Hôi An sommaire (Première partie)

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Version vietnamienne

English version

Première partie (Phần đầu)

Hội An a changé plusieurs fois de nom durant son histoire. Le nom « Hội An » suggère qu’à travers les mots (Hội= « Association ») et (An= »en paix ») cette ville devrait être un endroit où on pouvait se réunir en paix. Avant d’être sous le giron des seigneurs Nguyễn, Hội An se trouvait dans une région très développée du royaume du Champa du II ème  au XIVème siècle. D’après la topographie, elle était au carrefour des fleuves venant du Nord (Cổ Cò, Vĩnh Điền) et du Sud (Trường Giang) que les bateaux de petite et moyenne taille avaient l’habitude d’emprunter fréquemment à cette époque pour atteindre la mer de l’Est à l’estuaire Cửa Đại (le Grand Estuaire). Elle était en quelque sorte le nœud de circulation favorisé par la nature et par la proximité des trois grands marais Trà Quế, Trà Nhiêu et Thi Lai, de l’ilôt Poulo-Cham ou Pulluciampelle (Cù Lao Chàm) et des estuaires Cửa Đại et Cửa Hàn. Selon certains historiens, la région Hội An servait du lieu d’approvisionnement des cités chames sacrées situées en amont: Mỹ Sơn et Trà Kiệu (Simhapura). Hội An était connue sous le nom de Lâm Ấp Phố. Son estuaire était désigné toujours comme celui du Grand Chămpa. (Cửa Đại Chiêm). En tout cas, elle jouait un rôle important en matière économique durant la période chame.

Les récentes fouilles archéologiques entamées par les chercheurs vietnamiens sur les anciens lieux d’habitation et sur les tombes antiques dans la zone de Hội An (Hậu Xá 1, Hậu Xá 2 (le long de rivière de Hội An), An Bằng, Thành Chiêm (commune Cẩm Hà), Xuân Lâm (Cẩm Phô) ont permis de réveler que cette agglomération fut autrefois une zone économique importante durant la période culturelle de Sa Huỳnh tardif car outre les cercueils en forme de jarre, on y a découvert des objets de fer datant de la dynastie des Han, des outils de travail et des bijoux qui sont autant de témoignages de l’existence d’un commerce florissant. Son nom a été cité maintes fois par les marchands chinois du temps où celle-ci relevait encore du Champa, ces derniers venant s’approvisionner du sel, d’or et de cannelle, marchandises de première nécessité en Chine.

Puis Hội An prospéra sous le nom de Hai Phố (Deux petits villages) au moment où le seigneur Nguyễn Hoàng du royaume Đại Việt installa son fils Nguyễn Phúc Nguyên (Seigneur Sãi) en tant que gouverneur de Quảng Nam en 1570. C’est la période brillante où Hội An connut un essor fulgurant dû en grande partie à la politique d’ouverture et d’immigration appropriée et clairvoyante menée par les seigneurs Nguyễn. Ceux-ci surent profiter de l’interdiction imposée par la Chine des Ming aux bateaux japonais, d’accoster sur ses côtes, pour les faire venir à Hội An où l’embargo chinois était moins efficace, du fait de la contrebande qui régnait en maître dans les provinces orientales de la Chine: Kouang Si, Fou Kien, Tsao Tcheou, Hainan. Dans le but d’accroître le commerce et les échanges avec les navires commerçants chinois, et encourager les grands bateaux de commerce japonais à se rendre en Asie du Sud Est (Thaïlande, Malaisie, Quảng Nam), le shogun Toyotomi mit en place un régime appelé « Permis à sceau royal » (le Shuinsen)(Châu Ấn Thuyền), une sorte d’autorisation tamponnée en rouge. Ces échanges, saisonniers et temporaires dans les premiers temps, se déroulaient habituellement sur des jonques ou sur le lieu de mouillage et de stationnement des bateaux de commerce, autour de la région de Trà Nhiêu. Cette pratique n’arrangea cependant pas certains marchands étrangers.

Tributaires de la période des moussons, du volume d’échange de marchandises vendues ou collectées et des saisons favorables à la navigation, ces derniers étaient contraints d’élire domicile à Hôi An et d’y rester plus longtemps que prévu, soit pour procéder à la réparation de leurs bateaux, soit pour saisir les opportunités d’acheter les marchandises et de les stocker, soit dans l’attente d’un moment favorable pour repartir en mer et éviter les tempêtes. C’est dans ce contexte que la ville Hội An fut fondée. Elle connut un développement galopant grâce aux facilités administratives octroyées aux étrangers par les seigneurs Nguyễn. Toute forme de résidence fut admise. C’est aussi à cette époque que Hội An accueillit les bateaux européens (portugais, hollandais, anglais et français), dont la venue favorisa non seulement l’établissement des comptoirs européens, mais aussi l’arrivée de missionnaires catholiques étrangers, parmi lesquels figurait le célèbre jésuite français Alexandre de Rhodes. Débarqué à Hội An en 1625, celui-ci commença à apprendre le vietnamien. Tellement doué au point de maîtriser rapidement la langue vietnamienne, il fut chargé, plus tard, de mettre au point la première transcription phonétique et romanisée de la langue vietnamienne, le Quốc ngữ (écriture nationale) (4). On ignore cependant si celui-ci eût le temps d’achever son œuvre à Hội An, car il n’y séjourna que trois années.

Par contre, on sait qu’il fut interdit de séjour à Quảng Nam en 1645 et que la parution de son dictionnaire vietnamo-portugais-latin eut lieu cinq ans après son expulsion. C’est sous le règne du seigneur Nguyễn Phúc Nguyên (Chúa Sãi) que furent créés, à Hội An, les quartiers communautaires (japonais, chinois, hollandais etc.). Chaque communauté avait son quartier où les habitants pouvaient vivre selon les us et coutumes de leur pays. L’administration de chaque quartier était assumée par un délégué des autorités locales. Hội An devenait ainsi l’un des ports commerciaux et centre économique de la Cochinchine, mais aussi, de l’Asie du Sud Est. La prospérité de Hội An ne faisait  pas de doute. Dans sa compilation intitulée « Phủ Biên Tạp Lục » (Chroniques diverses de la frontière pacifiée), l’érudit vietnamien Lê Qúi Đôn en faisait état. Il y rapportait, notamment, les propos d’un commerçant chinois: « Les bateaux rentrant de Sơn Nam (1) (du Nord) ne ramènent que des cũ nâu (ignames sauvages ou Dioscorea cirrhosa) (2) et ceux de Thuận Hóa du poivre. Par contre, si on vient à Hội An, on peut  y trouver tout». Le chercheur Trần Kinh Hoà, connu pour ses recherches sur Hội An, attribue à Nguyễn Phúc Nguyên le mérite d’avoir fondé Hội An. Il s’appuie, en cela, sur un passage du rapport du jésuite missionnaire Christoforo Borri sur les religions (en séjour à Nam Hà de 1618 à 1621). Le navigateur anglais William Adams relate également l’existence d’un quartier japonais en 1617.

Dans le passé, on pensait que ce quartier japonais était circonscrit au seul périmètre géographique de l’actuelle rue Trần Phú. Mais les dernières fouilles archéologiques ont mis à jour un grand nombre d’objets de céramique datant du 17è siècle (Chine, Japon et Vietnam) exhumés au- delà du pont-pagode japonais, dans la zone délimitée par le côté est  de la rue Nguyễn Thị Minh Khai et le côté sud de la rue Phan Chu Trinh. Les résultats de ces fouilles permettent de se faire une idée plus précise aujourd’hui de la délimitation de ce quartier japonais, qui semble plus étendu qu’on ne l’imaginait au départ. Le temple Jomyo de Nagoya, au Japon, possède encore aujourd’hui une fresque picturale (Giao Chỉ Mậu Dịch Hải Đồ) datant de 1640, qui fait le récit du départ et de l’arrivée d’un bateau japonais (le Shuinsen) de Nagasaki à Hội An, après une navigation d’une quarantaine de jours en mer. Cette fresque picturale fut commandée à cette époque par la grande famille de commerçants japonais Chaya présente à Hội An durant la période 1615-1624. La communauté nippone commença à croître en même temps que l’agglomération d’Hội An. Les seigneurs Nguyễn favorisèrent le développement économique avec le Japon.

Outre l’argent, denrée très recherchée des Vietnamiens pour le développement de leur économie, le Japon put leur fournir de nombreux armements perfectionnés destinés à faire du Sud du Vietnam (Đàng Trong) un lieu de refuge sécurisé, à l’abri des attaques des Trịnh, sur le versant de la chaîne Hoành Sơn.  On ne connaît pas avec exactitude la raison principale de ce rapprochement, mais on estime qu’au début du 17ème siècle, le nombre de Japonais vivant à Hội An était assez important pour permettre au seigneur Nguyễn de les recruter et former une unité de combat installée à l’estuaire Đại Chiêm, renommée pour ses talents et sa méthode de combat, sa loyauté et sa fidélité, à l’image des samouraïs japonais.

Un Japonais, du nom de Shutaro, qui réussit à gagner l’estime et l’affection du seigneur Nguyễn Phước Nguyên fut adopté par ce dernier et autorisé à prendre non seulement son nom de famille Nguyen, ainsi que son prénom, Đại Lương, mais aussi le titre de noblesse Hiển Hùng. Devenu, plus tard, le beau-fils du seigneur Nguyễn, il fut chargé de la gestion de Hội An. Il est probable que le pont-pagode japonais fut construit durant la période où Shutaro administrait cette ville. Mais à la suite d’une circulaire du Bakufu (Mạc Phủ Nhật) interdisant à ses concitoyens de partir à l’étranger, Shutaro dut rentrer subitement au Japon en même temps que sa femme, la princesse Nguyễn Thị Ngọc Hoa, dont le prénom japonais était Anio.

Suite à l’interdiction de pratiquer la religion catholique au Japon et à la persécution, par le seigneur Nguyễn Phúc Tần (Chúa Hiền), des catholiques japonais et chinois en 1664-1665 qui s’ensuivit, la communauté nippone commença à décliner rapidement à Hội An. Selon le commerçant britannique Thomas Bowyer, il ne restait plus, en 1695, que 4 ou 5 familles japonaises face à la communauté chinoise constituée d’environ 100 familles chinoises [BAVH, 1920,7ème année, n°2, p 200]. Au cours de son voyage dans la seigneurie des Nguyễn au cours de la même année, le célèbre bonze chinois Thích Đại Sán, dans son journal intitulé « Hải ngọai ký sự (Journal de voyage d’Outre-Mer »,1696) ne fait mention que d’un pont japonais terminant une rue chinoise (3) « bordée sans discontinuer de boutiques » et « longeant le fleuve », sans nullement évoquer la présence des Japonais. En dépit du retrait des Japonais à Hội An et de la politique d’isolationnisme menée au Japon, par le shogunat des Tokugawa, le commerce entre le Japon et le Vietnam ne prit pas fin pour autant. Celui-ci continua à fonctionner indirectement par l’intermédiaire des bateaux marchands chinois et hollandais, comme l’attestent les objets de céramique japonaise et vietnamienne datant du 17ème siècle retrouvés dans les sites de reliques vietnamiens, et ceux de Nagasaki, Sakai, Kyoto, qui sont la preuve irréfutable d’une continuité dans les échanges commerciaux entre ces deux pays. Aujourd’hui, aucun vestige architectural japonais sous forme de maisons et de pagodes ne subsiste à Hội An excepté le célèbre pont-pagode en bois qu’on est habitué à surnommer « le pont japonais » et quelques tombeaux éparpillés dans la région de Cẩm Châu.

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Version vietnamienne

Hội An sơ lược

Hôi An đã bao lần thay đổi tên trong lich sử. Qua hai chữ «Hội» và «An», tên nầy gợi ý cho chúng ta nghĩ đến một thành phố mà mọi người thích tựu hợp và sống an lành. Trước khi đựơc các chúa Nguyễn cai quảng, vùng đất nầy thuộc về vương quốc Chămpa và được phát triển từ thế kỷ thứ 2 đến thế kỷ 14. Theo địa hình, nó còn là ngã ba của các con sông đến từ phiá Bắc (Cổ Cò, Vĩnh Điện) và từ phía nam (Trường Giang) mà các thuyền bè nhỏ và trung bình thường hay lấy thời đó để ra biển Đông qua Cửa Đại. Nó còn được xem như là cái nút giao thông mà thiên nhiên ưu đãi vì nó ở gần các khu đầm lầy Trà Quế, Trà Nhiêu, Thị Lai và Cù lao Chàm.Theo các nhà sử gia, Hội An còn là nơi cung cấp lương thực, vật liệu cho các thành phố chàm nằm ở thượng lưu như Mỹ Sơn và Trà Kiệu. Hội An còn được biết dưới cái tên là “Lâm Ấp Phố” mà cửa sông thì vẫn được gọi là “cửa Đại Chiêm” vì Hội An giữ một vai trò rất quan trọng trên phương diện kinh tế trong thời kỳ Hội An còn thuộc về vương quốc Champa.

Chính vì vậy Hội An được bao lần nhắc đến bởi các thương gia Trung Hoa vì họ đến đây để mua muối, vàng, quế, các vật liệu cần thiết. Hội An lấy tên “Hai Phố” sau khi Nguyễn Hoàng bổ nhiệm Nguyễn Phúc Nguyên (chúa Sãi) làm tổng trấn ở Quảng Nam vào năm 1570. Chính trong thời kỳ nầy Hội An được phát triển mạnh mẽ nhờ có chính sách cởi mở, nhập cư thích hợp và sáng suốt của các chúa Nguyễn nhất là biết lợi dụng việc nghiêm cấm của triều đại Minh không cho các thuyền bè Nhật được cập bến các bờ biển Trung Hoa. Vì vậy Hội An trở thành nơi mà cấm vận không có hiệu quả chi cho mấy nhờ có buôn lậu thịnh hành ở các vùng nằm ở phiá đông của Trung Hoa như Hải Nam, Phước Kiến, Quảng Tây vân vân … Để tăng trưởng trao đổi hàng hoá với các thuyền bè người Hoa ở vùng Đông Nam Á (Thái Lan, Mã Lai, Quảng Nam), shogun Toyotomi cấp giấy phép thông hành có dấu triện đỏ (shuinjô) cho các thuyền bè Nhật có quyền mậu dịch, thường được gọi là Châu Ấn thuyền. Lúc đầu, các cuộc trao đổi hàng hóa thường ở trên thuyền hay là ở nơi mà các thuyền có thể cập bến, thông thường ở vùng Trà Nhiêu. Nhưng về sau, vì số lượng hàng hóa càng nhiều, gặp lúc mùa mưa hay là cần sửa chửa cần thiết khiến các thuyền cần phải đậu lại lâu dài ở Hội An hơn dự đoán để chờ những lúc thời tiết thuận lợi mà ra khơi quay về. Trong bối cảnh nầy, mới có sự thành hình của Hội An. Chính nhờ sự dễ dãi và mạnh dạn cho phép “Hoa di ngoại tộc” định cư mà Hội An trở thành nơi qui tụ dân tứ xứ, có cả các thuyền bè của châu Âu (Hoà Lan, Anh, Pháp và Bồ Đào Nha) cùng các tu sĩ công giáo trong đó có cha Đắc Lộ (Alexandre de Rhodes), một nguời đóng góp một phần quan trọng vào việc hình thành chữ quốc ngữ Việt Nam.

Dưới thời kỳ cai trị của chúa Sãi (Nguyễn Phúc Nguyên), Hội An rất được thịnh vượng và sầm uất với nhiều khu phố (Nhật, Trung Hoa, Hoà Lan vân vân….) Mỗi cộng đồng có một khu phố riêng tư với các tập quán của mình và có được một người đại biểu của chính quyền phụ trách. Hội An trở thành thời đó là một trong những hải cảng thương mại và trung tâm kinh tế của xứ Đàng Trong và Đông Nam Á. Trong cuốn Phủ biên tạp lục (1776), nhà học giả Lê Quí Đôn có miêu tả như sau: Thuyền từ Sơn Nam (Đàng Ngoài) về chỉ mua được một thứ củ nâu, thuyền từ Thuận Hóa (Phú Xuân) về cũng chỉ có một thứ là hồ tiêu. Còn từ Quảng Nam (Hội An) thì hàng hóa không thứ gì không có. Được nổi tiếng qua các công trình khảo cứu về Hội An, nhà nghiên cứu Trần Kinh Hoà nhận định rằng chúa Nguyễn Phúc Nguyên là người có công trạng thành lập Hôi An. Ông dựa trên một đọan viết trong tờ báo cáo của tu sĩ jésuite Christoforo Borri về các tôn giáo thời gian ông ở Nam Hà từ 1618 đến 1621. Nhà hàng hải người Anh William Adams có nhắc đến khu của người Nhật vào năm 1617. Trong quá khứ, ai cũng nghĩ rằng khu phố Nhật chỉ nằm vỏn vẹn ở chu vi của đường Trần Phú hiện nay. Nhưng với các khai quật khảo cổ gần đây, người ta tìm thấy một số hiện vật bằng gốm được xác định từ thế kỷ 17 (Trung Hoa, Nhật và Vietnam) thì nó nằm vượt qua khỏi chùa cầu trong khu vực giới hạn bởi phiá đông của đường Nguyễn Thị Minh khai và phiá nam của đường Phan Chu Trinh. Chính nhờ vậy người ta mới ấn định được phạm vi của khu Nhật ở Hội An, nó có phần rộng hơn dự kiến. Đền Jomyo ở Nagoya còn giữ cho đến hôm nay một bức tranh vẽ (Giao Chỉ Mậu Dịch Hải Đồ) từ 1640 kể lại cuộc hành trình của một châu ấn thuyền Nhật từ Nagasaki đến Hội An sau 40 ngày đi trên biển. Bích họa nầy được đặt làm ở thời đó bởi một gia đình Nhật Chaya có mặt ở Hội An từ năm 1615 đến 1624. Số người Nhật định cư bất đầu tăng lên cùng lúc với Hội An. Ngoài bạc ra, một thương phẩm mà người dân Việt rất cần trong việc phát triển kinh tế, Nhật Bản còn cung cấp vũ khí tối tân để biến Đàng Trong thành nơi nương náu an toàn để tránh các cuộc tấn công của chúa Trịnh qua sườn đồi của dãy Hoành Sơn. Không ai biết rỏ lý do của sự giao hảo thân thiện nầy nhưng có một điều là đầu thế kỷ thứ 17 số dân di cư người Nhật rất quan trọng cho đến đổi chúa Nguyễn chiêu mộ một đạo binh người Nhật chiếm đóng ở Cửa Đại vì họ nổi tiếng rất trung thực và giỏi về phương thức chiến đấu như các võ sĩ Nhật.

Có một người Nhật tên Shutaro được chúa Sãi yêu mến nhận làm con nuôi, gọi ông là Đại Lương và phong cho ông một huy hiệu qúi tộc Hiến Hùng. Sau nầy Đại Luơng không những là con rể của chúa Sãi mà còn là người quản lý Hội An. Rất có thể trong thời gian nầy mà chùa cầu được xây cất. Nhưng sau đó vì thông lệnh của Mạc Phủ (Bakufu) cấm người dân Nhật xuất ngoại, Shutaro buộc lòng cấp tốc trở về Nhật cùng vợ tức là công chúa Nguyễn Thị Ngọc Hoa mà tên Nhật là Anio. Sau việc cấm truyền bá đạo công giáo ở Nhật và chính sách ngược đãi của Nguyễn Phúc Tần (chúa Hiền) với các người công giáo Nhật và Hoa từ 1664 đến 1665, cộng đồng người Nhật ở Hội An bất đầu giảm dần. Theo thương gia người Anh Thomas Bowyer, chỉ còn ở Hội An 4 hay 5 gia đình vào 1695 so với cộng đồng người Hoa có khoảng chừng 100 gia đình. (BAVH 1920, năm thứ 7, số 2, trang 200). Cùng năm đó trong thời gian hành trình ở vùng đất chúa Nguyễn, một nhà sư nổi tiếng Thích Đại Sán có nhắc đến trong nhật ký của ông “Hải ngoại ký sự” cái cầu của người Nhật đuợc kết thúc với một con đường của người Hoa tràn đầy các tiệm buôn bán và dọc theo bờ sông mà chẳng nói chi về sự hiện diện của người Nhật. Mặc dầu có sự rút lui của người Nhật với chính sách biệt lập của Mạc phủ Tokugawa ở Nhật Bản, mậu dịch giữa chúa Nguyễn và Nhật Bản vẫn tiếp tục và không có bị gián đoạn nhờ các tàu Trung Hoa và Hòa Lan làm trung gian gián tiếp. Cụ thể còn tìm thấy các hiện vật bằng gốm của Nhật và Vietnam ở thế kỷ thứ 17 ở các nơi thánh tích của Vietnam và Nagasaki, Sakai, Kyoto của Nhật Bản. Ngày nay, không còn thấy dấu tích kiến trúc nào của người Nhật ngoài chùa cầu và vài mộ rải rác ở vùng Cẩm Châu. 

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English version

Hoi An Summary

First part (Phần đầu)

Hội An has changed its name several times throughout its history. The name « Hội An » suggests that through the words (Hội = « Association ») and (An = « peaceful »), this city should be a place where people could gather in peace. Before coming under the rule of the Nguyễn lords, Hội An was located in a highly developed region of the Champa kingdom from the 2nd to the 14th century. According to the topography, it was at the crossroads of rivers coming from the North (Cổ Cò, Vĩnh Điền) and the South (Trường Giang), which small and medium-sized boats frequently used at that time to reach the East Sea at the Cửa Đại estuary (the Great Estuary). It was, in a way, a traffic hub favored by nature and by the proximity of the three large marshes Trà Quế, Trà Nhiêu, and Thi Lai, the islet Poulo-Cham or Pulluciampelle (Cù Lao Chàm), and the estuaries Cửa Đại and Cửa Hàn. According to some historians, the Hội An region served as a supply point for the sacred Cham cities located upstream: Mỹ Sơn and Trà Kiệu (Simhapura). Hội An was known as Lâm Ấp Phố. Its estuary was always referred to as that of Greater Champa (Cửa Đại Chiêm). In any case, it played an important economic role during the Cham period.

Recent archaeological excavations undertaken by Vietnamese researchers at ancient habitation sites and antique tombs in the Hội An area (Hậu Xá 1, Hậu Xá 2 (along the Hội An river), An Bằng, Thành Chiêm (Cẩm Hà commune), Xuân Lâm (Cẩm Phô)) have revealed that this settlement was once an important economic zone during the late Sa Huỳnh cultural period. In addition to jar-shaped coffins, iron objects dating from the Han dynasty, working tools, and jewelry were discovered, all of which testify to the existence of a flourishing trade. Its name was mentioned many times by Chinese merchants when it was still part of Champa; these merchants came to procure salt, gold, and cinnamon, essential goods in China.

Then Hội An prospered under the name Hai Phố (Two small villages) at the time when Lord Nguyễn Hoàng of the Đại Việt kingdom installed his son Nguyễn Phúc Nguyên (Lord Sãi) as governor of Quảng Nam in 1570. This was a brilliant period when Hội An experienced a rapid boom largely due to the open and farsighted immigration policy carried out by the Nguyễn lords. They took advantage of the ban imposed by Ming China on Japanese ships from docking on its coasts, bringing them to Hội An where the Chinese embargo was less effective due to the smuggling that prevailed in the eastern provinces of China: Kouang Si, Fou Kien, Tsao Tcheou, Hainan. In order to increase trade and exchanges with Chinese merchant ships, and encourage large Japanese trading ships to come to Southeast Asia (Thailand, Malaysia, Quảng Nam), the shogun Toyotomi established a system called the « Royal Seal Permit » (the Shuinsen) (Châu Ấn Thuyền), a kind of authorization stamped in red. These exchanges, seasonal and temporary at first, usually took place on junks or at the anchorage and mooring sites of merchant ships around the Trà Nhiêu region. However, this practice did not please some foreign merchants.

Dependent on the monsoon season, the volume of traded goods sold or collected, and the seasons favorable for navigation, these traders were forced to settle in Hội An and stay longer than expected, either to repair their boats, seize opportunities to buy and store goods, or wait for a favorable moment to set sail again and avoid storms. It was in this context that the city of Hội An was founded. It experienced rapid development thanks to the administrative facilities granted to foreigners by the Nguyễn lords. All forms of residence were allowed. It was also during this period that Hội An welcomed European ships (Portuguese, Dutch, English, and French), whose arrival not only promoted the establishment of European trading posts but also the arrival of foreign Catholic missionaries, among whom was the famous French Jesuit Alexandre de Rhodes. Landing in Hội An in 1625, he began to learn Vietnamese. So talented that he quickly mastered the Vietnamese language, he was later tasked with developing the first phonetic and romanized transcription of the Vietnamese language, the Quốc ngữ (national script). However, it is unknown whether he had time to complete his work in Hội An, as he only stayed there for three years.

However, it is known that he was banned from residing in Quảng Nam in 1645 and that the publication of his Vietnamese-Portuguese-Latin dictionary took place five years after his expulsion. It was under the reign of Lord Nguyễn Phúc Nguyên (Chúa Sãi) that community quarters (Japanese, Chinese, Dutch, etc.) were created in Hội An. Each community had its own quarter where the inhabitants could live according to the customs and traditions of their country. The administration of each quarter was managed by a delegate of the local authorities. Hội An thus became one of the commercial ports and economic centers of Cochinchina, but also of Southeast Asia. The prosperity of Hội An was beyond doubt. In his compilation entitled « Phủ Biên Tạp Lục » (Miscellaneous Chronicles of the Pacified Frontier), the Vietnamese scholar Lê Qúi Đôn mentioned it. He notably reported the words of a Chinese merchant: « The boats returning from Sơn Nam (1) (the North) bring back only cũ nâu (wild yams or Dioscorea cirrhosa) (2) and those from Thuận Hóa bring pepper. However, if one comes to Hội An, one can find everything there. » The researcher Trần Kinh Hoà, known for his studies on Hội An, credits Nguyễn Phúc Nguyên with founding Hội An. He bases this on a passage from the report of the Jesuit missionary Christoforo Borri on religions (who stayed in Nam Hà from 1618 to 1621). The English navigator William Adams also mentions the existence of a Japanese quarter in 1617.

In the past, it was believed that this Japanese quarter was confined solely to the geographical perimeter of the current Trần Phú street. But recent archaeological excavations have uncovered a large number of ceramic objects dating from the 17th century (China, Japan, and Vietnam) unearthed beyond the Japanese pagoda bridge, in the area bounded by the east side of Nguyễn Thị Minh Khai street and the south side of Phan Chu Trinh street. The results of these excavations now allow for a more precise understanding of the boundaries of this Japanese quarter, which appears to be more extensive than initially imagined. The Jomyo temple in Nagoya, Japan, still possesses a pictorial fresco (Giao Chỉ Mậu Dịch Hải Đồ) dating from 1640, which narrates the departure and arrival of a Japanese ship (the Shuinsen) from Nagasaki to Hội An, after about forty days of sailing at sea. This pictorial fresco was commissioned at that time by the prominent Japanese merchant family Chaya, present in Hội An during the period 1615-1624. The Japanese community began to grow alongside the development of the Hội An settlement. The Nguyễn lords encouraged economic development with Japan.

Besides money, a highly sought-after commodity by the Vietnamese for the development of their economy, Japan was able to provide them with numerous advanced weapons intended to make South Vietnam (Đàng Trong) a secure refuge, protected from attacks by the Trịnh, on the Hoành Sơn mountain range side. The exact main reason for this alliance is not known, but it is believed that at the beginning of the 17th century, the number of Japanese living in Hội An was significant enough to allow the Nguyễn lord to recruit and train a combat unit stationed at the Đại Chiêm estuary, renowned for its skills and combat methods, loyalty, and fidelity, much like Japanese samurai.

A Japanese man named Shutaro, who succeeded in gaining the esteem and affection of Lord Nguyễn Phước Nguyên, was adopted by him and authorized not only to take his family name Nguyễn and the given name Đại Lương but also the noble title Hiển Hùng. Later becoming the lord Nguyễn’s son-in-law, he was entrusted with the management of Hội An. It is likely that the Japanese covered bridge was built during the period when Shutaro administered this city. However, following a circular from the Bakufu (Japanese Shogunate) prohibiting its citizens from traveling abroad, Shutaro had to abruptly return to Japan along with his wife, Princess Nguyễn Thị Ngọc Hoa, whose Japanese name was Anio.

Following the ban on practicing the Catholic religion in Japan and the persecution by Lord Nguyễn Phúc Tần (Chúa Hiền) of Japanese and Chinese Catholics in 1664-1665 that ensued, the Japanese community began to rapidly decline in Hội An. According to the British merchant Thomas Bowyer, by 1695, only 4 or 5 Japanese families remained compared to the Chinese community consisting of about 100 Chinese families [BAVH, 1920, 7th year, no. 2, p. 200]. During his journey through the Nguyễn lordship in the same year, the famous Chinese monk Thích Đại Sán, in his journal entitled « Hải ngọai ký sự (Overseas Travel Journal, 1696), » only mentions a Japanese bridge ending a Chinese street (3) « lined continuously with shops » and « running along the river, » without any mention of the presence of Japanese people. Despite the withdrawal of the Japanese in Hội An and the isolationist policy carried out in Japan by the Tokugawa shogunate, trade between Japan and Vietnam did not end. It continued to operate indirectly through Chinese and Dutch merchant ships, as evidenced by Japanese and Vietnamese ceramic objects dating from the 17th century found at Vietnamese relic sites, and those from Nagasaki, Sakai, Kyoto, which are irrefutable proof of continuity in commercial exchanges between these two countries.

Today, no Japanese architectural remains in the form of houses and pagodas survive in Hội An except for the famous wooden bridge-pagoda commonly referred to as « the Japanese bridge » and a few tombs scattered in the Cẩm Châu area.

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BAVH: Bulletin des Amis du Vieux Huế

(1) Sơn Nam: la région du Nord englobant les provinces Nam Định et Thái Bình actuelles.
(2) très utilisés pour les teintures et les tannages des toiles et des filets de pêche au nord du Vietnam.
(3): Rue Trần Phú actuelle.
(4): Alexandre de Rhodes est l’auteur du Dictionarium Annamiticum Lusitanum et Latinum, dictionnaire trilingue vietnamien-portugais-latin édité à Rome en 1651 par la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.

Empereur Tự Đức (Version française)


tuduc

Hồng Nhậm

(1847-1883)

Un grand hommage à l’empereur poète Tự Ðức à travers mes quatre vers en Six-huit:

Ngậm ngùi thương xót phận mình
Làm vua chẳng có quang vinh chút gì
Thực dân chiếm đất ở lì
Trẩm đây buồn tủi, sử thì kết oan

Je m’apitoie douloureusement sur mon sort
« Etre roi » ne mérite pas assez la gloire
Les colonialistes ont confisqué la terre pour y rester
Moi, je suis plongé dans la tristesse et l’humiliation tandis que l’histoire m’a condamné.

Version vietnamienne
Version anglaise
Galerie des photos

Etant le quatrième empereur de la dynastie des Nguyễn, Tự Ðức fut connu sous le nom Hồng Nhậm quand il était encore un jeune prince. C’était le fils cadet de l’empereur Thiệu Trị. Ce dernier décida de changer d’avis à la dernière minute dans son testament royal en le désignant comme le successeur méritant à la place du prince héritier Hồng Bào, son frère, sous prétexte de débauche. Son intronisation fut très perturbée par l’évanouissement de son frère Hồng Bào devant la Cour et suivie par l’emprisonnement de ce dernier taxé de connivence plus tard avec les prêtres catholiques et les Européens en vue d’un coup d’état. Hồng Bào fut peu après éliminé  dans la prison, ce qui souleva certaines critiques faites plus tard à l’empereur par ses subordonnés par le biais de leurs poèmes. On lui reprocha de manquer de la magnanimité que le roi Cao Pi (Tào Phi) avait réservée à son frère Cao Tseu (Tào Thực), un grand poète évincé aussi du pouvoir à l’époque des Trois Royaumes en Chine. C’était le cas du mandarin Nguyễn Hàm Ninh. Un beau jour, Tự Ðức qui se blessa involontairement la langue avec ses dents au moment du déjeuner, décida de choisir comme sujet de poésie le thème « la blessure par les dents » et demanda à ses subordonnés de composer des poèmes axés sur ce thème. Nguyễn Hàm Ninh profita de cette suggestion pour lui adresser promptement son poème épique de quatre vers suivants :

Ta ra đời trước chú chưa sinh
Chú phận làm em, ta phận anh
Ngọt bùi sao chẩng cùng san sẽ
Mà nỡ đau thương cô’t nhục tình?

Je suis né avant votre naissance
Vous êtes mon petit-frère, je suis votre grand frère
Pourquoi ne partagez-vous pas le bonheur avec moi au lieu de nous entre-déchirer lamentablement ainsi?

Nguyễn Hàm Ninh fut ainsi récompensé pour son talent inouï avec plusieurs taëls d’or mais il reçut en même temps pour chaque vers composé un coup de bâton car chaque vers était significatif et profond. Tự Ðức fut un grand poète de son temps. C’était pourquoi il avait une préférence incontestable à l’égard de tous les grands poètes de son époque. Ceux-ci étaient appréciés à leur juste valeur même à des moments où son autorité et son amour-propre pouvaient être bafoués par des critiques virulentes et acerbes provenant des gens de caractère et indépendants comme Cao Bá Quát. Ce dernier ne cessa pas de le ridiculiser maintes fois devant les mandarins mais il n’hésita pas à le combler d’éloges lorsque Cao Bá Quát réussît à lui rendre esthétiquement son énoncé antithétique tout en s’appuyant sur l’énoncé appelant proposé par Tự Ðức par l’intermédiaire d’un jeu savant de mots. Profitant de la présence de Cao Bá Quát, Tu Duc émit spontanément l’énoncé appelant:

Nhất bào song sinh, nan vi huynh, nan vi đệ
Một bọc sinh đôi, khó làm anh, khó làm em

Il y a un seul embryon pour deux vies humaines. Il est difficle d’être le grand frère mais il l’est aussi d’être le petit frère.

pour rappeler à Cao Bá Quát qu’ils étaient deux frères jumeaux (lui et son frère Cao Bá Ðạt) qu’il était difficile de discerner.

Cao Bá Quát fit sur le champ l’énoncé répondant:

Thiên tài thất ngộ, hữu thị quân, hữu thị thần
Nghìn năm gập một, có vua ấy, có tôi ấy.

Il y a une seule fois pour mille ans. Il existe le bon roi mais il existe aussi le bon serviteur.

pour rappeler à Tự Ðức qu’un bon roi était servi toujours par un bon serviteur. Malgré cela, Tự Ðức ne fut pas satisfait entièrement car il savait aussi qu’il fit allusion d’une manière intelligente et subtile au proverbe vietnamien (vỏ quýt dày, móng tay nhọn)(ou en français à bon chat, à bon rat).

On trouve non seulement dans l’énoncé appelant comme dans l’énoncé appelé le même nombre de mots mais aussi la même position pour chaque mot répété. Une autre fois, Cao Bá Quát ne fut pas très content de voir accrochés à l’entrée du palais Cần Chánh les deux vers antithétiques suivants composés par Tự Ðức:

Tử năng thừa phụ nghiệp
Thần khả báo quân ân.

Le fils capable hérite du métier de son père
Le sujet méritant est reconnaissant toujours envers le roi bienfaiteur.

Celui-ci fut étonné et lui demanda la raison de son mécontentement. Cao Bá Quát lui dit:

Le mot « Tử » (ou fils en français) ne peut être placé devant le mot « phụ » (ou père en français). De même, le mot « Thần » (ou sujet en français) ne peut pas devancer le mot « quân » (ou roi en français). Cela n’est plus conforme à notre ordre hiérarchique.
Tu Duc lui demanda de rectifier cette erreur. Sans hésitation, Cao Bá Quát lit instantanément les deux vers suivants:

Quân ân, thần khả báo
Phụ nghiệp, tử năng thừa

Pour les bienfaits du roi, le sujet méritant en est reconnaissant
Pour le métier du père, le fils capable en hérite.

Malgré sa nature romantique et son tempérament maladif, Tự Ðức était l’empereur qui connut très peu la sérénité et la tranquillité durant son règne. Il devait faire face non seulement au développement du capitalisme occidental mais aussi aux troubles internes dus à l’éviction de son frère aîné Hồng Bào, la guerre des Sauterelles menée par Cao Bá Quát plus tard etc.). La perte des six provinces de Nam Bộ ne cessa pas de le hanter et le plonger douloureusement dans une tristesse sempiternelle car il était le premier empereur de la dynastie des Nguyễn à avoir la lourde responsabilité de laisser s’échapper une partie du territoire vietnamien aux mains des étrangers, en particulier celle dont sa mère était issue.

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L’absence d’un prince héritier due à sa stérilité provoquée par la variole qu’il avait contractée quand il était jeune, le suicide du lettré Phan Thanh Giản, gouverneur des provinces occidentales de Nam Bộ l’ont attristé et l’ont obligé à chercher refuge souvent dans ses jolis pavillons en bois rouge Du Khiêm et Xung Khiêm qui deviennent aujourd’hui des lieux de prédilection pour les touristes étrangers et vietnamiens. C’était ici qu’il composa des poèmes dont le plus célèbre restait le poème d’amour intitulé « Khóc Bằng Phi (Les larmes à ma concubine) » et immortalisé par les deux vers suivants:

Ðập cổ kính ra, tìm lấy bóng
Xếp tàn y lại để dành hơi
Je brise l’ancien miroir pour chercher ton ombre
Je plie tes  habits usés pour garder ta chaleur.

Etant un enfant pieux, Tự Ðức régna sous l’ombre de sa mère, l’impératrice Từ Dũ. Il prit en considération tout ce que la reine-mère lui avait suggéré. Un beau jour, en regardant le chef d’œuvre théâtral dramatique chinois intitulé « Conquête de l’Ouest » (Ðường Chinh Tây), la reine-mère fut choquée par la scène où l’héroïne Phàn Lê Huê avait tué son père. Pour plaire à sa mère, Tự Ðức fut obligé de demander au mandarin chargé des divertissements de modifier intégralement le contenu de la scène pour ne plus voir cette tragédie infâme et contraire à l’esprit confucéen. La réhabilitation du mandarin Phạm Phú Thứ dans la fonction d’académicien chargé de livres de consultation n’était pas étrangère à la réprimande que Tự Ðức avait reçue de la part de la reine-mère. Ce mandarin osa demander à Tự Ðức de se corriger de sa paresse car ce dernier supprima depuis son avènement au trône, les grandes audiences et ne donna aucune suite aux requêtes soumises. Malgré son crime de lèse-majesté, Phạm Phu Thứ ne fut pas congédié mais il réintégra l’assemblée de la Cour et devint un grand mandarin sous son règne. A cause de l’emprise du clan des mandarins confucianistes, Tự Ðức ne put pas entamer les réformes à temps en dépit de la mise en garde et du mémorandum pathétique du lettré patriote Nguyễn Trường Tộ. Il ne sut pas profiter des occasions favorables pour amener le Viêt-Nam sur le chemin de modernité mais il s’enfonça un peu plus dans l’isolement, dans la tristesse et dans la solitude depuis l’annexion des six provinces de Nam Bộ par les autorités coloniales françaises.

Pour tenter de ramener Tự Ðức à la bonne humeur, la reine-mère promit de récompenser celui qui réussît à faire rire l’empereur. Celui-ci aimait aller voir souvent le théâtre pour se détendre. Un beau jour, profitant de sa présence au théâtre royal, le chef de groupe théâtral de nom Vung se présenta subitement devant  Tự Ðức qui était en train de fumer et lui dit:

Pouvez-vous me permettre, Seigneur, de partager avec vous une bouffée de cigarette?
Son geste spontané abasourdit tout le monde car on savait qu’il avait commis un crime de lèse-majesté. Tự Ðức rigola aussi sur le coup. Mais il se ressaisit en lui disant:

Tu as vraiment de l’audace.
et pardonna son offense.

Vung fut récompensé plus tard par la reine-mère.
Il est regrettable d’attribuer à Tự Ðức l’image d’un empereur despotique et responsable du démembrement du Viêt-Nam par les autorités coloniales. Le sort de son pays ainsi que celui de son peuple fut scellé depuis longtemps au moment où son grand-père, l’empereur Minh Mạng et son père Thiệu Trị avaient opté pour une politique de persécution envers les catholiques et les missionnaires étrangers, ce qui permit aux autorités françaises de justifier leur intervention et leur annexion. La politique coloniale française était déjà mise en marche depuis longtemps.

Par le biais de ces anecdotes, on sait que Tự Ðức était un empereur tolérant et pieux, un homme de cœur et un grand poète de son temps. Le destin de son pays l’a forcé à devenir empereur malgré lui, à tuer son frère aîné lorsque celui-ci devenait le collaborateur privilégié des étrangers. Peut-on faire mieux que lui? C’est la question qu’on se demande si on se met à sa place. On ne trouve point la réponse au fil des années mais on sait une chose.

Il ne pouvait pas rester indifférent devant les événements qui s’abattaient cruellement sur lui et sur son peuple. Il ne se relevait pas non plus de la douleur profonde de voir dans l’histoire du Viêtnam la chute de l’Empire dont il était taxé d’être le responsable.

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Sculpture du Champa (Điêu Khắc Cổ Chămpa)

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Version vietnamienne
Version anglaise
Première partie

Jusqu’à aujourd’hui, on ne connait pas avec exactitude l’origine ethnique des Chams. Certains pensent qu’ils venaient de l’Asie continentale et qu’ils étaient refoulés avec les autres populations vivant dans le sud de la Chine (les Bai Yue) par les Chinois tandis que d’autres (les ethnologues , les anthropologues et les linguistes) mettaient en évidence leur origine insulaire par le biais de leurs travaux de recherche. 


Sculpter une statue, c’est un acte religieux.


Pour ces derniers, les Chams étaient sans doute des populations des mers du Sud (les pays des archipels ou ceux de la péninsule malaise). Les traditions orales chames évoquant des liens unissant à l’époque légendaire, le Champa et Java confortent cette dernière hypothèse.

Surnommés les Vikings de l’Asie du Sud-Est, les Chams vivaient le long des côtes du centre et du sud du Vietnam actuel. Leurs principales activités étaient basées essentiellement sur le commerce. Ils étaient en contact très tôt avec la Chine et des territoires aussi éloignés que la péninsule malaise, peut-être les côtes de l’Inde du Sud. 

Etant consacrée à des fins religieuses, la sculpture chame n’échappait pas ainsi aux répercussions politiques et aux influences venant de l’extérieur, en particulier celles de l’Inde, du Cambodge et du Java. Celles-ci devenaient ainsi les principales forces de création, de développement et d’évolution des styles dans leur art. Pour le chercheur français Jean Boisselier, la sculpture chame était en liaison étroite avec l’histoire. Des modifications notables ont été relevées dans le développement de la sculpture chame, en particulier la statuaire avec les événements historiques, les changements de dynasties ou les rapports que le Champa avait eus avec ses voisins (Vietnam ou Cambodge). Selon le chercheur vietnamien Ngô văn Doanh,  chaque fois qu’ il y avait  un impact important venant de l’extérieur,  on ne tardait pas de voir apparaître au Chămpa un nouveau style dans sa sculpture.

Pour cela, il suffit de citer un exemple: aux XIème-XIIème siècles, l’intensification des contacts violents spécialement avec le Vietnam et le Cambodge et l’apparition de nouvelles conceptions en rapport avec les fondements du pouvoir royal peuvent expliquer l’originalité et la richesse trouvées dans le style de Tháp Mắm.

Galerie des photos

 

Etant l’expression du panthéon indien (brahmaniste mais surtout shivaïste et bouddhiste), la sculpture chame recourt plutôt à l’interprétation locale des concepts, des normes venant de l’extérieur avec élégance qu’à l’imitation servile. Elle est avant tout un support de méditation et une preuve de dévotion. Sculpter une statue, c’est un acte religieux. Soumis à des normes religieuses, le sculpteur cham, avec ses mains adroites, a réussi à donner avec ferveur à la pierre inerte une âme, une représentation divine permettant de véhiculer le concept religieux qu’il aimait transmettre avec foi. La sculpture chame est pacifique. Aucun scène d’horreur ne figure. Il n’y a que des créatures animales un peu fantaisistes (lions, dragons, oiseaux, éléphants etc..). On ne trouve aucune forme violente et décente dans les divinités. Malgré l’évolution des styles au fil de l’histoire, la sculpture chame continue à garder les mêmes créatures divines et animales dans une thématique constante.

Makara

L’art cham a réussi à garder sa spécificité, sa propre expression faciale et sa beauté particulière sans qu’on puisse dire qu’il s’agit d’une copie servile des modèles extérieurs et remettre en cause sa singularité dans la sculpture d’hindouisme trouvée en Inde et en Asie du Sud-Est. En dépit du manque d’animation et du réalisme, les œuvres chames étaient taillées majoritairement dans le grès et beaucoup plus rarement dans la terre cuite et dans d’autres alliages (or, argent, bronze etc.).  

Etant de dimension modeste d’une manière générale, elles retracent les croyances religieuses et les conceptions du monde. Elles ne peuvent pas nous laisser impassibles car elles nous donnent toujours une forte étrange impression. C’est l’une des caractéristiques de la beauté de l’art cham. On trouve dans la sculpture chame des rondes-bosses, des hauts-reliefs et des bas-reliefs. Une ronde-bosse est une sculpture autour de laquelle on peut tourner pour voir l’œuvre du sculpteur. Un haut-relief est une sculpture ayant un relief très saillant et ne se détachant pas du fond. Quant au bas-relief, il s’agit d’une sculpture à faible saillie sur un fond uniforme. On relève dans la sculpture chame la tendance à dégager notamment la rondeur des créatures au niveau des reliefs. Peu de scènes figurent dans cette sculpture. On relève le manque de lien ou d’adresse au niveau d’assemblage dans le cas contraire. 

Les créatures trouvées dans la sculpture chame ont tendance à sortir toujours de l’espace qui les entoure avec éclat. Elles ont quelque chose de monumental. Même au cas où elles sont regroupées dans les œuvres de Mỹ Sơn, Trà Kiệu retraçant la vie journalière des Chams, elles nous donnent l’impression que chacune d’elles reste indépendamment des autres.  

On peut dire que le sculpteur cham s’occupe uniquement de la créature qu’il veut montrer et déifier sans penser à aucun moment aux détails et aux imperfections excessivement irréalistes (la main trop grande ou le bras trop fléchi de la danseuse de Trà Kiêu par exemple) et sans imiter copieusement les modèles originaux indiens, ce qui donne à cette sculpture chame le caractère « monumental » qu’on ne trouve pas dans les autres sculptures. C’est une autre particularité trouvée dans cette sculpture chame.

Les œuvres ne sont pas nombreuses mais elles témoignent d’une belle qualité plastique et de l’expression de diverses religions. Il est difficile de leur donner un même style. Par contre, on relève quelques traits proches de la tradition de l’art indien d’Amaravati. C’est seulement dans la seconde moitié du 7ème siècle que sous le règne du roi Prakasadharma Vikrantavarman I, la sculpture chame commença à prendre corps et à révéler son originalité. Lire la suite

[Sculpture du Champa Partie 2)]
[Sculpture du Champa: Partie 3]

  • Style Mỹ Sơn E1 (VIIème-milieu VIIIème siècle)
  • (Milieu VIIIème- milieu IXème siècle). Période Hoàn Vương
  • Style Ðồng Dương  (IXème -Xème  siècle)
  • Style Mỹ Sơn A 1  (Xème siècle)
  • Style Tháp Mắm (ou Style Bình Ðịnh) 
  • Styles Yang Mum et Pô Rome ( XIVème -XVème siècle)

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Royaume du Founan (Vương quốc Phù Nam)

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English version

Vietnamese version

Jusqu’à l’aube du XXème siècle, on fut renseigné seulement  sur cet ancien royaume hindouisé  dans quelques écrits chinois. Il fut mentionné d’abord à l’époque des Trois Royaumes Combattants (220-265) dans un texte chinois lors de l’établissement des relations diplomatiques des Wu (Đông Ngô en vietnamien ) avec les pays étrangers. Dans ce rapport, on nota que le gouverneur du Guandong et du Tonkin, Lu-Tai envoya des représentants (congshi) au sud de son royaume. Les rois au-delà des frontières de son royaume (Founan, LinYi (futur Champa) et Tang Ming (pays identifié au nord du Tchenla à l’époque des Tang)) envoyèrent chacun un ambassadeur pour lui payer un tribut. Puis Founan était cité aussi dans les annales dynastiques des Tsin (nhà Tấn) jusqu’aux Tang (Nhà Đường).

De même, le nom du Founan est la transcription phonétique de l’ancien mot khmer bhnam (montagne) en caractères chinois. Cela suscite quand même des réserves et des réticences dans l’interprétation du mot « Founan » par « montagne » pour certains spécialistes. Ceux-ci trouvent mieux la justification du mot Founan dans le sens de « tertre » car jusqu’à une époque récente, dans les études ethnographiques [Martin 1991 ; Porée-Maspero 1962-69] les Khmers avaient l’habitude de pratiquer des cérémonies autour des tertres artificiels. Les Chinois frappés par cette coutume qu’ils ne connaissaient pas ont fait allusion à ce mode de pratique pour désigner ce royaume. C’est grâce aux fouilles archéologiques entamées par Louis Malleret en 1944 à Oc eo dans la province An Giang du sud du Vietnam actuel, que l’existence et la prospérité de ce royaume indianisé» ne furent plus mises en doute. Les résultats de ces fouilles étaient apparus dans sa thèse de doctorat, puis publiés dans un ouvrage intitulé « Archéologie du delta du Mékong » et composé de 6 tomes.

Cela permet de corroborer les données chinoises et de les rendre un peu plus précises dans le confinement et la localisation de ce royaume. En raison de l’abondance des trouvailles archéologiques en étain, l’archéologue français Louis Malleret n’hésitait pas à emprunter le nom Óc Eo pour désigner cette civilisation de l’étain. On commence à avoir désormais une vive lumière sur ce royaume ainsi que sur ses relations extérieures lors de la reprise des campagnes de fouilles menées tant par des équipes vietnamiennes( Đào Linh Côn, Võ Sĩ Khải, Lê Xuân Diêm ) que par l’équipe franco-vietnamienne dirigée par Pierre-Yves Manguin entre 1998 et 2002 dans les provinces An Giang, Đồng Tháp et Long An où se trouve un grand nombre de sites de culture Óc Eo. On sait que Óc Eo était un grand port de ce royaume et une plaque tournante dans les échanges commerciaux entre la péninsule malaisienne et l’Inde d’une part et entre le Mékong et la Chine d’autre part. Comme les bateaux de la région ne pouvaient pas couvrir de longues distances et devaient suivre la côte, Óc Eo devint ainsi un passage obligatoire et une étape stratégique durant les 7 siècles de floraison et de prospérité du royaume du Founan. Celui-ci occupait un quadrilatère compris entre le golfe de Thailande et le Transbassac (plaines occidentales du delta du Mékong ou miền tây en vietnamien) dans le sud du Vietnam. Il était délimité au nord-ouest par la frontière cambodgienne et au sud-est par les villes de Trà Vinh et de Sóc Trăng. Des photos aériennes prises par les Français dans les années 1920 révélaient que Founan était un empire maritime (ou une thalassocratie).

Ceinturées par des lignes successives de remparts de terre et de fossés remplis jadis par des crocodiles, d’immenses cités états étaient divisées en quartiers par la ramification des canaux et des artères, nous disaient les auteurs chinois. On peut imaginer les maisons et les magasins sur pilotis bordés de navires comme à Venise ou dans les villes hanséatiques. On découvre dans cet étonnant réseau constitué par les étoiles de canaux rectilignes disposées selon la trame nord-est/sud-ouest (du Bassac vers la mer) et communiquant toutes les unes avec les autres, le rôle important d’évacuation des crues de Bassac vers la mer, ce qui permet de laver les sols alunés, refouler les avancées des eaux saumâtres lors des crues du Bassac, favoriser la culture du riz flottant et assurer surtout le ravitaillement par l’acheminent, à l’intérieur du royaume, des cargaisons de cabotage venant de Chine, de Malaisie, de l’Inde et même du pourtour méditerranéen. La découverte des monnaies d’or à l’effigie d’Antonin le Pieux, datant de 152 ap. J.C. ou de Marc Aurèle  et des bas-reliefs des rois perses témoigne du rôle important de ce royaume dans les échanges commerciaux au début de l’ère chrétienne. Il y a même un grand canal permettant de relier sa ville portuaire Óc Eo d’une part à la mer et d’autre part au Mékong et à la ville ancienne d’Angkor Borei située à 90 km en amont dans le territoire cambodgien. Celle-ci serait vraisemblablement la capitale du Founan à son déclin.

Pour l’archéologue français Georges Cœdès, il ne fait aucun doute que l’emplacement d’Angkor Borei correspond exactement à celui de Na-fou-na, décrit dans les textes chinois comme la ville où se retirèrent les rois fouanais après leur éviction de l’ancienne capitale du Founan, Tö-mu, identifiée comme la ville Vyàdhapura et localisée dans la région de Bà Phnom du territoire cambodgien par Georges Coedès [BEFEO, XXVIII, p.127]. La richesse de ce site archéologique et la variété des vestiges archéologiques qui en proviennent corroborent son affirmation.

Grâce à des objets mis au jour lors de toutes les campagnes de fouilles sur le complexe de sites de Óc Eo, on peut dire que ce royaume connut trois périodes importantes durant son existence :
La première période qui s’étend du Ier au IIIème siècle environ se distingue par des terres cuites (poteries en céramique, briques, tuiles), la verrerie (perles et colliers), l’orfèvrerie en or (bagues, boucles d’oreilles), des pierres gravées (sceaux, bagues à chaton, cabochons), d’objets en cuivre, fer, bronze et surtout en étain. 

On assiste à la première occupation humaine sur des tertres dans la plaine de Óc Eo et sur les basses pentes du mont Ba Thê. L’habitat est sur pilotis et en bois. La sépulture en jarre, fréquente dans l’Asie du Sud est pratiquée encore. Le processus de l’indianisation n’est pas encore entamé par l’absence de statuaires et de reliques religieuses. Mais il y a quand même un contact régulier entre ce royaume et l’Inde.

L’échange commercial est renforcé par des alliances locales et l’arrivée des maîtres indiens. Ceux-ci, retenus plus longtemps pour leurs séjours dans ce royaume à cause de la saison des moussons, continuaient à pratiquer leurs religions (brahmanisme, bouddhisme). Ils commençaient à faire des émules parmi les indigènes et à aider ces derniers dans la mise en place d’un réseau hydraulique permettant de drainer la plaine jusqu’alors hostile et inondée et de la rendre « utile » pour l’habitat, la culture et l’aménagement de leur royaume. Les Indiens étaient connus pour réaliser à bon escient les travaux d’hydraulique agricole et de mise en culture. C’est ce qu’on a vu dans le pays tamoul sous les Pallava par exemple.

La culture du riz flottant est attestée par les traces d’utilisation de cette graminacée comme agent dégraissant pour les poteries. Pour le chercheur du CNRS J.Népote, spécialiste de la péninsule indochinoise, le royaume du Founan tirait l’essentiel de ses ressources agraires dans la technique du riz flottant.

Il n’était pas nécessaire de cultiver la terre ni de l’ensemencer et encore moins de repiquer les plants de riz à cette époque du fait que la frange côtière du Founan était une zone de polders inondable. Le riz poussait tout seul en même temps que le niveau de l’eau, celui-ci pouvant atteindre trois mètres de hauteur. Le riz était ensuite récolté par les barques. Pour la culture du riz flottant, la seule contrainte exigée était la diffusion et la régulation des inondations par le creusement des canaux afin de pouvoir mieux gérer l’eau d’irrigation et faciliter les moyens de communication.

Art du Fou-nan VIème siècle après J.C. 

Terre cuite, polychromie moderne

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La deuxième période de l’histoire du Founan (IVème –VIIème siècles) est marquée par la découverte d’un grand nombre de monuments religieux vishnouites et bouddhiques sur les tertres de la plaine Oc Eo et sur les flancs du mont Ba Thê. Les figures emblématiques du panthéon indien (Shiva, Vishnu, Brahma, Nanin, Ganesha et Bouddha) ont été mises au jour. C’est aussi la période où l’habitat en bois sur pilotis se déplace des tertres vers la plaine inondable et vers les basses pentes du mont Ba Thê.

L’indianisation du royaume était en marche lorsqu’on vit vers 357, un Indien de nom chinois Tchou Tchan-t’an, peut être d’origine scythe et de souche même de Kanishka, régner au royaume du Founan [ Le Founan : Paul Pelliot, p 269], ce qui pourrait expliquer le succès du culte de Surya et de son iconographie dans l’art fouannais. Un autre brahmane de nom chinois (Kiao-Tchen-Jou) (ou Kaundinga-Jayavarma) lui succédera et régnera sur le Founan entre 478 et 514. C’est la période assez connue grâce à des inscriptions locales en sanskrit.

Même le mythe de la fondation du royaume vient des Indes: Un brahmane du nom de Kaundinya guidé par un songe procure un arc magique dans un temple et navigue vers ces rives où il réussit de battre la fille de nom Soma du souverain indigène présenté comme le roi naga (un serpent fabuleux) puis il l’épouse pour gouverner ce pays. On peut dire que durant cette période, le royaume du Founan connut son apogée et entretint des relations suivies avec la Chine.

L’ampleur de son commerce fut incontestable par la découverte d’un grand nombre d’objets autres qu’indiens trouvés sur les rives du Founan: fragments de miroirs en bronze datant de l’époque des Han antérieurs, statuettes bouddhiques en bronze attribuées aux Wei, un groupe d’objets purement romains, des statuettes de style hellénistique en particulier une représentation en bronze de Poséidon. Ces objets étaient échangés probablement contre des marchandises car les Founanais ne connaissaient que le troc. Pour l’achat des produits de valeur, ils se servaient des lingots d’or et d’argent, des perles et des parfums. Ils étaient connus comme d’excellents bijoutiers. L’or était finement travaillé avec de nombreux symboles brahmaniques. Les bijoux (boucles d’oreilles en or au fermoir délicat, admirables filigranes d’or, perles de verre, intailles etc… ) exposés dans les musées de Đồng Tháp, Long An et An Giang témoignent non seulement de leur savoir-faire et de leur talent mais aussi de l’admiration des Chinois dans leurs récits durant leur contact avec les Founanais.

La dernière période correspond à la décadence et à la fin du royaume du Founan. Un important changement a été signalé durant la période tcheng-kouan (627-649) au royaume du Founan dans les annales chinoises. Le royaume de Tchen-la (Chân Lạp)( futur Cambodge) situé au sud-ouest du Lin Yi ( futur Champa) et pays vassal de Founan s’empara de ce dernier et le soumit. Ce fait a été rapporté non seulement dans la nouvelle histoire des Tang (618-907) de l’historien chinois Ouyang Xiu mais aussi sur une inscription inédite de Sambor-Prei Kuk dans laquelle on félicita le roi du Tchen La Içanavarman d’avoir grandi le territoire de ses parents. On assiste alors à l’abandon des sites d’habitat et religieux de la plaine Óc Eo car le centre de gravité de la nouvelle formation politique venant du Nord s’éloigne de la côte pour s’approcher progressivement du site de la future capitale de l’empire khmer, Angkor. Pour le chercheur J. Népote, les Khmers venus du Nord par le Laos apparaissent comme des bandes germaniques vis-à-vis de l’empire romain, tentent de constituer à l’intérieur des terres un royaume unitaire connu sous le nom de Chen La. Ils ne trouvent aucun intérêt de garder la technique de la culture du riz flottant car ils vivent loin de la côte. Ils tentent de combiner leur propre maîtrise des retenues d’eau avec les apports de science hydraulique indienne (les barays) pour mettre au point à travers de multiples tâtonnements une irrigation mieux adaptée à l’écologie de l’arrière- pays et aux variétés locales du riz irrigué. 

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Collier en perles de verre de la culture Óc Eo.

Malgré les découvertes récentes confirmant l’existence de ce royaume, de nombreuses questions sont restées sans réponse. On ne sait pas qui étaient les populations autochtones peuplant ce royaume. On est sûr d’une seule chose: ils n’étaient pas des Vietnamiens arrivés seulement dans le delta du Mékong au XVIIème siècle. Étaient-ils des ancêtres des Khmers ? Certains ont eu cette conviction à l’époque où Louis Malleret entama des fouilles dans les années 40 car la toponymie de la région était totalement khmère. Au temps de Founan, on ne savait pas encore très bien qui ils sont. Par contre grâce à l’étude des vestiges osseux des Cent-Rues (dans la presqu’île de Cà Mau), on a affaire à une population très proche des Indonésiens (ou Austro-asiatiques) (Nam Á).

 

Un apport môn-khmer dans le nord de ce royaume peut être envisageable pour donner à Founan la juxtaposition et la fusion de deux strates qui ne sont guère éloignées l’une de l’autre avant de devenir la race founanaise. Dans cette hypothèse fréquemment admise, les Founanais étaient les proto-Khmers ou les cousins des Khmers. L’absorption d’une cité de la péninsule Malaise (connue sous le nom Dunsun dans les sources chinoises qui rapportent ce fait) au IIIème siècle par Founan dans une zone où l’influence môn-khmère est indéniable, est l’un des éléments déterminants en faveur de cette hypothèse.

Dans quelles conditions Óc Eo a-t-elle disparue ? Pourtant Óc Eo joua un rôle économique important dans les échanges commerciaux durant les sept premiers siècles de l’ère chrétienne. Les archéologues continuent à rechercher les causes de la disparition de cette ville portuaire: inondation, incendie, déluge, épidémie etc.

Galerie des photos de la civilisation Óc Eo

 

 

Le royaume du Founan est–il un état unifié avec un pouvoir central fort ou est-il une fédération de centres de pouvoir politique urbanisés et suffisamment autonomes sur la péninsule indochinoise comme sur la péninsule malaise pour qu’on les qualifie de cités-états ?

P.Y.Manguin a déjà soulevé cette question lors d’un colloque organisé par le Copenhagen Polis centre sur les cités-états de l’Asie du Sud-Est côtière en décembre 1998. Où est sa capitale si le pouvoir central est fortement souligné maintes fois par les Chinois dans leurs textes? Angkor Borei, Bà Phnom sont –elles vraiment les anciennes capitales de ce royaume comme cela a été identifié par Georges Cœdès?

Pour le moment, ce qui a été trouvé n’apporte pas des réponses mais cela fait redoubler seulement l’envie et le désir des archéologues de les trouver dans les années à venir car ils ont le sentiment d’avoir affaire à une brillante civilisation du delta du Mékong.


Références bibliographiques

Georges Coedès: Quelques précisions sur la fin du Founan, BEFEO Tome 43, 1943, pp1-8
Bernard Philippe Groslier: Indochine, Editions Albin Michel, Paris 
Lê Xuân Diêm, Ðào Linh Côn,Võ Sĩ Khai: Văn Hoá Oc eo , những khám phá mới (La culture de Óc Eo: Quelques découvertes récentes) , Hànôi: Viện Khoa Học Xã Hội, Hô Chí Minh Ville,1995 
Manguin,P.Y: Les Cités-Etats de l’Asie du Sud-Est Côtière. De l’ancienneté et la permanence des formes urbaines. 
Nepote J., Guillaume X.: Vietnam, Guides Olizane 
Pierre Rossion: le delta du Mékong, berceau de l’art khmer, Archeologia, 2005, no422, pp. 56-65.

Duy Tân (1907-1916)

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English version

Vietnamese version

Un grand hommage à l’homme ayant consacré toute sa vie pour son pays et pour son peuple. 

Một đời vì nước vì dân
Vĩnh San đứa trẻ không cần ngôi vua
Tù đày tủi nhục khi thua
Tử rồi khí phách ông vua muôn đời

Avec l’accord des autorités vietnamiennes, les cendres de l’empereur Duy Tân enterré jusqu’ici en République Centrafricaine, furent ramenés en grande pompe le 4 Avril 1987 à Huế, la ville des mausolées impériaux de la dynastie des Nguyễn. Cela mit fin un très long et douloureux bannissement qu’avait eu le prince Vĩnh San connu souvent sous le nom « Duy Tân (ou L’Ami des Réformes ) depuis que son projet de soulèvement contre les autorités coloniales eut été découvert le 4 Mai 1916 à cause de la trahison d’un collaborateur Nguyễn Ðình Trứ .

Duy Tân est un personnage hors du commun qu’aucun des derniers empereurs de la dynastie des Nguyễn ne pourrait égaler. On ne peut que regretter sa disparition subite due à un accident d’avion qui a eu lieu à la fin de l’année 1945 lors de son retour de mission au Vietnam. Sa mort continue à alimenter le doute et reste l’un des mystères non élucidés jusqu’à aujourd’hui. On trouva non seulement en lui, à cette époque, la popularité inégalée qu’il a su acquérir auprès de son peuple, la légitimité royale mais aussi une francophilie indéniable, une solution de rechange que le général De Gaulle envisagea de proposer au dernier moment au peuple vietnamien pour contrer le jeune révolutionnaire Hồ Chí Minh en Indochine. S’il était encore en vie, le Vietnam ne connaîtrait pas probablement les dernières décennies néfastes de son histoire et ne serait pas victime de la confrontation Est-Ouest et de la guerre froide. C’est un regret profond que chacun des Vietnamiens ne peut que ressentir en parlant de lui, de sa vie et de son destin. C’est aussi un malheur pour le peuple vietnamien de perdre un grand homme d’état, d’écrire son histoire avec du sang et des larmes durant les dernières décennies.

Son intronisation reste un cas unique dans les Annales de l’histoire du Vietnam. Profitant des agissements suspects anti-français de son père, l’empereur Thành Thái et de la folie déguisée de ce dernier, les autorités coloniales obligèrent celui-ci à abdiquer en 1907 et à s’exiler à la Réunion à l’âge de 28 ans. Elles demandèrent au premier ministre Trương Như Cương d’assumer la régence. Mais ce dernier refusant d’une manière catégorique cette proposition, continuait à demander aux autorités coloniales de respecter strictement l’engagement défini dans le traité de protectorat de Patenôtre (1884) qui a stipulé que le trône revenait à l’un des fils de l’empereur si ce dernier avait cessé de régner (Phụ truyền tử kế).Face à la pression populaire et à la fidélité infaillible de Trương Như Cương à la dynastie des Nguyễn, les autorités coloniales furent obligées de choisir comme empereur, l’un de ses fils. Elles ne cachèrent pas leur intention de choisir celui qui parut docile et sans envergure. Hormis Vĩnh San, tous les autres fils de l’empereur Thành Thái, une vingtaine en tout, furent présentes au moment de la sélection faite à la volée par le résident général Sylvain Levecque. Le nom de Vĩnh San manqua à l’appel, ce qui obligea tout le monde à le chercher partout.

On le trouva enfin sous la poutre d’une charpente avec un visage couvert de boue et trempé de sueur. Il était en train de chasser les grillons. En le voyant dans cet état sordide, Sylvain Levecque ne cacha pas sa satisfaction car il pensa que ce serait sot pour quelqu’un de choisir le jour d’intronisation pour aller chasser les grillons. Il décida de le désigner, sur les recommandations de son proche collaborateur M. J. E. Charles, comme l’empereur d’Annam car il trouva en face de lui un enfant de sept ans timide, réservé, n’ayant aucune ambition politique et ne pensant qu’à s’adonner aux jeux comme les jeunes enfants de son âge. C’était un jugement erroné rejoignant ainsi l’observation constatée par un journaliste français de cette époque dans son journal local:

Un jour de trône a complètement changé la figure d’un enfant de 8 ans.

On s’aperçut quelques années plus tard que ce journaliste a eu raison car Duy Tân a consacré toute sa vie pour son peuple et pour son pays jusqu’au dernier souffle de sa vie.  Au moment de son intronisation, il n’avait que 7 ans. Pour lui accorder la stature d’un empereur, on fut obligé de lui accorder un an de plus. C’est pourquoi dans les Annales de l’histoire du Vietnam, il fut intronisé à l’âge de huit ans. Pour parer à cette désignation erronée, les autorités coloniales mirent en place un conseil de régence constitué des personnalités vietnamiennes proches du résident général Sylvain Levecque (Tôn Thất Hân, Nguyễn Hữu Bài, Huỳnh Côn, Miên Lịch, Lê Trinh et Cao Xuân Dục) pour assister l’empereur dans la gestion du pays et demandèrent à Eberhard, le beau-père de Charles d’être le précepteur de Duy Tân. C’était une façon de surveiller de tout près toutes les activités de ce jeune homme.

Trần Cao Vân

Malgré cela, Duy Tân réussit à s’échapper du réseau de surveillance mis en place par les autorités coloniales. Il fut l’un des partisans farouches de la révision des accords de Patenôtre (1884). Il fut l’artisan de plusieurs réformes: diminution des impôts et des corvées, suppression des protocoles de la cour ayant trait au gaspillage, réduction de son salaire etc.. Il protesta énergiquement contre la profanation de la tombe de l’empereur Tự Ðức par le résident général Mahé dans la recherche de l’or, auprès du gouverneur d’Indochine Albert Sarraut. Il réclama un droit de regard sur la gestion du pays, ce qui marqua le prélude des dissensions qui apparurent de plus en plus visibles entre lui et le résident supérieur français. Il fomenta le 4 Mai 1916, avec Trần Cao Vân et Thái Phiên, une rébellion qui fut découverte et matée à cause de la traîtrise de l’un de ses collaborateurs. Malgré sa capture et malgré les conseils flatteurs du gouverneur de l’Indochine lui demandant de réexaminer son comportement et sa conduite, il continuait à rester impassible et à dire:

Si vous m’obligiez de rester l’empereur d’Annam, il faut me considérer comme un empereur adulte. Je n’ai besoin ni d’un conseil de régence ni de vos conseils. Je dois traiter les affaires sur le même pied d’égalité avec tous les pays étrangers y comprise la France.

Face à sa conviction inébranlable, les autorités coloniales furent obligées de charger le ministre de l’enseignement de cette époque, le beau-père du futur empereur Khải Ðịnh, Hồ Ðắc Trung d’intenter un procès contre sa trahison envers la France. Pour ne pas compromettre Duy Tân, les deux vieux collaborateurs Trần Cao Vân et Thái Phiên, firent connaître à Hồ Ðắc Trung leur intention d’accepter volontairement le verdict à condition que l’empereur Duy Tân fût sauvé de sa peine capitale. Ils ne cessaient pas de répéter:

Le ciel est encore là. La terre et la dynastie le sont aussi. Nous souhaitons une longue vie à l’empereur.

 

 

Fidèle à la dynastie des Nguyên, Hồ Ðắc Trung ne condamna que l’empereur à l’exil en justifiant le fait que l’empereur était encore mineur et que la responsabilité du complot revenait à ses deux vieux collaborateurs Trân Cao Vân et Thái Phiên.  Ceux-ci furent guillotinés à An Hoà. Quant à l’empereur Duy Tân, il fut condamné à s’exiler à la Réunion le 3 Novembre 1916 à bord du paquebot Avardiana. La veille de son départ, le représentant du résident général lui rendit visite et lui demanda:

Sir, si vous avez besoin de l’argent, vous pouvez le prendre dans la caisse d’état.

Duy Tân répondit sur un ton très poli:

L’argent que vous trouvez dans la caisse est destiné à aider le roi à gouverner le pays mais il ne m’appartient pas en aucun cas surtout à un prisonnier politique.

Pour distraire le roi, le représentant n’hésita pas à lui rappeler qu’il était possible de choisir les livres préférés de sa bibliothèque et de les emmener avec lui durant son exil car il savait que le roi aimait lire beaucoup. Celui-ci acquiesça à cette proposition et lui répondit:

J’aime bien la lecture. Si vous avez l’occasion de prendre les livres pour moi, n’oubliez pas de prendre l’intégralité de tous les volumes de l’Histoire de la Révolution Française de Michelet. 

Duy_Tan

Son exil marqua non seulement la fin de la résistance impériale et de la lutte monopolisée et animée jusqu’alors par les lettrés pour la défense de l’ordre confucéen et de l’état impérial mais aussi le début d’un mouvement national et l’émergence du nationalisme d’État mis en grand jour par le grand lettré patriote Phan Bội Châu. C’était aussi une occasion perdue pour la France de ne pas savoir prendre l’initiative de donner sa liberté au Vietnam en la personne de Duy Tân, un francophile de première heure.

Son destin est  celui du peuple vietnamien. Depuis un certain temps toutes les rues portant son nom dans les grandes villes ( Hànôi, Huế, Sàigon ) du Vietnam n’existent plus mais on ne peut pas effacer à jamais son nom chéri dans le cœur de son peuple et dans notre mémoire collective. Il n’est jamais le rival de personne mais il est toujours par contre

 le dernier grand empereur
du Vietnam.

À ce titre, je lui dédie mes quatre vers en six-huit:

Toute sa vie est  consacrée pour son pays et pour son peuple
Duy Tân est l’enfant qui ne s’attache jamais au trône
Il ne connait que l’exil et l’humiliation après l’échec de son soulèvement
Sa grandeur d’âme continue  à perpétuité au delà de sa mort.

Thành Thái (1879-1954)

Vietnamese version

English version

Thành Thái 

Sa folie pour l’amour de son pays et de son peuple.

En hommage à l’homme ayant consacré toute sa vie pour son pays et pour son peuple à travers mes quatre vers en Six-huit:

Ta điên vì nước vì dân
Ta nào câm điếc một lần lên ngôi
Trăm ngàn tủi nhục thế thôi
Lưu đày thể xác than ôi cũng đành

Je suis fou pour l’amour de mon pays et de mon peuple
Je ne peux pas rester muet et sourd, une fois sur le trône
J’accepte d’avoir pitié de moi-même et de me sentir humilié ainsi
Je ne me plains pas de laisser mon corps languir avec tant d’années d’exil.

Avant de devenir l’empereur Thành Thái, il fut connu sous le nom Bửu Lân. Il était le fils de l’empereur Dục Ðức qui avait été assassiné ignoblement par les deux mandarins confucianistes Tôn Thất Thuyết et Nguyễn Văn Tường et le petit-fils du mandarin Phan Ðinh Bình. Comme ce dernier s’opposa maladroitement à l’intronisation de l’empereur Ðồng Khánh par les autorités coloniales, Ðồng Khánh ne tarda pas à se venger en éliminant lâchement ce vieux mandarin et en mettant en résidence surveillée Bửu Lân et sa mère au palais Trần Võ dans l’enceinte de la cité pourpre pour éviter tous les germes de la révolte. C’est pour cela qu’à la mort de Ðồng Khánh et à l’annonce du choix de son fils comme successeur par les autorités coloniales, la mère de Bửu Lân fut surprise et fondît en larmes car elle était toujours obsédée par l’idée que son fils connaîtrait probablement le même sort que son mari, l’empereur Dục Dức et son père, le mandarin Phan Ðình Bình. Si Bửu Lân fut préféré à la place des autres princes, cela revint incontestablement à l’ingéniosité de Diệp Văn Cương, l’amant présumé de sa tante, la princesse Công Nữ Thiện Niệm car Diệp Văn Cương était le secrétaire particulier du résidant général Rheinart, chargé par ce dernier de mener les transactions auprès de la Cour impériale en vue de trouver un compromis sur la personne à choisir pour succéder à l’empereur Ðồng Khánh. 

Il devint involontairement ainsi notre nouvel empereur connu sous le nom Thành Thái. Il ne tarda pas à se rendre compte que son pouvoir était très limité, que le traité de Patenôtre n’était jamais respecté et qu’il n’avait aucun droit de regard sur la conduite et l’avenir de son pays. Contrairement à son prédécesseur Ðồng Khánh, proche des autorités coloniales, il tenta de mener une résistance passive en contrecarrant d’une manière systématique la politique de ces dernières par ses propos provocants et  ses gestes inamicaux. On nota sa première altercation virulente avec le résident général Alexis Auvergne au moment de l’inauguration du nouveau pont enjambant la Rivière des Parfums. Fier de la prouesse technique et sûr de la solidité du pont, Alexis Auvergne n’hésita pas à dire à Thành Thái avec son  ton arrogant:

Quand vous aurez vu ce pont s’écrouler, votre pays sera indépendant.

Pour montrer l’importance que les autorités coloniales ont donnée à ce nouveau pont, elles lui octroyèrent un nouveau nom « Thành Thái ». Cela rendit l’empereur furieux car en prenant le prétexte que tout le monde put piétiner sur sa tête par le passage de ce pont, il interdît à ses sujets de l’appeler avec le nouveau nom et les incita se servir de l’ancien nom  « Tràng Tiền« .


Pont Tràng Tiền

Quelques années plus tard, lors du passage d’une tempête violente, le pont s’écroula. Thành Thái ne tarda pas à rappeler à Alexis Auvergne ce qu’il lui avait dit avec son humour noir. Alexis Auvergne rougit de honte et fut obligé de déguerpir devant ces propos gênants. La mésentente avec les autorités s’amplifiait de jour en jour avec le remplacement de l’ancien résident général par Sylvain Levecque. Celui-ci ne tarda pas mettre en place son réseau de surveillance étroite depuis qu’il avait appris que Thành Thái continuait à se rapprocher de son peuple par le biais de ses réformes et de ses déguisements en civil dans les villages. C’est le premier empereur du Vietnam prenant l’initiative de se faire couper les cheveux et s’habiller à l’européenne, ce qui étonna tant de ses mandarins et de ses sujets lors de sa première apparition publique. Mais c’est aussi le premier empereur qui incita à ses sujets à suivre l’enseignement français. Il fut l’artisan de plusieurs réalisations architecturales (marché Đông Ba, lycée d’élite Huế, pont Tràng Tiền etc.). Il est aussi le premier empereur de la dynastie des Nguyễn qui s’intéresse énormément à la vie quotidienne de ses sujets et connait leurs difficultés journalières. On rapporta que lors de l’une de ses excursions escortées, il rencontra sur son passage un pauvre gens qui était en train de porter un fardeau pesant de bambous  Son garde du corps eut l’intention de dégager le passage mais il l’empêcha de le faire en lui disant:

On n’est ni citoyen ni empereur comme il le faut dans ce pays. Pourquoi doit-on le chasser? Lors de ses excursions, il était habitué à s’asseoir entouré souvent  par des villageois sur une natte  et à discuter avec eux sur toutes les questions posées. C’est par l’une de ses excursions qu’il ramena à la Cité pourpre une jeune rameuse acceptant de l’épouser et devenant ainsi sa concubine. Il était très connu pour exceller dans le battement de tambour.

C’est pourquoi il n’hésita pas à faire venir dans la cité pourpre tous les meilleurs batteurs de tambour du pays, leur demander de jouer au tambour devant sa cour et les récompenser énormément selon leur mérite. On rapporta qu’un beau jour, il rencontra un batteur de tambour ayant l’habitude de secouer sa tête au moment où il jouait au tambour. En voulant l’aider à corriger cette manie inesthétique, il lui dit avec plaisanterie:

Si tu continues à jouer encore de cette manière, je suis obligé d’emprunter ta tête.

Dès lors, le batteur de tambour, se souciant incessamment de la prochaine convocation, fut accaparé par ses angoisses et mourut d’une crise cardiaque. En apprenant un beau jour, le décès de ce batteur de tambour, Thành Thái fut pris de remords, convoqua sa famille et donna à cette dernière une grande somme d’argent pour subvenir à ses besoins quotidiens.

Sa manière de plaisanter, ses déguisements fréquents, son comportement quelquefois étrange et incompréhensible par les autorités coloniales, donnaient à ces dernières l’opportunité de le taxer de folie.

Semblable à Sun Bin (Tôn Tẩn ) qui vivait au premier siècle de la période des Royaumes Combattants en Chine et qui, grâce à sa folie déguisée, réussît à s’échapper de son ami ingrat Pang Juan ( Bàng Quyên ) et à défaire le royaume de Wei ( Nước Ngụy ) quelques années plus tard, Thành Thái, au lieu de se défendre contre cette calomnie intentionnelle, pensa aussi que la folie était le moyen le plus efficace pour se mettre à l’abri et pour contrarier la politique des autorités coloniales par ses actes insensé. Cela lui permit d’agir dans la coulisse par le recrutement d’une armée de jeunes filles dont le rôle ne fut jamais éclairci et par l’attente du moment propice à l’insurrection populaire. Mais il n’eut jamais le temps de réaliser son ambition car avec le consentement du premier ministre de cette époque, Trương Như Cương, les autorités coloniales profitèrent de sa folie déguisée pour l’obliger à abdiquer et comptèrent sur ce ministre pour mettre en place la régence sous leur direction. Devant le refus catégorique de Trương Như Cường, sa fidélité infaillible envers la dynastie des Nguyễn et sa réclamation de respecter strictement le traité de Patenôtre, les autorités coloniales furent obligées de choisir l’un des fils de Thành Thái comme successeur , le prince Vĩnh San connu plus tard sous le nom Duy Tân.

Quant à Thành Thái, il fut déporté d’abord à Vũng Tàu (ancien cap St Jacques) à l’automne de l’année 1907 puis plus tard à l’île de la Réunion avec son fils, l’empereur Duy Tân en 1916. Il lui fut permis de retourner seulement au Vietnam en 1945 après la mort de Duy Tân et de rester retenu dans le Sud Vietnam à Vũng Tàu durant les dernières années de sa vie.

Est-il possible de le taxer de folie lorsqu’on sait qu’à travers son poème intitulé « Hoài Cổ (Retour vers le passé) , Thành Thái était tellement lucide et n’arrêtait pas de gémir de douleur devant la situation alarmante de son pays? D’autres huitains de vers de sept pieds que nous connaissons tels que «  La tempête de l’année du Dragon en 1904 ( Vịnh Trận Bão năm Thìn ) » ou « Profession de foi ( Cảm Hoài ) » montrent non seulement la maîtrise parfaite de Thành Thái dans l’application stricte des règles prosodiques et difficiles de la poésie vietnamienne mais aussi la fierté d’un empereur patriote. Malgré l’exil forcé durant presque un demi-siècle ( 1907-1954 ) par les autorités coloniales, il continuait à afficher sa conviction inébranlable dans la libération de son pays et de son peuple. On sent déjà qu’à travers lui se forgent sur cette terre des légendes les instruments de la future révolte.

Pour lui, sa maladie incurable n’avait que le but de vouloir réaliser son grand dessein, de vouloir rendre à son peuple la dignité tant attendue depuis si longtemps et de vouloir montrer à la postérité le sacrifice et le prix que même celui qui était considéré jusqu’alors comme une personne aliénée par les autorités coloniales devait payer pour ce pays ( 47 ans d’exil ). Il ne pourrait pas se relever de cette « maladie » dans le contexte politique de cette époque.


Jusqu’à nos jours, aucun document historique ne nous prouve la démence de Thành Thái mais il nous révèle plutôt la folie d’un grand empereur pour l’amour de son pays et de son peuple, l’affliction sempiternelle d’un grand patriote face au destin de son pays.


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Gia Long (Fondateur de la dynastie des Nguyễn)

Gia Long

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Gia Long est le titre impérial que prit en 1802 le prince Nguyễn Phúc Ánh pour son règne  lors de l’unification de l’empire du Vietnam qui s’étendait de la frontière de Lạng Sơn jusqu’à la pointe de Cà Mau sur le golfe de Siam. Gia Long résulte de la combinaison de deux mots suivants: Gia et Long (Gia étant un mot extrait du nom Gia Định, l’ancienne ville Saïgòn et Long celui du nom Thăng Long, l’ancienne capitale Hanoï).  Durant les 25 années de combats contre les Tây Sơn, il parcourut toute la Cochinchine. Il connut parfaitement tous les recoins du delta du Mékong. Le prince Nguyễn Ánh était tellement attaché à des gens du Sud et en particulier à la ville Saïgon qu’il fut connu à l’époque sous le nom « Général Gia Định ».

Avant l’unification du Vietnam (1801), le dernier survivant des Nguyễn fut traqué à maintes reprises par les Tây Sơn (ou les Paysans de l’Ouest) de Nguyễn Huệ. Il dût la vie sauve à un missionnaire français Pierre Joseph Pigneaux de Béhaine qui partagea avec lui sa nourriture apportée par son homme de confiance, P. Paul Nghi et qui n’hésita à organiser sa fuite dans la principauté de Mang Khảm de Mạc Thiên Tứ, le fils de son allié Mạc Cửu (région Hà Tiên) après que le seigneur Nguyễn Huệ Vương fut assassiné par les Tây Sơn, ce qu’a raconté l’anglais John Barrow dans son livre « Voyage à la Cochinchine » en 1793.

Pierre Joseph Pigneaux de Béhaine (Bá Đa Lộc)

La vie de galère qu’il connut durant les années de vicissitudes donnait l’occasion à ses partisans d’interpréter plus tard ses exploits et ses périls qu’il réussît à surmonter comme des signes de volonté du Ciel de vouloir l’aider à reconquérir le trône. La grotte des pièces de monnaie (Hang Tiên) dans la région Hà Tiên, accessible aujourd’hui par le bateau, évoque le souvenir du jeune prince Nguyễn Ánh se réfugiant avec ses troupes dans l’attente des renforts français. On y découvre des pièces de monnaie laissées par les corsaires. Des dictons vietnamiens sont nés avec ses exploits. On a l’habitude de dire en vietnamien :

Kỳ đà cản mũi
Le varan est devant la proue du bateau.

pour signifier qu’on est empêché d’agir ou d’accomplir une tâche à cause de l’obstruction de quelqu’un. Grâce à la présence d’un varan empêchant  l’accès à la mer de sa jonque, cela lui permet d’être sauvé de justesse car ses ennemis l’y attendent avec impatience. Une autre fois dans la région de Hà Tiên, sa jonque fut gênée par la présence des serpents. Il fut obligé de donner l’ordre à ses subordonnés de ramer plus vite pour ne pas être poursuivi par ces serpents. Cela lui permet d’atteindre l’île de Phú Quốc plus tôt et d’éviter le piège tendu par ses adversaires. C’est pourquoi on aime à dire en vietnamien:
« Gặp rắn thì đi, gặp qui thì về« 
pour dire qu’il est possible de partir lorsqu’on rencontre les serpents et qu’il vaut mieux rentrer lorsqu’on rencontre les tortues.

À travers ces récits historiques, on constate que Nguyễn Ánh est chanceux durant ses années de combats contre les Tây Sơn. Une fois, il fut poursuivi par ses ennemis. Il fut obligé de traverser le fleuve à la nage. Il se rendit compte que le fleuve était infesté de crocodiles. Il dut recourir au buffle qui pataugeait au bord du fleuve pour entreprendre la traversée. Même le sauvetage périlleux de sa jonque engloutie par les vagues, par le jeune intrépide Lê Văn Duyệt (15 ans ) devenu plus tard son général talentueux, dans une nuit orageuse était l’objet d’une prophétie entretenue depuis tant d’années par les gens du village Long Hưng Tây avant que l’événement eût lieu.

En dépit de ces faits ayant trait à légitimer par la protection divine, la lutte  menée par  Nguyễn Ánh, il n’est pas juste d’ignorer les qualités en ce personnage hors du commun. Il n’avait pas le génie de stratégie de son adversaire, le général Nguyễn Huệ mais il avait une patience incommensurable qu’on ne pouvait comparer qu’à celle du prince des Yue du Nord Gou Jian (ou Cẩu Tiễn en vietnamien) à la période des Printemps et des Automnes (476 avant J.C.) (thời Xuân Thu). Ce dernier  n’hésita pas à attendre de longues années pour se préparer à la revanche contre le souverain Fu Chai (Phù Sai ) de l’état Wu (Nước Ngô của Ngủ Tử Tư ). Il avait le don de recruter comme subordonnés des gens valeureux (Võ Tánh, Lê Văn Duyệt , Nguyễn văn Thành etc.) et accordait à l’amitié une signification particulière durant son règne, ce qu’on a constaté envers le missionnaire français Pigneaux de Béhaine ou envers ses lieutenants français Jean-Baptiste Chaigneau ( Nguyẽn Văn Thắng), Philippe Vannier, Olivier Puymanel ou envers le souverain siamois Rama I (ou Chakkri).

En reconnaissance de la dette que Nguyễn Ánh a laissée à ce dernier de repartir sain et sauf avec son armée pour sauver sa famille emprisonnée, Chakkri n’hésita pas à offrir de l’hospitalité de longues années au prince Nguyễn Ánh et à sa suite lorsqu’il fut obligé de se réfugier à Bangkok après ses défaites cinglantes contre les Tây Sơn à Mỹ Tho en 1785. Ce pacte d’amitié  était né lors d’un affrontement militaire sur la terre cambodgienne entre son lieutenant Nguyễn Hữu Thùy et Chakkri qui fut encore à cette époque un général envoyé par le souverain siamois Taksim (Trịnh Quốc Anh). 

Devant le volte-face de ce dernier d’emprisonner sa famille, Chakkri fut obligé de se pactiser avec Nguyễn Ánh et retourner à Bangkok pour renverser Taksim. C’est aussi pour cette dette et pour seconder Nguyễn Ánh de recouvrer le trône que Chakkri envoya une armée de 50.000 hommes qui fut décimée complètement en 1785 par le roi stratège Nguyễn Huệ et sa troupe dans l’Ouest du Mékong (Mỹ Tho).

Nguyễn Ánh était un homme courageux et téméraire. Avec lui, on avait l’impression qu’aucune personne du Sud n’osait s’opposer à lui. Pour acquitter sa dette à l’égard de sa famille assassinée par les Tây Sơn, il restait imperturbable devant les supplices réservées à ses adversaires. Les ennemis vaincus furent mis à mort par des tortures épouvantables. Les hommes furent écartelés par des éléphants et les femmes et les enfants furent piétinés par des éléphants. Leurs corps furent jetés en pâture aux corbeaux. C’est le sort réservé à la femme général Bùi Thị Xuân, au fils de l’empereur Nguyễn Huệ, le roi Nguyễn Quang Toản etc…

Pour des raisons politiques, il n’hésita pas tuer les gens  l’ayant servi avec dévouement lorsqu’il était encore un jeune prince traqué par les Tây Sơn. C’est le cas de Nguyễn Văn Thành, Ðặng Trần Thường. C’est pour cette raison qu’on le compare souvent à Liu Bang (Lưu Bang), l’empereur fondateur des Han ayant réservé le même traitement à l’égard de ses anciens compagnons de route. Malgré cela, on s’aperçoit qu’il était aussi un homme de cœur. Il ne tarda pas à rendre un grand hommage à son compagnon de route Nguyễn Văn Thành qu’il a obligé de se suicider pour une insinuation calomnieuse et à larmoyer devant l’autel érigé en l’honneur de ce dernier. Il donna l’ordre de libérer sa famille et restitua à celle-ci tous les biens et les titres confisqués. On trouve aussi son attachement profond à la vie de ses subordonnés à travers le message qu’il avait adressé à son beau-frère, le général Võ Tánh chargé de défendre Qui Nhơn ou à Pigneaux de Béhaine, son père spirituel et son conseiller militaire à travers la cérémonie organisée à la mort de ce dernier, ce que rapporta le père Lelabrousse aux Missions Étrangères, le 24 Avril 1800.

Il était aussi un guerrier séducteur. Son égard envers la reine Ngọc Bích, la jeune femme de son adversaire, le jeune roi Canh Thình (fils du roi Quang Trung) fut exemplaire. Celle-ci s’écria lorsqu’elle aperçut un homme fort majestueux se tenant debout devant elle:
-Général Gia Ðịnh, que voulez-vous de moi?
Celui-ci sourit et lui répondit avec gentillesse:
-N’ayez pas peur et ne pleurez plus, s’il vous plaît. Le général Gia Ðịnh sera plus doux que celui des Tây Sơn. Cette résidence restera la même pour vous en dépit du changement du propriétaire.

Comme sa gentillesse était si grande et sa volonté de conquérir le cœur de la reine était si forte que celle-ci ne pouvait pas résister longtemps. Elle devenait ainsi sa concubine du premier rang et avait avec lui deux garçons. Elle s’était mariée en deux fois avec deux rois (Canh Thình et Gia Long) et était la dernière fille du roi des Lê. C’est pour cela deux adversaires irréductibles Nguyễn Huệ et Gia Long devinrent ainsi des « beaux – frères » car Nguyễn Huệ était l’époux de la princesse poète Ngọc Hân et Gia Long, celui de la princesse Ngọc Bích. C’est aussi pour cette dernière que est né ce dicton vietnamien:

Số đâu mà số lạ lùng
Con vua mà lấy hai chồng làm vua
Le sort est tellement bizarre
La fille du roi est mariée en deux fois avec deux rois.

En dépit de sa réputation d’être un guerrier endurci par les années de guerre et de vicissitudes, il était aussi vulnérable comme un homme ordinaire. Il lui arrivait un grand nombre de soucis qu’il ne cachait pas à révéler à son confident, le Français Jean-Baptiste Chaigneau:
Gouverner le pays est plus facile que diriger le harem.
C’est ce que révélait Michel, le fils de J. B. Chaigneau dans le journal « Le moniteur de la Flotte » en 1858.

Malgré le traité paraphé à Versailles en 1787 par les Comtes De Vergennes et De Montmorin pour le roi Louis XVI et par son fils Nguyễn Phúc Cảnh assisté de l’évêque d’Adran, Pigneaux de Béhaine, la collaboration d’un grand nombre des subordonnés français dans ses rangs et son intérêt porté pour les sciences et les techniques de l’Occident, il continuait à adopter une politique très ambiguë envers les Européens, en particulier envers les missionnaires. Cette attitude bienveillante était-elle due à l’amitié qu’il tentait d’honorer envers son ami Pigneaux de Béhaine ou à son esprit d’ouverture comme Kang Xi en Chine dans le but de mieux utiliser les compétences des missionnaires catholiques?

Prince Nguyễn Phúc Cảnh

On continue à se poser des questions jusqu’à nos jours. Pourtant on sait qu’à travers la construction de la Cité pourpre, le maintien du système des mandarins, la réforme du code des Lê basé essentiellement  sur celui des Qing en Chine, il apparut plus que jamais comme un admirateur de la dynastie des Ming et des Qing, un confucianiste convaincu et un empereur plus rétrograde. Il entama au cours de ses dernières années une politique de repli en choisissant comme successeur, le prince Nguyễn Phúc Ðảm soutenu par la plupart des mandarins confucianistes à la place des enfants du prince Cảnh décédé à cause d’une maladie. Ce prince connu sous le nom de règne Minh Mạng n’hésita pas à faire mourir les enfants et la femme du prince Cảnh (Mỹ Ðường) et laissa une opportunité aux Européens, en particulier au gouvernement français d’intervenir militairement en menant une politique délibérément anti-occidentale et anti-catholique et renoua ainsi une politique d’alignement sur les lignes directrices de la politique chinoise. Nguyễn Ánh pourrait devenir un grand empereur à l’image d’un « Meiji  » japonais lorsqu’il avait l’avantage d’être entouré par un grand nombre de français y compris son médecin particulier (un certain Despiaux) et il avait un esprit très ouvert aux techniques et aux sciences de l’Occident.

C’est un grand dommage pour le Vietnam de perdre une occasion d’entrer dans l’ère de modernisation. C’est aussi un malheur pour le peuple vietnamien d’écrire plus tard son histoire avec du sang et des larmes. Il ne mérite pas d’être oublié dans notre histoire car il réussît à agrandir notre territoire et à unifier le pays sous sa bannière. Mais il n’est pas non plus un grand empereur du Vietnam car la grandeur ne se mesure pas non seulement par l’agrandissement du Vietnam mais aussi par les bienfaits qu’il apporte au peuple vietnamien et par la magnanimité envers ses adversaires.

C’est navrant de le dire ainsi car Nguyễn Ánh avec les qualités qu’il nous a montrées durant ses 25 années de vicissitudes pourrait faire encore mieux pour son pays et pour son peuple plus que tout autre roi du Vietnam (y compris le roi Quang Trung).

Tử Cấm Thành  (Cité interdite de Huế)

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Civilisation Óc Eo (Versions française, anglaise et vietnamienne)

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En raison de l’abondance des trouvailles archéologiques en étain à Óc Eo dans le delta du Mékong (An Giang), l’archéologue français Louis Malleret n’hésite pas à emprunter le nom Óc Eo pour désigner cette civilisation de l’étain. On commence à avoir désormais une vive lumière sur le royaume du Founan ainsi que sur ses relations extérieures lors de la reprise des campagnes de fouilles menées tant par des équipes vietnamiennes( Đào Linh Côn, Võ Sĩ Khải , Lê Xuân Diêm) que par l’équipe franco-vietnamienne dirigée par Pierre-Yves Manguin entre 1998 et 2002 dans les provinces An Giang, Đồng Tháp et Long An où se trouve un grand nombre de sites de culture Óc Eo. On sait que Óc Eo était un grand port de ce royaume et une plaque tournante dans les échanges commerciaux entre la péninsule malaisienne et l’Inde d’un côté et le Mékong et la Chine de l’autre. Comme les bateaux de la région  pouvaient  couvrir de longues distances et devaient suivre la côte, Óc Eo devint ainsi un passage obligatoire  et une étape stratégique importante   durant les 7 siècles de floraison et de prospérité du royaume du Founan.

 

Bảo tàng lịch sử Hà Nội

Cette civilisation de l’étain se distingue non seulement par sa culture du riz flottant mais aussi par son commerce avec l’extérieur. On a découvert un grand nombre d’objets autres que ceux de l’Inde trouvés  sur les rives du Founan: fragments de miroirs en bronze datant de l’époque des Han antérieurs, statuettes bouddhiques en bronze attribuées aux Wei, un groupe d’objets purement romains, des statuettes de style hellénistique en particulier une représentation de Poséidon en bronze. Ces objets étaient échangés probablement contre des marchandises car les Founanais ne connaissaient que le troc. Pour l’achat des produits de valeur, ils se servaient des lingots d’or et d’argent, des perles et des parfums. Ils étaient connus comme d’excellents bijoutiers. L’or était finement travaillé avec de nombreux symboles brahmaniques (Vishnu, Nandin, Vahara, Garuda, Shesha, Kurma etc…). Les bijoux (boucles d’oreilles en or au fermoir délicat,  filigranes d’or admirables, perles de verre, intailles etc… ) exposés dans les musées de Đồng Tháp, Long An et An Giang témoignent non seulement de leur savoir-faire et de leur talent mais aussi de l’admiration des Chinois dans leurs récits durant leur contact avec les Founanais. 

 

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Bảo tàng lịch sử Saigon

Văn Hóa Óc Eo

Au Musée  national de l’histoire (Saïgon) 

Version vietnamienne

Vì lý do tìm ra được nhiều  các di vật cổ bằng thiếc  ở Óc Eo vùng châu thổ  sông  Cửu Long (An Giang),  nhà khảo cổ học Pháp Louis Malleret không ngần ngại mượn tên Óc Eo để chỉ định nền « văn hóa đồ thiếc ».  Chúng ta mới bất đầu từ đó  có cái nhìn sáng tỏ  về vương quốc Phù Nam  và các mối quan hệ bên ngoài  trong các  chiến dịch khai quật  kế tiếp lại  sau nầy với sự điều khiển  của nhóm người  Việt (Đào Linh Côn, Võ Sĩ Khải, Lê Xuân Diêm) và  nhóm người Việt  Pháp do ông Pierre-Yves Manguin đảm nhận giữa năm 1998 và 2002 ở An Giang, Đồng Tháp và Long An, các nơi mà có nhiều hiện vật của nền văn hóa Óc Eo. Chúng ta biết rằng Óc Eo là một thương cảng trọng đại và  trung tâm vận chuyển trong việc trao đổi hàng hóa   giữa  một bên  bán đão Mã Lai và Ấn Độ và bên kia  Trung Hoa và  đồng bằng sông Cửu Long. 

founan_collier

Thông thường  các thuyền bè trong vùng cần  đi xa và phải  dọc theo bờ  biển, Óc Eo trở thành vì thế  một địa điểm phải đến  và chặn đường chiến lược quan trọng suốt 7 thế kỷ phồn thịnh cho vương quốc Phù Nam. Nền văn hóa Óc Eo được xem nổi bật không những trong việc trồng lúa nước mà còn luôn cả quan hệ buôn bán với các nước ngoài khu vực. Chúng ta khám phá được một số di  vật khác hẳn với những đồ  vật  có nguồn gốc  văn hóa Ấn Độ  ở các lưu vực sông  của  vương quốc Phù Nam: những mảnh gương  đồng có từ thời Tây Hán, các tượng đồng  thì đời nhà Tùy, hạt chuổi La Mã,  một số đồ vật thời kỳ Hy Lạp hóa nhất là có  một biểu tượng Poseidon bằng đồng. Các hiện vật nầy chắc chắn có được nhờ sự trao đổi hàng hóa vì người dân Phù Nam chỉ biết giao dịch trao đổi. Để mua các sản phẩm có giá trị, họ thường dùng thỏi vàng hay bạc, các hạt chuổi và nước hoa. Họ có tiếng là  những thợ kim hoàn xuất sắc. Các hiện  vật  bằng vàng được làm một cách tinh xão với các biểu tượng của  đạo Bà La môn (hình thần Vishnu, bò thần Nandin, lợn thần Vahara, chim thần Garuda, rắn thần Shesha, rùa thần Kurma…). Các trang sức  (như khuyên tai bằng vàng hay có cái móc tinh vi, dây chuyền vàng tuyệt vời, hạt cườm, đá màu etc…) thường thấy trưng bày  ở các bảo tàng viện An Giang, Đồng Tháp hay Long An nói lên  không những sự khéo léo của người Óc Eo trong nghề làm kim hoàn mà luôn cả  sự ngưỡng mộ  cũa người Trung Hoa qua các câu chuyện kể lại  trong thời gian giao thương với người dân Óc Eo.


Version anglaise

 

Because of the abundance of  tin archaeological finds  at Óc Eo in the Mekong delta (An Giang), French archaeologist Louis Malleret does not hesitate to borrow the name Óc Eo for designating this tin civilization. We begin to have now a deep light on this kingdom as well as its external relations during the resumption of excavations undertaken both by Vietnamese teams (Đào Linh Côn, Võ Sĩ Khải, Lê Xuân Diêm) and French-Vietnamese team led by Pierre-Yves Manguin between 1998 and 2002 in An Giang, Ðồng Tháp and Long An provinces where a large number of sites of Óc Eo culture are located. We know  Óc Eo was a major port of this kingdom and  a transit hub in trade exhanges between  Malaysian peninsula and India on one hand and the  Mekong and China on other one. As the boats of the region could  cover long distances and had to follow the coast, Óc Eo thus became a mandatory stop and a important strategic step  during the 7 centuries of blooming and prosperity for Funan kingdom. 

This tin civilization is distinguished not only by the floating rice cultivation but also its external trade. We have discovered a large number of objects other than that of India found on Funan shores: fragments of bronze mirrors dating from the Han anterior period, Buddhist bronze statuettes attributed to Wei dynasty, a group of purely Roman objects, statuettes of Hellenistic style in particular a Poseidon  bronze representation. These objects were probably exchanged for goods because Funan people only knew the barter. For the purchase of valuable products, they used golden and silver ingots, pearls and perfumes. They were known as excellent jewelers. The gold was finely worked with numerous Brahmanic symbols. The jewels (golden earrings with the delicate clasp, admirable golden filigrees, glass pearls, intaglios etc.) exposed in the museums of Đồng Tháp, Long An and An Giang testifies not only of their know-how and their talent but also the  the Chinese’s admiration in their narratives during their contact with Funan people.

 

Nguyễn Trãi (Version française)

Người anh hùng dân tộc

Vietnamese version
English version

Nước mấy trăm thu còn vậy 
Nguyệt bao nhiêu kiếp nhẫn này.

Mille automnes ont passé, l’eau garde son visage
Mille générations ont contemplé la lune pareille à elle-même. 


On peut résumer la vie de ce grand homme politique par le biais du vers 3248 du grand classique Kim Vân Kiều de la littérature vietnamienne de Nguyễn Du au XVIIIè siècle:

Chữ Tài liền với chữ Tai một vần
Le mot « Talent » et le mot « Malheur » de tout temps se riment parfaitement. 

pour évoquer non seulement son talent inouï mais aussi sa fin tragique si regrettée par tant de générations vietnamiennes. Face à la force brutale que représentait l’armée chinoise de l’empereur Chenzu des Ming (Minh Thánh Tổ) dirigée par le général Tchang Fou ( Trương Phụ ) lors de son invasion au Ðại Việt ( ancien nom du Vietnam ) au neuvième mois de l’année de Bình Tuất (1406) , Nguyễn Trãi a su donner une géniale conceptualisation basée sur ce qu’avait dit Lao Tseu dans le Livre de la Vie et de la Vertu: 

Rien n’est plus souple et faible au monde que l’eau
Pourtant pour attaquer ce qui est dur et fort
Rien ne la surpasse et personne ne pourrait l’égaler
Que le faible surpasse le fort
Que le souple surpasse le dur
Chacun le sait.
Mais personne ne met ce savoir en pratique.

 et élaborer une stratégie ingénieuse permettant aux Vietnamiens, faibles en nombre de sortir victorieux lors de cette confrontation et de retrouver leur indépendance nationale après les dix années de lutte. Avec le brave terrien Lê Lợi, connu plus tard sous le nom de règne Lê Thái Tổ et 16 compagnons de lutte liés par un serment de Lung Nhai ( 1406 ) et 2000 paysans au mont Lam Sơn dans la région ouest montagneuse de Thanh Hoá, Nguyễn Trãi arriva à faire de l’insurrection en une guerre de libération et à convertir une bande de paysans mal armés en une armée populaire forte de 200.000 hommes quelques années plus tard.Cette stratégie connue sous le vocable « guérilla », s’était révélée très efficace car Nguyễn Trãi réussît à mettre en pratique la doctrine prônée par le Clausewitz chinois, Sun Zi ( Tôn Tử ) à l’époque Printemps et Automnes ( Xuân Thu ) , basée essentiellement sur les cinq variables suivantes: la Vertu, le Temps, le Terrain, le Commandement et la Discipline dans sa conduite de guerre. Nguyễn Trãi avait l’occasion de dire qu’il préférait conquérir les cœurs plutôt que les citadelles. Quand il y avait l’harmonie entre les dirigeants et le peuple, ce dernier acceptait de combattre jusqu’au dernier souffle. La cause sera entendue et gagnée car Dieu se range toujours à côté du peuple, ce que le sage Confucius a eu l’occasion de rappeler dans ses livres canoniques: 

Thiên căng vụ dân, dân chi sở dục, thiên tất tòng chí
Trời thương dân, dân muốn điều gì Trời cũng theo

Dieu aime bien le peuple. Dieu va accorder tout ce que le peuple lui demande.

On peut dire que chez Nguyễn Trãi, la tendance humaniste de la doctrine confucéenne a pris tout son développement. Pour s’assurer du soutien et de l’adhésion du peuple dans sa guerre d’indépendance, il n’hésita pas à se servir de la superstition et de la crédulité de son peuple. Il demanda à ses proches de monter sur les arbres, de graver à l’aide des cure-dents sur les feuilles avec du miel la phrase suivante: 

Lê Lợi vì dân, Nguyễn Trãi vì thân
Lê Lợi pour le peuple, Nguyễn Trãi pour Lê Lợi 

ce qui permit aux fourmis de manger du miel et de laisser ce message marqué sur les feuilles. Ces dernières étaient emportées par le vent dans les ruisseaux et dans les sources d’eau. En les y récupérant ainsi, le peuple crut que le message venait de la volonté de Dieu lui-même et n’hésita pas adhérer massivement à cette guerre de libération.

Humaniste de conviction, il pensait toujours non seulement aux souffrances de son peuple mais aussi à celles de ses ennemis. Il avait l’occasion de souligner dans une lettre adressée au généralissime chinois Wang Toung que le devoir d’un chef consistait à oser prendre la décision, à dénouer les haines, à sauver les êtres humains et à couvrir le monde de ses bienfaits pour léguer un grand nom à la postérité ( Quân Trung Từ Mệnh Tập). Il laissa aux généraux chinois vaincus Wang Toung ( Vương Thông ), Mã Anh, Fang Chen ( Phương Chính ), Ma Ki ( Mã Kỳ ) regagner leur pays avec 13000 soldats capturés, 500 jonques et des milliers de chevaux. Soucieux de la paix et du bonheur de son peuple, dans son chef d’oeuvre  » Proclamation sur la pacification des Ngô  » ( Bình Ngô Ðại Cáo ), qu’il a rédigé après avoir gagné la guerre et déboulonné l’armée chinoise hors du Vietnam, il rappela qu’il était temps d’agir avec sagesse pour le repos du peuple.

Pour permettre à la Chine de ne pas se sentir humiliée par cette défaite cuisante et pour restaurer surtout la paix durable et le bonheur de son peuple, il lui proposa un pacte de vassalité avec un tribut trisannuel de deux statues de taille courante en métal fin ( Ðại thần kim nhân ) en dédommagement de deux généraux chinois Liou Cheng ( Liễu Thăng ) et Leang Minh ( Lương Minh ) morts au combat.

Dans les premières années de lutte, Nguyễn Trãi connut plusieurs fois des défaites cinglantes et sanglantes (mort de Lê Lai, Ðinh Lễ etc…), ce qui l’obligea à se réfugier trois fois à Chí Linh avec Lê Lợi et ses partisans. Malgré cela, il ne se sentit jamais découragé car il savait que le peuple le soutenait à fond. Il comparait souvent le peuple à l’océan. Nguyễn Trãi avait l’occasion de dire à ses proches: 

Dân như nước có thể chở mà có thể lật thuyền.
Analogue à l’océan, le peuple peut porter le trône mais il peut le faire sombrer. 

La parole de son père Nguyễn Phi Khanh, capturé et déporté en Chine avec d’autres lettrés vietnamiens dont Nguyễn An, le futur bâtisseur de la Cité interdite à Pékin, faisait partie, au moment de leur séparation à la frontière sino-vietnamienne, continuait à être vivace dans son esprit et le rendait déterminé plus que jamais dans sa conviction inébranlable et dans sa juste lutte: 

Hữu qui phục Quốc thù, khóc hà vi dã
Hãy trở về mà trả thù cho nước, khóc lóc làm gì
Tu vas laver la honte de notre pays et venger ton père. A quoi bon t’attacher à mes pas en pleurnichant comme une fillette! 

Il passa des nuits blanches à la recherche d’une stratégie permettant de contrer l’armée chinoise au zénith de sa force et de sa terreur. Etant au courant des dissensions dans les rangs des adversaires, des difficultés que le nouvel empereur Xuanzong des Ming avait sur la frontière du Nord avec les Hungs après la disparition de Ming Cheng Zu en 1424 et des dégâts que l’armée chinoise avait subis lors de ces derniers engagements militaires malgré leurs succès sur le terrain, Nguyễn Trãi n’hésita pas à proposer au général Ma Ki une trêve. Celle-ci fut acceptée volontiers de deux côtés car chacun pensa à tirer avantage de ce répit soit pour consolider son armée dans l’attente des renforts venant de Kouang Si et de Yunnan et d’un engagement militaire de grande envergure ( chez les Ming ) soit pour reconstituer une armée déjà éprouvée par des pertes importantes et pour changer de stratégie dans la lutte de libération ( chez les Viet ). Profitant de la méconnaissance du terrain par l’armée chinoise de renfort venant de Kouang Si, il ne tarda pas à la manoeuvrer en mettant en oeuvre la doctrine « du plein et du vide » prônée par Sun Zi. Celui-ci avait dit dans son ouvrage « L’art de guerre » : 

L’armée doit être semblable à l’eau
Comme l’eau évite les hauteurs et se précipite dans les creux,
l’armée évite les pleins et attaque les vides. 

ce qui lui permit de décapiter Liou Cheng et son armée dans le « vide » Chi Lăng défini par Sun Zi, dans un défilé montagneux et bourbeux proche de Lạng Sơn. Il ne laissa aucun répit au successeur de Liou Cheng, Leang Minh de regrouper le reste de son armée chinoise en lui tendant un piège mortel aux alentours de la ville Cần Trạm. Puis il profita du succès remporté pour mettre en déroute l’armée de renfort du général chinois Mou Tcheng ( Mộc Thanh ), ce qui obligea ce dernier à déguerpir et à rentrer seul à Yunnan ( Vân Nam ).


Bataille Chi Lăng

Par crainte de perdre le gros de ses troupes dans l’affrontement et par souci de préserver le sang de son peuple, il préféra mettre en oeuvre la politique d’isolement des grandes villes Nghệ An, Tây Ðô, Ðồng Quan ( ancien nom de la capitale Hà Nội ) par l’investissement de tous les forts et de toutes les petites villes environnant celles-ci, par le harcèlement incessant des troupes de ravitaillement et par la neutralisation de toutes les troupes chinoises de renfort. Pour empêcher l’éventuel retour des envahisseurs et pour désorganiser leur structure administrative, il mit en place dans les villes libérées une nouvelle administration dirigée par les jeunes lettrés recrutés. Il ne cessa pas d’envoyer des émissaires auprès des gouverneurs chinois ou vietnamiens de ces petites villes pour les convaincre à se rendre sous peine d’être traduits en justice et condamnés à mort en cas de résistance. Cela s’avéra fructueux et payant car cela obligea le généralissime Wang Toung et ses lieutenants à se rendre sans conditions car ils se rendaient compte qu’il leur était impossible de tenir longtemps Ðồng Quang sans renfort et sans ravitaillement. Ce n’est pas seulement une guerre de libération mais aussi une guerre des nerfs que Nguyễn Trãi a réussi à mener contre les Ming.

L’indépendance reconquise, il fut nommé ministre de l’Intérieur et membre du Conseil secret. Connu pour sa droiture, il ne tarda pas à devenir la cible privilégiée des courtisans du roi Lê Thái Tổ. Ce dernier commença à prendre ombrage aussi de son prestige. Sentant le risque d’avoir le même sort réservé à son compagnon de lutte Trần Nguyên Hãn et imitant le haut conseiller chinois Zhang Liang ( Trương Tử Phòng ) de l’empereur des Han, Liu Bang ( Lưu Bang ou Hán Cao Tổ), il demanda au roi Lê Lợi de lui permettre de se retirer au mont Côn Sơn, l’endroit où il avait passé toute sa jeunesse avec son grand-père maternel Trần Nguyên Ðán, l’ancien grand ministre régent du roi de la dynastie des Trần, Trần Phế Ðế et l’arrière petit-fils du général Trần Quang Khải, l’un des héros vietnamiens dans la lutte contre les Mongols de Kubilai Khan. C’est ici qu’il a rédigé une série d’écrits composés qui rappelaient non seulement son rattachement profond à la nature dont il faisait sa confidente mais aussi son ardent désir de renoncer aux honneurs et à la gloire et de retrouver la sérénité. C’est aussi à travers ces poèmes qu’on trouve en lui un profond humanisme, une extraordinaire simplicité, une sagesse exemplaire et une tendance à la retraite et à la solitude. Il y a insisté sur le fait que la vie d’homme ne dure que cent ans au plus. Tôt ou tard on se retourne en herbes et en poussières. Ce qui compte pour l’homme, c’est la dignité et l’honneur comme la couverture bleue ( symbole de la dignité ) qu’avait défendue énergiquement le lettré chinois Vương Hiền Chi de la dynastie des Tsin lors de l’intrusion du voleur dans sa maison, dans son poème  » Improvisation d’un jour d’été «  ( Hạ Nhật Mạn Thành ) ou la liberté comme celle des deux ermites chinois Sào Phú et Hua Dzo de l’Antiquité dans son poème « Le Chant de Côn Sơn » ( Côn Sơn Ca ). Malgré la retraite anticipée, il fut taxé de régicide quelques années plus tard et fut supplicié en 1442 avec tous les membres de sa famille à cause de la mort subite du jeune roi Lê Thái Tông, épris de sa jeune concubine Nguyễn Thị Lộ et accompagné par celle-ci au jardin des letchis. On connaît toute chose sauf le coeur humain qui reste insondable, c’est ce qu’il a dit dans son poème Improvisation ( Mạn Thuật ) mais c’est aussi ce qui lui arriva en dépit de sa prévoyance. Sa mémoire fut réhabilitée seulement une vingtaine d’années plus tard par le grand roi Lê Thánh Tôn. On peut retenir en cet érudit non seulement l’amour qu’il a porté toujours pour son peuple et pour son pays mais aussi le respect qu’il a su toujours garder envers ses adversaires et la nature. À ce lettré vietnamien talentueux, il vaut mieux honorer sa mémoire en reprenant la phrase que l’écrivain Yveline Féray a écrite dans l’avant-propos de son roman « Dix Mille Printemps »:

La tragédie de Nguyễn Trãi est celle d’un grand homme vivant à une époque dans une société trop petite.

Arbalète magique (Trong Thủy Mỵ Châu)

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Nhờ có nỏ thần ban tặng bởi một vị thần rùa vàng, vua An Dương Vương (Thục Phán) đã thành công trong việc đánh bại quân Tàu. Không thể đối chiến bình đẳng với An Dương Vương, tướng nhà Tần là Triệu Ðà (Zhao Tuo) phải xin cầu hòa và gửi con trai mình là Trọng Thủy (Zhao Shi) sang triều đình Âu-Lạc  để cầu hôn và cam kết giữ mối quan hệ tốt đẹp giữa hai nước. Trọng Thủy đã thành công trong việc chinh phục được trái tim của cô con gái vua  An Dương Vương và từ đó trở thành cố vấn thân tín của vua. Dù có tình cảm và tình yêu cho người vợ là Mị Châu, Trọng Thủy vẫn không hề quên sứ mệnh mà vua cha đã giao cho chàng ta là làm  vô hiệu hoá vũ khí lợi hại mà nó giúp vua An Dương Vương chiếm được ưu thế về quân sự.
Nỏ thần này được cất giữ cẩn thận ở một nơi chỉ có vua và Mị Châu biết thôi. Sau nhiều lần van xin của Trọng Thủy, nàng cho  chồng xem vũ khí thần kỳ này mà lẫy nỏ là một móng vuốt của Rùa Vàng. Lợi dụng một lúc sơ hở của công chúa, Trọng Thủy  thay thế lẫy nỏ  bằng một móng giả tương tự. Ít lâu sau đó, chàng viện cớ sức khỏe của cha kém và xin An Dương Vương cho phép chàng trở về nước. Trước khi đi, chàng hỏi vợ « Làm thế nào chúng ta có thể tìm lại nhau được trong trường hợp chia tay đột ngột như vầy? ». Nàng đáp: « Chàng có thể dễ dàng phát hiện thiếp ra bởi vì trong trường hợp khẩn cấp, thiếp sẽ rứt lông ngỏng của chiếc áo khoác của thiếp để làm dấu trên  các con đường thiếp đi ngang qua ».

Chắc rằng nỏ thần không còn sức tàn phá như trước, Triệu Đà mở cuộc tấn công vào vương quốc Âu-Lạc. Luôn luôn tự tin vào sức mạnh của nỏ thần huyều diệu, vua An Dương Vương chạy tìm nó  để tiêu diệt kẻ thù. Nhận thấy nỏ thần  hết còn hiệu nghiệm, nhà vua bỏ chạy bằng cách nhảy lên ngựa cùng Mị Châu trên lưng hướng về phía biển. Đến gần bờ, vua  kêu lên « Rùa vàng ơi  đến giúp ta ». Rùa vàng lập tức xuất hiện trên  và chỉ tay trỏ về phía nhà vua mà nói rằng « Kẻ nào ngồi sau ngựa chính là giặc đó ». Nhà vua quay lại, thấy con gái với vệt lông trắng rải rắc trên con đường mà vua đã đi theo. Giận dữ, vua mới tuốt kiếm chém Mị Châu rồi theo thần Rùa Vàng xuống biển. Nhờ có lông ngỗng hướng dẫn, Trọng-Thủy tìm thấy xác vợ chết trên bờ bãi biển. Máu chảy xuống nước  bị sò nuốt chửng và biến thành ngọc trai lóng lánh. Tuyệt-vọng, Trọng Thủy đem xác vợ về Cổ-Loa rồi tự gieo mình xuống giếng gần mộ Mị Châu. 

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Version française
Grâce à l’arbalète  magique offerte par le génie Tortue d’Or, le roi An Dương Vương arriva à défaire l’armée chinoise. Ne pouvant pas lutter à armes égales avec ce dernier, le général chinois Triệu Ðà (Zhao Tuo) dut faire la paix et dépêcha son fils Trọng Thủy à la cour de Âu-Lạc en gage de bonnes relations entre les deux pays. Trọng Thủy arriva à conquérir le cœur de la fille du roi An Dương Vương et devint ainsi le conseiller intime du roi. Malgré l’affection et l’amour qu’il porta à sa femme Mỵ Châu, il ne perdit jamais pas de vue la mission dont l’avait investi son père: neutraliser l’arme magique permettant d’assurer la suprématie militaire  du roi An Dương Vương.
Cette arbalète était bien gardée dans un endroit connu seulement par le roi et sa fille. Celle-ci, après maintes demandes insistantes de Trọng Thủy, lui montra cette arme magique dont la gâchette était constituée  d’une griffe de la Tortue d’Or.  

Profitant d’un moment d’inattention de la princesse, Trọng Thủy réussît à décrocher la griffe de la Tortue d’Or et à la remplacer par une imitation similaire. Puis, peu de temps après, il prétexta la mauvaise santé de son père et demanda au roi de lui permettre de rentrer dans son pays. Avant son départ, il demanda à sa femme « Comment nous nous retrouvons en cas de séparation brusquée? ». « Tu peux me retrouver facilement car en cas d’urgence, je jetterai sur mon passage, les duvets blancs de mon manteau, lui répondit-elle.
Ayant convaincu que l’arme magique ne possédait plus les effets dévastateurs, le général chinois se lança à l’attaque du royaume Âu-Lac. Toujours confiant en la puissance de son arbalète magique, le roi An Dương Vương alla la chercher  pour détruire les ennemis. Ayant constaté l’inefficacité de son arme, le roi prit la fuite en sautant sur son cheval et en emmenant sa fille en croupe dans la direction de la mer. Arrivé près du rivage, il s’écria « Génie de la Tortue d’Or, venez à mon secours ». Celui-ci apparut aussitôt et pointa son index vers le roi en disant « L’ennemi est derrière vous, sur la croupe du cheval ».

Le roi se retourna, vit sa fille avec la traînée de plumes blanches semées sur la route. Furieux, il sortit son épée, tua Mỵ Châu et suivit le génie de la Tortue d’Or dans la mer. Guidé par les plumes d’oie, Trọng-Thủy vit le corps de sa femme morte étendu sur la plage. Le sang qui s’en échappa fut ingurgité par des huîtres et se transforma en des perles brillantes. Désespéré, Trọng-Thủy ramena le corps de sa femme à Cổ-Loa et se suicida en se jetant dans un puits près de la tombe de Mỵ Châu.

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Version anglaise

Thanks to the magic bow given by a genius, king An Dương Vương succeeded in defeating the Chinese army. Not being able to fight in weapons on the same footing with his army, general Triệu Ðà had to make peace and send his son Trọng Thủy to the court of Âu Lạc  to secure a good relationship between the two countries. Trọng Thủy succeeded in winning the heart of king An Dương Vương’s daughter and so became the close adviser to the king. Despite of the affection and love he brought to his wife, Trọng Thủy did not lose sight of his mission vested in him by his father: neutralize the magic weapon that helped assure king An Dương Vương supremacy. This miraculous device was well guarded at a place known only by the king and his daughter. The latter, after many insistences of Trọng Thủy, showed him the magic weapon whose the trigger was made of the Golden Turtle’s claw. Taking advantage of a moment of inattention of the princess, Trọng Thủy succeeded in unhooking the Golden Turtle‘s claw and replace it with an imitation. Then, shortly after that, using his father’s ill health as a pretext he asked the king for permission to return to his country.

Before his departure, he asked his wife  » How could we find each other in case of a sudden separation? ». « You could find me easily in emergency, I will throw on my way the goose down of my coat », she replied to him.

Convinced that the magic weapon no longer possessed its devastating quality, the Chinese general launched offensive attacks on kingdom Âu Lạc. Always confident in the power of his magic bow, king An Dương Vương went for his weapon to destroy his enemy. Realizing that the weapon had been detracted, the king fled on horseback taking his daughter with him behind, in the direction of the sea. Arriving near the shore, he called out : » God of Golden Turtle, please come for help! ». The god appeared at once and pointing his index finger at the king he said « The enemy is behind you, on the back of your horse ».

The king looked back, saw his daughter with a trail of white feathers scattered on the road he had taken. Furious, he pulled out his sword, killed Mỵ Châu and followed the god of Golden Turtle to the sea. Guided by the goose down, Trọng Thủy found the body of his wife, dead on the beach. The blood that flowed down was swallowed by oysters and turned into pearls. Desperate, Trọng Thủy took his wife’s body to Cổ Loa and committed suicide by jumping in a well near the tomb of Mỵ Châu.

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