Chronologie des Han occidentaux ( Niên đại nhà Tây Hán)

Chronologie des Han occidentaux

Version vietnamienne


  • 202 av. J.C.: Liu Bang se proclame empereur. (Gaozu)
  • 195 av. J.C.: Mort de Gaozu.
  • 198-188 av. J.C. : règne de Huidi. (Hán Huệ Đế)
  • 188-180 av. J.C.: régence de Lu Hou (Lữ Hậu)
  • 180-157 av. J.C.: règne de Wendi. (Hán Văn Đế)
  • 157-141 av. J.C.: règne de Jindi. (Hán Cảnh Đế)
  • 154 av. J.C.: rébellion des Sept Royaumes.
  • 141-87 av. J.C. : règne de Wudi. (Hán Vũ Đế)
  • 87-74 av. J.C.: règne de Zhaodi. (Hán Chiêu Đế)
  • 80-68 av. J.C.: régence du général Huo Guang
  • 74 av. J.C.: règne de 27 jours de Liu He, empereur destitué.
  • 74-48 av. J.C.: règne de Xuandi. (Hán Tuyên  Đế) 
  • 48-33 av. J.C.: règne de Yuandi. (Hán Nguyên Đế) 
  • 33-7 av. J.C.: règne de Chengdi (Hán Thành Đế) 
  • 7-1 av. J.C.: règne de Aidi. (Hán Ai Đế)
  •  1 av.J.C.-5 après .J.C. : règne du jeune empereur Pingdi, empoisonné par Wang Mang. (Hậu Phế Đế)

 Une fois au pouvoir, Wang Mang (Vương Mãng) entama une série de réformes monétaires (3 fois en 9, 10 et 14 après .J.C.) et économiques du pays. Les classes les plus touchées étaient les nobles et les commerçants car à chaque changement de la monnaie, les pièces anciennes étaient échangées pour les neuves à un taux moins avantageux, ce qui incita les gens à fabriquer des fausses pièces au lieu de perdre leur valeur au change. Le faux-monnayage était sévèrement puni. Par contre, les paysans n’étaient pas touchés par cette réforme car ils vendaient leurs céréales en faible quantité pour l’achat des denrées nécessaires sur le marché et ils n’avaient aucun souci concernant le numéraire. Dès lors, Wang Mang s’attira la haine des nobles et des commerçants riches mais selon le sinologue suédois H. Bielenstein, au moment de la mise en place des réformes économiques, la véritable cause de sa chute était la série de calamités naturelles (sécheresse, inondation, sauterelles ) entraînant d’abord la famine, puis le banditisme, la révolte et enfin la guerre civile. L’inondation provoqua une vaste immigration des populations vivant dans les zones sinistrées. Ce désastre amena les réfugiés affamés à se regrouper en bandes pillant les régions qu’ils traversaient et à se soulever contre les troupes gouvernementales censées de les réprimer. Connues sous le nom de Sourcils Rouges (Xích Mi) du fait qu’elles se teignaient en rouge les sourcils, ces hordes ne tardèrent à obtenir la première victoire en l’an 22 et commencèrent à envahir les autres régions de l’ouest. Entre-temps, il y avait des révoltes menées par l’aristocratie Han mais elles avaient toutes été étouffées et matées sévèrement car elles manquaient le soutien populaire. Il faut attendre treize années de guerre civile pour que le clan Liu retrouva confiance en Liu Xiu (ou Lưu Tú), un personnage talentueux et magnanime connu plus tard sous le nom Guangwu (Hán Quang Vũ Đế) pour restaurer l’empire et la dynastie des Han. 

C’est le début de la période des Han orientaux. (Đông Hán). Lors de son avènement au pouvoir, il ne cessa pas d’agir en faveur des pauvres et des esclaves. Contrairement à Wudi, il pratiqua la politique de non-intervention dans les pays vassaux. Pourtant c’est lui qui envoya plus tard Ma Yuan (Mã Viên) pour mater la révolte des sœurs Trưng Trắc Trưng Nhị dans le territoire des Yue. Il était considéré comme l’un des grands empereurs de la dynastie des Han avec Wudi par les historiens. 

Lors des fouilles archéologiques, on sait que les fils des Han furent en avance sur les Romains dans plusieurs domaines à cette époque. Ils furent les premiers à inventer un produit permettant de véhiculer leur pensée et leur savoir. Ils l’appelaient souvent sous le nom « zhi » ou (giấy ou papier en français). En 105 de notre ère, un eunuque de nom Cai Lun (Thái Luân) de la cour impériale observant la façon dont les guêpes se servaient pour mastiquer les fibres de bois dans la construction de leur nid cartonné, eût l’idée de les imiter et inventa ainsi le papier qui sera présenté plus tard à l’empereur Hedi (Hán Hòa Đế) de la dynastie des Han orientaux. (Đông Hán). L’archéologie a contredit récemment cette version car on a retrouvé des fragments de papiers issus des fibres végétales nettement antérieurs à l’époque de Cai Lun, certains datant du règne de Wudi et d’autres exhumés des tombes de la fin des Han occidentaux et du début des Han orientaux. Il est très fréquent de relever les incohérences chronologiques que les Chinois ont voulu introduire délibérément dans leur histoire traditionnelle établie jusque-là par les dynasties, en particulier celle des Qin et de Han, dans l’orthodoxie confucéenne et dans la période de conquête et d’annexion de nouveaux territoires si on continue à avoir un esprit cartésien.

Les démiurges chinois tels que Fuxi (Phục Hi) , Nuwa (Nữ Oa), Pangu (Bàn Cổ), Shennong (Thần Nông) ont été empruntés aux populations méridionales. C’est le cas du grand érudit chinois Ruey Yih-Fu qui voit en Fuxi et Nuwa un trait culturel spécifique des Nan Man (Man Di) (Barbares du Sud) ou celui de Le Blanc, le traducteur de Huainanzi (Hoài Nam Tử). Pour ce dernier, le cycle de Fuxi-Nuwa est une tradition du royaume de Chu (Sỡ Quốc). Les fils des Han introduisaient même dans leur littérature un mythe de création Pangu recueilli chez les ancêtres de Yao (Baptandier). L’archéologue chinois Yan Wenming décrit cela comme le produit unique d’une multiplicité d’origines ou il faut être comme le sinologue célèbre Chang Kwang-Chih pour parler d’un phénomène au sein d’une sphère d’interaction culturelle. 

Jusqu’alors, les fils des Han écrivaient au pinceau ou à l’encre à base de noir de fumée sur des tablettes de bois, des planchettes de la soie ou de bambou. Il semble que selon certains archéologues, la méthode de fabrication que Cai Lun présenta à l’empereur Heidi en l’an 105 n’était que la synthèse et l’amélioration des expériences antérieures dans le but de faciliter le remplacement progressif de la soie et du bambou par le papier qui était moins onéreux face à l’accroissement des demandes de cette époque.

Structure des tombes

Au début de la période des Hans occidentaux, les tombes à fosse verticale étaient encore nombreuses. Cette tradition architecturale est illustrée par les tombes de la marquise Dai à Mawangdui, près de Changsha (Hunan), celles de Dabaotai près de Pékin et de Fenghuangshan près de Jiangling (Hebei). Puis celles-ci sont remplacées au fil des années par le modèle de la tombe horizontale qui se répandait dans tout l’empire des Han.

De nombreux facteurs contribuèrent à ce changement et donnèrent à l’art funéraire un nouvel éclat. Outre les dimensions imposantes des sépultures, on constate la richesse de leur mobilier funéraire et les croyances religieuses liées à la mutation vers l’au-delà des Han. C’est pour cette raison que les princes, les nobles, les grands propriétaires terriens, les officiers de l’armée, les riches commerçants n’hésitaient pas à afficher les privilèges de leur position sociale et de leur fonction qu’ils espéraient maintenir dans la vie de l’au-delà (renxun) et à montrer leur ardeur de piété et de dévotion vis à vis du défunt en tentant de lui donner tout ce dont il avait besoin à travers les objets funéraires (ou mingqi) (objets de l’esprit)(Minh Khí). Ceux-ci exécutés sous le règne des Han étaient particulièrement raffinés. Dotés d’une signification symbolique, ils comprenaient des modèles réduits de vases rituels et d’instruments de musique destinés aux rites et aux cérémonies, de bâtiments agricoles ou d’habitations.

Techniques et inventions sous les Han

Sous les Han, les Chinois écrivaient beaucoup: des rapports gouvernementaux, des poèmes, des récits historiques, un gigantesque dictionnaire et un recensement à l’échelle nationale en l’an 2 après J.C. avec 57.671.400 habitants. Au début des Han orientaux, le papier en chanvre, de piètre qualité, était utilisé pour emballer les poissons. À partir du IIIè siècle, le papier devint le support d’écriture principal en Chine. Lorsque l’empereur se déplaçait sur son char, il était protégé contre le soleil et la pluie par un dais circulaire pouvant se refermer grâce à un système de baleines métalliques coulissantes.

On sait que les fils des Han se servaient de la brouette et la poulie pour déplacer les marchandises tandis que dans l’agriculture, ils recouraient au marteau à bascule pour broyer des céréales et des minerais. C’est sous le règne des Han que les Chinois se servaient des roues à aubes pour divers usages. Grâce au contact avec les barbares du Nord, les Xiongnu, les artisans chinois empruntaient à ces derniers les techniques qu’ils réussiraient à maîtriser et à produire des objets d’une qualité exceptionnelle. C’est ce qu’on a découvert lors des fouilles dans les tombes princières avec les ornements de char, la vaisselle, les bijoux, les boucles des ceintures etc… Pour parer aux calamités telles que les séismes, l’érudit chinois Zhang Heng inventa en 132 après J.C. le premier sismomètre au monde pour pouvoir alerter la cour des Han et indiquer la direction de l’épicentre du séisme. L’invention de l’odomètre lui revint aussi en même temps le premier globe céleste rotatif. C’est en Chine qu’est née la porcelaine dont la pureté et la blancheur permettent de justifier le nom avec lequel les Italiens la nommèrent « la coquille nacrée (porcellana) » au XVème siècle. L’élément principal entrant dans la composition de la porcelaine est le kaolin connu à l’époque des Han orientaux. Sous le règne de ces derniers, la porcelaine commença à connaître un véritable essor. À l’époque des Hans occidentaux et antérieurement (les Royaumes Combattants), les Chinois surent établir des cartes géographiques qui étaient peintes sur soie et conservées dans des boîtes. Envoyé par le prince Dan de Yan à l’époque Printemps et Automnes (Xuân Thu), le héros Jing Ke (Kinh Kha) compta se servir d’une carte pliée pour dissimuler un poignard et pour assassiner Qin Shi Huang Di. C’est seulement en 1973 qu’on découvre l’existence de ces cartes dans la tombe n°3 de Mawangdui (168 av.J.C.). Celles-ci (2 cartes et un plan de ville) constituent ainsi les plus anciennes cartes en Chine et dans le monde. Dans le domaine astronomique, la Chine des Han connut un développement remarquable. Le texte d’astronomie découvert dans la tombe 3 de Mawangdui (168 av. J.C.) rapporte avec précision les observations liées au mouvement des cinq planètes durant la période 246-177 av. J.C. Le voyage complet de Saturne dans le ciel est compté pour 30 ans, un chiffre qui n’est pas loin de 29,46 années données par les astronomes d’aujourd’hui.

Le jade est l’une des pierres les plus difficiles à travailler. Pourtant depuis la période Néolithique, les lapidaires chinois réussirent à sculpter habilement le jade en se servant probablement des pâtes de quartzite ou des grenats, ce qui lui confère une valeur artistique exceptionnelle avec les anneaux, des cercles, des représentations de dragons etc.. Durant la période des Shang (Triều đại Thương Ân), le jade fut destiné pour la fonction purement ornementale. C’est ce que les archéologues ont découvert dans la tombe de la reine Fu Hao (Phụ Hảo)(755 jades retrouvés). Puis pendant la période des Zhou occidentaux, on prit l’habitude de couvrir les défunts de masques et de pectoraux composés de plusieurs pièces. C’est un signe de distinction ou de noblesse en posant des pectoraux sur le corps du défunt vêtu de soie décorée. Les masques et les linceuls n’étaient pas destinés à la fonction décorative mais ils avaient une fonction religieuse en quête d’immortalité sous les Han. Les petites amulettes en jade étaient utilisées pour sceller les 9 orifices du corps du défunt afin de permettre à son esprit de vivre dans l’au-delà. Par contre on ne connait pas le rôle du bi en jade, placé sur le front du roi de Nanyue, Zhao Mo (Triệu Muội). Les linceuls du frère de l’empereur Wudi, Liu Shen et de son épouse,  la princesse Dou Wan, retrouvés à Mancheng et composés de 2498  plaquettes de jades de différentes tailles cousues avec du fil d’or, témoignent de la parfaite maîtrise des lapidaires chinois dans la création des suaires de ce type et de luxueux objets ornementaux à partir des Han.

Les Chinois avaient l’habitude de laquer les supports les plus divers. Certains objets laqués, notamment une tasse en bois rouge trouvée dans une tombe du Zheijang (Chiết Giang) révèlent leur savoir-faire extraordinaire dès le Néolithique (Vème-IVème millénaires avant notre ère). Il faut rappeler que cette région appartenait au royaume de Wu (Ngô Việt) faisant partie de l’ancien territoire des Baiyue avant d’être annexé par le royaume de Chu qui sera conquis plus tard par Qin Shi Houang Di lors de l’unification de l’empire. S’agit-il de leur savoir-faire ou celui des Bai Yue? En tout cas, à l’imitation du royaume de Chu, les fils des Han font preuve de la parfaite maîtrise dans l’art d’incurver le bois en créant des œuvres originales et stylisées de grande qualité qui rendent les archéologues muets d’admiration lors de leurs fouilles archéologiques. Ces laques rappellent les motifs et les dessins compliqués trouvés sur des vases en bronze. Ils réussirent à faire le laque comme le produit phare sous le règne des Han. On sait que les objets laqués enfouis dans les tombes peuvent se conserver pendant des dizaines de siècles grâce à la présence d’une enzyme agissant comme catalyseur-protéique (urushiol) sur la fine pellicule des objets, insensible à la chaleur et imperméable à l’eau et aux acides corrosifs. Plus d’une centaine des objets laqués ( plateaux, tasses à poignées en oreillettes (erbei), des vases etc…) ont été exhumés à Mawangdui près de Changsha (Hunan). D’autres œuvres originales en très bon état ont été récupérées dans la tombe du marquis Yi de Zeng à Leigudun (Hubei).[RETOUR]

Références bibliographiques:

  • La Chine des Han. Histoire et civilisation. Office du Livre. 1982
  • Splendeur des Han. Essor de l’empire céleste. Editeur Flammarion. 2014
  • Chine ancienne. Des origines à la dynastie des Tang. Maurio Scarpari. Gründ.
  • Trésors de Chine millénaires mais intacts. National Geographic. Octobre 2001
  • La dynastie des Han. Vingt siècles d’influence sur la société chinoise. National Geographic. Février 2004.
  • Chine. La gloire des empereurs. Paris Musées. Editions Findakly.
  • La Chine des premiers empereurs. Editions Atlas. 1991
  • Splendeurs des Han. Essor de l’empire céleste. Editions des Beaux Arts. 2014.

Chronologie des Han orientaux(suite)

Dynastie des Han: Art de vivre

Version vietnamienne

Art de vivre

Sous les Han, la société chinoise était tellement structurée de manière que seuls, les lettrés et paysans fussent bien respectés par rapport aux artisans et aux commerçants selon le Hanshu de Ban Gu au 1er siècle. Pourtant il n’y a que ces derniers qui profitaient ainsi du système économique de l’empire malgré une grande quantité de restrictions imposées par le pouvoir impérial. La multiplication des entreprises privées et l’ouverture des routes commerciales (route de la soie par exemple) leur permirent de s’enrichir facilement. Ils vendaient des commodités et des luxueuses marchandises superflues très prisées par l’aristocratie Han et les propriétaires terriens. Grâce à l’art funéraire, on est amené à tirer des enseignements utiles sur l’art de vivre ainsi que celui de divertissement de cette époque. La soie est réservée pour la cour, la noblessse et les officiels tandis que le lin est pour le peuple, dans son costume traditionnel agrémenté d’accessoires illustrant ainsi son statut social. La soie connait un remarquable essor car elle fait l’objet d’un commerce de luxe mais elle est utilisée aussi dans le système de tribut pour les Xiongnu et les pays vassaux. En 1 avant J.C., les dons de soie atteignirent leur maximum avec 370 vêtements , 30.000 rouleaux de soieries et 30000 jin de bourre de soie. Les commerçants profitèrent des échanges pour lancer un commerce lucratif avec les étrangers, en particulier avec les Parthes et les Romains. Des ateliers privés firent concurrence aux ateliers impériaux.

Bannière funéraire trouvée dans le cercueil de madame Dai

Cela favorisa la production de la soie et amplifia la diversité régionale. Le tissage révèle un haut niveau de technicité car une chemise de soie longue de 1,28 m et d’une envergure de 1,90 m trouvée dans la sépulture de la marquise Dai ne pesait que 49 grammes. Outre la bannière de soie recouvrant le cercueil de la défunte et décorée de peintures illustrant la cosmogonie taoïste, on a découvert de plus les manuscrits sur soie (Yijing (Di Kinh), deux copies de Daodejing (Đạo Đức Kinh), deux traités médicaux et deux textes sur le Yin-Yang, trois cartes dans l’une des trois tombes de Mawangdui, certains étant écrits dans un mélange de lishu (écriture des scribes) et de xiaozhuan (petite écriture sigillaire) datant du règne de Gaozu (Hán Cao Tổ), d’autres rédigés complètement en lishu datant du règne de Wendi. Malgré son prix onéreux, la soie est préférée car elle est plus maniable, plus légère et plus facile à transporter par rapport aux fiches en bois. Sous les Han, la laque dont le travail est encore considéré comme un artisanat raffiné, commença à envahir les demeures des riches.

Ceux-ci, à l’imitation de l’aristocratie du royaume de Chu, se servaient pour la table, de la vaisselle en bois laqué, le plus souvent rouge à l’intérieur et noir à l’extérieur avec des motifs peints rehaussés, ces couleurs correspondant bien à celles du Yin (noir) et du Yang (rouge). Il en est de même pour les plateaux et les boîtes destinées à ranger les vêtements pliés, les objets de toilette, les manuscrits etc.. Pour les familles princières, c’est le jade qui remplace le laque. Quant aux gens du peuple, la céramique est utilisée  avec le bois pour leur vaisselle. Semblables à des plateaux individuels circulaires ou rectangulaires, les tables basses, en général sur pieds, sont utilisées pour servir les repas. Ceux-ci sont bien garnis avec plats, baguettes (kuaizi), cuillères, coupes à oreilles erbei pour boire de l’eau et de l’alcool. En ce qui concerne la nourriture de base, le millet et le riz sont les céréales les plus appréciées.
Le millet est réservé pour les jours de fête dans le nord de la Chine tandis que le riz, produit de l’ancien royaume de Chu, est cantonné dans le Sud de la Chine car il s’agit d’un produit de luxe. Pour les pauvres, le blé et le soja restent dominants dans leur repas. L’alimentation chinoise est à peu près identique à ce qu’elle était à l’époque de Qin. Le geng, une sorte de ragoût, reste le plat traditionnel des Chinois où sont mélangés des morceaux de viande et des légumes. Mais, suite à l’expansion territoriale et à l’arrivée et l’acclimatation de nouveaux produits venant d’autres coins de l’empire, les innovations commencent à apparaître peu à peu dans la fabrication des nouilles, des plats  à la vapeur ainsi que des gâteaux à partir de la farine de blé. Le rôti, le bouilli, le frit, la cuisson à l’étouffée et à la vapeur font partie des modes de cuisson. On se sert de la natte pour s’asseoir dans toutes les couches de la société jusqu’à la fin de la dynastie. Elle est maintenue en place aux quatre coins par des petits poids en bronze et de forme sphérique représentant des animaux lovés: tigres, léopards, cerfs, moutons etc … Pour pallier à l’inconfort provoqué par la station agenouillée sur les talons, on se sert des appui-dos ou des appui-bras en bois laqué. La natte est employée aussi dans le centre et le sud de la Chine par les gens modestes pour dormir. Par contre dans le nord de la Chine, à cause du froid, on doit recourir à un kang, une sorte de lit en terre revêtu de briques et recouvert de nattes et de couvertures. Sous ce kang, il y a un système de canalisations permettant de diffuser la chaleur entretenue à partir d’un foyer situé à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison.

Loisirs et plaisirs ne sont pas oubliés non plus au temps des Han

Grâce aux textes, on sait que la tradition musicale de Chu a tenu une place importante dans la cour des Han qui continuait à l’apprécier. Selon le sinologue français J.P. Diény, les Han préférèrent à toute autre musique celle qui faisait pleurer. Les thèmes favoris dans les chansons tournaient autour de la séparation, de la fuite du temps et des plaisirs. C’est dans les tombes princières qu’on découvre les figurines de danseuses (mingqi)(minh khí). Celles-ci révèlent à travers leur geste, l’habileté à tracer des arabesques dans l’air avec les longues manches de leur robe. Les danses basées sur les mouvements des vêtements provoqués par la torsion du corps et par les bras donnent à la danseuse accompagnée par le chant parfois mélancolique, un portrait vivant de l’art chorégraphique des Han. Pour ces derniers, la famille est dans la conception confucianiste, l’unité de base du système social autour de laquelle s’effectuent le culte des ancêtres, les rites, les banquets et les mariages qui donnent durant toute l’année tant d’occasions et de prétextes pour la musique de les accompagner et de rendre harmonieuse la vie. Etant symboles d’autorité et de pouvoir, les carillons de bronze ne peuvent pas être absents. Ils sont utilisés fréquemment dans les cérémonies rituelles mais aussi dans la musique de cour. Grâce aux fouilles archéologiques, on sait que la vie des cours princières Han était ponctuée de banquets, de jeux et de concerts accompagnés de danses et de l’acrobatie. Quant au divertissement, il était réservé uniquement aux hommes. Le liubo (une sorte de jeu d’échecs) était l’un des jeux les plus populaires de l’époque avec le jeu des dés pouvant compter jusqu’à 18 faces. Il vaut mieux jouer plutôt rester oisif, c’est le conseil de Confucius donné dans ses « Entretiens ».

Contrairement à l’archéologie des périodes antérieures, celle des Han nous permet d’accéder au domaine de l’intime comme le maquillage des femmes. Celles-ci recourent au fond de teint de poudre de riz ou de céruse pour maquiller leur visage. Les taches rouges sont appliquées sur les pommettes, les cernes sous les yeux, les mouches sur la joue, la touche de couleur sur les lèvres etc… L’éducation des jeunes fut prioritaire à l’époque des Han. Dès l’enfance, on inculpait l’obéissance, la politesse et le respect envers les aînés. À dix ans, le garçon commençait à recevoir les leçons d’un maître. Il devait étudier les Entretiens de Confucius (Lunyu), la Classique de la piété filiale (Xiao jing) etc… avant d’aborder entre quinze et vingt ans la lecture des Classiques. Considérée comme inférieure à l’homme, la femme était obligée d’apprendre dès son jeune âge le travail de la soie, la cuisine et posséder les qualités majeures qui lui étaient inculquées: la douceur, l’humilité, la maîtrise de soi. Elle devait être soumise aux trois obéissances (Tam Tòng): enfant à son père, mariée à son époux, veuve à son fils. Elle pouvait être mariée vers 14-15 ans dans le but d’assurer la pérennité de la lignée familiale. Malgré ces contraintes confucéennes, la femme continuait à exercer un réel pouvoir au sein de la structure familiale, notamment dans la relation entre mère et fils. Le souci d’honorer les défunts amène les Han, en particulier ceux de l’Ouest de créer des sépultures extravagantes et de véritables trésors qu’étaient des suaires de jade pour la quête d’immortalité. C’est le cas de la sépulture du père de l’empereur Wudi, Han Jing Di. Pour le moment, les archéologues ont déjà extrait plus de 40 000 objets funéraires aux alentours du tumulus de l’empereur. Il faut s’attendre que tout ce complexe funéraire livre entre 300.000 et 500.000 objets car il reste outre le tumulus, deux fosses distinctes à explorer, celle de l’impératrice et de la concubine favorite Li de cet empereur. Selon un archéologue chinois chargé de cette exploration, ce n’est pas l’importance du nombre d’objets découverts mais c’est plutôt celle de la signification de chacune des trouvailles récupérées dans ce complexe funéraire. On est amené à croire que les Han occidentaux ont l’habitude de priser les monuments funéraires vraiment grandioses malgré leur parcimonie révélée à travers une série d’objets qui sont beaucoup plus petits que ceux des tombes Qin.[RETOUR]

 

Chronologie des Han occidentaux (Suite)

Conquêtes chinoises: Nan Yue et Yelang

Version vietnamienne
Au moment où Zhang Qian fut chargé d’aller chercher en l’an -126 les alliances pour mettre en tenaille les Xiongnu, ceux-ci continuèrent à monter des raids de plus en plus meurtriers avec plusieurs milliers de Chinois morts ou captifs vivant dans les commanderies frontalières (Dai, Yanmen ou Shang) au nord de la Chine, ce qui obligea Wudi, plus sûr de la consolidation de son pouvoir et de ses arrières, à adopter une nouvelle politique vis à vis de ces « barbares ». Désormais, les offensives chinoises destinées à empêcher une concentration Xiongnu en lisière du territoire chinois étaient plus fréquentes.

Le premier succès eut lieu en automne -128 dans la région de Yuyang avec Wei Qing (Vệ Thanh), le nouvel héros de l’armée chinoise. Il fut suivi par d’autres conquêtes éclatantes et décisives au printemps -121, conduites par Huo Qubing (Hoắc Khứ Bệnh), fils de la sœur aînée de Wei Qing et « champion de l’armée » avec le titre de Guanjun accordé exceptionellement par Wudi en choissisant une nouvelle tactique de frapper comme la foudre,  la tête des armées Xiongnu au cœur de leur territoire, ce qui permit aux Chinois de reconquérir l’Ordos, toute la zone au sud de la boucle fleuve Jaune (Hoàng Hà), de fonder les commanderies de Shuofang et de Wuyuan et de déporter des gens dans les zones conquises dans le but d’apporter à long terme une logistique non négligeable à l’armée dans la poursuite des ennemis vers d’autres régions lointaines et inconnues. L’empire de Wudi avait le moyen de pratiquer cette politique de colonisation avec une population de 50 millions d’habitants à cette époque. On estima à plus de 2 millions de Chinois déplacés sous le règne de Wudi le long de la frontière nord. Cette politique fut  payante car ces colonies agricoles devinrent définitivement quelques années plus tard le rempart sûr de la Chine face à ces « barbares ». Cela nous fait penser à la politique des Vietnamiens dans la conquête du Champa et du delta du Mékong et celle des Chinois dans le Tibet d’aujourd’hui. Le harcèlement incessant des Xiongnu excités comme des guêpes dérangées de leurs nids, obligea Wudi à changer la tactique en donnant priorité désormais au front nord et en abandonnant provisoirement toutes ses ambitions territoriales au sud-ouest de son empire dans la région de Yunnan et dans le royaume de Nanyue (Nam Việt) dont faisait partie autrefois le Nord Vietnam.

Grâce à la stratégie immuable suivante:

1°) Attaquer et refouler les Xiongnu le plus loin possible dans leurs territoires par l’effet de surprise.

2°) Déporter les populations victimes des inondations ou les gens condamnés dans les zones conquises à leurs adversaires Xiongnu et y créer de nouvelles commanderies. C’est le cas des commanderies de Jiuquan, Dunhuang, Zhangye et Wuvei tout le long du corridor du Gansu.

3°) Affaiblir les Xiongnu en jouant la carte de division et séduire les nouveaux alliés Xiongnu avec le système de tribut. (création de cinq états indépendants alliés (ou shuguo) servant de tampon entre son empire et les Xiongnu ennemis sous son règne)

Wudi réussit à freiner ainsi l’élan des belligérants Xiongnu. Ceux-ci furent obligés de transférer leur quartier général à proximité du lac Baïlkal (Sibérie) et desserrer leur emprise sur tout le Turkestan oriental.

Cela permet à Wudi d’avoir les mains libres et retrouver le désir expansionniste vers le Sud et vers le nord-est afin d’assurer le commerce et d’avoir d’autres alliés depuis que Zhang Qian lui avait tenté de miroiter l’existence d’une voie directe permettant de rejoindre le royaume de Shendu (l’Inde) à partir du royaume Shu (conquis par Shi Huang Di à l’époque de Printemps et Automnes (ou Chunqiu, 722-453 avant J.C.). Cette déduction instinctive, Zhang Qian l’a eue au moment de son séjour à Daxia (Bactriane) où il avait découvert, les produits de Shu (bambous, toiles etc..) acheminés par cette voie d’accès direct. Wudi tenta de réutiliser la même stratégie qu’il avait optée pour les Xiongnu.

Annexion des royaumes du Sud

Profitant de la dissension des Yue et de la mort du roi de Nanyue Zhao Yingqi ( Triệu Anh Tề), Wudi trouva l’occasion d’incorporer le royaume du Nanyue à son empire. Puisque le nouveau roi Zhao Xing (Triệu Ái Đế) n’avait que 6 ans, la régence revint à sa mère, une Chinoise de nom Jiu (Cù Thị). Celle-ci ne cacha jamais son attirance pour son ancienne patrie car elle était très impopulaire auprès de ses sujets Yue. Wudi tenta de la soudoyer en proposant à cette dernière un marché ayant pour but l’incorporation du royaume Nanyue à son empire en échange des titres royaux. Ce projet fut avorté à cause d’un coup d’état organisé par le premier ministre Lữ Gia (Lữ Gia) soutenu en grande majorité par les Yue. Cette reine traîtresse, son fils, le nouveau roi et les officiels Han furent massacrés par Lü Gia et ses partisans Yue. Ceux-ci installèrent le nouveau roi Zhao Jiande (Triệu Dương Đế) dont la mère était une Yue. Furieux, Wudi ne put pas laisser impuni un tel affront lorsqu’il avait l’occasion de s’approprier définitivement une région connue pour ses richesses naturelles et pour ses ports Canton et Hepu facilitant l’accès à la mer du Sud. Au dire des commerçants chinois, l’économie était florissante à Nanyue car on y trouvait non seulement les perles, les cornes des rhinocéros, les carapaces de tortues mais aussi les pierres précieuses et les essences d’arbres. Ces produits exotiques deviendraient ainsi des objets de mode auprès de la cour des Han.

L’expédition militaire fut dirigée par le général Lu Bode (Lộ Bác Đức) avec cent mille marins des bateaux à tours acheminés sur place pour mater la révolte de Nanyue. Il fut secondé dans cette mission par Yang Pu (Dương Bộc) connu pour son caractère cruel et impitoyable envers ses victimes comme un faucon sur ses proies. Par contre, Lu Bode magnanime joua sur sa réputation et invita ses ennemis à se rendre. Il réussit à avoir l’adhésion des Yue à la fin de l’affrontement militaire. Quant à Lü Gia et à son jeune roi Zhao Jiande, ils furent capturés au printemps -111 lors de leur fuite. Leurs têtes furent exposées à la porte nord du palais du Chang An (Trường An). Connu pour sa suprématie régionale, la défaite de Nanyue sonna le glas des espoirs Yue et obligea les autres à se soumettre aux Han. C’est le cas des Ou de l’Ouest (Tây Âu)  et du roi de Cangwu, (Kouangsi) (Quảng Tây) ainsi le royaume Yelang (Dạ Lang) situé à cheval à cette époque sur les territoires de Guizhou (Quí Châu) et de Kouangsi. Le Nord Vietnam fut occupé également par les Chinois qui tentaient de pousser leurs avantages jusqu’à Rinan dans l’Annam.

Wudi divisa le Nord Vietnam en deux commanderies: Jiaozhi (Giao Chỉ) and Jiuzhen (Cửu Chân). La capitale administrative de Jiaozhi fut au début à Miling (Mê Linh) puis elle fut transférée plus tard à Lũy Lâu dans la province de Bắc Ninh. Face à la dislocation de Minyue (Mân Việt) et à la résistance d’une partie de la population de ce dernier ((Dong Yue)(Đông Việt) que Wudi considéra comme une source de trouble dans le futur, il n’hésita pas à employer les grands moyens. Il publia un décret permettant de vider la population de ce royaume en l’an 111 avant J.C. par la déportation de tous les autochtones dans une autre zone située entre la rivière Huai et le fleuve Yanzi.

Grâce à la conquête des territoires des Yue et de Yelang, Wudi réussit à entrer en contact pour la première fois avec le royaume de Dian et à connaître son importance. Il ne tarda pas à y dépêcher les envoyés dans le but de convaincre le roi Changqian de ce royaume de venir à Chang An pour faire acte d’allégeance. Face à la réticence de Changqian, Wudi donna l’ordre de liquider toutes les tribus hostiles, en particulier les Laojin et Mimo tentant de bloquer la voie méridionale évoquée par Zhang Qian pour atteindre Daxia et l’Asie centrale. On parla plus de ving mille ennenis tués ou capturés lors de cette intervention. Le roi Changqian de Dian fut obligé de se rendre avec ses sujets. Au lieu de le punir, il fut épargné par Wudi en raison de sa lointaine ascendance chinoise et reçut comme le roi de Yelang le sceau d’investiture royale pour administrer le territoire annexé. Son royaume fut transformé désormais en commanderie de Yzhou en -109 avant J.C. C’est ainsi que se termine l’annexion au sud-ouest de la Chine (Yunnan) par Wudi. Selon l’historien Sima Qian, la question des relations entre Chinois et barbares du Sud-Ouest advint car quelqu’un voit une sauce « ju » à Panyu (Canton) et les gens de Daxia possèdent des cannes en bambous de Qiong (tribu du Sud-Ouest) pour rappeler avec humour que Wudi fut intéressé uniquement au départ par l’existence de la voie méridionale vers Daxia pour le commerce. La colonisation du Sud commença à battre son plein tout en laissant à l’aristocratie Yue locale la possibilité d’avoir une plus grande autonomie comme cela a été accordé au roi de Dian. Entre-temps, pour séparer les Xiongnu de leurs tributaires, les éleveurs de chevaux Wuhuan et Donghu, l’armée de Wudi ne tarda à être implantée en Mandchourie. Entre 109 et 106 avant J.C., l’armée de Wudi occupa la moitié nord de la péninsule coréenne et y installa quatre commanderies: Letun dans le nord-ouest, Zhenfan sur la côte ouest, Lintu à l’est et Xuantu au nord.

 

Après un long règne de 54 ans, Han Wudi mourut en 87 avant J.C. et laissa la Chine dans un état exsangue et ruiné comme Louis XIV laissa la France dix-huit siècles plus tard. Si les campagnes militaires menées par Wudi ont amené la dynastie Han à l’apogée de sa gloire et de sa puissance, elles ont épuisé par contre les finances publiques. Le début de son règne correspond à la période Yang durant laquelle le peuple a de quoi se nourrir, c’est ce qu’a écrit Sima Qian dans ses mémoires historiques. Les greniers à blé étaient bien remplis ainsi que le trésor public. L’empire était stable. Tout cela était dû en grand partie à l’effort de son prédécesseur Jing Di de gouverner tout au long d’un règne de 17 ans selon le précepte taoïste: Dirige avec le minimum d’intervention. (Wu wei er zhi). Les corvées et les impôts étaient très réduits. Malheureusement, les splendeurs de la cour accompagnées par la diplomatie dispendieuse à l’égard des Xiongnu et des pays vassaux (système de tribut) et par la politique annexionniste ont englouti toutes les richesses humaines et économiques du pays, ce qui permet au Yang de basculer en Yin où les propriétaires terriens (nobles et fonctionnaires) accaparèrent toutes les parties des terres irriguées en les achetant à bas prix aux paysans démunis. On était dans une situation catastrophique: le riche plus riche, le pauvre plus pauvre. Les gens de la capitale Luoyang vivaient dans l’excès et l’insolence et portaient de fins brocarts, des perles et du jade tandis que le sort des pauvres empira, certains préférant de devenir des esclaves privés ou gouvernementaux. Les catastrophes et les crues n’épargnaient pas non plus le pays. Entre-temps, les intrigues et débauches se multipliaient à la cour des Han à la fin du Ier siècle. Le pouvoir impérial fut affaibli par les diverses factions, les rivalités entre les épouses impériales et les jeux de leurs parentèles, ce qui permet à Wang Mang (Vương Mãng), un ministre régent ambitieux d’en profiter pour empoisonner le jeune empereur Pingdi (Hán Bình Đế) (9ans) en l’an 5 après J.C. et usurper le trône avec le concours de sa tante, l’impératrice douairière Wang de l’empire.[RETOUR]

Tombes des princes Han: en quête d’immortalité (Suite)

Les tombes des princes: en quête d’immortalité.

Version vietnamienne

Analogue à leur prédécesseur Qin Shi Huang Di, les empereurs de la dynastie des Han envoyèrent, durant leur règne, des émissaires à la recherche des endroits paradisiaques dans le but de chercher l’immortalité et d’accéder au monde divin. Ces terres mythiques sont  associées souvent à l’île Penglai (đảo Bồng Lai) située à l’est et au mont Kunlun (Côn Lôn) à l’ouest dans les croyances de l’époque des Han. C’est la montagne où demeure la Reine Mère de l’Ouest (Tây Vương Mẫu)(Xiwangmu) ayant détenu l’élixir d’immortalité. C’est pour cette raison qu’on trouve sa présence récurrente dans le décor des tombes des Han. Cela témoigne non seulement de sa popularité mais aussi de la conception taoïste liée à la prolongation de la vie au-delà la mort. Selon certaines rumeurs non vérifiées et injustifiées, Zhang Quian fut chargé au départ par Wudi pour rechercher les recettes d’immortalité du côté du mont Kunlun, la demeure occidentale des immortels. Vêtus toujours d’une tunique longue, ceux-ci ont un visage allongé et anguleux, une large bouche au dessus d’un menton pointu, des sourcils arqués et de larges oreilles, ce qui leur donne une silhouette assez étrange et un aspect émacié. Une fois le dao atteint, ils ont des ailes aux épaules. Dans la conception taoïste de l’au-delà, pour garder l’intégrité physique du défunt et l’immortalité de son âme, il faut obturer les 9 orifices de son corps par les pièces en or et en jade. (bouche, oreilles, yeux, narines, urètre, rectum). Puis il faut faire porter au défunt un masque ou un costume de jade dont l’utilisation est régie par un protocole hiérarchique très strict. Pour les empereurs, le costume de jade est cousu de fils d’or. Quant aux rois et autres dignitaires moins importants, leur costume de jade n’a que des fils en argent ou en cuivre. L’emploi du costume reflète la croyance des Han en la pérennité de l’âme dans l’au-delà car on attribue  au jade des propriétés apotropaïques permettant de favoriser l’immortalité de l’âme.

À l’époque des Han, la conception dualiste de l’âme fut évoquée dans plusieurs textes chinois comme le Huainanzi de Liu  An (Hoài Nam Tữ). Chaque individu a deux âmes: l’une appelée hun va au ciel et l’autre appelée po disparaît physiquement avec le défunt. Pour empêcher l’âme hun de s’échapper par les orifices du visage, le masque ou le costume s’avère indispensable.

Cette conception dualiste de l’âme est-elle vraiment chinoise ou empruntée à une autre civilisation, celle des Baiyue? On la trouve chez les Mường, les cousins des Vietnamiens, vivant dans les coins les plus refoulés des régions montagneuses du Vietnam. Pour les Mường, il y a dans un être humain plusieurs âmes qu’ils nomment wại. Celles-ci se divisent en deux catégories: wại kang (les âmes fastueuses) et wại thặng (les âmes dures). Les premières sont supérieures et immortelles tandis que les secondes, attachées au corps, sont mauvaises. La mort n’est que la conséquence de l’évasion de ces âmes.

Il est important de rappeler que la culture du royaume de Chu (Sỡ Quốc) conquis par Qin Shi Huang Di lors de l’unification de la Chine avait une originalité particulière, une langue propre, celle des Bai Yue. Il existe à partir de l’époque des Qin-Han, une institution impériale, les fangshi qui étaient des lettrés locaux considérés comme des magiciens spécialisés dans les rites aux étoiles et dans les recettes du gouvernement.

Leur rôle consistait à recueillir chacun dans son territoire propre, les procédés rituels, les croyances, les médecines locales, les systèmes de représentations, les cosmologies, les mythes, les légendes au même titre que les produits locaux et à les soumettre à l’autorité politique afin que celle-ci pût les retenir ou non et les incorporer sous forme de règlements dans le but d’augmenter la puissance impériale dans une nation ethnologiquement très diversifiée et de donner à l’empereur les moyens de sa vocation divine. Tout devait être collecté et ajouté au service du fils du Ciel dans le but d’asseoir sa légitimité sur des territoires récemment conquis aux barbares.

___C’est l’un des traits caractéristiques de la culture chinoise : Elle sait accepter et absorber les cultures étrangères sans qu’on puisse jamais parler de vacillation ou de modifications culturelles.___

C’est ce qu’a écrit le célèbre philosophe chinois du XXème siècle Liang Shuming dans l’introduction de son ouvrage intitulé « les idées maîtresses de la culture chinoise » (traduction de Michel Masson). Cela rejoint la remarque suivante qu’a soulignée l’ethnologue et sinologue française Brigitte Baptandier dans son texte de conférence lors d’une journée d’étude de l’APRAS sur les ethnologies régionales à Paris en 1993:

La culture chinoise s’est donc formée au cours des siècles comme une sorte de mosaïque de cultures. II faut une lente perfusion de sang barbare à la Chine  en réadaptant cette belle formule de l’historien F. Braudel pour la France avec les barbares.



Les brûle-parfum boshanlu (encensoir en forme de montagne Bo) étaient censés de représenter les montagnes mythiques baignées de nuages et de vapeurs qi (énergie cosmique vitale). La popularité de ces brûle -parfums était due en grande partie à la pensée des Han sur l’immortalité et au culte des monts sacrés.

Boshanlu


Selon l’estimation du doyen des archéologues chinois Wang Zhongsu, depuis 1949 il y a plus de 10.000 tombes fouillées pour la seule dynastie des Han. Grâce aux découvertes archéologiques majeures des tombes de Mme Dai et de son fils à Mawangdui (Mã Vương Đôi) (Changsa, Hunan), (168 av. J.C.) ou de la tombe du fils de l’empereur Jindi, le prince Han Liu Sheng et de son épouse Dou Wan (Mancheng, Hebei) (113 av. J.C.) ou encore de la tombe de Zhao Mo (Triệu Muội), petit-fils de Zhao Tuo (Triệu Đà) et roi de Nanyue (Xianggang, Guangzhou) (120 av. J.C.), les archéologues commencent à mieux connaître l’art des Han à travers des milliers d’objets d’exception en jade, en fer et en bronze, des céramiques, des laques etc… Ceux-ci témoignent de l’opulence et de la puissance des cours princières sous les Han. Ils sont parfois des exemplaires uniques révélant non seulement le travail technique de belle facture et la préciosité des matériaux mais aussi la particularité régionale. Lors des fouilles, les archéologues ont constaté qu’il y a une rupture dans l’art chinois, un changement profond correspondant historiquement au développement des empires unifiés (Qin et Han) et au contact des influences étrangères. La présence des objets séculaires, en particulier celle de la vaisselle en bronze qu’on est habitué à retrouver à l’époque des Zhou, cède la place au développement de l’art figuratif et des représentations imagées. Il y a incontestablement l’influence notable des autres sphères culturelles dans le domaine de l’art Han, en particulier celui de la culture matérielle. Désormais, le culte des ancêtres ne se déroulait plus au temple comme cela avait été effectué à l’âge du bronze mais il avait lieu même dans les tombes et dans les sanctuaires proches de celles-ci. De plus, à l’image de l’empereur Qin Shi Houang Di, les empereurs Han et leurs princes avaient tendance de faire de la tombe une réplique de leur demeure royale terrestre.

Cette conception remonta à l’époque des Zhou (Nhà Châu) et fut illustrée fréquemment dans les pratiques funéraires des élites du royaume de Chu.(Sỡ Quốc). Analogues à ces dernières, les Han croyaient en la pérennité de l’âme dans le monde de l’au-delà. La vision de la mort était considérée comme une continuité de la vie. Cette croyance continue à être vivace aujourd’hui en Chine lors de la fête de Qingming (lễ thanh minh) avec les sacrifices offerts aux ancêtres: des billets factices et des objets funéraires brûlés. C’est pour cette raison qu’on retrouve lors des fouilles, tout ce qu’ils possédaient de leur vivant: des objets préférés, des figurines en terre cuite représentant leur domesticité ainsi que des linceuls de jade permettant de réduire la mort à néant. Les tombes impériales des Han sont signalées par la présence d’un haut tumulus artificiel situé dans une enceinte rectangulaire où se trouvent également les sépultures et les fosses annexes. La structure de leurs tombes devient de plus en plus complexe et rivalise souvent avec celle de leur palais avec des fosses séparées et ayant chacune une fonction distincte (magasin, écurie, cuisine, salle de banquet etc…). C’est le cas du site de Liu Qi connu sous le nom d’empereur Jindi et de sa femme, l’impératrice Wang dans la banlieue Xian. C’est dans ces fosses qu’on retrouve des objets de luxe (vases, bassins, brûle-parfums, miroirs, poids pour les nattes, chaudrons, lampes, poignards etc…) ou de la vie quotidienne (céréales, tissus, viande etc…) du défunt qui laissent pantois et muets d’admiration les archéologues, à côté des figurines (ou mingqi) de terre cuite. Celles-ci peuvent être soit des figurines d’animaux domestiques soit des statuettes humaines.

Grâce à la route de la soie et à l’expansion chinoise, un grand nombre de traditions artistiques régionales, de modes étrangères et de produits nouveaux contribuaient à la floraison artistique des Han. Le cosmopolitisme joua certainement un rôle important à cette époque. La splendeur des objets de luxe retrouvés dans les tombes révèle non seulement le faste et le raffinement des cours princières mais aussi le goût de l’exotisme.

Les danses et musiques de Chu, les chants de Dian, l’art des baladins d’Asie Centrale renouvellent les divertissements de la cour. Les contacts avec les arts de la steppe favorisent l’enrichissement du répertoire décoratif.

Analogue au jade, le bronze était l’un des matériaux très prisés par les Chinois. A l’époque des Han, la popularité du bronze commença à décliner car pour le culte des ancêtres, on n’eut plus besoin des ensembles complets de vases rituels en bronze mais on préféra à leur place des objets en laque à l’imitation du royaume de Chu. Ce dernier avait eu l’occasion de les décorer fréquemment avec des motifs ou des figures d’une grande imagination selon sa mythologie propre à l’époque des Royaumes Combattants. Malgré le déclin visible dans les tombes des princes Han, le bronze était très utilisé dans les ornements de char et dans les objets de luxe retrouvés.[RETOUR]

 

 ART DE VIVRE (SUITE)

Empire de Han Wu Di ( Đế Chế Hán Vũ Đế)

Empire de Han Wu Di

Version vietnamienne

Sur le plan politique, l’empire de Wudi commença à être mieux affermi dans la mesure où la rénovation du confucianisme offrait la possibilité aux gens ambitieux et brillants de la couche populaire d’accéder à des postes importants dans l’administration qui était jusque-là détenue par la vieille garde constituée essentiellement par les nobles, les taoïstes et les tenants du huanglao. Grâce au concours d’examen, le mérite remplaçait désormais les privilèges de la naissance. Mais son empire n’était pas encore à l’abri d’une rébellion et des rivalités qui continuaient à aller bon train dans la cour des Han. L’échec du séparatisme (en -122 avant J.C.) du seigneur Liu An, connu pour son oeuvre encyclopédique Huainanzi (Hoài Nam Tử) sur les connaissances de l’époque, témoigna de la difficulté de mettre au pas la noblesse, même après une quinzaine d’années de règne de Wudi.

Comme son père, l’empereur Jindi (Hán Cảnh  Đế) , eut connu sous son règne, la révolte organisée par la coalition de sept royaumes montée en -154 avant J.C. par le prince Wu, Wudi décida de mener à son terme le démantèlement systématique des fiefs des seigneurs dans le but de parer à toute tentative de rébellion. Désormais, l’apanage ne revenait pas seulement au fils aîné du roi vassal décédé mais il devait être partagé entre tous les fils de ce dernier. Ceux-ci ne jouaient aucun rôle politique à part le privilège de la fortune que leur fief leur procurait. Par ce morcellement astucieux, il suffit de quelques générations de succession pour faire disparaître des principautés importantes et disperser leurs forces. De plus, il nomma pour chaque région, un inspecteur itinérant (thứ sử) chargé de contrôler et de superviser non seulement les familles puissantes mais aussi les préfets. Quant aux rivalités de la cour, Wudi sut en tirer parti avec habileté en favorisant la confrontation et la compétition de ses conseillers dans les débats parfois stériles afin de consolider un pouvoir central puissant mais juste et moral.

En nommant un secrétariat chargé d’examiner les rapports et les pétitions des ministres, il ôta de facto le rôle du premier ministre. C’est dans cette optique qu’il renforça le caractère autocratique de son règne. Il ne pardonna aucune faute lorsque l’un de ses conseillers ou de ses généraux l’ont commise.

C’est le cas de l’extraordinaire archer Li Guang (Lý Quảng) surnommé « le général volant » par les Xiongnu. Il fut dégradé pour commettre la faute de s’être égaré dans le désert avec ses soldats lors d’un engagement contre les Xiongnu. Mais sa peine put être commuée par une amende de substitution. Le rachat des peines et des amendes était très fréquent à l’époque Han. Même la plaidoirie de la défense risqua de mettre en péril également la vie du défenseur car il était accusé de tromper l’empereur. C’est le cas de l’historien célèbre Sima Qian (Tư Mã Thiên) qui  fut condamné à la castration pour défendre la famille de l’officier Li Ling (Lý Lăng), petit-fils du général Li Guang, taxé de rejoindre les Xiongnu. Les mesures prises par Wudi dans bien des domaines témoignèrent des pires méthodes légistes. Ses conseillers et ses généraux étaient à la merci de ses appréciations. Ils purent  être démis facilement de leur fonction pour des fautes vénielles avant d’être promus ailleurs. Récompenses et punitions faisaient partie de la ligne de conduite que Wudi adopta pour ses collaborateurs. Leur crainte permit à Wudi de développer son art de gouverner à bon escient. Il est rare de trouver sous le règne de Wudi des officiels conservant leur poste au delà de cinq ans excepté Gongsunhe, son ministre des équipages pouvant garder son poste pendant plus trente ans. Il n’y a que l’érudit Dong Zhongdhu qui sut se retirer de la cour au bon moment pour éviter la disgrâce.

Sur le plan économique, sur les conseils de Sang Hongyang (Công Tôn Hoằng), il abolit la loi permettant les riches de battre la monnaie, d’extraire du sel par évaporation et de couler de la fonte. Désormais, l’état monopolisa ces opérations afin d’accroître ses revenus. Pour aider les paysans, l’état achetait certaines marchandises en surabondance lorsque leurs prix baissèrent et les revendit à meilleurs prix en cas de pénurie. Cette mesure avait pour but de contrôler les fluctuations des prix et d’empêcher les spéculations des grands marchands. C’est aussi à l’état d’assurer le contrôle de la circulation des denrées par l’intermédiaire des junshu (ou bureaux des transports de l’état). Wudi créa une taxe sur les biens ( charrettes, bétail, bateaux etc..) des commerçants et des usuriers qui étaient responsables de la déclaration de leurs capitaux. En cas de fraude, ils risquèrent de perdre leurs biens et d’être punis par deux ans de service militaire à la frontière. Selon les documents de l’historien Sima Qian, le début de son règne fut favorisé par les six décennies de la reprise graduelle des forces productives encouragée par ses prédécesseurs. La caisse de l’état accusait un excédent. La population était bien vêtue et nourrie. Ce début de règne était connu comme la période yang où il y avait la stabilité politique en même temps que l’abondance de la nourriture pour toute une population estimée à plus de 50 millions d’habitants selon le premier recensement à grande échelle en l’an 2 après J.C. évoqué par Sima Qian dans ses mémoires historiques. Selon le sinologue français, Marcel Granet, la politique adoptée par Wudi reflétait bien le caractère révolutionnaire. Wudi sut s’intéresser seulement à son intérêt immédiat, tenta de trouver des solutions au cas par cas aux problèmes urgents, délaissés une fois résolus et se servit des collaborateurs pour une courte durée dans le but d’obtenir le résultat escompté. Lorsque ceux-ci étaient connus pour leurs exploits et devenaient trop « dangereux », il décida de les éliminer. La méfiance d’un tyran entouré par des conseillers légistes n’ayant aucune grande profondeur d’esprit, ne permit pas à la Chine de saisir à cette époque la rare opportunité de devenir un pays solide et organisé.

Son empire pouvait vaciller du jour au lendemain. Les Xiongnu constituaient toujours un souci majeur pour Wudi malgré la politique de heqin adoptée jusque-là par ses prédécesseurs. Leur insoumission et leur insolence continuaient à humilier les Han. Pour défaire un ennemi aussi invisible comme les Xiongnu, Wudi fut obligé de réorganiser son armée et de la rendre plus apte à la mobilité dont l’objectif consiste à déloger l’adversaire et saisir son bétail au cœur de son campement par des raids rapides avec un nombre restreint de cavaliers comme cela a été opéré par les Xiongnu. Pour cela, l’usage du char est abandonné dans les engagements militaires. Puis il faut abandonner la tradition des officiels de porter la robe traditionnelle au profit d’un pantalon pour ne pas être gênés dans leur chevauchée et vaincre les réticences des militaires de monter les chevaux car leur position jambes écartées est assimilée à la position accroupie employée par les gens ordinaires. Cette tactique permet de porter des coups aux Xiongnung mais elle n’arrive pas à les soumettre définitivement. C’est pourquoi Wudi dut opter d’autres mesures parmi lesquelles figurent l’amélioration du réseau routier qui est non seulement l’épine dorsale du système économique mais aussi la clé du succès dans le transport des troupes et des vivres. Il y a désormais sur les routes Han des relais postaux, des écuries pour les chevaux, des auberges pour les fonctionnaires, des hôtelleries pour les voyageurs ordinaires et même des geôles pour les prisonniers. Le réseau routier devient ainsi au fil des siècles le facteur clé de l’expansion militaire et l’outil efficace de la pénétration culturelle des Han. Il n’a d’égal que le réseau romain.


Le règne de Wudi marque l’âge d’or de la dynastie des Han. C’est sous ce règne que le Vietnam fut annexé en 111 avant J.C. C’est la première domination chinoise durant presque 1000 ans. 

Références bibliographiques.

  • Précis d’histoire de Chine. Editions de langues étrangères. Beijing
  • Văn Hóa Nam Chiếu-Đại Lý. Nhà xuất bản văn hóa thông tin. Hànội 2004
  • La grande époque de Wudi. Editions You Feng. Dominique Lelièvre. 2001
  • Lịch sử văn minh Trung Hoa. Will Durant. Nguyễn Hiến Lê dịch. NBX Nhà văn hóa thông tin. 2006

Ce réseau routier nécessite en plus, tout le long de la frontière nord dans la région Gansu, l’installation de plusieurs garnisons, autour de leurs tours de guet dont certaines sont hautes de 18m dans le but de surveiller le mouvement des Xiongnu, de le signaler avec les signaux de fumée, de protéger ceux qui empruntent la route et d’engager des actions défensives en coordination avec l’état major. La victoire des Han dépend d’autres facteurs aussi importants que ce réseau routier. L’approvisionnement des vivres pour les garnisons est souvent un défi quotidien sans parler des difficultés majeures rencontrées par l’armée de Wudi dans la poursuite des Xiongnu au de là de la frontière vers des régions inconnues. Cela exige l’engagement d’un nombre élevé de chevaux et la connaissance du terrain améliorée progressivement par le tracé des cartes et le repérage des points d’eau ainsi que la collaboration des populations locales. Parfois, il est indispensable de reconstituer rapidement la cavalerie en cas de perte importante. On peut citer l’exemple de la campagne du Ferghana contre le Dayuan (Đại Uyển) en l’an 104 avant J.C. Sur les 60.000 soldats engagés et 3000 chevaux emmenés, le général de Wudi, Li Guanli (Lý Quảng Lợi) revint avec 10.000 soldats et 1000 chevaux. Pour cela, la cour des Han dut encourager les gens à élever les chevaux pour la remonte, fixer le prix d’un étalon à un prix standard assez élevé et promouvoir l’introduction de races nouvelles des contrées occidentales. La reconstitution rapide de la cavalerie s’avère indispensable dans les expéditions lointaines. Elle n’est pas étrangère au nombre de haras en constante augmentation et à l’amélioration des fourrages par la plantation de luzerne (Chi linh lăng) dont les graines ont été ramenées par Zhuang Qian (Trương Khiên) lors de sa mission d’exploration en Asie centrale. C’est par celle-ci que Zhuang Qian a découvert dans la vallée de Ferghana (Ouzbékistan d’aujourd’hui) les magnifiques chevaux qui suaient le sang (*)(ngựa hãn huyết) et a ramené en -114 avant J.C. quelques spécimens de la même race offerts par les Wusun, les alliés de Wudi en Asie centrale. Leur taille, leur vitesse et leur force plurent tellement au grand amateur de chevaux qu’était Wudi. Mais leur exploit est supposé moins performant que celui des Dayun (Ferghana). Grâce aux sabots plus durs, les chevaux des Dayun peuvent parcourir mille li par jour. Envieux d’avoir les chevaux de ces derniers, Wudi organisa l’expédition militaire contre le Dayuan ayant eu tort de refuser de les lui offrir en échange des cadeaux. Il n’hésita pas à donner plus tard à ces équidés le nom de « chevaux célestes »(tianma)(thiên mã).

Ceux-ci devenaient ainsi le symbole de puissance et de prestige car Wudi se sentit humilié et vexé par le refus d’un petit royaume perdu dans la vallée de Ferghana. Le coût de l’expédition militaire était exorbitant non seulement en équipement et chevaux mais aussi en vies humaines pour un bilan assez mitigé avec une trentaine de chevaux célestes et trois mille étalons et juments plus ordinaires. Pourtant l’armée de Wudi fut triée sur le volet en prenant en grande partie de véritables soldats de métier et des condamnés ainsi que les cavaleries fournies par les commanderies des régions frontalières. Ces soldats enrôlés devaient être capables d’avoir une remarquable endurance physique, d’effectuer de longues marches et d’investir une ville. Selon l’historien Sima Qian, ce n’était pas la mort au combat ou le manque de vivres qui étaient responsables de ces pertes importantes mais seulement la soif et l’obsession des généraux de vouloir gagner la guerre à tout prix car leur vie dépendait de la victoire ou de l’échec de ces opérations. Récompenses et punitions sévères voire condamnations à mort faisaient partie des lots que Wudi leur réservera sans aucune illusion dès leur retour en Chine. Des généraux valeureux furent obligés de se suicider ou se rendre à l’ennemi ( Li Quian, Li Ling, Li Guanli etc.). La campagne de Ferghana était bouclée seulement en un an (Printemps de l’année -102 -Printemps de l’année -101).

Naissance de la route de la soie

Désormais, après la campagne du Ferghana, tous les royaumes situés sur le passage emprunté par l’armée Han ( connu plus tard sous le nom de la « route de la soie » ) acceptaient la vassalité de la Chine excepté les Xiongnu. Pour combattre ces derniers, Wudi tenta de chercher d’abord des alliances avec les ennemis de Xiongnu, les Da Yuezhi (ou grands Yuezhi) en envoyant une délégation conduite par Zhuang Qian en Asie centrale en -139. Finalement ce dernier ne réussit pas à remplir sa mission car il fut retenu par les Xiongnu pendant 10 ans avant de parvenir à s’évader pour découvrir durant sa fuite le Ferghana (Dayuan), la Sogdiane (région de Samarcande), la Bactriane (l’actuel Turkménistan) et le nord de l’actuel Afghanistan. Par contre, lors de son retour en Chine en l’an -126 avant J.C., il fit le rapport à Wudi. Cela lui permit de découvrir les pays que Zhuang Qian a visités et lui évoquer non seulement la possibilité de rejoindre le royaume de Shendu (l’Inde) à partir de Shu (Sichuan, Tứ Xuyên) mais aussi la puissance d’un empire lointain de nom Daquin (empire romain). À défaut d’avoir des alliés contre les Xiongnu, il était possible de trouver désormais des partenaires commerciaux s’intéressant aux produits chinois: soie, objets en laque, outils en fer etc.. en échange du jade, des chevaux et de la fourrure. La route de la soie était ainsi née et devenait le lien entre l’Orient et l’Occident. C’est seulement en l’an -115 que Zhuang Qian fut chargé de nouveau par Wudi pour une nouvelle mission diplomatique dans les contrées occidentales. Cette fois, il réussit à ramener non seulement la grande variété des plantes et des produits naturels (luzerne, le vin, le raisin, les noix, les grenades, les fèves, les lainages, les tapis etc.) mais aussi des éleveurs de chevaux, les Wusun. Impressionnés par la splendeur et la richesse de la cour des Han, ceux-ci acceptèrent de s’associer plus tard à l’entreprise proposée par Wudi et reconnurent implicitement la suzeraineté de la Chine. Cette alliance fut suivie par l’envoi d’une princesse chinoise de sang royal au roi des Wusun qui avait l’occasion de signaler deux fois à Wudi les intentions belliqueuses des Xiongnu durant cette alliance.

DEUX MONDES, DEUX EMPIRES:

Vers l’an 100 après J.C., l’empire des Han était comparable à celui de Rome. L’économie du premier était basée essentiellement sur les paysans tandis que celle du second reposait sur l’esclavage. [RETOUR]

Conquêtes chinoises :Nan Yue et Ye Lang

 


(*) Cette sueur est liée à la présence d’un parasite provoquant des hémorragies.

Les bronzes de Sanxingdui: 2ème partie (Di chỉ Sanxingdui: phần 2)

Version vietnamienne (2ème partie)

English version (Second part) 


D’autres traits caractéristiques trouvés à Sanxingdui n’ont pas d’équivalent dans l’art des Shang. C’est le cas de la décoration végétale illustrée par le martelage des feuilles en or ou en cuivre et par la forme d’arbres ou de boutons de fleurs. Une autre source d’inspiration majeure se retrouve dans le thème de l’oiseau. Qu’il s’agisse d’hommes ou d’animaux, l’artiste de Sanxingdui réussit à leur donner avec agilité non seulement une stylisation assez poussée mais aussi des formes d’expression très naturalistes. Ce n’est le cas de l’art des Shang où l’artiste tend à transformer l’aspect ou la forme de l’animal par une stylisation assez excessive, loin de la réalité


 

 

Repères chronologiques

 

Vers 1900-1500: culture d’Erlitou. Début de l’âge du bronze en Chine. Période des Xia? (Nhà Hạ)

Vers 1500-1300: phase Erligang de la dynastie des Shang (Nhà Thương)

Vers 1300-1050: phase Anyang de la dynastie des Shang (Nhà Ân)

Vers 1200 av. J.C: Fosses n°1 et n°2 de Sanxingdui. Sichuan

Vers 1200-1000 av. J.C: phase d’occupation du site de Jinsha, Chengdu, Sichuan.

Vers 1050-256 av. J.C.: dynastie des Zhou (Nhà Châu).

316 av. J.C.: conquête du Sichuan par les armées de la principauté de Qin (Nhà Tần).


Trouvailles archéologiques de la dynastie des Shang

 Musée Cernusci

Lors de la fouille des fosses n°1 et n°2, on s’aperçoit que malgré la période contemporaine des Shang, la tradition de Sanxingdui diffère complètement de celle de ces derniers car elle présente plusieurs traits spécifiques et originaux. D’abord les élites de Sanxingdui n’ont pas utilisé les vases zun de la même manière que les Shang. Elles s’en ont servi pour stocker certains biens de prestige et de valeur comme les cauris marins, une sorte de monnaie d’échange en raison de leur rareté.                 

C’est ce qu’on a découvert grâce à la statue d’un personnage portant une vase zun trouvée dans la fosse n°2. Ce n’est pas le cas des Shang dont les vases zun aux formes diverses possèdent chacune un rôle très précis afin d’honorer le culte de leurs ancêtres: servir et boire du vin, présenter les mets, cuire les offrandes de viande etc… Puis la représentation de la figure humaine fait partie de l’art de Sanxingdui. Le nombre de têtes et de masques est impressionnant et ne peut pas passer inaperçu pour les visiteurs et les archéologues lors de la première découverte de cet art. Par contre, dans l’art des Shang, l’homme n’est pratiquement pas représenté.

Contrairement aux bronziers des Shang qui étaient connus pour la fabrication des vases rituels dont certaines pouvaient atteindre 1 mètre de hauteur, ceux de Sanxingdui ont préféré les sculptures souvent audacieuses à la demande des élites locales. Ils ont été obligés d’adapter les techniques importées et de créer de nouveaux procédés, en particulier la soudure pour leurs propres réalisations.

En examinant les objets trouvés dans les fosses de Sanxingdui, les archéologues ont été amenés à la conclusion que les traditions de Sichuan et d’Anyang s’opposent nettement dans leurs pratiques sacrificielles respectives. Contrairement aux dirigeants d’Anyang honorant seulement le culte des ancêtres, les élites de Sanxingdui vénéraient à la fois les ancêtres et le soleil. Le fait de découvrir plus tard à Jinsha considéré par les archéologues comme le site assumant la continuité de la culture de Sanxingdui, le regroupement de quatre oiseaux entourant le soleil sur un ornement en or ou la statue debout en bronze ayant sa coiffe en forme du soleil, atteste incontestablement le culte du soleil. Celui-ci était une pratique très courante dans les anciennes civilisations du monde.

Selon le chercheur chinois Shi Jingsong, toutes les trouvailles de la fosse n°2 peuvent se répartir en deux groupes: le premier ayant trait à des objets dont les motifs sont similaires à ceux trouvés sur les récipients en bronze dans la plaine centrale des Shang, le second identifié par des figurines ou par des motifs décoratifs relatant le soleil. Pour lui, il n’y a aucun doute sur le partage du pouvoir entre le roi et le prêtre et la coexistence des temples religieux et ancestraux dans la civilisation de Sanxingdui.

Il s’agit probablement d’un royaume civilisé investi de pouvoirs théocratiques, ce qui permet de supposer un système religieux et social à échelons multiples à travers ses vestiges découverts.

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English version (2nd part)

Other characteristic features found in Sanxingdui have no equivalent in Shang art. This is the case of plant decoration illustrated by the hammering of leaves in gold or copper and by the shape of trees or flower buds. Another major source of inspiration is found in the theme of the bird. Whether it is humans or animals, the artist of Sanxingdui succeeds in giving them with agility not only a fairly advanced stylization but also very naturalistic forms of expression. This is not the case in Shang art where the artist tends to transform the appearance or form of the animal by a rather excessive stylization, far from reality.

During the excavation of Pits 1 and 2, it was discovered that, despite the contemporary period of the Shang, the Sanxingdui tradition differs completely from that of the Shang, as it presents several specific and original features. First, the elites of Sanxingdui did not use zun vessels in the same way as the Shang. They used them to store certain prestigious and valuable goods, such as sea cowries, a kind of currency due to their rarity.
This was discovered thanks to the statue of a figure carrying a zun vessel found in Pit 2. This is not the case for the Shang, whose zun vessels of various shapes each had a very specific role to honor the cult of their ancestors: serving and drinking wine, presenting food, cooking meat offerings, etc. Moreover, the representation of the human figure is part of the art of Sanxingdui. The number of heads and masks is impressive and cannot go unnoticed by visitors and archaeologists when this art is first discovered. On the other hand, in Shang art, humans are practically not represented.

Unlike Shang bronze workers, who were known for crafting ritual vessels, some of which could reach a height of one meter, those of Sanxingdui preferred the often bold sculptures requested by local elites. They were forced to adapt imported techniques and develop new processes, particularly welding, for their own creations.

By examining the objects found in the Sanxingdui pits, archaeologists concluded that the traditions of Sichuan and Anyang contrasted sharply in their respective sacrificial practices. Unlike the Anyang rulers, who honored only ancestor worship, the Sanxingdui elites venerated both ancestors and the sun. The later discovery at Jinsha, considered by archaeologists to be the site that represents the continuity of the Sanxingdui culture, of the grouping of four birds surrounding the sun on a gold ornament, or of the standing bronze statue with its headdress in the shape of the sun, undeniably attests to sun worship. This was a very common practice in the ancient civilizations of the world.

According to Chinese researcher Shi Jingsong, all the finds from Pit No. 2 can be divided into two groups: the first relating to objects whose motifs are similar to those found on bronze vessels in the central plain of the Shang, the second identified by figurines or decorative motifs depicting the sun. For him, there is no doubt about the sharing of power between king and priest and the coexistence of religious and ancestral temples in the Sanxingdui civilization. It was probably a civilized kingdom invested with theocratic powers, which allows us to suppose a multi-level religious and social system through its discovered remains.

Chronological benchmarks

Around 1900-1500: Erlitou culture. Beginning of the Bronze Age in China. Xia period? (Nhà Hạ)

Around 1500-1300: Erligang phase of the Shang dynasty (Nhà Thương)

Around 1300-1050: Anyang phase of the Shang dynasty (Nhà Ân)

Around 1200 BC. B.C.: Pits No. 1 and No. 2 of Sanxingdui. Sichuan

Around 1200-1000 BC. J.C: occupation phase of the site of Jinsha, Chengdu, Sichuan.

Around 1050-256 BC. BC: Zhou dynasty (Nhà Châu).

316 BC 1500 BC: conquest of Sichuan by the armies of the principality of Qin (Nhà Tần).

Références bibliographiques

Les bronzes du Sichuan. Chine

Connaissance des Arts

Alain Thote.

Paris Juillet 2017

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Di chỉ Tam Tinh Đôi phần 2 (Les bronzes de Sanxingdui: 2ème partie)

 

version française

Có những nét đặc trưng khác  tìm thấy ở di chỉ Tam Tinh Đôi  mà  không có nét tương đương như vậy ở trong nghệ thuật của triều đại Thương. Đó là việc trang trí thực vật được biểu lộ qua các lá bằng vàng hay đồng và các hình dáng cây  cỏ hoặc các đọt bông.  Một nguồn cảm hứng khác trọng đại được gặp gỡ lại ở trong đề tài  chim. Dù  hiện vật là người hay thú, nghệ nhân cũng đạt được kết quả  mỹ mãn với sự khéo léo trong việc tạo  ra  một phong cách khá tiên tiến mà còn có những biểu hiện rất tự nhiên.  Ngược lại trong nghệ  thuật của nhà  Thương thì nghệ nhân thường có khuynh hướng biến đổi   một cách quá đáng hình dáng con vật khiến  trông thấy  không có thực tế.
 

 


 

Thứ tự thời gian

Từ 1900-1500:  Văn hóa Erlitou. Khởi đầu thời kỳ đồ đồng . Nhà Hạ?

Từ 1500-1300: Giai đọan  Erligang của nhà Thương.

Từ 1300-1050:  Giai đọan  An Dương (Nhà Ân-Thương)

Từ 1200 TCN: Hầm  số 1  và 2 của Tam Tinh Đôi . Tứ Xuyên

Từ 1200-1000 TCN: Giai đọan  định cư ở di chỉ  Jinsha (Thành Đô, Tứ Xuyên)

Từ 1050-256  TCN : Triều đại Nhà Châu.

316  TCN:  Thôn tính Tứ Xuyên  bởi  quân nhà Tần.


Lúc khai  quật các hầm số 1 và 2 thì các nhà khảo cổ mới nhận thấy dù cùng thời với nhà Thương, truyền thống ở di chỉ Tam Tinh Đôi hoàn toàn khác hẳn vì nó có nhiều nét độc đáo và cá biệt.  Trước hết các dòng qúi tộc ở Tam Tinh Đôi không dùng các chậu zun tựa như triều đại nhà Thương.  Họ chỉ dùng các chậu nầy để trữ các vật có giá trị hay có mang tính cách quyền lực và uy tín chẳng  hạn võ óc, một thứ  tiền để trao đổi vì hiếm có. Cụ thể là pho tượng đội một  cái chậu « zun » tìm thấy  khi lúc khai quật hầm số 2. Ngược lại với triều đại nhà Thương thì các chậu zun dù  có  nhiều hình dáng  không giống nhau nhưng mỗi chậu có vai trò rõ ràng trong việc cúng tế tổ tiên:  dùng và uống rượu,  trưng bày các thức ăn,  nấu các đồ cúng vân vân …  Mặt con người được thể hiện không ít trong nghệ thuật của Tam Tinh Đôi.  Số lượng tượng đầu người  và mặt nạ rất đáng kể và không thể nào  không làm các  du khách và các nhà khảo cổ không để ý  khi đến  khám phá lần đầu nghệ thuật nầy.  Ngược lại trong nghệ thuật của nhà Thương, con người hầu như không có được sự tượng trưng  nào cả. 
 

Cổ vật nhà Thương

 Bảo tàng viện Cernuschi (Paris)   
Ngược lại các nghệ nhân của nhà Thương biết đến qua sự sáng tạo các chậu nghi lễ mà có cái có thể cao đến 1 thước , các thợ đồng của Tam Tinh Đôi thường  liều lĩnh chọn làm các tác phẩm điêu khắc theo sự đòi hỏi của tầng lớp ưu tú nội địa.  Họ buộc lòng phải làm thích hợp các kỷ thuật du nhập và sáng tạo các phương pháp mới đặc biệt là việc hàn nối để thực hiện các công trình riêng tư.

Khi khám nghiệm các cổ vật tìm thấy trong các hố của di chỉ Tam Tinh Đôi, các nhà khảo cổ  đi đến kết luận  rằng các phong tục có ở Tam Tinh Đôi và An Dương  rất tương khắc rõ ràng trong việc tế lễ.  Ngược lại các lãnh đạo ở An Dương chỉ có lòng tôn kính tổ tiên thì các tầng lớp chính trị ở Tam Tinh Đôi rất sùng kính tổ tiên lẫn mặt trời.  Việc khám phá sau nầy  Jinsha được các nhà khảo cổ xem là di chỉ có nhiệm vụ đảm nhận việc tiếp tục văn hóa Tam Tinh Đôi và việc tập hợp lại 4 con chim xung quanh mặt trời trên một cổ vật trang trí bằng vàng hay là pho tượng đứng thẳng bằng đồng có cái mũ hình dáng mặt trời , minh chứng không phủ nhận được việc sùng kính tôn thờ mặt trời. Đây là một thói quen được  phổ biến trong các nền văn minh cổ đại ở trên thế giới.  

Theo nhà nghiên cứu Trung Hoa Shi Jingsong, tất  cả hiện vật tìm thấy trong hố số 2 được chia ra thành hai loại:  loại thứ nhất có liên quan đến các hiện vật mà các mô típ tựa như các mẫu hình đựợc trông thấy trên các đồ đựng bằng đồng thuộc về vùng trung nguyên  của nhà Thương còn loại thứ nhì được nhận dạng nhờ các tượng nhỏ hay các mô típ trang trí liên quan mặt trời.  Theo ông , không có sự nghi vấn   trên  sự phân chia quyền lực giữa vua và thầy tế lễ nhất là thể hiện việc cùng tồn tại các đền thờ tôn giáo và tổ tiên trong văn hóa Tam Tinh Đôi. Chắc chắn đây là một vương quốc văn minh có một chế độ thần quyền vì vậy có thể giả  định một hệ thống tôn giáo và xã hội có nhiều bậc cấp qua các cổ vật được khám phá.
 

 

Tài liệu tham khảo

Les bronzes du Sichuan. Chine

Connaissance des Arts

Alain Thote.

Trở lại phần đầu

Di chỉ Tam Tinh Đôi (Les bronzes de Sanxingdui)

Sichuan (Tứ Xuyên)

Version française

English version

Từ khi khám phá tình cờ được  một số đồ ngọc tinh xảo từ cái cuốc của một người nông dân  vào  năm 1929, kế tiếp  sau đó  với  cuộc khai quật hai hầm làm tế  lễ  rất quy mô bởi các nhà khảo cổ Trung Hoa vào năm 1986, di chỉ Tam Tinh Đôi mới tiết lộ ra một phần quan trọng  của nền văn minh của Tứ Xuyên mà chưa được ai biết đến. Cho đến giờ, qua các văn bản  cổ Trung Hoa  thì văn minh  Trung Quốc  được khởi đầu ở đồng bằng trung tâm của Hoàng Hà  với  An Dương, thủ đô  của nhà Thương,  được công nhận là một triều đại đầu tiên  trong lịch sử Trung Hoa. Chính ở trong truyền thống biên  sử, vua Đại Vũ, một vị vua  ở thời cổ đại,  có tiếng  phát triển kỹ thuật chinh phục  sông ngòi  và được xem là vị vua sáng lập triều Hạ đã có công sáng chế ngành kim khí ở lưu vực sông Hoàng Hà. Từ nay, các nhà khảo cổ buộc lòng phải kiểm điểm  lại cái nhìn của họ về những phát triển đầu tiên của thời kỳ đồ đồng vì    còn  có những trung tâm  văn hóa khác rất độc đáo và cùng thời với triều đại nhà Thương .

Hình ảnh lí tưởng của văn hóa Trung Hoa xuất phát từ An Dương bị vở nát  từ khi các nhà khảo cổ khám phá được di chỉ Tam Tinh Đôi. Mặc dầu nằm ở trong vùng man rợ nhưng di chỉ Tam Tinh Đôi   có được một nền văn hóa rất  tinh vi cũng như  triều đại nhà Thương,  nhất là không được biết đến qua các tài liệu và các sử gia Trung Hoa. Theo nhà khảo cổ  Task Rosen  của  viện bảo tàng  Anh  “British Museum”, việc khám phá nầy  có thể nói  làm nổi bật  hơn việc khám phá các kỵ  binh và ngựa   bằng đất nung  của Tần Thủy Hoàng ở Trường An (Xian). Bốn thẻ khảm ngọc lam tìm thấy ở trong một hố của Tam Tinh Đôi  giống  như những thẻ được xem thấy ở vùng Erlitou (tỉnh Hà Nam)  thường được các nhà khảo cổ coi là cái nôi văn hóa của thời đồ  đồng của Trung Hoa. Sự quan hệ  nầy  chứng nhận một cách  hiển nhiên  việc  giao lưu  hàng hóa  và  trao đổi  kiến thức kỹ thuật tinh vi từ đồng bằng Trung Nguyên đến Tứ Xuyên.  

Theo nhà  Hán học Alain Thote,   vùng trung lưu của con sông xanh (hay là Dương Tữ Giang) có thể   là  trạm dùng đến   trong việc giao lưu   nầy. Những kết quả  thu gặt được chất chì  qua sự phân tích  đồng  vị ở những nơi  như  di chỉ Tam Tinh Đôi ,  hay mồ của nữ hoàng chiến binh Phụ Hảo,  vợ của vua Vũ Đinh nhà Thương ở An Dương  (Hà Nam) hay là mộ ở  Tân Can (Giang Tô) đều xác nhận rõ ràng sự hiện diện của chất chì  có nguồn gốc đến  từ Vân Nam (Yunan). Trong ba nơi nầy , kỹ thuật chế tạo đều dùng các khuôn mẫu  đất sét phân cắt nhiều   đoạn trong việc nấu luyện  đã có ở thế kỷ 16 trước Công Nguyên với văn hóa Erlitou (Thời kỳ nhà Hạ?). Dựa trên các kết quả nầy,  chúng ta có thể  phỏng đoán rằng đã có sự thiết lập trao đổi ở  nhiều vùng ở giữa thời kỳ hai ngàn năm trước công Nguyên.  Các cuộc tương tác văn hóa cũng không còn là một câu hỏi hay nghi vấn chi nửa  trên toàn lãnh thổ Trung Hoa. Nhà Thương cũng không còn là một triều đại duy nhất có quyển lực toàn thế thường được  nói đến trong các văn bản Trung Hoa mà  họ có những nước  lân cận cũng hùng cường như họ mà  họ có  thiết lập liên kết chặc chẽ ít nhiều. 

Nằm cách xa 40 cây số về phía bắc của thủ đô Thành Đô (Tứ Xuyên),  gần thành phố Quãng Hán, di chỉ  Tam Tinh Đôi  thường được gọi buổi đầu là nơi có đất đầm nhất là có sự thành hình của ba gò đất  (Ba Sao).  Chỉ nhờ sự khám phá của hai hố vào năm 1986 mà các nhà khảo cổ mới bất đầu lưu ý nhiều đến nơi nầy và khi khai quật vào năm 1996 thì họ mới biết nơi nầy là môt thành phố được xây dựng đã có khoảng chừng 1800 năm trước Công Nguyên và được lan rộng trên mười mấy cây số. Hai hố nầy cách xa nhau cở ba chục thước. Mỗi hố có độ sâu khoảng chừng 1 thước rưởi và niên tuổi xa cách cở chừng vài chục năm (30 năm khoảng chừng). Hố thứ nhất có tất cả 420 cổ vật, các mảnh xương bị cháy, các ngà voi , các vỏ sò (ốc tiền) vân vân … trong lúc đó ở hố thứ hai thì không những có một số cổ  vật ba lần  gấp hơn  (1300 khỏang chừng)  mà còn có những bảo vật khổng lồ (pho tượng của một người có  thân hình thon và cao, các  cây « thần » đúc bằng đồng và các mặt nạ đen).

Không có sự thứ tự  rõ ràng trong việc chất  đặt  các món vật nầy.  Ngược lại các lễ vật cúng thì được tập hợp lại  và   phân chia  theo loại nhưng đều bị đánh vỡ và  cố tình   bị đốt cháy phần đông trong hai hố.  Trong những bảo vật tìm thấy ở di chỉ  thì những hiện vật đẹp nhất  vẫn là pho tượng của một người cao khoảng chừng một thước bảy chiều cao và đứng vững chắc trên một bệ trang trí  gồm có bốn mặt nạ  đầu thú   lật  ngược và theo giả thuyết của vài nhà khảo cổ, có cầm trong  hai tay một cao một thấp không tương xứng,  một hay nhiều vật có hình dáng  cây trụ hoặc là một ngà voi  và một cây « thần » bằng đồng  có chiều cao đến bốn thước sau khi đượ c khôi phục  lại và chỉ  dùng để thờ thần  mặt trời.

Nhưng chính các mặt nạ kinh ngạc bằng đồng nó làm lưu ý đến nhiều  các nhà khảo cổ lúc khai quật cái hố tế lễ  số 2  vì các tượng đầu bằng đồng nầy mỗi cái có một hình dáng kỳ cục so với các khuôn mặt của con người, lỗ tai  to tướng của các con voi, chiếc mũi  thẳng, khuôn mặt thì vuông,  một cái miệng hẹp nhưng rộng với chiều ngang của khuôn mặt  và  đôi mắt hình quả hạnh nhân được phóng đại. Tìm thấy  tổng cộng  được mười ba cái tượng  đầu người như vậy. Ngược lại triều đại Thương để lại văn  khắc trên các hiện vật bằng đồng, di chỉ Tam Tinh Đôi  không có lưu lại một chữ viết nào cả. Các nhà khảo cổ buộc lòng  gán cho di chỉ Tam Tinh Đôi tính chất hoàn toàn tôn giáo và tế lễ. Họ dựa vào một số tập quán dẫn chứng  qua các mặt nạ, các tạo vật lai căng giữa người và thú, các con rồng, các người chim, các vật tế lễ tìm  thấy  trong các hố, nhất là  không có các  đồ trang trí và   các đồ tế lễ  đều bị hoàn toàn hũy phá và sau cùng là cách thức đầm đất  qua nhiều lớp biểu lộ ý định niêm phong vĩnh viễn di chỉ Tam Tinh Đôi. Theo  Niannian Fan, một nhà khoa học chuyên nghiên cứu về sông ngòi ở đại học Tứ Xuyên (Thành Đô), di chỉ Tam Tinh Đôi bị chôn vùi bởi trận bùn lở do  cường độ nước dâng lên và rút xuống mau lẹ  của  sông  Minjiang  từ một trận động đất quan trọng  xảy ra có hơn  3000 năm.

 Niannian Fan dẩn chứng giả thuyết của ông bằng cách tìm trong các văn bản cổ về lịch sử, có xảy ra vào năm 1099 một  thảm họa  trọng đại ở thủ đô nhà Châu (Shaanxi). Theo ông, các dân cư ở Tam Tinh Đôi buộc lòng đời đô thời đó  về di chỉ Jinsha, cách đó 50 cây số  và nằm trên bờ sông Modi. Gỉa thuyết động đất và bùn lở không có gì thuyết phục cả nhất  là ông không có giải thích các lý do  khiến  các hiện vật tế lễ  đều bị hủy phá một cách cố tình trước khi được vứt xuống hố của Tam Tinh Đôi vào thời mà nơi nầy bị ruồng bỏ.

Theo nhà Hán học Pháp Alain Thote, chính vì  các cơn thinh nộ mà  con sông chảy qua nơi nầy  nó  xoá đi một phần nào  vết  tích của di chỉ   Tam Tinh Đôi. Ngoài những lý do không hiểu được về việc từ bỏ vụt chốc  di chỉ Tam Tinh Đôi và   thay thế nó sau nầy bởi di chỉ Jinsha được khám phá vào năm 1996 trong vùng ngọai ô nằm ở   hướng tây cũa Thành Đô (Chengdu), việc khám phá vẫn còn mang  nhiều  bí ẩn  và đánh thức thêm  sự quan tâm và  lòng  khao khát về sự  thật của các nhà khảo cổ. Có các hiện vật tìm được sự giải thích  chính đáng  còn có  nhiều hiện vật vẫn không có sự giải đáp  nào cả cho  đến ngày hôm nay. Lâu nay, chúng ta tưởng rằng Thục Quốc chỉ thuộc về huyền thọai nhưng sự khám phá di chỉ Tam Tinh Đôi  làm  cho chúng ta biết được không những Thục Quốc có thật  cách đây khoảng 5000 đến 3000 năm mà nó còn có những nghi lễ rất phức tạp qua các hiện vật quyến rũ và dị thường. Phần đông các  hiện vật nầy là các  tượng đầu người được chế trong một hệ thống  rất tĩ mĩ  dựa trên những tập tục riêng biệt của nghệ thuật Tam Tinh Đôi  với chủ đích làm các  hiện vật có khoảng cách   để tránh sự chiếu phản  chính  xác của thế giới hiện tại. Ngược lại không có  tìm thấy sự cá biệt hóa nào trong các  tượng đầu người.

Hố số 1 có được 13  tượng đầu người bằng đồng còn trong hố số 2 có được 44 tượng đầu người trong đó có 4 tượng đầu được phủ che  một phần trên mặt bằng vàng lá  rất mỏng được cắt  rạch hay  gò theo  kỹ thuật được thường dùng trong nghề kim hoàn (technique du repoussé) để có hình nổi (hay phù điêu). Vàng lá  được tìm thấy  được  ở  hai hầm của di chỉ Tam Tinh Đôi và ở di chỉ Jinsha qua  các vật trang trí của cây « thần » bằng đồng hoặc ở các mặt nạ hay là ở cây quyền  trượng dài 142 cm . Theo sự hiểu biết của các nhà khảo cổ,  vàng lá  dùng làm  các cổ vật tế lễ  thường mỏng, nhẹ và ít có trang trí. Vã lại kỹ thuật dùng mẫu sáp để nấu  vàng không có dùng.  Vàng lá nầy  chắc chắn đến từ các mỏ vàng của Tứ Xuyên   vì vùng nầy được biết  thưở xưa là nơi có giàu có tài nguyên khoáng sản. Đây là một trong những đăc  tính  của nghệ thuật Tam Tinh Đôi vì vàng vẫn chưa có  dùng đến  vào cuối  2000 năm TCN ở  thủ đô An Dương của triều đại nhà Thương.

Gươm  tế lễ  Zhang

Thường được gọi là  Zhang, các gươm tế lễ  bằng ngọc thạch hay được đẽo trong  các đá có hình dáng giống ngọc thạch  thường có một  hoặc  hai  mũi nhọn ở  đầu và   được xem  là đặc tính thứ nhì trong nghệ thuật của Tam Tinh Đôi. Những ngưòi có cái gươm  nầy phải có một  cương vị  rõ ràng trong đẳng cấp  xã hộị.   Các gươm tế lễ nầy  được  có một thời đóng một vai trò quan trọng trong các nghi lễ tập tục dành cho giới lãnh đạo của Tam Tinh Đô. Họ phải dùng gươm nầy bằng hai tay để trước ngực trong tư thế tôn kính trước mặt vua hay là   dâng  lễ trước các thần thánh.  Theo nhà Hán học Alain Thote, không  có sự quyết đoán  minh bạch nào về hai giả thuyết nầy cho đến ngày hôm nay.

Nhờ qua số lượng hình dáng và sự phong phú  biểu lộ  trong việc trang trí khéo léo với những nét khắc  tĩ mĩ  bằng kim, việc   trọng dụng các cây gươm  nầy  mang  lại sự thành công tuyệt vời ở Sanxingdui.  Điều nầy  chứng tỏ trong việc chế tạo,  ý định   tìm kiếm tối đa  sự thẫm mỹ và sáng tạo  riêng biệt  để  có sự so sánh với các gươm  đựợc tìm thấy ở miền trung và bắc  của Trung Hoa .  Tuy nhiên, qua bản đồ ghi các  cuộc khám phá mà được nghiên cứu thì  được biết  cái loại gươm nầy có nguồn gốc  xuất phát từ miền bắc của nước Trung Hoa và   sự hiện diện của nó không có  ở các nơi của vùng trung lưu của con sông xanh.  Như vậy    càng làm  giả thuyết  lưu truyền  trực tiếp  của các  cây gươ m tế lễ  nầy  từ đồng bằng trung nguyên đến Tứ Xuyên  trong thờì kỳ 2 thiên  niên kỷ  có lý hơn để rồi  các nhà lãnh đạo của Tam Tinh Đôi độc quyền  làm  sở hửu trong viêc trọng dụng   về sau nầy.  

[Di chỉ Tam Tinh Đôi (Tiếp  theo phần 2)]


Tài liệu tham khảo

Re-examination of the artifact pits of Sanxingdui. Shi Jingsong. Chinese archeology

New research exploring the origins of Sanxingdui. Rowan Flad. Backdirt 2008

Art et archéologie de la Chine impériale. Alain Thote, Robert W. Bagley. Livret annuaire 2002-2003-2004, pp 362-369

La redécouverte de la Chine ancienne. Corinne Debaine-Francfort. Découvertes Gallimard.


 

Les bronzes de Sanxingdui (Di chỉ Tam Tinh Đôi)

Version vietnamienne

English version 

Depuis la découverte d’un grand nombre d’éléments de jade par le hasard à partir  d’un coup de pioche effectué en 1929 par un fermier, suivie ensuite par les deux fouilles sacrificielles en 1986 par les archéologues chinois, Sanxingdui révèle un pan inconnu de la civilisation de Sichuan. Jusqu’alors, selon les textes chinois, la civilisation chinoise émerge seulement dans la plaine centrale dont le cœur antique reste Anyang, l’ancienne capitale des Shang. C’est dans l’historiographie traditionnelle, que Yu le Grand, (Đại Vũ) le dompteur des eaux et le fondateur de la dynastie mythique des Xia, aurait le mérite d’inventer la métallurgie dans la vallée du fleuve jaune. Désormais, les archéologues sont obligés de réévaluer leurs idées sur les premiers développements de l’âge du bronze car il y avait à cette époque  d’autres foyers de civilisation aussi originaux et contemporains des Shang.

L’image idéale d’une civilisation chinoise issue d’Anyang (An Dương)  s’effrite depuis la découverte du site Sanxingdui car ce dernier, situé dans une périphérie barbare, révèle une culture aussi sophistiquée que celle des Shang et ignorée jusque-là par les historiens chinois et par les écrits. Selon l’expert en archéologie Task Rosen du « British Museum », la découverte de la culture de Sanxingdui semble être plus remarquable que celle des guerriers et des chevaux en terre cuite de Qin Shi Huang Di à Xian. Les quatre plaques incrustées de turquoise et trouvées dans la fosse de Sanxingdui sont très similaires à celles rencontrées dans la région d’Erlitou (province de Henan) que les archéologues ont considéré jusqu’alors comme le berceau de la culture  du bronze chinois. Cette parenté témoigne évidemment de l’échange commercial et de la transmission de savoirs techniques sophistiqués de la plaine centrale vers le Sichuan.  Cette région du cours moyen du fleuve Bleu (ou Yangzi Jiang)(Dương Tữ Giang) a joué  peut-être, selon le sinologue Alain Thote, le relais dans cette transmission.

Les résultats de l’analyse isotopique du plomb dans le bronze, que ce soit celui du site Sanxingdui, de la tombe de la reine guerrière Fu Hao (Phụ Hảo) de la dynastie des Shang à Anyang (An Dương) dans la province de Henan ou de Xin’gan au Jiangxi confirment la présence irréfutable du même plomb venant de la province de Yunnan. Dans ces trois régions, la technique de fabrication est la technique de la fonte renversée dans des moules d’argile segmentés, née au XVI ème siècle avant notre ère dans la culture d’Erlitou (Période Xia?)(Nhà Hạ). Sur la base de ces résultats, on est amené à supposer que ces échanges aient été établies entre différentes régions vers le milieu du IIème millénaire avant J.C. Les interactions culturelles ne sont plus mises en doute sur une vaste étendue de la Chine ancienne. Les Shang n’étaient pas les seuls à détenir le pouvoir universel comme cela a été donné par les écrits chinois mais ils avaient des voisins aussi puissants qu’eux et avec lesquels ils échangeaient des liens plus ou moins étroits.

Situé à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale Chengdu (Thành Đô) de Sichuan, le site archéologique Sanxingdui, proche de la ville de GuangHan (Quãng Hán) est désigné au début comme un endroit de terre damée où se trouve la formation de trois buttes (Trois Etoiles). C’est seulement lors de la découverte des deux célèbres fosses en 1986 que les archéologues commençaient à s’intéresser à ce site qui, grâce à la fouille en 1996, se révélerait être l’ancienne occupation d’une cité remontant aux environs de 1800 avant J.C. et s’étendant sur une dizaine de kilomètres. Ces deux fosses sont situées à trente mètres l’une de l’autre et ont chacune une profondeur d’environ 1,5 m et un écart d’âge de quelques décennies (30 ans au moins).

La première contient un total de 420 objets, des fragments d’os carbonisés, de défenses d’éléphants, de coquillages marins (cauris) etc. tandis que dans la deuxième il y a non seulement un nombre de pièces trois fois plus important (1300 environ) mais aussi des pièces imposantes (une gigantesque statue verticale et mince  en bronze, , des arbres sacrés en bronze et des masques anthropomorphes). Aucun ordre précis n’est établi lors du dépôt de ces pièces. Par contre ces offrandes regroupées par catégories d’objets, ont été brisées et brûlées volontairement en grande partie dans les fosses. Parmi les trouvailles archéologiques du site Sanxingdui, les plus beaux éléments restent la statue d’un personnage monumental haut d’environ 1,71 m et debout sur un socle à décor masqué (constitué de quatre masques têtes d’animaux  renversés)  et portant selon certains archéologues, dans ses mains disproportionnées, soit un ou des objets de forme cylindrique soit une défense d’éléphant et un arbre des esprits en bronze brisé, pouvant atteindre 4 m de haut dans sa reconstitution et relatant le culte du soleil.

Mais ce sont plutôt les masques saisissants de bronze qui retiennent l’attention des archéologues lors la fouille de la fosse sacrificielle n°2 car ces têtes de bronze ont chacune un aspect plus grotesque que les figures humaines, de grandes oreilles d’éléphants, un nez droit, un visage carré,  une bouche étroite occupant la largeur du visage  et des yeux un peux exagérés  ayant la forme de la graine de  l’amande. On en a retrouvé treize  au total au moment de la découverte de cette fosse.

Contrairement aux Shang laissant des inscriptions sur leurs bronzes, le site de Sanxingdui n’a donné aucune trace écrite. Les archéologues ont été contraints de lui attribuer méthodiquement le caractère profondément religieux et sacrificiel. Leur justification s’appuie d’abord sur un faisceau dense de croyances à travers les masques, les créatures hybrides entre l’homme et la bête, les dragons, les hommes-oiseaux, les objets rituels trouvés dans les fosses, puis sur l’absence d’ornements et l’état des offrandes délibérément détruites et rendues inutilisables et surtout sur le tassement de la terre de remblai en plusieurs couches marquant l’intention de vouloir sceller pour toujours  ce site. Selon Niannian Fan, un scientifique spécialisé dans l’étude des rivières à l’université de Sichuan (Chengdu), le site Sanxingdui a été enseveli par le glissement du terrain dû à la montée et descente hâtive du lit de la rivière Minjiang lors d’un séisme majeur ayant eu lieu il y a plus de 3000 ans.

Niannian Fan tente de conforter son hypothèse en trouvant dans les anciens écrits historiques, un catastrophe majeur survenu en 1099 dans la capitale des Zhou (Shaanxi). Pour lui, les habitants de Sanxingdui furent obligés de transférer à cette époque leur cité à Jinsha, distant de 50 km de Sanxingdui et situé sur les berges de la rivière Modi. Malgré cela, l’hypothèse du séisme et du glissement du terrain n’est pas très convaincant car il ne peut pas expliquer les raisons pour lesquelles les objets rituels ont été cassés délibérément avant d’être jetés dans les fosses de Sanxingdui à l’époque où ce dernier fut abandonné.

Selon le sinologue français Alain Thote, du fait de ses débordements, la rivière traversant  le site était certainement responsable de la disparition d’une partie des vestiges située  au coeur de la cité Sanxingdui. Outre les raisons inconnues de l’abandon précipité  du site Sanxingdu et de son futur remplacement par le site Jinsha découvert en 1996 dans la banlieue ouest de Chengdu, la découverte continue à être empreinte de mystère et éveiller l’intérêt et la soif de la connaissance de la vérité. Certains objets ont trouvé une explication probante, d’autres restant en suspens jusqu’à aujourd’hui. Depuis longtemps, on a cru que le royaume de Shu (Thục Quốc) appartenait à la légende mais la découverte de Sanxingdui révèle désormais non seulement son existence datant d’au moins de 5000 ans à 3000 ans mais aussi la complexité de ses rites à travers ses artefacts fascinants et étranges. Ceux-ci sont principalement les têtes humaines fabriquées dans un système très élaboré de conventions propres à l’art de Sanxingdui dans le but de les mettre à distance par rapport au monde réel et  d’éviter de refléter exactement ce dernier.

Par contre, aucun souci d’individualisation n’est trouvé dans toutes ces têtes. La fosse n°1 contenait 13 têtes humaines en bronze tandis que dans la deuxième fosse, il y avait quarante quatre dont quatre étaient partiellement recouvertes d’une feuille d’or. De faible épaisseur, celle-ci était découpée et incisée ou martelée selon une technique proche du repoussé. Sa présence est décelée soit sur les ornements de l’arbre en bronze, soit sur les masques ou sur une canne longue de 142 cm dans les deux fosses de Sanxingdui et sur le site de Jinsha. En l’état des connaissances des archéologues,  les feuilles d’or associées aux objets rituels étaient à la fois minces,  légères et assez peu décorées. De plus, l’or n’était pas fondu à la cire perdue. Ce matériau précieux provenait probablement des gisements aurifères de Sichuan connue autrefois comme une région riche en ressources minières. C’est l’une des caractéristiques de l’art de Sanxingdui car l’or n’était pas utilisé encore à la fin du IIème millénaire avant notre ère à la capitale Anyang des Shang contemporains dans leur art.

Lame de cérémonie zhang (Nha chương)

Connues sous le nom de « zhang », les lames en jade ou taillées dans des pierres ayant l’aspect du jade se terminent   en une ou deux pointes et constituent la deuxième caractéristique trouvée dans l’art de Sanxingdui. Leur possession témoigne de l’appartenance à un certain rang dans la société de Sanxingdui. Elles semblaient revêtir à cette époque, une importance particulière dans les cérémonies rituelles réservées aux élites de Sanxingdui.   Ces dernières devaient s’en servir en les prenant à deux mains en avant de leur poitrine, dans une attitude déférente en présence du roi ou dans un geste d’offrande devant les dieux. Selon le sinologue Alain Thote, rien n’est  permis de trancher encore entre ces deux théories.

Leur emploi connut un succès inouï révélé à Sanxingdui par la multitude des formes et l’enrichissement du décor finement incisé à l’aiguille. Cela témoigne incontestablement de la volonté de développer une recherche esthétique très poussée et de la créativité originale dans leur réalisation par rapport aux zhang trouvés en Chine du Nord et du Centre. Pourtant, selon l’étude de la carte des découvertes, associée à une analyse chrono-typologique, on sait que cette pièce est originaire  de la Chine du Nord et elle est absente sur les sites de la région du cours moyen du fleuve Bleu. Cela conforte l’hypothèse d’une transmission directe de cet objet rituel, de la plaine centrale à Sichuan au cours du deuxième millénaire pour laisser à la fin de sa diffusion, aux élites de Sanxingdui,  la prééminence d’en faire un très large usage.

[Les bronzes de Sanxingdui: Partie 2(Suite)] 

English version

Since the discovery of a large number of jade items by chance from a pickaxe strike made in 1929 by a farmer, followed by two sacrificial excavations in 1986 by Chinese archaeologists, Sanxingdui reveals an unknown aspect of the Sichuan civilization. Until then, according to Chinese texts, Chinese civilization only emerged in the central plain, whose ancient heart remains Anyang, the former capital of the Shang. In traditional historiography, Yu the Great (Đại Vũ), the tamer of waters and founder of the mythical Xia dynasty, is credited with inventing metallurgy in the Yellow River valley. From now on, archaeologists are forced to reassess their ideas about the early developments of the Bronze Age because at that time there were other centers of civilization as original and contemporary as the Shang.

The ideal image of a Chinese civilization originating from Anyang (An Dương) has been eroding since the discovery of the Sanxingdui site because the latter, located in a barbaric periphery, reveals a culture as sophisticated as that of the Shang and previously ignored by Chinese historians and writings. According to archaeology expert Task Rosen from the British Museum, the discovery of the Sanxingdui culture seems to be more remarkable than that of the terracotta warriors and horses of Qin Shi Huang Di in Xian. The four turquoise-inlaid plaques found in the Sanxingdui pit are very similar to those encountered in the Erlitou region (Henan province), which archaeologists had until now considered the cradle of Chinese bronze culture.

This kinship obviously testifies to commercial exchange and the transmission of sophisticated technical knowledge from the central plain to Sichuan. This region of the middle course of the Blue River (or Yangzi Jiang) (Dương Tữ Giang) may have played, according to sinologist Alain Thote, a relay role in this transmission. The results of isotopic analysis of lead in the bronze, whether from the Sanxingdui site, the tomb of the warrior queen Fu Hao (Phụ Hảo) of the Shang dynasty at Anyang (An Dương) in Henan province, or Xin’gan in Jiangxi, confirm the irrefutable presence of the same lead coming from Yunnan province.

In these three regions, the manufacturing technique is the inverted casting method in segmented clay molds, which originated in the 16th century BCE in the Erlitou culture (Xia Period?)(Nhà Hạ). Based on these results, it is assumed that these exchanges were established between different regions around the middle of the 2nd millennium BCE. Cultural interactions are no longer in doubt across a vast expanse of ancient China. The Shang were not the only ones holding universal power as stated in Chinese writings, but they had neighbors as powerful as themselves with whom they exchanged more or less close ties.

Located about forty kilometers north of the capital Chengdu (Thành Đô) in Sichuan, the Sanxingdui archaeological site, near the city of GuangHan (Quãng Hán), was initially designated as a place of compacted earth where three mounds (Three Stars) are found. It was only with the discovery of the two famous pits in 1986 that archaeologists began to take an interest in this site, which, thanks to excavations in 1996, revealed itself to be the ancient occupation of a city dating back to around 1800 BCE and covering about ten kilometers. These two pits are located thirty meters apart from each other, each about 1.5 meters deep, and have an age difference of a few decades (at least 30 years).

The first contains a total of 420 objects, including fragments of charred bones, elephant tusks, marine shells (cowries), etc., while the second not only has about three times as many pieces (around 1300) but also large items (a gigantic vertical and slender bronze statue, sacred bronze trees, and anthropomorphic masks). No specific order was established during the deposition of these pieces. However, these offerings, grouped by categories of objects, were largely broken and deliberately burned in the pits. Among the archaeological finds at the Sanxingdui site, the most beautiful elements remain the statue of a monumental figure about 1.71 meters tall, standing on a base decorated with masks (consisting of four overturned animal head masks) and holding, according to some archaeologists, in its disproportionate hands either one or several cylindrical-shaped objects or an elephant tusk and a broken bronze spirit tree, which can reach up to 4 meters tall in its reconstruction and relates to the sun cult.

But it was the striking bronze masks that captured the archaeologists’ attention during the excavation of Sacrificial Pit No. 2. Each of these bronze heads had a more grotesque appearance than the human figures, with large elephant ears, a straight nose, a square face, a narrow mouth spanning the width of the face, and slightly exaggerated eyes shaped like almond seeds. A total of thirteen were found at the time of this pit’s discovery.

Unlike the Shang, who left inscriptions on their bronzes, the Sanxingdui site yielded no written records. Archaeologists were forced to methodically attribute to it a profoundly religious and sacrificial nature. Their justification is based first on a dense bundle of beliefs through masks, hybrid creatures between man and beast, dragons, bird-men, ritual objects found in the pits, then on the absence of ornaments and the state of the offerings deliberately destroyed and rendered unusable and especially on the compaction of the earth of embankment in several layers marking the intention to want to seal forever this site. According to Niannian Fan, a scientist specialized in the study of rivers at the University of Sichuan (Chengdu), the Sanxingdui site was buried by the landslide due to the hasty rise and fall of the bed of the Minjiang River during a major earthquake that took place more than 3000 years ago.

Niannian Fan attempts to support his hypothesis by finding in ancient historical writings a major disaster that occurred in 1099 in the Zhou capital (Shaanxi). According to him, the inhabitants of Sanxingdui were forced to relocate their city to Jinsha at that time, 50 km from Sanxingdui and located on the banks of the Modi River. Despite this, the earthquake and landslide hypothesis is not very convincing because it cannot explain why ritual objects were deliberately broken before being thrown into the Sanxingdui pits at the time when the city was abandoned.

According to French sinologist Alain Thote, due to its overflowing, the river flowing through the site was certainly responsible for the disappearance of part of the remains located in the heart of the Sanxingdui city. Apart from the unknown reasons for the hasty abandonment of the Sanxingdu site and its eventual replacement by the Jinsha site discovered in 1996 in the western suburbs of Chengdu, the discovery continues to be shrouded in mystery and to arouse interest and a thirst for knowledge of the truth. Some objects have found a convincing explanation, others remain unresolved until today. For a long time, it was believed that the kingdom of Shu (Thục Quốc) belonged to legend but the discovery of Sanxingdui now reveals not only its existence dating back at least 5000 years to 3000 years but also the complexity of its rites through its fascinating and strange artifacts. These are mainly the human heads made in a very elaborate system of conventions specific to the art of Sanxingdui in order to distance them from the real world and to avoid reflecting it exactly.

On the other hand, no concern for individualization is found in all these heads. Pit No. 1 contained 13 bronze human heads while in the second pit, there were forty-four, four of which were partially covered with gold leaf. Thin, this was cut and incised or hammered using a technique close to repoussé. Its presence is detected either on the bronze tree ornaments, or on the masks or on a 142 cm long cane in the two pits of Sanxingdui and on the site of Jinsha. According to the state of knowledge of archaeologists, the gold leaves associated with ritual objects were both thin, light and relatively undecorated. Moreover, the gold was not melted using the lost wax method. This precious material probably came from the gold deposits of Sichuan, formerly known as a region rich in mineral resources. This is one of the characteristics of Sanxingdui art because gold was not yet used in their art at the end of the 2nd millennium BC in the contemporary Shang capital of Anyang.

Ceremonial blade zhang (Nha Chương)

Known as « zhang, » blades made of jade or jade-like stones end in one or two points and constitute the second characteristic found in Sanxingdui art. Their possession indicates belonging to a certain rank in Sanxingdui society. At this time, they seemed to have held particular importance in ritual ceremonies reserved for the elites of Sanxingdui. The latter were to use them by holding them with both hands in front of their chest, in a deferential attitude in the presence of the king or in a gesture of offering before the gods. According to sinologist Alain Thote, there is still no definitive answer between these two theories.

Their use enjoyed unprecedented success in Sanxingdui, revealed by the multitude of forms and the enrichment of the finely incised needlework. This undoubtedly demonstrates the desire to develop a very advanced aesthetic research and the original creativity in their realization compared to the zhang found in North and Central China. However, according to the study of the map of the discoveries, associated with a chrono-typological analysis, we know that this piece originates from North China and it is absent on the sites of the region of the middle course of the Blue River. This supports the hypothesis of a direct transmission of this ritual object, from the central plain to Sichuan during the second millennium to leave at the end of its diffusion, to the elites of Sanxingdui, the preeminence to make a very wide use of it.

[The Sanxingdui Bronzes: Part 2(Continued)]

 


Références bibliographiques

Re-examination of the artifact pits of Sanxingdui. Shi Jingsong. Chinese archeology
New research exploring the origins of Sanxingdui. Rowan Flad. Backdirt 2008
Art et archéologie de la Chine impériale. Alain Thote, Robert W. Bagley. Livret annuaire 2002-2003-2004, pp 362-369
La redécouverte de la Chine ancienne. Corinne Debaine-Francfort. Découvertes Gallimard.


 

Nha Trang (Khánh Hòa)

Version française

Nha Trang doit son nom à l’appellation chame de Yatran. La mer la plus poissonneuse du Vietnam, la récolte des nids d’hirondelle, la plage, les conditions idéales pour la pratique de la plongée sous-marine sont à l’origine de sa réputation.

Version vietnamienne

Nha Trang là thủ đô của tỉnh Khánh Hoà ngày nay. Tên Nha Trang là tên  gọi của người Chămpa. Nha Trang nổi tiếng không những  nhờ biển  đẹp và  có nhiều cá và có luôn yến sào một  loại thực phẩm từ lâu đã được xếp vào hàng “cao lương mỹ vị” mà còn là nơi có đủ điều kiện lý tưởng để thực hành khám phá lặn dưới nước.

Galerie des photos

Plage méditerranéenne du Vietnam

It owes its name by the Cham appelation of Yatran. The most productive sea in Vietnam, the collection of bird’s nest, the beach, the ideal conditions to practice the scuba diving were a source of its reputation