Sculpture du Champa (Điêu Khắc Cổ Chămpa)

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Version vietnamienne
Version anglaise
Première partie

Jusqu’à aujourd’hui, on ne connait pas avec exactitude l’origine ethnique des Chams. Certains pensent qu’ils venaient de l’Asie continentale et qu’ils étaient refoulés avec les autres populations vivant dans le sud de la Chine (les Bai Yue) par les Chinois tandis que d’autres (les ethnologues , les anthropologues et les linguistes) mettaient en évidence leur origine insulaire par le biais de leurs travaux de recherche. 


Sculpter une statue, c’est un acte religieux.


Pour ces derniers, les Chams étaient sans doute des populations des mers du Sud (les pays des archipels ou ceux de la péninsule malaise). Les traditions orales chames évoquant des liens unissant à l’époque légendaire, le Champa et Java confortent cette dernière hypothèse.

Surnommés les Vikings de l’Asie du Sud-Est, les Chams vivaient le long des côtes du centre et du sud du Vietnam actuel. Leurs principales activités étaient basées essentiellement sur le commerce. Ils étaient en contact très tôt avec la Chine et des territoires aussi éloignés que la péninsule malaise, peut-être les côtes de l’Inde du Sud. 

Etant consacrée à des fins religieuses, la sculpture chame n’échappait pas ainsi aux répercussions politiques et aux influences venant de l’extérieur, en particulier celles de l’Inde, du Cambodge et du Java. Celles-ci devenaient ainsi les principales forces de création, de développement et d’évolution des styles dans leur art. Pour le chercheur français Jean Boisselier, la sculpture chame était en liaison étroite avec l’histoire. Des modifications notables ont été relevées dans le développement de la sculpture chame, en particulier la statuaire avec les événements historiques, les changements de dynasties ou les rapports que le Champa avait eus avec ses voisins (Vietnam ou Cambodge). Selon le chercheur vietnamien Ngô văn Doanh,  chaque fois qu’ il y avait  un impact important venant de l’extérieur,  on ne tardait pas de voir apparaître au Chămpa un nouveau style dans sa sculpture.

Pour cela, il suffit de citer un exemple: aux XIème-XIIème siècles, l’intensification des contacts violents spécialement avec le Vietnam et le Cambodge et l’apparition de nouvelles conceptions en rapport avec les fondements du pouvoir royal peuvent expliquer l’originalité et la richesse trouvées dans le style de Tháp Mắm.

Galerie des photos

 

Etant l’expression du panthéon indien (brahmaniste mais surtout shivaïste et bouddhiste), la sculpture chame recourt plutôt à l’interprétation locale des concepts, des normes venant de l’extérieur avec élégance qu’à l’imitation servile. Elle est avant tout un support de méditation et une preuve de dévotion. Sculpter une statue, c’est un acte religieux. Soumis à des normes religieuses, le sculpteur cham, avec ses mains adroites, a réussi à donner avec ferveur à la pierre inerte une âme, une représentation divine permettant de véhiculer le concept religieux qu’il aimait transmettre avec foi. La sculpture chame est pacifique. Aucun scène d’horreur ne figure. Il n’y a que des créatures animales un peu fantaisistes (lions, dragons, oiseaux, éléphants etc..). On ne trouve aucune forme violente et décente dans les divinités. Malgré l’évolution des styles au fil de l’histoire, la sculpture chame continue à garder les mêmes créatures divines et animales dans une thématique constante.

Makara

L’art cham a réussi à garder sa spécificité, sa propre expression faciale et sa beauté particulière sans qu’on puisse dire qu’il s’agit d’une copie servile des modèles extérieurs et remettre en cause sa singularité dans la sculpture d’hindouisme trouvée en Inde et en Asie du Sud-Est. En dépit du manque d’animation et du réalisme, les œuvres chames étaient taillées majoritairement dans le grès et beaucoup plus rarement dans la terre cuite et dans d’autres alliages (or, argent, bronze etc.).  

Etant de dimension modeste d’une manière générale, elles retracent les croyances religieuses et les conceptions du monde. Elles ne peuvent pas nous laisser impassibles car elles nous donnent toujours une forte étrange impression. C’est l’une des caractéristiques de la beauté de l’art cham. On trouve dans la sculpture chame des rondes-bosses, des hauts-reliefs et des bas-reliefs. Une ronde-bosse est une sculpture autour de laquelle on peut tourner pour voir l’œuvre du sculpteur. Un haut-relief est une sculpture ayant un relief très saillant et ne se détachant pas du fond. Quant au bas-relief, il s’agit d’une sculpture à faible saillie sur un fond uniforme. On relève dans la sculpture chame la tendance à dégager notamment la rondeur des créatures au niveau des reliefs. Peu de scènes figurent dans cette sculpture. On relève le manque de lien ou d’adresse au niveau d’assemblage dans le cas contraire. 

Les créatures trouvées dans la sculpture chame ont tendance à sortir toujours de l’espace qui les entoure avec éclat. Elles ont quelque chose de monumental. Même au cas où elles sont regroupées dans les œuvres de Mỹ Sơn, Trà Kiệu retraçant la vie journalière des Chams, elles nous donnent l’impression que chacune d’elles reste indépendamment des autres.  

On peut dire que le sculpteur cham s’occupe uniquement de la créature qu’il veut montrer et déifier sans penser à aucun moment aux détails et aux imperfections excessivement irréalistes (la main trop grande ou le bras trop fléchi de la danseuse de Trà Kiêu par exemple) et sans imiter copieusement les modèles originaux indiens, ce qui donne à cette sculpture chame le caractère « monumental » qu’on ne trouve pas dans les autres sculptures. C’est une autre particularité trouvée dans cette sculpture chame.

Les œuvres ne sont pas nombreuses mais elles témoignent d’une belle qualité plastique et de l’expression de diverses religions. Il est difficile de leur donner un même style. Par contre, on relève quelques traits proches de la tradition de l’art indien d’Amaravati. C’est seulement dans la seconde moitié du 7ème siècle que sous le règne du roi Prakasadharma Vikrantavarman I, la sculpture chame commença à prendre corps et à révéler son originalité. Lire la suite

[Sculpture du Champa Partie 2)]
[Sculpture du Champa: Partie 3]

  • Style Mỹ Sơn E1 (VIIème-milieu VIIIème siècle)
  • (Milieu VIIIème- milieu IXème siècle). Période Hoàn Vương
  • Style Ðồng Dương  (IXème -Xème  siècle)
  • Style Mỹ Sơn A 1  (Xème siècle)
  • Style Tháp Mắm (ou Style Bình Ðịnh) 
  • Styles Yang Mum et Pô Rome ( XIVème -XVème siècle)

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Le kalan du Champa (Các tháp chàm)

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Version vietnamienne

English version

Les kalans du Champa

Les édifices en brique et les statues en grès sont la clé de voûte de l’art cham. Contrairement aux Khmers, les Chams continuèrent à bâtir les édifices en briques  malgré leur maîtrise parfaite du grès dans les décorations et les statues.

L’architecture chame est d’inspiration indienne. Les ouvrages architecturaux sont des ensembles comprenant un temple principal (ou kalan en langue chame) entouré de tours et de temples, le tout englobé dans une enceinte.  Les temples sont bâtis en forme de tour et en briques tandis que les linteaux, les bas-reliefs, les corniches, les tympans etc … sont en grès. Les règles de la disposition des temples chams ont été bien définies. Cela doit refléter la cosmogonie hindoue. Après avoir érigé le temple-tour, les sculpteurs Chams commencent à exécuter des bas-reliefs sur les murs du temple. Ils se servent des motifs d’ornement comme les feuilles, fleurs, animaux, génies etc … pour évoquer des sujets religieux.

Face au kalan, il y a toujours une tour-portique (gopura) faite de briques avec des colonnes de pierre et  faisant fonction de porte d’entrée pour l’enceinte d’un temple. Devant celle-ci, se dresse le mandapa (nhà tĩnh tâm). Il s’agit d’un édifice tout en longueur, couvert de tuiles et percé de plusieurs fenêtres et de deux portes orientées suivant la direction est-ouest. C’est un endroit où les Chams ont besoin de méditer et de prier avant d’effectuer la cérémonie rituelle au kalan. Parfois, le mandapa est construit entre le kalan et la tour-portique.

Trois types de mandapa ont été trouvés sur les sites chams:

1) mandapa muré et percé de plusieurs fenêtres (Mỹ Sơn)
2) mandapa non muré dont les colonnades supportent une toiture en tuiles (Pô Nagar Nha trang)
3) mandapa dont la toiture est supportée par les colonnes en bois .

Le kalan cham est le symbole de l’univers sacré en miniature. Il symbolise la montagne sacrée (Meru) au centre de l’univers. C’est ici qu’on trouve le culte d’une divinité ou du couple linga-yoni. Il arrive parfois qu’il est aussi celui des ancêtres ou des rois et des reines sanctifiées. C’est le cas du kalan de Pô Kloong Garai (Phan Rang) ou celui de Pô Rômê (Ninh Thuận).

Sa construction est établie suivant un modèle bien précis: corps de la tour de forme carrée, toiture pyramidale à 3 étages, sommet très pointu en grès. Chaque kalan est composé de trois parties:

-le socle ou piédestal  représentant le monde matériel ou terrestre (Bhurloka). On y trouve les gravures représentant les fleurs,  les danseuses, les animaux, les fidèles en prières etc..
-le corps de la tour représentant  le monde prémonitoire (Bhurvaloka). À ce niveau figurent les flammes, les danseuses célestes Apsara, les feuilles stylisées etc …
-la toiture symbolisant le monde spirituel (Suarloka). C’est aussi le monde des divinités. A ce niveau, il y a trois étages formant une pyramide et représentant a montagne sacrée de Shiva (ou Kailasa). Chaque étage comporte tous les éléments d’un temple décrit ci-dessus. Un bon nombre de toits de ces tours sont à l’origine couverts de feuilles d’or ou d’argent.

À l’intérieur du kalan, se trouve toujours une salle carrée au milieu de laquelle se trouve la statue d’un génie ou d’un couple linga-yoni. Lors de la célébration du bain de la statue, l’évacuation d’eau en dehors du temple s’effectue grâce à une rigole entourant le socle et dont l’extrémité est  orientée toujours vers le Nord.

On trouve toujours devant le kalan et à sa droite un dépôt d’objets de culte. C’est une maison d’habitation à toit incurvé (koshagraha) en forme de barque ou de selle, dont les fenêtres sont orientées vers la direction est-ouest et dont la porte principale est toujours tournée vers le Nord. Le kalan et ses dépendances sont entourés par une enceinte en briques se fermant à l’endroit de la tour-portique (gopura).

La sculpture sur brique reste un art particulier et original des Chams qu’on trouve rarement chez d’autres peuples de l’Asie du Sud Est.

Version vietnamienne

Tháp thờ của người Chàm

Những tháp thờ  bằng gạch và những tượng điêu khắc bằng đá là  chìa khoá then chốt trong nghệ thuật Chàm. Ngựợc lại với dân tộc Khmer, người Chàm vẫn tiếp tục xây dựng các tháp bằng gạch dù họ hoàn toàn biết sử dụng sa thạch trong việc trang trí và chạm tượng.

Kiến trúc chàm lấy nguồn cảm hứng từ Ấn Độ.  Các tác phẩm thường thấy có một ngôi đền chính (hay kalan (lăng)) theo ngôn ngữ Chămpa), các tháp và các nhà phụ, tất cả đều nằm bên trong của một vòng đai.

Các ngôi đền được xây dựng theo dạng tháp và bằng gạch, còn các lanh tô, các bức  phù điêu, các phào chỉ, các hoành phi vân vân …  đều bằng đá sa thạch. Các quy tắc về bố cục của các đền tháp chàm đã được xác định một cách rõ ràng. Nó phải phản ánh vũ trụ quan của người Hindu. Sau khi dựng xong đền-tháp, các nhà điêu khắc người Chàm bắt đầu làm những bức phù điêu trên tường của ngôi đền. Họ sử dụng các họa tiết trang trí như lá cây, hoa lá, động vật, thần linh vân vân… để nhắc lại những chủ đề tôn giáo.

Đối diện với tháp thờ kalan, vẫn còn có một tháp cổng (gopura) làm bằng gạch với cột đá  và đóng vai trò như cửa ra vào khu bao quanh của một ngôi đền. Phía trước nó là mandapa (tháp tĩnh tâm). Đó là một tòa nhà dài, được lợp bằng ngói và có nhiều cửa sổ và hai cửa ra vào theo hướng đông tây. Đó là nơi mà người Chăm cần phải ngồi thiền và cầu nguyện trước khi thực hiện nghi lễ cấp sắc ở tháp thờ (kalan). Đôi khi mandapa được xây dựng giữa tháp thờ (kalan) và tháp cổng.

Ba loại toà nhà mandapa đã được tìm thấy ở các di chỉ của  người Chămpa:

1°) mandapa có tường bao quanh và thông qua nhiều cửa sổ (Mỹ Sơn)

2°) mandapa không có tường mà có các cột dùng để  đỡ mái lợp ngói (Pô Nagar Nha Trang)

3°) mandapa có mái được hỗ trợ bởi các cột gỗ.

Tháp thờ (kalan) là biểu tượng một  vũ trụ thiêng liêng được  thu nhỏ lại. Nó tượng trưng  một ngọn núi thiêng  liêng (meru) nằm ở giữa lòng  của vũ trụ. Chính ở đây, chúng ta tìm thấy được sự sùng bái một vị thần hoặc cặp đôi linga-yoni. Đôi khi nó cũng là nơi thờ các tổ tiên hoặc các vị vua và hoàng hậu được thần thánh hóa. Đây là trường hợp tháp  thờ của Pô Kloong Garai (Phan Rang) hay Pô Rômê (Ninh Thuận).

Công trình của nó được thiết lập theo một mô hình rất chính xác: thân tháp vuông, mái hình chóp có 3 tầng, đỉnh bằng sa thạch rất nhọn. Mỗi kalan được tạo thành và có ba phần sau đây:

-Nền hay bê thờ tượng trưng cho thế giới vật chất  hay ở thế gian. (Bhurloka). Có những tranh  khắc đại diện cho các hoa, các vũ công,  các động vật,  các tín đồ vân vân…

-Thân tháp tượng trưng cho thế giới linh cảm (Bhurvaloka). Ở cấp độ này có những ngọn lửa, các vũ công Apsara, những chiếc lá cách điệu vân vân…

-mái nhà tượng trưng cho thế giới tâm linh (Suarloka). Đó cũng là thế giới của những thần thánh. Ở tầng này, có ba tầng tạo thành một kim tự tháp và đại diện cho một ngọn núi thiêng liêng của thần Shiva (Kailasa). Mỗi tầng có tất cả các yếu tố của một ngôi đền được mô tả ở trên. Nhiều mái của những ngôi tháp này ban đầu được dát bằng vàng hoặc lá bạc.

Bên trong tháp đền (kalan), lại  có luôn  một căn phòng hình vuông ở giữa là tượng thần hoặc cặp đôi linga-yoni. Trong thời gian tổ chức lễ tắm bức tượng, nước được thoát ra bên ngoài ngôi đền qua một con mương dẫn nước  bao quanh chân tượng và phần cuối của nó thì hướng về phía bắc.

Luôn luôn ở trước tháp thờ (kalan) và bên phải của nó là một kho chứa các đồ vật sùng bái. Đó là một ngôi nhà có mái cong (koshagraha) hình con thuyền hoặc yên ngựa, cửa sổ của nó quay về hướng Đông – Tây và cửa chính luôn quay về hướng Bắc. Kalan và các công trình phụ của nó được bao xung quanh bởi một bức tường gạch đóng ở tại vị trí của tháp cổng (gopura).
Nghệ thuật  điêu  khắc trên gạch vẫn là một mỹ thuật đôc đáo và riêng biệt của người Chămpa mà ít ai tìm thấy ở nơi các dân tộc khác ở Đông Nam Á.

English version

Brick buildings and sandstone statues are the keystone of Cham art. Unlike the Khmer, the Cham continued to build buildings in brick despite their perfect mastery of sandstone in the decorations and statues.

Cham architecture is of Indian inspiration. The architectural works are complexes comprising a main temple (or kalan in Chame language) surrounded by towers and temples, the whole enclosed in an enclosure. The temples are built in the form of a tower and in brick while the lintels, bas-reliefs, cornices, tympanums etc. are in sandstone. The rules for the layout of Cham temples have been well defined. It must reflect the Hindu cosmogony. After erecting the temple-tower, the Cham sculptors begin to execute bas-reliefs on the temple walls. They use ornamental motifs like leaves, flowers, animals, genies etc. to evoke religious subjects.

In front of the kalan, there is always a portal tower (gopura) made of bricks with stone columns and acting as the entrance gate to the temple compound. In front of it stands the mandapa (nhà tĩnh tâm). It is a long, tiled building with several windows and two doors facing east-west. It is a place where the Chams need to meditate and pray before performing the ritual ceremony at the kalan. Sometimes the mandapa is built between the kalan and the gate tower.

Three types of mandapa have been found at Cham sites:

1) walled mandapa with several windows (Mỹ Sơn)
2) unwalled mandapa whose colonnades support a tiled roof (Pô Nagar Nha trang)
3) mandapa whose roof is supported by the wooden columns .

The kalan cham is the symbol of the sacred universe in miniature. It symbolizes the sacred mountain (Meru) at the center of the universe. It is here that one finds the cult of a divinity or the couple linga-yoni. Sometimes it is also the place of ancestors or sanctified kings and queens. This is the case of the kalan of Pô Kloong Garai (Phan Rang) or that of Pô Rômê (Ninh Thuận).

Its construction is established according to a very precise model: body of the tower of square form, pyramidal roof with 3 floors, very pointed top in sandstone. Each kalan is composed of three parts:

-the base or pedestal representing the material or earthly world (Bhurloka). The base or pedestal represents the material or earthly world (Bhurloka). There are engravings representing flowers, dancers, animals, praying devotees etc..
-the body of the tower representing the premonitory world (Bhurvaloka). At this level are flames, celestial dancers Apsara, stylized leaves etc. …
-The roof symbolizing the spiritual world (Suarloka). It is also the world of deities. At this level, there are three floors forming a pyramid and representing the sacred mountain of Shiva (or Kailasa). Each floor has all the elements of a temple described above. Many of the roofs of these towers are originally covered with gold or silver leaf.

Inside the kalan, there is always a square room in the middle of which there is a statue of a genie or a linga-yoni couple. During the celebration of the bath of the statue, the water is drained out of the temple thanks to a gutter surrounding the base, the end of which is always directed towards the North.

In front of the kalan and to the right of it, there is always a storehouse of cult objects. It is a dwelling house with a curved roof (koshagraha) in the shape of a boat or a saddle, whose windows face east-west and whose main door always faces north. The kalan and its outbuildings are surrounded by a brick enclosure that closes at the portal tower (gopura).

Brick carving remains a particular and original art of the Chams that is rarely found among other peoples of Southeast Asia.

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Royaume du Founan (Vương quốc Phù Nam)

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English version

Vietnamese version

Jusqu’à l’aube du XXème siècle, on fut renseigné seulement  sur cet ancien royaume hindouisé  dans quelques écrits chinois. Il fut mentionné d’abord à l’époque des Trois Royaumes Combattants (220-265) dans un texte chinois lors de l’établissement des relations diplomatiques des Wu (Đông Ngô en vietnamien ) avec les pays étrangers. Dans ce rapport, on nota que le gouverneur du Guandong et du Tonkin, Lu-Tai envoya des représentants (congshi) au sud de son royaume. Les rois au-delà des frontières de son royaume (Founan, LinYi (futur Champa) et Tang Ming (pays identifié au nord du Tchenla à l’époque des Tang)) envoyèrent chacun un ambassadeur pour lui payer un tribut. Puis Founan était cité aussi dans les annales dynastiques des Tsin (nhà Tấn) jusqu’aux Tang (Nhà Đường).

De même, le nom du Founan est la transcription phonétique de l’ancien mot khmer bhnam (montagne) en caractères chinois. Cela suscite quand même des réserves et des réticences dans l’interprétation du mot « Founan » par « montagne » pour certains spécialistes. Ceux-ci trouvent mieux la justification du mot Founan dans le sens de « tertre » car jusqu’à une époque récente, dans les études ethnographiques [Martin 1991 ; Porée-Maspero 1962-69] les Khmers avaient l’habitude de pratiquer des cérémonies autour des tertres artificiels. Les Chinois frappés par cette coutume qu’ils ne connaissaient pas ont fait allusion à ce mode de pratique pour désigner ce royaume. C’est grâce aux fouilles archéologiques entamées par Louis Malleret en 1944 à Oc eo dans la province An Giang du sud du Vietnam actuel, que l’existence et la prospérité de ce royaume indianisé» ne furent plus mises en doute. Les résultats de ces fouilles étaient apparus dans sa thèse de doctorat, puis publiés dans un ouvrage intitulé « Archéologie du delta du Mékong » et composé de 6 tomes.

Cela permet de corroborer les données chinoises et de les rendre un peu plus précises dans le confinement et la localisation de ce royaume. En raison de l’abondance des trouvailles archéologiques en étain, l’archéologue français Louis Malleret n’hésitait pas à emprunter le nom Óc Eo pour désigner cette civilisation de l’étain. On commence à avoir désormais une vive lumière sur ce royaume ainsi que sur ses relations extérieures lors de la reprise des campagnes de fouilles menées tant par des équipes vietnamiennes( Đào Linh Côn, Võ Sĩ Khải, Lê Xuân Diêm ) que par l’équipe franco-vietnamienne dirigée par Pierre-Yves Manguin entre 1998 et 2002 dans les provinces An Giang, Đồng Tháp et Long An où se trouve un grand nombre de sites de culture Óc Eo. On sait que Óc Eo était un grand port de ce royaume et une plaque tournante dans les échanges commerciaux entre la péninsule malaisienne et l’Inde d’une part et entre le Mékong et la Chine d’autre part. Comme les bateaux de la région ne pouvaient pas couvrir de longues distances et devaient suivre la côte, Óc Eo devint ainsi un passage obligatoire et une étape stratégique durant les 7 siècles de floraison et de prospérité du royaume du Founan. Celui-ci occupait un quadrilatère compris entre le golfe de Thailande et le Transbassac (plaines occidentales du delta du Mékong ou miền tây en vietnamien) dans le sud du Vietnam. Il était délimité au nord-ouest par la frontière cambodgienne et au sud-est par les villes de Trà Vinh et de Sóc Trăng. Des photos aériennes prises par les Français dans les années 1920 révélaient que Founan était un empire maritime (ou une thalassocratie).

Ceinturées par des lignes successives de remparts de terre et de fossés remplis jadis par des crocodiles, d’immenses cités états étaient divisées en quartiers par la ramification des canaux et des artères, nous disaient les auteurs chinois. On peut imaginer les maisons et les magasins sur pilotis bordés de navires comme à Venise ou dans les villes hanséatiques. On découvre dans cet étonnant réseau constitué par les étoiles de canaux rectilignes disposées selon la trame nord-est/sud-ouest (du Bassac vers la mer) et communiquant toutes les unes avec les autres, le rôle important d’évacuation des crues de Bassac vers la mer, ce qui permet de laver les sols alunés, refouler les avancées des eaux saumâtres lors des crues du Bassac, favoriser la culture du riz flottant et assurer surtout le ravitaillement par l’acheminent, à l’intérieur du royaume, des cargaisons de cabotage venant de Chine, de Malaisie, de l’Inde et même du pourtour méditerranéen. La découverte des monnaies d’or à l’effigie d’Antonin le Pieux, datant de 152 ap. J.C. ou de Marc Aurèle  et des bas-reliefs des rois perses témoigne du rôle important de ce royaume dans les échanges commerciaux au début de l’ère chrétienne. Il y a même un grand canal permettant de relier sa ville portuaire Óc Eo d’une part à la mer et d’autre part au Mékong et à la ville ancienne d’Angkor Borei située à 90 km en amont dans le territoire cambodgien. Celle-ci serait vraisemblablement la capitale du Founan à son déclin.

Pour l’archéologue français Georges Cœdès, il ne fait aucun doute que l’emplacement d’Angkor Borei correspond exactement à celui de Na-fou-na, décrit dans les textes chinois comme la ville où se retirèrent les rois fouanais après leur éviction de l’ancienne capitale du Founan, Tö-mu, identifiée comme la ville Vyàdhapura et localisée dans la région de Bà Phnom du territoire cambodgien par Georges Coedès [BEFEO, XXVIII, p.127]. La richesse de ce site archéologique et la variété des vestiges archéologiques qui en proviennent corroborent son affirmation.

Grâce à des objets mis au jour lors de toutes les campagnes de fouilles sur le complexe de sites de Óc Eo, on peut dire que ce royaume connut trois périodes importantes durant son existence :
La première période qui s’étend du Ier au IIIème siècle environ se distingue par des terres cuites (poteries en céramique, briques, tuiles), la verrerie (perles et colliers), l’orfèvrerie en or (bagues, boucles d’oreilles), des pierres gravées (sceaux, bagues à chaton, cabochons), d’objets en cuivre, fer, bronze et surtout en étain. 

On assiste à la première occupation humaine sur des tertres dans la plaine de Óc Eo et sur les basses pentes du mont Ba Thê. L’habitat est sur pilotis et en bois. La sépulture en jarre, fréquente dans l’Asie du Sud est pratiquée encore. Le processus de l’indianisation n’est pas encore entamé par l’absence de statuaires et de reliques religieuses. Mais il y a quand même un contact régulier entre ce royaume et l’Inde.

L’échange commercial est renforcé par des alliances locales et l’arrivée des maîtres indiens. Ceux-ci, retenus plus longtemps pour leurs séjours dans ce royaume à cause de la saison des moussons, continuaient à pratiquer leurs religions (brahmanisme, bouddhisme). Ils commençaient à faire des émules parmi les indigènes et à aider ces derniers dans la mise en place d’un réseau hydraulique permettant de drainer la plaine jusqu’alors hostile et inondée et de la rendre « utile » pour l’habitat, la culture et l’aménagement de leur royaume. Les Indiens étaient connus pour réaliser à bon escient les travaux d’hydraulique agricole et de mise en culture. C’est ce qu’on a vu dans le pays tamoul sous les Pallava par exemple.

La culture du riz flottant est attestée par les traces d’utilisation de cette graminacée comme agent dégraissant pour les poteries. Pour le chercheur du CNRS J.Népote, spécialiste de la péninsule indochinoise, le royaume du Founan tirait l’essentiel de ses ressources agraires dans la technique du riz flottant.

Il n’était pas nécessaire de cultiver la terre ni de l’ensemencer et encore moins de repiquer les plants de riz à cette époque du fait que la frange côtière du Founan était une zone de polders inondable. Le riz poussait tout seul en même temps que le niveau de l’eau, celui-ci pouvant atteindre trois mètres de hauteur. Le riz était ensuite récolté par les barques. Pour la culture du riz flottant, la seule contrainte exigée était la diffusion et la régulation des inondations par le creusement des canaux afin de pouvoir mieux gérer l’eau d’irrigation et faciliter les moyens de communication.

Art du Fou-nan VIème siècle après J.C. 

Terre cuite, polychromie moderne

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La deuxième période de l’histoire du Founan (IVème –VIIème siècles) est marquée par la découverte d’un grand nombre de monuments religieux vishnouites et bouddhiques sur les tertres de la plaine Oc Eo et sur les flancs du mont Ba Thê. Les figures emblématiques du panthéon indien (Shiva, Vishnu, Brahma, Nanin, Ganesha et Bouddha) ont été mises au jour. C’est aussi la période où l’habitat en bois sur pilotis se déplace des tertres vers la plaine inondable et vers les basses pentes du mont Ba Thê.

L’indianisation du royaume était en marche lorsqu’on vit vers 357, un Indien de nom chinois Tchou Tchan-t’an, peut être d’origine scythe et de souche même de Kanishka, régner au royaume du Founan [ Le Founan : Paul Pelliot, p 269], ce qui pourrait expliquer le succès du culte de Surya et de son iconographie dans l’art fouannais. Un autre brahmane de nom chinois (Kiao-Tchen-Jou) (ou Kaundinga-Jayavarma) lui succédera et régnera sur le Founan entre 478 et 514. C’est la période assez connue grâce à des inscriptions locales en sanskrit.

Même le mythe de la fondation du royaume vient des Indes: Un brahmane du nom de Kaundinya guidé par un songe procure un arc magique dans un temple et navigue vers ces rives où il réussit de battre la fille de nom Soma du souverain indigène présenté comme le roi naga (un serpent fabuleux) puis il l’épouse pour gouverner ce pays. On peut dire que durant cette période, le royaume du Founan connut son apogée et entretint des relations suivies avec la Chine.

L’ampleur de son commerce fut incontestable par la découverte d’un grand nombre d’objets autres qu’indiens trouvés sur les rives du Founan: fragments de miroirs en bronze datant de l’époque des Han antérieurs, statuettes bouddhiques en bronze attribuées aux Wei, un groupe d’objets purement romains, des statuettes de style hellénistique en particulier une représentation en bronze de Poséidon. Ces objets étaient échangés probablement contre des marchandises car les Founanais ne connaissaient que le troc. Pour l’achat des produits de valeur, ils se servaient des lingots d’or et d’argent, des perles et des parfums. Ils étaient connus comme d’excellents bijoutiers. L’or était finement travaillé avec de nombreux symboles brahmaniques. Les bijoux (boucles d’oreilles en or au fermoir délicat, admirables filigranes d’or, perles de verre, intailles etc… ) exposés dans les musées de Đồng Tháp, Long An et An Giang témoignent non seulement de leur savoir-faire et de leur talent mais aussi de l’admiration des Chinois dans leurs récits durant leur contact avec les Founanais.

La dernière période correspond à la décadence et à la fin du royaume du Founan. Un important changement a été signalé durant la période tcheng-kouan (627-649) au royaume du Founan dans les annales chinoises. Le royaume de Tchen-la (Chân Lạp)( futur Cambodge) situé au sud-ouest du Lin Yi ( futur Champa) et pays vassal de Founan s’empara de ce dernier et le soumit. Ce fait a été rapporté non seulement dans la nouvelle histoire des Tang (618-907) de l’historien chinois Ouyang Xiu mais aussi sur une inscription inédite de Sambor-Prei Kuk dans laquelle on félicita le roi du Tchen La Içanavarman d’avoir grandi le territoire de ses parents. On assiste alors à l’abandon des sites d’habitat et religieux de la plaine Óc Eo car le centre de gravité de la nouvelle formation politique venant du Nord s’éloigne de la côte pour s’approcher progressivement du site de la future capitale de l’empire khmer, Angkor. Pour le chercheur J. Népote, les Khmers venus du Nord par le Laos apparaissent comme des bandes germaniques vis-à-vis de l’empire romain, tentent de constituer à l’intérieur des terres un royaume unitaire connu sous le nom de Chen La. Ils ne trouvent aucun intérêt de garder la technique de la culture du riz flottant car ils vivent loin de la côte. Ils tentent de combiner leur propre maîtrise des retenues d’eau avec les apports de science hydraulique indienne (les barays) pour mettre au point à travers de multiples tâtonnements une irrigation mieux adaptée à l’écologie de l’arrière- pays et aux variétés locales du riz irrigué. 

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Collier en perles de verre de la culture Óc Eo.

Malgré les découvertes récentes confirmant l’existence de ce royaume, de nombreuses questions sont restées sans réponse. On ne sait pas qui étaient les populations autochtones peuplant ce royaume. On est sûr d’une seule chose: ils n’étaient pas des Vietnamiens arrivés seulement dans le delta du Mékong au XVIIème siècle. Étaient-ils des ancêtres des Khmers ? Certains ont eu cette conviction à l’époque où Louis Malleret entama des fouilles dans les années 40 car la toponymie de la région était totalement khmère. Au temps de Founan, on ne savait pas encore très bien qui ils sont. Par contre grâce à l’étude des vestiges osseux des Cent-Rues (dans la presqu’île de Cà Mau), on a affaire à une population très proche des Indonésiens (ou Austro-asiatiques) (Nam Á).

 

Un apport môn-khmer dans le nord de ce royaume peut être envisageable pour donner à Founan la juxtaposition et la fusion de deux strates qui ne sont guère éloignées l’une de l’autre avant de devenir la race founanaise. Dans cette hypothèse fréquemment admise, les Founanais étaient les proto-Khmers ou les cousins des Khmers. L’absorption d’une cité de la péninsule Malaise (connue sous le nom Dunsun dans les sources chinoises qui rapportent ce fait) au IIIème siècle par Founan dans une zone où l’influence môn-khmère est indéniable, est l’un des éléments déterminants en faveur de cette hypothèse.

Dans quelles conditions Óc Eo a-t-elle disparue ? Pourtant Óc Eo joua un rôle économique important dans les échanges commerciaux durant les sept premiers siècles de l’ère chrétienne. Les archéologues continuent à rechercher les causes de la disparition de cette ville portuaire: inondation, incendie, déluge, épidémie etc.

Galerie des photos de la civilisation Óc Eo

 

 

Le royaume du Founan est–il un état unifié avec un pouvoir central fort ou est-il une fédération de centres de pouvoir politique urbanisés et suffisamment autonomes sur la péninsule indochinoise comme sur la péninsule malaise pour qu’on les qualifie de cités-états ?

P.Y.Manguin a déjà soulevé cette question lors d’un colloque organisé par le Copenhagen Polis centre sur les cités-états de l’Asie du Sud-Est côtière en décembre 1998. Où est sa capitale si le pouvoir central est fortement souligné maintes fois par les Chinois dans leurs textes? Angkor Borei, Bà Phnom sont –elles vraiment les anciennes capitales de ce royaume comme cela a été identifié par Georges Cœdès?

Pour le moment, ce qui a été trouvé n’apporte pas des réponses mais cela fait redoubler seulement l’envie et le désir des archéologues de les trouver dans les années à venir car ils ont le sentiment d’avoir affaire à une brillante civilisation du delta du Mékong.


Références bibliographiques

Georges Coedès: Quelques précisions sur la fin du Founan, BEFEO Tome 43, 1943, pp1-8
Bernard Philippe Groslier: Indochine, Editions Albin Michel, Paris 
Lê Xuân Diêm, Ðào Linh Côn,Võ Sĩ Khai: Văn Hoá Oc eo , những khám phá mới (La culture de Óc Eo: Quelques découvertes récentes) , Hànôi: Viện Khoa Học Xã Hội, Hô Chí Minh Ville,1995 
Manguin,P.Y: Les Cités-Etats de l’Asie du Sud-Est Côtière. De l’ancienneté et la permanence des formes urbaines. 
Nepote J., Guillaume X.: Vietnam, Guides Olizane 
Pierre Rossion: le delta du Mékong, berceau de l’art khmer, Archeologia, 2005, no422, pp. 56-65.

Duy Tân (1907-1916)

duytan_empereur

English version

Vietnamese version

Un grand hommage à l’homme ayant consacré toute sa vie pour son pays et pour son peuple. 

Một đời vì nước vì dân
Vĩnh San đứa trẻ không cần ngôi vua
Tù đày tủi nhục khi thua
Tử rồi khí phách ông vua muôn đời

Avec l’accord des autorités vietnamiennes, les cendres de l’empereur Duy Tân enterré jusqu’ici en République Centrafricaine, furent ramenés en grande pompe le 4 Avril 1987 à Huế, la ville des mausolées impériaux de la dynastie des Nguyễn. Cela mit fin un très long et douloureux bannissement qu’avait eu le prince Vĩnh San connu souvent sous le nom « Duy Tân (ou L’Ami des Réformes ) depuis que son projet de soulèvement contre les autorités coloniales eut été découvert le 4 Mai 1916 à cause de la trahison d’un collaborateur Nguyễn Ðình Trứ .

Duy Tân est un personnage hors du commun qu’aucun des derniers empereurs de la dynastie des Nguyễn ne pourrait égaler. On ne peut que regretter sa disparition subite due à un accident d’avion qui a eu lieu à la fin de l’année 1945 lors de son retour de mission au Vietnam. Sa mort continue à alimenter le doute et reste l’un des mystères non élucidés jusqu’à aujourd’hui. On trouva non seulement en lui, à cette époque, la popularité inégalée qu’il a su acquérir auprès de son peuple, la légitimité royale mais aussi une francophilie indéniable, une solution de rechange que le général De Gaulle envisagea de proposer au dernier moment au peuple vietnamien pour contrer le jeune révolutionnaire Hồ Chí Minh en Indochine. S’il était encore en vie, le Vietnam ne connaîtrait pas probablement les dernières décennies néfastes de son histoire et ne serait pas victime de la confrontation Est-Ouest et de la guerre froide. C’est un regret profond que chacun des Vietnamiens ne peut que ressentir en parlant de lui, de sa vie et de son destin. C’est aussi un malheur pour le peuple vietnamien de perdre un grand homme d’état, d’écrire son histoire avec du sang et des larmes durant les dernières décennies.

Son intronisation reste un cas unique dans les Annales de l’histoire du Vietnam. Profitant des agissements suspects anti-français de son père, l’empereur Thành Thái et de la folie déguisée de ce dernier, les autorités coloniales obligèrent celui-ci à abdiquer en 1907 et à s’exiler à la Réunion à l’âge de 28 ans. Elles demandèrent au premier ministre Trương Như Cương d’assumer la régence. Mais ce dernier refusant d’une manière catégorique cette proposition, continuait à demander aux autorités coloniales de respecter strictement l’engagement défini dans le traité de protectorat de Patenôtre (1884) qui a stipulé que le trône revenait à l’un des fils de l’empereur si ce dernier avait cessé de régner (Phụ truyền tử kế).Face à la pression populaire et à la fidélité infaillible de Trương Như Cương à la dynastie des Nguyễn, les autorités coloniales furent obligées de choisir comme empereur, l’un de ses fils. Elles ne cachèrent pas leur intention de choisir celui qui parut docile et sans envergure. Hormis Vĩnh San, tous les autres fils de l’empereur Thành Thái, une vingtaine en tout, furent présentes au moment de la sélection faite à la volée par le résident général Sylvain Levecque. Le nom de Vĩnh San manqua à l’appel, ce qui obligea tout le monde à le chercher partout.

On le trouva enfin sous la poutre d’une charpente avec un visage couvert de boue et trempé de sueur. Il était en train de chasser les grillons. En le voyant dans cet état sordide, Sylvain Levecque ne cacha pas sa satisfaction car il pensa que ce serait sot pour quelqu’un de choisir le jour d’intronisation pour aller chasser les grillons. Il décida de le désigner, sur les recommandations de son proche collaborateur M. J. E. Charles, comme l’empereur d’Annam car il trouva en face de lui un enfant de sept ans timide, réservé, n’ayant aucune ambition politique et ne pensant qu’à s’adonner aux jeux comme les jeunes enfants de son âge. C’était un jugement erroné rejoignant ainsi l’observation constatée par un journaliste français de cette époque dans son journal local:

Un jour de trône a complètement changé la figure d’un enfant de 8 ans.

On s’aperçut quelques années plus tard que ce journaliste a eu raison car Duy Tân a consacré toute sa vie pour son peuple et pour son pays jusqu’au dernier souffle de sa vie.  Au moment de son intronisation, il n’avait que 7 ans. Pour lui accorder la stature d’un empereur, on fut obligé de lui accorder un an de plus. C’est pourquoi dans les Annales de l’histoire du Vietnam, il fut intronisé à l’âge de huit ans. Pour parer à cette désignation erronée, les autorités coloniales mirent en place un conseil de régence constitué des personnalités vietnamiennes proches du résident général Sylvain Levecque (Tôn Thất Hân, Nguyễn Hữu Bài, Huỳnh Côn, Miên Lịch, Lê Trinh et Cao Xuân Dục) pour assister l’empereur dans la gestion du pays et demandèrent à Eberhard, le beau-père de Charles d’être le précepteur de Duy Tân. C’était une façon de surveiller de tout près toutes les activités de ce jeune homme.

Trần Cao Vân

Malgré cela, Duy Tân réussit à s’échapper du réseau de surveillance mis en place par les autorités coloniales. Il fut l’un des partisans farouches de la révision des accords de Patenôtre (1884). Il fut l’artisan de plusieurs réformes: diminution des impôts et des corvées, suppression des protocoles de la cour ayant trait au gaspillage, réduction de son salaire etc.. Il protesta énergiquement contre la profanation de la tombe de l’empereur Tự Ðức par le résident général Mahé dans la recherche de l’or, auprès du gouverneur d’Indochine Albert Sarraut. Il réclama un droit de regard sur la gestion du pays, ce qui marqua le prélude des dissensions qui apparurent de plus en plus visibles entre lui et le résident supérieur français. Il fomenta le 4 Mai 1916, avec Trần Cao Vân et Thái Phiên, une rébellion qui fut découverte et matée à cause de la traîtrise de l’un de ses collaborateurs. Malgré sa capture et malgré les conseils flatteurs du gouverneur de l’Indochine lui demandant de réexaminer son comportement et sa conduite, il continuait à rester impassible et à dire:

Si vous m’obligiez de rester l’empereur d’Annam, il faut me considérer comme un empereur adulte. Je n’ai besoin ni d’un conseil de régence ni de vos conseils. Je dois traiter les affaires sur le même pied d’égalité avec tous les pays étrangers y comprise la France.

Face à sa conviction inébranlable, les autorités coloniales furent obligées de charger le ministre de l’enseignement de cette époque, le beau-père du futur empereur Khải Ðịnh, Hồ Ðắc Trung d’intenter un procès contre sa trahison envers la France. Pour ne pas compromettre Duy Tân, les deux vieux collaborateurs Trần Cao Vân et Thái Phiên, firent connaître à Hồ Ðắc Trung leur intention d’accepter volontairement le verdict à condition que l’empereur Duy Tân fût sauvé de sa peine capitale. Ils ne cessaient pas de répéter:

Le ciel est encore là. La terre et la dynastie le sont aussi. Nous souhaitons une longue vie à l’empereur.

 

 

Fidèle à la dynastie des Nguyên, Hồ Ðắc Trung ne condamna que l’empereur à l’exil en justifiant le fait que l’empereur était encore mineur et que la responsabilité du complot revenait à ses deux vieux collaborateurs Trân Cao Vân et Thái Phiên.  Ceux-ci furent guillotinés à An Hoà. Quant à l’empereur Duy Tân, il fut condamné à s’exiler à la Réunion le 3 Novembre 1916 à bord du paquebot Avardiana. La veille de son départ, le représentant du résident général lui rendit visite et lui demanda:

Sir, si vous avez besoin de l’argent, vous pouvez le prendre dans la caisse d’état.

Duy Tân répondit sur un ton très poli:

L’argent que vous trouvez dans la caisse est destiné à aider le roi à gouverner le pays mais il ne m’appartient pas en aucun cas surtout à un prisonnier politique.

Pour distraire le roi, le représentant n’hésita pas à lui rappeler qu’il était possible de choisir les livres préférés de sa bibliothèque et de les emmener avec lui durant son exil car il savait que le roi aimait lire beaucoup. Celui-ci acquiesça à cette proposition et lui répondit:

J’aime bien la lecture. Si vous avez l’occasion de prendre les livres pour moi, n’oubliez pas de prendre l’intégralité de tous les volumes de l’Histoire de la Révolution Française de Michelet. 

Duy_Tan

Son exil marqua non seulement la fin de la résistance impériale et de la lutte monopolisée et animée jusqu’alors par les lettrés pour la défense de l’ordre confucéen et de l’état impérial mais aussi le début d’un mouvement national et l’émergence du nationalisme d’État mis en grand jour par le grand lettré patriote Phan Bội Châu. C’était aussi une occasion perdue pour la France de ne pas savoir prendre l’initiative de donner sa liberté au Vietnam en la personne de Duy Tân, un francophile de première heure.

Son destin est  celui du peuple vietnamien. Depuis un certain temps toutes les rues portant son nom dans les grandes villes ( Hànôi, Huế, Sàigon ) du Vietnam n’existent plus mais on ne peut pas effacer à jamais son nom chéri dans le cœur de son peuple et dans notre mémoire collective. Il n’est jamais le rival de personne mais il est toujours par contre

 le dernier grand empereur
du Vietnam.

À ce titre, je lui dédie mes quatre vers en six-huit:

Toute sa vie est  consacrée pour son pays et pour son peuple
Duy Tân est l’enfant qui ne s’attache jamais au trône
Il ne connait que l’exil et l’humiliation après l’échec de son soulèvement
Sa grandeur d’âme continue  à perpétuité au delà de sa mort.

Thành Thái (1879-1954)

Vietnamese version

English version

Thành Thái 

Sa folie pour l’amour de son pays et de son peuple.

En hommage à l’homme ayant consacré toute sa vie pour son pays et pour son peuple à travers mes quatre vers en Six-huit:

Ta điên vì nước vì dân
Ta nào câm điếc một lần lên ngôi
Trăm ngàn tủi nhục thế thôi
Lưu đày thể xác than ôi cũng đành

Je suis fou pour l’amour de mon pays et de mon peuple
Je ne peux pas rester muet et sourd, une fois sur le trône
J’accepte d’avoir pitié de moi-même et de me sentir humilié ainsi
Je ne me plains pas de laisser mon corps languir avec tant d’années d’exil.

Avant de devenir l’empereur Thành Thái, il fut connu sous le nom Bửu Lân. Il était le fils de l’empereur Dục Ðức qui avait été assassiné ignoblement par les deux mandarins confucianistes Tôn Thất Thuyết et Nguyễn Văn Tường et le petit-fils du mandarin Phan Ðinh Bình. Comme ce dernier s’opposa maladroitement à l’intronisation de l’empereur Ðồng Khánh par les autorités coloniales, Ðồng Khánh ne tarda pas à se venger en éliminant lâchement ce vieux mandarin et en mettant en résidence surveillée Bửu Lân et sa mère au palais Trần Võ dans l’enceinte de la cité pourpre pour éviter tous les germes de la révolte. C’est pour cela qu’à la mort de Ðồng Khánh et à l’annonce du choix de son fils comme successeur par les autorités coloniales, la mère de Bửu Lân fut surprise et fondît en larmes car elle était toujours obsédée par l’idée que son fils connaîtrait probablement le même sort que son mari, l’empereur Dục Dức et son père, le mandarin Phan Ðình Bình. Si Bửu Lân fut préféré à la place des autres princes, cela revint incontestablement à l’ingéniosité de Diệp Văn Cương, l’amant présumé de sa tante, la princesse Công Nữ Thiện Niệm car Diệp Văn Cương était le secrétaire particulier du résidant général Rheinart, chargé par ce dernier de mener les transactions auprès de la Cour impériale en vue de trouver un compromis sur la personne à choisir pour succéder à l’empereur Ðồng Khánh. 

Il devint involontairement ainsi notre nouvel empereur connu sous le nom Thành Thái. Il ne tarda pas à se rendre compte que son pouvoir était très limité, que le traité de Patenôtre n’était jamais respecté et qu’il n’avait aucun droit de regard sur la conduite et l’avenir de son pays. Contrairement à son prédécesseur Ðồng Khánh, proche des autorités coloniales, il tenta de mener une résistance passive en contrecarrant d’une manière systématique la politique de ces dernières par ses propos provocants et  ses gestes inamicaux. On nota sa première altercation virulente avec le résident général Alexis Auvergne au moment de l’inauguration du nouveau pont enjambant la Rivière des Parfums. Fier de la prouesse technique et sûr de la solidité du pont, Alexis Auvergne n’hésita pas à dire à Thành Thái avec son  ton arrogant:

Quand vous aurez vu ce pont s’écrouler, votre pays sera indépendant.

Pour montrer l’importance que les autorités coloniales ont donnée à ce nouveau pont, elles lui octroyèrent un nouveau nom « Thành Thái ». Cela rendit l’empereur furieux car en prenant le prétexte que tout le monde put piétiner sur sa tête par le passage de ce pont, il interdît à ses sujets de l’appeler avec le nouveau nom et les incita se servir de l’ancien nom  « Tràng Tiền« .


Pont Tràng Tiền

Quelques années plus tard, lors du passage d’une tempête violente, le pont s’écroula. Thành Thái ne tarda pas à rappeler à Alexis Auvergne ce qu’il lui avait dit avec son humour noir. Alexis Auvergne rougit de honte et fut obligé de déguerpir devant ces propos gênants. La mésentente avec les autorités s’amplifiait de jour en jour avec le remplacement de l’ancien résident général par Sylvain Levecque. Celui-ci ne tarda pas mettre en place son réseau de surveillance étroite depuis qu’il avait appris que Thành Thái continuait à se rapprocher de son peuple par le biais de ses réformes et de ses déguisements en civil dans les villages. C’est le premier empereur du Vietnam prenant l’initiative de se faire couper les cheveux et s’habiller à l’européenne, ce qui étonna tant de ses mandarins et de ses sujets lors de sa première apparition publique. Mais c’est aussi le premier empereur qui incita à ses sujets à suivre l’enseignement français. Il fut l’artisan de plusieurs réalisations architecturales (marché Đông Ba, lycée d’élite Huế, pont Tràng Tiền etc.). Il est aussi le premier empereur de la dynastie des Nguyễn qui s’intéresse énormément à la vie quotidienne de ses sujets et connait leurs difficultés journalières. On rapporta que lors de l’une de ses excursions escortées, il rencontra sur son passage un pauvre gens qui était en train de porter un fardeau pesant de bambous  Son garde du corps eut l’intention de dégager le passage mais il l’empêcha de le faire en lui disant:

On n’est ni citoyen ni empereur comme il le faut dans ce pays. Pourquoi doit-on le chasser? Lors de ses excursions, il était habitué à s’asseoir entouré souvent  par des villageois sur une natte  et à discuter avec eux sur toutes les questions posées. C’est par l’une de ses excursions qu’il ramena à la Cité pourpre une jeune rameuse acceptant de l’épouser et devenant ainsi sa concubine. Il était très connu pour exceller dans le battement de tambour.

C’est pourquoi il n’hésita pas à faire venir dans la cité pourpre tous les meilleurs batteurs de tambour du pays, leur demander de jouer au tambour devant sa cour et les récompenser énormément selon leur mérite. On rapporta qu’un beau jour, il rencontra un batteur de tambour ayant l’habitude de secouer sa tête au moment où il jouait au tambour. En voulant l’aider à corriger cette manie inesthétique, il lui dit avec plaisanterie:

Si tu continues à jouer encore de cette manière, je suis obligé d’emprunter ta tête.

Dès lors, le batteur de tambour, se souciant incessamment de la prochaine convocation, fut accaparé par ses angoisses et mourut d’une crise cardiaque. En apprenant un beau jour, le décès de ce batteur de tambour, Thành Thái fut pris de remords, convoqua sa famille et donna à cette dernière une grande somme d’argent pour subvenir à ses besoins quotidiens.

Sa manière de plaisanter, ses déguisements fréquents, son comportement quelquefois étrange et incompréhensible par les autorités coloniales, donnaient à ces dernières l’opportunité de le taxer de folie.

Semblable à Sun Bin (Tôn Tẩn ) qui vivait au premier siècle de la période des Royaumes Combattants en Chine et qui, grâce à sa folie déguisée, réussît à s’échapper de son ami ingrat Pang Juan ( Bàng Quyên ) et à défaire le royaume de Wei ( Nước Ngụy ) quelques années plus tard, Thành Thái, au lieu de se défendre contre cette calomnie intentionnelle, pensa aussi que la folie était le moyen le plus efficace pour se mettre à l’abri et pour contrarier la politique des autorités coloniales par ses actes insensé. Cela lui permit d’agir dans la coulisse par le recrutement d’une armée de jeunes filles dont le rôle ne fut jamais éclairci et par l’attente du moment propice à l’insurrection populaire. Mais il n’eut jamais le temps de réaliser son ambition car avec le consentement du premier ministre de cette époque, Trương Như Cương, les autorités coloniales profitèrent de sa folie déguisée pour l’obliger à abdiquer et comptèrent sur ce ministre pour mettre en place la régence sous leur direction. Devant le refus catégorique de Trương Như Cường, sa fidélité infaillible envers la dynastie des Nguyễn et sa réclamation de respecter strictement le traité de Patenôtre, les autorités coloniales furent obligées de choisir l’un des fils de Thành Thái comme successeur , le prince Vĩnh San connu plus tard sous le nom Duy Tân.

Quant à Thành Thái, il fut déporté d’abord à Vũng Tàu (ancien cap St Jacques) à l’automne de l’année 1907 puis plus tard à l’île de la Réunion avec son fils, l’empereur Duy Tân en 1916. Il lui fut permis de retourner seulement au Vietnam en 1945 après la mort de Duy Tân et de rester retenu dans le Sud Vietnam à Vũng Tàu durant les dernières années de sa vie.

Est-il possible de le taxer de folie lorsqu’on sait qu’à travers son poème intitulé « Hoài Cổ (Retour vers le passé) , Thành Thái était tellement lucide et n’arrêtait pas de gémir de douleur devant la situation alarmante de son pays? D’autres huitains de vers de sept pieds que nous connaissons tels que «  La tempête de l’année du Dragon en 1904 ( Vịnh Trận Bão năm Thìn ) » ou « Profession de foi ( Cảm Hoài ) » montrent non seulement la maîtrise parfaite de Thành Thái dans l’application stricte des règles prosodiques et difficiles de la poésie vietnamienne mais aussi la fierté d’un empereur patriote. Malgré l’exil forcé durant presque un demi-siècle ( 1907-1954 ) par les autorités coloniales, il continuait à afficher sa conviction inébranlable dans la libération de son pays et de son peuple. On sent déjà qu’à travers lui se forgent sur cette terre des légendes les instruments de la future révolte.

Pour lui, sa maladie incurable n’avait que le but de vouloir réaliser son grand dessein, de vouloir rendre à son peuple la dignité tant attendue depuis si longtemps et de vouloir montrer à la postérité le sacrifice et le prix que même celui qui était considéré jusqu’alors comme une personne aliénée par les autorités coloniales devait payer pour ce pays ( 47 ans d’exil ). Il ne pourrait pas se relever de cette « maladie » dans le contexte politique de cette époque.


Jusqu’à nos jours, aucun document historique ne nous prouve la démence de Thành Thái mais il nous révèle plutôt la folie d’un grand empereur pour l’amour de son pays et de son peuple, l’affliction sempiternelle d’un grand patriote face au destin de son pays.


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Gia Long (Fondateur de la dynastie des Nguyễn)

Gia Long

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Gia Long est le titre impérial que prit en 1802 le prince Nguyễn Phúc Ánh pour son règne  lors de l’unification de l’empire du Vietnam qui s’étendait de la frontière de Lạng Sơn jusqu’à la pointe de Cà Mau sur le golfe de Siam. Gia Long résulte de la combinaison de deux mots suivants: Gia et Long (Gia étant un mot extrait du nom Gia Định, l’ancienne ville Saïgòn et Long celui du nom Thăng Long, l’ancienne capitale Hanoï).  Durant les 25 années de combats contre les Tây Sơn, il parcourut toute la Cochinchine. Il connut parfaitement tous les recoins du delta du Mékong. Le prince Nguyễn Ánh était tellement attaché à des gens du Sud et en particulier à la ville Saïgon qu’il fut connu à l’époque sous le nom « Général Gia Định ».

Avant l’unification du Vietnam (1801), le dernier survivant des Nguyễn fut traqué à maintes reprises par les Tây Sơn (ou les Paysans de l’Ouest) de Nguyễn Huệ. Il dût la vie sauve à un missionnaire français Pierre Joseph Pigneaux de Béhaine qui partagea avec lui sa nourriture apportée par son homme de confiance, P. Paul Nghi et qui n’hésita à organiser sa fuite dans la principauté de Mang Khảm de Mạc Thiên Tứ, le fils de son allié Mạc Cửu (région Hà Tiên) après que le seigneur Nguyễn Huệ Vương fut assassiné par les Tây Sơn, ce qu’a raconté l’anglais John Barrow dans son livre « Voyage à la Cochinchine » en 1793.

Pierre Joseph Pigneaux de Béhaine (Bá Đa Lộc)

La vie de galère qu’il connut durant les années de vicissitudes donnait l’occasion à ses partisans d’interpréter plus tard ses exploits et ses périls qu’il réussît à surmonter comme des signes de volonté du Ciel de vouloir l’aider à reconquérir le trône. La grotte des pièces de monnaie (Hang Tiên) dans la région Hà Tiên, accessible aujourd’hui par le bateau, évoque le souvenir du jeune prince Nguyễn Ánh se réfugiant avec ses troupes dans l’attente des renforts français. On y découvre des pièces de monnaie laissées par les corsaires. Des dictons vietnamiens sont nés avec ses exploits. On a l’habitude de dire en vietnamien :

Kỳ đà cản mũi
Le varan est devant la proue du bateau.

pour signifier qu’on est empêché d’agir ou d’accomplir une tâche à cause de l’obstruction de quelqu’un. Grâce à la présence d’un varan empêchant  l’accès à la mer de sa jonque, cela lui permet d’être sauvé de justesse car ses ennemis l’y attendent avec impatience. Une autre fois dans la région de Hà Tiên, sa jonque fut gênée par la présence des serpents. Il fut obligé de donner l’ordre à ses subordonnés de ramer plus vite pour ne pas être poursuivi par ces serpents. Cela lui permet d’atteindre l’île de Phú Quốc plus tôt et d’éviter le piège tendu par ses adversaires. C’est pourquoi on aime à dire en vietnamien:
« Gặp rắn thì đi, gặp qui thì về« 
pour dire qu’il est possible de partir lorsqu’on rencontre les serpents et qu’il vaut mieux rentrer lorsqu’on rencontre les tortues.

À travers ces récits historiques, on constate que Nguyễn Ánh est chanceux durant ses années de combats contre les Tây Sơn. Une fois, il fut poursuivi par ses ennemis. Il fut obligé de traverser le fleuve à la nage. Il se rendit compte que le fleuve était infesté de crocodiles. Il dut recourir au buffle qui pataugeait au bord du fleuve pour entreprendre la traversée. Même le sauvetage périlleux de sa jonque engloutie par les vagues, par le jeune intrépide Lê Văn Duyệt (15 ans ) devenu plus tard son général talentueux, dans une nuit orageuse était l’objet d’une prophétie entretenue depuis tant d’années par les gens du village Long Hưng Tây avant que l’événement eût lieu.

En dépit de ces faits ayant trait à légitimer par la protection divine, la lutte  menée par  Nguyễn Ánh, il n’est pas juste d’ignorer les qualités en ce personnage hors du commun. Il n’avait pas le génie de stratégie de son adversaire, le général Nguyễn Huệ mais il avait une patience incommensurable qu’on ne pouvait comparer qu’à celle du prince des Yue du Nord Gou Jian (ou Cẩu Tiễn en vietnamien) à la période des Printemps et des Automnes (476 avant J.C.) (thời Xuân Thu). Ce dernier  n’hésita pas à attendre de longues années pour se préparer à la revanche contre le souverain Fu Chai (Phù Sai ) de l’état Wu (Nước Ngô của Ngủ Tử Tư ). Il avait le don de recruter comme subordonnés des gens valeureux (Võ Tánh, Lê Văn Duyệt , Nguyễn văn Thành etc.) et accordait à l’amitié une signification particulière durant son règne, ce qu’on a constaté envers le missionnaire français Pigneaux de Béhaine ou envers ses lieutenants français Jean-Baptiste Chaigneau ( Nguyẽn Văn Thắng), Philippe Vannier, Olivier Puymanel ou envers le souverain siamois Rama I (ou Chakkri).

En reconnaissance de la dette que Nguyễn Ánh a laissée à ce dernier de repartir sain et sauf avec son armée pour sauver sa famille emprisonnée, Chakkri n’hésita pas à offrir de l’hospitalité de longues années au prince Nguyễn Ánh et à sa suite lorsqu’il fut obligé de se réfugier à Bangkok après ses défaites cinglantes contre les Tây Sơn à Mỹ Tho en 1785. Ce pacte d’amitié  était né lors d’un affrontement militaire sur la terre cambodgienne entre son lieutenant Nguyễn Hữu Thùy et Chakkri qui fut encore à cette époque un général envoyé par le souverain siamois Taksim (Trịnh Quốc Anh). 

Devant le volte-face de ce dernier d’emprisonner sa famille, Chakkri fut obligé de se pactiser avec Nguyễn Ánh et retourner à Bangkok pour renverser Taksim. C’est aussi pour cette dette et pour seconder Nguyễn Ánh de recouvrer le trône que Chakkri envoya une armée de 50.000 hommes qui fut décimée complètement en 1785 par le roi stratège Nguyễn Huệ et sa troupe dans l’Ouest du Mékong (Mỹ Tho).

Nguyễn Ánh était un homme courageux et téméraire. Avec lui, on avait l’impression qu’aucune personne du Sud n’osait s’opposer à lui. Pour acquitter sa dette à l’égard de sa famille assassinée par les Tây Sơn, il restait imperturbable devant les supplices réservées à ses adversaires. Les ennemis vaincus furent mis à mort par des tortures épouvantables. Les hommes furent écartelés par des éléphants et les femmes et les enfants furent piétinés par des éléphants. Leurs corps furent jetés en pâture aux corbeaux. C’est le sort réservé à la femme général Bùi Thị Xuân, au fils de l’empereur Nguyễn Huệ, le roi Nguyễn Quang Toản etc…

Pour des raisons politiques, il n’hésita pas tuer les gens  l’ayant servi avec dévouement lorsqu’il était encore un jeune prince traqué par les Tây Sơn. C’est le cas de Nguyễn Văn Thành, Ðặng Trần Thường. C’est pour cette raison qu’on le compare souvent à Liu Bang (Lưu Bang), l’empereur fondateur des Han ayant réservé le même traitement à l’égard de ses anciens compagnons de route. Malgré cela, on s’aperçoit qu’il était aussi un homme de cœur. Il ne tarda pas à rendre un grand hommage à son compagnon de route Nguyễn Văn Thành qu’il a obligé de se suicider pour une insinuation calomnieuse et à larmoyer devant l’autel érigé en l’honneur de ce dernier. Il donna l’ordre de libérer sa famille et restitua à celle-ci tous les biens et les titres confisqués. On trouve aussi son attachement profond à la vie de ses subordonnés à travers le message qu’il avait adressé à son beau-frère, le général Võ Tánh chargé de défendre Qui Nhơn ou à Pigneaux de Béhaine, son père spirituel et son conseiller militaire à travers la cérémonie organisée à la mort de ce dernier, ce que rapporta le père Lelabrousse aux Missions Étrangères, le 24 Avril 1800.

Il était aussi un guerrier séducteur. Son égard envers la reine Ngọc Bích, la jeune femme de son adversaire, le jeune roi Canh Thình (fils du roi Quang Trung) fut exemplaire. Celle-ci s’écria lorsqu’elle aperçut un homme fort majestueux se tenant debout devant elle:
-Général Gia Ðịnh, que voulez-vous de moi?
Celui-ci sourit et lui répondit avec gentillesse:
-N’ayez pas peur et ne pleurez plus, s’il vous plaît. Le général Gia Ðịnh sera plus doux que celui des Tây Sơn. Cette résidence restera la même pour vous en dépit du changement du propriétaire.

Comme sa gentillesse était si grande et sa volonté de conquérir le cœur de la reine était si forte que celle-ci ne pouvait pas résister longtemps. Elle devenait ainsi sa concubine du premier rang et avait avec lui deux garçons. Elle s’était mariée en deux fois avec deux rois (Canh Thình et Gia Long) et était la dernière fille du roi des Lê. C’est pour cela deux adversaires irréductibles Nguyễn Huệ et Gia Long devinrent ainsi des « beaux – frères » car Nguyễn Huệ était l’époux de la princesse poète Ngọc Hân et Gia Long, celui de la princesse Ngọc Bích. C’est aussi pour cette dernière que est né ce dicton vietnamien:

Số đâu mà số lạ lùng
Con vua mà lấy hai chồng làm vua
Le sort est tellement bizarre
La fille du roi est mariée en deux fois avec deux rois.

En dépit de sa réputation d’être un guerrier endurci par les années de guerre et de vicissitudes, il était aussi vulnérable comme un homme ordinaire. Il lui arrivait un grand nombre de soucis qu’il ne cachait pas à révéler à son confident, le Français Jean-Baptiste Chaigneau:
Gouverner le pays est plus facile que diriger le harem.
C’est ce que révélait Michel, le fils de J. B. Chaigneau dans le journal « Le moniteur de la Flotte » en 1858.

Malgré le traité paraphé à Versailles en 1787 par les Comtes De Vergennes et De Montmorin pour le roi Louis XVI et par son fils Nguyễn Phúc Cảnh assisté de l’évêque d’Adran, Pigneaux de Béhaine, la collaboration d’un grand nombre des subordonnés français dans ses rangs et son intérêt porté pour les sciences et les techniques de l’Occident, il continuait à adopter une politique très ambiguë envers les Européens, en particulier envers les missionnaires. Cette attitude bienveillante était-elle due à l’amitié qu’il tentait d’honorer envers son ami Pigneaux de Béhaine ou à son esprit d’ouverture comme Kang Xi en Chine dans le but de mieux utiliser les compétences des missionnaires catholiques?

Prince Nguyễn Phúc Cảnh

On continue à se poser des questions jusqu’à nos jours. Pourtant on sait qu’à travers la construction de la Cité pourpre, le maintien du système des mandarins, la réforme du code des Lê basé essentiellement  sur celui des Qing en Chine, il apparut plus que jamais comme un admirateur de la dynastie des Ming et des Qing, un confucianiste convaincu et un empereur plus rétrograde. Il entama au cours de ses dernières années une politique de repli en choisissant comme successeur, le prince Nguyễn Phúc Ðảm soutenu par la plupart des mandarins confucianistes à la place des enfants du prince Cảnh décédé à cause d’une maladie. Ce prince connu sous le nom de règne Minh Mạng n’hésita pas à faire mourir les enfants et la femme du prince Cảnh (Mỹ Ðường) et laissa une opportunité aux Européens, en particulier au gouvernement français d’intervenir militairement en menant une politique délibérément anti-occidentale et anti-catholique et renoua ainsi une politique d’alignement sur les lignes directrices de la politique chinoise. Nguyễn Ánh pourrait devenir un grand empereur à l’image d’un « Meiji  » japonais lorsqu’il avait l’avantage d’être entouré par un grand nombre de français y compris son médecin particulier (un certain Despiaux) et il avait un esprit très ouvert aux techniques et aux sciences de l’Occident.

C’est un grand dommage pour le Vietnam de perdre une occasion d’entrer dans l’ère de modernisation. C’est aussi un malheur pour le peuple vietnamien d’écrire plus tard son histoire avec du sang et des larmes. Il ne mérite pas d’être oublié dans notre histoire car il réussît à agrandir notre territoire et à unifier le pays sous sa bannière. Mais il n’est pas non plus un grand empereur du Vietnam car la grandeur ne se mesure pas non seulement par l’agrandissement du Vietnam mais aussi par les bienfaits qu’il apporte au peuple vietnamien et par la magnanimité envers ses adversaires.

C’est navrant de le dire ainsi car Nguyễn Ánh avec les qualités qu’il nous a montrées durant ses 25 années de vicissitudes pourrait faire encore mieux pour son pays et pour son peuple plus que tout autre roi du Vietnam (y compris le roi Quang Trung).

Tử Cấm Thành  (Cité interdite de Huế)

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Les Français tant aimés

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Les Français tant aimés.

Version vietnamienne

English version

Malgré 100 ans de la colonisation, les Vietnamiens continuent à garder en eux une reconnaissance envers certains Français, en particulier ceux qui apportent leur contribution à la société et à la culture vietnamienne. Ceux-ci sont considérés non seulement comme des grands hommes mais aussi comme des saints. C’est le cas d’Alexandre Yersin et de Victor Hugo. Le premier est l’un des deux seuls français avec Pasteur à avoir des rues à son nom dans plusieurs villes du Vietnam.


Yersin (1863-1943)

fut au Viêt-Nam en 1889 en tant que médecin militaire. Il passa toute sa vie à la recherche des plantes médicinales. Il s’installa à Dalat une station climatique du Viêt-Nam. C’est lui qui introduisit au Viêt-Nam le quinquina et l’hévéa. Sa popularité dans la communauté vietnamienne, est en grande partie due à sa  préoccupation pour les déshérités et les pauvres au milieu desquels il vit dans une cabane  de chaume dans une région des pêcheurs. Il fut décédé en 1943 et enterré à Suối Giào au sud-ouest de Dalat où chaque 1er mars les habitants de la région viennent encore apporter des bâtons d’encens et des fruits en offrandes. Il y a même un lycée portant son nom à Dalat. Au Viêt-Nam, tout le monde connaît son nom et chérit sa mémoire. 

Le Livingston de l’Indochine


Alexandre de Rhodes (1593-1660)

Personne ne conteste ce qu’il a fait pour l’écriture vietnamienne dans le but de faciliter l’évangélisation. Sans ce jésuite français, il est difficile pour le Viêt-Nam de se débarrasser de l’emprise culturelle chinoise. Celui-ci instaura et perfectionna un premier modèle de romanisation en publiant en 1651, son « Dictionnarium annamiticum, lusitanum et latinum » (Tự Ðiển Việt-Bồ-La) à partir des éléments fournis par ses prédécesseurs portugais Gaspar de Amaral et Antonio de Barbosa. Grâce à Alexandre de Rhodes, les Vietnamiens ont une écriture romanisée qu’ils ont l’habitude d’appeler  » quốc-ngữ la tinh ».


Victor Hugo

Grâce à ses œuvres littéraires ( Les Misérables ) et à sa philosophie humanitaire, il est adulé par les 7 millions adeptes du caodaïsme. « Les Misérables » est un roman à thèse qui pose le problème du rapport entre la criminalité humaine et le milieu social. Il y a un point où les infortunés et les infâmes se mêlent et se confondent dans un seul mot, les misérables.

C’est la faute de la misère, de l’injustice et de l’incompréhension sociale, optant pour la répression. Il reste toujours une chance de sauver les criminels endurcis à force de patience et d’amour. Telle semble être la réponse de Victor Hugo à travers l’histoire de Jean Valjean.

Est-ce par cette thèse humanitaire que Victor Hugo a été consacré par le Caodaïsme à l’image de son héros Jean Valjean?

Mariage (Hôn nhân)

mariage

English version

Version française

Hơn cả quy luật vĩnh cửu của thế giới, hôn nhân xuất hiện đầu tiên  ở Việt Nam được xem như là một sự giao ước giữa  hai gia đình với mục đích duy trì không chỉ dòng dõi mà còn cả phong tục Việt Nam, đặc biệt là việc thờ cúng tổ tiên. Hơn nữa, người Việt thấm nhuần tinh thần Đạo giáo xem tuổi trẻ chỉ có được một thời gian ngắn ngủi như măng tre. Đây là lý do ngày xưa chúng ta kết hôn rất sớm ở Việt Nam.

Tương tự như bộ luật của nhà Minh ở Trung Quốc, bộ luật nhà Lê quy định tuổi kết hôn tối thiểu đối với nữ là 13  tuổi và đối với nam là 16 tuổi. Vì thế trong tục ngữ Việt Nam mới có câu:

Gái thập tam, nam thập lục

để nhắc lại độ tuổi mà xã hội Việt Nam dành cho việc kết hôn. Điều này được  thực hiện luôn luôn  trong khuôn khổ Nho giáo truyền thống,  lúc nào cũng được  đi trước  đó  bởi  các cuộc đàm phán do người mai mối thực hiện và sau đó  đến việc trao đổi ngày tháng năm tuổi  nếu những lần tiếp xúc lần đầu  tỏ ra thuyết phục. Điều này  hay thường dẫn đến những lời hứa hẹn nhưng phải cam đoan thực hiện hôn nhân  nếu không sẽ bị  trừng  phạt bởi quan lại địa phương.

Lễ  đính hôn cũng là cơ hội để khẳng định sự cam kết cuối cùng  trong cuộc hôn nhân. Về phần này, nó diễn ra theo một nghi lễ cổ điển bao gồm việc rước cô dâu tương lai với kiệu, được vị hôn phu đón tiếp, nghi lễ dâng hương trước bàn thờ tổ tiên, sau đó ra mắt với  cha mẹ của hai bên, cái bắt tay và trao nhau lời thề.  Thưở xưa, cô dâu chú rể  hay trao đổi với nhau bằng  một nhúm đất lấy  một nhúm muối. Họ muốn thực hiện lời hứa và gắn bó với nhau suốt đời bằng cách lấy Trời Đất làm nhân chứng. Có một thành ngữ  cũng cùng một ý nghĩa: Gừng cay muối mặn để nhắc nhở vợ chồng trẻ chớ đừng bỏ nhau vì vị mặn của muối hay vị cay của gừng lại rất đậm đà và rất khó quên cũng như tình nghĩa vợ chồng rất sâu đậm và thắm thiết dù có bao thăng trầm trong cuộc sống.  Còn có một phong tục cho đêm tân hôn. Chọn một phụ nữ có nhiều con, đức hạnh vẹn toàn, được gia đình chú rể  mời đến để trực tiếp dọn giường  với đôi chiếu: 1 úp 1 mở  theo mô hình kết hợp của Âm Dương. 

Mặt khác,  không có  sử dụng cùng tên để chỉ cuộc hôn nhân của một công chúa hay một cô gái bình thường. Người ta gọi là “Hạ Giá” khi nói đến việc gả công chúa vì nhà vua gả con gái cho một người đàn ông kém quyền lực hơn mình, có địa vị thấp hơn. (Hạ nghĩa là “ở dưới” và Giá nghĩa là “lấy chồng”). Đối với hôn nhân giữa những người bình thường, người ta nói “Xuất Giá vì Xuất” trong tiếng Việt có nghĩa là “đi ra ngoài”. Ngày xưa cô dâu chú rể hiếm khi quen biết nhau trước khi đám cưới.

Hôn nhân trước hết được xem là sự giàn  xếp giữa cha mẹ với mục đích trả nợ hoặc liên minh. Nó cũng phản ánh tư tưởng Nho giáo không bao giờ  ưu đãi  cá nhân trước gia đình và xã hội. Cuộc hôn nhân của Công chúa Huyền Trân với vua Champa Chế Mẫn (Jaya Simhavarman III) đã thể  hiện rõ  rõ cái  tư duy này.

Vì  có tham vọng lãnh thổ, vua Trần Anh Tôn khó có thể bỏ qua lời hứa của cha mình là vua Trần Nhân Tôn sẽ gả em gái mình cho vua Chiêm Thành dù ngài biết rõ em gái có  tình cảm  dành cho tướng quân Trần Khắc Chung. Một tác giả vô danh đã không ngần ngại tố cáo vào thời điểm này qua  bài thơ Đường luật có tựa đề “Vương Tường” so sánh công chúa  Huyền Trân  với Vương Tường (Chiêu Quân Cống Hồ), một phi tần của Hoàng đế Hán Nguyên Ðê’ (48-33 TCN)  bị cống hiến cho vua  Hung Nô  (shanyu Huhanxie)  để mua lại hòa bình với những kẻ man rợ từ thảo nguyên ở phía bắc Trung Hoa.

Tuy nhiên, trong biên niên sử hôn nhân vẫn có trường hợp của Tướng quân Trần Quốc Tuấn.  Đây tình yêu đã dành được phần  chiến thắng trên lý trí và  ngoài ý muốn của cha mẹ mặc dù biết rằng ông là một người theo Nho giáo rất kỷ cương. Khi còn trẻ, ông đã yêu Công chúa Thiên Thành, em gái của vua Trần Thái Tôn. Cô nầy cũng không giấu sự ngưỡng mộ đối với vị tướng trẻ tài năng này. Nhưng ông  không thể thực hiện được ý định của mình vì cha ông là An Sinh Vương Trần Liễu bị thừa tướng xảo quyệt lúc bấy giờ là Trần Thủ Ðộ ép cha ông giao vợ thứ là công chúa Lý Thuận Thiên cho anh trai của ông, vua Trần Thái Tôn nhằm  để  có  người  thừa kế và duy trì triều đại  nên  đã phản đối kịch liệt  việc hôn nhân nầy.

Một ngày nọ, được tin vua gả em gái Thiên Thành cho con trai Nhân Đạo Vương, ông choáng váng, đau buồn không biết phải làm sao dù lúc đó ông được biết đến là chiến lược gia giỏi nhất nước trong thời kỳ chống quân Mông Cổ. Thấy ông bất lực, một trong những người hầu của ông, được xem là người lắm mưu mẹo  nhất, mới đề nghị ông đi cướp  cô dâu một cách bất ngờ vào ngày cưới. Nhờ sự dũng cảm phi thường này, ông đã thành công trong việc biến chuyển  tình yêu của mình thành hiện thực, nhận được sự tha thứ từ nhà vua và chiếm được lòng kính trọng của những người xung quanh, đặc biệt là của cha ông vì  nhận thấy ở ông không chỉ là một  đứa con thiên tài mà còn là một đứa  con xứng đáng có khả năng gột rửa nỗi xấu hổ cho  gia đình.  Hôn nhân đôi khi còn  là nỗi lo lắng của những người có trách nhiệm hoặc có vai trò chính trị ở vùng đất huyền thoại này.

Đó là trường hợp của vua Duy Tân. Sau này, bị ám ảnh bởi sự phế truất  và lưu đày của cha mình, hoàng đế Thành Thái bởi chính quyền thực dân, ngài không ngừng nuôi dưỡng kể từ khi lên ngôi lúc 7 tuổi, đã có ý định khiếu nại l ại hiệp ước Patenôtre và khôi phục chủ quyền và độc lập của Việt Nam bằng mọi biện pháp, kể cả vũ lực. Ngài  chưa bao giờ nghĩ đến việc kết hôn khi đất nước vẫn còn bị chiếm đóng. Điều này khiến mẹ ông là hoàng hậu Nguyễn Thị Định rất lo lắng và quan tâm. Bà còn lại thấy sự ch ưa trưởng thành  và  sự thiếu  uy tín  với  dân tộc vì  vua Duy Tân chưa có con cái chi cả. Bà không chậm trể  trình lên hoàng đế danh sách tên 25 thiếu nữ quý tộc do các quan lại lựa chọn và cung cấp. Nhưng trước sự thờ ơ của Duy Tân, bà tức giận ra lệnh cho ngài phải tìm môt tỳ thiếp  càng sớm càng tốt. Là  đứa con rất hiếu thảo, ngài  biết mình không thể trì hoãn thời hạn và phớt lờ lời nài nỉ của mẹ được nữa. Ngài  trả lời sau đó với giọng điệu thản nhiên:
Con từ chối danh sách của mệ cho đến bây giờ vì con đã yêu một cô gái hơn con một tuổi từ lâu. Con sẽ gặp lại cô này sau mười ngày nữa ở bãi biển Cửa Tùng.
Tò mò, thái hậu quyết định cùng ngài đi dạo ra bãi biển Cửa Tùng. Duy Tân suốt ngày đào cát. Đến tối, thái hậu quyết định nói với ngài:
Con không cảm thấy buồn cười khi con tìm kiếm người yêu của mình trên cát không?
Duy Tân cố gắng khiêm tốn giải thích:
Con  không bao giờ điên đâu mệ. Đó là sự thật tất cả những gì con nói với mệ. Nếu không tìm được vàng ở trong cát thì  con có thể tìm được vàng ở kinh đô Huế đấy.Từ đó, thái hậu  bắt đầu hiểu ý mà  vua Duy Tân muốn nói. Đấy là cô gái của thầy con đó mê tên là Mai thị Vàng. Tò mò trước sự lựa chọn của con trai bà, thái hậu hỏi lại:

Tại sao con lại chọn con bé đấy.
Duy Tân trả lời môt cách quả quyết :

Cha cô ấy là  Mai Khắc Ðôn dạy con  học, yêu quê hương, tránh xa nịnh thần và trọng dụng các kẽ trung thần. Con đoán là ông ấy cũng dạy con gái mình điều tương tự như vậy phải không mệ?

Qua cuộc hôn nhân này, vua Duy Tân đã cho chúng ta thấy rằng ngài có thể đáp lại sự mong đợi của mẹ mình, đồng thời bày tỏ lòng biết ơn đối với người thầy, người đã dạy ông yêu quê hương đất nước này và chọn một người phụ nữ có cùng có niềm tin, lý tưởng như mình và không trở thành một trở ngại cho cuộc đấu tranh chính trị của ngài.

Cũng vì tình yêu Tổ quốc và vì cuộc đấu tranh này mà lãnh tụ dân tộc chủ nghĩa Nguyễn Thái Học và đồng chí Nguyễn Thị Giang đã thề sẽ trở thành vợ chồng trước bàn thờ tổ tiên trước ngày khởi nghĩa ở Yên Bái. Họ hứa sẽ kết hôn sau khi kế hoạch của họ được hoàn thành. Để thể hiện sự quyết tâm và quyết định số phận của mình, Nguyễn Thị Giang đã xin chồng cho phép được sở hữu một khẩu súng. Chính với khẩu súng nầy, cô tự kết  liễu đời  mình  sau khi biết cuộc khởi nghĩa thất bại và chính quyền thực dân kết án tử hình chồng cô và các đồng chí.

Ngày nay, việc kết hôn không còn sớm như xưa, kể cả ở nông thôn. Sự suy giảm này nhầm  bảo vệ người mẹ tránh được  những ảnh hưởng của việc mang thai ở tuổi vị thành niên và hạn chế sinh con. Hôn nhân cũng không còn là kết quả đến  từ  ý muốn cha mẹ hay giao ước  của các gia đình. Ngược lại, nó không còn mang giá trị biểu tượng, ý nghĩa đặc biệt vì cô dâu chú rể thường quen nhau trước hôn nhân trong hầu hết các trường hợp. Nó không còn thể hiện  sự hy sinh mà hay thường đòi hỏi ở  đôi  vợ chồng mới cưới để duy trì việc thờ cúng tổ tiên và dòng dõi. Hôn nhân thể hiện trước hết sự thành công trong tình yêu mà cũng là sự cam kết  gắn bó với nhau  mãi mãi. (duyên nợ). 

 

Plus que la loi éternelle du monde, le mariage apparaît en premier lieu au Vietnam comme une alliance de familles dans le but de perpétuer non seulement la lignée mais aussi les coutumes vietnamiennes, en particulier le culte des ancêtres. De plus, les Vietnamiens imprégnés par l’esprit taoïste considèrent que la jeunesse n’a qu’un temps comme les pousses de bambou. C’est pourquoi, on avait l’habitude de se marier très tôt autrefois au Vietnam.

Analogue au Code des Ming en Chine, le Code des Lê fixait l’âge minimal de mariage pour les filles à 13 ans et pour les garçons à 16 ans. C’est pourquoi dans un proverbe vietnamien, on dit que:

Gái thập tam, nam thập lục
Treize ans pour les filles, seize ans pour les garçons.

pour rappeler l’âge que la société vietnamienne accorde pour le mariage. Celui-ci s’effectue toujours dans le cadre confucéen traditionnel. Il est précédé toujours par des négociations menées par des entremetteurs et suivi par l’échange de données astrologiques si les premiers contacts s’avèrent convaincants.

Cela aboutit d’une manière générale, à des promesses de mariage qui doivent être réalisées sinon il y aura des punitions infligées autrefois par le mandarin local avec sévérité. La fête des fiançailles est aussi l’occasion d’entériner l’engagement définitif du mariage qui se déroulera plus tard  suivant un cérémonial classique comportant l’arrivée de la future épouse en palanquin, sa découverte par le fiancé, une cérémonie rituelle d’offrande devant l’autel des ancêtres, puis devant les parents des époux, la poignée de mains et l’échange des serments mutuels.

Autrefois, les jeunes mariés avaient l’habitude d’échanger mutuellement une pincée de terre contre une pincée de sel. Ils voulaient honorer et pérenniser leur union et leur fidélité en prenant le Ciel et la Terre comme témoins de leur engagement. On trouve aussi la même signification dans l’expression suivante: Gừng cay muối mặn pour rappeler aux jeunes mariés qu’il ne faut jamais se quitter car la vie est amère et profonde avec des hauts et des bas comme le  gingembre piquant et le   sel  gardent leur goût au fil des années. . Il y a une coutume pour la cérémonie de la première nuit de noce. On demande à une femme assez âgée, ayant beaucoup d’enfants et censée d’être bonne et honnête de prendre en charge l’étalement et la superposition d’une paire de nattes sur le lit nuptial: l’une ouverte et l’autre mise à l’envers à l’image de l’union du Yin et du Yang. 

Par contre, on n’emploie pas le même nom pour désigner le mariage d’une princesse ou d’une fille ordinaire. On appelle  « Hạ Giá » lorsqu’il s’agit du mariage de la princesse car le roi donne la main de sa fille à un homme moins puissant que lui, de rang inférieur. (Hạ veut dire « au dessous » et Giá signifie « marier »). Pour les mariages entre les gens normaux, on dit  « Xuất Giá » car Xuất »veut dire en vietnamien « đi ra ngoài (sortir)». Autrefois, les mariés se connaissaient rarement.  

Le mariage était considéré avant tout comme un arrangement entre les parents dans le but d’honorer une dette ou de contracter une alliance. Il reflétait aussi l’état d’esprit confucéen ne favorisant jamais la prédominance de l’individu sur la famille et la société. Le mariage de la princesse Huyền Trân avec le roi du Champa Chế Mẫn (Jaya Simhavarman III ) illustrait bien cet état d’esprit.

Pour des ambitions territoriales, il était difficile pour le roi Trần Anh Tôn d’ignorer la promesse de son père, le roi Trần Nhân Tôn d’accorder la main de sa sœur au roi du Champa bien qu’il fût au courant de l’amour porté par cette dernière à son général Trần Khắc Chung. Un auteur anonyme n’hésita pas à le dénoncer à cette époque à travers son poème de sept pieds à la manière des Tang, intitulés « Vương Tường » en comparant la princesse à Vương Tường (ou Wang Zhaojun en chinois) ( Chiêu Quân Cống Hồ) , une concubine de l’empereur des Han, Han Yuandi ( Hán Nguyên Ðê’)( 48-33 avant J.C.) promise au roi de Xiongnu (shanyu Huhanxie) dans le but de restaurer la paix avec les barbares venant des steppes du Nord de la Chine.

Malgré cela, il y a dans les annales du mariage le cas du général Trần Quốc Tuấn où l’amour triomphait sur la raison et sur la volonté des parents bien qu’il fût connu comme un confucianiste très convaincu. Quand il était encore jeune, il était tombé amoureux de la princesse Thiên Thành, sœur du roi Trần Thái Tôn. Celle-ci ne cachait pas non plus son admiration pour ce jeune général talentueux. Mais il était interdit à ce dernier de concrétiser son intention car son père, An Sinh Vương Trần Liễu, acculé par le premier ministre machiavélique de cette époque, Trần Thủ Ðộ, à céder sa concubine, la princesse des Lý, Thuận Thiên à son frère, le roi Trần Thái Tôn dans le but d’avoir un héritier et de perpétuer la dynastie, s’opposait à cette union. Ayant appris un beau jour que le roi avait accordé la main de sa sœur Thiên Thành au fils de Nhân Ðạo Vương, il fut abasourdi et tellement attristé et ne sut plus quoi faire bien qu’il fût connu à cette époque comme le meilleur stratège dans la lutte contre les Mongols. En le voyant désemparé, l’un de ses serviteurs connu comme le plus rusé de tous, lui suggérait d’aller s’emparer par surprise, de la fiancée, le jour du mariage. Grâce à cette hardiesse extraordinaire, il réussît à concrétiser son amour, à obtenir le pardon auprès du roi et à conquérir l’estime de son entourage, en particulier celui de son père car ce dernier trouvait en lui non seulement un homme de génie mais aussi un fils digne et apte à laver la honte de la famille. Le mariage est parfois la source des soucis pour ceux qui assument une responsabilité ou un rôle politique sur cette terre des légendes.

C’est le cas de l’empereur Duy Tân. Celui-ci, obsédé par la déchéance et l’exil de son père, l’empereur Thành Thái, par les autorités coloniales, nourrit incessamment depuis son intronisation à l’âge de sept ans, l’intention de remettre en cause le traité de Patenôtre et de rétablir la souveraineté et l’indépendance du Vietnam par tous les moyens, y comprise la force. Il ne pensa jamais à se marier tant que le pays était encore occupé. Cela provoqua tant de soucis et de préoccupations pour sa mère, la reine Nguyễn Thị Ðịnh . Celle-ci vit au contraire l’immaturité de son fils et le manque d’autorité auprès de son peuple car Duy Tân n’avait pas encore des descendants. Elle ne tarda pas à présenter à l’empereur la liste des 25 jeunes filles nobles sélectionnées et fournies par les mandarins. Mais devant le désintérêt et l’impassibilité de Duy Tân, elle devint furieuse et ordonna à Duy Tân de chercher une concubine dans les plus brefs délais. Étant très pieux, il savait qu’il ne pouvait plus retarder l’échéance et ignorer l’insistance de sa mère. Il répondit alors avec un ton impassible:

Je refuse jusque-là votre liste car je suis amoureux depuis longtemps d’une fille plus âgée que moi d’un an. Celle-ci, je vais la revoir dans dix jours à la plage Cửa Tùng.
Intriguée, la reine-mère décida de l’accompagner lors de la promenade à la plage Cửa Tùng. Duy Tân passa toute sa journée à fouiller le sable. Le soir, la reine-mère décida de l’apostropher:

Ne te sens-tu pas ridicule de chercher ta chérie dans le sable?

Duy Tân tenta de donner des explications avec modestie:
Je ne suis jamais cinglé. C’est vrai tout ce que je vous dis. Si on n’arrive pas à trouver de l’or dans le sable, on le retrouvera à la capitale Huế.

Dès lors, la reine mère commença à saisir l’allusion que Duy Tân voulut évoquer. Il s’agit bien de la fille de son maître de nom Mai Thị Vàng. (Vàng signifie Or en français).
Intriguée par le choix de son fils, la reine-mère lui demanda de nouveau:
Pour quelle raison tu la choisis?
Duy Tân répondit avec conviction:
Son père Mai Khắc Ðôn m’a appris à lire, à aimer la patrie, à éviter les courtisans et à me servir des fidèles. Je déduis qu’il a appris à sa fille la même chose, n’est ce pas, maman?
Par ce mariage, l’empereur Duy Tân nous a montré qu’il a su être à la hauteur de l’attente de sa mère tout en montrant sa reconnaissance à son maître, l’homme qui lui a appris à aimer cette patrie et en choisissant une femme ayant la même conviction et le même idéal que lui et ne devenant pas une entrave pour son combat politique. 

C’est aussi pour l’amour du Vietnam et pour ce même combat que le leader nationaliste Nguyễn Thái Học et son camarade de parti, Nguyễn Thị Giang s’étaient jurés de devenir mari et femme devant l’autel des ancêtres jusqu’avant leur soulèvement à Yên Bái. Ils promettaient de se marier plus tard, une fois leur dessein réalisé. Pour montrer sa détermination et pour sceller leur destin, Nguyễn Thị Giang demanda à son mari de lui permettre d’avoir un revolver. C’est avec celui-ci qu’elle décida de se suicider après avoir appris l’échec du soulèvement et la condamnation à mort de son mari et de ses compatriotes par les autorités coloniales.

Không thành công thì thành nhân.
On devient un être exemplaire même si on échoue.

De nos jours, le mariage n’est plus précoce comme autrefois, même en milieu rural. Ce recul permet de protéger la mère contre les effets de grossesses juvéniles et de limiter les naissances. Le mariage ne résulte pas non plus de la volonté des parents ou de l’alliance des familles. Par contre, il ne porte plus une valeur symbolique, une signification particulière car les mariés se connaissent souvent dans la plupart des cas avant le mariage. Il ne reflète plus le sacrifice qu’on a demandé souvent aux jeunes mariés pour perpétuer le culte des ancêtres et la lignée.

Il est avant tout la consécration de l’amour
et le gage du bonheur et des malheurs (duyên nợ en vietnamien ) pour l’éternité.

Exil

 

exil

Version anglaise

Version française

Lưu đày đôi khi đối với những người linh hoạt và nhạy cảm  là một nhục hình tàn nhẫn hơn nhiều so với cái chết. Tiểu thuyết gia Staël đã nói không sai như vậy. Lưu đày chỉ là phương sách cuối cùng mà người Việt không còn khả năng sống tự do theo sự hiểu biết  của họ  hoặc khi cảm thấy thất vọng hay  bất lực như ông tướng về hưu mà được  nhà văn tài ba Nguyễn Huy Thiệp miêu tả ở  một đất nước dành lại được  từ thế lực  ngoại bang sau bao nhiêu năm nỗ lực và hy sinh để chìm vào tự thuộc địa hoá mình.

Lưu đày nó không chỉ là sự khởi đầu của một cuộc sống mới mà nó còn là sự khởi đầu của một niềm  hy vọng mới. Đôi khi nó còn là một sự  an toàn nhất để bảo vệ bản thân để  tránh khỏi mọi mối đe dọa và ngờ vực.

Đây là trường hợp của quận công Nguyễn Hoàng. Ông là người chiến thắng chống lại quân nhà Mạc và trở thành sau vài năm mối lo ngại cho người anh rể Trịnh Kiểm vào cuối năm 1554. Để tự mình độc chiếm quyền lực, Trịnh Kiểm  không ngần ngại loại trừ  Nguyễn Uông, em của Nguyễn Hoàng.

Trước ý đồ thâm độc này, Nguyễn Hoàng lo lắng và cùng quẫn nên đã bí mật cử sứ giả đến gặp sĩ phu lừng lẫy thời bấy giờ là Nguyễn Bỉnh Khiêm mà được xem là nhà tiên tri Việt nam của  chúng ta để có được lời khuyên dạy của ông.

Khi đến nơi ẩn cư Bạch Vân am, sứ giả đặt một trăm lượng vàng trước mặt Nguyễn Bỉnh Khiêm và cầu xin ông ta cho lời khuyên bảo. Nhưng ông vẫn tiếp tục thản nhiên.

Chỉ đến cuối cuộc hội kiến,  ông ta mới đứng dậy chống gậy và đi ra vườn. Sau đó, nhìn một cách ngưỡng mộ vào một ngọn núi nhân tạo được thu nhỏ và trang trí  có đến hàng chục viên sỏi chằng chịt  mà trên đó có vài  con kiến ​​đang leo lên, ông ta mới bắt đầu nói:

Hoành sơn nhất đái vạn đại dung thân
Một dãy Hoành Sơn có thể dung thân được ở đó.

Sứ thần báo cáo lại cho Nguyễn Hoàng những điều mà nhà bác học Nguyễn Bỉnh Khiêm đã nói. Có được ý tưởng sáng suốt này, ông ta giả điên và nhờ chị gái là Ngọc Bảo, người mà được Trịnh Kiểm yêu thích,  can thiệp vào để ông  được cử ra làm tổng đốc phủ Thuận Hóa-Quảng Nam, được biết  là  khu vực bệnh hoạn và nguy hiểm nhất mà  cũng  là nơi sinh sống của những kẻ man rợ và các loài động vật hoang dã.

Nhưng cũng chính  ở  tại đây, quân nhà Mạc vẫn tiếp tục chiến đấu. Xảo quyệt, Trịnh Kiểm chấp nhận lời thỉnh cầu này không chút do dự vì ông nắm lấy cơ hội này không chỉ diệt trừ  được Nguyễn Hoàng qua trung gian của quân nhà Mạc mà còn khẳng định được danh chính ngôn thuận  của ông trước những người ủng hộ cha vợ của ông đã qua đời đó  là tướng Nguyễn Kim.

Nhờ xảo kế này, Nguyễn Hoàng đã cứu được gia đình và sau này lập ra triều đại 9 đời chúa Nguyễn ở phương Nam, để cho một người con cháu của ông là Nguyễn Ánh (hay vua Gia Long) bắt đầu cuộc nam tiến và lập ra sau này triều đại nhà Nguyễn.Ngay cả Nguyễn Ánh cũng phải lưu vong mấy năm ở Vọng Các(Thái Lan) trước khi giành lại được ngai vàng. L ưu đày không phải lúc nào cũng là xứ c ực l ạc (Eldorado) như người ta vẫn c òn tin ngày nay ở Việt Nam, mà đôi khi lưu đày đấy là khởi đầu của một cuộc phiêu lưu đầy hiểm nguy và một cơn ác mộng khủng khiếp bất tận. Hơn 200.000 thuyền nhân Việt Nam đã bỏ mạng trong cuộc phiêu lưu này  ở  biển Đông và bởi hải tặc Thái Lan trong những năm đầu tiên khi Sàigòn thất thủ (1975). Có những người khác thì còn sống nhưng tiếp tục bị nhốt làm tù nhân trong các trại ở Thái Lan, Mã Lai hoặc Nam Dương  trong những năm 1990. Lưu đày cũng là sự khởi đầu của một thời kỳ bị biệt xứ  lâu dài, kết thúc sự thăng trầm của quốc gia và một cuộc trải nghiệm sống.

Đây là trường hợp của vua Hàm Nghi. Sau ba năm đấu tranh ở vùng rừng núi Quảng Bình, ông ta bị bắt sống vào ngày 1 tháng 11 năm 1888 sau sự phản bội của một tù trưởng Trương Quang Ngọc.  Dù ông bị bắt, ông ta vẫn tiếp tục gây ra sự  nghi ngờ cho chính quyền thuộc địa vì họ thấy trước mặt họ là một cậu bé 18 tuổi, chiều cao trung bình, dáng đi rất mảnh khảnh và nhất là có học vấn, điều này mâu thuẫn với thực tế rằng Hàm Nghi theo tin đồn, là một nhân vật tầm thường  và thô lỗ được quan nhiếp chính Tôn Thất Thuyết đưa lên ngôi.

Không hề có dấu hiệu yếu đuối và mệt mỏi trên khuôn mặt dù ông đã trải qua 3 năm bị lùng bắt, khổ sở và đói khát ở các  vùng núi này. Ông ta tiếp tục không chỉ thản nhiên mà còn im lặng về danh tính của mình khi ông đối mặt với những cuộc thẩm vấn không ngừng của những người cai ngục.

Một số quan lại được cử đến tại chỗ để xác định xem người trẻ tuổi bị bắt có phải là vua Hàm Nghi hay không nhưng không ai có thể lay chuyển được ông, ngoại trừ  sĩ  phu già  Nguyễn Thuận.

Nhìn thấy vua tiếp tục giả vờ như vậy, ông nầy  rơm rớm nước mắt, bỏ gậy xuống và quỳ trước mặt vua.

Đối mặt  sự xuất hiện đột ngột của sĩ phu  này, nhà vua quên mất vai trò của mình đối với những người cai ngục, lại đỡ  dậy ông nầy và quỳ xuống trước mặt ông ta mà nói: Xin thầy đừng vậy.

Ngay lúc đó, vua nhận ra mình đã sai lầm khi nhận ra điều này vì Nguyễn Thuận là gia sư của ngài khi ngài còn nhỏ. Ngài không bao giờ hối hận về cử chỉ này vì đối với ngài, sự kính trọng thầy của mình được xem là quan trọng hơn trước mọi việc khác.

Nhờ sự công nhận này, chính quyền thực dân đã chắc chắn bắt được vua Hàm Nghi, từ đó  họ mới  bình định được  Việt Nam. Về phần vua Hàm Nghi, ngài  bị trục xuất lúc năm 18 tuổi sang Algerie.  Ngài vĩnh viễn không thấy lại Việt Nam. Thậm chí, thi hài của ngài không được đưa về Việt Nam mà được an táng hiện nay  tại Sarlat (Dordogne, Pháp)

Sự gắn bó của mỗi người Việt với quê hương đất nước sâu đậm đến nỗi không thể ai không nghĩ đến một ngày được trở về Việt Nam và chết ở nơi đó.

Lưu đày chỉ là một giai đoạn nhất thời của cuộc đời nhưng nó không bao giờ là sự kết thúc ở bản thân cả.

Version française

L’exil est quelquefois pour les gens de  caractère vif et sensible un supplice beaucoup plus cruel que la mort. La romancière Staël a raison de le dire ainsi. L’exil n’est que l’ultime recours envisagé par le Vietnamien quand il n’a plus la possibilité de vivre librement à sa connaissance ou il se sent frustré ou impuissant comme le général à la retraite du romancier talentueux Nguyễn Huy Thiệp dans un pays arraché aux pouvoirs étrangers après tant d’années d’efforts et de sacrifices pour choir dans une morne auto-colonisationL’exil est non seulement le commencement d’une nouvelle vie mais c’est aussi le début d’un nouvel espoir. Quelquefois, il est le moyen le plus sûr pour se mettre à l’abri de toute menace et de tout soupçon. C’est le cas du duc Nguyễn Hoàng. Celui-ci, qui en quelques années sortira victorieux de plusieurs batailles éclatantes contre les Mạc, devint un sujet d’inquiétude pour son beau-frère Trịnh Kiểm vers la fin de l’année 1554. Pour accaparer à lui tout seul le pouvoir, ce dernier n’hésita pas à éliminer Nguyễn Uông, le frère de Nguyễn Hoàng.

Face à cette intention malveillante, Nguyễn Hoàng, inquiet et désemparé fut obligé d’envoyer secrètement un émissaire auprès du lettré illustre de ce temps, Nguyễn Bỉnh Khiêm, notre Nostradamus vietnamien pour lui demander ses conseils. Arrivé sur le lieu de sa retraite Bạch Vân am, l’émissaire déposa une centaine de taëls d’or devant ce lettré et le supplia de lui donner des conseils. Mais le lettré continua à rester impassible. Seulement vers la fin de l’entrevue, il se releva avec sa canne et se dirigea vers le jardin. Puis en regardant admirablement une montagne artificielle décorative en miniature constituée d’une douzaine de cailloux enchevêtrés et sur laquelle quelques fourmis continuaient à grimper, il commença à dire:

Hoành sơn nhất đái vạn đại dung thân
Một dãy Hoành Sơn có thể dung thân được ở đó.

On peut trouver le refuge du côté de la Cordillère Annamitique.

L’émissaire rapporta à Nguyễn Hoàng ce qu’avait dit le lettré Nguyễn Bỉnh Khiêm. Saisi par cette idée géniale, il fit semblant d’être atteint par la folie et demanda à sa soeur, Ngọc Bảo, la favorite de Trịnh Kiểm d’intervenir auprès de ce dernier pour qu’il fût envoyé sur le champ comme gouverneur de la province Thuận Hóa- Quảng Nam, connue comme le coin le plus insalubre et dangereux, habité par les barbares et infesté de fauves. Mais c’était aussi ici que les troupes des Mạc continuaient à guerroyer. Machiavélique, Trịnh Kiểm accepta cette requête sans hésitation car il se saisit de cette occasion pour liquider non seulement Nguyễn Hoàng par l’intermédiaire des Mạc mais pour asseoir également sa légitimité face aux partisans de son beau-père décédé, le général Nguyễn Kim. Grâce à ce stratagème, Nguyễn Hoàng arriva à sauver sa famille et fonda plus tard la dynastie de neuf seigneurs Nguyễn au Sud, ce qui permit à l’un de ses descendants de nom Nguyễn Ánh (ou Gia Long) d’entamer la longue marche vers le Sud et de fonder plus tard la dynastie des Nguyễn.

De même, Nguyễn Ánh dut passer plusieurs années en exil à Bangkok (Thaïlande) avant de pouvoir reconquérir le trône. L’exil n’est pas toujours l’Eldorado comme on continue à le croire encore aujourd’hui au Vietnam mais il arrive des fois que l’exil est le début d’une aventure périlleuse et d’un cauchemar effroyable sans fin. Plus de 200.000 de boat-people vietnamiens ont péri dans cette aventure à la merci de la mer de l’Est et des pirates thaïlandais durant les premières années de la chute de Saïgon (1975). D’autres qui arrivèrent à s’en sortir vivants continuèrent à être parqués comme des prisonniers dans des camps en Thaïlande, Malaisie ou Indonésie durant les années 90. L’exil est aussi le début d’un long bannissement, la fin d’un sursaut national et d’une expérience vécue.

C’est le cas du roi Hàm Nghi. Après trois années de lutte dans les régions montagneuses du Quảng Bình, il fut capturé vivant le 1er novembre 1888 à la suite de la trahison d’un chef Mường Trương Quang Ngọc. Malgré sa capture, il continua à alimenter le doute parmi les autorités coloniales car elles trouvèrent en face d’elles un jeune garçon âgé de 18 ans, de taille moyenne, si svelte dans sa démarche et si cultivé surtout, ce qui contredit le fait que selon les rumeurs, Hàm Nghi fut un personnage vulgaire et grossier placé sur le trône par le régent Tôn Thất Thuyết.                                     

Hàm Nghi

Aucun signe de faiblesse et de fatiguehamnghi n’apparut sur son visage malgré ses trois années de traque, de misère et de faim dans ces régions montagneuses. Il continua à rester non seulement impassible mais muet aussi sur son identité devant les interrogatoires incessants de ses geôliers. Plusieurs mandarins furent envoyés sur place pour identifier si le jeune captif en question était bien le roi Hàm Nghi ou non mais aucun n’arriva à émouvoir ce dernier sauf le vieux lettré Nguyễn Thuận. 

En voyant le roi qui continua à faire ce simulacre, celui-ci, les larmes aux yeux, se prosterna devant lui en laissant tomber sa canne. Face à l’apparition subite de ce lettré, le roi oublia le rôle qu’il avait joué contre ses geôliers, releva ce dernier et s’agenouilla devant lui: « Je vous prie, mon maître « . A ce moment, il se rendit compte qu’il commit un erreur en reconnaissant celui-ci car Nguyễn Thuận était son précepteur quand il était encore jeune. Il ne regretta jamais ce geste car pour lui, le respect envers son maître passait avant toute autre considération. Grâce à cette reconnaissance, les autorités coloniales étaient sûres de capturer bien le roi Hàm Nghi, ce qui leur permit de pacifier le Vietnam. Quant au roi Hàm Nghi, il fut déporté à l’âge de 18 ans en Algérie. Il ne revit plus le Vietnam pour toujours. Même son corps ne fut pas ramené au Vietnam mais il fut enterré à Sarlat (Dordogne, France). 

L’attachement de tout Vietnamien à sa terre natale est si profond qu’il est impossible pour lui  de ne pas penser  à retourner un jour au Vietnam et à y mourir.

L’exil n’est qu’une période transitoire de sa vie

mais il ne constitue jamais une fin en soi.

 

Le vieux quartier de Hànội (Phố Cổ Hànội)

 

English version

Version vietnamienne

Le « vieux quartier de Hanoï »  confère au fil du temps une impression d’enchantement romantique et charmant malgré la vétusté de ses maisons tubulaires (nhà ống) et de son vieux quartier de 36 rues et corporations. Ce dernier qui s’étend sur une surface de 82 ha, fut établi à cette époque selon les critères mentionnés par la géomancie, une discipline asiatique permettant de trouver les conditions idéales dans la recherche de l’équilibre et l’harmonie entre l’eau et la terre et surtout entre le souffle bienfaisant (Dragon Bleu) et le souffle malfaisant (Tigre Blanc). Chaque rue a sa spécialité: rue de la soie aux écharpes multicolores, rue des médicaments au parfum d’herbes aromatiques etc., c’est ce qu’a raconté Roland Dorgelès dans son livre  » Sur la Route mandarine« . Dans son livre intitulé « Une description du royaume de Tonkin », le commerçant anglais Samuel Baron en a parlé avec ses illustrations et ses descriptions intéressantes. 
Malgré sa taille insignifiante par rapport à celle du Vietnam, le vieux quartier de Hanoï témoigne incontestablement de la culture commerciale et urbaine des Vietnamiens au fil de plusieurs siècles. C’est un modèle dont on a besoin pour connaître d’une manière approfondie la structure traditionnelle de la « ville » dans le monde rural des Vietnamiens.

Phố Cổ Hànội

Galerie des photos

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Vieux  quartier de Hanoï

Le vieux quartier de Hanoï a mille ans d’histoire même si ce dernier  est chaotique. Hanoï  a été prévue par le roi Lý Thái Tổ pour dix mille générations à venir lors du transfert de la capitale. Hanoï reste non seulement la capitale éternelle des Vietnamiens mais aussi la seule ville de l’Asie du Sud-Est ayant  réussi à garder sa cité marchande au fil des siècles.

Au fil de la nuit

Thu Quyến Rũ (La séduction de l’automne) de Đoàn Chuẫn-Từ Linh. 

Saxophoniste Quyền Văn Minh.

Ce morceau est extrait de l’album  » Hànội mùa thu và em » (Hànội, l’automne et mon amour).

Version vietnamienne

Trãi qua nhiều thế kỷ, dù  rất cũ kỹ với các căn nhà ống và khu 36 phố phường, phố cổ Hànội vẫn lưu lại đươc  cho những  ai có dịp đến tham quan một cái cảm giác lãng mạn và thú vị không sao diễn tả được. Tuy có một diên tích quá nhỏ hẹp 82 ha, phố cổ buôn bán Hànội đựợc xây cất ở thời kì phong kiến dựa trên các tiêu chí đựơc giãi bày theo khái niệm Phong Thủy để có được những điều kiện thuận lợi trong việc tìm kiếm sự thăng bằng và hoà điệu giữa nước và đất,  nhất là giữa dương và âm khí. Đặc trưng của mỗi con đường ở phố cổ là nó có nghề nghiệp riêng biệt: Hàng Đào với các khăn quang cổ bằng tơ lụa đủ màu, Hàng Thuốc Bắc với mùi hương của các loại thảo mộc vân vân… đó là những lời đựọc ghi kể lại của nhà văn hào Pháp Roland Dorgelès trong quyển sách truyện  » Sur la Route mandarine« . Trong quyển được mang tên là  » Une description du royaume de Tonkin ( Miêu tả  về vương quốc Bắc Kỳ ) », ông Samuel Baron, một thương gia người Anh có nhắc đến phố cổ qua một số tài liệu hình ảnh và những mô tả thú vị. Tuy rằng nhỏ hẹp so với diện tích của Việtnam, khu phố cổ Hànội nó là một minh chứng tiêu biểu của  nền văn hóa thương mại và đô thị của người Việt qua nhiều thế kỷ. Đây là một kiểu mẫu mà cần thiết phải biết tường tận để hiểu được cái cấu trúc truyền thống của đô thị trong thế giới làng mạc của người Việt.

Phố cổ Hànội đã có nghìn năm lịch sữ dù nó trãi qua bao nhiêu biến cố thăng trầm. Với chiếu dời đô, Lý Thái Tổ trù liệu Hànội sẻ là kinh đô của muôn đời sau. Hànội không những là thủ đô đời đời của người Việt mà  nó còn là  một thành phố duy nhất ở Đông Nam Á còn giữ được một khu phố buôn bán qua nhiều thế kỷ.