le moyen de pratiquer cette politique de colonisation avec une population de 50 millions d’habitants à cette époque. On estima à plus de 2 millions de Chinois déplacés sous le règne de Wudi le long de la frontière nord. Cette politique fut  payante car ces colonies agricoles devinrent définitivement quelques années plus tard le rempart sûr de la Chine face à ces « barbares ». Cela nous fait penser à la politique des Vietnamiens dans la conquête du Champa et du delta du Mékong et celle des Chinois dans le Tibet d’aujourd’hui. Le harcèlement incessant des Xiongnu excités comme des guêpes dérangées de leurs nids, obligea Wudi à changer la tactique en donnant priorité désormais au front nord et en abandonnant provisoirement toutes ses ambitions territoriales au sud-ouest de son empire dans la région de Yunnan et dans le royaume de Nanyue (Nam Việt) dont faisait partie autrefois le Nord Vietnam.

Grâce à la stratégie immuable suivante:

1°) Attaquer et refouler les Xiongnu le plus loin possible dans leurs territoires par l’effet de surprise.

2°) Déporter les populations victimes des inondations ou les gens condamnés dans les zones conquises à leurs adversaires Xiongnu et y créer de nouvelles commanderies. C’est le cas des commanderies de Jiuquan, Dunhuang, Zhangye et Wuvei tout le long du corridor du Gansu.

3°) Affaiblir les Xiongnu en jouant la carte de division et séduire les nouveaux alliés Xiongnu avec le système de tribut. (création de cinq états indépendants alliés (ou shuguo) servant de tampon entre son empire et les Xiongnu ennemis sous son règne)

Wudi réussit à freiner ainsi l’élan des belligérants Xiongnu. Ceux-ci furent obligés de transférer leur quartier général à proximité du lac Baïlkal (Sibérie) et desserrer leur emprise sur tout le Turkestan oriental.

Cela permet à Wudi d’avoir les mains libres et retrouver le désir expansionniste vers le Sud et vers le nord-est afin d’assurer le commerce et d’avoir d’autres alliés depuis que Zhang Qian lui avait tenté de miroiter l’existence d’une voie directe permettant de rejoindre le royaume de Shendu (l’Inde) à partir du royaume Shu (conquis par Shi Huang Di à l’époque de Printemps et Automnes (ou Chunqiu, 722-453 avant J.C.). Cette déduction instinctive, Zhang Qian l’a eue au moment de son séjour à Daxia (Bactriane) où il avait découvert, les produits de Shu (bambous, toiles etc..) acheminés par cette voie d’accès direct. Wudi tenta de réutiliser la même stratégie qu’il avait optée pour les Xiongnu.

Annexion des royaumes du Sud

Profitant de la dissension des Yue et de la mort du roi de Nanyue Zhao Yingqi ( Triệu Anh Tề), Wudi trouva l’occasion d’incorporer le royaume du Nanyue à son empire. Puisque le nouveau roi Zhao Xing (Triệu Ái Đế) n’avait que 6 ans, la régence revint à sa mère, une Chinoise de nom Jiu (Cù Thị). Celle-ci ne cacha jamais son attirance pour son ancienne patrie car elle était très impopulaire auprès de ses sujets Yue. Wudi tenta de la soudoyer en proposant à cette dernière un marché ayant pour but l’incorporation du royaume Nanyue à son empire en échange des titres royaux. Ce projet fut avorté à cause d’un coup d’état organisé par le premier ministre Lữ Gia (Lữ Gia) soutenu en grande majorité par les Yue. Cette reine traîtresse, son fils, le nouveau roi et les officiels Han furent massacrés par Lü Gia et ses partisans Yue. Ceux-ci installèrent le nouveau roi Zhao Jiande (Triệu Dương Đế) dont la mère était une Yue. Furieux, Wudi ne put pas laisser impuni un tel affront lorsqu’il avait l’occasion de s’approprier définitivement une région connue pour ses richesses naturelles et pour ses ports Canton et Hepu facilitant l’accès à la mer du Sud. Au dire des commerçants chinois, l’économie était florissante à Nanyue car on y trouvait non seulement les perles, les cornes des rhinocéros, les carapaces de tortues mais aussi les pierres précieuses et les essences d’arbres. Ces produits exotiques deviendraient ainsi des objets de mode auprès de la cour des Han.

L’expédition militaire fut dirigée par le général Lu Bode (Lộ Bác Đức) avec cent mille marins des bateaux à tours acheminés sur place pour mater la révolte de Nanyue. Il fut secondé dans cette mission par Yang Pu (Dương Bộc) connu pour son caractère cruel et impitoyable envers ses victimes comme un faucon sur ses proies. Par contre, Lu Bode magnanime joua sur sa réputation et invita ses ennemis à se rendre. Il réussit à avoir l’adhésion des Yue à la fin de l’affrontement militaire. Quant à Lü Gia et à son jeune roi Zhao Jiande, ils furent capturés au printemps -111 lors de leur fuite. Leurs têtes furent exposées à la porte nord du palais du Chang An (Trường An). Connu pour sa suprématie régionale, la défaite de Nanyue sonna le glas des espoirs Yue et obligea les autres à se soumettre aux Han. C’est le cas des Ou de l’Ouest (Tây Âu)  et du roi de Cangwu, (Kouangsi) (Quảng Tây) ainsi le royaume Yelang (Dạ Lang) situé à cheval à cette époque sur les territoires de Guizhou (Quí Châu) et de Kouangsi. Le Nord Vietnam fut occupé également par les Chinois qui tentaient de pousser leurs avantages jusqu’à Rinan dans l’Annam.

Wudi divisa le Nord Vietnam en deux commanderies: Jiaozhi (Giao Chỉ) and Jiuzhen (Cửu Chân). La capitale administrative de Jiaozhi fut au début à Miling (Mê Linh) puis elle fut transférée plus tard à Lũy Lâu dans la province de Bắc Ninh. Face à la dislocation de Minyue (Mân Việt) et à la résistance d’une partie de la population de ce dernier ((Dong Yue)(Đông Việt) que Wudi considéra comme une source de trouble dans le futur, il n’hésita pas à employer les grands moyens. Il publia un décret permettant de vider la population de ce royaume en l’an 111 avant J.C. par la déportation de tous les autochtones dans une autre zone située entre la rivière Huai et le fleuve Yanzi.

Grâce à la conquête des territoires des Yue et de Yelang, Wudi réussit à entrer en contact pour la première fois avec le royaume de Dian et à connaître son importance. Il ne tarda pas à y dépêcher les envoyés dans le but de convaincre le roi Changqian de ce royaume de venir à Chang An pour faire acte d’allégeance. Face à la réticence de Changqian, Wudi donna l’ordre de liquider toutes les tribus hostiles, en particulier les Laojin et Mimo tentant de bloquer la voie méridionale évoquée par Zhang Qian pour atteindre Daxia et l’Asie centrale. On parla plus de ving mille ennenis tués ou capturés lors de cette intervention. Le roi Changqian de Dian fut obligé de se rendre avec ses sujets. Au lieu de le punir, il fut épargné par Wudi en raison de sa lointaine ascendance chinoise et reçut comme le roi de Yelang le sceau d’investiture royale pour administrer le territoire annexé. Son royaume fut transformé désormais en commanderie de Yzhou en -109 avant J.C. C’est ainsi que se termine l’annexion au sud-ouest de la Chine (Yunnan) par Wudi. Selon l’historien Sima Qian, la question des relations entre Chinois et barbares du Sud-Ouest advint car quelqu’un voit une sauce « ju » à Panyu (Canton) et les gens de Daxia possèdent des cannes en bambous de Qiong (tribu du Sud-Ouest) pour rappeler avec humour que Wudi fut intéressé uniquement au départ par l’existence de la voie méridionale vers Daxia pour le commerce. La colonisation du Sud commença à battre son plein tout en laissant à l’aristocratie Yue locale la possibilité d’avoir une plus grande autonomie comme cela a été accordé au roi de Dian. Entre-temps, pour séparer les Xiongnu de leurs tributaires, les éleveurs de chevaux Wuhuan et Donghu, l’armée de Wudi ne tarda à être implantée en Mandchourie. Entre 109 et 106 avant J.C., l’armée de Wudi occupa la moitié nord de la péninsule coréenne et y installa quatre commanderies: Letun dans le nord-ouest, Zhenfan sur la côte ouest, Lintu à l’est et Xuantu au nord.

 

Après un long règne de 54 ans, Han Wudi mourut en 87 avant J.C. et laissa la Chine dans un état exsangue et ruiné comme Louis XIV laissa la France dix-huit siècles plus tard. Si les campagnes militaires menées par Wudi ont amené la dynastie Han à l’apogée de sa gloire et de sa puissance, elles ont épuisé par contre les finances publiques. Le début de son règne correspond à la période Yang durant laquelle le peuple a de quoi se nourrir, c’est ce qu’a écrit Sima Qian dans ses mémoires historiques. Les greniers à blé étaient bien remplis ainsi que le trésor public. L’empire était stable. Tout cela était dû en grand partie à l’effort de son prédécesseur Jing Di de gouverner tout au long d’un règne de 17 ans selon le précepte taoïste: Dirige avec le minimum d’intervention. (Wu wei er zhi). Les corvées et les impôts étaient très réduits. Malheureusement, les splendeurs de la cour accompagnées par la diplomatie dispendieuse à l’égard des Xiongnu et des pays vassaux (système de tribut) et par la politique annexionniste ont englouti toutes les richesses humaines et économiques du pays, ce qui permet au Yang de basculer en Yin où les propriétaires terriens (nobles et fonctionnaires) accaparèrent toutes les parties des terres irriguées en les achetant à bas prix aux paysans démunis. On était dans une situation catastrophique: le riche plus riche, le pauvre plus pauvre. Les gens de la capitale Luoyang vivaient dans l’excès et l’insolence et portaient de fins brocarts, des perles et du jade tandis que le sort des pauvres empira, certains préférant de devenir des esclaves privés ou gouvernementaux. Les catastrophes et les crues n’épargnaient pas non plus le pays. Entre-temps, les intrigues et débauches se multipliaient à la cour des Han à la fin du Ier siècle. Le pouvoir impérial fut affaibli par les diverses factions, les rivalités entre les épouses impériales et les jeux de leurs parentèles, ce qui permet à Wang Mang (Vương Mãng), un ministre régent ambitieux d’en profiter pour empoisonner le jeune empereur Pingdi (Hán Bình Đế) (9ans) en l’an 5 après J.C. et usurper le trône avec le concours de sa tante, l’impératrice douairière Wang de l’empire.[RETOUR]

Tombes des princes Han: en quête d’immortalité (Suite)

Les tombes des princes: en quête d’immortalité.

Version vietnamienne

Analogue à leur prédécesseur Qin Shi Huang Di, les empereurs de la dynastie des Han envoyèrent, durant leur règne, des émissaires à la recherche des endroits paradisiaques dans le but de chercher l’immortalité et d’accéder au monde divin. Ces terres mythiques sont  associées souvent à l’île Penglai (đảo Bồng Lai) située à l’est et au mont Kunlun (Côn Lôn) à l’ouest dans les croyances de l’époque des Han. C’est la montagne où demeure la Reine Mère de l’Ouest (Tây Vương Mẫu)(Xiwangmu) ayant détenu l’élixir d’immortalité. C’est pour cette raison qu’on trouve sa présence récurrente dans le décor des tombes des Han. Cela témoigne non seulement de sa popularité mais aussi de la conception taoïste liée à la prolongation de la vie au-delà la mort. Selon certaines rumeurs non vérifiées et injustifiées, Zhang Quian fut chargé au départ par Wudi pour rechercher les recettes d’immortalité du côté du mont Kunlun, la demeure occidentale des immortels. Vêtus toujours d’une tunique longue, ceux-ci ont un visage allongé et anguleux, une large bouche au dessus d’un menton pointu, des sourcils arqués et de larges oreilles, ce qui leur donne une silhouette assez étrange et un aspect émacié. Une fois le dao atteint, ils ont des ailes aux épaules. Dans la conception taoïste de l’au-delà, pour garder l’intégrité physique du défunt et l’immortalité de son âme, il faut obturer les 9 orifices de son corps par les pièces en or et en jade. (bouche, oreilles, yeux, narines, urètre, rectum). Puis il faut faire porter au défunt un masque ou un costume de jade dont l’utilisation est régie par un protocole hiérarchique très strict. Pour les empereurs, le costume de jade est cousu de fils d’or. Quant aux rois et autres dignitaires moins importants, leur costume de jade n’a que des fils en argent ou en cuivre. L’emploi du costume reflète la croyance des Han en la pérennité de l’âme dans l’au-delà car on attribue  au jade des propriétés apotropaïques permettant de favoriser l’immortalité de l’âme.

À l’époque des Han, la conception dualiste de l’âme fut évoquée dans plusieurs textes chinois comme le Huainanzi de Liu  An (Hoài Nam Tữ). Chaque individu a deux âmes: l’une appelée hun va au ciel et l’autre appelée po disparaît physiquement avec le défunt. Pour empêcher l’âme hun de s’échapper par les orifices du visage, le masque ou le costume s’avère indispensable.

Cette conception dualiste de l’âme est-elle vraiment chinoise ou empruntée à une autre civilisation, celle des Baiyue? On la trouve chez les Mường, les cousins des Vietnamiens, vivant dans les coins les plus refoulés des régions montagneuses du Vietnam. Pour les Mường, il y a dans un être humain plusieurs âmes qu’ils nomment wại. Celles-ci se divisent en deux catégories: wại kang (les âmes fastueuses) et wại thặng (les âmes dures). Les premières sont supérieures et immortelles tandis que les secondes, attachées au corps, sont mauvaises. La mort n’est que la conséquence de l’évasion de ces âmes.

Il est important de rappeler que la culture du royaume de Chu (Sỡ Quốc) conquis par Qin Shi Huang Di lors de l’unification de la Chine avait une originalité particulière, une langue propre, celle des Bai Yue. Il existe à partir de l’époque des Qin-Han, une institution impériale, les fangshi qui étaient des lettrés locaux considérés comme des magiciens spécialisés dans les rites aux étoiles et dans les recettes du gouvernement.

Leur rôle consistait à recueillir chacun dans son territoire propre, les procédés rituels, les croyances, les médecines locales, les systèmes de représentations, les cosmologies, les mythes, les légendes au même titre que les produits locaux et à les soumettre à l’autorité politique afin que celle-ci pût les retenir ou non et les incorporer sous forme de règlements dans le but d’augmenter la puissance impériale dans une nation ethnologiquement très diversifiée et de donner à l’empereur les moyens de sa vocation divine. Tout devait être collecté et ajouté au service du fils du Ciel dans le but d’asseoir sa légitimité sur des territoires récemment conquis aux barbares.

___C’est l’un des traits caractéristiques de la culture chinoise : Elle sait accepter et absorber les cultures étrangères sans qu’on puisse jamais parler de vacillation ou de modifications culturelles.___

C’est ce qu’a écrit le célèbre philosophe chinois du XXème siècle Liang Shuming dans l’introduction de son ouvrage intitulé « les idées maîtresses de la culture chinoise » (traduction de Michel Masson). Cela rejoint la remarque suivante qu’a soulignée l’ethnologue et sinologue française Brigitte Baptandier dans son texte de conférence lors d’une journée d’étude de l’APRAS sur les ethnologies régionales à Paris en 1993:

La culture chinoise s’est donc formée au cours des siècles comme une sorte de mosaïque de cultures. II faut une lente perfusion de sang barbare à la Chine  en réadaptant cette belle formule de l’historien F. Braudel pour la France avec les barbares.



Les brûle-parfum boshanlu (encensoir en forme de montagne Bo) étaient censés de représenter les montagnes mythiques baignées de nuages et de vapeurs qi (énergie cosmique vitale). La popularité de ces brûle -parfums était due en grande partie à la pensée des Han sur l’immortalité et au culte des monts sacrés.

Boshanlu


Selon l’estimation du doyen des archéologues chinois Wang Zhongsu, depuis 1949 il y a plus de 10.000 tombes fouillées pour la seule dynastie des Han. Grâce aux découvertes archéologiques majeures des tombes de Mme Dai et de son fils à Mawangdui (Mã Vương Đôi) (Changsa, Hunan), (168 av. J.C.) ou de la tombe du fils de l’empereur Jindi, le prince Han Liu Sheng et de son épouse Dou Wan (Mancheng, Hebei) (113 av. J.C.) ou encore de la tombe de Zhao Mo (Triệu Muội), petit-fils de Zhao Tuo (Triệu Đà) et roi de Nanyue (Xianggang, Guangzhou) (120 av. J.C.), les archéologues commencent à mieux connaître l’art des Han à travers des milliers d’objets d’exception en jade, en fer et en bronze, des céramiques, des laques etc… Ceux-ci témoignent de l’opulence et de la puissance des cours princières sous les Han. Ils sont parfois des exemplaires uniques révélant non seulement le travail technique de belle facture et la préciosité des matériaux mais aussi la particularité régionale. Lors des fouilles, les archéologues ont constaté qu’il y a une rupture dans l’art chinois, un changement profond correspondant historiquement au développement des empires unifiés (Qin et Han) et au contact des influences étrangères. La présence des objets séculaires, en particulier celle de la vaisselle en bronze qu’on est habitué à retrouver à l’époque des Zhou, cède la place au développement de l’art figuratif et des représentations imagées. Il y a incontestablement l’influence notable des autres sphères culturelles dans le domaine de l’art Han, en particulier celui de la culture matérielle. Désormais, le culte des ancêtres ne se déroulait plus au temple comme cela avait été effectué à l’âge du bronze mais il avait lieu même dans les tombes et dans les sanctuaires proches de celles-ci. De plus, à l’image de l’empereur Qin Shi Houang Di, les empereurs Han et leurs princes avaient tendance de faire de la tombe une réplique de leur demeure royale terrestre.

Cette conception remonta à l’époque des Zhou (Nhà Châu) et fut illustrée fréquemment dans les pratiques funéraires des élites du royaume de Chu.(Sỡ Quốc). Analogues à ces dernières, les Han croyaient en la pérennité de l’âme dans le monde de l’au-delà. La vision de la mort était considérée comme une continuité de la vie. Cette croyance continue à être vivace aujourd’hui en Chine lors de la fête de Qingming (lễ thanh minh) avec les sacrifices offerts aux ancêtres: des billets factices et des objets funéraires brûlés. C’est pour cette raison qu’on retrouve lors des fouilles, tout ce qu’ils possédaient de leur vivant: des objets préférés, des figurines en terre cuite représentant leur domesticité ainsi que des linceuls de jade permettant de réduire la mort à néant. Les tombes impériales des Han sont signalées par la présence d’un haut tumulus artificiel situé dans une enceinte rectangulaire où se trouvent également les sépultures et les fosses annexes. La structure de leurs tombes devient de plus en plus complexe et rivalise souvent avec celle de leur palais avec des fosses séparées et ayant chacune une fonction distincte (magasin, écurie, cuisine, salle de banquet etc…). C’est le cas du site de Liu Qi connu sous le nom d’empereur Jindi et de sa femme, l’impératrice Wang dans la banlieue Xian. C’est dans ces fosses qu’on retrouve des objets de luxe (vases, bassins, brûle-parfums, miroirs, poids pour les nattes, chaudrons, lampes, poignards etc…) ou de la vie quotidienne (céréales, tissus, viande etc…) du défunt qui laissent pantois et muets d’admiration les archéologues, à côté des figurines (ou mingqi) de terre cuite. Celles-ci peuvent être soit des figurines d’animaux domestiques soit des statuettes humaines.

Grâce à la route de la soie et à l’expansion chinoise, un grand nombre de traditions artistiques régionales, de modes étrangères et de produits nouveaux contribuaient à la floraison artistique des Han. Le cosmopolitisme joua certainement un rôle important à cette époque. La splendeur des objets de luxe retrouvés dans les tombes révèle non seulement le faste et le raffinement des cours princières mais aussi le goût de l’exotisme.

Les danses et musiques de Chu, les chants de Dian, l’art des baladins d’Asie Centrale renouvellent les divertissements de la cour. Les contacts avec les arts de la steppe favorisent l’enrichissement du répertoire décoratif.

Analogue au jade, le bronze était l’un des matériaux très prisés par les Chinois. A l’époque des Han, la popularité du bronze commença à décliner car pour le culte des ancêtres, on n’eut plus besoin des ensembles complets de vases rituels en bronze mais on préféra à leur place des objets en laque à l’imitation du royaume de Chu. Ce dernier avait eu l’occasion de les décorer fréquemment avec des motifs ou des figures d’une grande imagination selon sa mythologie propre à l’époque des Royaumes Combattants. Malgré le déclin visible dans les tombes des princes Han, le bronze était très utilisé dans les ornements de char et dans les objets de luxe retrouvés.[RETOUR]

 

 ART DE VIVRE (SUITE)

Empire de Han Wu Di ( Đế Chế Hán Vũ Đế)

Empire de Han Wu Di

Version vietnamienne

Sur le plan politique, l’empire de Wudi commença à être mieux affermi dans la mesure où la rénovation du confucianisme offrait la possibilité aux gens ambitieux et brillants de la couche populaire d’accéder à des postes importants dans l’administration qui était jusque-là détenue par la vieille garde constituée essentiellement par les nobles, les taoïstes et les tenants du huanglao. Grâce au concours d’examen, le mérite remplaçait désormais les privilèges de la naissance. Mais son empire n’était pas encore à l’abri d’une rébellion et des rivalités qui continuaient à aller bon train dans la cour des Han. L’échec du séparatisme (en -122 avant J.C.) du seigneur Liu An, connu pour son oeuvre encyclopédique Huainanzi (Hoài Nam Tử) sur les connaissances de l’époque, témoigna de la difficulté de mettre au pas la noblesse, même après une quinzaine d’années de règne de Wudi.

Comme son père, l’empereur Jindi (Hán Cảnh  Đế) , eut connu sous son règne, la révolte organisée par la coalition de sept royaumes montée en -154 avant J.C. par le prince Wu, Wudi décida de mener à son terme le démantèlement systématique des fiefs des seigneurs dans le but de parer à toute tentative de rébellion. Désormais, l’apanage ne revenait pas seulement au fils aîné du roi vassal décédé mais il devait être partagé entre tous les fils de ce dernier. Ceux-ci ne jouaient aucun rôle politique à part le privilège de la fortune que leur fief leur procurait. Par ce morcellement astucieux, il suffit de quelques générations de succession pour faire disparaître des principautés importantes et disperser leurs forces. De plus, il nomma pour chaque région, un inspecteur itinérant (thứ sử) chargé de contrôler et de superviser non seulement les familles puissantes mais aussi les préfets. Quant aux rivalités de la cour, Wudi sut en tirer parti avec habileté en favorisant la confrontation et la compétition de ses conseillers dans les débats parfois stériles afin de consolider un pouvoir central puissant mais juste et moral.

En nommant un secrétariat chargé d’examiner les rapports et les pétitions des ministres, il ôta de facto le rôle du premier ministre. C’est dans cette optique qu’il renforça le caractère autocratique de son règne. Il ne pardonna aucune faute lorsque l’un de ses conseillers ou de ses généraux l’ont commise.

C’est le cas de l’extraordinaire archer Li Guang (Lý Quảng) surnommé « le général volant » par les Xiongnu. Il fut dégradé pour commettre la faute de s’être égaré dans le désert avec ses soldats lors d’un engagement contre les Xiongnu. Mais sa peine put être commuée par une amende de substitution. Le rachat des peines et des amendes était très fréquent à l’époque Han. Même la plaidoirie de la défense risqua de mettre en péril également la vie du défenseur car il était accusé de tromper l’empereur. C’est le cas de l’historien célèbre Sima Qian (Tư Mã Thiên) qui  fut condamné à la castration pour défendre la famille de l’officier Li Ling (Lý Lăng), petit-fils du général Li Guang, taxé de rejoindre les Xiongnu. Les mesures prises par Wudi dans bien des domaines témoignèrent des pires méthodes légistes. Ses conseillers et ses généraux étaient à la merci de ses appréciations. Ils purent  être démis facilement de leur fonction pour des fautes vénielles avant d’être promus ailleurs. Récompenses et punitions faisaient partie de la ligne de conduite que Wudi adopta pour ses collaborateurs. Leur crainte permit à Wudi de développer son art de gouverner à bon escient. Il est rare de trouver sous le règne de Wudi des officiels conservant leur poste au delà de cinq ans excepté Gongsunhe, son ministre des équipages pouvant garder son poste pendant plus trente ans. Il n’y a que l’érudit Dong Zhongdhu qui sut se retirer de la cour au bon moment pour éviter la disgrâce.

Sur le plan économique, sur les conseils de Sang Hongyang (Công Tôn Hoằng), il abolit la loi permettant les riches de battre la monnaie, d’extraire du sel par évaporation et de couler de la fonte. Désormais, l’état monopolisa ces opérations afin d’accroître ses revenus. Pour aider les paysans, l’état achetait certaines marchandises en surabondance lorsque leurs prix baissèrent et les revendit à meilleurs prix en cas de pénurie. Cette mesure avait pour but de contrôler les fluctuations des prix et d’empêcher les spéculations des grands marchands. C’est aussi à l’état d’assurer le contrôle de la circulation des denrées par l’intermédiaire des junshu (ou bureaux des transports de l’état). Wudi créa une taxe sur les biens ( charrettes, bétail, bateaux etc..) des commerçants et des usuriers qui étaient responsables de la déclaration de leurs capitaux. En cas de fraude, ils risquèrent de perdre leurs biens et d’être punis par deux ans de service militaire à la frontière. Selon les documents de l’historien Sima Qian, le début de son règne fut favorisé par les six décennies de la reprise graduelle des forces productives encouragée par ses prédécesseurs. La caisse de l’état accusait un excédent. La population était bien vêtue et nourrie. Ce début de règne était connu comme la période yang où il y avait la stabilité politique en même temps que l’abondance de la nourriture pour toute une population estimée à plus de 50 millions d’habitants selon le premier recensement à grande échelle en l’an 2 après J.C. évoqué par Sima Qian dans ses mémoires historiques. Selon le sinologue français, Marcel Granet, la politique adoptée par Wudi reflétait bien le caractère révolutionnaire. Wudi sut s’intéresser seulement à son intérêt immédiat, tenta de trouver des solutions au cas par cas aux problèmes urgents, délaissés une fois résolus et se servit des collaborateurs pour une courte durée dans le but d’obtenir le résultat escompté. Lorsque ceux-ci étaient connus pour leurs exploits et devenaient trop « dangereux », il décida de les éliminer. La méfiance d’un tyran entouré par des conseillers légistes n’ayant aucune grande profondeur d’esprit, ne permit pas à la Chine de saisir à cette époque la rare opportunité de devenir un pays solide et organisé.

Son empire pouvait vaciller du jour au lendemain. Les Xiongnu constituaient toujours un souci majeur pour Wudi malgré la politique de heqin adoptée jusque-là par ses prédécesseurs. Leur insoumission et leur insolence continuaient à humilier les Han. Pour défaire un ennemi aussi invisible comme les Xiongnu, Wudi fut obligé de réorganiser son armée et de la rendre plus apte à la mobilité dont l’objectif consiste à déloger l’adversaire et saisir son bétail au cœur de son campement par des raids rapides avec un nombre restreint de cavaliers comme cela a été opéré par les Xiongnu. Pour cela, l’usage du char est abandonné dans les engagements militaires. Puis il faut abandonner la tradition des officiels de porter la robe traditionnelle au profit d’un pantalon pour ne pas être gênés dans leur chevauchée et vaincre les réticences des militaires de monter les chevaux car leur position jambes écartées est assimilée à la position accroupie employée par les gens ordinaires. Cette tactique permet de porter des coups aux Xiongnung mais elle n’arrive pas à les soumettre définitivement. C’est pourquoi Wudi dut opter d’autres mesures parmi lesquelles figurent l’amélioration du réseau routier qui est non seulement l’épine dorsale du système économique mais aussi la clé du succès dans le transport des troupes et des vivres. Il y a désormais sur les routes Han des relais postaux, des écuries pour les chevaux, des auberges pour les fonctionnaires, des hôtelleries pour les voyageurs ordinaires et même des geôles pour les prisonniers. Le réseau routier devient ainsi au fil des siècles le facteur clé de l’expansion militaire et l’outil efficace de la pénétration culturelle des Han. Il n’a d’égal que le réseau romain.


Le règne de Wudi marque l’âge d’or de la dynastie des Han. C’est sous ce règne que le Vietnam fut annexé en 111 avant J.C. C’est la première domination chinoise durant presque 1000 ans. 

Références bibliographiques.

  • Précis d’histoire de Chine. Editions de langues étrangères. Beijing
  • Văn Hóa Nam Chiếu-Đại Lý. Nhà xuất bản văn hóa thông tin. Hànội 2004
  • La grande époque de Wudi. Editions You Feng. Dominique Lelièvre. 2001
  • Lịch sử văn minh Trung Hoa. Will Durant. Nguyễn Hiến Lê dịch. NBX Nhà văn hóa thông tin. 2006

Ce réseau routier nécessite en plus, tout le long de la frontière nord dans la région Gansu, l’installation de plusieurs garnisons, autour de leurs tours de guet dont certaines sont hautes de 18m dans le but de surveiller le mouvement des Xiongnu, de le signaler avec les signaux de fumée, de protéger ceux qui empruntent la route et d’engager des actions défensives en coordination avec l’état major. La victoire des Han dépend d’autres facteurs aussi importants que ce réseau routier. L’approvisionnement des vivres pour les garnisons est souvent un défi quotidien sans parler des difficultés majeures rencontrées par l’armée de Wudi dans la poursuite des Xiongnu au de là de la frontière vers des régions inconnues. Cela exige l’engagement d’un nombre élevé de chevaux et la connaissance du terrain améliorée progressivement par le tracé des cartes et le repérage des points d’eau ainsi que la collaboration des populations locales. Parfois, il est indispensable de reconstituer rapidement la cavalerie en cas de perte importante. On peut citer l’exemple de la campagne du Ferghana contre le Dayuan (Đại Uyển) en l’an 104 avant J.C. Sur les 60.000 soldats engagés et 3000 chevaux emmenés, le général de Wudi, Li Guanli (Lý Quảng Lợi) revint avec 10.000 soldats et 1000 chevaux. Pour cela, la cour des Han dut encourager les gens à élever les chevaux pour la remonte, fixer le prix d’un étalon à un prix standard assez élevé et promouvoir l’introduction de races nouvelles des contrées occidentales. La reconstitution rapide de la cavalerie s’avère indispensable dans les expéditions lointaines. Elle n’est pas étrangère au nombre de haras en constante augmentation et à l’amélioration des fourrages par la plantation de luzerne (Chi linh lăng) dont les graines ont été ramenées par Zhuang Qian (Trương Khiên) lors de sa mission d’exploration en Asie centrale. C’est par celle-ci que Zhuang Qian a découvert dans la vallée de Ferghana (Ouzbékistan d’aujourd’hui) les magnifiques chevaux qui suaient le sang (*)(ngựa hãn huyết) et a ramené en -114 avant J.C. quelques spécimens de la même race offerts par les Wusun, les alliés de Wudi en Asie centrale. Leur taille, leur vitesse et leur force plurent tellement au grand amateur de chevaux qu’était Wudi. Mais leur exploit est supposé moins performant que celui des Dayun (Ferghana). Grâce aux sabots plus durs, les chevaux des Dayun peuvent parcourir mille li par jour. Envieux d’avoir les chevaux de ces derniers, Wudi organisa l’expédition militaire contre le Dayuan ayant eu tort de refuser de les lui offrir en échange des cadeaux. Il n’hésita pas à donner plus tard à ces équidés le nom de « chevaux célestes »(tianma)(thiên mã).

Ceux-ci devenaient ainsi le symbole de puissance et de prestige car Wudi se sentit humilié et vexé par le refus d’un petit royaume perdu dans la vallée de Ferghana. Le coût de l’expédition militaire était exorbitant non seulement en équipement et chevaux mais aussi en vies humaines pour un bilan assez mitigé avec une trentaine de chevaux célestes et trois mille étalons et juments plus ordinaires. Pourtant l’armée de Wudi fut triée sur le volet en prenant en grande partie de véritables soldats de métier et des condamnés ainsi que les cavaleries fournies par les commanderies des régions frontalières. Ces soldats enrôlés devaient être capables d’avoir une remarquable endurance physique, d’effectuer de longues marches et d’investir une ville. Selon l’historien Sima Qian, ce n’était pas la mort au combat ou le manque de vivres qui étaient responsables de ces pertes importantes mais seulement la soif et l’obsession des généraux de vouloir gagner la guerre à tout prix car leur vie dépendait de la victoire ou de l’échec de ces opérations. Récompenses et punitions sévères voire condamnations à mort faisaient partie des lots que Wudi leur réservera sans aucune illusion dès leur retour en Chine. Des généraux valeureux furent obligés de se suicider ou se rendre à l’ennemi ( Li Quian, Li Ling, Li Guanli etc.). La campagne de Ferghana était bouclée seulement en un an (Printemps de l’année -102 -Printemps de l’année -101).

Naissance de la route de la soie

Désormais, après la campagne du Ferghana, tous les royaumes situés sur le passage emprunté par l’armée Han ( connu plus tard sous le nom de la « route de la soie » ) acceptaient la vassalité de la Chine excepté les Xiongnu. Pour combattre ces derniers, Wudi tenta de chercher d’abord des alliances avec les ennemis de Xiongnu, les Da Yuezhi (ou grands Yuezhi) en envoyant une délégation conduite par Zhuang Qian en Asie centrale en -139. Finalement ce dernier ne réussit pas à remplir sa mission car il fut retenu par les Xiongnu pendant 10 ans avant de parvenir à s’évader pour découvrir durant sa fuite le Ferghana (Dayuan), la Sogdiane (région de Samarcande), la Bactriane (l’actuel Turkménistan) et le nord de l’actuel Afghanistan. Par contre, lors de son retour en Chine en l’an -126 avant J.C., il fit le rapport à Wudi. Cela lui permit de découvrir les pays que Zhuang Qian a visités et lui évoquer non seulement la possibilité de rejoindre le royaume de Shendu (l’Inde) à partir de Shu (Sichuan, Tứ Xuyên) mais aussi la puissance d’un empire lointain de nom Daquin (empire romain). À défaut d’avoir des alliés contre les Xiongnu, il était possible de trouver désormais des partenaires commerciaux s’intéressant aux produits chinois: soie, objets en laque, outils en fer etc.. en échange du jade, des chevaux et de la fourrure. La route de la soie était ainsi née et devenait le lien entre l’Orient et l’Occident. C’est seulement en l’an -115 que Zhuang Qian fut chargé de nouveau par Wudi pour une nouvelle mission diplomatique dans les contrées occidentales. Cette fois, il réussit à ramener non seulement la grande variété des plantes et des produits naturels (luzerne, le vin, le raisin, les noix, les grenades, les fèves, les lainages, les tapis etc.) mais aussi des éleveurs de chevaux, les Wusun. Impressionnés par la splendeur et la richesse de la cour des Han, ceux-ci acceptèrent de s’associer plus tard à l’entreprise proposée par Wudi et reconnurent implicitement la suzeraineté de la Chine. Cette alliance fut suivie par l’envoi d’une princesse chinoise de sang royal au roi des Wusun qui avait l’occasion de signaler deux fois à Wudi les intentions belliqueuses des Xiongnu durant cette alliance.

DEUX MONDES, DEUX EMPIRES:

Vers l’an 100 après J.C., l’empire des Han était comparable à celui de Rome. L’économie du premier était basée essentiellement sur les paysans tandis que celle du second reposait sur l’esclavage. [RETOUR]

Conquêtes chinoises :Nan Yue et Ye Lang

 


(*) Cette sueur est liée à la présence d’un parasite provoquant des hémorragies.

Paris et ses passages insolites (Ba Lê với các hành lang lạ thường)

Versions vietnamienne et française

Không  được biết  đến trong thời gian qua,  các hành lang ở Paris nay trở thành một trong những điểm thu hút du khách nhiều nhất là trên phương diện kiến trúc và du lịch. Trong những năm 1850, Paris có ít nhất 150 hành lang với mái che kính và mô hình kiến trúc  nầy được truyền bá rộng rãi  đến  các thành phố lớn  ở tỉnh như Bordeaux, Nantes và ở ngoại quốc như  các nước Ý Đại Lợi , Thổ Nhi Kỳ, Anh quốc vân vân… Các hành lang nầy được  thấy phần đông ở bên bờ  phải của sông Seine  nhất là ở khu  đại lộ (Grands Boulevards).  Nhưng vì dự án đô thị hóa qua các công trình xây cất của nam tước Haussmann và sự phát triển nhanh lẹ của các cửa hàng như Le Bon Marché, la Samaritaine, le Printemps khiến một số hành lang bị phá hủy từ đó.  Hiện nay chỉ còn lại hai chục hành lang ở Paris.   Các hành lang nầy  từ nay thuộc  về di sản kiến trúc và ghi nhớ của  kinh đô ánh sáng Paris.

Méconnus jusqu’à une date récente, les passages de Paris redeviennent aujourd’hui l’un des attraits touristiques et architecturaux de Paris. Dans les années 1850, Paris possède au moins 150 passages couverts et exporte le modèle vers d’autres villes françaises (Bordeaux, Nantes etc …) et vers l’étranger (Italie, Turquie, Grande-Bretagne etc …). Ces passages se regroupent sur la rive droite de la Seine, en particulier dans le quartier des Grands Boulevards. Plusieurs passages ont été démolis au profit de l’urbanisation entamée par les grands travaux du baron Haussmann et de l’essor de grands magasins ( Le Bon Marché, la Samaritaine, le Printemps etc …). Il ne reste qu’une vingtaine de passages aujourd’hui à Paris. Ils font partie désormais du patrimoine architectural et mémoriel de la capitale.

 

Passage des Panoramas 

Galerie Colbert

Passage des Princes

Passage Jouffroy

Galerie Vivienne  etc.

 

 

Một ngày thư thản và lững thững dạo các hành lang

Une journée de la détente et de la flânerie dans les passages

Italie (Ý Đại Lợi)

Italie (Ý Đại Lợi)

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Voyage d’été 2017: Venise (Ý Đại Lợi)

 

Version française

Thường được gọi là thành phố trên mặt nước , Venise được ra đời vào thế kỷ thứ 5  sau khi Đế chế La Mã bị sup đổ.  Người dân ở đất liền  tìm những vùng lân cận  có đầm  lầy  như  các hòn đảo cát Torcello, Iesolo và Malamocco để trốn tránh các người phương bắc, người Hun và cần một nơi như Venise có một vị trí để bảo đảm có nước và trong trường hơp bị vây hảm có sự tiếp tế dễ dàng và nhất là nước là hàng rào thiên nhiên chống địch. Venise vì nằm trên nhiều hòn đảo nhỏ nên được có vô số  các cầu nổi. Sự xây cất nhà cửa cũng tùy thuộc tầm vóc của các căn nhà trọng đại nặng nhẹ hay không. Nếu căn nhà không nặng chi cho mấy thì được xây cất  trực tiếp trên đất  liền. Còn nếu không thì cần các cộc gỗ (pali)   được  cắm sâu vào nền đất  cứng (carento) để   cũng cố nền  đất trước khi dựng sau đó một sàn gổ  (plancher) dày hay mỏng và công việc xây cất được bất đầu với gạch (briques).  Đôi khi còn cần phải tính toán trù liệu sự gặm mòn nước  biển với  các tòa nhà gần ven sông. Bởi thế đá đặc Istrie, một loại đá trắng có tiếng là bền,   đến từ vùng Balkans  được  trọng dùng qua nhiều thế kỷ. Để giới hạn trọng lượng  của các căn nhà, thường thấy có rất nhiều  cửa sổ trên các mặt chính bằng đá , các sườn nhà bằng gỗ sồi thường đúc trong vôi vữa (mortier),  các xà nhà (poutres) cũng như các rầm (solives) đều dùng  để hấp thụ  tất các chuyển động xuất phát từ sự hoạt động địa chấn ở phá (lagune). Khách du lịch ngoại quốc đi theo tour thường được cư trú  ở ngoại ô vì ở trung tâm thành phố, giá khách sạn quá đắt đỏ một đêm có thể lên  đến cả  ngàn euro.  Vì vậy sáng phải lấy tàu đi vào thành phố, có dịp cho tớ chụp hình thỏa mái. Đến đây không đi  thuyền gondole, là mất đi niềm vui trọng đại vì  bạn có  dịp  ngắm cảnh trong thành phố Venise qua các con kênh nho nhỏ và các ngóc ngách mà không thể nào biết khi đi bộ. Đến đây cũng  không nên quên cái cầu than thở bằng gạch trắng Istrie với phong cách baroque, một cái cầu mà bao nhiêu người trước khi bị hành quyết phải  đi qua.  Cái cầu nầy thông đến toà án Des Doges  ở quảng trường Saint Marc,  có đôi hành lang và hai hướng khác nhau, một hướng là đi đến ngục tù  tối ẩm thấp còn hướng kia  thì đến  các phòng « chì »   sẻ bị ghẹt thở   bởi sức nóng  từ các bản chì  phủ kín của các mái nhà. Đây là một « quan tài biết bay » , đó là cái tên mà nhà văn hào Pháp  André Suarès dùng  khi nói đến cái cầu nầy.  Venise cũng là thành phố  quê hương của Marco Polo, một thương gia  thám hiểm nổi tiếng   đã mang về, theo một giã thuyết, cách làm mì từ Trung Hoa dưới  thời  nhà Nguyên  của Đại Hãn Hốt Tất Liêt ở   đầu thế kỷ 13. Nhưng trong quyển sách tựa đề « La cuicina italiana » , ông  Giuseppe Mantovano  có   lưu  ý rằng   tất cả loại  mì đã  có trước khi Marco Polo trở về.  Như vậy có thể một loại mì nào  đấy thời  đó không  có  ở Venise được mang về không?  Ở  Ý , lúc nào trong menu  của buổi  cơm tối ở khách sạn Ý là cũng có pasta (hay pâte), đó là  món ăn đầu tiên mà tớ   được  ăn  hai ngày liên tiếp.  

Version française

Connue souvent comme une ville bâtie sur l’eau, Venise prit naissance au Vème siècle après la la chute  de l’empire romain. Les habitants vivant sur terre cherchèrent  les  alentours des régions marécageuses  comme les îlots Torcello, Iesolo và Malamocco pour  trouver refuge et fuir les gens du Nord , les Hun et choisirent Venise comme le lieu idéal pour son eau, un barrage naturel contre les ennemis et une nécessité primordiale  en cas de siège et de ravitaillement. Étant étendue sur plusieurs îlots, Venise possède un grand nombre de ponts.  Le choix de la construction des bâtisses est lié étroitement à leur taille imposante ou non.  Si elle a une stature légère, elle est construite directement sur le sol. Par contre, pour les édifices plus élevés et plus imposants, on a besoin de consolider et soutenir  leur fondation par la plantation des pieux (palis) de deux à quatre mètres enfoncés  jusqu’à l’atteinte de la couche de la terre solide (carento)  avant d’installer le plancher de bois plus ou moins épais avant de mettre en place la maçonnerie en briques. Parfois, il est nécessaire de prévoir la corrosion entamée par l’eau de mer pour les bâtisses au bord des rivières. C’est pourquoi la pierre compacte  d’Istrie, connue pour sa résistance et provenant des Balkans est utilisée au fil des siècles. Pour limiter le poids de ces bâtisses, on est habitué à installer un grand nombre de fenêtres sur des façades en marbre, à employer des charpentes coulées dans le mortier, à utiliser et à assembler des poutres et des solives dans le but d’absorber les variations sismiques  dans la lagune et à rendre ces bâtisses plus résistantes en les alignant côte à côte en cas des secousses telluriques. La plupart des circuits touristiques proposent  des hôtels situés souvent  aux alentours  de Venise car le prix d’une chambre dans le centre de Venise  est très élevé, pouvant atteindre jusqu’à un millier d’euros. C’est pour cette raison qu’il faut prendre l’embarcation pour atteindre le centre-ville de Venise. C’est aussi une occasion unique pour moi de pouvoir prendre des photos à ma guise. En venant à Venise, on ne peut pas se passer des gondoles car c’est un plaisir inouï de  nous permettre de découvrir Venise au fil de l’eau  dans les recoins.

On ne peut pas oublier non plus le pont des Soupirs en marbre blanc d’Istrie de style baroque, un pont que les prisonniers ont dû emprunter avant la sentence. Donnant accès au palais des Doges, ce pont possédait deux couloirs dans deux directions différentes, l’un emmenant le condamné dans un cachot  humide et tout sombre  et l’autre dans des cellules  où le prisonnier serait suffoqué rapidement  par l’excès de la chaleur emmagasinée dans les toits recouverts de plaques en plomb. C’est le « sarcophage qui s’envole », une expression employée par l’écrivain français André Suarès pour désigner ce pont.  Venise c’est aussi la ville natale  du marchand explorateur célèbre Marco Polo. Selon une vieille légende toujours tenace jusqu’à aujourd’hui,  c’est lui qui aurait introduit les pâtes en Italie   après les avoir ramenées de Chine au début de la dynastie des Yuan (Kubïlai Khan). Mais dans son ouvrage intitulé   « La cuicina italiana », Giuseppe Mantovano a noté que  plusieurs  sortes de pâtes étaient   déjà présentes avant le retour de Marco Polo. Peut-être y a-t-il une variété de pâte inconnue ramenée  à cette époque à Venise? En Italie, dans le menu du dîner proposé par les hôtels italiens, il y a toujours du pasta (pâte).  C’est le plat d’entrée que j’ai eu deux jours de suite dans les hôtels italiens.

Thành phố của các kênh đảo