Royaume du Founan (Vương quốc Phù Nam)

founan

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Jusqu’à l’aube du XXème siècle, on fut renseigné seulement  sur cet ancien royaume hindouisé  dans quelques écrits chinois. Il fut mentionné d’abord à l’époque des Trois Royaumes Combattants (220-265) dans un texte chinois lors de l’établissement des relations diplomatiques des Wu (Đông Ngô en vietnamien ) avec les pays étrangers. Dans ce rapport, on nota que le gouverneur du Guandong et du Tonkin, Lu-Tai envoya des représentants (congshi) au sud de son royaume. Les rois au-delà des frontières de son royaume (Founan, LinYi (futur Champa) et Tang Ming (pays identifié au nord du Tchenla à l’époque des Tang)) envoyèrent chacun un ambassadeur pour lui payer un tribut. Puis Founan était cité aussi dans les annales dynastiques des Tsin (nhà Tấn) jusqu’aux Tang (Nhà Đường).

De même, le nom du Founan est la transcription phonétique de l’ancien mot khmer bhnam (montagne) en caractères chinois. Cela suscite quand même des réserves et des réticences dans l’interprétation du mot « Founan » par « montagne » pour certains spécialistes. Ceux-ci trouvent mieux la justification du mot Founan dans le sens de « tertre » car jusqu’à une époque récente, dans les études ethnographiques [Martin 1991 ; Porée-Maspero 1962-69] les Khmers avaient l’habitude de pratiquer des cérémonies autour des tertres artificiels. Les Chinois frappés par cette coutume qu’ils ne connaissaient pas ont fait allusion à ce mode de pratique pour désigner ce royaume. C’est grâce aux fouilles archéologiques entamées par Louis Malleret en 1944 à Oc eo dans la province An Giang du sud du Vietnam actuel, que l’existence et la prospérité de ce royaume indianisé» ne furent plus mises en doute. Les résultats de ces fouilles étaient apparus dans sa thèse de doctorat, puis publiés dans un ouvrage intitulé « Archéologie du delta du Mékong » et composé de 6 tomes.

Cela permet de corroborer les données chinoises et de les rendre un peu plus précises dans le confinement et la localisation de ce royaume. En raison de l’abondance des trouvailles archéologiques en étain, l’archéologue français Louis Malleret n’hésitait pas à emprunter le nom Óc Eo pour désigner cette civilisation de l’étain. On commence à avoir désormais une vive lumière sur ce royaume ainsi que sur ses relations extérieures lors de la reprise des campagnes de fouilles menées tant par des équipes vietnamiennes( Đào Linh Côn, Võ Sĩ Khải, Lê Xuân Diêm ) que par l’équipe franco-vietnamienne dirigée par Pierre-Yves Manguin entre 1998 et 2002 dans les provinces An Giang, Đồng Tháp et Long An où se trouve un grand nombre de sites de culture Óc Eo. On sait que Óc Eo était un grand port de ce royaume et une plaque tournante dans les échanges commerciaux entre la péninsule malaisienne et l’Inde d’une part et entre le Mékong et la Chine d’autre part. Comme les bateaux de la région ne pouvaient pas couvrir de longues distances et devaient suivre la côte, Óc Eo devint ainsi un passage obligatoire et une étape stratégique durant les 7 siècles de floraison et de prospérité du royaume du Founan. Celui-ci occupait un quadrilatère compris entre le golfe de Thailande et le Transbassac (plaines occidentales du delta du Mékong ou miền tây en vietnamien) dans le sud du Vietnam. Il était délimité au nord-ouest par la frontière cambodgienne et au sud-est par les villes de Trà Vinh et de Sóc Trăng. Des photos aériennes prises par les Français dans les années 1920 révélaient que Founan était un empire maritime (ou une thalassocratie).

Ceinturées par des lignes successives de remparts de terre et de fossés remplis jadis par des crocodiles, d’immenses cités états étaient divisées en quartiers par la ramification des canaux et des artères, nous disaient les auteurs chinois. On peut imaginer les maisons et les magasins sur pilotis bordés de navires comme à Venise ou dans les villes hanséatiques. On découvre dans cet étonnant réseau constitué par les étoiles de canaux rectilignes disposées selon la trame nord-est/sud-ouest (du Bassac vers la mer) et communiquant toutes les unes avec les autres, le rôle important d’évacuation des crues de Bassac vers la mer, ce qui permet de laver les sols alunés, refouler les avancées des eaux saumâtres lors des crues du Bassac, favoriser la culture du riz flottant et assurer surtout le ravitaillement par l’acheminent, à l’intérieur du royaume, des cargaisons de cabotage venant de Chine, de Malaisie, de l’Inde et même du pourtour méditerranéen. La découverte des monnaies d’or à l’effigie d’Antonin le Pieux, datant de 152 ap. J.C. ou de Marc Aurèle  et des bas-reliefs des rois perses témoigne du rôle important de ce royaume dans les échanges commerciaux au début de l’ère chrétienne. Il y a même un grand canal permettant de relier sa ville portuaire Óc Eo d’une part à la mer et d’autre part au Mékong et à la ville ancienne d’Angkor Borei située à 90 km en amont dans le territoire cambodgien. Celle-ci serait vraisemblablement la capitale du Founan à son déclin.

Pour l’archéologue français Georges Cœdès, il ne fait aucun doute que l’emplacement d’Angkor Borei correspond exactement à celui de Na-fou-na, décrit dans les textes chinois comme la ville où se retirèrent les rois fouanais après leur éviction de l’ancienne capitale du Founan, Tö-mu, identifiée comme la ville Vyàdhapura et localisée dans la région de Bà Phnom du territoire cambodgien par Georges Coedès [BEFEO, XXVIII, p.127]. La richesse de ce site archéologique et la variété des vestiges archéologiques qui en proviennent corroborent son affirmation.

Grâce à des objets mis au jour lors de toutes les campagnes de fouilles sur le complexe de sites de Óc Eo, on peut dire que ce royaume connut trois périodes importantes durant son existence :
La première période qui s’étend du Ier au IIIème siècle environ se distingue par des terres cuites (poteries en céramique, briques, tuiles), la verrerie (perles et colliers), l’orfèvrerie en or (bagues, boucles d’oreilles), des pierres gravées (sceaux, bagues à chaton, cabochons), d’objets en cuivre, fer, bronze et surtout en étain. 

On assiste à la première occupation humaine sur des tertres dans la plaine de Óc Eo et sur les basses pentes du mont Ba Thê. L’habitat est sur pilotis et en bois. La sépulture en jarre, fréquente dans l’Asie du Sud est pratiquée encore. Le processus de l’indianisation n’est pas encore entamé par l’absence de statuaires et de reliques religieuses. Mais il y a quand même un contact régulier entre ce royaume et l’Inde.

L’échange commercial est renforcé par des alliances locales et l’arrivée des maîtres indiens. Ceux-ci, retenus plus longtemps pour leurs séjours dans ce royaume à cause de la saison des moussons, continuaient à pratiquer leurs religions (brahmanisme, bouddhisme). Ils commençaient à faire des émules parmi les indigènes et à aider ces derniers dans la mise en place d’un réseau hydraulique permettant de drainer la plaine jusqu’alors hostile et inondée et de la rendre « utile » pour l’habitat, la culture et l’aménagement de leur royaume. Les Indiens étaient connus pour réaliser à bon escient les travaux d’hydraulique agricole et de mise en culture. C’est ce qu’on a vu dans le pays tamoul sous les Pallava par exemple.

La culture du riz flottant est attestée par les traces d’utilisation de cette graminacée comme agent dégraissant pour les poteries. Pour le chercheur du CNRS J.Népote, spécialiste de la péninsule indochinoise, le royaume du Founan tirait l’essentiel de ses ressources agraires dans la technique du riz flottant.

Il n’était pas nécessaire de cultiver la terre ni de l’ensemencer et encore moins de repiquer les plants de riz à cette époque du fait que la frange côtière du Founan était une zone de polders inondable. Le riz poussait tout seul en même temps que le niveau de l’eau, celui-ci pouvant atteindre trois mètres de hauteur. Le riz était ensuite récolté par les barques. Pour la culture du riz flottant, la seule contrainte exigée était la diffusion et la régulation des inondations par le creusement des canaux afin de pouvoir mieux gérer l’eau d’irrigation et faciliter les moyens de communication.

Art du Fou-nan VIème siècle après J.C. 

Terre cuite, polychromie moderne

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La deuxième période de l’histoire du Founan (IVème –VIIème siècles) est marquée par la découverte d’un grand nombre de monuments religieux vishnouites et bouddhiques sur les tertres de la plaine Oc Eo et sur les flancs du mont Ba Thê. Les figures emblématiques du panthéon indien (Shiva, Vishnu, Brahma, Nanin, Ganesha et Bouddha) ont été mises au jour. C’est aussi la période où l’habitat en bois sur pilotis se déplace des tertres vers la plaine inondable et vers les basses pentes du mont Ba Thê.

L’indianisation du royaume était en marche lorsqu’on vit vers 357, un Indien de nom chinois Tchou Tchan-t’an, peut être d’origine scythe et de souche même de Kanishka, régner au royaume du Founan [ Le Founan : Paul Pelliot, p 269], ce qui pourrait expliquer le succès du culte de Surya et de son iconographie dans l’art fouannais. Un autre brahmane de nom chinois (Kiao-Tchen-Jou) (ou Kaundinga-Jayavarma) lui succédera et régnera sur le Founan entre 478 et 514. C’est la période assez connue grâce à des inscriptions locales en sanskrit.

Même le mythe de la fondation du royaume vient des Indes: Un brahmane du nom de Kaundinya guidé par un songe procure un arc magique dans un temple et navigue vers ces rives où il réussit de battre la fille de nom Soma du souverain indigène présenté comme le roi naga (un serpent fabuleux) puis il l’épouse pour gouverner ce pays. On peut dire que durant cette période, le royaume du Founan connut son apogée et entretint des relations suivies avec la Chine.

L’ampleur de son commerce fut incontestable par la découverte d’un grand nombre d’objets autres qu’indiens trouvés sur les rives du Founan: fragments de miroirs en bronze datant de l’époque des Han antérieurs, statuettes bouddhiques en bronze attribuées aux Wei, un groupe d’objets purement romains, des statuettes de style hellénistique en particulier une représentation en bronze de Poséidon. Ces objets étaient échangés probablement contre des marchandises car les Founanais ne connaissaient que le troc. Pour l’achat des produits de valeur, ils se servaient des lingots d’or et d’argent, des perles et des parfums. Ils étaient connus comme d’excellents bijoutiers. L’or était finement travaillé avec de nombreux symboles brahmaniques. Les bijoux (boucles d’oreilles en or au fermoir délicat, admirables filigranes d’or, perles de verre, intailles etc… ) exposés dans les musées de Đồng Tháp, Long An et An Giang témoignent non seulement de leur savoir-faire et de leur talent mais aussi de l’admiration des Chinois dans leurs récits durant leur contact avec les Founanais.

La dernière période correspond à la décadence et à la fin du royaume du Founan. Un important changement a été signalé durant la période tcheng-kouan (627-649) au royaume du Founan dans les annales chinoises. Le royaume de Tchen-la (Chân Lạp)( futur Cambodge) situé au sud-ouest du Lin Yi ( futur Champa) et pays vassal de Founan s’empara de ce dernier et le soumit. Ce fait a été rapporté non seulement dans la nouvelle histoire des Tang (618-907) de l’historien chinois Ouyang Xiu mais aussi sur une inscription inédite de Sambor-Prei Kuk dans laquelle on félicita le roi du Tchen La Içanavarman d’avoir grandi le territoire de ses parents. On assiste alors à l’abandon des sites d’habitat et religieux de la plaine Óc Eo car le centre de gravité de la nouvelle formation politique venant du Nord s’éloigne de la côte pour s’approcher progressivement du site de la future capitale de l’empire khmer, Angkor. Pour le chercheur J. Népote, les Khmers venus du Nord par le Laos apparaissent comme des bandes germaniques vis-à-vis de l’empire romain, tentent de constituer à l’intérieur des terres un royaume unitaire connu sous le nom de Chen La. Ils ne trouvent aucun intérêt de garder la technique de la culture du riz flottant car ils vivent loin de la côte. Ils tentent de combiner leur propre maîtrise des retenues d’eau avec les apports de science hydraulique indienne (les barays) pour mettre au point à travers de multiples tâtonnements une irrigation mieux adaptée à l’écologie de l’arrière- pays et aux variétés locales du riz irrigué. 

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Collier en perles de verre de la culture Óc Eo.

Malgré les découvertes récentes confirmant l’existence de ce royaume, de nombreuses questions sont restées sans réponse. On ne sait pas qui étaient les populations autochtones peuplant ce royaume. On est sûr d’une seule chose: ils n’étaient pas des Vietnamiens arrivés seulement dans le delta du Mékong au XVIIème siècle. Étaient-ils des ancêtres des Khmers ? Certains ont eu cette conviction à l’époque où Louis Malleret entama des fouilles dans les années 40 car la toponymie de la région était totalement khmère. Au temps de Founan, on ne savait pas encore très bien qui ils sont. Par contre grâce à l’étude des vestiges osseux des Cent-Rues (dans la presqu’île de Cà Mau), on a affaire à une population très proche des Indonésiens (ou Austro-asiatiques) (Nam Á).

 

Un apport môn-khmer dans le nord de ce royaume peut être envisageable pour donner à Founan la juxtaposition et la fusion de deux strates qui ne sont guère éloignées l’une de l’autre avant de devenir la race founanaise. Dans cette hypothèse fréquemment admise, les Founanais étaient les proto-Khmers ou les cousins des Khmers. L’absorption d’une cité de la péninsule Malaise (connue sous le nom Dunsun dans les sources chinoises qui rapportent ce fait) au IIIème siècle par Founan dans une zone où l’influence môn-khmère est indéniable, est l’un des éléments déterminants en faveur de cette hypothèse.

Dans quelles conditions Óc Eo a-t-elle disparue ? Pourtant Óc Eo joua un rôle économique important dans les échanges commerciaux durant les sept premiers siècles de l’ère chrétienne. Les archéologues continuent à rechercher les causes de la disparition de cette ville portuaire: inondation, incendie, déluge, épidémie etc.

Galerie des photos de la civilisation Óc Eo

 

 

Le royaume du Founan est–il un état unifié avec un pouvoir central fort ou est-il une fédération de centres de pouvoir politique urbanisés et suffisamment autonomes sur la péninsule indochinoise comme sur la péninsule malaise pour qu’on les qualifie de cités-états ?

P.Y.Manguin a déjà soulevé cette question lors d’un colloque organisé par le Copenhagen Polis centre sur les cités-états de l’Asie du Sud-Est côtière en décembre 1998. Où est sa capitale si le pouvoir central est fortement souligné maintes fois par les Chinois dans leurs textes? Angkor Borei, Bà Phnom sont –elles vraiment les anciennes capitales de ce royaume comme cela a été identifié par Georges Cœdès?

Pour le moment, ce qui a été trouvé n’apporte pas des réponses mais cela fait redoubler seulement l’envie et le désir des archéologues de les trouver dans les années à venir car ils ont le sentiment d’avoir affaire à une brillante civilisation du delta du Mékong.


Références bibliographiques

Georges Coedès: Quelques précisions sur la fin du Founan, BEFEO Tome 43, 1943, pp1-8
Bernard Philippe Groslier: Indochine, Editions Albin Michel, Paris 
Lê Xuân Diêm, Ðào Linh Côn,Võ Sĩ Khai: Văn Hoá Oc eo , những khám phá mới (La culture de Óc Eo: Quelques découvertes récentes) , Hànôi: Viện Khoa Học Xã Hội, Hô Chí Minh Ville,1995 
Manguin,P.Y: Les Cités-Etats de l’Asie du Sud-Est Côtière. De l’ancienneté et la permanence des formes urbaines. 
Nepote J., Guillaume X.: Vietnam, Guides Olizane 
Pierre Rossion: le delta du Mékong, berceau de l’art khmer, Archeologia, 2005, no422, pp. 56-65.

La barque (Con thuyền)

 

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Comme le Vietnam est un pays d’eau, il n’est pas étonnant d’y voir la prolifération et la grande variété d’embarcations employées par les Vietnamiens dans leur transport par eau: de la plus légère et la plus petite jusqu’à la plus grande trouvée jusque-là seulement dans les pays avoisinants comme la Chine ou l’Indonésie. On trouve dans la construction de ces embarcations vietnamiennes une influence étrangère notable, chinoise dans le Nord et indonésienne ou indienne voire occidentale dans le Sud du Vietnam. Cette influence est plus perceptible dans le Centre du Vietnam ayant été occupé jusqu’au XIIIème siècle par les Vikings de l’Asie, les Chams dont la civilisation a été disparue dans les tourbillons de l’histoire par la marche séculaire des Vietnamiens vers le Sud. Malgré cela, les Vietnamiens faisant preuve d’un sens aigu de l’observation et d’une expérience vécue à cause du va-et-vient incessant des typhons sur la côte vietnamienne, savent combiner harmonieusement les données de ces différentes techniques étrangères pour réaliser des embarcations souvent plus maniables que les modèles chinois, malais ou indiens, ce qu’a remarqué P. Paris dans son ouvrage intitulé Recherche de parenté à quatre embarcations d’Indochine, BIIEH, 1946.

À cause de la dureté de la nature et de la lutte quasi permanente contre leurs voisins chinois, les Vietnamiens ont axé leurs efforts dans la conquête des plaines à riz. Enfermés dans l’isolationnisme adopté par l’Extrême-Orient et confortés par la présence quasi permanente des bateaux étrangers dans leurs ports (Faifo, Tourane, Saigon etc.), les Vietnamiens ne voient aucun intérêt de privilégier le transport maritime bien qu’ils soient considérés comme les plus habiles marins de l’Extrême-Orient. Les Chinois ont reconnu leur supériorité sur l’eau. Un haut mandarin chinois, Bao Chi, l’a notifiée dans son rapport confidentiel soumis à l’empereur des Song. La plupart des victoires des Vietnamiens contre les voisins chinois ont eu lieu sur les eaux.

Les Vietnamiens ont l’habitude de se servir des embarcations comme un moyen de transport des vivres ou des troupes, ce qu’a révélé l’abbé Prévost dans son  » Histoire des Voyages  » de 1751 en s’appuyant sur la description de Samuel Baron publiée en 1732. La marine vietnamienne connut seulement son apogée à la première moitié du XIXème siècle. C’était la période où l’empereur Gia Long secondé par ses lieutenants français Jean-Baptiste Chaigneau (Nguyễn Văn Thắng), Philippe Vannier ( Nguyễn Văn Chấn ) etc. réussît à défaire l’armée de Tây Sơn à Qui Nhơn par sa marine royale constituée d’une centaine de grandes galères de 50 à 70 rames avec canons et pierriers et de trois vaisseaux à l’européenne ( le Phénix ( tàu Phụng ), l’Aigle et le Dragon-Volant ( tàu Long) ). Ces derniers étaient construits avec tant d’adresse et ne restaient pas plus de trois mois sur le chantier, ce que nota le père Lelabousse dans son rapport daté à Nha Trang, le 24 Avril 1800.

Pour demander son investiture auprès de l’empereur chinois, Gia Long envoya en 1802 le grand poète Trịnh Hoài Ðứ’c (1), le premier délégué vietnamien à prendre la mer pour se rendre à Pékin. Malheureusement, cette apogée ne fut que de courte durée car ses successeurs, entourés par des mandarins confucianistes et empêtrés dans l’obscurantisme, continuaient à adopter une politique d’isolationnisme exacerbé en dépit du mémorandum du lettré moderniste Nguyễn Trường Tộ, ce qui permit à la marine française de réussir à jeter l’ancre quelques décennies plus tard dans les eaux vietnamiennes après avoir coulé dans le port de Tourane (Ðà Nẵng) les cinq premières jonques blindées de la flotte vietnamienne le 15 Avril 1847.

Bien que les Vietnamiens négligent le transport maritime, paradoxalement ils ne lésinent pas les moyens de fabriquer une grande variété d’embarcations pour faciliter leur déplacement quotidien car le Viêt-Nam possède, outre la deuxième mangrove du monde (la forêt U-Minh 1000 km2) après celle du Brésil dans la péninsule de Cà Mau, des milliers de petits cours d’eau, affluents et défluents, des arroyos et des fleuves (Fleuve Rouge, Fleuve du Mékong ).

De plus, le réseau routier vietnamien est quasi inexistant. Les embarcations vietnamiennes sont divisées en deux catégories: celles fabriquées avec des lamelles en bambou enduites de laque (thuyền nan) et celles taillées avec des troncs d’arbres ou faites avec des plaques en bois ( thuyền gỗ ). En ce qui concerne la première catégorie, si l’embarcation est de petite taille, on la désigne souvent en vietnamien (thuyền câu). C’est une petite barque où une seule personne peut être logée. Si l’embarcation légère est de taille ronde, elle est appelée « thuyền thúng » et utilisée fréquemment par les pêcheurs du Centre du Vietnam.

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Ce panier rond étanche exista au Xème  siècle. Dương Vân Nga, une fille de Hoa Lư, fut connue à cette époque pour exceller dans l’art de ramer avec ce panier flottant. Mais le jour de compétition, Ðinh Bộ Lĩnh, le leader d’une bande rivale de garçons, réussit à immobiliser son panier flottant en le perforant au moyen d’une perche.

Cette victoire lui permit de conquérir non seulement l’admiration mais aussi l’amour de Dương Vân Nga. Ce panier flottant permit le transport rapide des troupes à travers les marécages et les cours d’eau et assura au couple Dương Vân Nga et Ðinh Bộ Lĩnh la victoire sur les Chinois quelques années plus tard. Quant à la deuxième catégorie, la constitution de base est faite avec du bois. Il y a une multitude d’embarcations différentes mais la plus connue et la plus utilisée par les Vietnamiens est le sampan ou le bateau à trois planches (Thuyền tam bản). C’est celle qui est employée pour traverser les cours d’eau ou les rivières. La plupart des gens qui font avancer les sampans sont des jeunes filles. C’est pourquoi il y a maintes histoires d’amour nées de ces embarcations.

On continue à les raconter, en particulier l’histoire de l’empereur Thành Thái avec la rameuse. Si le Vietnamien avait l’habitude de prendre la traversée d’un cours d’eau dans sa jeunesse, cela pourrait lui provoquer probablement des regrets, des souvenirs et des émotions intenses lorsqu’il avait l’occasion de revenir sur le bord du fleuve pour prendre le bac. Il se sent plus ou moins désemparé lorsqu’il apprend que la rameuse, la jeune fille dont il continue à s’attendrir sur le sort et dont il n’est pas loin de tomber amoureux n’est plus là. Probablement, elle devient maintenant la mère d’une famille ou elle a rejoint un autre monde mais elle n’est plus là pour l’accueillir avec son sourire charmant et ingénu. Il ne tarde pas à rappeler qu’il n’a plus l’occasion d’entendre son refrain, de voir les pans de sa tunique élimée que le vent du fleuve fait voler durant la traversée. C’est dans ce contexte inhabituel qu’il ressent une affliction indescriptible. Il regrette de manquer tant d’occasions de retrouver son débarcadère, son fleuve, sa terre natale et de laisser trop longtemps dans l’oubli le charme éternel du sampan, celui du Vietnam d’autrefois.

La fille du fleuve (1987) ( Cô gái trên sông ).

Le réalisateur Ðặng Nhật Minh, le plus connu actuellement au Vietnam, n’hésite pas à montrer le cas inverse, l’amour discret de la jeune batelière vivant sur la Rivière des Parfums, au public étranger et vietnamien à travers son film. C’est l’histoire de son héroïne Nguyệt qui, au péril de sa vie, n’hésite pas à sauver un jeune homme blessé et connu pour ses activités subversives par la police sud-vietnamienne durant la guerre. Elle essaie de le cacher dans son sampan. Une fois la paix revenue, ce jeune homme devient un cadre communiste important. La jeune fille tente de le retrouver car elle continue à garder en elle des sentiments profonds pour cet homme. Malheureusement, elle se sent affligée et trahie car cet homme feint de l’ignorer et n’aime pas à remémorer les périodes troublantes de sa vie … Elle essaie de refaire sa vie avec son ancien amant Sơn qu’elle a rejeté quelques années auparavant et qui a eu l’occasion de passer quelques années au camp de rééducation pour avoir le tort d’être enrôlé dans l’armée sud-vietnamienne. 

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Malgré le peu de choses dans leur constitution, les embarcations, en particulier, les sampans (đò ngang) continuent à envoûter les Vietnamiens. Ceux-ci n’hésitent à les intégrer non seulement dans leur vie quotidienne mais aussi dans les chansons et les poèmes. Les chansons « Con Thuyền Không Bến » Le sampan sans débarcadère) du compositeur Ðặng Thế Phong et Ðò Chiều (Le sampan du Soir) de Trúc Phương datant de plusieurs décennies et de plusieurs générations continuent à être appréciées et montrent à tel point l’attachement profond de tous les Vietnamiens à leurs embarcations rudimentaires.

Quant aux poèmes les décrivant, il n’y a que le Vietnamien ayant l’occasion de prendre le bac qui arrive à apprécier la finesse et la beauté trouvées dans les vers car il redécouvre peut-être à travers ces poèmes un tronçon de sa vie si mouvementé et si enfoui intimement dans sa mémoire avec plus d’émotions et de tristesse que de joie et de bonheur. En lisant les vers suivants,

Trăm năm đã lỗi hẹn hò
Cây đa bến cũ con đò khác đưa
Notre rendez-vous n’a pas eu lieu depuis longtemps
Le banian et le débarcadère sont toujours les mêmes excepté le sampan qui change de propriétaire.

le lecteur pourrait se rendre compte qu’il est rattrapé aussi comme tant d’autres Vietnamiens par des souvenirs qu’il pense à gommer au fil des années dans sa mémoire. Il ne peut pas continuer à s’attrister comme cela pourrait se faire quand on était jeune et amoureux à travers les deux vers suivants:
Tương tư thuyền nhớ’ sông dài
Tương tư là có hai người nhớ’ nhau

Languir d’amour c’est se souvenir du sampan et de l’immensité du fleuve
Languir d’amour c’est continuer à se rappeler pour toujours.

Mais il devrait avoir le courage de l’oublier quand le sampan n’est plus là comme cela a été dit dans les quatre vers suivants:

Vô duyên đã lỗi hẹn hò
Mong làm chi nữa con đò sang sông
Thôi đành chẳng gặp là xong
Nhớ thương bền chặt bền lòng ra đi

On n’a pas la chance d’être au rendez-vous
On n’espère plus lorsque le sampan est déjà parti
Cela ne mérite plus la peine de se revoir
Mais il vaut mieux décider de partir définitivement lorsqu’on s’aime intensément

Que devient-elle en ce moment? Est-elle morte ou heureuse? Mérite-elle la vie qu’elle mène? Est-elle comme la jeune passeuse, sœur Thắm qui a sauvé maintes personnes de la noyade et qui a péri de noyade sans que personne ne la secourre dans le récit « Chảy đi sông ơi (Coule, ma rivière, 1988)  » de l’écrivain talentueux Nguyễn Huy Thiệp? Est-elle comme la jeune batelière Duyên continuant à fredonner pour son enfant une berceuse:

Nước chảy đôi giòng …
…Con sông Thương …nước chảy đôi giòng …

On peut remonter ou descendre le courant …
du fleuve Amour ..on peut remonter ou descendre le courant ..

et ne se posant jamais des questions sur la vie qu’on lui a tracée tout comme le fleuve qui suit son cour à la mer dans la nouvelle « Nước chảy đôi giòng ( À contre-courant, 1932 ) de Nhất Linh?. Ce sont les questions que le lecteur accablé par les souvenirs continue à se poser intimement. C’est aussi la profonde tristesse, la douleur poignante de celui qui n’a plus l’occasion de retrouver la fraîcheur de sa jeunesse à travers le sampan et son débarcadère qu’il était habitué à prendre à une époque lointaine. Il avait pensé qu’avec le temps cela pourrait effacer tous les souvenirs comme l’eau de la rivière évoquée dans la chanson d’une étrange tristesse que la sœur Thắm a l’habitude de chanter sur la rive dans le récit « Chảy đi sông ơi (Coule, ma rivière, 1988)  » de Nguyễn Huy Thiệp:

Chảy đi sông ơi
Băn khoăn làm gì ?
Rồi sông đãi hết
Anh hùng còn chi ? …

Coule ma rivière
Pourquoi se tourmenter?
L’eau efface tout
Jusqu’au souvenir des héros.

Chuyện Tình Buồn ( L’histoire d’un triste amour ) de Phạm Duy avec le chanteur Sĩ Phú


(1) Auteur de deux ouvrages Bắc sứ Thi Tập ( Recueil de poèmes écrits au cours d’une mission d’ambassade en Chine ) et Cấn Trai Thi Tập ( Recueil de poèmes de Cấn Trai ).

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Langue (Ngữ)


mecon

Ngữ

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À cause de l’influence chinoise durant 1000 ans, la langue vietnamienne s’est appropriée un grand nombre de mots chinois. Le vietnamien est une langue monosyllabique tonale. Un syllabe peut se prononcer sur six tons distincts et constitue pour chacun un sens différent. Cela crée une difficulté énorme pour un débutant. De plus, à l’écrit, ces tons sont indiqués par des accents diacritiques, ce qui confère au vietnamien une grande musicalité. L’exemple de la syllabe suivant ma apporte une signification différente selon son accentuation. (ma: fantôme, má: maman, mã: cheval, mạ: semis, mà : où etc.). Si la même langue est parlée partout, il y a quand même une différence d’accent énorme entre le Nord, le Centre et le Sud.

Jusqu’en 1648, la langue vietnamienne écrite fut dominée par l’utilisation massive des caractères chinois (ou chữ nho). Le vietnamien fut phonétiquement romanisé par le jésuite français Alexandre de Rhodes qui publia, en 1651, le premier et célèbre Dictionnaire vietnamien, portugais et latin en quốc ngữ. Cette transcription alphabétique fut employée d’abord par l’Eglise catholique et devint obligatoire seulement en 1906 dans l’enseignement secondaire. En 1919, elle devint l’écriture nationale. C’est le seul pays du Sud-est asiatique qui possède une écriture romanisée malgré une influence chinoise omniprésente.

English version

Because the Chinese influence for 1000 years, the Vietnamese language has adopted a large number of Chinese words. Vietnamese is a monosyllabic tonal language. A syllable can be pronounced in six distinct tones, each of which has a different meaning. This creates a huge challenge for a beginner. Furthermore, in writing, these tones are indicated by diacritical accents, which gives Vietnamese a great musicality. For example, the following syllable ma has a different meaning depending on its accentuation. (ma: ghost, má: mother, mã: horse, mạ: seed, mà: where, etc.). While the same language is spoken everywhere, there is still a huge difference in accent between the North, the Center, and the South.

Until 1648, the written Vietnamese language was dominated by the massive use of Chinese characters (or chữ nho). Vietnamese was phonetically romanized by the French Jesuit Alexandre de Rhodes, who published the famous first Vietnamese, Portuguese and Latin Dictionary in quốc ngữ in 1651. This alphabetical transcription was first used by the Catholic Church and only became compulsory in secondary education in 1906. In 1919, it became the national script. It is the only Southeast Asian country with a romanized script, despite the omnipresent Chinese influence.

Version vietnamienne

Do chịu ảnh hưởng của tiếng Trung Hoa trong 1000 năm, tiếng Việt đã tiếp thu một lượng lớn từ vựng tiếng Trung. Tiếng Việt là ngôn ngữ đơn âm tiết có thanh điệu. Một âm tiết có thể được phát âm bằng sáu thanh điệu riêng biệt và mỗi thanh điệu có một ý nghĩa khác nhau. Điều này gây ra sự khó khăn rất lớn cho người mới bắt đầu học tiếng Việt. Hơn nữa, trong văn viết, các thanh điệu này được biểu thị bằng dấu phụ, mang lại cho tiếng Việt có tính nhạc tuyệt vời. Ví dụ về âm tiết ma sau đây mang lại ý nghĩa khác nhau tùy thuộc vào trọng âm của nó. (ma: ma, : mẹ, : ngựa, mạ: hạt giống,: đâu vân.vân.). Mặc dù cùng một ngôn ngữ được nói ở khắp mọi nơi, vẫn có sự khác biệt rất lớn về giọng giữa miền Bắc, miền Trung và miền Nam.

Cho đến năm 1648, chữ viết của Việt Nam chủ yếu sử dụng chữ Hán (hay chữ nho). Tiếng Việt được phiên âm theo tiếng La-tinh bởi tu sĩ dòng Tên người Pháp Alexandre de Rhodes, người đã xuất bản cuốn Từ điển tiếng Việt, tiếng Bồ Đào Nha và tiếng La-tinh đầu tiên và nổi tiếng bằng tiếng Quốc Ngữ vào năm 1651. Hệ thống phiên âm theo loại chữ này lần đầu tiên được Giáo hội Công giáo sử dụng và chỉ  bắt buộc trong giáo dục trung học vào năm 1906. Năm 1919, nó trở thành chữ viết quốc gia. Đây là quốc gia duy nhất ở Đông Nam Á có chữ viết La Mã mặc dù chịu ảnh hưởng sâu sắc của chữ Hán.

Maison communale (Đình Làng: phần 4)

Art de décoration dans les Ðình

Version vietnamienne
Version anglaise

Grâce à la maison communale (đình), on découvre que la vie villageoise s’introduit intimement dans l’art de décoration. Celui-ci tente de se libérer non seulement des modèles conventionnels classiques rencontrés jusqu’alors mais aussi du carcan confucianiste qu’a connu le Vietnam dans le système féodal. C’est ce qu’on voit dans les sculptures sur bois qui occupent tous les espaces libres rencontrés à l’intérieur du đình, de la charpente de la toiture jusqu’aux colonnes. 

Tous les défauts de la construction sont cachés avec adresse grâce à cette technique d’embellissement. Dans chaque pièce sculptée, le motif que ce soit un animal, un personnage, une fleur etc. est unique et ne se retrouve nulle part même s’il s’agit du même thème. Par contre, on découvre dans ces sculptures la coexistence à travers des siècles de deux cultures, l’une nationale et savante et l’autre populaire. On trouve non seulement dans la première tous les motifs relatifs aux quatre animaux hiératiques (Rồng, Lân, ,Rùa, Phượng) ( Dragon, Licorne, Tortue, Phénix) aux plantes nobles, aux fées, aux animaux (tigres, éléphants etc.) mais aussi la fantaisie, l’imagination, l’innovation de la part du paysan-sculpteur malgré son obéissance stricte aux normes fixées.

Dans les sculptures populaires, le maître artisan qui est avant tout un paysan,  tente de « se libérer lui-même » et  se laisse guider par ses inspirations personnelles, ses émotions sincères, ses frustrations, sa spontanéité et ses sentiments dans la réalisation de son oeuvre avec réalisme et humour. Il réussit à échapper à la censure des mœurs par une habilité peu commune en procédant à la description des scènes grivoises dans son oeuvre: une jeune fille se baignant nue dans la mare aux lotus ou assise d’une manière indiscrète  sur une tête de dragon (đình Phụ Lão, Bắc Giang) , un jeune homme pelotant le corps d’une femme sous le regard complice d’un compère (đình Hưng Lộc), un mandarin dérangeant un fille au moment de la baignade et profitant de mettre la main sous sa camisole (đình Ðệ Tam Ðông, Nam Ðịnh) etc.

Le dragon aux aspects multiples dans les đình

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Il ose dénoncer les malversations des mandarins corrompus. C’est ce qu’on voit dans la pièce sculptée du đình Liên Hiệp. Ce sont les interdits et les tracasseries rencontrés tous les jours dans la société confucéenne vietnamienne. Tout ce qui est trouvé dans cette sculpture populaire reflète en grande partie la liberté d’expression de l’artiste ainsi que les aspirations communes  du village. Le paradoxe est visible car le đình est à la fois le gardien de l’ordre confucéen qui s’est solidement implanté au fil des siècles  dans l’infrastructure familiale et sociale vietnamienne et le lieu où le paysan peut retrouver sa liberté d’expression et dénoncer le carcan confucéen. Avec ses sculptures et son architecture, le đình constitue un trésor inestimable pour le peuple vietnamien.

On a l’habitude de dire en vietnamien: làng nước ( Village Nation ) car la nation vietnamienne s’est formée au fil des siècles par l’essaimage des villages dont le đình est à la fois le centre spirituel et administratif, social et culturel. Dès lors, le đình est non seulement l’âme du village mais aussi celle de la nation vietnamienne.

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Bibliographie:
Trịnh Cao Tường: Kiến trúc đình làng.  Khảo cổ học, 2/1981, trang 56-64.
A la découverte de la culture vietnamienne. Hữu Ngọc.  Editions Thế Giới. Hànôi 2011
Le Ðình, maison communale du Viêt Nam. Hà Văn Tấn, Nguyễn Văn Kự, Editions Thế Giới, 2001

Maison communale (Đình Làng: phần 3)

 

Version vietnamienne

Troisème partie

Outre les cérémonies fixées dans l’année en l’honneur du génie tutélaire, les villageois accordent une grande importance aux anniversaires de sa naissance et de sa mort. Mais il y a aussi d’autres sacrifices occasionnels provoqués souvent par un mariage, une nomination, une promotion ou une noce d’or ou d’argent (khao lão). Cela permet de donner lieu à des ripailles dans le village et permet de fêter en grande pompe le culte du génie tutélaire. Celui-ci peut-être un homme ou une femme. Il est facile de l’identifier au moment de la procession. Pour le génie-homme, il y a toujours la présence d’un cheval en bois laqué rouge (ngựa sơn mài màu đỏ) ou blanc ( trắng). Celui-ci est de grandeur naturelle et monté sur une plaque rectangulaire en bois munie de roulettes. Il est richement caparaçonné et il est censé de porter l’âme du génie. Au cas où le génie est une femme, ce cheval est remplacé par la palanquin de chanvre rouge (võng đào) suspendu à une palanche aux bouts sculptés en tête de dragon.

Pendant la durée de la fête, on honore le génie tutélaire avec solennité en promenant son char ( kiệu) accompagné par un grand nombre d’objets de culte, d’armes de parade, de dais (tán) et d’oriflammes (cờ) , du đình au nghè (son lieu de résidence) (1) ou d’un village à un autre village allié au cas où ceux-ci sont unis par le culte du même génie et en organisant des divertissements multiples: combats de coqs, de buffles et d’oiseaux, jeux d’échecs aux pions humains  etc…

Il y a aussi un rite important qui rappelle les traits saillants de la vie du génie. Connu sous le nom hèm en vietnamien et tenu secret, il est toujours célébré la nuit pour les génies n’ayant pas accompli un acte honorable (génie voleur, génie aux coups de poing, génie ramasseur des fumiers etc. ) Par contre, il est célébré au grand jour pour les génies ayant une qualité ou un acte de bravoure. On évite de prononcer aussi le nom du génie durant le rite en modifiant la prononciation ou en le remplaçant par un synonyme. C’est le cas du génie Linh Lang par exemple. On est obligé de dire « khoai dây » à la place de « khoai lang » (patates), « thầy lương » pour « thầy lang » (médécin) etc… Ce rite singulier est l’un des traits essentiels des cultes communaux. La négligence de ce rite pourrait mettre en péril la prospérité du village. 

Đình Mị Nương ( Citadelle du coquillage)

La construction des đình s’opère toujours selon une disposition bien définie et reconnaissable grâce à certains caractères chinois Nhất, Nhị, Tam, Ðinh, Công, Vương etc.. Un đình qui se tient tout seul avec un bâtiment principal rectangulaire ( đại đình ) évoque le caractère Nhất. C’est le cas du đình Tây Ðằng. Par contre, on est amené à reconnaître le caractère Nhị en ajoutant à la construction principale un deuxième bâtiment (tiền tế) (ou bâtiment antérieur pour les sacrifices ) parallèle à la première construction et la précédant dans la nouvelle disposition. C’est le cas du đình Liên Hiệp. Il est rare de retrouver les caractères Tam et Đinh dans la construction du « đình ».  D’une manière générale, le đình est rencontré fréquemment dans la forme du caractère Công. Le bâtiment postérieur Hậu Cung y est relié à la construction principale par un petit corridor ou une petite cour (Ống muống) . C’est le cas des maisons communales Đình Bảng, Mộng Phụ. Pour le caractère Vương, il suffit de relier les trois bâtiments Hậu Cung, Đại Đình, Tiền Tế) avec deux corridors (Ống muống). C’est dans ce dernier bâtiment Tiền Tế que les notables au costume bleu font la cérémonie officielle pour le génie tutélaire pendant les jours de fête.( Lire la suite: art de décoration des maisons communales)


(1) ghè: lieu de résidence du génie situé souvent à l’entrée du village. Au moment de la fête, on invite le génie à rejoindre le « đình ». Il est ramené à son « ghè » une fois la fête terminée.

Bibliographie:

Le Ðình, maison communale du Viêt Nam.
Hà Văn Tấn, Nguyễn Văn Kự,
Editions Thế Giới, 2001

Đình Làng miền Bắc
The village Dinh in northern Vietnam
Le Thanh Đức. Editeur Mỹ Thuật

Maison communale (Đình Làng: phần 2)

 Version vietnamienne

Deuxième partie

On est habitué à dire : Cầu Nam, Chùa Bắc, Ðình Ðoài pour rappeler la réputation  des trois régions spécifiques de l’architecture traditionnelle vietnamienne. Ðình Ðoài insinue ainsi la région Ðoài (Hà Ðông, Sơn Tây) où figure un grand nombre de đinh réputés. (Tây Ðằng, Mông Phụ , Chu Quyến etc…). C’est dans cette région proche de la montagne et des forêts qu’on trouve du bois précieux, résistant et dur indispensable à la construction des đình.

Origine du mot Ðình

Le mot đình vient de l’idéogramme chinois ting. Malgré cela, le đình dans l’architecture vietnamienne ne correspond pas à la description du ting des Chinois. Ceux-ci l’employaient au cours du temps pour désigner un pavillon isolé ayant pour but de goûter les joies culturelles (thưởng ngoạn văn hóa) ou une maison de repos (đình trạm) pour un voyageur ou  un mandarin en mission ou un temple pour le culte du génie des remparts à l’époque des Han. Dans ce sens, on retrouve le même type de ting au Vietnam avec le đình Trấn Ba au temple Ngọc Sơn (Hànội) ou Thủy Ðình ( Ðình sur l’eau) en face de la pagode Thầy (Chùa Thầy) (Hà Tây). En s’appuyant sur l’origine du mot Ðình, certains spécialistes n’hésitent pas à penser que le culte du ting chinois a inspiré celui du đình vietnamien. Pour l’écrivain et journaliste vietnamien Hữu Ngọc, le génie des remparts a été remplacé par le génie tutélaire du village pour s’adapter au goût des Vietnamiens. Mais il y a plusieurs raisons ne permettant pas de conforter cette hypothèse.

D’abord, le đình vietnamien qui doit sa solidité à un ingénieux système de colonnes, de tenons et de mortaises,  était édifié sur pilotis (sans fondation coulée). Cela permet de faciliter parfois son déplacement ou son réorientation au cas où son installation initiale n’apporte pas la prospérité et le bonheur au village après plusieurs décennies d’exploitation. Ce type de construction nous fait penser à certains chercheurs, en particulier au chercheur français Georges Cœdès.   Pour lui, le đình vietnamien était influencé incontestablement par le style architectural « indonésien ».

Cela ne met pas en cause ce qu’on a déjà découvert sur les tambours de bronze vietnamiens avec la maison sur pilotis et un toit incurvé. (le tambour Ngọc Lữ ). On sait très bien que les Dongsoniens ( les ancêtres des Vietnamiens ) furent établis le long de la côte du Nord Vietnam (1er millénaire avant J.C.). Ils furent considérés comme des « Indonésiens » (ou Austroasiens (Nam Á en vietnamien)), les Bai Yue. Selon le chercheur vietnamien Trịnh Cao Tường, un spécialiste dans l’étude des maisons communales (đình) des villages vietnamiens, l’architecture de la maison communale vietnamienne exhaussée sur pilotis témoigne de l’écho de l’esprit des Dongsoniens continuant à se perpétuer encore dans la vie journalière des Vietnamiens. De plus, ce type d’édifice ressemble à la bâtisse commune sacrée rôong (nhà rồng) sur pilotis qu’on est habitué à trouver chez les populations austro-asiatiques, en particulier les ethnies du Tây Nguyên  (Hauts Plateaux du Centre du Vietnam ). Analogue à la maison communale des Vietnamiens, la bâtisse rôong cumule un grand nombre de fonctions sociales: salle de conseil du comité villageois, centre d’hébergement des visiteurs occasionnels, lieu de ralliement de tous les villageois etc. Certains đinh vietnamiens sont munis de planchers en bois servant de siège de réunion ou de divan pour les notables et les villageois. Ce n’est pas le cas des ting chinois.

Đình Mông Phụ (Sơn Tây)

 

 

Au XVIIIème siècle, on recensa à peu près 11.800 villages au Vietnam. Cela veut dire qu’il y a autant de maisons communales (ou đình) que de villages. Comme les Vietnamiens ont l’habitude de dire : l’eau qu’on boit rappelle la source (Uống nước nhớ nguồn), il y a toujours en eux une reconnaissance, une gratitude envers ceux qui leur ont rendu service ou envers leur pays. C’est pourquoi rien n’est surprenant de voir un grand nombre de personnages historiques (héros nationaux et locaux) ou légendaires (Génie de la Montagne Tản Viên par exemple) et de bienfaiteurs faisant partie des génies tutélaires des đình. Ceux qui ont accompli des actions d’éclat ne sont pas non plus oubliés. De plus, parmi ces génies tutélaires, il y a aussi les enfants, les mendiants et les voleurs. Ceux-ci meurent de mort violente  à une heure sacrée (ou giờ thiên), ce qui leur confère des pouvoirs surnaturels pour protéger les villageois contre tous les maux et tous les malheurs.

Grâce à ces dieux communaux, le village retrouve non seulement la tranquillité et la prospérité mais aussi les règles, la justice et la morale. Ils sont en quelque sorte la personnification de cette autorité suprême qui puise toute sa force dans le village lui-même. En fonction de leur rôle plus ou moins rempli, ils peuvent recevoir des brevets royaux (sắc phong) qui leur accordent les grades de « génie du rang supérieur (ou Thượng đẳng thần) » ou de « génie du rang moyen (ou Trung đẳng thần) » ou du « génie du rang inférieur (Hạ đằng thần) ». Cette institution permet au roi de rétrograder ceux d’entre eux ne réussissant pas à remplir leur mission lorsqu’ils n’arrivent pas à rétablir l’ordre  au village ou en laissant périr les villageois. Etant gardés avec soin et jalousie dans le Hậu Cung (ou palais intérieur), ces brevets royaux sont la fierté indescriptible de tout le village. Si ce dernier n’a pas son génie tutélaire, il est obligé d’emprunter le génie tutélaire d’un autre village ou de le remplacer par le génie du sol (thổ thần). Au cas où les  deux villages sont unis par un culte commun au même génie tutélaire, ils doivent s’arranger de manière que le jour de fête soit fixé à une date convenue dans chaque village et que tout le monde puisse y participer par l’envoi d’une délégation lors de la procession.

Contrairement aux temples construits et entretenus aux frais de l’état, les maisons communales sont aux frais des villages car il s’agit bien d’un culte local. Les richesses trouvées dans la décoration des đình et leurs dimensions dépendent à la fois de l’aisance financière et de la générosité des villageois. On trouve dans chaque village des parcelles de terre appelées rizières des rites (ou tế điền) ou rizières des génies (ruộng thần từ) dont l’exploitation sert à entretenir le đình et dont la superficie peut atteindre parfois  plusieurs dizaines de mẩu (ou 0,36 ha) dans certains villages d’avant 1945. C’est aux autorités hiérarchiques locales la responsabilité d’administrer le đình ainsi que le village comme « une petite cour« . Les règles, les mœurs et les traditions sont appliquées avec sévérité et elles sont plus respectées que l’autorité du roi à cette époque. Les femmes ne sont pas admises dans le đình. C’est pourquoi on a l’habitude de dire en vietnamien « Phép vua thua lệ làng » (L’autorité du roi cède devant la coutume du village).[Lire la suite]

 

Maison communale (Đình Làng: Phần 1)

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Vietnamese version
English version

Première partie

Đình Làng, ce sont deux mots qu’il est difficile de séparer dans l’esprit des Vietnamiens car partout où l’on trouve un village vietnamien, il y a aussi quelque part une maison communale, un đình. Couvert toujours de tuiles, celui-ci est un bâtiment colossal en bois et construit sur pilotis. Contrairement à la pagode qui se ferme sur elle-même, le đình n’a ni portes ni mur et communique directement avec l’extérieur. Sa large toiture imposante ne peut pas passer inaperçue de loin avec ses angles rebroussés (đầu đao). Son emplacement est l’objet d’études minutieuses de géomancie. Sa construction est réalisée dans la plupart des cas sur un terrain assez aéré considéré comme un espace sacré et orientée de manière à avoir accès à une pièce d’eau ( lac, rivière , puits) dans le but de recueillir le summum du bien-être. ( tụ thủy, tụ linh, tụ phúc ). C’est le cas du đình Tây Ðằng avec une pièce d’eau remplie de lotus devant son entrée en été ou  đình Ðồng Kỵ ( Từ Sơn, Bắc Ninh) érigé en face d’une rivière ou đình Lệ Mật (Gia Lâm, Hanoï) avec un large puits. La maison communale vietnamienne est édifiée souvent dans un cadre de verdure avec les banians centenaires, frangipaniers, aréquiers etc…


On ne peut pas définir mieux son rôle que celui qui a été écrit sommairement par Paul Giran dans son ouvrage intitulé: Magie et Religion annamites, pp 334-335, 1912:

Le đình où demeure le génie protecteur de chaque village (thành hoàng) est le foyer de la vie collective de la communauté. C’est ici que se font les réunions des notables et que se traitent les questions d’administration ou de justice intérieure. C’est aussi ici que se font les cérémonies religieuses et que s’accomplissent tous les actes qui sont la vie de la société vietnamienne.


On peut dire qu’il est en quelque sorte la mairie d’une ville d’aujourd’hui. Mais il est mieux considéré que cette dernière car il est le lien affectif de toute la communauté du village. À travers lui, le Vietnamien peut retrouver non seulement ses racines mais aussi les aspirations et les souvenirs communs du village où il est né et il a grandi. Son attachement profond à son village, en particulier à son đình ne trahit pas l’expression de ses sentiments qu’on a l’habitude de trouver dans les chansons populaires suivantes:

Qua đình ngả nón trông đình
Ðình bao nhiêu ngói thương mình bấy nhiêu….

En passant devant la maison communale, j’incline mon chapeau conique pour la regarder
Autant elle a de tuiles, autant je t’aime ….

ou bien

Trúc xinh trúc mọc đầu đình
Em xinh em đứng một mình cũng xinh
……………………………
Bao giờ rau diếp làm đình
Gỗ lim ăn ghém thì mình lấy ta ….

Le joli bambou-ivoire pousse à l’entrée de la maison communale
Tu es jolie, ma mie même si tu te tiens toute seule.
……………………………………
Chaque fois que le đình peut être érigé à partir des laitues
et que le bois « lim » peut être comestible, nous pourrions nous marier …

L’image d’un đình est ancrée intimement dans le cœur des Vietnamiens car le đình est le symbole de leur identité et de leur origine. Déjà, au XIIème siècle, sous la dynastie des Lý, parut un édit stipulant que sur tout le territoire vietnamien, chaque village dut construire son propre đình. Celui-ci suivit les Vietnamiens au cours de leur marche vers le Sud du XIIème au XVIIIème siècle. D’abord il s’implanta dans le Centre du Vietnam en passant par les provinces Thanh Hóa et Nghệ An sous la dynastie des Lê, puis par les provinces Thuận Hóa et Quảng Nam sous les Mạc et enfin dans le delta du Mékong à la pointe de Cà Mau avec les seigneurs des Nguyễn. Sa construction évolua pour s’adapter non seulement au nouveau climat, aux nouvelles terres acquises et aux nouveaux matériaux disponibles trouvés sur place mais aussi aux traditions et aux mœurs locaux tout au long du parcours sur des milliers de kilomètres durant les 4 siècles d’expansion. Hormis les Hauts Plateaux, berceau de la culture ancestrale des minorités ethniques, le đình réussit à se distinguer dans la diversité avec un style et une architecture propre à tous les recoins du Vietnam.

Construit quelques siècles plus tôt, le đình du Nord reste le modèle de  référence pour la plupart des Vietnamiens car il est retenu non pas pour son caractère esthétique mais plutôt pour son caractère original. Il est le symbole authentique de la vie rurale des Vietnamiens au fil des siècles. C’est lui qui a été érigé le premier par la culture villageoise vietnamienne dans le delta du Fleuve Rouge. Le đình du Nord n’est pas seulement un assemblage de colonnes, d’arbalétriers et de toutes sortes d’éléments soudés par des mortaises et des tenons, reposant sur le sol ou  des fondations en pierre mais c’est aussi une armature en bois sur laquelle s’appuie la toiture qui la consolide de son propre poids. L’une des caractéristiques de la maison communale vietnamienne réside  dans le rôle des colonnes servant de soutien à la toiture.   Plus les colonnes sont grosses,  plus l’armature est stable. 

        Maison communale Ðình Bảng ( Tiên Sơn, Bắc Ninh )

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Son aspect est très imposant grâce à ces colonnes principales volumineuses. C’est le cas du đình Yên Đông détruit par un incendie (Quảng Ninh) et dont les colonnes principales atteignent 105 cm de diamètre. Cette impression est illustrée souvent par l’expression qu’on a l’habitude de dire en vietnamien: to như cột đình ( colossal comme la colonne du đình ). C’est ce qu’on trouve dans le fameux « Ðình Bảng » avec ses 60 colonnes en bois de fer (gỗ lim) et sa grande toiture terminée par les angles rebroussés en forme des pétales de lotus.     Lire la suite                                                      

Đình Bảng (Bắc Ninh)

Mariage (Hôn nhân)

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English version

Version française

Hơn cả quy luật vĩnh cửu của thế giới, hôn nhân xuất hiện đầu tiên  ở Việt Nam được xem như là một sự giao ước giữa  hai gia đình với mục đích duy trì không chỉ dòng dõi mà còn cả phong tục Việt Nam, đặc biệt là việc thờ cúng tổ tiên. Hơn nữa, người Việt thấm nhuần tinh thần Đạo giáo xem tuổi trẻ chỉ có được một thời gian ngắn ngủi như măng tre. Đây là lý do ngày xưa chúng ta kết hôn rất sớm ở Việt Nam.

Tương tự như bộ luật của nhà Minh ở Trung Quốc, bộ luật nhà Lê quy định tuổi kết hôn tối thiểu đối với nữ là 13  tuổi và đối với nam là 16 tuổi. Vì thế trong tục ngữ Việt Nam mới có câu:

Gái thập tam, nam thập lục

để nhắc lại độ tuổi mà xã hội Việt Nam dành cho việc kết hôn. Điều này được  thực hiện luôn luôn  trong khuôn khổ Nho giáo truyền thống,  lúc nào cũng được  đi trước  đó  bởi  các cuộc đàm phán do người mai mối thực hiện và sau đó  đến việc trao đổi ngày tháng năm tuổi  nếu những lần tiếp xúc lần đầu  tỏ ra thuyết phục. Điều này  hay thường dẫn đến những lời hứa hẹn nhưng phải cam đoan thực hiện hôn nhân  nếu không sẽ bị  trừng  phạt bởi quan lại địa phương.

Lễ  đính hôn cũng là cơ hội để khẳng định sự cam kết cuối cùng  trong cuộc hôn nhân. Về phần này, nó diễn ra theo một nghi lễ cổ điển bao gồm việc rước cô dâu tương lai với kiệu, được vị hôn phu đón tiếp, nghi lễ dâng hương trước bàn thờ tổ tiên, sau đó ra mắt với  cha mẹ của hai bên, cái bắt tay và trao nhau lời thề.  Thưở xưa, cô dâu chú rể  hay trao đổi với nhau bằng  một nhúm đất lấy  một nhúm muối. Họ muốn thực hiện lời hứa và gắn bó với nhau suốt đời bằng cách lấy Trời Đất làm nhân chứng. Có một thành ngữ  cũng cùng một ý nghĩa: Gừng cay muối mặn để nhắc nhở vợ chồng trẻ chớ đừng bỏ nhau vì vị mặn của muối hay vị cay của gừng lại rất đậm đà và rất khó quên cũng như tình nghĩa vợ chồng rất sâu đậm và thắm thiết dù có bao thăng trầm trong cuộc sống.  Còn có một phong tục cho đêm tân hôn. Chọn một phụ nữ có nhiều con, đức hạnh vẹn toàn, được gia đình chú rể  mời đến để trực tiếp dọn giường  với đôi chiếu: 1 úp 1 mở  theo mô hình kết hợp của Âm Dương. 

Mặt khác,  không có  sử dụng cùng tên để chỉ cuộc hôn nhân của một công chúa hay một cô gái bình thường. Người ta gọi là “Hạ Giá” khi nói đến việc gả công chúa vì nhà vua gả con gái cho một người đàn ông kém quyền lực hơn mình, có địa vị thấp hơn. (Hạ nghĩa là “ở dưới” và Giá nghĩa là “lấy chồng”). Đối với hôn nhân giữa những người bình thường, người ta nói “Xuất Giá vì Xuất” trong tiếng Việt có nghĩa là “đi ra ngoài”. Ngày xưa cô dâu chú rể hiếm khi quen biết nhau trước khi đám cưới.

Hôn nhân trước hết được xem là sự giàn  xếp giữa cha mẹ với mục đích trả nợ hoặc liên minh. Nó cũng phản ánh tư tưởng Nho giáo không bao giờ  ưu đãi  cá nhân trước gia đình và xã hội. Cuộc hôn nhân của Công chúa Huyền Trân với vua Champa Chế Mẫn (Jaya Simhavarman III) đã thể  hiện rõ  rõ cái  tư duy này.

Vì  có tham vọng lãnh thổ, vua Trần Anh Tôn khó có thể bỏ qua lời hứa của cha mình là vua Trần Nhân Tôn sẽ gả em gái mình cho vua Chiêm Thành dù ngài biết rõ em gái có  tình cảm  dành cho tướng quân Trần Khắc Chung. Một tác giả vô danh đã không ngần ngại tố cáo vào thời điểm này qua  bài thơ Đường luật có tựa đề “Vương Tường” so sánh công chúa  Huyền Trân  với Vương Tường (Chiêu Quân Cống Hồ), một phi tần của Hoàng đế Hán Nguyên Ðê’ (48-33 TCN)  bị cống hiến cho vua  Hung Nô  (shanyu Huhanxie)  để mua lại hòa bình với những kẻ man rợ từ thảo nguyên ở phía bắc Trung Hoa.

Tuy nhiên, trong biên niên sử hôn nhân vẫn có trường hợp của Tướng quân Trần Quốc Tuấn.  Đây tình yêu đã dành được phần  chiến thắng trên lý trí và  ngoài ý muốn của cha mẹ mặc dù biết rằng ông là một người theo Nho giáo rất kỷ cương. Khi còn trẻ, ông đã yêu Công chúa Thiên Thành, em gái của vua Trần Thái Tôn. Cô nầy cũng không giấu sự ngưỡng mộ đối với vị tướng trẻ tài năng này. Nhưng ông  không thể thực hiện được ý định của mình vì cha ông là An Sinh Vương Trần Liễu bị thừa tướng xảo quyệt lúc bấy giờ là Trần Thủ Ðộ ép cha ông giao vợ thứ là công chúa Lý Thuận Thiên cho anh trai của ông, vua Trần Thái Tôn nhằm  để  có  người  thừa kế và duy trì triều đại  nên  đã phản đối kịch liệt  việc hôn nhân nầy.

Một ngày nọ, được tin vua gả em gái Thiên Thành cho con trai Nhân Đạo Vương, ông choáng váng, đau buồn không biết phải làm sao dù lúc đó ông được biết đến là chiến lược gia giỏi nhất nước trong thời kỳ chống quân Mông Cổ. Thấy ông bất lực, một trong những người hầu của ông, được xem là người lắm mưu mẹo  nhất, mới đề nghị ông đi cướp  cô dâu một cách bất ngờ vào ngày cưới. Nhờ sự dũng cảm phi thường này, ông đã thành công trong việc biến chuyển  tình yêu của mình thành hiện thực, nhận được sự tha thứ từ nhà vua và chiếm được lòng kính trọng của những người xung quanh, đặc biệt là của cha ông vì  nhận thấy ở ông không chỉ là một  đứa con thiên tài mà còn là một đứa  con xứng đáng có khả năng gột rửa nỗi xấu hổ cho  gia đình.  Hôn nhân đôi khi còn  là nỗi lo lắng của những người có trách nhiệm hoặc có vai trò chính trị ở vùng đất huyền thoại này.

Đó là trường hợp của vua Duy Tân. Sau này, bị ám ảnh bởi sự phế truất  và lưu đày của cha mình, hoàng đế Thành Thái bởi chính quyền thực dân, ngài không ngừng nuôi dưỡng kể từ khi lên ngôi lúc 7 tuổi, đã có ý định khiếu nại l ại hiệp ước Patenôtre và khôi phục chủ quyền và độc lập của Việt Nam bằng mọi biện pháp, kể cả vũ lực. Ngài  chưa bao giờ nghĩ đến việc kết hôn khi đất nước vẫn còn bị chiếm đóng. Điều này khiến mẹ ông là hoàng hậu Nguyễn Thị Định rất lo lắng và quan tâm. Bà còn lại thấy sự ch ưa trưởng thành  và  sự thiếu  uy tín  với  dân tộc vì  vua Duy Tân chưa có con cái chi cả. Bà không chậm trể  trình lên hoàng đế danh sách tên 25 thiếu nữ quý tộc do các quan lại lựa chọn và cung cấp. Nhưng trước sự thờ ơ của Duy Tân, bà tức giận ra lệnh cho ngài phải tìm môt tỳ thiếp  càng sớm càng tốt. Là  đứa con rất hiếu thảo, ngài  biết mình không thể trì hoãn thời hạn và phớt lờ lời nài nỉ của mẹ được nữa. Ngài  trả lời sau đó với giọng điệu thản nhiên:
Con từ chối danh sách của mệ cho đến bây giờ vì con đã yêu một cô gái hơn con một tuổi từ lâu. Con sẽ gặp lại cô này sau mười ngày nữa ở bãi biển Cửa Tùng.
Tò mò, thái hậu quyết định cùng ngài đi dạo ra bãi biển Cửa Tùng. Duy Tân suốt ngày đào cát. Đến tối, thái hậu quyết định nói với ngài:
Con không cảm thấy buồn cười khi con tìm kiếm người yêu của mình trên cát không?
Duy Tân cố gắng khiêm tốn giải thích:
Con  không bao giờ điên đâu mệ. Đó là sự thật tất cả những gì con nói với mệ. Nếu không tìm được vàng ở trong cát thì  con có thể tìm được vàng ở kinh đô Huế đấy.Từ đó, thái hậu  bắt đầu hiểu ý mà  vua Duy Tân muốn nói. Đấy là cô gái của thầy con đó mê tên là Mai thị Vàng. Tò mò trước sự lựa chọn của con trai bà, thái hậu hỏi lại:

Tại sao con lại chọn con bé đấy.
Duy Tân trả lời môt cách quả quyết :

Cha cô ấy là  Mai Khắc Ðôn dạy con  học, yêu quê hương, tránh xa nịnh thần và trọng dụng các kẽ trung thần. Con đoán là ông ấy cũng dạy con gái mình điều tương tự như vậy phải không mệ?

Qua cuộc hôn nhân này, vua Duy Tân đã cho chúng ta thấy rằng ngài có thể đáp lại sự mong đợi của mẹ mình, đồng thời bày tỏ lòng biết ơn đối với người thầy, người đã dạy ông yêu quê hương đất nước này và chọn một người phụ nữ có cùng có niềm tin, lý tưởng như mình và không trở thành một trở ngại cho cuộc đấu tranh chính trị của ngài.

Cũng vì tình yêu Tổ quốc và vì cuộc đấu tranh này mà lãnh tụ dân tộc chủ nghĩa Nguyễn Thái Học và đồng chí Nguyễn Thị Giang đã thề sẽ trở thành vợ chồng trước bàn thờ tổ tiên trước ngày khởi nghĩa ở Yên Bái. Họ hứa sẽ kết hôn sau khi kế hoạch của họ được hoàn thành. Để thể hiện sự quyết tâm và quyết định số phận của mình, Nguyễn Thị Giang đã xin chồng cho phép được sở hữu một khẩu súng. Chính với khẩu súng nầy, cô tự kết  liễu đời  mình  sau khi biết cuộc khởi nghĩa thất bại và chính quyền thực dân kết án tử hình chồng cô và các đồng chí.

Ngày nay, việc kết hôn không còn sớm như xưa, kể cả ở nông thôn. Sự suy giảm này nhầm  bảo vệ người mẹ tránh được  những ảnh hưởng của việc mang thai ở tuổi vị thành niên và hạn chế sinh con. Hôn nhân cũng không còn là kết quả đến  từ  ý muốn cha mẹ hay giao ước  của các gia đình. Ngược lại, nó không còn mang giá trị biểu tượng, ý nghĩa đặc biệt vì cô dâu chú rể thường quen nhau trước hôn nhân trong hầu hết các trường hợp. Nó không còn thể hiện  sự hy sinh mà hay thường đòi hỏi ở  đôi  vợ chồng mới cưới để duy trì việc thờ cúng tổ tiên và dòng dõi. Hôn nhân thể hiện trước hết sự thành công trong tình yêu mà cũng là sự cam kết  gắn bó với nhau  mãi mãi. (duyên nợ). 

 

Plus que la loi éternelle du monde, le mariage apparaît en premier lieu au Vietnam comme une alliance de familles dans le but de perpétuer non seulement la lignée mais aussi les coutumes vietnamiennes, en particulier le culte des ancêtres. De plus, les Vietnamiens imprégnés par l’esprit taoïste considèrent que la jeunesse n’a qu’un temps comme les pousses de bambou. C’est pourquoi, on avait l’habitude de se marier très tôt autrefois au Vietnam.

Analogue au Code des Ming en Chine, le Code des Lê fixait l’âge minimal de mariage pour les filles à 13 ans et pour les garçons à 16 ans. C’est pourquoi dans un proverbe vietnamien, on dit que:

Gái thập tam, nam thập lục
Treize ans pour les filles, seize ans pour les garçons.

pour rappeler l’âge que la société vietnamienne accorde pour le mariage. Celui-ci s’effectue toujours dans le cadre confucéen traditionnel. Il est précédé toujours par des négociations menées par des entremetteurs et suivi par l’échange de données astrologiques si les premiers contacts s’avèrent convaincants.

Cela aboutit d’une manière générale, à des promesses de mariage qui doivent être réalisées sinon il y aura des punitions infligées autrefois par le mandarin local avec sévérité. La fête des fiançailles est aussi l’occasion d’entériner l’engagement définitif du mariage qui se déroulera plus tard  suivant un cérémonial classique comportant l’arrivée de la future épouse en palanquin, sa découverte par le fiancé, une cérémonie rituelle d’offrande devant l’autel des ancêtres, puis devant les parents des époux, la poignée de mains et l’échange des serments mutuels.

Autrefois, les jeunes mariés avaient l’habitude d’échanger mutuellement une pincée de terre contre une pincée de sel. Ils voulaient honorer et pérenniser leur union et leur fidélité en prenant le Ciel et la Terre comme témoins de leur engagement. On trouve aussi la même signification dans l’expression suivante: Gừng cay muối mặn pour rappeler aux jeunes mariés qu’il ne faut jamais se quitter car la vie est amère et profonde avec des hauts et des bas comme le  gingembre piquant et le   sel  gardent leur goût au fil des années. . Il y a une coutume pour la cérémonie de la première nuit de noce. On demande à une femme assez âgée, ayant beaucoup d’enfants et censée d’être bonne et honnête de prendre en charge l’étalement et la superposition d’une paire de nattes sur le lit nuptial: l’une ouverte et l’autre mise à l’envers à l’image de l’union du Yin et du Yang. 

Par contre, on n’emploie pas le même nom pour désigner le mariage d’une princesse ou d’une fille ordinaire. On appelle  « Hạ Giá » lorsqu’il s’agit du mariage de la princesse car le roi donne la main de sa fille à un homme moins puissant que lui, de rang inférieur. (Hạ veut dire « au dessous » et Giá signifie « marier »). Pour les mariages entre les gens normaux, on dit  « Xuất Giá » car Xuất »veut dire en vietnamien « đi ra ngoài (sortir)». Autrefois, les mariés se connaissaient rarement.  

Le mariage était considéré avant tout comme un arrangement entre les parents dans le but d’honorer une dette ou de contracter une alliance. Il reflétait aussi l’état d’esprit confucéen ne favorisant jamais la prédominance de l’individu sur la famille et la société. Le mariage de la princesse Huyền Trân avec le roi du Champa Chế Mẫn (Jaya Simhavarman III ) illustrait bien cet état d’esprit.

Pour des ambitions territoriales, il était difficile pour le roi Trần Anh Tôn d’ignorer la promesse de son père, le roi Trần Nhân Tôn d’accorder la main de sa sœur au roi du Champa bien qu’il fût au courant de l’amour porté par cette dernière à son général Trần Khắc Chung. Un auteur anonyme n’hésita pas à le dénoncer à cette époque à travers son poème de sept pieds à la manière des Tang, intitulés « Vương Tường » en comparant la princesse à Vương Tường (ou Wang Zhaojun en chinois) ( Chiêu Quân Cống Hồ) , une concubine de l’empereur des Han, Han Yuandi ( Hán Nguyên Ðê’)( 48-33 avant J.C.) promise au roi de Xiongnu (shanyu Huhanxie) dans le but de restaurer la paix avec les barbares venant des steppes du Nord de la Chine.

Malgré cela, il y a dans les annales du mariage le cas du général Trần Quốc Tuấn où l’amour triomphait sur la raison et sur la volonté des parents bien qu’il fût connu comme un confucianiste très convaincu. Quand il était encore jeune, il était tombé amoureux de la princesse Thiên Thành, sœur du roi Trần Thái Tôn. Celle-ci ne cachait pas non plus son admiration pour ce jeune général talentueux. Mais il était interdit à ce dernier de concrétiser son intention car son père, An Sinh Vương Trần Liễu, acculé par le premier ministre machiavélique de cette époque, Trần Thủ Ðộ, à céder sa concubine, la princesse des Lý, Thuận Thiên à son frère, le roi Trần Thái Tôn dans le but d’avoir un héritier et de perpétuer la dynastie, s’opposait à cette union. Ayant appris un beau jour que le roi avait accordé la main de sa sœur Thiên Thành au fils de Nhân Ðạo Vương, il fut abasourdi et tellement attristé et ne sut plus quoi faire bien qu’il fût connu à cette époque comme le meilleur stratège dans la lutte contre les Mongols. En le voyant désemparé, l’un de ses serviteurs connu comme le plus rusé de tous, lui suggérait d’aller s’emparer par surprise, de la fiancée, le jour du mariage. Grâce à cette hardiesse extraordinaire, il réussît à concrétiser son amour, à obtenir le pardon auprès du roi et à conquérir l’estime de son entourage, en particulier celui de son père car ce dernier trouvait en lui non seulement un homme de génie mais aussi un fils digne et apte à laver la honte de la famille. Le mariage est parfois la source des soucis pour ceux qui assument une responsabilité ou un rôle politique sur cette terre des légendes.

C’est le cas de l’empereur Duy Tân. Celui-ci, obsédé par la déchéance et l’exil de son père, l’empereur Thành Thái, par les autorités coloniales, nourrit incessamment depuis son intronisation à l’âge de sept ans, l’intention de remettre en cause le traité de Patenôtre et de rétablir la souveraineté et l’indépendance du Vietnam par tous les moyens, y comprise la force. Il ne pensa jamais à se marier tant que le pays était encore occupé. Cela provoqua tant de soucis et de préoccupations pour sa mère, la reine Nguyễn Thị Ðịnh . Celle-ci vit au contraire l’immaturité de son fils et le manque d’autorité auprès de son peuple car Duy Tân n’avait pas encore des descendants. Elle ne tarda pas à présenter à l’empereur la liste des 25 jeunes filles nobles sélectionnées et fournies par les mandarins. Mais devant le désintérêt et l’impassibilité de Duy Tân, elle devint furieuse et ordonna à Duy Tân de chercher une concubine dans les plus brefs délais. Étant très pieux, il savait qu’il ne pouvait plus retarder l’échéance et ignorer l’insistance de sa mère. Il répondit alors avec un ton impassible:

Je refuse jusque-là votre liste car je suis amoureux depuis longtemps d’une fille plus âgée que moi d’un an. Celle-ci, je vais la revoir dans dix jours à la plage Cửa Tùng.
Intriguée, la reine-mère décida de l’accompagner lors de la promenade à la plage Cửa Tùng. Duy Tân passa toute sa journée à fouiller le sable. Le soir, la reine-mère décida de l’apostropher:

Ne te sens-tu pas ridicule de chercher ta chérie dans le sable?

Duy Tân tenta de donner des explications avec modestie:
Je ne suis jamais cinglé. C’est vrai tout ce que je vous dis. Si on n’arrive pas à trouver de l’or dans le sable, on le retrouvera à la capitale Huế.

Dès lors, la reine mère commença à saisir l’allusion que Duy Tân voulut évoquer. Il s’agit bien de la fille de son maître de nom Mai Thị Vàng. (Vàng signifie Or en français).
Intriguée par le choix de son fils, la reine-mère lui demanda de nouveau:
Pour quelle raison tu la choisis?
Duy Tân répondit avec conviction:
Son père Mai Khắc Ðôn m’a appris à lire, à aimer la patrie, à éviter les courtisans et à me servir des fidèles. Je déduis qu’il a appris à sa fille la même chose, n’est ce pas, maman?
Par ce mariage, l’empereur Duy Tân nous a montré qu’il a su être à la hauteur de l’attente de sa mère tout en montrant sa reconnaissance à son maître, l’homme qui lui a appris à aimer cette patrie et en choisissant une femme ayant la même conviction et le même idéal que lui et ne devenant pas une entrave pour son combat politique. 

C’est aussi pour l’amour du Vietnam et pour ce même combat que le leader nationaliste Nguyễn Thái Học et son camarade de parti, Nguyễn Thị Giang s’étaient jurés de devenir mari et femme devant l’autel des ancêtres jusqu’avant leur soulèvement à Yên Bái. Ils promettaient de se marier plus tard, une fois leur dessein réalisé. Pour montrer sa détermination et pour sceller leur destin, Nguyễn Thị Giang demanda à son mari de lui permettre d’avoir un revolver. C’est avec celui-ci qu’elle décida de se suicider après avoir appris l’échec du soulèvement et la condamnation à mort de son mari et de ses compatriotes par les autorités coloniales.

Không thành công thì thành nhân.
On devient un être exemplaire même si on échoue.

De nos jours, le mariage n’est plus précoce comme autrefois, même en milieu rural. Ce recul permet de protéger la mère contre les effets de grossesses juvéniles et de limiter les naissances. Le mariage ne résulte pas non plus de la volonté des parents ou de l’alliance des familles. Par contre, il ne porte plus une valeur symbolique, une signification particulière car les mariés se connaissent souvent dans la plupart des cas avant le mariage. Il ne reflète plus le sacrifice qu’on a demandé souvent aux jeunes mariés pour perpétuer le culte des ancêtres et la lignée.

Il est avant tout la consécration de l’amour
et le gage du bonheur et des malheurs (duyên nợ en vietnamien ) pour l’éternité.

Hamac (Cái võng)

 

 

English version

Version française

Chiếc võng là một dụng cụ rất quen thuộc của người dân Việt. Từ bao nhiêu thế hệ, chúng ta thường quen nghe tiếng  kêu kèn kẹt  của nó vang lên từ Nam đến Bắc Việt Nam với một nhịp điệu đều đặn. Tiếng ồn chói tai này hòa lẫn với tiếng la khóc của những đứa trẻ và những bài hát ru trở thành một giai điệu âm nhạc vĩnh cửu  đã ăn sâu vào tâm hồn của người dân Việt. Nghèo hay giàu, mỗi người  dân Việt có ít nhất một chiếc võng. Đó không chỉ là cái nôi của  các đứa trẻ nhỏ ở Việt Nam mà còn là chiếc xích đu của chúng nữa. Nó được sử dụng bởi người lớn để thư giãn. Nó cũng là nơi nằm nghỉ ban ngày của  các người già. Nó là dụng cụ duy nhất mà mọi người  dân Việt nào không thể bỏ qua được.

Chúng ta  thường nói ở Việt Nam rằng chúng ta lớn lên lớn trong tiếng võng và già đi với những bài hát ru vì  các bài nầy  được hát liên tục bởi các   bà mẹ hay  các bà cụ  thường nâng niu  các con hay các cháu. Nghe  tiếng ọp ẹp của võng qua lại và kèm theo những bài hát ru ưu sầu, người dân Việt không thể không  xao xuyến vì nó làm sống lại những kỷ niệm của thời thơ ấu mà đôi khi còn  là những kỷ niệm của mối tình đầu. Những bài hát ru vẫn như thưở nào nhưng lần này  được hát bởi một bà mẹ trẻ có thể là đến  từ sự trùng hợp ngẫu nhiên nào đó  là cô gái mà ta  được biết lúc đó khi ta còn là một chàng thanh niên, hay là một cô lái đò trẻ. Chắc chắn rằng ta sẽ có một cảm xúc tương tự như một người quay về làng quê, sau bao nhiêu năm vắng bóng,  chạnh lòng xót xa khi nghe bài hát ru sau đây:

Bước chân vào ngõ tre làng
Lòng buồn nặng trĩu nghe nàng ru con
Bước lên thềm đá rêu mòn
Lòng buồn nặng trĩu nghe buồn võng đưa.

Chúng ta không thể vô cảm khi chúng ta đến từ đồng bằng sông Cửu Long và khi nghe một bài hát ru sau đây:

Ầu ơ .. Bao giờ Chợ Quán hết vôi,
Thủ Thiêm hết giặc em thôi đưa đò,
Bắp non mà nướng lửa lò
Ðố ai ve được con đò Thủ Thiêm.

Điều này chắc chắn đưa chúng ta trở lại với  thời của tuổi trẻ, thời mà chúng ta vẫn còn vô tư, thích tán tỉnh các cô gái trẻ thậm chí đôi khi luôn cả cô lái đò. Mặc dù chiếc võng được làm ra một cách đơn giản bằng đay hay vải, tiếng ồn qua lại của nó từ từ đã ăn sâu vào ý thức và  đời sống tinh thần của chúng ta và trở nên qua nhiều năm, là  một chủ đề thường được nhắc đến trong các ca dao của  người dân Việt.

Ðố ai nằm võng không đưa,
Ru con không hát, đò đưa không chèo.

Thưở xưa, chiếc võng cũng được sử dụng để vận chuyển phụ nữ hoặc quan lại không muốn đi bằng ngựa. Chiếc võng được đỡ bởi một cây đòn to lớn nằm trên vai hai người đàn ông  đi  một  cách nhịp  nhàng. Để tránh ánh nắng mặt trời, một tấm thảm lác được đặt trên cây đòn gánh. Sự pha trộn này thường được gọi là « kiệu ». Điều này phải tôn trọng các nghi thức nhất định khi đây là một chiếc kiệu được sử dụng bởi các quan. Tùy thuộc vào cấp bậc của họ, hàng ngũ đi kèm với chiếc kiệu  đông người hay không. Một hoặc nhiều người đi trước chiếc kiệu chính thức mang theo vũ khí (kiếm, gậy, vân vân..). Hai bên kiệu là những người mang lộng, hộp trầu, ống nhổ, ống hút, vân vân … Chiếc kiệu này vẩn được sữ dụng cho đến khi xuất hiện chiếc xe kéo đầu tiên vào năm 1884 tại Hànội.

Chiếc võng cũng là  niềm mơ ước của các cô gái trẻ Việt  được kết hôn với ông nghè vinh qui vì theo truyền thống của người dân Việt, cô dâu trẻ được ngồi trong một chiếc kiệu theo sau con ngựa của người chồng được thi đổ làm quan. (Ngựa anh đi trước, võng nàng theo sau).

Ở phương Tây, chúng ta có  con mắt Cain để tượng trưng cho sự giày vò lương tâm. Ở Việt Nam, để nói về sự tra tấn này, chúng ta thường nhắc đến tiếng võng của « Con Tấm » (hay cô bé lọ lem Việt Nam) bởi vì tiếng kêu của cái võng này làm nhớ đến linh hồn lang thang của Tấm. Nàng là  nạn nhân của cuộc âm mưu được sắp xếp bởi chị Cám và mẹ kế của Tấm. Ngay từ khi Cám nằm trên võng, tiếng võng kêu ọp ẹp và đe dọa làm cho  Cám có cảm giác linh hồn lang thang của em gái Tấm đang thay thế chiếc võng và tìm cách trả thù Cám. Ngày nay, ở các thành phố, những người khá giả   thay võng bằng giường cho các đứa con nhỏ. Nhưng mặc dù có sự thoải mái và thẩm mỹ, cái giường nó  không thể nhận diện ra được như một dụng cụ quen thuộc, cá biệt và thân mật của người dân Việt vì công dụng của nó rất hạn chế. Mặt khác, nó cũng không có tiếng ọp ẹp đi cùng với những bài hát ru u sầu để tạo một một giai điệu âm nhạc vĩnh cửu và khó mà thay thế được.

Măc dù có một cấu trúc thô sơ, chiếc võng vẫn tiếp tục nhịp điệu cuộc sống của người dân Việt và biểu lộ qua nhiều năm tháng, sự thân mật và đặc thù văn hóa của người dân Việt.

 

Version française

Le hamac est l’instrument très familier des Vietnamiens. Depuis tant de générations, on est habitué à entendre son grincement résonnant à une cadence régulière du Sud jusqu’au Nord du Vietnam. Ce bruit strident mélangé aux cris des pleurs des bambins et aux berceuses devient un air de musique éternel enraciné dans l’âme vietnamienne. Pauvre ou riche, chacun des Vietnamiens possède au moins un hamac. Il est non seulement le berceau des jeunes enfants vietnamiens mais aussi leur balançoire. Il est employé par les adultes pour se détendre. Il est aussi le lit de repos pour les personnes âgées. C’est le seul instrument dont aucun Vietnamien ne peut pas se passer. On a l’habitude de dire au Vietnam qu’on a grandi avec le bruit du hamac (lớn trong tiếng võng) et on vieillira avec les berceuses ( già trong lời ru ) car ces dernières sont chantées inlassablement par les mères ou les grand-mères pour dorloter leurs enfants ou leurs petit-enfants.

En entendant le grincement provoqué par le va-et-vient du hamac et accompagné par des berceuses empreintes de mélancolie, il est impossible pour un Vietnamien de ne pas s’émouvoir car cela ravive les souvenirs de son enfance mais parfois ceux de son premier amour. Les berceuses restent les mêmes mais elles sont chantées cette fois par une jeune mère pouvant être par une coïncidence curieuse, la fille qu’il connut à l’époque où il était encore un jeune adolescent, ou l’ancienne passeuse du bac. C’est sûr qu’il aura dans ce cas le même ressentiment qu’une personne rentrée à son village natal, après tant d’années d’absence, a éprouvé dans la berceuse suivante:

Bước chân vào ngõ tre làng
Lòng buồn nặng trĩu nghe nàng ru con
Bước lên thềm đá rêu mòn
Lòng buồn nặng trĩu nghe buồn võng đưa

Quand on met le pied à l’entrée du village
On se sent attristé en entendant la berceuse qu’elle chante pour dorloter son bambin
Quand on gravit le perron en pierre rongé et couvert de mousse
On se sent attristé en entendant le grincement mélancolique du hamac.

On ne peut pas rester insensible lorsqu’on est issu du delta du Mékong et lorsqu’on entend la berceuse suivante:

Ầu ơ .. Bao giờ Chợ Quán hết vôi,
Thủ Thiêm hết giặc em thôi đưa đò,
Bắp non mà nướng lửa lò
Ðố ai ve được con đò Thủ Thiêm.

Âu ơ ..Quand le marché « Chợ Quán » n’a plus de la chaux,
Et la région Thủ Thiêm n’a plus la guerre, je cesserai d’être la passeuse du bac
Les maïs tendres étant mis au fourneau,
Quiconque réussit-il  à me courtiser, le bac de Thủ Thiêm?

Cela nous fait revivre sans doute l’époque de notre jeunesse, l’époque où nous étions encore insouciants, nous aimions bien flirter les jeunes filles parfois même la passeuse du bac. Malgré que le hamac est fabriqué simplement en jute ou en tissu , le bruit provoqué par son va-et-vient continue à se fixer doucement dans l’intimité de notre conscience et dans notre mode de vie spirituel et devient au fil des ans, le sujet le plus abordé dans les poèmes populaires vietnamiens.

Ðố ai nằm võng không đưa,
Ru con không hát, đò đưa không chèo

Parie-t-on à quiconque de s’allonger sur le hamac sans le balancer
de dorloter le bambin sans chanter les berceuses et de conduire le bac sans ramer?

Autrefois, le hamac fut employé aussi pour transporter les femmes ou les mandarins qui ne savaient pas aller à cheval. Le hamac est soutenu par un gros bambou qui repose sur l’épaule de deux hommes trottinant à une allure très cadencée. Pour s’abriter du soleil, une natte de jonc est posée à cheval sur le bambou. Cet assemblage est connu souvent sous le nom « palanquin ». Celui-ci doit respecter certains protocoles lorsqu’il s’agit d’un palanquin employé par les mandarins. En fonction de leur grade, la suite de personnes   accompagnant le palanquin était plus ou moins importante. Une ou plusieurs personnes précédant le palanquin officiel portaient des armes (sabres, bâtons etc.). Sur les côtés du palanquin se tenaient les porteurs de parasol, de boite à bétel, de crachoir, de pipe à eau etc… Ce palanquin ne fut remplacé qu’au moment de l’apparition des premiers pousse-pousse (ou rickshaw) en 1884 à Hanoï.

Le hamac était aussi le rêve de la plupart des jeunes filles vietnamiennes de se marier avec un mandarin car dans notre tradition, la jeune mariée était portée toujours par un palanquin précédé par le cheval de son époux mandarin. (Ngựa anh đi trước, võng nàng theo sau).

En Occident, on a l’œil de Caïn pour symboliser la torture de la conscience morale. Au Vietnam, pour parler de cette torture, on se réfère souvent au grincement du hamac de « Con Tấm » (ou Cendrillon vietnamien) car ce grincement fait penser à l’âme errante de Tấm, victime d’un complot ourdi par sa demi-sœur Cám et sa marâtre et cherchant à se venger de Cám. Dès l’instant où celle-ci se mit à s’allonger sur le hamac, le grincement du hamac devint si assourdissant et menaçant que Cám avait l’impression que l’âme errante de sa sœur Tấm se substituait au hamac.

De nos jours, dans les villes, les gens aisés remplacent le hamac par le lit pour leurs bambins. Mais il est certain que le lit, malgré son confort et son esthétique, ne peut être reconnaissable comme l’instrument familier, propre et intime du peuple vietnamien car son utilisation est très limitée et il lui manque d’autre part, le grincement qui va de pair avec les berceuses mélancoliques pour devenir un air de musique éternel et irremplaçable.          

Malgré sa constitution rudimentaire, le hamac continue à rythmer la vie des Vietnamiens et témoigne au fil des années, de l’intimité et de la spécificité culturelle du peuple vietnamien.

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Exil

 

exil

Version anglaise

Version française

Lưu đày đôi khi đối với những người linh hoạt và nhạy cảm  là một nhục hình tàn nhẫn hơn nhiều so với cái chết. Tiểu thuyết gia Staël đã nói không sai như vậy. Lưu đày chỉ là phương sách cuối cùng mà người Việt không còn khả năng sống tự do theo sự hiểu biết  của họ  hoặc khi cảm thấy thất vọng hay  bất lực như ông tướng về hưu mà được  nhà văn tài ba Nguyễn Huy Thiệp miêu tả ở  một đất nước dành lại được  từ thế lực  ngoại bang sau bao nhiêu năm nỗ lực và hy sinh để chìm vào tự thuộc địa hoá mình.

Lưu đày nó không chỉ là sự khởi đầu của một cuộc sống mới mà nó còn là sự khởi đầu của một niềm  hy vọng mới. Đôi khi nó còn là một sự  an toàn nhất để bảo vệ bản thân để  tránh khỏi mọi mối đe dọa và ngờ vực.

Đây là trường hợp của quận công Nguyễn Hoàng. Ông là người chiến thắng chống lại quân nhà Mạc và trở thành sau vài năm mối lo ngại cho người anh rể Trịnh Kiểm vào cuối năm 1554. Để tự mình độc chiếm quyền lực, Trịnh Kiểm  không ngần ngại loại trừ  Nguyễn Uông, em của Nguyễn Hoàng.

Trước ý đồ thâm độc này, Nguyễn Hoàng lo lắng và cùng quẫn nên đã bí mật cử sứ giả đến gặp sĩ phu lừng lẫy thời bấy giờ là Nguyễn Bỉnh Khiêm mà được xem là nhà tiên tri Việt nam của  chúng ta để có được lời khuyên dạy của ông.

Khi đến nơi ẩn cư Bạch Vân am, sứ giả đặt một trăm lượng vàng trước mặt Nguyễn Bỉnh Khiêm và cầu xin ông ta cho lời khuyên bảo. Nhưng ông vẫn tiếp tục thản nhiên.

Chỉ đến cuối cuộc hội kiến,  ông ta mới đứng dậy chống gậy và đi ra vườn. Sau đó, nhìn một cách ngưỡng mộ vào một ngọn núi nhân tạo được thu nhỏ và trang trí  có đến hàng chục viên sỏi chằng chịt  mà trên đó có vài  con kiến ​​đang leo lên, ông ta mới bắt đầu nói:

Hoành sơn nhất đái vạn đại dung thân
Một dãy Hoành Sơn có thể dung thân được ở đó.

Sứ thần báo cáo lại cho Nguyễn Hoàng những điều mà nhà bác học Nguyễn Bỉnh Khiêm đã nói. Có được ý tưởng sáng suốt này, ông ta giả điên và nhờ chị gái là Ngọc Bảo, người mà được Trịnh Kiểm yêu thích,  can thiệp vào để ông  được cử ra làm tổng đốc phủ Thuận Hóa-Quảng Nam, được biết  là  khu vực bệnh hoạn và nguy hiểm nhất mà  cũng  là nơi sinh sống của những kẻ man rợ và các loài động vật hoang dã.

Nhưng cũng chính  ở  tại đây, quân nhà Mạc vẫn tiếp tục chiến đấu. Xảo quyệt, Trịnh Kiểm chấp nhận lời thỉnh cầu này không chút do dự vì ông nắm lấy cơ hội này không chỉ diệt trừ  được Nguyễn Hoàng qua trung gian của quân nhà Mạc mà còn khẳng định được danh chính ngôn thuận  của ông trước những người ủng hộ cha vợ của ông đã qua đời đó  là tướng Nguyễn Kim.

Nhờ xảo kế này, Nguyễn Hoàng đã cứu được gia đình và sau này lập ra triều đại 9 đời chúa Nguyễn ở phương Nam, để cho một người con cháu của ông là Nguyễn Ánh (hay vua Gia Long) bắt đầu cuộc nam tiến và lập ra sau này triều đại nhà Nguyễn.Ngay cả Nguyễn Ánh cũng phải lưu vong mấy năm ở Vọng Các(Thái Lan) trước khi giành lại được ngai vàng. L ưu đày không phải lúc nào cũng là xứ c ực l ạc (Eldorado) như người ta vẫn c òn tin ngày nay ở Việt Nam, mà đôi khi lưu đày đấy là khởi đầu của một cuộc phiêu lưu đầy hiểm nguy và một cơn ác mộng khủng khiếp bất tận. Hơn 200.000 thuyền nhân Việt Nam đã bỏ mạng trong cuộc phiêu lưu này  ở  biển Đông và bởi hải tặc Thái Lan trong những năm đầu tiên khi Sàigòn thất thủ (1975). Có những người khác thì còn sống nhưng tiếp tục bị nhốt làm tù nhân trong các trại ở Thái Lan, Mã Lai hoặc Nam Dương  trong những năm 1990. Lưu đày cũng là sự khởi đầu của một thời kỳ bị biệt xứ  lâu dài, kết thúc sự thăng trầm của quốc gia và một cuộc trải nghiệm sống.

Đây là trường hợp của vua Hàm Nghi. Sau ba năm đấu tranh ở vùng rừng núi Quảng Bình, ông ta bị bắt sống vào ngày 1 tháng 11 năm 1888 sau sự phản bội của một tù trưởng Trương Quang Ngọc.  Dù ông bị bắt, ông ta vẫn tiếp tục gây ra sự  nghi ngờ cho chính quyền thuộc địa vì họ thấy trước mặt họ là một cậu bé 18 tuổi, chiều cao trung bình, dáng đi rất mảnh khảnh và nhất là có học vấn, điều này mâu thuẫn với thực tế rằng Hàm Nghi theo tin đồn, là một nhân vật tầm thường  và thô lỗ được quan nhiếp chính Tôn Thất Thuyết đưa lên ngôi.

Không hề có dấu hiệu yếu đuối và mệt mỏi trên khuôn mặt dù ông đã trải qua 3 năm bị lùng bắt, khổ sở và đói khát ở các  vùng núi này. Ông ta tiếp tục không chỉ thản nhiên mà còn im lặng về danh tính của mình khi ông đối mặt với những cuộc thẩm vấn không ngừng của những người cai ngục.

Một số quan lại được cử đến tại chỗ để xác định xem người trẻ tuổi bị bắt có phải là vua Hàm Nghi hay không nhưng không ai có thể lay chuyển được ông, ngoại trừ  sĩ  phu già  Nguyễn Thuận.

Nhìn thấy vua tiếp tục giả vờ như vậy, ông nầy  rơm rớm nước mắt, bỏ gậy xuống và quỳ trước mặt vua.

Đối mặt  sự xuất hiện đột ngột của sĩ phu  này, nhà vua quên mất vai trò của mình đối với những người cai ngục, lại đỡ  dậy ông nầy và quỳ xuống trước mặt ông ta mà nói: Xin thầy đừng vậy.

Ngay lúc đó, vua nhận ra mình đã sai lầm khi nhận ra điều này vì Nguyễn Thuận là gia sư của ngài khi ngài còn nhỏ. Ngài không bao giờ hối hận về cử chỉ này vì đối với ngài, sự kính trọng thầy của mình được xem là quan trọng hơn trước mọi việc khác.

Nhờ sự công nhận này, chính quyền thực dân đã chắc chắn bắt được vua Hàm Nghi, từ đó  họ mới  bình định được  Việt Nam. Về phần vua Hàm Nghi, ngài  bị trục xuất lúc năm 18 tuổi sang Algerie.  Ngài vĩnh viễn không thấy lại Việt Nam. Thậm chí, thi hài của ngài không được đưa về Việt Nam mà được an táng hiện nay  tại Sarlat (Dordogne, Pháp)

Sự gắn bó của mỗi người Việt với quê hương đất nước sâu đậm đến nỗi không thể ai không nghĩ đến một ngày được trở về Việt Nam và chết ở nơi đó.

Lưu đày chỉ là một giai đoạn nhất thời của cuộc đời nhưng nó không bao giờ là sự kết thúc ở bản thân cả.

Version française

L’exil est quelquefois pour les gens de  caractère vif et sensible un supplice beaucoup plus cruel que la mort. La romancière Staël a raison de le dire ainsi. L’exil n’est que l’ultime recours envisagé par le Vietnamien quand il n’a plus la possibilité de vivre librement à sa connaissance ou il se sent frustré ou impuissant comme le général à la retraite du romancier talentueux Nguyễn Huy Thiệp dans un pays arraché aux pouvoirs étrangers après tant d’années d’efforts et de sacrifices pour choir dans une morne auto-colonisationL’exil est non seulement le commencement d’une nouvelle vie mais c’est aussi le début d’un nouvel espoir. Quelquefois, il est le moyen le plus sûr pour se mettre à l’abri de toute menace et de tout soupçon. C’est le cas du duc Nguyễn Hoàng. Celui-ci, qui en quelques années sortira victorieux de plusieurs batailles éclatantes contre les Mạc, devint un sujet d’inquiétude pour son beau-frère Trịnh Kiểm vers la fin de l’année 1554. Pour accaparer à lui tout seul le pouvoir, ce dernier n’hésita pas à éliminer Nguyễn Uông, le frère de Nguyễn Hoàng.

Face à cette intention malveillante, Nguyễn Hoàng, inquiet et désemparé fut obligé d’envoyer secrètement un émissaire auprès du lettré illustre de ce temps, Nguyễn Bỉnh Khiêm, notre Nostradamus vietnamien pour lui demander ses conseils. Arrivé sur le lieu de sa retraite Bạch Vân am, l’émissaire déposa une centaine de taëls d’or devant ce lettré et le supplia de lui donner des conseils. Mais le lettré continua à rester impassible. Seulement vers la fin de l’entrevue, il se releva avec sa canne et se dirigea vers le jardin. Puis en regardant admirablement une montagne artificielle décorative en miniature constituée d’une douzaine de cailloux enchevêtrés et sur laquelle quelques fourmis continuaient à grimper, il commença à dire:

Hoành sơn nhất đái vạn đại dung thân
Một dãy Hoành Sơn có thể dung thân được ở đó.

On peut trouver le refuge du côté de la Cordillère Annamitique.

L’émissaire rapporta à Nguyễn Hoàng ce qu’avait dit le lettré Nguyễn Bỉnh Khiêm. Saisi par cette idée géniale, il fit semblant d’être atteint par la folie et demanda à sa soeur, Ngọc Bảo, la favorite de Trịnh Kiểm d’intervenir auprès de ce dernier pour qu’il fût envoyé sur le champ comme gouverneur de la province Thuận Hóa- Quảng Nam, connue comme le coin le plus insalubre et dangereux, habité par les barbares et infesté de fauves. Mais c’était aussi ici que les troupes des Mạc continuaient à guerroyer. Machiavélique, Trịnh Kiểm accepta cette requête sans hésitation car il se saisit de cette occasion pour liquider non seulement Nguyễn Hoàng par l’intermédiaire des Mạc mais pour asseoir également sa légitimité face aux partisans de son beau-père décédé, le général Nguyễn Kim. Grâce à ce stratagème, Nguyễn Hoàng arriva à sauver sa famille et fonda plus tard la dynastie de neuf seigneurs Nguyễn au Sud, ce qui permit à l’un de ses descendants de nom Nguyễn Ánh (ou Gia Long) d’entamer la longue marche vers le Sud et de fonder plus tard la dynastie des Nguyễn.

De même, Nguyễn Ánh dut passer plusieurs années en exil à Bangkok (Thaïlande) avant de pouvoir reconquérir le trône. L’exil n’est pas toujours l’Eldorado comme on continue à le croire encore aujourd’hui au Vietnam mais il arrive des fois que l’exil est le début d’une aventure périlleuse et d’un cauchemar effroyable sans fin. Plus de 200.000 de boat-people vietnamiens ont péri dans cette aventure à la merci de la mer de l’Est et des pirates thaïlandais durant les premières années de la chute de Saïgon (1975). D’autres qui arrivèrent à s’en sortir vivants continuèrent à être parqués comme des prisonniers dans des camps en Thaïlande, Malaisie ou Indonésie durant les années 90. L’exil est aussi le début d’un long bannissement, la fin d’un sursaut national et d’une expérience vécue.

C’est le cas du roi Hàm Nghi. Après trois années de lutte dans les régions montagneuses du Quảng Bình, il fut capturé vivant le 1er novembre 1888 à la suite de la trahison d’un chef Mường Trương Quang Ngọc. Malgré sa capture, il continua à alimenter le doute parmi les autorités coloniales car elles trouvèrent en face d’elles un jeune garçon âgé de 18 ans, de taille moyenne, si svelte dans sa démarche et si cultivé surtout, ce qui contredit le fait que selon les rumeurs, Hàm Nghi fut un personnage vulgaire et grossier placé sur le trône par le régent Tôn Thất Thuyết.                                     

Hàm Nghi

Aucun signe de faiblesse et de fatiguehamnghi n’apparut sur son visage malgré ses trois années de traque, de misère et de faim dans ces régions montagneuses. Il continua à rester non seulement impassible mais muet aussi sur son identité devant les interrogatoires incessants de ses geôliers. Plusieurs mandarins furent envoyés sur place pour identifier si le jeune captif en question était bien le roi Hàm Nghi ou non mais aucun n’arriva à émouvoir ce dernier sauf le vieux lettré Nguyễn Thuận. 

En voyant le roi qui continua à faire ce simulacre, celui-ci, les larmes aux yeux, se prosterna devant lui en laissant tomber sa canne. Face à l’apparition subite de ce lettré, le roi oublia le rôle qu’il avait joué contre ses geôliers, releva ce dernier et s’agenouilla devant lui: « Je vous prie, mon maître « . A ce moment, il se rendit compte qu’il commit un erreur en reconnaissant celui-ci car Nguyễn Thuận était son précepteur quand il était encore jeune. Il ne regretta jamais ce geste car pour lui, le respect envers son maître passait avant toute autre considération. Grâce à cette reconnaissance, les autorités coloniales étaient sûres de capturer bien le roi Hàm Nghi, ce qui leur permit de pacifier le Vietnam. Quant au roi Hàm Nghi, il fut déporté à l’âge de 18 ans en Algérie. Il ne revit plus le Vietnam pour toujours. Même son corps ne fut pas ramené au Vietnam mais il fut enterré à Sarlat (Dordogne, France). 

L’attachement de tout Vietnamien à sa terre natale est si profond qu’il est impossible pour lui  de ne pas penser  à retourner un jour au Vietnam et à y mourir.

L’exil n’est qu’une période transitoire de sa vie

mais il ne constitue jamais une fin en soi.