Pagode (Chùa Chiền Việt Nam) 5ème partie

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Cinquième partie

Malgré son arrivée prématurée au Vietnam au début de l’ère chrétienne, le bouddhisme trouva seulement son plein essor et son épanouissement après l’indépendance de ce pays. Le bouddhisme vietnamien dont le courant est mahayaniste tient compte davantage du salut collectif que du salut individuel tandis que le bouddhisme theravàda considérait le salut comme le résultat des efforts accomplis par l’individu pour atteindre l’éveil et pour devenir un boddhisattva. Au commencement de son implantation, le bouddhisme ne rencontra aucune réticence de la part des Vietnamiens car il accepta facilement leur paganisme traditionnel. Les légendes Thích Quang Phật et Man Nương Phật Mẫu témoignèrent de la facilité d’agréger les croyances populaires au bouddhisme. De plus, cette religion importée de bonne heure fut sous l’influence indienne qui selon le chercheur Hà Văn Tấn, dura jusqu’au Vème siècle. Le gouverneur chinois Sĩ Nhiếp (177-266) était accompagné souvent en ville par des religieux venant de l’Inde (người Hồi) ou de l’Asie Centrale (Trung Á) à chaque sortie. À la fin du IIè siècle, fut établi à la citadelle Luy Lâu (Bắc Ninh), un premier centre bouddhique avec une vingtaine de pagodes. Beaucoup de religieux indiens et étrangers tels que Ksudra (Khâu Đà Là), Mahajivaca, Kang-Sen-Houci (Khương Tăng Hội), Dan Tian ne tardèrent pas y séjourner et y prêcher l’enseignement du Bouddha. Le nombre de moines étrangers fut si important que Giao Châu devint en quelques années plus tard le centre de traduction des sutras parmi lesquels figurait le fameux sutra Saddharmasamadhi (Pháp Hoa Tam Muội) traduit par le moine Chi Cương Lương Tiếp (Kalasivi) dans le courant du IIIè siècle. Il est aussi important de noter que dans une courte période de six ans (542-547), le roi Lý Nam Đế (Lý Bí) de la dynastie des Lý antérieurs réussit à libérer le Vietnam de la domination chinoise et ordonna la construction de la pagode Khai Quốc (Fondation de la Nation) qui devient aujourd’hui la pagode célèbre Trấn Quốc à Hànội. Le nouveau nom Trấn Quốc data du règne du roi Lê Hy Tông (1680-1705). Selon le moine Thích Nhất Hạnh, on a été porté à croire par erreur dans le passé que le moine indien Vinitaruci introdusit le bouddhisme dhyana vietnamien (Thiền) à la fin du VIè siècle. Lors de son passage à Luy Lâu en l’an 580, il résida dans le monastère Pháp Vân appartenant à l’école dhyana. C’est aussi à cette époque que le moine dhyana Quán Duyên était en train d’y enseigner le dhyana. D’autres moines vietnamiens furent allés en Chine pour enseigner le dhyana avant l’arrivée du fameux moine Bodhidharma reconnu comme le patriarche de l’école dhyana chinoise. Désormais, on sait que c’est au moine Kang-Sen-Houci (Khương Tăng Hội) le mérite d’introduire le bouddhisme dhyana au Vietnam.

Né à Giao Châu et issu d’une famille d’origine sogdiane, le moine Khương Tăng Hội n’est pas seulement le précurseur du bouddhisme dhyana vietnamien mais aussi l’un des premiers maîtres ayant enseigné le dhyana en Chine. Plusieurs sectes dhyana commencèrent à se développer et à prospérer à Giao Châu (Vietnam). Parmi celles-ci, il y a trois sectes importantes: Vinitaruci (Tì Ni Đa Lưu Chi), Vô Ngôn Thông et Thảo Đường. C’est avec Vinitaruci qu’on traite le sujet de la nature de l’éveil et qu’on trouve les méthodes de méditation visant à détruire les attachements mentaux. Il y a l’influence notable du bouddhisme tantrique (Mật Tông) dans cette école. C’est Vinitaruci qui a initié ses disciples à la notion du sceau de l’esprit (Tâm Ấn) d’origine tantrique. Cette école convient parfaitement à la mentalité de la masse populaire vietnamienne dans la mesure où la vie religieuse n’est pas séparée de la vie du peuple. Cette secte dura du VIè siècle jusqu’au XIIIè siècle. Les illustres moines ( La Qúi An, Vạn Hạnh, Huệ Sinh, Sùng Phạm, Đạo Hạnh, Minh Khộng) étaient issus de cette école.

La secte que le moine chinois Vô Ngôn Thông fonda au Vietnam en l’an 820 prêcha la doctrine de l’Eveil soudain(satori )( ou Giác Ngộ nhanh chóng en vietnamien ). Les disciples célèbres Khuông Việt, Thiền Lão, Viên Chiếu, Lý Thái Tông, Không Lộ, Thường Chiếu faisaient partie de cette école. Celle-ci ne put durer que 4 siècles (du IXè siècle jusqu’au XIIIè siècle).

Quant à l’école Thảo Đường, elle fut fondée en l’an 1069 par un maître illustre chinois de nom Thảo Đường, un prisonnier de guerre que le roi Lý Thánh Tôn avait réussi à capturer à Đông Dương lors d’une expédition militaire au Champa. Etant disciple d’un grand moine poète chinois de nom Siue-Teou, Thảo Đường prêcha un enseignement porté plutôt sur les aspects littéraires et intellectuels. Parmi les disciples célèbres de cette école, il y a le roi Lý Thánh Tôn, Bát Nhã, Ngộ Xá, Không Lộ, le roi Lý Cao Tôn etc.. Cette école fut de courte durée (de 1069 à 1205) mais cela n’empêcha pas de favoriser la synthèse bouddhéo-confucianiste et l’influence notable sur les deux autres écoles Vinitaruci et Vô Ngôn Thông dans les années à venir. Lire la suite (Tiếp theo)

 


Références bibliographiques

Histoire du bouddhisme vietnamien. Thích Nhất Hạnh. Ecole pratique des hautes études. Sciences historiques et philologiques. Annuaire 1974-1975. 1975 pp. 941-944

Le bouddhisme dans la pensée politique du Vietnam traditionnel. Nguyễn Thế Anh. BEFEO. Tome 89, 2002, pp 127-143

Chùa Việtnam. Hà Văn Tấn. Nhà Xuất Bãn Khoa Học Xã Hội. Hànội 1993

Mille ans de littérature vietnamienne. Une anthologie Nguyễn Khắc Viện. Hữu Ngọc. Edition Picquier poche. Janvier 2000

Pagode (Chùa Chiền Việt Nam) 4ème partie

 

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Quatrième partie

Avec le troisième caractère Tam, il y a trois rangées transversales parallèles reliées souvent au milieu par des petits ponts ou par un couloir. C’est le cas des pagodes Kim Liên (Hànội) et Tây Phương (Hà Tây). La première rangée correspond à un groupe de bâtiments dont le premier s’appelle souvent sous le nom « salle antérieure ou tiền đường ». Connu parfois sous le nom vietnamien de « bái đường », celui-ci sert à recevoir tous les fidèles. Il est protégé à son entrée par les divinités gardiennes (ou dvàrapalàs ou hộ pháp) qui, aux traits menaçants, portent la cuirasse et montrent leurs armes (hallebarde, heaume etc..). Parfois, trônent aux côtés de cette salle antérieure les dix rois des enfers (Thập điện diêm vương ou Yamas) ou au couloir les 18 arhats (Phật La Hán) dans leurs différentes postures. C’est le cas de la pagode (Chùa Keo) où sont présents les 18 arhats dans la salle antérieure. Parfois il y a aussi les génies du sol ou le génie protecteur des biens de la pagode (Đức Ông). L’une des caractéristiques de la pagode vietnamienne est la présence de la déesse mère Mẫu Hạnh (Liễu Hạnh Công Chúa), l’un des 4 personnages adorés par les Vietnamiens. Sa vénération est visible par exemple dans la salle antérieure de la pagode Mía (Chùa Mía, Hà Tây). Puis dans un deuxième bâtiment légèrement surélevé par rapport au premier, on trouve des brûle-parfums ainsi que la stèle de pierre racontant l’histoire de la pagode. C’est pourquoi il a pour nom « nhà thiêu hương (ou salle de consommation d’encens) ». C’est aussi au fond de ce bâtiment qu’il y a un autel devant lequel les moines récitent les prières avec les fidèles en frappant sur un grelot en bois (mõ) et une cloche renversée en bronze (chuông). Il est possible de rencontrer parfois dans ce groupe de bâtiments la cloche si l’emplacement du clocher (gác chuông) n’est pas prévu à côté (ou à l’étage) du porche. Quelle que soit la taille de la pagode, on doit trouver au minimum trois bâtiments pour cette première rangée.

Après celle-ci, on se retrouve avec la rangée la plus importante de la pagode qui correspond à la salle des autels principaux (thượng điện). C’est ici qu’on a le panthéon aussi riche que hiérarchisé. Celui-ci est réparti sur trois socles. On trouve sur le plus haut socle adossé contre le mur du fond, l’autel des Bouddhas des Trois Eres (Tam Thế). Sur cet autel, figurent dans la conception du bouddhisme Màhayàna (Phật Giáo Đại Thừa) les trois statues représentant le Passé (Quá Khứ), le Présent (Hiện Tại) et le Futur (Vị Lai), chacune assise dans un trône de lotus. Sur le deuxième socle posé légèrement inférieur au premier trônent les trois statues dites trois existences avec le Bouddha Amitabha (Phật A Di Đà) au milieu, le Boddhisattva Avalokitecvara à gauche (Bồ Tát Quan Âm) et le Boddhisattva Mahasthanarrata à droite (Bồ Tát Đại Thế Chí). D’une manière générale, le Bouddha Amitabha est de stature plus imposante par rapport aux deux autres. Leur présence témoigne de l’importance accordée par les Vietnamiens à l’existence de la Terre pure (Tịnh Độ) dans le bouddhisme.

Cette croyance est tellement populaire auprès des Vietnamiens car selon eux, il existe le Paradis de l’Ouest (Sukhàvati ou Tây Phương cực lạc) auquel préside le Bouddha de la Lumière Infinie (Amitabha) et vers lequel ce dernier guide les âmes des morts. En faisant appel à son nom, le dévot pourrait accèder à ce paradis grâce à sa demande de la grâce auprès du Boddhisattva Avalokitecvara agissant comme intercesseur. Selon le chercheur vietnamien Nguyễn Thế Anh, c’est le moine Thảo Đường ramené au pays par le roi Lý Thánh Tôn lors de son expédition militaire au Champa (Đồng Dương), qui proposerait ce procédé de l’illumination au moyen de l’intuition et de l’engourdissement de l’esprit par la récitation du nom de Bouddha. C’est aussi pour cela que les bouddhistes vietnamiens ont l’habitude de prononcer A Di Đà (Amitabha) à la place du mot « bonjour » lorsqu’ils se rencontrent.

Schéma de l’agencement d’intérieur de la

pagode avec le caractère Công

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Enfin sur le dernier socle plus bas et plus large que les deux autres, se trouvent Cakyamouni, le Bouddha du Présent et ses deux plus grands disciples: Kasyapa (Đại Ca Diếp) et son cousin Ananda (Tôn Giả A Nan). Dans certaines pagodes, il y a un quatrième socle sur lequel figure le Bouddha du Futur Maitreya avec un boddhisattva Samantabhadra (Phổ Hiền Bồ Tát), symbole de la pratique à sa droite et un boddhisattva Manjusri (Bồ Tát Văn Thù Sư Lợi), symbole de la sagesse à sa gauche. Le nombre de statues exposées sur les autels varie en fonction de la renommée de la pagode en question. Il est dû en grande partie à des offrandes de la part des fidèles. C’est le cas de la pagode Mía (Chùa Mía) où on dénombre 287 statues, celui de la pagode Trăm Gian (Hà Tây) avec 153 statues etc…

Quant à la dernière rangée de la pagode (ou hậu đường), elle correspond à la salle postérieure et elle a le caractère multifonctionnel. Certaines pagodes la réservent à l’habitation des religieux (tăng đường). D’autres s’en servent pour la faire devenir lieu de culte des génies ou des héros comme Mạc Đĩnh Chi (pagode Chùa Dâu) ou Đặng Tiến Đông (pagode Trăm Gian, Hà Tây). C’est pourquoi on est habitué à dire: tiền Phật hậu Thần ( Le Bouddha devant et les Génies derrière). C’est le schéma inverse qu’on doit retrouver dans un temple (đình): Tiền Thần, Hậu Phật. (Les génies devant et le Bouddha derrière). On y trouve parfois un clocher ou un pavillon des Mânes pour les trépassés. 

Parfois, on réserve une pièce ou un autel dédié à ceux qui ont investi beaucoup d’argent dans la construction ou l’entretien de la pagode. La plupart des donateurs étaient des femmes, celles ayant une influence notable dans les affaires d’état. C’est le cas de la princesse Mía, l’une des concubines du seigneur Trịnh. On lui a réservé spécialement dans la pagode Mía un autel proche de celui du Bouddha. Dans la pagode Bút Tháp, on trouve carrément une salle destinée à la vénération des donatrices telles que la grande reine Trịnh Thị Ngọc Cúc, les princesses Lê Thị Ngọc Duyên et Trịnh Thị Ngọc Cơ. Ce sont des personnages ayant participé financièrement à la construction de cette pagode au XVIIème siècle. 

Dans l’arrière-cour de la pagode, on découvre soit un jardin avec des stupas soit un mare aux nénuphars. C’est le cas de la pagode Phát Tích dont l’arrière-cour comporte 32 stupas de taille différente dans son jardin. On trouve parfois dans l’agencement intérieur de la pagode vietnamienne la forme du caractère Đinh (丁). Celui-ci est le quatrième signe du cycle décimal usité dans le calendrier chinois. C’est le cas de la pagode Nhất Trụ construite par le roi vietnamien Lê Đại Hành à Hoa Lư (Ninh Bình), ancienne capitale du Vietnam et de la pagode Phúc Lâm (Tuyên Quang) édifiée sous la dynastie des Trần (XIII-XIVème siècle).

Le caractère auquel la plupart des pagodes vietnamiennes ont recours souvent dans leur agencement intérieur reste le caractère Công (工). Outre les rangées principales détaillées à l’intérieur de la pagode, il existe deux longs couloirs reliant la salle antérieure (tiền đường) à la salle postérieure (hậu đường). Cela crée un cadre ayant la forme d’un rectangle et englobant ainsi les rangées principales citées jusqu’alors dans le caractère Tam. Cette disposition a l’aspect du caractère Công à l’intérieur de la pagode mais vu de l’extérieur, on a l’impression d’avoir le caractère Quốc ( 国) avec l’encadrement complété par les deux longs couloirs. 

 

Pagode du Việt Nam: 2ème partie (VF)

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Version vietnamienne
Version anglaise

On se donne le nom « Thầy ou maître » car c’est ici que le moine bouddhiste Từ Đạo Hạnh, a inventé et enseigné à la population locale un art unique en son genre: le théâtre des marionnettes sur l’eau. Il y a aussi la pagode Côn Sơn située sur le mont de même nom, à 60km de Hànội dans la province de Hải Dương. Constituée d’une vingtaine d’édifices, celle-ci se niche dans la pinède au sommet d’un escalier de quelques centaines de marches. C’est ici qu’en se retirant de la vie politique, l’humaniste célèbre Nguyễn Trãi nous a laissé un poème inoubliable intitulé « Le Chant de Côn Sơn (Côn Sơn Ca) » où il a décrit le paysage magnifique de ce mont et il a tenté de résumer la vie d’un homme qui ne peut durer que cent ans au plus et pour laquelle chacun cherche ce qu’il désire avant de retomber finalement en herbes et poussière. Mais la pagode la plus visitée reste celle des Parfums (Chùa Hương). Celle-ci est en fait un complexe d’édifices construits dans les falaises de montagne. Située à 60 km au sud-ouest de la capitale, elle est l’un des sanctuaires nationaux fréquentés par la plupart des Vietnamiens avec la pagode Bà Chúa Xứ (Châu Đốc) à proximité de la frontière du Cambodge lors de la fête du Tết. Au centre du Vietnam, la pagode de la Dame céleste (Chùa Thiên Mụ), située en face de la rivière des Parfums (sông Hương) ne manque pas de charme tandis qu’au sud, dans la province de Tây Ninh, non loin de Saïgon, se blottit sur le mont de la Dame noire (núi Bà Đen) une pagode portant le même nom.

Dans la seule capitale Hanoï, on recense au moins 130 pagodes aux alentours. Il y autant de villages que de pagodes. Il est difficile de tout énumérer. Mais à cause des caprices du temps et des ravages provoqués par la guerre, il existe un nombre infime d’édifices ayant réussi à garder intact le style architectural et sculptural datant des dynasties Lý, Trần et Lê.

Parfois le méfait humain est responsable de la destruction de certaines pagodes célèbres. C’est le cas de la pagode Báo Thiên dont l’emplacement a été cédé aux autorités coloniales françaises pour la construction de l’église de style néo-gothique Saint-Joseph qu’on voit aujourd’hui au coeur de la capitale, non loin du lac célèbre de l’épée restituée (Hồ Hoàn Kiếm) (Hànội). D’une manière générale, la plupart des pagodes d’aujourd’hui, gardent visiblement la trace de restauration et de rénovation sous la dynastie des Nguyễn. Par contre, leurs objets cultuels, leurs statues en pierre et en bronze ont été moins altérés et ont conservé l’état initial au fil des siècles. De plus, lorsqu’on s’avance dans le centre et dans le Sud du Vietnam, on s’aperçoit que les influences chame et khmère ne sont pas absentes dans l’architecture des pagodes car ces territoires appartenaient dans le passé respectivement aux royaumes du Champa et du Founan.

Malgré le nombre considérable de pagodes et la variété de leur taille, l’agencement de leurs bâtiments s’opère de façon immuable. Il est facile de le reconnaître grâce aux 6 caractères célèbres chinois suivants:. Nhất, Nhị, Tam, Đinh, Công et Quốc (ou 一, 二 , 三 ,丁, 工 et en chinois). La simplicité est visible dans le modèle identifié par le premier caractère Nhất où les bâtiments se succèdent en une seule rangée transversale face au porche (Tam Quan). C’est ce qu’on trouve dans la plupart des pagodes des villages n’ayant aucune subvention de l’état ou dans le delta du Mékong au Sud Vietnam. Le deuxième caractère Nhị signifiant « deux » rappelle bien la disposition de deux rangées transversales parallèles face au porche. Celui-ci a l’avantage d’avoir au moins trois portes latérales et dessert une cour où la végétation est luxuriante et omniprésente grâce aux bosquets d’arbustes et aux fleurs en pots. Parfois on se retrouve avec une mare aux lotus et aux nénuphars, ce qui ne manque pas de rappeler la sérénité en accord avec la nature. 

Avec le troisième caractère Tam, il y a trois rangées transversales parallèles reliées souvent au milieu par des petits ponts ou par un couloir. C’est le cas des pagodes Kim Liên (Hànội) et Tây Phương (Hà Tây). La première rangée correspond à un groupe de bâtiments dont le premier s’appelle souvent sous le nom « salle antérieure ou tiền đường ». Connu parfois sous le nom vietnamien de « bái đường », celui-ci sert à recevoir tous les fidèles. Il est protégé à son entrée par les divinités gardiennes (ou dvàrapalàs ou hộ pháp) qui, aux traits menaçants, portent la cuirasse et montrent leurs armes (hallebarde, heaume etc..). Parfois, trônent aux côtés de cette salle antérieure les dix rois des enfers (Thập điện diêm vương ou Yamas) ou au couloir les 18 arhats (Phật La Hán) dans leurs différentes postures. C’est le cas de la pagode (Chùa Keo) où sont présents les 18 arhats dans la salle antérieure. Parfois il y a aussi les génies du sol ou le génie protecteur des biens de la pagode (Đức Ông). L’une des caractéristiques de la pagode vietnamienne est la présence de la déesse mère Mẫu Hạnh (Liễu Hạnh Công Chúa), l’un des 4 personnages adorés par les Vietnamiens. Sa vénération est visible par exemple dans la salle antérieure de la pagode Mía (Chùa Mía, Hà Tây). Puis dans un deuxième bâtiment légèrement surélevé par rapport au premier, on trouve des brûle-parfums ainsi que la stèle de pierre racontant l’histoire de la pagode. C’est pourquoi il a pour nom « nhà thiêu hương (ou salle de consommation d’encens) ». C’est aussi au fond de ce bâtiment qu’il y a un autel devant lequel les moines récitent les prières avec les fidèles en frappant sur un grelot en bois (mõ) et une cloche renversée en bronze (chuông). Il est possible de rencontrer parfois dans ce groupe de bâtiments la cloche si l’emplacement du clocher (gác chuông) n’est pas prévu à côté (ou à l’étage) du porche. Quelle que soit la taille de la pagode, on doit trouver au minimum trois bâtiments pour cette première rangée.

Après celle-ci, on se retrouve avec la rangée la plus importante de la pagode qui correspond à la salle des autels principaux (thượng điện). C’est ici qu’on a le panthéon aussi riche que hiérarchisé. Celui-ci est réparti sur trois socles. On trouve sur le plus haut socle adossé contre le mur du fond, l’autel des Bouddhas des Trois Eres (Tam Thế). Sur cet autel, figurent dans la conception du bouddhisme Màhayàna (Phật Giáo Đại Thừa) les trois statues représentant le Passé (Quá Khứ), le Présent (Hiện Tại) et le Futur (Vị Lai), chacune assise dans un trône de lotus. Sur le deuxième socle posé légèrement inférieur au premier trônent les trois statues dites trois existences avec le Bouddha Amitabha (Phật A Di Đà) au milieu, le Boddhisattva Avalokitecvara à gauche (Bồ Tát Quan Âm) et le Boddhisattva Mahasthanarrata à droite (Bồ Tát Đại Thế Chí). D’une manière générale, le Bouddha Amitabha est de stature plus imposante par rapport aux deux autres. Leur présence témoigne de l’importance accordée par les Vietnamiens à l’existence de la Terre pure (Tịnh Độ) dans le bouddhisme.

Cette croyance est tellement populaire auprès des Vietnamiens car selon eux, il existe le Paradis de l’Ouest (Sukhàvati ou Tây Phương cực lạc) auquel préside le Bouddha de la Lumière Infinie (Amitabha) et vers lequel ce dernier guide les âmes des morts. En faisant appel à son nom, le dévot pourrait accèder à ce paradis grâce à sa demande de la grâce auprès du Boddhisattva Avalokitecvara agissant comme intercesseur. Selon le chercheur vietnamien Nguyễn Thế Anh, c’est le moine Thảo Đường ramené au pays par le roi Lý Thánh Tôn lors de son expédition militaire au Champa (Đồng Dương), qui proposerait ce procédé de l’illumination au moyen de l’intuition et de l’engourdissement de l’esprit par la récitation du nom de Bouddha. C’est aussi pour cela que les bouddhistes vietnamiens ont l’habitude de prononcer A Di Đà (Amitabha) à la place du mot « bonjour » lorsqu’ils se rencontrent.

Schéma de l’agencement d’intérieur de la

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Enfin sur le dernier socle plus bas et plus large que les deux autres, se trouvent Cakyamouni, le Bouddha du Présent et ses deux plus grands disciples: Kasyapa (Đại Ca Diếp) et son cousin Ananda (Tôn Giả A Nan). Dans certaines pagodes, il y a un quatrième socle sur lequel figure le Bouddha du Futur Maitreya avec un boddhisattva Samantabhadra (Phổ Hiền Bồ Tát), symbole de la pratique à sa droite et un boddhisattva Manjusri (Bồ Tát Văn Thù Sư Lợi), symbole de la sagesse à sa gauche. Le nombre de statues exposées sur les autels varie en fonction de la renommée de la pagode en question. Il est dû en grande partie à des offrandes de la part des fidèles. C’est le cas de la pagode Mía (Chùa Mía) où on dénombre 287 statues, celui de la pagode Trăm Gian (Hà Tây) avec 153 statues etc…

Quant à la dernière rangée de la pagode (ou hậu đường), elle correspond à la salle postérieure et elle a le caractère multifonctionnel. Certaines pagodes la réservent à l’habitation des religieux (tăng đường). D’autres s’en servent pour la faire devenir lieu de culte des génies ou des héros comme Mạc Đĩnh Chi (pagode Chùa Dâu) ou Đặng Tiến Đông (pagode Trăm Gian, Hà Tây). C’est pourquoi on est habitué à dire: tiền Phật hậu Thần ( Le Bouddha devant et les Génies derrière). C’est le schéma inverse qu’on doit retrouver dans un temple (đình): Tiền Thần, Hậu Phật. (Les génies devant et le Bouddha derrière). On y trouve parfois un clocher ou un pavillon des Mânes pour les trépassés. 

Parfois, on réserve une pièce ou un autel dédié à ceux qui ont investi beaucoup d’argent dans la construction ou l’entretien de la pagode. La plupart des donateurs étaient des femmes, celles ayant une influence notable dans les affaires d’état. C’est le cas de la princesse Mía, l’une des concubines du seigneur Trịnh. On lui a réservé spécialement dans la pagode Mía un autel proche de celui du Bouddha. Dans la pagode Bút Tháp, on trouve carrément une salle destinée à la vénération des donatrices telles que la grande reine Trịnh Thị Ngọc Cúc, les princesses Lê Thị Ngọc Duyên et Trịnh Thị Ngọc Cơ. Ce sont des personnages ayant participé financièrement à la construction de cette pagode au XVIIème siècle. 

Dans l’arrière-cour de la pagode, on découvre soit un jardin avec des stupas soit un mare aux nénuphars. C’est le cas de la pagode Phát Tích dont l’arrière-cour comporte 32 stupas de taille différente dans son jardin. On trouve parfois dans l’agencement intérieur de la pagode vietnamienne la forme du caractère Đinh (). Celui-ci est le quatrième signe du cycle décimal usité dans le calendrier chinois. C’est le cas de la pagode Nhất Trụ construite par le roi vietnamien Lê Đại Hành à Hoa Lư (Ninh Bình), ancienne capitale du Vietnam et de la pagode Phúc Lâm (Tuyên Quang) édifiée sous la dynastie des Trần (XIII-XIVème siècle).

Le caractère auquel la plupart des pagodes vietnamiennes ont recours souvent dans leur agencement intérieur reste le caractère Công (). Outre les rangées principales détaillées à l’intérieur de la pagode, il existe deux longs couloirs reliant la salle antérieure (tiền đường) à la salle postérieure (hậu đường). Cela crée un cadre ayant la forme d’un rectangle et englobant ainsi les rangées principales citées jusqu’alors dans le caractère Tam. Cette disposition a l’aspect du caractère Công à l’intérieur de la pagode mais vu de l’extérieur, on a l’impression d’avoir le caractère Quốc () avec l’encadrement complété par les deux longs couloirs. 

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Références bibliographiques

À la recherche de la culture vietnamienne. Hữu Ngọc. Editions Thế Giới 2011

Quan Thế Âm Bồ Tát . Facebook

Pagode (Chùa Chiền Việt Nam): 2ème partie

 

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Deuxième partie

Jusqu’à aujourd’hui, on ne réussit pas à élucider encore l’origine du mot « Chùa ». Aucun lien n’est trouvé dans l’étymologie du mot chinois « tự (pagode) ». Selon certains spécialistes, il faut chercher son origine dans le mot pali « thupa » ou « stupa » écrit en sanksrit car au début de sa construction, la pagode vietnamienne avait l’apparence d’un stûpa. Comme les Vietnamiens sont habitués à écourter dans leur prononciation syllabique les mots importés de l’étranger, le mot « stupa » devient dès lors le mot « stu » ou « thu » pour aboutir rapidement au fil des années au mot « chùa ». Selon le chercheur vietnamien Hà Văn Tấn, ce n’est qu’une hypothèse.

Quant au mot « Chiền » trouvé dans la langue ancienne du Vietnam (tiếng Việt cổ), il est utilisé aujourd’hui en association avec le mot « Chùa » pour évoquer l’architecture de la pagode. Pourtant ce mot « Chiền » est mentionné souvent seul dans le passé pour désigner la pagode. C’est ce qu’on a trouvé dans le poème intitulé « Chiền vắng am thanh (pagode désertée, asile solitaire) » du roi zhen Trần Nhân Tôn ou celui de Nguyễn Trãi « Cảnh ở tự chiền (ou Paysage de la pagode) ». Pour un grand nombre de gens, ce mot « Chiền » trouve son origine soit dans le mot pali « cetiya » soit dans le mot sanksrit « Caitya » pour désigner en tout cas l’autel du Bouddha.

L’édification de la pagode nécessite autant de temps que d’efforts dans la recherche et l’exploration préalable du terrain. Celui-ci doit répondre rigoureusement à un certain nombre de critères définis dans la géomancie car selon les Vietnamiens, cette science pourrait exercer une influence néfaste ou non sur la vie sociale des villageois. Le moine Khổng Lộ de l’école Vô Ngôn Thông (1016-1094), conseiller de la dynastie des Lý, a eu l’occasion d’aborder ce sujet dans l’un de ses poèmes avec le vers suivant: Tuyển đắc long xà địa khả cư (Chọn được đất rồng rắn có thể ở yên)( ou le choix du meilleur terrain peut apporter le confort de vie au quotidien). On est habitué à construire la pagode soit sur une colline ou un tertre soit sur une étendue assez élevée pour qu’elle puisse dominer les habitations des villageois. C’est pourquoi l’expression « Lên Chùa ( ou monter à la pagode ) liée incontestablement à la topographie de la pagode est employée habituellement par les Vietnamiens même lorsque cet édifice en question est situé sur un terrain plat.

Dans la plupart des pagodes, en particulier dans celles localisées au Nord du Vietnam, le cadre est à la fois serein, mystique et magnifique. Les cours d’eau, les montagnes, les collines, les ruisseaux etc .. y sont toujours présents, ce qui donne parfois des paysages à couper le souffle par leur intégration harmonieuse avec la nature. C’est le cas de la pagode Thầy (ou la pagode du maître) entre montagne et eau. Elle se perche sur le mont de Thầy dans la province de Hà Tây, à 20 km de la capitale Hànội. Lire la suite (Tiếp theo)

 


Références bibliographiques

Pagodes du Vietnam. Ann Helen Unger. Walter Unger Abbe Ville Press. Paris 1997

130 pagodes de Hànộï. Nguyễn Thế Long- Phạm Mai Nùng. Editeur Thế Giới 2002

Chùa Việtnam. Hà Văn Tấn. Nhà Xuất Bãn Khoa Học Xã Hội. Hànội 1993

Kiến trúc Phật Giáo Việt Nam, Nguyễn Bá Lăng. Viện Đại Học Vạn Hạnh, Saìgòn, 1972

Tìm hiểu tín ngưỡng truyền thống Việt Nam/ Mai Thanh Hải. NXB Văn hóa Thông Tin. 2004

Recherche sur l’identité de la culture vietnamienne. Trần Ngọc Thêm Editions Thế Giới 2008

Un livre des moines bouddhistes dans le Việt Nam d’autrefois. L’École de l’Esprit aux X-XIIe siècles. Philippe Langlet, Dominique De Miscault, Paris, Aquilon, 2005

Pagode Bút Tháp (Bắc Ninh)


English version
Vietnamese version
Liste des photos 

La pagode Bút Tháp

est située approximativement à 30km de Hànội dans la province de Bắc Ninh.  Selon l’explication trouvée dans le livre intitulé « Địa chí Hà Bắc » (1982), son existence data de l’époque du roi  Trần Thánh Tông  (1258-1278).  Les gens locaux l’appellent fréquemment sous le nom « Pagode Bút Tháp »  car elle a une tour en forme de pinceau à écrire pour la calligraphie.  En dépit des restaurations multiples  entreprises dans le passé, cette pagode continue à garder son charme original.C’est le plus beau et le plus grand temple bouddhiste du Vietnam. C’est ici qu’on trouve les plus belles pièces de sculpture en bois du 17è siècle. (les statues de Tây Thiên Ðông Ðỗ Lịch Ðại Tổ et de Quan Âm) .

English version 

Bút Tháp pagoda is located approximatively at 30km from Hà-Nội in Bắc Ninh province. According to the explanation found in the book intituled ”Địa chí Hà Bắc” (1982), its existence was from the time of Trần Thánh Tông king  (1258-1278). The local people frequently  call it under the name ”Bút Tháp” because it has a tower in the paintbrush shape for calligraphy. Despite multiple restorations undertaken in the past, this pagoda continues to keep its original charm.
It is the most beautiful and largest Buddhist temple of Vietnam. It is here that one finds many beautiful pieces of wood sculpture dating from 17th century. (Tây Thiên Ðông Ðỗ Lịch Ðại Tổ and Quan Âm statues)


Chùa Bút Tháp 

Nằm cách xa Hànội khoảng chừng 30 cây số thuộc tỉnh Bắc Ninh.  Theo sách Địa chí Hà Bắc (1982) thì chùa nầy  có từ đời vua Trần Thánh Tông  (1258-1278).  Sở dĩ dân chúng trong vùng gọi thường là chùa Bút Tháp vì chùa nầy có một tháp hình dáng tựa như  bút nghiên dùng trong thư pháp.   Dù bao lần trùng tu, sửa chữa , chùa nầy vẫn giữ được nét đẹp nguyên sơ của nó. Đây cũng là một trong những chùa đẹp   nhất ở miền Bắc. Ở nơi trong, còn có những pho tượng phật điêu khắc bằng gỗ tuyệt đẹp của thế kỹ 17 chẳng hạn như tượng  Tây Thiên Đông Đỗ Lịch Đại Tổ và Phật Bà Quan Âm.

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Les mudras du Bouddha (Thủ Ấn)

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Les gestes symboliques du Bouddha icone_lotus

En fonction du pays de fabrication de la statue du Bouddha, l’artiste peut la représenter d’une manière différente. Par contre, il y a toujours certains caractères rituels immuables qu’il doit respecter scrupuleusement dans la statuaire bouddhique. C’est le cas du port et des gestes des mains du Bouddha (mudras). Etant en nombre limité, ceux-ci, complétés par la posture du corps (asana), permettent aux fidèles de tirer bénéfice de l’enseignement et de la philosophie du bouddhisme. On a l’habitude d’associer ces gestes symboliques aux différents épisodes de la vie du Bouddha (méditation sous l’arbre de Bodhi, prise de la terre à témoin, premier prédicat à Sarnath etc.).

Au lieu des textes bouddhiques auxquels peu de gens du peuple ont accès, ces mudras dans les représentations iconographiques du Bouddha sont de véritables outils de transmission religieuse. L’image est plus parlante car elle est basée sur des gestes simples et lisibles par tous à la place des textes bouddhiques parfois incompréhensibles. Conçues au départ par les yogis et les prêtres de l’époque védique en Inde, les mudras seront reprises et interprétées selon les sectes de Mahâyâna pour devenir au fil du temps l’une des techniques de représentation très codifiée. Elles constituent ainsi un langage extrêmement puissant car à travers un certain nombre de signes et de symboles, cela permet d’identifier le personnage sacré, de définir son rang et d’évoquer ses qualités.

mudras

Thủ Ấn

C’est le cas des divinités du panthéon bouddhique (Bodhisattvas, Amithâba etc..). C’est ce qu’on retrouve aussi dans de multiples pratiques à caractère religieux (danses, rites, méditations etc.) sans oublier de rappeler ce qu’on a vu aussi dans l’iconographie chrétienne avec ses saints placés à l’entrée des cathédrales du Moyen âge. Quelques mudras importantes sont fréquemment rencontrées dans l’iconographie bouddhique.

Abhaya mudra 

Mudra d’absence de la peur

 

(Ấn xúc địa) (Bhumisparsa Mudra)

Prise de la terre à témoin avec sa main droite.

C’est la Bhumiparsha-mudra. Dans ce geste, on voit que sa main droite est soulevée au dessus de son genou droit tandis que sa main gauche est posée en face de son ventre dans la position du lotus. Il prit la terre à témoin et appela la déesse de la terre Torani à sa rescousse. Pour tuer les hordes du Mal représenté par Mara, cette divinité fit déferler les flots en dénouant ses cheveux. Cette mudra annonce l’imminence de l’éveil. Au sortir de cette méditation, il annoncera les quatre nobles vérités (Tứ Diệu Đế): Dukka (souffrance), Samudaya (soif insatiable), Nirohda (extinction de la souffrance) et Marga Sacca (Voie du Bouddha vers l’extinction) pour atteindre le nirvana (libération finale).

Mudra de la méditation ( Ấn thiền )

Le Bouddha est assis avec les deux mains posées, paumes retournées sur ses jambes croisées en lotus. C’est la mudra de méditation qu’on retrouve souvent dans l’école zen. C’est la période de méditation du Bouddha sous l’arbre de l’éveil (bodhi) à Bihar.

 

Mudra de la charité  (Varada mudra)

Mudra d’argumentation et de l’enseignement (Ấn giáo hóa)

Assis en position de lotus, le Bouddha maintient sa main droite à la hauteur de son épaule, paume à l’extérieur, le pouce et l’index se touchant et les autres doigts étant relevés. Cette posture correspond bien à la discussion et à l’argumentation.

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Le Caodaïsme (Cao Đài Giáo)

 

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Cao Đài gíáo được xem là một tôn giáo quan trọng đứng hàng thứ ba  ở Việtnam sau Phật giáo và Công giáo. Cao Đài  tức là nơi cao mà Thượng  để ngự trị.  Cao Đài giáo là một tôn giáo có tính pha trộn rất nhiều các tôn giáo lớn mà chủ yếu là Phật giáo, Công giáo,  Ấn Độ giáo, Hồi giáo,  Do Thái giáo,  Đạo giáo và nhất là kính trọng các truyền thống Vietnam. Tín đồ Cao Đài tin rằng Thượng đế là đấng chí cao  sáng lập ra các tôn giáo và luôn cả vũ trụ này và thường gọi tôn giáo của mình là Đạo Trời. Toà thánh Tây Ninh được tọa lạc tại thị trấn Hòa Thành, huyện Hòa Thành, tỉnh Tây Ninh và cách xa khoảng 90 cây số  về phía đông nam của thành phố Saïgon. Số tín đồ theo đạo Cao Đài ước chừng 7 triệu người ở Việtnam và 30.000 ở hải ngoại nhất là ở Á Châu, Úc Châu, Gia Nã Đại, Âu Châu và Mỹ quốc.

Có 3 thời kỳ quan trọng trọng lịch sữ của đạo nầy.   Thời kỳ đầu và nhì được diễn ra ở thế kỷ 6 TCN.  Lần đầu thường được gọi là Nhất kỳ Phổ độ, Thượng đế xuất hiện dưới hình dạng của người lãnh tụ của Do Thái giáo, Đức  Phật  (Nhiên Đăng cổ Phật) ở Ấn Độ và Phục Hi ở Trung Hoa.  Lần thứ nhì thường gọi Nhị kỳ Phổ độ, ngài đến với Phật giáo qua  Sakyamuni, Khổng Giáo với Đừc Khổng Tử, Công Giáo với Đức Chúa Giêsu, Đạo giáo với Lão Tử và Hồi giáo với Mahomet.  Lần sau cùng là  Tam kỳ Phổ độ, ngài quyết định xuất hiện để truyền giảng cho tín đồ một cách trực tiếp qua hình thức cơ bút. Tất cả tôn giáo được xuất hiện trước Cao Đài giáo chỉ thể hiện dưới  các hình dạng khác nhau (tôn giáo) nhưng  cùng một chân lý mà còn tùy ở thời đại, nơi  phát hiện, phong tục tập quán của dân gian nhằm  để giáo dục nhân loại và dẫn đến con đường nhân nghĩa  hạnh phúc  dưới sự dìu dắt của Thầy.  Triết lý và niềm tin tín ngưỡng mà đạo Cao Đài giảng dạy rất giản dị nhưng tạo ra không ít sự hoang mang vì  đạo nầy rất thích hợp  với đạo lý nhiều hơn là mang tính chất huyền bí.  

  • Thờ cúng tổ tiên.
  • -Luyện tập thiền định.
  • -Thực tập ăn chay trong đời sống
  • -Bất  bạo động
  • -Tôn trọng mọi  hình thức tín ngưỡng
  • -Tu tập giải thoát luân hồi

Tránh làm 5 điều tối kỵ như sau:

  • Không giết bất cứ sinh vật
  • Không có gian dối
  • Không có uống rượu
  • Không có ngoại tình
  • Không có làm tổn thương qua lời nói

Cầu nguyện một lần trong ngày và ăn chay ít nhất  10 ngày trong tháng.  Các lễ  cầu nguyện được diễn ra  ở  toà thánh Tây Ninh mỗi ngày với các giờ chỉ định: 6 giờ, 12 giờ, 18 giờ và 24 giờ. 

Version française

Le caodaïsme est la troisième religion importante au Vietnam après le bouddhisme et le christianisme. Cao signifie « Haut » et Ðài  » Palace ». Cao Đài est la suprême palace où règne Dieu. Le caodaïsme est une religion syncrétique qui englobe et combine plusieurs éléments à partir des religions principales: le Bouddhisme, le Confucianisme, le Catholicisme, l’Hindouisme, l’Islam, le Judaïsme et le Taoïsme tout en prenant en compte les traditions vietnamiennes. Le Saint Siège se trouve à Tây Ninh, à 90 km du Nord-Ouest de Saigon. Le nombre de ses fidèles s’élève à 7 millions au Vietnam et 30.000 à l’étranger, en particulier en Asie, Australie, Canada, Europe et les Etats-Unis.

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Article: Être caodaïste (Tôi là người Cao Đài)

img_9502 On trouve dans l’histoire de cette religion les trois périodes importantes de révélations. La première et la deuxième avaient lieu VIème siècle avant notre ère. Au cours de la première manifestation, Dieu fut apparu sous les trois formes du leader judaïste en Moyen-Orient, de Bouddha Dipankara en Inde et de Fou-Hi symbolisant le culte de l’humanité en Chine. Au cours de la deuxième manifestation, le bouddhisme réapparut sous la forme Sakyamuni, le confucianisme sous celle de Confucius, le christianisme sous celle de Jésus-Christ, le taoïsme sous celle de Lao- Tseu et l’Islam sous celle de Mahomet. Quant à la troisième manifestation, Dieu a décidé de se révéler lui-même. Cette troisième manifestation basée sur le bouddhisme est appelée souvent sous le nom « Ðại Ðạo Tam Kỳ Phổ Ðộ« . Toutes les religions qui ont précédé la révélation du caodaïsme ne sont que des formes différentes issues de la même vérité  suivant l’époque, les lieux de révélations, les us et coutumes des peuples en vue d’éduquer l’humanité et de l’amener vers le chemin du Bien dans la voie de Dieu. La philosophie et la profession de foi du caodaïsme sont d’une simplicité déconcertante, plus proche de la morale que de la transcendance mystique.

  • -Respect du culte des ancêtres
  • -Pratique de la méditation.
  • -Pratique du végétarisme.
  • -Suppression de la violence
  • -Respect de toutes les formes religieuses.
  • -Recherche de la libération du cycle de réincarnations

Respect des 5 interdictions suivantes:

  • Ne tuer aucune vie
  • Ne pas être malhonnête
  • Ne pas boire
  • Ne pas commettre l’adultère
  • Ne pas offenser par des mots

Prier au moins une fois par jour et pratiquer un régime végétarien au moins 10 jours par mois. La messe a lieu au saint siège de Tây Ninh tous les jours et se déroule à des heures bien précises:
6h, 12 heures, 18 heures et 24 heures.

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Le Bambou (Cây Tre)

Version vietnamienne

Version anglaise

Le bambou  est lié étroitement à la vie journalière des Vietnamiens. Lorsqu’on est en bas âge, on s’endort dans le balancement du berceau en bambou. Une fois devenu vieux et décédé, on repose dans un cercueil descendu dans la fosse avec des cordes de bambou. Le journaliste français  Jean Claude Pomonti, le spécialiste des questions d’Asie du Sud-Est, a nommé souvent et d’une manière humoristique, notre civilisation dans ses rubriques du journal « Le Monde » sous le label « civilisation du bambou » car le bambou est un élément important dans notre culture. Grâce aux recherches scientifiques, on sait que le bambou était la principale ressource utilisée par les groupes humains en Asie du Sud-Est il y avait 39 000 ans mais à cause des conditions de conservation extrêmement défavorables pour les matériaux organiques, cela rendait invisible cette utilisation plusieurs milliers d’années plus tard. Pourtant  le géographe célèbre  Pierre Gourou, en 1948, a parlé d’une « civilisation du végétal » pour l’Indochine, en particulier pour le Vietnam.  

C’est une plante à multiples usages au Vietnam. Grâce à cette plante, tout est possible dans ce pays où rien n’est facile et où on ne se laisse pas rebuter ou arrêter par des obstacles. D’abord,  dans notre histoire, le bambou est évoqué dans le mythe de l’enfant géant du village de Gióng.  Ce bonhomme grandit démesurément en quelques semaines pour chasser les armées venues du Nord (les Shang) et sur son cheval de fer crachant du feu, il réussit à arracher des forêts de bambous pour  abattre ses ennemis. Puis au XIIIème siècle, une victoire éclatante fut dirigée par le généralissime Trần Hưng Đạo contre les hordes mongoles de Kubilai Khan sur le fleuve Bạch Đằng avec les jonques et les barques de bois et de bambou. La victoire de Điện Biên Phủ fut obtenue en 1954 aussi contre le corps expéditionnaire français par l’utilisation massive et astucieuse des palanches de bambou et des bicyclettes à garniture de bambou  dans le ravitaillement du front en vivres et en munitions et dans le déplacement des pièces de canons démontés sur des pentes abruptes aux alentours du camp retranché de Điện Biên Phủ, ce qui facilite ainsi le pilonnage intensif  d’artillerie, de jour comme de nuit.

Par le biais de l’histoire, on s’aperçoit qu’il y a un attachement  profond de longue date du peuple vietnamien à ce bambou. C’est  cette plante que  le poète vietnamien Nguyễn Duy tente d’humaniser et décrire  pour les nobles qualités dans son poème intitulé « Tre Việt Nam (le bambou vietnamien) »dont quelques vers sont extraits ci-dessous:

Bão bùng thân bọc lấy thân
Tay ôm, tay níu tre gần nhau thêm.
Thương nhau, tre chẳng ở riêng
Luỹ thành từ đó mà nên hỡi người.

Lors de la tempête, les bambous se protègent le corps
Les bras serrés et raccrochés, ils tentent de se rapprocher des autres
Remplis d’affections, ils ne peuvent  pas vivre séparément
C’est ainsi que naît dès lors la forteresse des bambous.

Dans l’alimentation, les pousses de bambou entrent dans la préparation de nombreux plats.  Celles-ci sont nécessairement cuites ou appertisées afin de supprimer les toxines naturelles qu’elles contiennent.  Il y a beaucoup de proverbes et de chansons populaires faisant allusion à l’enfance en évoquant les pousses de bambou.  On dit măng sữa ( pousse de bambou à allaiter) ou tuổi măng sữa (âge tendre) pour faire référence à l’enfance. On a l’habitude de dire: Măng không uốn thì tre uốn  sao được. (Si on ne redresse pas la pousse, comment pourra-t-on redresser le bambou ?). La pousse de bambou nous rappelle la notion de la fuite du temps. Il ne faut pas laisser s’échapper le temps perdu car le bambou pousse un temps et l’homme n’a qu’un âge.  Il faut jouir du temps avant qu’il s’en aille et que la vieillesse à grands pas aille nous rattraper. C’est ce qu’on trouve  dans les chansons populaires ou les adages vietnamiens:

Măng mọc có lứa người ta có thì.

Il y a une saison pour les pousses de bambou comme il y a un temps pour les gens.

Ou

Khi đi trúc chưa mọc măng
Ngày về trúc đã cao bằng ngọn tre.

Le bambou n’avait pas encore de pousse quand je partais
Il a déjà atteint la cime du bambou quand je retourne.

Ou

Tre già măng mọc

Quand le bambou devient vieux, la pousse commence à sortir. 

Cette expression traduit  en quelque sorte notre espoir sur la jeunesse et sur les générations futures. 

Autrefois, les Vietnamiens se servirent de ce bambou creux si solide et si léger pour construire des cloisons, des haies hautes de plusieurs mètres protégeant leur village contre les ennemis et les brigands. On  trouve  ce matériau partout dans  la maison, de la charpente, des murailles, des cloisons jusqu’aux  planchers. Tout y est fait avec ce bois creux (meubles, lits, tables, accessoires divers etc …) même un gobelet à  boire. Déchiré en lanières, il sert de cordages et de ficelles. On se sert des filaments de bambou pour faire des paniers de tout genre pour faciliter les transports sur terre (hottes)  ou sur l’eau (paniers ronds). On en fait aussi des chapeaux coniques pour s’abriter de la pluie et du soleil. Grâce à cette plante, on sait créer des outillages usuels (le seau pour aller puiser de l’eau, la pipe pour les fumeurs, les conduites d’eau etc…). Il sert aussi à la nourriture des animaux et même à celle des villageois. Ceux-ci mangent, en guise d’asperges, les pousses les plus tendres de bambous. Même on déterre les racines de ce bois creux et on les assèche par le soleil durant des semaines entières. A l’approche du Tết, on s’en sert comme bois de chauffage pour cuire les gâteaux de riz gluant ou pour se protéger surtout contre le froid en hiver dans le Nord et le Centre du Vietnam. Le bambou devient ainsi quelque chose « sacrée », intime et propre au village. C’est grâce à ces haies faites avec cette plante que le village retrouve non seulement sa tranquillité et son intimité mais aussi ses traditions et ses mœurs. Le bambou devient ainsi le protecteur des villageois. C’est pourquoi dans un proverbe vietnamien on dit que

L’autorité du roi s’arrête devant les haies de bambous du village. (Phép vua thua lệ làng)

C’est aussi aujourd’hui seulement dans les villages qu’on trouve cette plante incomparable  qui facilite la vie des villageois. Le bambou et le village sont si étroitement liés qu’on les compare souvent à une personne liée à son ombre. C’est pourquoi on retrouve dans  plusieurs poèmes vietnamiens cette évocation. Cette impression, tout Vietnamien l’aura probablement lors de son passage dans son village natal à travers les quatre vers suivants:

Thì bao nhiêu cảnh mơ màng
Hiện ra khi thoàng cỗng làng tre xanh.

Au moment où on s’adonne à rêver, on voit apparaître de loin l’entrée du village ainsi que le bambou.

Dừng bước nơi đây lòng ngỗn ngang
Ngùi trông về Bắc nhớ tre làng

En s’arrêtant ici, on se sent désemparé
En se souvenant de son pays avec émotion, on est rappelé à revoir le bambou du village.

 

Retrouver le bambou c’est retrouver le village. C’est pour cela que le bambou devient ainsi le symbole représentatif du Vietnam

Cây Tre

Cây tre là một loại thực vật được gắn liền đến hoạt động hằng ngày của người dân Việt từ khi còn nằm  trong nôi cho đến khi qua đời được chôn ở dưới nấm mồ. Khi còn nhỏ, ta thường được ru ngủ và  được đu đưa trong chiếc nôi tre. Khi đến tuổi già và qua đời thì ta được an nghỉ trong một quan tài được hạ xuống hố qua các dây tre. Nhà báo Pháp Jean Claude Pomonti, một chuyên gia về các vấn đề Đông Nam Á, đã thường xuyên gọi  nền văn minh của chúng ta   một  cách hóm hỉnh   trong các mục của ông trên tờ báo « Le Monde » dưới cái tên « văn minh cây tre » vì tre là một yếu tố quan trọng trong nền văn hóa của chúng ta. Nhờ các cuộc  nghiên cứu khoa học, chúng ta biết rằng tre là nguồn tài nguyên chính được sử dụng bởi các nhóm người dân ở Đông Nam Á khoảng chừng  39,000 năm trước, nhưng do điều kiện bảo quản cực kỳ bất lợi cho các vật liệu hữu cơ, khiến cho việc sử dụng này không được nói đến có vài nghìn năm sau đó. Tuy nhiên, nhà địa lý học nổi tiếng Pierre Gourou, năm 1948, đã nói đến một nền văn minh thực vật ở  Đông Dương, đặc biệt là ở Việt Nam.

Tre là một loại cây có nhiều công dụng nhất ở Việt Nam. Nhờ có thực vật này, mọi thứ đều có thể thực hiện được ở đất nước này, nơi mà không có gì gọi là dễ dàng cả và cũng là nơi mà không để mình bị cản trở hoặc dừng lại bởi những chướng ngại nào cả. Trước hết, trong lịch sử của chúng ta, cây tre được gợi nhớ đến trong  truyền thuyết,  một đứa trẻ khổng lồ từ làng Gióng lớn lên rất nhanh  chóng trong vài tuần lễ để đánh đuổi quân nhà Ân Thương từ phương Bắc  và trên con ngựa sắt phung lửa,  thánh  thành công nhổ  các bụi tre đánh gục quân thù. Sau đó vào thế kỷ 13, chiến thắng vẻ vang của tướng Trần Hưng Đạo chống lại quân Mông Cổ của Kubilai Khan trên sông Bạch Đằng nhờ sử dụng các thuyền bè  bằng gỗ và tre. Chiến thắng Điện Biên Phủ  vào năm 1954 chống lại quân viễn chinh Pháp  nhờ việc sử dụng khôn khéo  những chiếc xe đạp cùng các đồ trang bị bằng tre trong việc tiếp tế lương thực, đạn dược cho mặt trận và trong việc di chuyển các khẩu đại bác trên những sườn núi có dốc xung quanh đồn lũy Điện Biên Phủ cố thủ khiến  tạo ra điều kiện thuận lợi cho pháo binh đột kích không ngừng cả ngày lẫn đêm. Trải qua quá trình lịch sử, chúng ta nhận thấy rằng có một mối liên hệ sâu sắc lâu đời giữa cây tre và con người Việt Nam. Chính loài cây này mà nhà thơ Việt Nam Nguyễn Duy đã cố gắng nhân hóa và miêu tả lại những phẩm chất cao quý của nó trong bài thơ “Tre Việt Nam” mà được trích ra vài câu thơ như sau:

Bão bùng thân bọc lấy thân
Tay ôm, tay níu tre gần nhau thêm.
Thương nhau, tre chẳng ở riêng
Luỹ thành từ đó mà nên hỡi người.

Trong chế độ ăn uống, măng được dùng để chế biến nhiều món ăn. Măng cần thiết phải được nấu chín hoặc bảo quản đóng hộp  để loại bỏ các độc tố tự nhiên mà có ở trong măng. Có rất nhiều câu tục ngữ và bài hát phổ biến ám chỉ tuổi thơ bằng cách gợi lên những búp măng. Chúng ta nói măng sữa (măng còn non) hay tuổi măng sữa (tuổi còn non) để chỉ thời thơ ấu. Chúng ta thường nói: Măng không uốn thì uốn sao được. (Nếu không nắn măng thì làm sao nắn được tre?). Cây măng gợi cho ta liên tưởng đến thời gian trôi qua rất nhanh. Chúng ta đừng để lãng phí thời gian trôi đi vì tre mọc một thời và con người cũng  chỉ có một tuổi. Chúng ta phải tận hưởng khoảng thời gian trước khi nó qua đi và tuổi già nhanh chóng bắt kịp được chúng ta. Đây là những gì chúng ta tìm thấy trong các bài ca dao hoặc các câu ngạn ngữ Việt Nam:

Măng mọc có lứa người ta có thì.

Hay

Khi đi trúc chưa mọc măng
Ngày về trúc đã cao bằng ngọn tre.

Hay

Tre già măng mọc

Từ ngữ nầy thể hiện sự  hy vọng của chúng ta ở tuổi trẻ và ở  thế hệ tương lai.

Thưở xưa, người dân Việt hay sử dụng loại tre  rỗng này rất vững chắc và nhẹ nhàng để làm vách ngăn, làm hàng rào cao vài thước  để bảo vệ làng trước kẻ thù địch hay kẻ cướp. Ở làng, tre làm được mọi thứ. Nó cung cấp mọi thứ cho nhà cửa, từ sườn, tường, vách ngăn cho đến sàn nhà đều làm bằng nan tre cả. Mọi thứ đều được làm bằng tre rỗng này (đồ nội thất, giường, bàn, các phụ kiện khác nhau vân vân…), thậm chí còn luôn cả cốc uống nước.  Bị tách ra thành dải, tre dùng  làm dây thừng và dây. Sợi tre được dùng làm các loại thúng thuận tiện cho việc vận chuyển trên đồng cạn (như gùi) hoặc trên mặt nước (như thuyền thúng).  Còn các sợi tre được  làm thành  các nón lá che mưa  hay che nắng. Nhờ có tre này, chúng ta còn  biết cách tạo ra các công cụ thông thường (xô lấy nước, tẩu hút thuốc, các ống nước vân vân…). Nó cũng được sử dụng làm thức ăn cho động vật và thậm chí cho dân làng.  Như măng tây những người  thích hay thường ăn những chồi non mềm mại nhất. Ngay cả phần rễ của tre rỗng này cũng được đào lên và đem đi phơi nắng trong nhiều tuần liền tiếp. Khi Tết về, dùng làm củi để nướng bánh chưng hoặc chống rét, nhất là vào mùa đông ở miền Bắc và miền Trung Việt Nam. Tre vì thế trở thành một thứ gì  rất “thiêng liêng”, thân thiết và đặc trưng của làng quê. Chính nhờ những hàng rào làm bằng loại cây tre này mà ngôi làng không chỉ lấy lại được sự bình yên riêng tư mà còn luôn cả truyền thống và phong tục. Cây tre trở thành người che chở dân làng. Đây là lý do tại sao trong tục ngữ Việt Nam người ta thường nói rằng: Phép vua thua lệ làng. 

Ngày nay chỉ có ở các làng quê, chúng ta mới tìm thấy loại cây nầy có một không hai và giúp dân làng có một  cuộc sống dễ dàng hơn. Tre và làng có quan hệ mật thiết với nhau đến nỗi chúng ta thường  so sánh như một con người được gắn bó với cái bóng của mình vậy. Đây là lý do tại sao chúng ta tìm thấy được  sự khơi gợi  này  trong các bài thơ của người dân Việt. Sự cảm nhận này, bất cứ người dân Việt nào cũng có khi trở  về làng quê qua bốn câu thơ sau đây:

Thì bao nhiêu cảnh mơ màng
Hiện ra khi thoàng cỗng làng tre xanh.

Dừng bước nơi đây lòng ngỗn ngang
Ngùi trông về Bắc nhớ tre làng

Tìm  lại được tre là tìm lại được làng quê. Đây là lý do vì sao cây tre trở thành biểu tượng tiêu biểu của Việt Nam.

Civilisation du bambou

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Buffle (Con Trâu hay Thủy ngưu)

 

Version vietnamienne

English version

Comme le Vietnam est un pays agricole, le buffle est considéré toujours comme un animal familier pour les Vietnamiens, en particulier pour les paysans.  Analogue aux autres peuples, le Vietnam a aussi beaucoup de légendes parmi lesquelles il y a une concernant le buffle.

Autrefois, pour aider les paysans vietnamiens, l’empereur céleste  chargea un génie de descendre au Vietnam avec deux sacs, l’un rempli de graines de céréales pour nourrir la population et l’autre de graines d’herbes pour le bétail. Il fut conseillé de semer d’abord les graines de céréales puis celles des herbes après. Comme il fut tellement distrait, il oublia les recommandations en faisant le contraire: les graines d’herbes d’abord puis celles de céréales après.

C’est pourquoi le Vietnam était tellement  inondé par des forêts d’herbes que  les plaintes de ses paysans se répercutaient en écho   jusqu’au ciel. Ayant appris cela, l’empereur céleste, furieux, condamna le génie à l’exil en le métamorphosant en un buffle vivant désormais au Vietnam. C’est pourquoi ce ruminant  était obligé de passer toute la journée à brouter l’herbe et à tirer les charrues pour racheter les erreurs commises. 

Le buffle est un animal très utile dans les pays agricoles, en particulier au Vietnam où les technologies agricoles ne sont pas très développées. Dans certains pays, si le chien est le meilleur ami de l’homme, c’est le buffle qui est le compagnon inséparable du paysan vietnamien. Sans ce ruminant, ce dernier serait dépourvu de tout car c’est lui qui l’aide à labourer tous les jours la terre, à charrier les fardeaux, à le remplacer dans des tâches fatigantes et ingrates. Ce ruminant est aussi l’animal que les Montagnards des Hauts Plateaux sacrifient pour demander au dieu de leur accorder la faveur en bénissant leur récolte.

Le buffle est l’animal bienfaiteur des paysans vietnamiens. C’est pourquoi il est l’animal le plus souvent cité dans les chansons populaires et les proverbes. Il est l’un des sujets enrichissants de la poésie vietnamienne.

Pour le paysan, le buffle fait partie de son patrimoine. C’est pourquoi on a l’habitude de dire:

Ruộng sâu, trâu nái
La rizière haute, le buffle étalon

pour désigner une personne aisée dans le village.

L’achat d’un buffle est un sujet aussi important que la construction d’un habitat ou la recherche d’une femme. C’est pourquoi les deux vers suivants illustrent cet état d’esprit chez un paysan vietnamien:

Tậu trâu, lấy vợ, làm nhà
Trong ba việc đo’ trong là khó thay.

L’achat d’un buffle, la recherche d’une femme et la construction d’un habitat
Parmi ces trois tâches, aucune ne paraît facile.

Comme c’est le cas de la pisciculture, l’élevage des buffles est un moyen de s’enrichir rapidement. C’est pourquoi on a l’habitude de citer souvent dans l’une des chansons populaires les deux vers suivants:

Muốn giàu thì nuôi trâu cái,
Muốn lụn bại thì nuôi bồ câu.

Si on veut s’enrichir, il faut acheter les buffles femelles,
Si on veut s’endetter, il suffit d’élever les pigeons.

Pour désigner le buffle, on a l’habitude d’utiliser le mot « ngưu () » mais cela s’avère incorrect. Selon le chercheur vietnamien Lại Nguyên Ân, c’est une erreur qu’on doit connaître.  Le buffle ne vit que dans les régions tropicales. Dans le nord de la Chine, on ne trouve pas le buffle.  Il semble que  ce mammifère existe seulement  en Kouang Tong et Kouang Si à l’époque où le territoire des Bai Yue était annexé par les Han.  Dans les textes anciens chinois écrits parles Chinois du Nord, on emploie le mot « ngưu » pour faire allusion à un  bœuf. Quant au buffle, dans le dictionnaire chinois, on le désigne par le mot « thủy ngưu (水牛) » car il est un bœuf qui sait bien nager dans l’eau. C’est un fait à connaître.

L’image du buffle est liée étroitement au paysage rural du Vietnam. On a l’habitude de voir souvent les buffles herser le sol  après le labourage dans les rizières.  C’est pourquoi la tâche pénible du buffle est décrite dans l’un des poèmes suivants: 

Trâu ơi ta bảo trâu này
Trâu ra ngoài ruộng trâu cày với ta.
Cầy cấy vốn nghiệp nông gia
Ta đây trâu đấy ai mà quản công.

Ô mon buffle, écoute ce que je te dis
Tu vas à  la rizière, tu  laboures avec moi;  
Labourer et repiquer c’est le métier des laboureurs
Moi que voici, toi que voilà, qui de nous plaint sa peine.

ou 

Trên đồng cạn dưới đồng sâu,
Chồng bừa vợ cấy con trâu đi cày.

Dans la rizière haute et dans la rizière basse,
Le mari herse, la femme repique, le buffle laboure.

Le matin  le buffle est visible de bonne heure dans la rizière.  Le soir, il est ramené au hameau par le bouvier après une journée de labeur.  Le Vietnamien a l’occasion de rappeler le tableau de la vie rustique à la campagne décrit par la poétesse célèbre Huyện Thanh Quan ( la sous-préfète de Thanh Quan (ou Thái Bình d’aujourd’hui)) dans son poème intitulé « Paysage crépusculaire (Cảnh chiều hôm) »: 

Chiều trời bảng lảng bóng hoàng hôn
Tiếng ốc xa đưa lẫn trống đồn.
Gác mái ngư ông về viễn phố,
Gỏ sừng mục tử lại cô thôn…

Le soir ramène les ombres du crépuscule sous un ciel blafard;
On entend de loin le son de la trompe des veilleurs répondant au tam-tam du poste de garde;
Le vieux pêcheur  déposant sa rame regagne sa station lointaine;
Le jeune bouvier frappant les cornes de son buffle regagne son hameau solitaire….

Dans l’histoire du Viet Nam, il y a deux illustres personnages assumant le rôle de bouvier quand ils sont jeunes.  À cause de la pauvreté, ils sont obligés de passer leur journée à garder les buffles bien qu’ils soient bien éduqués. Le premier était Đinh Bộ Lĩnh.  Il avait le mérite de mater les rébellions des douze seigneurs locaux et unifier le pays. Il devenait ainsi le premier empereur d’un  Vietnam indépendant après mille ans de la domination chinoise.  Le second était Đao Duy Từ. Celui-ci se réfugia à une époque dans le sud (Đàng Trong) pour s’occuper d’un troupeau de buffles appartenant à un homme riche dans la région Tùng Châu.  Sachant que Đao Duy Từ n’était pas un personnage ordinaire, cet homme riche le recommanda à Trần Đức Hoà, le conseiller éminent du seigneur Nguyễn Phúc Nguyên. En trouvant en lui les qualités d’un homme instruit et talentueux, Trần Đức Hoà lui donna  sa fille en mariage et le présenta au seigneur  des Nguyễn,   Nguyễn Phúc Nguyên (ou seigneur bonze).  C’est sur ses recommandations que ce dernier réussit à construire deux forteresses « Trường Dục » et « Định Bắc Trường thành » le long du fleuve Nhật Lê qu’on est habitué à appeler « la forteresse du Maître »  à Đồng Hới (Quảng Bình) pour résister aux assauts des armées du seigneur Trịnh. Il était le mandarin méritant de la dynastie des Nguyễn et il était considéré toujours par le seigneur Nguyễn Phúc Nguyên comme son « Maître Vénéré« .

Bref, on trouve en grande partie à travers l’image du buffle celle de notre pays, le Vietnam. Pour les Vietnamiens d’Outre Mer, revoir le buffle c’est retrouver le Vietnam. Cet animal est l’un des symboles représentatifs du Vietnam avec le bambou. Le buffle reflète à la fois la douceur de vivre et la résistance inébranlable du peuple vietnamien.

Version vietnamienne

Galerie des photos

Việt Nam là một nước nông nghiệp nên con trâu vẫn được xem  là  con động vật quen thuộc  của người dân Việt  nhất là với những người nông dân. Tương tự như các dân tộc khác, nước ta cũng có nhiều truyền thuyết, trong đó có một truyền thuyết liên quan đến con trâu.

Thưở xưa, để giúp đỡ những người nông dân Việt, Ngọc Hoàng có sai một vị thần xuống Việt Nam với hai bao tải, một bao đựng ngũ cốc để nuôi dân và một bao đựng cỏ cho gia súc. Theo lời chĩ dẫn thì nên gieo hạt ngũ cốc trước, sau đó mới đến hạt cỏ. Vị thần nầy có tính lo ra nên quên mất làm ngược lại tức là gieo hạt cỏ trước rồi đến ngũ cốc sau.

Bởi vậy nước ta có đầy cỏ rừng thảo mộc khiến người nông dân than thở vang đến tận thiên đình. Khi biết được điều này, Thượng Đế nổi giận lên án đày vị thần  nầy biến thành con trâu xuống sống ở Việt Nam. Đây là lý do tại sao loài nhai lại này phải gặm cỏ cả ngày và kéo cày để chuộc lại lỗi lầm của mình làm ra.

Trâu là một loài động vật rất hữu ích ở các nước nông nghiệp, đặc biệt là ở Việt Nam, nơi mà công nghệ nông nghiệp chưa phát triển mạnh mẽ.Tại vài nước , nếu con chó là người bạn thân thiết nhất của con người thì con trâu lại là bạn đồng hành chí thiết của người nông dân Việt Nam. Nếu không có loài nhai lại này, người dân Việt sẽ  thiếu mọi thứ vì chính trâu giúp họ cày đất mỗi ngày, gánh vác, thay thế họ làm những công việc nặng nhọc và bạc bẽo. Loài động vật nhai lại này cũng là loài vật mà người Thượng Tây Nguyên thường hiến tế để xin thần linh ban ơn cho mùa màng thuận lợi.

Con trâu là loại thú được xem đem lại nhiều lợi ích cho  nông dân Việt. Đây là lý do tại sao nó là con  động vật thường được nhắc đến trong các bài ca dao và tục ngữ phổ biến. Nó là một trong những đề tài làm phong phú thêm nền thi văn Việt Nam. Đối với người nông dân, con trâu là một phần di sản của họ. Bởi vậy ta thường nói: Ruộng sâu, trâu nái để hàm ý chỉ người giàu có trong làng.

Việc tậu trâu là một đề tài quan trọng như cất nhà hay kiếm vợ. Hai câu thơ dưới đây minh họa tâm trạng của người nông dân khó mà chọn lựa :

Tậu trâu, lấy vợ, làm nhà
Trong ba việc đó trong là khó thay.

Cũng như nuôi cá, nuôi trâu là phương án làm giàu nhanh chóng. Đây là lý do mà tại sao người ta thường có thói quen trích dẫn trong một  của những bài hát nổi tiếng hai câu thơ như sau: 

Muốn giàu thì nuôi trâu cái,
Muốn lụn bại thì nuôi bồ câu.

Để chỉ con trâu, người ta có thói quen dùng chữ Ngưu không thôi nhưng thật sự không đúng. Theo nhà nghiên cứu văn học Lại Nguyên Ân đây là một sai lầm cần phải biết. Trâu duy có xứ nóng mới có. Phương bắc nước Tàu không có trâu, hình như chỉ có Quảng Đông Quảng Tây mới có mà thôi lúc mà người Hoa thôn tính được  Bách Việt. Sách vở Tàu đời xưa toàn do người phương bắc làm, cho nên chỉ nói ngưu để chỉ con bò.  Còn con trâu thì trong tự điển mới gọi là thủy ngưu vì nó là con bò lội nước rất giỏi. Một sự thật  cần phải biết.

Hình ảnh con trâu  thường được gắn liền với phong cảnh nông thôn của nước Việt. Chúng ta hay  quen nhìn thấy trâu thường xới đất sau khi cày trên ruộng lúa. Đó là lý do tại sao nhiệm vụ cực nhọc vất vã của con trâu được miêu tả trong một trong những bài thơ sau đây:

Trâu ơi ta bảo trâu này
Trâu ra ngoài ruộng trâu cày với ta.
Cầy cấy vốn nghiệp nông gia
Ta đây trâu đấy ai mà quản công.

hay là

Trên đồng cạn dưới đồng sâu,
Chồng bừa vợ cấy con trâu đi cày.

Sáng sớm trâu ở ngoài đồng, chiều tối trâu được mục đồng dẫn về nông thôn sau một ngày vất vã. Ai cũng có dịp được biết cuộc sống mộc mạc ở  đồng quê mà  nhà thơ lỗi lạc, bà Huyện Thanh Quan đã mô tả  trong bài thơ Cảnh chiều hôm:

Chiều trời bảng lảng bóng hoàng hôn
Tiếng ốc xa đưa lẫn trống đồn.
Gác mái ngư ông về viễn phố,
Gỏ sừng mục tử lại cô thôn…

Trong lịch sử Việt Nam, có hai danh nhân lúc thưở nhỏ đã từng làm mục đồng tức là làm nghề giữ trâu. Họ vì nghèo chớ không phải thất học dù họ chân lắm tay bùn cần kề với trâu. Đó là Đinh Bộ LĩnhĐào Duy Từ. Đinh Bộ Lĩnh có công dẹp được loạn sứ thần, thống nhất đất nước và trở thành hoàng đế đầu tiên của một nước Việt Nam độc lâp sau một ngàn năm Bắc thuộc. Còn Đào Duy Từ thì có một thời vào nam phải đi chăn trâu cho một phú ông ở xã Tùng Châu nhưng phú ông biết Đào Duy Từ không phải người thường nên giới thiệu ông với Trần Đức Hoà. Nhận thấy ông học rộng tài cao nên  Trần Đức Hòa gã con gái cho ông và giới thiêu ông với chúa Sãi Nguyễn Phúc Nguyên. Nhờ thế ông mới giúp chúa Sãi  đắp lũy Trường Dục  và lũy Định Bắc Trường thành dọc theo song Nhật Lê tục gọi là lũy thầy Đồng Hới để ngăn chặn quân Trịnh. Ông là một công thần của nhà Nguyễn và được chúa Sãi xem như  một người thầy được kính mến.

Tóm lại, qua hình ảnh con trâu chúng ta nhận thấy ra một phần lớn hình ảnh của đất nước Việt Nam chúng ta. Đối với người dân  Việt ở hải ngoại, gặp được lại con trâu là tìm lại được đất nước Việt Nam. Con trâu là một trong những biểu tượng đại diện Việt Nam cùng với cây tre. Con trâu thể hiện  sự dịu dàng của cuộc sống và sự kháng cự kiên định của người dân Việt.

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Les gongs des Hauts Plateaux: quatrième partie

Quatrième partie

Dans les cérémonies rituelles, les joueurs des gongs se déplacent lentement en file indienne ou se disposent en demi-cercle devant un public admirateur. Ils partent de droite à gauche dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pour remonter le temps et revenir à leurs origines. Leurs pas sont lents et rythmés aux battements des gongs dont chacun a un rôle bien déterminé dans le jeu. Chaque gong correspond exactement à une corde de la guitare ayant chacune une note, une sonorité particulière. Quelle que soit la mélodie jouée, il y a la participation active de tous les gongs dans la procession. Par contre un ordre très précis de succession et de composition de battements leur est imposé afin de répondre aux mélodies et aux thèmes propres choisis de chaque ethnie.

Parfois, pour mieux écouter la mélodie, l’auditeur a intérêt à se placer dans un emplacement équidistant de tous les joueurs disposés en demi cercle sinon il ne peut pas l’écouter convenablement à cause de la faiblesse et l’amplification de la résonance de certains gongs dues respectivement à l’éloignement ou au rapprochement excessif de sa position géographique par rapport aux joueurs.

Cồng Chiềng Tây Nguyên

Pour la plupart des groupes ethniques, le jeu des gongs est réservé uniquement aux hommes. C’est le cas des ethnies Jarai, Edê, Bahnar, Sedang, Co Hu. Par contre, pour le groupe ethnique Eđê Bih, les femmes sont autorisées à utiliser les gongs. D’une manière générale, les gongs sont de taille variable. Le disque des grands gongs peut aller de 60 à 90 cm de diamètre avec un bord cylindrique de 8 à 10 cm. Cela ne permet pas aux joueurs de les porter car ils sont trop lourds. Ces gongs sont suspendus souvent aux poutres de la maison par des cordes. Il y a par contre les gongs plus petits dont le disque varie de 30 à 40 cm avec un bord de 6 à 7cm. Ceux-ci sont fréquemment rencontrés dans les fêtes rituelles. Pour l’identification des gongs des Hauts Plateaux, le musicologue vietnamien Trần Văn Khê a l’occasion d’énumérer un certain nombre de caractéristiques dans l’un de ses articles:

  • 1°) Ils sont très variés.
  • 2°) Ils sont liés étroitement à la vie spirituelle des minorités ethniques des Hauts Plateaux. Etant considérés comme des instruments sacrés, ils favorisent la communication avec les esprits et les génies.
  • 3°) Ils accompagnent les gens des Hauts Plateaux, depuis leur naissance jusqu’à leur mort. Leur présence est visible non seulement dans les évènements importants ( mariages, funérailles, guerres etc…) mais aussi dans les fêtes agricoles (germination du paddy, formation de l’épi, fête de la clôture agricole etc..).
  • 4°) La manière de jouer le gong des Hauts Plateaux est très particulière et reflète la structure familiale de chaque minorité ethnique. Cela permet d’identifier facilement l’ethnie en question grâce aux mélodies de timbres jouées.
  • 5°) Le déplacement des joueurs est effectué toujours dans le sens inverse des aiguilles de la montre dans le but de remonter le temps et retourner à la source. Il est identique à la démarche employée par l’école bouddhiste Zen dans sa méditation marchée (thiền hành) et orientée  de « l’extérieur vers le coeur » (từ ngoài vào tim).
  • 6°) La composition de la mélodie jouée est basée essentiellement sur la séquence des battements rythmés selon les procédés originaux de répétition et de réponse.

On ne trouve pas ailleurs autant de gongs comme on les a eus sur les Hauts Plateaux du Vietnam. C’est pourquoi, lors de sa visite au Vietnam sur les Hauts Plateaux, étant en contact avec les gongs et en présence du musicien Tô Vũ,  l’ethnomusicologue philippin José Maceda a eu l’occasion de souligner que les gongs des Hauts Plateaux sont très originaux. Pour lui, en raison du nombre élevé de gongs trouvés, il est possible que les Hauts Plateaux soient peut-être le berceau des gongs de l’Asie du Sud Est.

Au fil des années, le risque de voir disparaître le caractère « original » et « sacré » est réel à cause du trafic illicite de gongs, du manque des accordeurs, du désintéressement des jeunes et de la destruction de l’environnement où les gongs ont été « éduqués ».

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Photo Đinh Xuân Dũng ( Nha Trang )

Depuis quelques années, étant considérés comme des biens culturels, les gongs deviennent l’objet de convoitises des antiquaires vietnamiens et des collectionneurs étrangers, ce qui amène les autorités locales à un contrôle sévère dans le but de stopper l’hémorragie des gongs (chảy máu cồng chiêng).

L’effort gouvernemental est visible aussi au niveau local par la mise en place des programmes d’incitation à l’apprentissage auprès des jeunes. Mais selon certains ethnomusicologues vietnamiens, cela permet de pérenniser physiquement les gongs sans donner à ces derniers le moyen de posséder une âme, un caractère sacré, une couleur sonore ethnique car ils ont besoin non seulement de la main habile et de l’ouïe fine de l’accordeur mais aussi de l’environnement. C’est ce dernier facteur qu’on oublie de protéger efficacement dans les dernières années. A cause de la déforestation intensive et de l’industrialisation galopante pour les années à venir, les minorités ethniques n’ont plus la possibilité de pratiquer la culture sur brûlis. Elles n’ont plus l’occasion de honorer les fêtes rituelles, leurs génies, leurs traditions. Elles ne savent plus exprimer leurs tristesses et leurs joies à travers leurs gongs. Elles ne connaissent plus leurs épopées orales (sử thi). Leurs champs de riz sont remplacés par les plantations des caféiers et d’hévéas. Leurs jeunes enfants ne sont plus des essarteurs mais ils s’adonnent à des activités industrielles et touristiques leur permettant de procurer des subsistances confortables. Il y a peu de gens  sachant  accorder  aujourd’hui ces gongs.

Le caractère « sacré » des gongs n’existe plus. Ceux-ci deviennent des instruments de divertissement comme d’autres instruments de musique. Ils peuvent être utilisés partout sans avoir besoin des événements importants, des heures bien précises et sacrées (giờ thiêng). Ils sont joués à la demande touristique. Ils ne sont plus ce qu’ils étaient jusqu’alors. C’est pour cette perte irréparable que l’UNESCO n’a pas hésité de souligner le caractère urgent dans la reconnaissance de l’espace de la culture des gongs des Hauts Plateaux (Tây Nguyên) comme le chef d’œuvre du patrimoine immatériel et oral de l’humanité le 25 Novembre 2005. Les gongs ne constituent qu’un élément essentiel dans la réalisation de ce chef d’œuvre mais il faut qu’on sache que d’autres éléments sont aussi importants que ces gongs: l’environnement, les us et coutumes, les ethnies etc.

Sans leur environnement et leur couleur sonore ethnique les gongs ne possèdent plus l’âme sacrée (hồn thiêng) des Hauts Plateaux. Ils perdent le caractère original pour toujours. Il y a toujours un prix à payer dans la préservation de la culture des gongs des Hauts Plateaux mais il est à la portée de nos efforts collectifs et de notre volonté politique. On ne peut pas réfuter que la culture des gongs des Hauts Plateaux fait partie désormais de notre héritage culturel.